Hello !
Petit chapitre aujourd'hui ! Je ne pouvais pas tenir trop longtemps sans vous en poster un ;)
Ce sera le seul du mois d'août cependant, car je me concentre sur l'écriture de la fin de l'histoire. Il me reste 16 chapitres à écrire, et j'en aurais fini avec Basorexie ! Car oui, le nombre final de chapitre est fixé à 80 chapitres !
Une fois terminée, les chapitres seront postés plus régulièrement, peut-être chaque semaine, tout dépendra du temps que j'ai pour les traduire ;)
En attendant, je vous souhaite une bonne lecture et une belle fin d'été !


Il pleuvait depuis trois jours et les grilles en métal qui entouraient le domaine Nott étaient gelées. L'herbe était recouverte d'une fine couche de glace qui donnait la vague impression d'un sol enneigé. Théodore rêvait de revoir de la neige, de fabriquer un bonhomme de neige avec Harry comme il l'avait fait avec sa mère dans son enfance, d'avoir mal aux doigts à cause du froid et que les joues et le nez de son mari en deviennent rosis.

Il sortit sur le balcon abrité de la bibliothèque et posa ses coudes sur la rambarde de pierre. Le manoir sortait tout droit de la Renaissance et lui donnait des envies de valses, de promenade à cheval et de lecture dans le parc. Les mains tremblantes – à cause du froid ou de l'anxiété, il n'en était pas certain –, Théo sortit un briquet et son paquet de cigarettes.

Il venait de surprendre un des nombreux appels par cheminée entre son mari et Blaise, lors desquels ils débattaient des projets prioritaires à soumettre au Magenmagot. Maintenant que Harry ne travaillait plus en Grande-Bretagne, il n'avait plus d'autre choix que de participer à travers Blaise.

Ce dernier profitait au mieux de sa toute nouvelle place au sein de l'assemblée sorcière, d'autant plus après le bazar qu'avait été le Réveillon de Noël. Il avait redoublé d'efforts pour que des lois passent enfin et que les prisonniers puissent jouir de conditions de vie normales. Du moins, c'était ce que Harry lui disait tous les soirs.

Théodore avait du mal à comprendre en quoi les choses avaient changé pour Blaise, qui se battait déjà depuis des années. Il avait le sentiment que Harry était trop optimiste quant aux améliorations qu'il y aurait vraiment.

Mais Théo ne disait rien. Parce qu'il savait que cela ruinerait tous les espoirs de son époux qui avait démissionné de son poste au Département de Jeux et Sports Magiques français dès la nouvelle année. Il ne souhaitait pas reprendre le travail tout de suite, il avait promis à Blaise de le soutenir dans chacune de ses entreprises, de rédiger des lettres au Ministre et aux membres du Magenmagot pour appuyer ses propositions de loi.

Plusieurs fois, Théodore avait tenté de lui expliquer qu'agir ainsi ne règlerait pas la situation tendue entre Granger et lui. Plusieurs fois, Théodore avait calmé les colères de son mari lorsque le Magenmagot répondait négativement aux tentatives de Blaise. Plusieurs fois, Théodore avait expliqué à Harry que prendre des rendez-vous chez une psychomage pour Hermione était vain, qu'elle continuerait de les ignorer. Plusieurs fois, Théodore avait abandonné après que le ton soit monté entre eux.

Harry et Blaise se berçaient d'illusions, c'était un fait. Ils étaient persuadés que faire tout cela changerait les choses, que Drago et Hermione les en remercieraient. C'était leur façon de gérer tout ça, se disait parfois Théo. Un déni qu'ils pensaient productif. Peut-être l'était-ce, dans un sens. Après tout, Blaise avait déjà récolté un tiers des votes du Magenmagot pour réduire d'un an la peine minimale des mangemorts marqués.

D'apparence, cette modification ne changerait pas grand-chose, mais elle permettrait en réalité l'acquittement de quelques mangemorts sous les conditions de la nouvelle loi. En effet, une année de moins permettrait à certains criminels de rentrer dans les critères de libération. Une avancée non négligeable selon Blaise.

Théodore avait décidé de ne plus s'en mêler après avoir compris qu'ils ne verraient pas le réel problème tout de suite. Il serait inutile de forcer les choses, d'aller trop vite. Il se contentait donc d'échanger avec Pansy qui, elle, se concentrait sur le bien être des prisonniers et de ceux libérés. Elle aussi souhaitait aborder le problème d'un angle différent que celui de leurs époux respectifs.

