Salutations ! Ce texte a été écrit pour la 115e nuit du FoF sur le thème "cauchemar" Je n'aurais jamais pensé écrire sur Daenerys (j'étais plus partie sur Jaime), mais finalement j'en suis contente. Je suis désolée si la chronologie n'est pas totalement juste, en une heure je n'ai pas eu le temps de vérifier.
Ce texte répond aussi à plusieurs défis de la Gazette : au prompt 438 du 1000 prompt (cheveux), le 192 prompt du conte des royaumes (L'horreur de son récit flotta quelques instants dans l'air), au 412e prompt si tu l'oses (rire cruel), pop Harley Quinn (personnage qui a une arme attitrée) et Six of Spade (écrire sur une femme forte)
Personnages : Daenerys, Barristan
Contexte : quelque part après le 3x05
Merci à Angelica, Marina et Wizzette pour leurs reviews sur les chapitres précédents !
Elle se réveilla dans un hurlement silencieux, le cœur au bord des lèvres, la gorge pleine d'une bile amère qu'elle s'empressa de rendre dans un vomissement nerveux. Tenant ses cheveux argentés d'une main tremblante et le pot de chambre d'une autre, elle tenta de reprendre sa respiration. Des coups portés sur la porte en bois la firent sursauter et l'empéchèrent de se calmer :
- Khaleesi, vous allez bien ? s'enquit la voix inquiète de Ver Gris, qui avait dû entendre de l'agitation depuis son poste de garde.
- Oui, tout va bien, la rassura-t-elle. Juste un cauchemar. Vous pouvez reprendre votre tour de garde.
- Bien Khaleesi, s'exécuta l'homme.
Elle attendit que les pas de celui-ci se soient éloignés quelque peu pour se relever, toujours aussi tremblante.
- Reprend toi, se murmura-t-elle. Tu es Daenerys du Typhon, mère des dragons, reine...
Elle ne put achever sa litanie, des larmes s'étant échappées de ses yeux malgré elle. Elle se fustigea mentalement – elle était reine de Meereen, et elle serait bientôt celle de Westeros. Elle ne pouvait pas s'adonner à une quelconque faiblesse ! Mais ces bonnes résolutions ne parvenaient pas à calmer ses pleurs, devenus incontrôlables. Dès qu'elle reprenait un temps soit peu le contrôle d'elle même, revenait à son esprit les images de son cauchemar, aussi vivantes que si elle avait vécu réellement la seine.
Comprenant qu'elle ses tentatives étaient veines, elle s'adonna complètement à son rêve, aux images destructrices de celui-ci, et à la culpabilité qu'il créait en elle. Tout ce qu'elle espérait, c'était que cette crise ne lui dure que la nuit.
Évidement, ce ne fut pas le cas. Son cauchemar lui laissant le jour pour souffler, mais revenait nuit après nuit, la hanter de son implacabilité cruauté. Elle savait que ces gens avaient déjà commencé à chuchoter sur ces cernes – était-elle malade ? S'était-elle abandonnée toute la nuit dans les bras d'un mystérieux amant ? Préparait-elle une mission secrète sollicitant toutes ses heures de sommeil ? - mais elle ne comprit que l'étendu de celles-ci lorsque Barristan Selmy vint la voir pour lui demander comment elle allait. Daenerys savait que le vieux chevalier était sincère dans sa sollicitude et ne désirait pas commérer en venant s'enquérir ainsi de sa santé – mais il était d'une nature réservée et discrète et ne se serait jamais permis de lui demander une telle chose s'il ne pensait pas avoir une réel raison de s'inquiéter.
Elle envisagea un instant de lui mentir, puis demanda à voix basse :
- Ser... comment était mon père ?
- Ma reine... je ne voudrais pas dire des choses qui vous blesseraient, mais...
- Une cruelle vérité est préférable à de doux mensonges, le coupa-t-elle avant de reprendre plus doucement : je vous en prie, soyez honnête.
- Si tel est votre désire, ma reine. Votre père ne portait pas le surnom « roi fou » pour rien. Aerys a toujours été quelqu'un de violent, même au tout début de son règne. Mais grâce à l'influence de Tywin Lannister, sa Main, sa cruauté était quelque peu contenue. Mais lorsque le lion a démissionné, plus personne n'osait contredire sa Majesté. Celui-ci plongea alors de plus en plus dans la folie, créant horreur sur horreur, dans des châtiments des plus atroces.
Ses yeux se voilèrent alors que ses souvenirs remontaient à la surface. Il ajouta presque malgré lui :
- J'en ai toujours voulu à Jaime Lannister d'avoir assassiné Aerys. Parce qu'il trahissait son rôle de chevalier sacré et ce que la Garde royale représentait. Mais la partie la plus profonde de moi-même sait que s'était ce qu'il fallait faire. Pour terminer d'être honnête avec vous, ma reine, je me dis que j'aurais dû le tuer moi-même, pour épargner tant de cruauté.
Après ce difficile aveu, le chevalier se tût, et l'horreur de son récit flotta quelques instants dans l'air. Quelques instants du moins, car il demanda pour briser le silence qui s'était installé :
- Si cela n'est pas indélicat de ma part, puis-je vous demander pourquoi, ma reine ?
Que répondre à cela ? Comment expliquer que depuis qu'elle était en âge de comprendre les actes qu'avaient fait son père, elle faisait des cauchemars incessants, où elle voyait celui-ci, fou de sang et de feu, assis sur le trône, tuant ses sujets d'un rire cruel ? Et surtout, comment admettre que depuis un mois, ce n'était plus Aerys Targaryen qu'elle voyait sur ce trône, mais bien elle-même ? Depuis sa plus tendre enfance, toutes ses pensées étaient tournées vers le trône de fer que son frère lui promettait et qu'elle s'était jurée ensuite d'obtenir par ses propres moyens. Elle s'y voyait souveraine, régnant avec justice sur les Sept couronnes de nouveau unifiées sous le joug des dragons. Mais ce dernier mois, le miroir c'était brisé. Dans ses cauchemars, elle était toujours assise entre les épées rassemblées par ses ancêtres, mais le tableau n'était plus celui de ses rêves. La justice avait laissé place à la peur, ses sujets aimant la fuyaient alors qu'elle-même n'hésitait pas à les poursuivre de son implacable dureté.
Elle ne savait pas à quel moment l'image s'était ternie. Ou plutôt elle le savait, mais ne voulait pas affronter la signification de ce changement : les premiers cauchemars étaient apparus lorsqu'elle avait brûlé cet esclavagiste. Bien sûr, celui-ci méritait un tel sort... mais une voix au fond d'elle ressassait encore et toujours le moment où elle avait prononcé ce « Dracarys » condamnatoire et la joie qu'elle avait éprouvé à dire ce mot.
Dracarys.
Un si petit mot, qui rimait si joliment avec son nom.
Dracarys. Daenerys. Aerys. Trois mots liés par un même facteur : le feu.
Le feu, son plus fidèle allié, son arme la plus sûre, l'arme qu'elle s'était attitrée, qui devenait dans ses cauchemars la source de toutes ses angoisses... Comment aurait-elle pu expliquer tout cela à Barristan ? Alors elle ne répondit à la question du chevalier que par un :
- Si jamais je deviens comme lui, promettez moi de me tuer.
L'homme voulut protester mais son regard violet implacable le conduit à promettre à contre-coeur cette demande morbide.
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Malheureusement pour les habitants de Port-Réal, cela faisait bien longtemps que le chevalier était mort lorsque Daenerys devint son pire cauchemar.
