Soutenir ou non ses amis

Disclaimer: Bonsoir à tous !Je reviens après un très long moment d'inactivité sur le fandom de Harry Potter. Je vous rassure, je n'abandonne pas Another place, another lifes, mais maintenant, j'écris aussi beaucoup sur Saint Seiya.
Manga et animé que j'aime autant que l'univers de Rowling, cependant j'essaierai d'écrire plus régulière sur les deux fandoms.
Enfin, ce chapitre est peut être court, mais il me semble important de ne pas le noyer dans trop de texte avec ce qui se passera.
Bonne lecture !


Secouée par les questions gênantes de son professeur de potions, Calliope posa une main tremblante sur la poignée de la porte, même si c'était impoli et inadapté à la situation, elle brûlait d'envie d'être seule, de se laisser aller.
Toutefois, une part d'elle même lui soufflait que ce n'était pas la plus dramatique des situations, qu'il y aurait pire dans le futur, que ce qu'elle faisait, c'était uniquement de fuir le plus loin de ce qui l'inquiétait et la blessait.
Fuir, comme une lâche, en baissant tout de suite les bras, alors qu'elle avait promis à sa famille de rester courageuse…
Au moment où elle allait actionner la porte, elle sentit une main se poser sur son épaule, dans un geste de réconfort.
- Veux tu vraiment rester seule ? La voix n'était qu'un murmure qu'elle seule pouvait entendre.
Elle hocha faiblement la tête.
- Fais comme tu le sens. Je crois que tu es trop dure avec toi même, continua aussi discrètement Walker. Tu oublies un peu trop qu'on est que des enfants.
- Sauf que la vie est injuste, elle ne se soucie pas de nos âges, elle dissémine bonheurs et malheurs, injustices et justices aveuglément, sans le doser, répliqua elle sur le même ton bas mais amer.
- Je ne crois pas que Slughorn comptait te blesser sciemment, il a été indélicat, mais il semble vraiment avoir compris qu'il y avait une limite à ne pas dépasser.
Tu as le droit d'aller à la cabane d'Hagrid ou de rester avec nous, personne ne te jugera.
Elle sentit les bras l'enserrer dans une étreinte rassurante et réfléchit brièvement.
Non, elle ne partirait pas, ceux qui croyaient qu'elles n'étaient qu'une première année pleurnicheuse qui s'effondrait pour un rien, ils verraient qu'ils se trompaient sur toute la ligne.
On avait le droit de pleurer, sans nul doute, mais pas pour des petits riens à ses yeux. Il fallait une sacrée bonne raison valable pour ça.
Elle prit une profonde inspiration, respira profondément pour se calmer, se tourna vers son cousin. Sans un seul mot, elle mit sa main dans la sienne et la serra de toutes ses forces pour se redonner contenance et tenir jusqu'au bout. Ensuite, elle pourrait s'effondrer seule, sans personne autour pour la regarder avec pitié ou lui poser des questions indiscrètes.

De retour à la table, Slughorn se leva immédiatement, gêné.
- Ah mademoiselle Darkhome, bien que ma conduite ait été grossière et que vous ne souhaiterez probablement rien entendre, sachez tout de même que je suis désolé de vous avoir mis dans un tel embarras.
- C'est à votre honneur de le reconnaître, professeur. Toujours se montrer polie, quoique elle se méfiait à présent un peu plus du maître des potions. Des excuses ne réparaient pas toujours tout, il y avait aussi la conduite à modifier dans certains cas.
- Je vous promets de ne plus aborder des sujets fâcheux de ce goût sans vous demander votre consentement, insista doucement Slughorn. Vous avez ma parole, appuya il devant le regard sceptique de son élève. Elle était si différente des autres premières années.

Quelque peu rassérénée mais toujours triste et sur la défensive, elle se rassit lentement. Cersei lui tendit un panier rempli de muffins au chocolat, avec un sourire.


Assis quelques chaises plus loin, buvant lentement son thé, Severus avait discrètement observé les deux petites scènes, sans pour autant intervenir.
Bien qu'elle et son cousin soient souvent fourrés ensemble, il n'avait pas une seule seconde à lui témoigner ouvertement son soutien…
Tout comme la jaune et noire qui n'avait rien dit et s'était contenté d'une petite attention à son égard, même si elles ne se connaissaient pas bien.
Était ce là ce qui l'avait fait changer d'avis ? Il y avait cinq minutes de cela, elle était à deux doigts de s'effondrer et de les laisser là, sans plus se soucier de rien.
Des petits gestes d'une telle banalité pouvaient ils donc se révéler d'une telle importance ?
Peut être…

