Des révélations inquiétantes

disclaimer : Le personnage qui apparaît dans ce chapitre est un hommage à Daniel Dae Kim, qui a été Jin dans Lost et Chin Ho Kelly dans le remake de Hawaï Police d'état.
Certains thèmes plus sérieux tel que le racisme anti asiatique aux états unis seront abordés dans ce chapitre, sur ce bonne lecture !


Ce jeudi soir à Leicester, Deneb et Madison avaient été particulièrement surpris quand Arrow avait apporté le courrier. Le hibou tenait effectivement une enveloppe bordée de rouge et tamponnée US, avec l'abréviation IL. Tout en prenant lentement la lettre, Deneb la retourna lentement tout en se demandant qui pouvait encore leur écrire.
Comme l'affaire judiciaire ne relevait pas de l'état de l'Illinois mais de celui de New York, la missive qui leur était adressée paraissait insolite.
Ecrit à l'encre verte, un nom était inscrit au dos de l'enveloppe : Wol Young-Nae.

-Ce nom te dit quelque chose ? Demanda Madison en fronçant les sourcils tandis qu'elle sortait les patates au four garnies de brocolis et de fromage.
-Vaguement. Je crois me souvenir qu'Antarés m'en parlait de temps en temps, et il le me l'avait présenté une fois. Mais ça avait été rapide, on avait seulement échangé quelques mots… Je me demande bien pour quelle raison ce type nous écrit.
A cet instant, Erato vînt s'asseoir à table, ils attendraient la fin du repas pour ouvrir cette lettre.

-Je peux rester avec vous et écouter la lettre, demanda Erato en levant des yeux de chiot battu vers son oncle et sa tante.
-Il vaudrait mieux que tu ailles te préparer pour aller au lit, n'oublie pas que demain tu as école. Et on ne sait pas ce que contient cette lettre, mais ce sont sûrement des problèmes d'adultes.
-Peut être, mais ces problèmes d'adultes sont aussi les miens et ceux de Calliope. C'est quand même MES parents qui ont été emprisonnés et dont depuis près de 6 mois je n'ai pas pu avoir une seule lettre. Pas de nouvelle, pas de photos, rien. Alors… pourquoi vous aussi vous refusez de me dire ce qui se passe ? Je suis vraiment trop petite pour ne rien comprendre c'est ça ? Demanda elle blessée.
-Nous n'avons pas dit ça. Mais tu es jeune et il y a beaucoup de démarches que tu ne peux pas faire, des choses très compliquées qui peuvent t'échapper. C'est déjà difficile pour nous, modéra sa tante.
-Cependant, c'est vrai que cela te concerne. Pour une fois je suis d'accord pour que tu puisses écouter mais ensuite tu vas te coucher.
Sur ces mots, Deneb ouvrit l'enveloppe et commença sa lecture, la lettre était simple et directe :

A l'attention de mr Deneb Darkholme et de sa femme, et de leur famille.
Bonjour, je sais que nous ne nous connaissons presque pas, cependant il me semblait important de vous envoyer ce hibou pour plusieurs raisons.
Comme votre frère vous l'avait dit, nous travaillions dans le même service auparavant. Cependant, les choses semblent prendre un tournant qui n'augure rien de bon,que ce soit au sein du département ou pour Antarès. Depuis quelque temps, une affaire de trafic de potions nous occupe, parce que beaucoup de Non Maj sont concernés. Plusieurs ont été retrouvés morts un peu partout, tout comme des sorciers ce qui naturellement nous met une pression énorme sur les services. Depuis la levée de la loi Rapapport, il apparaît comme évident que certains sorciers anti non maj ou ne se souciant pas des conséquences pour notre société existe.
A cause de cette raison, je me demande si certaines décisions n'ont pas été hâtives en plus d'être injustes. Si les vrais coupables sont vraiment arrêtés ou si au contraire, ils sont encore dans la nature. Quoi qu'il en soit et bien que ce ne soit que pure supposition sans doute peu fiable de ma part, qui sait si des anciens partisans de Grindelwald ont trouvé refuge sur le sol américain et essaient de reprendre leurs activités ?
Mais en discuter par le biais d'une lettre n'est pas la meilleure des solutions, loin de là.
Accepteriez vous que nous nous voyions ce dimanche midi pour en parler ensemble ?
Vous n'aurez pas à venir, cela pourrait attiser les curiosités, de plus l'Angleterre m'a toujours interessé.
Envoyez moi dès que vous le pouvez un hibou, mais ne mettez que des propos anodins. Il est aussi préférable de détruire cette lettre et de ne laisser aucune preuve derrière nous.
Vous comme moi, nous savons parfaitement quels risques nous courrons si le ministère s'intéressait un peu trop à nous.

