Réflexions et amertumes

Avant de débuter ce chapitre, un grand merci à ceux qui suivent cette histoire. J'espère que la suite vous plaira tout autant.

Seul dans son dortoir,( il devait être près de dix heures)Walker s'étira avant de bailler longuement et de se sentir satisfait puisqu'on était enfin le samedi matin ! La semaine de rentrée était passée à ses yeux en un éclair bien qu'un peu mouvementée. Il se retourna avec plaisir dans sa couverture, hésitant à se lever et descendre à la grande salle ou à rester un peu lire. La dispute qui avait eu lieu peu de temps avant lui retraversa l'esprit.
Non, je ne vais pas m'excuser, c'est à elle de le faire ! Elle m'exaspère elle et sa sœur à ce qu'on doive toujours être là pour elles, répondre présent et les soutenir. Après ce qui s'est passé, NOS vies se sont aussi retrouvées modifiées du tout au tout.
Elle n'est pas la seule à avoir envie d'être à Ilvermorny et à y étudier, moi aussi c'est un désir intense que j'avais et qui s'est évanoui. Ici on nous connaît à peine, on nous demande trop pourquoi on est venus en Grande Bretagne, on considère que parce qu'on parle la même langue, on est semblables. Quelles idioties! Et on est censés être dans une maison dont l'intelligence est une vertu!
Mes anciens amis me manquent, tout comme le quartier. et notre maison. Ici je ne connais pas grand monde, même si au moins certains élèves sont sympas. On ne sait pas si ou non, on pourra revenir au pays, ne serait ce que pour quelques jours ou des vacances…
C'est vraiment trop facile de laisser tomber les autres et d'oublier tout ce qu'ils ont fait pour les aider à se sentir mieux…

Perdu dans ses réflexions, il ne remarqua même pas la présence de Rumeur qui s'était perchée sur un des montants du lit avec deux lettres bleues. La chouette ouvrit le bec avant de se percher sur l'épaule de son maître et de ulululer doucement.
-Qu'est ce que tu veux Rumeur ? Je n'ai pas de MiamHibou alors va à la volière…. ! Ah merci, lâcha il après avoir vu les enveloppes posées sur le lit.
La chouette tachetée accepta avec plaisir la caresse sur sa poitrine, avant de se poser sur le lit.

Tout en dévalant l'escalier, le bleu et bronze avisa une table dans la salle commune l'enveloppe destinée à Calliope était encore dans sa main, ne restait plus qu'à la poser. Ou à la garder pour lui remettre en mains propres ? Ne crois tu pas que tu as été assez dur avec elle et qu'elle souffre assez de la situation comme ça, murmura une petite voix. Au contraire, elle n'a que ce qu'elle mérite, tu as bien le droit de penser à elle et de la laisser se confondre en excuses, tu n'es pas son grand frère après tout, susurra une autre voix pleine de perfidie et de rancoeur.
Il se sentait toujours aussi en colère et déçu par l'attitude qu'elle avait eu à son égard, mais il n'avait aucune envie qu'elle souffre davantage de la situation. La sagesse se faisait entendre d'une voix calme égale froide, une gerbe d'eau qui pouvait éteindre les flammes de la colère et de l'indignation, voilà ce qui se passait.
En lui même, il ne regrettait qu'à moitié les mots échangés. Les disputes étaient légion et c'était si futile et gamin de rester brouillés, surtout pour ca! Paradoxalement il était content de cette mise au point, tous deux avaient commencé à se tourner vers d'autres personnes, à ne pas être systématiquement collés l'un à l'autre.

Laisser la lettre ici, c'était comme agrandir la fissure qui s'était installée entre eux, et prendre le risque d'un éloignement peut être définitif, de se disputer avec sa famille à ce sujet. De plus vu les difficultés et le vide qu'elle ressentait, ce ne serait qu'une trahison que de s'éloigner encore plus d'elle.