Quand il avait rencontré Lily, c'était elle qui avait la première commencé à briser la glace entre eux. A lui demander comment ça se passait chez lui, les premières fois il s'était contenté de mentir, de dire que ça allait, sans entrer dans les détails. Il ne tenait pas à ce qu'elle ait une encore plus mauvaise image de lui, surtout si ça revenait aux oreilles de cette maudite fouine qui servait de grande sœur à Lily.
C'était par une chaude soirée d'été qu'elle avait pris conscience de la sombre réalité, quand Eileen Prince était venue aux abords du pub, et que son mari fin saoul comme d'habitude parvenait à peine à marcher.
S'était ensuivi une scène monstre où Tobias lui reprocha de la couvrir de honte en venant la chercher comme un enfant irresponsable.
Ne s'étant pas laissé démonter Eileen avait contre attaqué en disant que c'est lui qui devait avoir honte.
De boire jusqu'à plus soif, sans se soucier de sa femme et de son enfant, surtout un vendredi soir.
Surtout pour de l'ale d'aussi piètre qualité, qu'il ne se privait pas non plus de siroter à la maison.
Tobias lui avait assené de fermer sa gueule avant qu'il s'en charge, elle avait acidement répliqué que comme ça tout le monde le verrait sous son vrai visage. Qu'elle n'attendait que ça, qu'il la frappe en public, il perdrait elle gagnerait.
Au dessus de la haie de son jardin, Lily avait vu une partie de la scène avant que son père ne lui ordonne de rentrer.
C'est ainsi que petit à petit, prenant conscience du fossé qui les séparait en matière de parents, elle avait commencé un peu plus à s'enquérir du sort de Severus.
Pour que finalement, lors du grand jour, une demie heure après être dans le Hogwarts Express, il réussisse à lui rendre tant bien que mal ce qu'elle lui offrait.
Venir la voir, savoir comment elle se sentait. Surtout après les horribles insultes de sa sœur !
Il n'était quand même pas dénué d'empathie. N'importe qui se serait senti affreusement mal en entendant des trucs de ce chaudron.

Seulement voilà : là où beaucoup d'enfants avaient la chance de pouvoir compter sur leurs frères ou leurs sœurs, les cousins, ou les parents, c'était loin d'être son cas.
Bien évidemment, quand on ne pouvait pas compter sur la famille, il y avait quand même quelqu'un d'assez gentil et compatissant dans l'entourage pour au moins vous changer les idées.
Là non plus, inutile de compter là dessus.
Il avait compris très tôt que jamais sa mère ne lui manifesterait de tendresse, si quand il était enfant elle faisait l'effort de l'emmener au square, pour autant elle ne se serait pas précipitée sur lui si il tombait de la balançoire.
Là où des mères iraient faire un bisou à leur enfant, en minimisant les choses ou en sortant un goûter, leur proposant d'aller sur le toboggan, Eileen se contentait de lui dire que c'était bête de pleurer pour si peu.
Alors il avait appris. A faire attention, à considérer comme acquis que ce ne serait pas pour lui les câlins, les glaces ou les scones achetés chez le boulanger après les jeux.
Qu'il était inutile d'espérer avoir un cookie au gingembre en allant faire les courses, offert de bon cœur. Au minimum un « merci, tu es un grand garçon » quand il lui demandait si il pouvait l'aider à porter les commissions. Dans l'espoir vain que sa maman soit aussi gentille que les autres si il se montrait sage et responsable.
Apprendre à dormir sans se plaindre, du noir des monstres qui pouvaient être sous le lit.
Entre son père qui le traitait de fillette pour avoir peur de tout et rien, sa mère qui lui avait montré plusieurs fois qu'il n'y avait rien de dangereux dans la chambre et que ce n'était pas la peine de les déranger pour des choses qui n'existaient pas, il avait appris à enfermer ses peurs, à pleurer discrètement en serrant son oreiller contre lui.
A quoi servait il d'avoir un doudou ?
Ce n'est qu'à l'âge de six ans qu'il trouva enfin une source de réconfort.
Deux maisons plus loin, les voisins avaient adopté des chatons : un noir et un tigré avec le bout des pattes et le museau blanc.
De temps en temps, ils vagabondaient dans les jardins.
Un dimanche matin nuageux, Severus avait préféré s'éclipser car sa mère était en plein ménage, et il savait qu'elle n'aurait aucune envie de l'avoir dans les pattes. C'était mieux de sortir que de rester comme un animal enfermé dans une cage.
Et l'un des chatons s'était approché de lui spontanément en ronronnant intensément, se frottant à ses jambes pour demander des caresses.
Bien que surpris, Severus hésita entre renvoyer la bestiole d'où elle venait et le laisser continuer son manège.
Le chaton grimpa immédiatement sur ses genoux tout en demandant des caresses, de lui même, sans rien attendre. Il lui offrait de l'amour, du soutien, sans rien attendre, sans lui faire sentir que ce n'était pas le moment, et pas pour lui.
Ainsi petit à petit, avec des visites régulières, Severus commença à se sentir un tout petit peu en confiance, commençant à caresser les chatons qui ne demandaient que ça, ou de jouer.
L'enfant se sentait un tout petit peu mieux après ces rencontres.
Les animaux ne vous jugeaient pas. Ils demandaient juste un tant soit peu d'attention et de respect, et en retour restaient à vos côtés quand ça n'allait pas.
Après une dispute violente, un après midi difficile à l'école, passer un moment avec les chatons lui procurait une bonne dose de réconfort, plus que bienvenue.
Il y avait bien les livres, mais des romans ou des cours, si passionnants soit ils ne remplaçaient pas la chaleur dont le pauvre garçon manquait si cruellement .
Puis quand il avait eu dix ans, les voisins aux chats avaient déménagé. Cette petite parenthèse s'était refermée.
Rien ne changeait entre ses parents, ça empirait au contraire. Et le fait qu'il soit un sorcier ne faisait rien pour arranger les choses, Tobias méprisait encore plus ce foutu gamin, son don maudit, creusant un peu plus le fossé qui les séparait déjà.