Respectueusement Wol Young Nae.

Les deux adultes la lurent une fois puis une seconde fois avec attention. Madison se retourna ensuite vers sa nièce.
-Nous sommes bien d'accord que tu ne devras parler à personne, je dis bien : à personne de cette lettre. Tu dois comprendre pourquoi ?
-Parce que le ministère de l 'Illinois nous surveille depuis que nous sommes partis et que mes parents ont été condamnés ?
-Exactement, même si plusieurs sorciers habitent ailleurs, dans d'autres pays. Maintenant, on a une dernière question à te poser, Erato, continua sa tante.
Toi et ta sœur, connaissiez vous bien cette personne ?
-Heu.. Un peu, ça nous est arrivés d'aller tous ensemble voir un match de quidditch. Ou que dad et mom l'invitent à un barbecue, même si dad ne proposait pas à tous ses collègues de venir.
-Donc tous deux devaient bien s'entendre, estima Deneb qui avait ouvert un tiroir de la commode pour y prendre une plume et un rouleau de parchemin.
-Vous serez d'accord pour au moins parler de ça à Calliope ? Elle serait vraiment révoltée et très en colère si vous ne le faites pas. Elle a aussi le droit de savoir ! D'avoir quand même un peu d'espoir. Si vous n'étiez pas là, je… sa voix se brisa alors que des larmes coulèrent sur ses joues.
-Nous vous dirons la même chose à tous les trois : que nous avons vu un ancien collègue d'Antarés. Par contre nous ne parlerons de rien d'autre, tout le reste est des affaires d'adultes.
-Mais enfin.. commença à protester la fillette .
-Non, ça ne sert à rien de rouspéter. Il y a des choses dans la lettre qui ne te concernent absolument pas, très difficiles à comprendre. Ce sera aussi la même chose lors de ce déjeuner.
C'est pour cette raison, que tu ne seras pas avec nous. C'est injuste, on le sait mais la vie n'est pas toujours juste. Tu es bien placée pour le savoir, ne crois tu pas ?
Erato hocha la tête boudeuse.
Toutefois, que penserai tu de faire un stage d'équitation ? Reprit sa tante. Tu avais envie d'en faire un depuis longtemps, et le centre équestre organise un stage d'un week end. C'est une bonne occasion, et ça te changera les idées.
-Oui, répondit elle sans grande conviction.
-Comprends bien insista son oncle que nous ne t'excluons pas, mais qu'il s'agit de problèmes particulièrement délicats comme la situation. Et que ce déjeuner n'aura rien d'amusant, il te paraîtra plus ennuyeux. Tu as encore la chance d'être une enfant Erato, profites en bien tant que tu le peux.
-Bien sur, marmonna elle en se levant du canapé.
-Et n'oublie pas : nous voulons ta parole que tu ne parleras de cela à quiconque.
-Oui…
-Ta parole, Erato, redemandèrent d'une voix calme mais catégorique son oncle et sa tante.
-Je vous jure que je n'ai jamais entendu parler de cette lettre, ni de ce qu'elle contient. Que je n'en parlerai à personne de mon entourage et de garder le secret, dit elle en levant la main droite. A présent, est ce que je peux aller me coucher, s'il vous plait ?

-Oui. Tu as la permission de lire un peu mais à 21h30, extinction des feux, répondit plus gentiment sa tante en la regardant monter les escaliers.

Une fois seuls, Madison observa son époux griffonner un court texte parlant des environs de la campagne et du plaisir d'un bon déjeuner entre amis. Il signa en ajoutant qu'il serait pressé sa femme et lui de se revoir.
Puis il s'approcha d'Arrow qui atterrit sur la table basse, une noix de miamhiboux dans le bec.
-Il va falloir que tu refasses un long voyage, mais je sais que tu en es capable, chuchota Deneb en attachant la lettre. Et je sais aussi que tu réussiras à trouver, même si ça te prend un peu de temps. On compte tous sur toi tu sais.
Le hibou moyen duc bougea doucement sa tête comme pour signifier qu'il avait compris avant de prendre très brusquement son envol, si bien que Madison dût faire un bond pour ouvrir la fenêtre.
Si tout se passait bien, la lettre arriverait dans 10 ou 12 heures à destination.