Depuis la soirée du Réveillon, dix jours plus tôt, Théodore s'était donné comme mission d'enfin comprendre ce que Drago avait vécu, puisque personne ne semblait capable de le lui dire. Cela faisait des mois qu'il restait inactif, qu'il constatait le problème sans rien faire et il s'en voulait. Si Pansy harcelait Hermione et Drago de lettres, que Harry et Blaise cherchaient à changer les lois et retourner le Magenmagot, le tout dans l'optique de se faire pardonner, Théodore souhaitait agir différemment.

Il n'avait pas contacté Drago, il savait qu'il avait besoin de temps. Il ne voulait pas faire la même erreur que Pansy en lui envoyant plusieurs lettres par semaine, voire par jour. Au moins, elle n'avait pas osé remettre les pieds chez eux, c'était une victoire singulière.

De son côté, Théo voulait trouver un moyen d'ouvrir les yeux aux citoyens sorciers d'une manière ou d'une autre, un moyen de témoigner, de leur montrer la réalité des choses. Un livre, peut-être, ou bien des articles dans les journaux les plus populaires. Il n'y avait pas vraiment réfléchi. Il voulait comprendre pour le moment.

Comprendre pourquoi son meilleur ami était sorti d'Azkaban plus détruit encore qu'après les tortures de Voldemort. Il s'en voulait de ne rien avoir fait plus tôt.

La baie vitrée de la bibliothèque s'ouvrit derrière lui et il tourna la tête. Il s'attendait à voir Harry, mais fut surpris de découvrir Ginny, habillée pour sortir dans le froid de janvier. Elle se figea lorsqu'elle le vit.

– Désolée, je ne savais pas que tu étais là, bredouilla-t-elle en rebroussant déjà chemin.

Il soupira et retira sa cigarette d'entre ses lèvres.

– Tu peux rester, lâcha-t-il avant même de songer à ce qu'il disait.

Il avait promis à Harry de faire des efforts, après tout. S'il s'était contenté de l'ignorer depuis leur altercation, il pouvait peut-être faire un pas vers elle. C'était le moment de faire des concessions, pour tous.

Si Ginny sembla étonnée, elle ne dit rien et se contenta de le rejoindre au bord de la rambarde. Après tout, c'était le balcon avec la plus jolie vue de toute la résidence. Théodore sortit son paquet de cigarettes une deuxième fois et lui en tendit une.

Elle la fixa d'un air partagé, puis inspira bruyamment.

– Non, merci. J'essaye d'arrêter.

Il la trouvait courageuse de s'en priver dans une telle période de leurs vies, de sa vie. Seulement, il ne fit aucun commentaire.

– Quand as-tu commencé ? demanda-t-il après un hochement de tête.

– Quand j'ai rencontré Astoria.

– Toujours aucune nouvelle d'elle ?

Harry lui avait tout raconté. Il s'était retenu de leur faire constater à quel point son ancienne camarade de maison avait utilisé Ginny. Harry était trop en colère pour comprendre et agir comme il le fallait envers son amie. Celle-ci était encore bien trop éprise d'Astoria pour ouvrir les yeux.

– Non.

– C'est peut-être mieux ainsi, suggéra-t-il en portant sa cigarette à ses lèvres.

– Elle me manque.

– Ça passera.

oOo

Hermione avait fait le chemin jusqu'à chez elle en courant pour éviter l'averse qui avait commencé en début de journée. Son caddie de courses tiré derrière elle et sa capuche relevée sur ses longs cheveux, elle avait failli tomber deux ou trois fois.

Le pelage d'Albert était devenu gris à cause de la pluie et de la boue dans laquelle ses poils avaient traîné. Elle se donna pour mission de le laver de la tête aux pattes dès qu'elle serait rentrée.

Quand sa maison se dessina enfin au loin, Hermione accéléra le pas. Elle ne put s'empêcher de rire en sentant les gouttes de pluie sur son visage et en entendant les aboiements joyeux de son meilleur ami. Elle aimait courir ainsi, comme si rien n'avait plus d'importance que d'éviter la pluie battante de janvier.

Elle espérait que Drago aurait préparé de quoi goûter, comme il le faisait depuis quelques jours lorsqu'elle rentrait du travail. La veille, elle avait eu droit à des gaufres et une sauce au chocolat qu'il avait faite lui-même. Exquis. Elle en avait mangé deux, puis, voyant que Drago semblait ravi que cela lui plaise, en avait avalé une dernière.

