Petit mot de l'auteure : Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de Kerry Ingram, l'actrice qui joue Shireen ! Il fallait rendre hommage à l'un de ses rôles en écrivant dessus.

Merci à Starck, Marina, Angelica pour leurs review sur les OS précédents !


La pluie tombait sur Winterfell depuis deux heures maintenant. Celle-ci était mélangée à de la neige, la rendant d'autant plus froide. Pourtant, depuis dix minutes, Shireen était debout dans la grande cour, le visage tourné vers l'averse glacée qui s'offrait à elle. Les bras ballants, les dos droits, les jambes ancrées au sol, elle ne bougeait pas d'un poil, tant et si bien qu'un imprudent venu braver le froid extérieur l'aurait prise pour une statue. Évidement, personne n'était assez fou pour s'aventurer dehors sous un temps pareil – personne, sauf la biche égarée qui ne semblait n'avoir trouvé refuge que sous un déluge digne de la plus grand colère des Sept.

- Enfin je vous trouve ! S'exclama alors une voix, rompant le silence de la cour. Ma lady, vous allez-bien ?

Bien que la question s'adressait manifestement à elle, Shireen ne répondit pas. À vrai dire, elle ne réagit pas du tout, se contentant de rester dans la même position. Le nouvel arrivant dû alors se placer face à elle pour attirer son attention. La blonde baissa alors légèrement la tête, son regard quittant les larmes du ciel pour se poser sur l'homme qui lui faisait face : Podrick. Le jeune page la regardait d'un air profondément inquiet.

- Ma lady... vous allez attraper la mort, à rester ainsi sous cette pluie battante. Rentrez avec moi. Ou sans moi, si ma compagnie vous dérange, mais simplement... rentrez.

Shireen aurait aimé avoir la force de lui dire que sa compagnie de la dérangeait pas. Autrefois, peut-être aurait-elle esquissé un petit sourire timide en le lui disant, et sûrement aurait-elle rougit. Mais au moins, elle le lui aurait dit, car elle se devait d'être honnête. C'était ce que ses parents lui avait enseigné, d'être forte et honnête, mais ses parents l'avait ensuite placée sur un bûcher, alors leurs préceptes, elle n'avait plus envie de les suivre. Alors Shireen ne dit rien à Podrick sur le fait qu'elle se sentait bien à ses côtés et que si elle rentrait, cela serait avec lui ou pas du tout. Elle se contenta de jeter sur le beau jeune homme qui lui faisait face un regard las.

- Vous savez, depuis le temps, je crois que j'ai déjà attrapé la mort. Elle est en moi.

Podrick inspira. Il était vrai que la pauvre Baratheon n'avait pas été gâtée par la vie ; la sienne avait commencé par les fantômes d'anciennes fausses couches et de bébés morts-nés et qu'elle avait failli rejoindre, s'était poursuivie par une maladie foudroyante qui avait emporté sa joue au défaut de sa vie et s'était presque terminée dans les flammes si un chevalier aux oignons n'était pas intervenu pour la sauver.

- Je crois qu'ici, sous la mort, j'ai trouvé ma place, poursuivit la jeune femme. Peut-être que cette fois-ci, elle voudra bien de moi.

- Ne dites pas des choses aussi horribles... Votre place n'est pas dans la mort, mais dans la vie.

- Vous avez peut-être raison.

Un instant, Podrick crut qu'il avait gagné. Mais immédiatement, Shireen rajouta quelque chose qui lui fit comprendre qu'il se trompait :

- Vous savez pourquoi je suis partie en courant de cette réunion stratégique ? Car le point que montrait Jon Snow sur la carte de la région est celui où j'ai failli perdre la vie. Failli. Vous comprenez ce que cela veut dire ? Que même la mort ne veut pas de moi. Vous vous rendez compte ? Demanda-t-elle dans un rire sans joie. La mort ne veut pas de moi. Je ne suis bien pour personne, y comprit pour l'Etranger. N'est-on pas censé être tous égaux face à lui ? Alors pourquoi suis-je encore là ? Pourquoi ne suis-je bien pour personne ? Pourquoi...

Shireen ne termina pas sa question. Podrick l'avait prise dans ses bras, et s'employait à la bercer maladroitement.

- Vous n'êtes pas en vie parce que l'Etranger n'a pas voulu de vous. Vous êtes vivante car ser Davos voulait de vous. Vous êtes à Winterfell parce que les Stark voulait de vous. Et vous... vous...

Podrick hésitait à poursuivre. Il ne savait pas bien si ce qu'il s'apprêtait à dire était un aveux convenable à adresser à une personne aussi blessée que l'était Shireen. Mais il termina sa phrase tout de même, car il n'avait plus rien à perdre à part Shireen, et que perdre Shireen aurait été horrible.

- Vous êtes dans mes bras car je veux de vous.

Shireen se dégagea de ses bras sitôt qu'il eu prononcé cette phrase. Mais contrairement à ce que Podrick craignit, elle ne partit pas. Elle le dévisageait plutôt curieusement, cherchant dans son regard une once de moquerie. Puis, comme elle sembla ne pas en trouver, elle s'approcha doucement de ses lèvres pour y poser les siennes.

- Etait-ce une erreur ? Demanda-t-elle en s'écarta.

- Pas du tout, ma lady, murmura Podrick avant de lui rendre son baiser.

Ils restèrent ainsi quelques minutes à s'embrasser sous la pluie avant de rentrer s'abriter, main dans la main.


Note : si ce ship improbable vous attire, vous pouvez le retrouver dans un OS de mon calendrier de l'avent 2020.