Une activité importante régnait dans la maison ce dimanche matin alors qu'il était seulement 10 heures trente.
Toutefois, cela faisait bien trop longtemps que le couple n'avait pas reçu des invités pour un déjeuner, autant mettre les petits plats dans les grands. D'autant qu'ils n'avaient pas eu la nécessité de devoir prendre un portoloin et de se retrouver dans leur pays d'origine.
En plus, une maison reflétait aussi l'image qu'on donnait aux autres, il valait mieux dans ce cas afficher la carte de la simplicité mais de la chaleur.
Une belle nappe ivoire avait été posée sur la table, comme un bouquet d'oeillets blancs et rose, la corbeille remplie de petits pains et la bouteille de vin californien.
Dans un autre coin de la pièce, la table basse était couverte de biscuits apéritifs de toutes sorte, de feuilletés et de quelques bouteilles alors qu'un feu haut et clair pétilait dans la cheminée.
Quand on ouvrait la porte de la cuisine, une délicieuse odeur de tourte au poulet et aux champignons flottait dans l'air tandis qu'un beau saladier de salade coleslaw était posé.
Une tarte au potiron cuisait dans le four, paraissant très prometteuse.
En leur for intérieur, Deneb et Madison attendaient ce moment avec une certaine appréhension. Ils ne savaient pas vraiment si ils pouvaient ou non faire confiance à cet homme qui était pour eux un parfait inconnu avec qui ils parleraient pour la toute première fois. Et comptait il vraiment faire bouger les choses dans leur sens ou le faisait il sur des ordres venus d'en haut ? Il était toujours possible que certains membres de la police magique ou des aurors se retrouvent en mission sous couverture après tout.
Par bonheur, il n'était que onze heures et quart quand tous les préparatifs furent achevés, il ne restait plus que le plus difficile : l'attente.
Autant en profiter pour reprendre un peu son souffle et essayer de se détendre devant une bonne tasse de thé ou en lisant le nouveau numéro du Daily Prophet que le hibou leur avait porté lors du breakfast.
-Je me demande bien que penser de ces histoires de « vrais coupables », mais peut être a il raison, estima Madison.
- Sur ce point je suis d'accord avec toi, sinon par la baguette de Merlin pourquoi aurait on fait un procès aussi expéditif ? C'était comme si on cherchait à se débarrasser de personnes gênantes. Et nous aussi, par la même occasion, ajouta il.
Le sorcier ne pût ajouter autre chose, car les flammes de la flambée ayant viré à l'orange foncé attirérent son attention alors que l'horloge sonnait onze heures trente.


Tous deux se relevèrent avant d'observer une forme se dessiner et sortir de la cheminée.
L'un comme l'autre observèrent rapidement l'homme asiatique et au visage anguleux qui venait d'entrer dans leur salon.
-Bonjour et soyez le bienvenu monsieur Wol. Avez vous trouvé facilement la cheminée ?
-Bonjour. Madame, Monsieur, merci de me recevoir. Sans aucun problème, il m'a suffi de partir de celle du Leaky Cauldron, après avoir pris un portkey qui m'a amené à Londres, répondit il.
Deneb apprécia le fait que son interlocuteur ne tourne pas autour du pot et aille directement à l'essentiel .
-C'est plutôt nous qui vous sommes reconnaissants de nous avoir envoyé cette lettre mr Wol, intervînt Madison. Voulez vous que je prenne votre cape ?
-Inutile, merci. Cependant, je vous ai apporté quelque chose pour accompagner le repas, répondit Young Nae en tirant d'un sac deux petites boites. Puis, il donna un léger coup de baguette redonnant aux boites leur taille initiale avant de les tendre à son hôtesse.
-Un carrot cake et des cupcakes, au citron et à la myrtille. Cela fait longtemps que nous n'avons pas pu en manger, ils ne connaissent pas ce genre de pâtisseries ici.
-Je suis contente que ça vous plaise. Mais peut être aimeriez vous qu'on entre dans le vif du sujet ?
-C'est une très bonne idée, même si je ne sais pas par où commencer…. Peut être par cette histoire de trafic de potions si vous êtes d'accord ? Après tout, on a quand même accusé mon frère de crimes contre les non maj'. Mais tout ce que vous nous direz ne sortira absolument pas de cette pièce, ni de cette maison.
Il s'agit quand même d'une violation du secret professionnel, non ? Quelque chose qui pourrait vous coûter votre poste.
-Peut être est ce préférable que de rester là les bras croisés sans intevenir, observa Young Nae en haussant un sourcil alors qu'ils prirent place sur le canapé.
-Pour quelle raison feriez vous cela ? Demanda Madison surprise devant cette réponse tout en lui tendant le plat de feuilletés.
-Dejà parce que votre frère, ou Antarés, était quelqu'un de droit et loyal, un type bien. Je l'ai jamais vu s'abaisser au niveau des ordures à qui on a pu faire face. Il aimait son boulot et sa famille, il m'en parlait souvent. Il était pas non plus à rechercher la gloire et les promotions au contraire d'autres types.
-c'est vrai, convînt Deneb en lui faisant signe de poursuivre.
-On s'est toujours bien entendus, respectés… Même avec des saisies de dragots ou d'artefacts puissants, il a toujours voulu les envoyer sous scellés et ne plus jamais y toucher.
Pourquoi dans ces cas là voulait on se débarrasser de quelqu'un comme lui ? Parce qu'il était là au mauvais moment où qu'il était une épine dans le pied de quelqu'un de haut placé ? Ce ne sont que des suppositions, on ne peut pas faire mieux à ce stade.
-Elles ont toutefois le mérite d'être pertinentes. Que pouvez vous dire sur les meurtres de non maj ?