Elle rêvait aussi d'un thé chaud et se promit de le boire entièrement cette fois-ci. C'était son colocataire qui lui avait fait remarquer qu'elle laissait souvent ses tasses traîner dans la maison.

Elle enjamba les derniers mètres qui la séparaient de la maison et se précipita vers la porte du garage, qu'elle ouvrit pour laisser entrer Albert.

– Reste-là, je vais chercher de quoi te laver.

Elle n'avait aucune envie de nettoyer les traces de pattes boueuses qu'il risquait de laisser traîner sur le chemin. Cela lui ferait perdre du temps et elle ne comptait plus sur sa baguette depuis longtemps pour en gagner.

Elle retira son manteau, et ses chaussures au passage, et laissa son caddie dans le couloir qui menait au séjour. Elle se rendit dans la buanderie, où elle récupéra la gigantesque bassine qu'elle utilisait pour laver Albert, ainsi que plusieurs serviettes. Elle préférait s'en occuper maintenant, pour avoir le temps de faire ses tâches ménagères quotidiennes juste après.

Une demi-heure plus tard, le pelage d'Albert était de nouveau blanc comme neige et tout gonflé par les serviettes qu'elle avait frottées sur lui. Hermione était couverte d'eau et de savon, mais heureuse d'avoir enfin terminé. Elle le libéra pour qu'il puisse se blottir près de la cheminée et soupira en songeant qu'elle aurait aimé faire de même.

Elle opta cependant pour ses corvées et retourna dans la buanderie, où elle sortit du sèche-linge les vêtements qu'elle avait lavés le matin-même. Elle en profita pour enfiler rapidement des vêtements secs et pour mettre ceux trempés par la pluie et la douche d'Albert au sale. Comme chaque jour, elle les plia et les sépara en deux piles distinctes qu'elle répartit dans son panier et celui de Drago.

Alors qu'elle lissait au mieux les plis d'une chemise noire, elle réalisa qu'elle la voyait tous les jours depuis un moment déjà. Elle jeta alors un œil au panier rose à ses pieds et remarqua qu'il était peu rempli. Il ne contenait qu'un pantalon, un t-shirt, une veste de costume, une paire de chaussettes et des sous-vêtements. Elle fronça les sourcils.

Comment n'avait-elle pas pu le réaliser plus tôt ? Il s'agissait des mêmes vêtements que la veille. Et de l'avant-veille. Et du jour précédent. Et de la semaine précédente.

Elle avait été tant concentrée par ses tâches quotidiennes qu'elle n'avait pas fait attention à ce que contenait ses machines et aux vêtements que Drago portait.

Pourtant, il semblait alterner entre deux pantalons noirs, deux chemises noires, deux t-shirts noirs, deux vestes noires, deux paires de chaussettes noires et deux caleçons noirs. Elle déglutit. Comment une telle chose était-elle possible ?

Hermione se mordit la lèvre, confuse quant à la situation. Pourquoi n'avait-il soudainement plus que ces vêtements ? Elle se rappelait pourtant avoir vu passer des tas de chemises blanches, bleues et grises, des col-roulés et même des jeans ! Elle ne comprenait pas. Qu'est-ce qui avait changé ?

Elle ramassa les deux paniers et les porta jusqu'au bas des escaliers, plongée dans ses pensées. Elle ne remarqua même pas le festin posé sur la table à manger et ce fut un raclement de gorge gêné qui la fit sursauter.

Elle se tourna vers Drago, qui était installé dans un fauteuil près du feu, occupé à caresser la tête d'Albert. Ce dernier s'était blotti à ses pieds. Trois mois plus tôt, cette simple vue aurait probablement déclenché une crise de panique chez Hermione.

Néanmoins, celle-ci se contenta de se dandiner d'un pied sur l'autre sous le regard de son colocataire. Ce fut alors qu'elle découvrit la pile de crêpes qu'il avait préparées. Un gigantesque sourire étira ses lèvres. Il semblait avoir compris qu'il s'agissait de son dessert préféré, puisqu'il en avait déjà préparé deux fois depuis le matin de Noël, dix jours plus tôt.

Elle tira une chaise et s'y installa, ses questionnements aussitôt oubliés. Elle ferma les yeux de plaisir lorsque le goût de la première crêpe qu'elle dégusta frôla ses papilles. Exquis.

Drago en profita pour la rejoindre à table et s'installa silencieusement en face d'elle. Il la regardait manger, comme souvent, dans l'attente d'une réaction.

