Petit mot de l'auteure : on continue de décliner l'amour sous toutes ses formes, et ici le respect qui devrait être à la base de l'amour
Duo 6 : Elia x Rhaegar
Cette fois-ci, le bébé n'a même pas hurlé.
Les deux précédents étaient morts presque immédiatement, trois heures à peine de vie, mais ils avaient au moins eu le temps de crier, de la regarder. Les mestres lui avaient dit qu'ils étaient trop faibles et mourraient dans la journée. Cela lui avait laissé le temps de faire semblant de s'y préparer, de les aimer de tout son cœur, de les accompagner comme elle pouvait face à l'Etranger. Mais celui-là... il est né déjà mort.
Elle a l'impression que son cœur est mort en même temps que l'enfant. Elle aimerait pleurer mais est si abattue qu'elle n'y arrive pas. Tout ce qu'elle parvient à faire, c'est répéter encore et encore que c'est de sa faute.
Quand Jon la rejoint, elle n'a pas changé d'un pouce.
C'est ma faute... tremble-t-elle de cette voix sans larme.
Elle sent son mari s'asseoir doucement près d'elle, lui prendre la main. Ceci l'étonne ; Jon n'a jamais été très tactile. Elle lève alors ses yeux vers lui. Elle ne lit dans son regard aucun reproche mais c'est bien pire : il est tout aussi dévasté qu'elle. Elle devait donner la vie et n'a pu créer que trois cœurs morts à la place.
Bravo Lysa.
C'est ma faute, dit-elle encore une fois, l'hystérie montant cette fois-ci lentement.
Ce n'est pas votre faute, répondit doucement Jon.
C'est ma faute...
Non, ma lady, vous...
JE L'AI TUE ! Rugit alors la Tully.
Jon s'interrompt alors, surpris de cette éclat de colère qui n'est pas familier à Lysa. Celle-ci commence alors à dire des mots qu'elle n'avait jamais prononcé à voix haute – Baelish, thé de lune, sang. Elle sait qu'elle devrait se taire, que Jon pourrait la répudier d'avoir ainsi saccagé son corps pour échapper aux conséquences de son adultère adolescent, mais elle est si triste d'avoir tué un nouveau bébé qu'elle s'en fiche bien. Au point où elle en est, elle ne voit pas d'inconvénient à rejoindre ce petit gars qui n'a même pas vécu. Quand elle a terminé, son époux fait une chose qu'il n'avait jamais encore faite : il lui caresse la joue.
Vous n'êtes pas responsable, ma Lady.
Bien sûr que si... Ce thé de lune a détruit mes organes. Je n'arrive plus à porter correctement un enfant.
Lysa..., dit Jon d'une voix ferme. Ce n'est pas votre faute. Votre père vous a forcé à boire ce thé. Ce qu'il a fait était cruel. Et vous, vous n'étiez qu'une toute jeune femme. Vous avez fait une erreur en vous donnant ainsi avant le mariage, mais justement : c'était une erreur de jeunesse, rien de plus. Vous n'avez pas à culpabiliser le restant de votre vie pour cela. Vous avez été bien courageuse de traverser cette épreuve et de l'avoir gardé pour vous. Vous verrez. Les Sept finiront par nous donner un fils, qui sera aussi robuste et fort que sa mère.
Il lui sourit et, malgré les tremblements de son âme, Lysa parvint à esquisser un sourire en retour.
Reposez maintenant, ordonna-t-il doucement. Vous en avez besoin.
Elle acquiesça et Jon se leva. Alors qu'il allait quitter la pièce, Lysa demanda d'une petite voix :
Pourriez-vous... rester avec moi le temps que je m'endorme ? J'ai besoin de sentir quelque chose de vivant dans cette pièce.
Si vous le souhaitez, dit Jon en revenant à sa place. Je reste avec vous.
Et pour la première fois depuis bien longtemps, Lysa avait l'impression que quelqu'un était effectivement là pour veiller sur elle.
