Petit mot de l'auteure : J'ai découvert la série Lucifer il y a deux semaines, et depuis je la dévore. Pour faire la transition avec GOT, je dirais que ce texte va parler d'un autre diable, nettement moins sympathique. Cet OS répond à plusieurs défis de la Gazette :
- Pop Ariel : écrire sur quelqu'un qui a les cheveux roux
- 45 citations Hunger Games : les imbéciles sont dangereux
- Les répliques cultes 24 : "Ils peuvent prendre nos vies, mais jamais… notre liberté" Braveheart
- Les belles phrases : #4 Il y a un temps pour être gentil et un temps pour dire que ça suffit
- Prompt à la pelle 58 : "Pourquoi tu ne souris plus ? Quelqu'un pourrait tomber amoureux de ton sourire !" Teen Wolf
- Mille prompt 22 : Ramsay Bolton
- Collection restreinte : Ne pas développer une relation dans une fiction de type "angst"
Ce qui fait 7 défis combinés pour les Toujours plus.
Personnages : Sansa, Ramsay, Theon
Contexte : UA saison 5
Warning : Bon c'est Ramsay, donc mention de viol et de mauvais traitements (ce n'est absolument pas décrit mais autant prévenir)
Merci à Angelica, Marina, Joy Misty Holy, Destrange (x2), Wizzette (x2), Elayan (x2) et LaSilvana (x2) pour leurs reviews sur les chapitres précédents
La première fois où elle avait essayé de s'échapper avait été la dernière.
Le sentiment de liberté qu'elle avait éprouvé en s'enfuyant avait été certes galvanisant. Au début tout du moins. Car passé l'ivresse des premiers pas précipités dans la neige, la peur l'avait rattrapé, plus puissante et dévastatrice que jamais. Et si Ramsay la rattrapait ? Cette interrogation l'avait hanté – elle ne pouvait pas se permettre de se faire arrêter par son époux. Alors elle avait accéléré la cadence, courant de plus en plus vite. À côté d'elle, la jeune servante nordienne qui l'avait accompagné dans sa fuite n'avait pas posé de questions face à son accélération soudaine. Elle s'était contentée d'augmenter elle aussi son rythme de course, comprenant qu'il fallait mettre le plus de distance possible entre elles et Winterfell.
Mais bien évidement, cela n'avait pas suffit. Sansa aurait pu en rire, tellement c'était prévisible. Mais le sort qu'avait réservé Ramsay à sa compagne de fuite ne lui avait provoqué qu'une seule réaction : l'horreur.
Le batard – nouvellement Bolton – avait tourné autour du corps méconnaissable d'où aucun cri ne s'échappait plus, et avait déclaré d'un ton absent :
- Les imbéciles sont dangereux. Tu sais pourquoi, Sansa ?
La jeune Starck avait secoué la tête frénétiquement. Non, elle ne savait pas, elle ne voulait pas savoir, elle aurait voulu ne pas à le savoir.
Mais comme toutes ses autres prières, sa supplique silencieuse ne fut pas entendue.
- Parce qu'ils ne réfléchissent pas. Une personne intelligente aurait compris qu'elle avait intérêt à se tenir à carreaux et serait toujours en vie à ce moment là. Les imbéciles en revanche... les imbéciles croient toujours pouvoir tenter le diable car sont trop idiots pour se rendre compte que leur espérance est vaine. Ils sont dangereux pour eux-même de par leur stupidité. Et ils sont de ce fait dangereux pour les personnes intelligentes, car peuvent parfois se montrer persuasifs et les entraîner dans leur folie. C'est ce qui c'est passé, n'est-ce pas, Sansa ? Cette jeune imbécile t'as entraîné dans sa tentative désespérée malgré toi ?
Sansa se déteste d'hocher la tête.
Elle se déteste de ne pas assumer ses actes, de se réfugier derrière une innocente décédée par sa faute pour échapper aux conséquences de ses actes.
- Je ne t'ai pas bien entendue, chère épouse, susurre Ramsay. Peux-tu me répondre oralement ?