– Elles sont délicieuses, chuchota-t-elle alors en rougissant.

Elle avait honte de s'être jetée sur son assiette sans même le remercier, sans même attendre qu'il la rejoigne ou qu'il dise quoi que ce soit. Elle en était déjà à la deuxième, qu'elle avait cette fois recouverte de confiture de figue, alors qu'il n'avait même pas ouvert la bouche.

Qu'est-ce que cela disait d'elle ? N'avait-elle donc aucune manières ?

Pourtant, lorsqu'elle le vit esquisser un sourire fier, ses inquiétudes s'envolèrent.

– J'ai essayé une nouvelle recette, se confia-t-il. Elles devraient être plus moelleuses que la dernière fois.

Hermione acquiesça aussitôt. La pâte était parfaite, elle fondait sur sa langue.

– C'est parfait, Drago.

Il rosit juste assez pour qu'elle le remarque et elle se sentit en faire de même. Elle redirigea ses pensées vers son goûter et continua de manger.

Albert les rejoignit sous la table et posa sa tête sur les genoux de sa maîtresse. Il se désintéressa bien vite d'elle en comprenant qu'elle était trop occupée avec ses crêpes. Il se tourna vers Drago qui, lui, le caressa par réflexe.

– J'ai reçu une lettre de Pansy, lâcha-t-il, à la plus grande surprise de la jeune femme. Plusieurs, en fait.

Il était rare qu'ils parlent d'autre chose que des repas. À vrai dire, les seules autres paroles qu'ils échangeaient concernaient la météo ou des banalités. Ils n'avaient abordé aucun sujet important depuis la dernière fois.

Elle s'était douté qu'il recevait lui aussi des lettres de Pansy, mais pas qu'il lui en parlerait. Il ne le faisait jamais.

– Moi aussi, répondit Hermione en posant sa fourchette sur le côté.

Elle n'osa pas le regarder pour autant. Elle sentait que cette discussion allait être difficile.

– Tu…

Il sembla hésiter à continuer et cela la poussa à lever les yeux vers lui. Il la fixait avec intensité, comme s'il cherchait sur son visage les signes de… Elle ne savait pas vraiment de quoi. Toujours était-il qu'il la fixait.

– Tu lui en veux ? demanda-t-il sans la quitter des yeux.

Elle n'arrivait pas à savoir s'il s'agissait d'une question ou d'une affirmation. Elle haussa les épaules, soudainement intimidée par son regard, par sa demande, par sa présence. Il connaissait Pansy, et ce depuis des années, et pourtant il avait pris sa défense.

– J'en veux rarement aux autres, lui apprit-elle en tripotant le bord de la nappe.

– Mais tu n'as pas répondu à ses lettres, statua-t-il.

Elle baissa la tête en grimaçant. Il était trop perspicace à son goût. Elle-même ne savait pas si elle en voulait à Pansy. Elle ne savait pas où elle en était par rapport à tout ça, simplement qu'elle avait besoin d'espace, de temps. Elle ne voulait pas les revoir pour le moment.

Oui, peut-être lui en voulait-elle.

– Et toi ? Tu lui en veux ?

Il resta silencieux, jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers lui.

– Je leur en veux pour tout ce qu'ils ont fait. Même si ça m'a sorti de… d'Azkaban, leurs actions se sont répercutées sur toi et sur moi aussi d'une certaine manière.

Les battements de cœur d'Hermione s'accélérèrent. Elle soupira. C'était la deuxième fois qu'ils avaient cette discussion, pourtant, elle n'aurait coupé court pour rien au monde.

– J'imagine qu'ils ont fait de leur mieux, souffla-t-elle en analysant les expressions de son visage.

Il fronçait légèrement les sourcils, comme soucieux. Il semblait agacé et elle comprit qu'il avait dû ressasser cette situation toute la journée. Après tout, Wynn – car il avait fini par lui apprendre quel était le nom de sa chouette – était arrivée au lever du soleil pour leur apporter les lettres de Pansy.

Elle en déduisit alors que, contrairement à elle, Drago répondait à son amie.

– Elle veut venir s'excuser, lui apprit-il d'un ton neutre.

C'était comme s'il se retenait d'exprimer la moindre contrariété, comme s'il avait peur de l'influencer dans sa décision.

Pansy ne lui avait pas demandé une telle chose dans ses lettres.

– Mais tu ne veux pas qu'elle vienne, comprit-elle en se servant une nouvelle crêpe.