Lily était une amie gentille, toujours prête à l'écouter, lui parler, le soutenir contre James et sa clique.
De temps en temps, il aurait souhaité qu'elle soit aussi à Slytherin, même si elle se serait jeté dans une fosse aux lions, foutue expression tiens !

Elle le respectait, n'avait jamais cherché à le serrer dans ses bras ou l'embrasser, même si l'envie l'en démangeait fortement.
Du côté de ses « camarades » ça allait aussi. On ne parlait pas trop de sa vie privée chez les vert et argent, pas non plus d'effusions stupides à tout bout de champ.
Il était respecté seulement parce qu'il était un des élèves les plus doués en potions sortilèges et défense contre les forces du mal, au contraire de d'autres sangs purs un peu plus à la traîne.
Puis il avait rencontré Calliope, qui lui avait offert une main tendue. Qui le traitait avec respect, s'intéressait à lui, lui prêtait des magazines.
Tout en refusant d'un geste de la main, il l'observa parler avec Rita Skeeter de son projet. Elles semblaient discuter sur les rubriques et les différents métiers du journalisme.
Mais son amie avait le visage défait, malgré son regard intéressé, ses questions, elle semblait faire bonne figure alors qu'au début de la fête elle était curieuse, intéressée et de bonne humeur.
Tout comme Lily ce fameux jour du départ pour Hogwarts, elle paraissait avoir besoin de réconfort et d'écoute. Mais que pouvait il faire ?
A cet instant, le carillon d'une pendule sonna cinq heures, ramenant Slughorn à la réalité.
- Mes chers amis, comme souvent, le temps semble si court quand on passe du bon temps ! Mais il va être temps pour nous de prendre congé, quoi qu'il en soit j'espère que vous aurez tous passé un après midi des plus agréables et je serai ravi de vous revoir lors d'un dîner.
Rita, ma chère, revenez quand vous voulez, acheva il en lui faisant un baisemain, ce qui fit sourire de satisfaction, la blonde.
De son côté, Severus vit Calliope saluer rapidement son cousin, son amie, lui et Lily avant de partir la première marchant à grandes enjambées, alors qu'il commençait à pleuvoir.
Cette conduite était une réponse affirmative à ses suppositions : non, les questions sur sa famille qu'avaient posées son directeur de maison n'étaient pas oubliées. Elles semblaient au contraire avoir rouvert une blessure profonde.
Severus croisa un court instant le regard brun de Walker, il devina tout de suite que ce dernier lui laissait le champ libre, qu'il comptait sur lui.
Sans prendre davantage le temps de peser le pour et le contre, ni prendre la peine de saluer Lily, il ouvrit la porte, s'aventurant sur la pelouse alors que la pluie forcissait.
Il entraperçût la silhouette de la bleue et bronze à cent mètres de lui, qui se dirigeait vers le terrain de quidditch. Peut être avait elle besoin de solitude, mais il ne la laisserait pas tomber pendant un moment aussi critique.
Il n'abandonnerait pas une amie.

A suivre.