Après tout elle était presque seule dans cette galère de longue date, si il avait été à sa place aurait il eu le même courage ? Et depuis combien de temps n'avait elle pas eu un vrai sourire radieux jusqu'aux oreilles, bien trop longtemps.
C'était peut être tout simplement que… c'était plus compliqué que prévu de partager ses parents, après tant d'années passées à être enfant unique et à se voir passer au second plan à cause des aléas de la vie.
Mais et ici ? Si il voulait être honnête avec lui même, Walker se rendait parfaitement compte qu'il ne voulait pas qu'une fois de plus Calliope lui prenne sa place. Qu'elle ne soit pas « L'élève brillante » « La fille plutôt cool » et que lui, il ne soit que « Walker » ou juste « Mr Darkholme » et une simple ombre.
Si seulement… Prendre un balai et s'entraîner au quidditch aurait été la solution idéale. Ou alors extirper de sa valise son ballon de basket, dommage que ce sport soit inconnu ici.
Tout bien réfléchi, peut être qu'aller à la sélection des joueurs même si il ne serait pas pris lui changerait les idées d'autant plus que les essais avaient lieu à quinze heures, parfait !
Un bruit lui fit tendre l'oreille, qui venait du dortoir des filles. Yuan qui descendait accompagnée de sa cousine, peut être était ce l'occasion.
-Bonjour. Tu as eu du courrier ce matin.
-Et bien… C'est plutôt une bonne chose. Et toi aussi ? demanda la petite américaine d'une voix mal assurée. Oui je vois, répondit elle à la vue de l'enveloppe identique qu'il tenait en main. Calliope avait gardé les yeux rivés sur le plafond et n'avait fait aucun geste pour l'approcher. Tout comme lui qui aurait aimé ne pas avoir ce face à face si tôt, sans savoir quoi dire. Finalement, Walker rajusta son sac et se dirigea vers la porte d'un pas décidé, pour mettre fin à ce malaise.
-Maintenant si tu le permets, j'ai d'autres choses à faire. Le devoir de sortilèges en premier et apprendre la leçon de métamorphose. A plus, acheva il en ouvrant la porte sous le regard perplexe des deux filles, tandis que Rumeur avait décollé de son épaule et volait à distance de lui.
-Toujours pas décidé à accepter la situation ? demanda l'aigle de la porte quand celle ci pivota.
-Bien sûr que si !
-Il vous manque le discernement et le sens de l'acceptation, vous êtes triste ce qui se passe vous aussi et vous le savez.
-Ca ne me rend absolument pas triste, et taisez vous ! Qu'en savez vous de ce que j'ai à faire?!
C'était envers et contre tout un mensonge, se dit il en prenant quelques tranches de bacon et des toasts, après avoir réussi à trouver une place. Juste deux minutes après avoir entamé le petit déjeuner, une nuée de hiboux s'engouffra dans la pièce, Arrow semblait tellement pressé de délivrer son courrier que le pichet de lait et la jatte de corn flakes s'était renversée. Très content d'avoir accompli sa mission, le hibou moyen duc ulula d'un air surexcité tandis que Rumeur se posa sur la table en gonflant ses plumes comme pour le mettre au défi de rester un peu plus. Finalement, la chouette tachetée se trouva un nouveau perchoir : l'épaule de Calliope. Cette dernière était descendue toute seule un quart d'heure plus tard et avait posé contre son bol de céréales la précieuse enveloppe.
De son côté, Walker retourna lentement le courrier en reconnaissant l'écriture de ses parents : évidemment, ils lui avaient envoyé une lettre destinée à tous les deux ! Autrement dit, ils s'attendaient à ce qu'ils la lisent ensemble. Il se jura silencieusement de remédier à ce fait, c'était quand même pas compliqué! De son côté, Amanda avait aussi reçu des hiboux et déballait le paquet qu'elle avait reçu tout en jetant un coup d'œil au « Daily's Prophet » et aux gros titres de la journée étalés à la une.
Achevant rapidement son petit déjeuner, Walker prit son sac et partit en direction de la bibliothèque pour commencer ses devoirs, si du moins il arrivait à se concentrer.

Quand elle avait tenue l'enveloppe entre ses mains, Calliope avait cru en premier à une lettre de ses parents, mais elle fût détrompée par le grand M juste en dessous du timbre tamponné à l'encre bleue. Ca ne pouvait donc signifier qu'une seule chose…
Le cœur battant, elle ouvrit son courrier extirpa fébrilement un parchemin couvert d'une écriture penchée en dévorant son toast tartiné de confiture de framboise et commença sa lecture :

