Petit mot de l'auteure : ce texte répond à plusieurs défis de la Gazette des bonbons aux citrons : la collection restreinte (pas de nom de personnages) et au 1000 prompts 279 (l'action se passe dans une seule pièce).
Contexte : toute la série
Personnages : Le trône de fer
Merci à Angelica, Marina et Elayan pour leurs reviews sur le chapitre précédent.
Un humain le regarde. Il n'aime pas ce qu'il voit dans ses yeux – de l'envie, de la cupidité, de l'ambition. Une ambition écrasante, prête à tout détruire sur son passage. Et cela lui fait peur.
L'humain profite d'être seul dans la pièce pour se rapprocher de lui. Il commence à le caresser et à lui murmurer des promesses de grandeur – et cela lui procure des frissons de dégoût.
Mais son dégoût est bientôt chassé alors que l'humain déclare, sûr de lui, « bientôt tu seras à moi ». Il rigole intérieurement. Mais pour qui se prend ce petit humain ? Tout grand argentier qu'il soit, il ne pourra jamais s'emparer de lui.
Pour la simple et bonne raison que personne n'y est jamais arrivé.
Bien sûr, certains plus malins ou habiles que d'autres, y parviennent. Un certain temps du moins. Ils s'assoient sur lui, donnent quelques ordres, s'enivrent du pouvoir qu'il leur confère. Certains – très rares – parviennent même à faire de bonnes et justes choses. Mais au fond, la qualité de leur règne importe peu : ils meurent toujours au final, écrasés par le poids de leur propre pouvoir.
Et cet humain ne fera pas exception.
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Une humaine le regarde. Il n'aime pas ce qu'il voit dans ses yeux – une folie dominatrice et totale. Elle s'approche de lui, et il la reconnaît. Ou du moins, il reconnaît son regard : elle a le même qu'un autre roi, fou lui aussi, qui avait manqué de détruire la ville et qui avait été arrêté par un autre humain, blond.
Il pense vaguement que l'acte du blond s'est révélé être inutile. Il peut sentir les flammes se propager dans la capitale. Est-ce cette humaine qui est à l'origine de se désastre ? Mais dans ce cas, pourquoi ?
Elle s'approche alors de lui, et il comprend. C'est pour lui. Elle a mis la ville à feu et à sang, causé la mort de milliers d'innocents, pour lui.
Et cela le détruit un peu plus.
Après des centaines d'années d'existence, il en avait vu des tragédies, des assassinats, des trahisons, des perversités... tout cela pour lui. Pour le gagner, pour le garder, pour le faire perdre à d'autres. La folie de l'homme, pour lui : voilà son plus grand malheur. Ces humains s'étaient-ils jamais demandés ce que lui en pensait ? S'il cautionnait les atrocités exécutées en son nom ?
Jamais.
Ils se contentaient de déverser encore un peu plus la mort et les larmes.
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Un dragon le regarde. Ses yeux sont remplis de douleur et de rage. Il comprend que la créature était liée à l'humaine, maintenant gisante devant lui.
Encore du sang et de la souffrance engendrés à cause de lui.
Il n'en peut plus.
Il voudrait que tout s'arrête : cette roue infernale qui détruit tout sur son passage. Cette culpabilité qui l'assaille un peu plus chaque jour. Ce rôle qu'il n'a jamais demandé.
Et c'est alors que le dragon se tourne vers lui, pour lâcher ses flammes. Le feu le brûle, le déchire de l'intérieur, cela fait mal – tellement mal.
Et pourtant, il ne s'est jamais senti aussi bien de toute sa vie.
Parce qu'il sait que dans quelques instants, il ne sera plus de ce monde, et que son calvaire sera enfin terminé.
