Contexte de l'OS
Type de l'OS : ce texte a été écrit en une heure pour la 111e nuit du FOF sur le thème "Qualia". Le FOF est un forum permettant de discuter, demander de l'aide, participer à des défis etc...
Personnages : Jaime, Brienne
Contexte de l'OS : post saison 8
Petit mot de l'auteur : bien évidement, le texte ne prend pas en compte la saison 8 et la catastrophe qu'ils ont proposé pour la fin de Jaime. Autant le dire, je ne prendrais jamais en compte la fin proposée pour Jaime. Sinon, Qualia, définition vite fait (parce que je connaissais pas avant que ce thème ne soit proposé) : les qualia sont ineffables, on ne peut les communiquer, ni les appréhender autrement que par expérience directe. Voilà, bon j'ai fait comme j'ai pu.
Merci à AngelicaR et Marina Ka Fai pour leurs reviews sur le chapitre précédent
- "Arc-en-ciel n'était plus le plus beau poisson des océans, mais c'était le plus heureux". Et voilà, l'histoire est terminée. Bonne nuit petite étoile.
Jaime déposa un léger baiser sur le front blond de sa fille. Celle-ci ne répondit toutefois pas à son étreinte, chose inhabituelle pour l'enfant de cinq ans qui d'ordinaire se précipitait dans les bras de son père au moment de se coucher. Jaime replaça alors une mèche folle derrière la petite oreille et demanda doucement :
- Que se passe-t-il Briana?
L'enfant ne répondit pas imméditament, se contentant d'assurer que tout allait bien – mais sa moue timide ne pouvait tromper son père, qui réussi finalement à faire parler sa progéniture:
- Père... à quoi ressemblait mère?
- Ta mère était grande, blonde comme toi et...
- Non, l'interrompit Briana. Je sais à quoi elle ressemble. Je veux dire... comment était-elle? En tant que personne?
Jaime se figea en entendant cette question. Il savait bien que ce jour viendrait, où il ne pourrait plus se réfugier derrière de banales descriptions phyisques, et où sa fille souhaiterai connaître d'avantage de sa mère. Des choses que seul Jaime était en mesure de lui apprendre.
Il savait que ce jour viendrait, mais ce n'était pas pour ça qu'il était préparé. Il avait essayé de dissimuler en lui-même l'image de Brienne, se contentant de laisser passer quelques souvenirs lorsqu'il était suffisement fort pour faire face à son absence. La plupart du temps, il ne l'était pas. Il ne parvenait pas à penser à elle sans ressentir une douleur intense qui écrasait son coeur et chassait l'air de ses poumons.
Il n'était pas suffisement fort pour faire ce que Briana lui demandait – ouvrir la boite scellée de ses souvenirs pour repenser clairement à Brienne. Il n'était pas suffisement fort, certes, mais il devait passer outre sa faiblesse. Pour sa fille – elle avait le droit de connaître sa mère, même si c'était par procuration.
Jaime prit alors une inspiration :
- Ta mère était...
Sa voix mourut en même temps que le peu de courage qu'il avait réussi à assembler. Brienne était... Brienne était... il ne parvenait à trouver ses mots.
Un qualia.
Brienne était un qualia. Tyrion lui avait expliqué ce qu'était ce mot, un jour où Jaime faisait visiter les jardins de Castral Roc à son neveux Eddard Lannister, aveugle de naissance. Jaime lui avait fait sentir les fleurs, écouter les jeux d'eau des fontaines, tout en lui décrivant du mieux qu'il le pouvait les éléments environannts – il avait ainsi ajouté "cette fleur que tu tiens est rouge". Lorsque l'enfant de trois ans lui avait demandé ce qu'était le rouge, Jaime n'avait pas su répondre. Comment décrire le rouge à quelqu'un qui n'en avait jamais fait l'expérience? C'est impossible, avait répondu Tyrion lorsque Jaime lui avait fait part de ce moment plus tard dans la soirée. Le rouge est un qualia. Il ne peut être décrit de manière raisonnée. On ne peut le comprendre que par expérience directe.
Jaime n'avait pas compris sur le moment ce que Tyrion avait voulu dire par là. Mais alors que Briana lui demandait de décrire sa mère, il mesurait pleinement ce qu'était un qualia. Car Brienne en était un. Son être, son âme, ne pouvait être expliqué par une simple suite de faits. Donner des adjectifs à sa personne ne pouvait suffire à comprendre qui elle était : dire qu'elle était honorable ne traduisait en rien son esprit. Dire qu'elle était courageuse ne pouvait pas retranscrire la force dont elle avait fait preuve lors de la Grande Guerre. Dire qu'elle était altruiste ne permettait pas de comprendre la manière dont elle avait fait de lui un meilleur homme.
Oui, Brienne était un qualia. Rien de ce qu'il pourrait dire ne permettait de la décrire réellement, car l'âme de Brienne n'était perceptible que par une expérience réelle ; son âme vous enveloppait, vous appaisait, vous grandissait. Ou du moins, c'était ce que son âme avait fait à Jaime, et ce n'était pas vraiment le genre de choses qu'il était aisé à décrire.
Mais il se devait d'essayer – pour Briana. Elle n'avait connu sa mère que deux ans, avant que celle-ci ne meure en mettant au monde des jumeaux, tout aussi adorables que leur grande soeur – et tout aussi orphelins que celle-ci. Alors pour eux, et pour Briana, Jaime devait se montrer fort, et répondre à la question de sa première née.
A quoi ressemblait mère ?
C'était une vaste question, qui demanderait une vaste réponse. Jaime repositionna alors tant bien que mal les oreillers qui le soutenaient et commença à parler à sa fille, dont les yeux bleux lui rappelaient si souvent ceux de Brienne – mais pour la première fois, cette pensée le réconforta.
Note (de fin) : les vrais reconnaîtrons le conte du début. Ah, et le "petite étoile" m'a été inspiré par un texte que j'ai traduit pour le recueil Braime "A drabble of earth and water". Sinon, le neveux de Jaime, Eddard Lannister, c'est le fils de Tyrion et Sansa. Parce que je les aime bien ensemble en fait.