Bonjour !
Je ne sais pas si la lettre te parviendra rapidement ou si le service postal est plus lent en Grande Bretagne pour les courriers internationaux. En tout cas, je pense toujours à toi et Erato, quel dommage que vous ayez du déménager, tu me manques beaucoup ! Tu te rappelles nos discussions sous le vieux sycomores et nos échanges de cartes, nos goûters avec les cookies surprise ?
Parfois ça me déprime de ne plus pouvoir le faire avec toi, mais je ne me plains pas : Ilvermorny est vraiment encore plus fantastique que ce qu'on nous avait dit. A un point dont on a pas idée !
Tu ne sais vraiment pas ce que tu rates, c'est vraiment dommage que tu doives étudier à Hogwarts. J'espère que tu t'y plais tout de même et que ce n'est pas trop dur pour toi. Au fait dans quelle maison es tu ?
Figure toi que pour moi au moment de la répartition, le serpent cornu a commencé à illuminer son cristal puis l'oiseau tonnerre à battre des ailes lui aussi ! Ca a duré pendant trois bonnes minutes et finalement, j'ai atterri dans la maison ThunderBird, surprenant non ?
Les cours se terminent tous les jours vers 15heures et on a des heures de sport ou de musique après, il y a plein de clubs et il est même question d'une rencontre sportive avec L'Institut des Sorcières de Salem et une autre école en Amérique du Sud... j'en revenais absolument pas en apprenant ça ! Malheureusement ça va concerner les dernière années, un peu dommage. On parle aussi de sorties scolaires dans des sites magiques célèbres d'Amérique.
Notre directeur de maison enseigne les potions, il est cheyenne, savais tu qu'il y a des philtres qui ne sont pas encore répertoriés et dont les indiens gardent jalousement la composition ? Mais il paraît que c'est pareil à la Nouvelle Orléans. A propos, un de mes camarades de dortoir Rémy Cannelet vient de là bas, et selon lui le vaudou s'étudie encore en Louisiane et Marie Laveau est aussi connue par les Non Majs !
La salle commune est juste en face de la forêt, et très spacieuse, certains disent que pas loin de la salle, il y a des passages secrets, je demande à voir…
On prévoit aussi de faire une grande fête d'Halloween et d'y participer en costume, exceptionnellement l'Institut des Sorcières de Salem y participerait pour une semaine, à voir.
Je me répéte encore une fois, mais quel dommage que tu ne sois pas avec nous, entre décrire les choses et les vivre il y a quand même une sacrée différence… On a partagé tellement de choses et ça se stoppe un peu comme un cheval qui s'arrête, tu ne trouves pas ?
Très sincèrement, j'espère qu'un jour ou l'autre, vous pourrez revenir au pays, qu'on pourra se revoir. Si vous voulez venir pour Thanksgiving, je m'arrangerai pour essayer de t'inviter, tu as ma parole !
Voilà quelques petites photos que j'ai prises en pensant à toi.
J'attends avec plaisir ta réponse Calliope, si évidemment t'as le temps dans ta nouvelle grande école de magie.
Allanon

A la fin de la lecture, son regard se posa sur les deux photos : l'une avec son ami posant fièrement dans son uniforme bleu et rouge avec un sourire si éclatant qu'il en paraissait idiot. La seconde avec une gigantesque salle à manger ou plein de petites tables rondes étaient disposées tandis qu'un mur occupait à lui seul la desserte des mets.
« Une réponse, c'est ça tu parles ! »
Comme si il y avait vraiment besoin de remuer le couteau dans la plaie en allant dire haut et fort dans cette lettre qu'Ilvermorny était « The coolest school of the world » Tout en se demandant si ce qu'Allanon lui disait était vrai ou si c'était des mensonges prétentieux.
« T'as pas l'air tellement passionné par moi et comment ça se passe, tu n'en as que pour ta maison... »
Ils étaient pourtant amis ! Mais elle semblait compter pour des néfles, tout comme comment elle vivait la situation… Sa soeur y compris, pas de questions sur sa nouvelle vie et l'Angleterre. Il avait surtout écrit pour chanter la gloire de son école et sa répartition, même si au moins il lui disait qu'elle lui manquait.
Restait à voir si ou non il était sincère en lui écrivant ses mots ou non, que pouvait elle en penser, devait elle le croire ou ne pas le croire ? Espérer qu'à nouveau il l'invite ou alors que ce serait une amère désillusion ? Elle fronça les sourcils et pianota des doigts. Même si ils se connaissaient depuis deux longues années et avaient fait des soirées pyjamas, feu de camp, sorties elle savait une chose: il ne disait pas toujours la vérité. Sans être un parfait mythomane, il ne parlait que rarement de ses opinions, de ses ressentis. Et en utilisant des sous entendus, une limite floue entre mensonge et vérité. Alors que représentait elle à ses yeux? Une vraie amie, ou une simple fille comme les autres agréable amusante, mais banale qu'on pouvait aisément remplacer.

