Salutations ! Ce texte a été écrit pour la 116e nuit du FoF sur le thème "Reine" En fait, ce thème a été le parfait moyen d'écrire enfin un projet que j'avais depuis longtemps : écrire une songfic sur la Grenade de Clara Luciani.
Je ne suis absolument pas familière des songfic, j'espère que ça sera donc convenable.
Ce texte répond donc à plusieurs défis de la Gazette : au prompt 620 du mille prompts (Chanson : La grenade), au collectionner les pop Lexa (écrire les armes d'un personnage), et au Super 2000 [Défi 086 : M] (Explorer la vie des femmes de votre fandom !)
Personnages : Divers
Contexte : Divers
Merci à Angelica, Marina, Ahe, Destrange, Kael Kaerlan et Wizzette pour leurs reviews sur les chapitres précédents !
Hé toi
Qu'est-ce que tu regardes?
T'as jamais vu une femme qui se bat
Suis-moi
Dans la ville blafarde
Et je te montrerai
Comme je mords, comme j'aboie
« Les larmes sont les seules armes des femmes »
Elles avaient entendu cette rengaine, encore et encore. Toute leur vie, on leur avait dit qu'une femme ne pouvait se battre, qu'elle devait rester à la maison pour s'occuper des enfants qu'elles produiraient bien évidement en nombre. Et surtout, qu'elles resteraient des êtres faibles et craintifs, sans autre moyen de défense qu'un valeureux prince charmant ou de larmes.
Mais c'était faux.
Arya Stark, Brienne de Torth, les Aspics des sables, les femmes sauvageonnes ou Mormont, Yara Greyjoy... Toutes avaient montré que les armes à leur dispositions étaient multiples et variées – et surtout, qu'elles savaient les utiliser.
« Le monde appartient aux hommes »
Cette phrase aussi avait été prononcée de trop nombreuses fois, tant et si bien qu'elles avaient fini par le croire. Mais là encore, c'était faux.
Il appartenait aux personnes qui se battaient le mieux.
Et si les hommes n'avaient jamais vu de femmes se battre... et bien elles allaient leur montrer tous leurs crocs.
oOoOo
Hé toi
Mais qu'est-ce que tu crois?
Je ne suis qu'un animal
Déguisé en madone
Hé toi
Je pourrais te faire mal
Je pourrais te blesser, oui
Dans la nuit qui frissonne
Robert la gifle. Le coup va lui laisser une marque pendant plusieurs jours, et elle devra inventer une excuse pour l'expliquer – tout en sachant pertinemment que personne ne sera dupe sur son origine. Lord Stark, qui a assisté à la scène indigné, la regarde avec pitié. Ce geste de compassion ne fait qu'attiser son mépris. Mais pour qui la prend-t-elle ? Un petit moineau, faible et sans défense ? Une femme que l'on muselle en l'enfermant dans son rôle de mère ?
Oui, Cersei est une mère. Mais c'est aussi une lionne.
Elle se fustige mentalement de l'avoir oublié. C'est une lionne – et ni les loups, ni les cerfs ne peuvent grand chose contre le roi des animaux. Et encore moins contre la partie féminine de ces félins : n'est-ce pas les lionnes qui partent à la chasse ?
Il n'y a pas que toi qui puisse donner des coups, Robert.
Mais cela, il ne le comprend que trop tard, en mourant sous les coups de sa vengeance.
Eddard Stark aussi. Pensait-il réellement qu'elle allait se laisser menacer sans rien faire ? Cersei est une lionne déguisée en madone, et il aurait mieux fait de frissonner quand il en avait encore l'occasion.
Nombreux sont ceux qui auraient dû le faire, à vrai dire. Mais tous n'ont vu en elle qu'une faible créature que son sexe aurait rendu incapable d'intelligence. Et alors qu'elle s'assoie sur le trône de fer et est couronnée, elle voit la peur dans leurs yeux.
Frissonnez, mes petits agneaux. Et entendez la reine rugir.
oOoOo
Hé toi
Qu'est-ce que tu t'imagines?