-Il y en a plusieurs et pas seulement à Rockford, mais aussi à Bradley, Brighton, East Alton, Chicago Heights, Flossmoor et d'autres petites villes de ce genre. Toutefois il y a aussi un détail curieux : beaucoup de non maj ont entre seize et vingt cinq ans, et semblent avoir été victimes d'empoisonnement.
C'est le genre d'affaire qui est arrivé trente fois en quelques mois.
Et les médecins non majs qui examinent les victimes parlent souvent d'overdose.
-Comme si ils avaient pris de l'héroïne ou une autre drogue du même genre, compléta Madison .
-En effet, mais les non majs parlent souvent de suicide, vu qu'il s'agit d'adolescents perdus… Mais les poisons ne semblent pas toujours être les mêmes, et pris à même dose. C'est quand même assez malin, et très dangereux.
-Il se pourrait donc qu'il y ait un réseau secret de trafic à travers tout l'étatq, et ces tordus se contrefichent du risque de la violation du secret magique ? S'insurgea Deneb.
C'est quand même pas possible d'être stupide à ce point ! Ils tiennent à ce qu'on revienne en arrière ou quoi?!
-Ou peut être sont ils anti non maj et sont décidés à tout pour se débarrasser à grande échelle d'innocents, nota Young Nae qui avait croisé les bras pour mieux réfléchir.
Ce qui est sur c'est que sur les affaires auxquelles j'ai du faire face, le chaudron bouillait et pas qu'un peu si vous voyez ce que je veux dire.
On a eu plus de pression sur ces histoires, bien évidemment… Et quand on a déniché une baguette dans une poubelle, en retrouvant le propriétaire grace au permis, on a pu l'interroger. Il a eu beau clamer haut et fort qu'il l'avait perdu qu'il n'aurait jamais fait ça, même sous véritasérum, il a été envoyé en prison immédiatement, pour faire un exemple. Et donner l'impression que tous les criminels mêlés à ces sombres magouilles seront châtiés comme ils le méritent, acheva il sombrement en buvant une gorgée de son apéritif.
-Mais personne n'a essayé de rétablir la vérité, de demander à ce que ces innocents soient relâchés ?
-Vous plaisantez mrs Darkholme ? Demanda Young Nae en ayant un sourire amer. Si on tient à ne pas se retrouver dans le même chaudron, on est plutôt priés de ne rien voir, ne rien entendre et plutôt de réussir à trouver plus de preuves et de pourris mélés à tout ça.
De plus ça m'étonnerait vraiment qu'ils prennent en compte ce que j'aurai à dire ou ça n'atteindra pas les sommets.
-Pour quelle raison ? Demanda Deneb alors qu'ils s'assirent à table et que sa femme déposa le saladier.
Young Nae les dévisagea un long moments ses mains sous le menton et le visage plus sérieux, se préparant au lourd aveu qu'il allait faire face à ces « ignorants »

