Petit mot de l'auteure : Arg je suis tellement pas satisfaite de ce texte. Mais comme je n'arriverai à rien de mieux, je le poste quand même.
Réponses aux défis de la Gazette :
- Et si GOT : et si Jon Arryn avait survécu ?
- PoP Wolverine : écrire sur un personnage qui survit
- Le mille-prompt 38 : Mestre Pycelle
- Prompt of the day : paix
Personnages : Jon Arryn, Robert
Contexte : UA 1x01
Merci à Marina et Angelica pour leurs reviews sur le drabble précédent
Jon essaya de se relever, mais une douleur intense lui saisit les entrailles dès qu'il tenta d'effectuer le moindre mouvement. Abandonnant l'idée de quitter le lit où était allongé, il poussa un grognement, en pensant furtivement que de tels bruits n'étaient pas dignes de la main du roi. Lui qui veillait toujours à formuler les phrases les plus sophistiquées qui soient, même lorsque la maladie le clouait sur place... il en était réduit à bien bas. Son grognement eut pour le moins le mérite d'attirer l'attention sur sa personne, et une domestique se précipita à son chevet. Avant même de prendre de ses nouvelles, la jeune femme s'adressa à ce qui devait être une tierce personne :
Allez vite chercher Mestre Pycelle et Lady Arryn ! Prévenez également le roi que la Main s'est réveillée !
Jon eut le temps d'entendre la porte se claquer précipitamment avant de réaliser ce qui venait d'être dit. Prévenir le roi ? Chercher Mestre Pycelle ? Mais pourquoi toute cette agitation autour de sa personne ? S'était-il passé quelque chose pendant son sommeil ?
Pendant qu'il continuait de se poser des questions, la domestique lui avait apporté un linge humide. La fraîcheur ainsi apposée sur son front le réconforta quelque peu, le conduisant à conclure qu'il devait avoir eu une fière ou autre grippe. Mais tout de même, de là à prévenir le roi... Celui-ci venait justement de franchir le pas de la porte, Mestre Pycelle sur ses talons. Le vieux soigneur s'approcha doucement de lui, palpant consciencieusement son ventre et regardant attentivement ses pupilles. L'examen terminé, le Mestre lui demanda :
- Comment vous sentez-vous, Lord Jon ?
- Je... un peu nauséeux et... faible, bredouilla Jon en constatant avec stupeur que c'était le cas.
Il se sentait faible, et ce n'était assurément pas normal alors qu'il avait été en pleine forme la veille. Avait-il attrapé un quelconque virus ? Le roi répondit à ses interrogations silencieuses après avoir ordonné aux domestiques de les laisser seuls :
- Jon... Vous avez fait une attaque. Vous rappelez vous de quelque chose ?
Jon hocha négativement la tête. Rien de particulier ne lui revenait, si ce n'est...
- J'ai été pris d'une douleur intense à l'estomac. J'ai donc décidé d'aller me coucher pour apaiser mes souffrances, pensant que la nuit serait guérisseuse. Et tout va bien maintenant, n'est-ce pas ?
A en juger le regard qu'échangèrent le Roi et son Mestre, tout n'allait pas bien, non.
- Lord Jon, je crains que vous n'ayez été empoisonné, lui appris Pycelle.
La révélation le laissa pantois. Jon savait que la charge de Main du Roi n'était pas de tout repos : il devait après tout se charger des affaires du royaume, d'autant plus lorsque le roi qu'il devait seconder était Robert dont les journées étaient plus passées à chasser femmes et cerfs plutôt qu'à gouverner. Au dur labeur de la fonction, s'ajoutait la menace constante qui pesait sur sa vie. En tant que seconde personnalité politique du royaume, sa tête serait dans les premières à tomber s'il survenait jamais un mouvement de révolte – il n'y avait qu'à voir comment était décédé son prédécesseur, assassiné par la même lame qui avait pris quelques minutes plus tard Aerys. Oui, Jon savait que les risques étaient grands à être Main du roi, mais être confronté à cette dure réalité était une autre histoire.
- Je vous conseille de faire extrêmement attention à vos mouvements durant les jours qui vont venir afin de ne pas raviver la douleur.
Sur ces recommandations, le Mestre quitta la pièce, tout en révérences et froissements d'étoffes. Jon leva les yeux au ciel mentalement – il était plus que certain qu'il allait faire extrêmement attention à ses mouvements, dans tous les sens du terme. Quelqu'un avait tenté de l'assassiner et n'était donc pas des plus contents de le savoir vivant. Il était plus que probable que cet inconnu tente de le réduire au silence dans les plus brefs délais. La question était donc : que faire du temps qui lui était imparti ? Ou plutôt : comment convaincre Robert que ce qu'il s'apprêtait à lui dire était la cruelle vérité ? Il savait que l'annonce de l'infidélité de Cersei lui causerait plus de colère que de souffrance – et pour être tout à fait honnête, Jon songeait que cela n'était que justice pour toutes les tromperies que lui même lui faisait. Mais comment annoncer à un père que ses enfants n'étaient pas les siens ? C'était certainement la chose la plus difficile qui lui avait jamais été demandé de faire, mais Jon ne pouvait s'y dérober : il en allait du bien du royaume...
