Petit mot de l'auteure : ce texte a été écrit pour la 161e nuit du FoF sur le thème "Dernier"

Contexte : pré canon


Malgré les deux coussins qui la surélevait, Daenerys atteignait à peine le haut de la table. Néanmoins, elle ne se laissait pas abattre par cette difficulté ; elle engloutissait à toute vitesse son repas. Viserys, lui, prenait d'avantage son temps. Il n'avait que trois ans de plus que sa petite sœur, mais cette poignée d'années en plus lui avait permis de comprendre plus rapidement qu'elle que leur nouvelle maison serait moins agréable que l'ancienne. Et cela commençait pas une nourriture légèrement moins abondante. Ainsi, il ne fut pas étonné de voir la frimousse de sa sœur se plisser de déception en se rendant compte qu'elle avait tout terminé.

- J'ai encore faim... se plaignit-elle. Tu crois qu'on peut en ravoir ?

Avant, Viserys n'aurait pas hésité à héler un serviteur. Mais là... il hésitait. Illyrio était un homme fidèle à la maison Targaryen et, de ce qu'il pouvait en juger, se souciait réellement de leur bien-être. Malheureusement, Viserys ne pouvait en être sûr. Leur précédent logeur les avaient en effet trahis pour une poignée d'argent. Comment pouvait-il donc être sûr que Illyrio n'en fasse pas de même ? Il n'avait aucun moyen de le savoir. De ce fait, il préférait attirer le moins possible l'attention sur eux. Et cela passait par ne pas réclamer à manger... Ce résonnement pouvait peut-être paraître extrême mais, pour Viserys, était indispensable. Ils étaient les derniers Targaryen. Ils devaient donc mettre toutes leurs chances de leur côté pour survivre.

Mais comment le faire comprendre à Daenerys que ne pas manger à sa faim était nécessaire pour restaurer la grandeur de leur maison ? Par Aegon, elle n'était même pas née lors de la Révolution ! Pour elle, le trône de fer n'était qu'une légende... tandis que son ventre presque vide, lui, était bien tangible.

Ne se sentant pas prêt à lui expliquer la vérité cruelle de ce monde impitoyable, il se réfugia derrière un mensonge.

- Ce n'est pas la peine de déranger tout le monde, tu peux avoir mon assiette. Je n'ai plus faim.

Le sourire que lui fit Daenerys suffit presque à chasser ses crampes à l'estomac.