Elle se déteste encore plus de lui obéir, d'ouvrir sa bouche pour prononcer le « oui » qu'il attend narquoisement plutôt que pour lui cracher sa haine au visage.
- C'est bien ce que je pensais, déclare-t-il joyeusement. Tu n'es pas une imbécile. Pas totalement du moins. Car qui est le plus idiot entre l'imbécile, ou celui qui suit l'imbécile ?
Là encore, il semble attendre une réponse. Sansa ravale alors sa peur, sa haine, son dégoût, pour proposer en murmurant :
- Les deux ?
- Exactement ! Alors tu comprendras bien que toi aussi, tu dois apprendre ta leçon ?
Elle aimerai pouvoir oublier la « leçon » qui suit.
Elle aimerai pouvoir oublier les chiens se précipitant autour du corps mutilé de la jeune servante dont elle n'a même pas eu le temps de connaître le nom.
Elle aimerai pouvoir oublier tant de choses. Là encore, ses prières ne furent pas entendues.
La seule chose qu'elle peut réellement oublier, ce sont ses rêves d'évasion.
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- Jeune lady, faites attention à vos points !
Sansa retint un sourire en entendant la remontrance de la Septa. La jeune fille à qui cette dernière était adressée acquiesça précipitamment et s'empressa de rectifier son ouvrage. Une fois chose faite la jeune fille demanda à sa Septa de lui conter une histoire. Alors que la vieille dame s'obtempéra, Sansa se surprit à penser que certaines choses ne changerai jamais, telles que ces activités féminines calmes, où la monotonie de leur couture ne serait pimentée que par les récits aventuriers millénaires. Et loin de lui remonter le moral, cette idée la déprima d'avantage. L'on continuerai à faire croire aux jeunes filles qu'un prince charmant viendrait les sauver – d'un dragon cracheur de flammes, d'un donjon étroit ou simplement de l'ennui – et qu'elles vivraient épanouies et heureuses auprès de leur vaillant chevalier.
Foutaises.
Les princes charmants, ça n'existaient pas. Les seuls princes de leur réalité étaient soient fous et cruels – tels Joffrey –, soient trop lâches pour être charmants.
Comme Theon. Celui qui avait autrefois été un fier Greyjoy n'était aujourd'hui que l'ombre... elle ne savait même plus de quoi. Dire qu'il n'était plus que l'ombre de lui-même était bien loin de la réalité. Il ne semblait même plus être l'ombre d'un être humain.
Après avoir passé outre sa haine contre lui et le sort qu'il avait réservé à ses frères (ou plutôt à ces deux jeunes garçons innocents), Sansa avait voulu voir en lui la clef de sa liberté. Elle n'avait pas réussi à s'enfuir par ses propres moyens, mais peut-être lui pourrait-il faire quelque chose.
Elle s'était vite aperçue qu'une nouvelle fois, ses espérances étaient vaines.
Theon était trop brisé pour lui être d'une quelconque utilité, confirmant son hypothèse : aucun prince ne viendrait la sauver.
Elle avait envie de le crier à cette jeune lady encore naïve. N'espère rien de la vie, et surtout pas des hommes ! Aucun d'entre eux ne sont les princes que les contes te promettent. Mais elle ne dit rien – dans cet enfer qu'était devenu Winterfell, les rêves d'enfant étaient une des rares choses encore préservée.
Et la vie se chargerait rapidement de les briser, de toute manière.
Alors Sansa se laissa porter par la voix rauque de la Septa et les mythes qu'elle tissait.
Il y avait toutefois un fil que Sansa avait pu tirer de l'enchevêtrement de mensonges enchantés que la vieille dame prononçait.
Aucun prince ne viendrait la sauver. Bien. Qu'à cela ne tienne.
Elle se sauverait elle-même.
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L'échec de sa dernière tentative et les conséquences macabres qui en avaient résulté étaient toujours frais dans sa mémoire. Il apparaissait clair qu'entre les gardes, la neige qui ne permettrait pas de masquer les traces de son échappée et les chiens, elle ne pourrait pas s'enfuir du château. Et puisqu'elle ne pouvait pas partir de Winterfell, elle y resterait. Ce serait simplement aux autres de partir.