-Hé, ça ne va pas ? tu as à peine touché à ton p'tit dej !
-Oui, ça peut aller merci Dharma, soupira elle en le voyant engloutir une fournée de saucisses et de champignons avant de se rendre compte des protestations de son estomac mais les œufs au plat et les beans ne lui apparurent pas aussi bons que d'habitude.
-Tu sais que t'as pas bonne mine, insista Dharma plutôt soucieux. Me dis pas que c'est ce qui se passe entre ton cousin et toi qui…
-Non, c'est pas ça et je te le redis : ça peut aller, alors ne te tracasse pas pour moi Dharma, répéta elle en fourrant hâtivement la lettre dans son sac et en contemplant silencieusement le brouhahaha de la grande salle avant de repartir machinalement dans la tour de Ravenclaw complétement indifférente à ce qui se passait autour d'elle.
Une fois arrivée dans la salle commune elle se laissa mollement tomber dans le premier fauteuil qu'elle trouva, posant son regard sur les constellations de la moquette. Incroyable, le seul courrier reçu n'avait rien eu de réjouissant, déprimant plurtôt. Il semblait que tout ce qui venait de son monde d'origine n'était que chargé de douleurs de désolation... Elle repensa un court instant à son ancienne maison, avant de se mettre à pleurer même si ça ne menait pas à grand chose en silence trop écœurée par bien trop de choses. Cet exil contraint, l'impossibilité de voir ses parents, sa soeur qui lui manquait affreusement...

Ce fût dans cet état que Walker la retrouva quand il ouvrit la porte : prostrée dans un fauteuil, les yeux rouges gonflés, joues humides de larmes. Personne qui n'était venu voir ce qu'elle avait ou tenté de lui parler. C'était de son avis sage mais ingrat de leur part. On verrait bien comment les autres réagiraient si ce genre de situation se renouvelait: soit par l'indfférence, soit par un peu de compassion.
Bien que ce ne soit pas à lui d'être une oreille attentive et bienveillante, il ne pouvait pas se résoudre à la laisser dans cet état sans essayer de l'aider. Il était quand même temps qu'elle réussisse à nouveau à sourire à aller de l'avant et à ne plus être autant résignée. Elle avait déjà beaucoup pris sur elle pendant un bon moment, qu'elle finisse par réagir ainsi et sans exploser ou être à bout était à ses yeux pur miracle.
A son avis, la lettre qu'elle avait reçue y était probablement pour quelque chose. Un vrai coup de poing en pleine figure, une attaque de trop à essuyer.
-Je peux ? demanda il désireux de lire la feuille froissée et roulée en boule ainsi que les photos déchirées sur la moquette.
Parle moi Calliope, dis moi ce qui ne va pas ! La main posée sur son épaule, il attendit une réponse qui fût le silence.
Allanon a fait des siennes c'est ça, demanda il en la secouant doucement par les épaules dans l'espoir qu'elle lui réponde. En voyant son hochement de tête et ses yeux humides de larmes, il eût confirmation de son hypothèse et arriva à entendre des bribes de paroles.
«Une grande fête d'Halloween, des rencontres inter écoles… Pourquoi pas voler jusqu'à la lune tant qu'on y est ? Comme si je savais pas déjà ce que je ratais là bas… Sombre, triple parfait abruti ! » Dit elle plus fort avant d'essuyer ses larmes d'un revers de main rageur.
Merci Walker, ajouta elle faiblement en le regardant enfin droit dans les yeux pour la première fois depuis un temps qui lui avait paru être une éternité.
-Y a pas à me remercier….
-Oh Walker ! S'écria Calliope en se levant de son fauteuil. Je suis vraiment désolée d'avoir été SI EGOISTE et de ne même pas te parler avant d'agir ! Je n'ai pas d'excuses sur ce point !

-De toutes façons on est tous plus ou moins stupides, et il fallait bien que ça se produise. Ben c'est arrivé, répondit son cousin manifestement soulagé de faire enfin la paix avec elle.
On sera pas tout le temps fourrés ensemble mais ça ne veut pas dire qu'on se laisse tomber, pas vrai ?
-Evidemmment.
Calliope se jeta dans ses bras avant de se laisser aller à cette étreinte avant de le voir brandir une autre lettre un sourire malicieux aux lèvres.
-On a une lettre de la maison. Je t'attendais pour la lire.

Le ciel s'était considérablement couvert cet après midi, ce qui n'était pas un vrai problème pour les sélections de quidditch. Walker voyait le stade se rapprocher à chaque pas tandis que Calliope Dharma et Yuan l'accompagnaient, la réconciliation avait été une bonne nouvelle pour ses amis et il se sentait décidé à faire de son mieux.
De son côté sa cousine semblait chercher des moyens de prouver que cette école était aussi « cool » qu'Ilvermorny. Par jalousie probablement, pour avoir une revanche sur son "ami"
Les rares fois où il l'avait vu et avait discuté avec lui ne lui laissaient pas de bons souvenirs. Il le trouvait trop sûr de lui, prêt à étaler son savoir et à tromper les autres pour parvenir à ses fins.
D'un haussement d'épaules il chassa ses réflexions, inutile de songer à tout cela, mieux valait vivre dans le présent.

A suivre