Comme il l'avait anticipé, Robert avait d'abord nié ce qu'avançait sa Main, mais Jon lui avait mis sous les yeux ses recherches généalogiques et l'anomalie qu'elles révélaient.
- Cela ne prouve rien ! s'était exclamé le roi, furieux. La nature est parfois capricieuse...
- Je le sais bien, sire. Mais à peine venais-je de découvrir cela que le lendemain j'étais victime d'une tentative d'empoisonnement... Ne pensez vous pas que cela mériterai de s'y intéresser ?
Robert avait acquiesé tristement, se laissant tomber sur la chaise au chevet du malade. Jon l'avait rarement vu aussi abattu que lorsqu'il bredouilla :
- Cersei et moi ne formons pas un mariage heureux, mais de là à imaginer que les petits sont illégitimes...
- Sire, sauf votre respect, les enfants ne vous ressemblent pas.
- Ils ont tout pris de leur mère ! Cela ne prouve rien.
A force de persuasions et raisonnements, Jon avait fini par convaincre Robert de surveiller plus attentivement Cersei. Suffisamment discrètement pour ne pas éveiller les soupçons de la reine, mais suffisamment efficace pour la confronter. Roi et Main avaient décidé que s'ils ne s'apercevaient de rien d'ici un mois, ils oublieraient cette histoire d'infidélité supposée.
Le délai s'était presque achevé lorsque Jon avait surpris la preuve tant désirée, son contenu l'estomaquant plus que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Les enfants avaient certes pris de leur mère, mais tenaient finalement beaucoup de leur père également, pour la simple et bonne raison que celui-ci n'était autre que Jaime Lannister. Les efforts de surveillance discrète de Jon et Robert avaient permis de surprendre les deux jumeaux dans toute leur inceste. Suite à ses preuves, rien ni personne – pas même Tywin Lannister – n'avait pu contredire la sentence prononcée par le roi, à savoir l'exil à Essos. Joffrey, Myrcella et Tommen avaient eux été exilés à Winterfell. Robert avaient tout d'abord songé à les envoyer par delà la mer avec les incestueux parents, mais n'avait pas pu se résoudre à ne jamais revoir ceux qu'il avait considéré pendant toutes ses années comme ses enfants. Il en avait alors confié la garde à son plus fidèle ami, Eddard Stark. Jon en avait été très soulagé – même s'il était à l'origine de tout cela, il ne souhaitait pas qu'un sort trop horrible n'arrive aux enfants innocents qu'étaient les trois têtes blondes. Il savait qu'elles seraient en sécurité et bien accueillies au Nord, Eddard étant trop honorable pour leur faire des reproches injustifiés et déplacés.
.
Un mois après ces événements, leur plus grande difficulté consistait à choisir une nouvelle épouse pour Robert, afin que la lignée soit de nouveau assurée. Jon avait été chargé de préparer une liste de candidates potentielles.
Fatigué par sa journée passée à écrémer les jeunes femmes célibataires de bonne famille, Jon soupira en posant sa plume. Il jeta un coup d'œil par la fenêtre ouverte, d'où lui parvenait les bruits lointains de la cour. Jon ressentit un profond apaisement en entendant toute cette activité propre aux demeures royales : après l'agitation et le remous provoqués par l'annonce des infidélités de Cersei, son exil ainsi que celui de ses enfants, la paix semblait enfin être revenue sur le château – et sur le royaume.
La paix était également revenue dans son esprit : après avoir passé un mois à se méfier de tout et tout le monde, Jon avait enfin pu se relâcher quelque peu. L'insecte découvert, il n'y avait plus de raisons de le faire taire et la Main du Roi n'avait ainsi plus à craindre d'empoisonnement.
Du moins, c'est ce qu'il croyait.
Jon Arryn n'avait en effet pas remarqué la surprise (et la déception) dans les yeux de son épouse, lorsque celle-ci s'était précipitée à son chevet, ne semblant pas croire à sa guérison miraculeuse. Ce qui était bien dommage pour lui – car s'il s'en était aperçu, peut-être se serait-il méfié de la femme qui partageait son lit et du verre d'alcool qu'elle lui avait tendu la veille de sa mort...