Et les autres, c'était les intrus : les sbires des Bolton, et surtout Ramsay.
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Trouver des alliés avait été à la fois étonnement facile et atrocement difficile.
Facile, car tous les habitants de Winterfell, les vrais, ceux qui étaient là avant l'invasion des Bolton, voulaient voir partir les intrus. Ceux là étaient fidèles aux Stark, et donc à leur dernière représente vivante attestée : Sansa. Mais si chacun d'entre eux rêvait secrètement du retour des loups à leur fief historique, mener un combat pour le réaliser était beaucoup plus compliqué. Les gens de Winterfell étaient peut-être plus nombreux que les envahisseurs mais n'avaient plus aucun pouvoir, ni aucune arme. Et si Ramsay Bolton réservait la flagellation à un cuisinier qui laissait brûler son repas du soir, quel châtiment leur ferait-il subir pour une révolte ? Ils ne voulaient pas risquer leur vie, ou celle de leur famille.
Sansa pouvait le comprendre. Elle avait vécu dans la même peur ces derniers mois. Mais elle avait réalisé, par la plus improbable des manières, qu'il y avait un temps pour être gentil, et un temps pour dire que ça suffit. Elle avait été complaisante, poupée manipulable aux pires perversités, mais c'était terminé. Elle allait se battre. Et il fallait que son peuple s'en rende compte également.
Il lui avait fallu tout son prestige de Stark, son charisme, sa persévérance pour rallier ses gens à sa révolte. Mais comme elle leur avait répété encore et encore, obligée de chuchoter quand elle voulait crier cet adage : ils peuvent prendre nos vies, mais jamais… notre liberté. Ils peuvent nous tuer, nous supplicier, mais jamais les priver de leur liberté de décider comment ils mèneraient leur vie. Et petit à petit, les gens s'étaient ralliés à ce qu'elle murmurait.
Le murmure s'était amplifié parmi les gens de Winterfell jusqu'à devenir une rage sourde et brûlante, prête à tout dévaster sur son passage.
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Lorsque le jour de leur révolte était arrivé, Ramsay n'avait rien remarqué. Il fallait dire que Sansa s'était comportée comme d'ordinaire, soumise et silencieuse petite colombe privée d'ailes. Elle avait subi les réprimandes de son monstre d'époux, jusqu'à ce que résonne la cloche du château. Celle-ci, pour une oreille peu attentive, annonçait comme d'accoutumée le début du repas de midi. Mais pour les rebelles dans la confidence, la légère variation dans la mélodie habituelle proclamait le début du soulèvement.
Le visage de Sansa s'était alors feint d'un léger sourire victorieux et pris une cuillerée de soupe pour le masquer – Ramsay ne devait se douter de rien avant que les forces alliées n'aient pris l'avantage à l'extérieur.
Le Bolton finit par se rendre compte que quelque chose n'allait pas et envoya ses gardes voir ce qui se passait par-delà la salle. Alors qu'il se levait pour partir à leur suite, Sansa se plaça devant lui. Avant qu'il ne puisse la railler ou la chasser d'une gifle cuisante, elle lui planta un couteau dans le ventre.
Alors que la douleur envahissait son être, l'air de supériorité qu'il avait affiché jusqu'à présent s'envola. Il tomba à genoux sous un deuxième coup. Sa vision se fit plus floue, mais il pu distinguer Sansa se rapprochant de lui. Une fois parvenue à sa hauteur, elle lui murmura à l'oreille la phrase qui lui avait si souvent répété alors qu'il l'a violait et torturait :
- Pourquoi tu ne souris plus ? Quelqu'un pourrait tomber amoureux de ton sourire !
Et sur ces derniers mots, elle lui planta le poignard dans le cœur, avant de se redresser, le dominant de sa hauteur.
Ce fut à cet instant qu'un combattant vint lui apprendre leur victoire. Sansa s'autorisa un dernier sourire de satisfaction avant de se composer le visage de celle qu'elle serait désormais : celui d'une reine.