-Même si je bosse depuis sept ans dans ce service, que je suis fiable, il y a peu de chances qu'un jour j'ai une promotion ou qu'on me prenne en considération. A tout casser un grade de sous chef de département mais ça ira pas plus loin et vous voulez savoir pourquoi ? Parce que je suis d'origine asiatique.
Combien de membres asiatiques importants et influents du gouvernement fédéral connaissez vous ? Ou dans d'autres états ? C'est simple il n'y en a presque aucun, même chose pour des fonctions importantes, même si notre parcours est aussi remarquable que celui de personnes d'origine européenne.
Nous ne sommes que de la « petite monnaie », une quantité négligeable. Et c'est pareil chez les non maj.
-Bien sûr ! S'exclama Madison épouvantée en plaquant la main sur sa bouche. Je me souviens de toutes les horreurs qui se sont passées à Hawaï après l'attaque de Pearl Harbour…
En effet, le gouvernement non maj de Hawaï avait après cette attaque considéré que toutes les personnes d'origine japonaises étaient dangereuses. Les citoyens américains d'origine japonaises avaient été alors expulsées de leurs maisons, obligées de prendre une petite valise pour tout bagage avant d'être emprisonnés dans des camps semblables à des ghettos longtemps considérés comme "camps de la honte".
-Exact, souligna Young Nae. Et il y a aussi chez les non majs pas mal de cas semblables à ceux qu'on retrouve chez des afros américains.
Des mères de famille tuées, des interpellations au volant et des accusations de vol de voiture. Ou des contrôles qui peuvent tourner au meurtre mais peu de monde s'en souciera… Comme les deux filles d'origine vietnamiennes que j'ai retrouvé mortes sur une de ces affaires.
Japonais, chinois, coréen, thaïlandais, ils s'en contrefichent, nous ne sommes que quantité négligeable mais utile quand même, commenta il sans se départir de son calme.

Nous sommes censés être les citoyens modèles, mais du côté non maj, beaucoup d'entre nous n'ont pas toujours les mêmes droits que d'autres citoyens.
-Comment pouvez vous savoir toutes ces choses, demanda Deneb en prenant un petit pain.
-Par les journaux, mais aussi parce que ma sœur et mon père sont des non maj. Qu'ils ont déjà essuyé des problèmes de logement par le passé par exemple…
Ne pas louer, même si on pouvait proposer de payer les deux mois d'avance demandés et choisir d'autres locataires…
J'ai de la chance, je ne peux pas me plaindre : un boulot stable, là où je suis personne ne s'est permis de me servir des choses de ce genre.
Seulement, il faudra qu'un jour ou l'autre on arrive à faire bouger les choses. Ni moi ni ma famille, on a envie de revenir à Daejon.
Si on a choisi de quitter la Corée, ce n'est pas pour y revenir, sauf pour peut être des vacances. Hors de question de leur faire ce plaisir en repartant trop vite chez nous. D'autant que notre vie est aux états unis à présent.
-je comprends votre point de vue, admit Madison en terminant la salade. Mais il s'agit quand même d'un combat collectif, et ceux qui entendent parler des faits devraient commencer à ne plus faire comme les trois petits singes.
-Et à ce que peu à peu qu'on soit originaire de Hong Kong, Corée du Sud, Japon, Mongolie ou Vietnam, qu'on sache qu'on est loin d'être isolés. Que vous devez être nombreux, et qu'il est temps de vous réveiller.
-Nous sommes tout à fait d'accord, répondit Young Nae assez surpris de voir que certains prenaient le problème plus au sérieux que d'autre. Vous avez l'air aussi ouvert et tolérant que votre frère. Et vous, madame,
-je vous en prie la coupa elle, appelez moi par mon prénom.
-Comme vous voudrez, Madison sshi (il s'agit d'un suffixe de politesse coréen équivalent au « san » japonais pour monsieur ou madame) vous semblez un peu plus au fait que d'autres femmes sur ce sujet. Même si ce dont nous venons de parler n'est peut être pas votre priorité.
-Il s'agit quand même de quelque chose d'important, et je vous en sais gré de nous en avoir parlé. Tout comme nous apprécions le fait que vous preniez de gros risques en nous ayant fait part de ces éléments.
Pensez vous qu'il serait préférable de prendre rapidement un avocat ? Demanda il alors que sa femme retournait dans la cuisine
-Oui. Il est possible que si la situation empire, les sénateurs veuillent faire un exemple marquant. Et encore une fois ils ne feront pas la différence entre victimes de situation et criminels.
Deneb eût soudain la vision horrible de son frère et sa sœur condamnés à la peine de mort dans un tribunal. Puis celle d'une chambre macabre où lui et le reste de la famille étaient obligés de regarder cette infâme exécution, la foule l'acclamant. Hors de question que cela voit le jour ! Ils ne pourraient pas si vite baisser pavillon !
-Je ne resterai pas plus longtemps les bras croisés. Même si nous sommes considérés comme des délinquants, il est hors de question que je reste tout le temps terré ici, pour ma famille. Quel dommage que je ne sache pas comment se dit merci en coréen…
-Gamsahabnida.
-Alors, gamsahabnida , mr Wol. Ça fait plaisir de voir que tous ne sont pas aussi aveugles et stupides.

-Cheoman eyo, il n'y a pas de quoi, traduisit il. Mais n'oubliez pas qu'il y a encore une montagne de choses devant nous….

A suivre