Je suis aussi vorace
Aussi vivante que toi
Sais-tu
Que là sous ma poitrine
Une rage sommeille
Que tu ne soupçonnes ?
- La reine du Nord ! La reine du nord !
Ce cri, rugit par les quelques dizaines de témoins de son couronnement, est maintenant repris par les centaines de nordiens qu'elle est venue saluer après celui-ci. Le cri revient, encore et encore. La reine du nord ! Plus que la couronne qui coiffe désormais sa tête, plus que tous ceux qui s'inclinent devant son passage, c'est cette masse répétant en cœur cette phrase qui fait prendre pleinement conscience à Sansa qu'elle est effectivement reine. Elle n'était plus la dame de Winterfell, mais bien la souveraine d'un royaume nouvellement indépendant.
Cette réalisation aurait pu être effrayante, mais cela l'exalte. Elle a quitté son Nord bien-aimé pour devenir reine par mariage, et y revient pour être reine par elle-même. C'était beaucoup plus exaltant et gratifiant.
Cela témoignait aussi qu'elle avait gagné la confiance de ses sujets, que ceux-ci l'avaient choisi, non pas parce que la convention voulait qu'un roi ai une reine à ses côtés, mais parce qu'ils croyaient en elle.
Alors Sansa sourit, sincèrement et pleinement, continuant de saluer son peuple depuis le mur où elle avait sauté, dans ce qui lui semblait être une vie antérieur.
Elle se rappelle de la peur qu'elle avait éprouvée entre les mains de Ramsay ou de Joffrey. De sa souffrance aussi. Elle se rappelle aussi de la manière dont ses bourreaux en avait eu conscience et s'étaient amusés à renforcer cette douleur.
Mais il y avait une chose qu'ils n'avaient pas comprise – c'est que dernière sa terreur, sa soumission, se cachait quelque chose de plus ancré, de plus profond : une véritable rage vengeresse.
Joffrey avait failli en être victime, si le Limier ne l'avait pas arrêtée, si bien que ce dernier ne l'avait jamais réalisé. Ramsay et Littlefinger, eux, avaient compris l'étendue de cette rage – mais trop tard. Ils n'avaient pu rien faire contre la vague sanglante qui les avaient engloutit.
Aujourd'hui, Sansa est toujours animée par une même rage, mais celle-ci avait changé de sens. De vengeresse, elle s'était muée en une rage de vivre, d'être épanouie et de veiller sur ses sujets.
Et maintenant qu'elle est reine, rien n'y personne ne pourrait l'en empêcher.
oOoOo
Prends garde, sous mon sein la grenade
Sous mon sein là regarde
Sous mon sein la grenade
Prends garde, sous mon sein la grenade
Sous mon sein là regarde
Sous mon sein la grenade
Prends garde
Khal Drogo n'est qu'un contretemps, un moyen de récupérer leur trône, lui promet Viserys avant de lui toucher le sein. Je serai roi, et tu seras ma reine.
Sauf que Drogo n'est plus un contretemps à ses yeux. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle est tombée amoureuse de ce barbare taciturne. Peut-être parce que Drogo n'a jamais posé sa main ainsi, ne respectant pas son mouvement de recul ou sa crispation. Peut-être parce que cet homme la plus respectée et considérée en quelques mois que son frère en tout une vie. Ou peut-être tout simplement parce qu'elle se sent entière auprès de lui, qu'elle peut s'exprimer, qu'elle se sent écoutée.
Elle ne sait pas. Mais qu'importe la raison, le résultat est le même : elle repousse la main de Viserys d'un geste brusque. Celui-ci s'indigne – comment ose-t-elle lui répondre ? - mais Daenerys n'en a cure. Elle est khaleesi maintenant. Cela veut dire qu'ici, elle est reine, alors que Viserys n'est rien.
Elle le met en garde et son ton est si convaincant que son frère obéit et recule avec quelques pas précipité. Alors qu'il sort de la tente, tant furieux qu'intimidé, Daenerys se surprend à penser qu'il se trompe.
Elle sera reine, mais lui ne sera jamais roi.
Prend garde, Viserys, tu le comprendra bientôt...