Elle y étala cette fois le reste de sauce au chocolat de la veille. Manger l'aidait à se détendre, à ne pas trop penser. Elle avait peur d'y laisser sa volonté, son libre-arbitre.

– Je crois que j'ai besoin de temps, annonça-t-il en baissant la tête sur ses mains.

– Alors nous attendrons. Tu as le droit de faire une pause, de rester un peu seul, lui dit-elle dans un élan de sagesse.

Elle fit taire sa conscience lorsqu'elle lui chuchota qu'elle aurait dû avoir cette réflexion pour elle-même.

Drago hocha la tête et tira sur le col de sa chemise, mal à l'aise. Il n'était plus aussi confiant et intimidant que lorsqu'il la fixait. D'un coup, il semblait plus fragile, plus… vulnérable.

Son mouvement attira l'attention d'Hermione et lui rappela ce qu'elle avait découvert en pliant le linge. Elle se mordit la lèvre inférieure et se décida à saisir l'occasion de cette discussion pour aborder le sujet.

– Drago ? souffla-t-elle alors qu'il se levait pour débarrasser la table.

Son prénom était si simple à prononcer désormais.

Il leva la tête vers elle, dans l'attente d'une réponse. Elle se sentit rougir. Elle n'avait aucune idée de comment lui parler de tout ça.

Ce fut en l'observant tenir la vieille vaisselle de ses grands-parents qu'elle eut une illumination.

– Je voudrais te montrer quelque chose, lâcha-t-elle. Suis-moi.

Elle se leva et se rua vers le couloir du rez-de-chaussée sans même le laisser répondre. Elle l'entendit la suivre et soupira discrètement de soulagement. Elle n'aurait pas su gérer un refus.

– Où va-t-on ? demanda-t-il d'un ton confus, alors qu'elle ouvrait la porte du garage.

– Tu vas voir, répliqua-t-elle.

L'excitation commençait à grimper, alors qu'elle réalisait ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle espérait sincèrement qu'il ne prenne pas mal les choses.

Au fond du garage, une petite porte menait à la cave de la maison. Hermione ne s'y était pas rendue depuis des années. À vrai dire, elle s'était contentée de trier quelques cartons une fois installée, mais n'y avait pas remis les pieds depuis.

La pièce était assez grande mais en bazar. Des tas d'affaires y étaient éparpillés, de la simple malette à outils jusqu'aux boîtes remplies de vieux livres qui ne rentraient pas dans les étagères de la bibliothèque. Hermione n'avait jamais eu la force de les déballer, aussi passionnée de lecture puisse-t-elle être. Chaque année, lorsqu'elle rangeait la maison de fond en comble, elle remettait à plus tard l'inspection de la cave.

Les seuls cartons qu'elle avait ouverts lors de son emménagement étaient ceux remplis de vieux vêtements ayant appartenu à ses grands-parents. Entassés dans un coin de la cave, Hermione avait dû les sortir un par un pour trier les affaires de sa grand-mère et récupérer ce qui l'intéressait. Après tout, elle n'avait amené aucun de ses propres vêtements lors du déménagement. Elle avait préféré tout laisser derrière elle.

Elle avait même pris quelques affaires de son grand-père, mais avait laissé la grande majorité dans la cave après leur avoir lancé des sorts de protection pour ne pas qu'ils vieillissent. Elle en avait jeté une partie en découvrant qu'ils avaient moisi avec le temps.

Elle fut ravie de voir que rien n'avait bougé depuis et qu'il n'y avait aucune odeur désagréable qui flottait dans l'air. Elle alluma la lumière qui clignota plusieurs fois avant de s'enclencher.

Elle entra et se dirigea directement vers les cartons de vêtements qu'elle avait fouillés six ans plus tôt. Cependant, elle se figea en n'entendant aucun bruit de pas la suivre. Elle se tourna et vit que Drago était immobilisé dans l'entrée de la cave, en haut des petits escaliers.

– Tout va bien ? s'enquit-elle en fronçant les sourcils.

Il leva les yeux vers Hermione. Celle-ci y vit une telle peur qu'elle en frissonna. Cela la renvoya plusieurs mois plus tôt, lorsqu'elle l'avait soigné à sa sortie d'Azkaban. Il paraissait tellement fragile, ainsi, comme s'il s'apprêtait à tomber en lambeau au moindre mouvement.

– C'est la cave de la maison, lui expliqua-t-elle alors en comprenant qu'il n'était jamais venu ici.

Il lui faisait penser à elle, ainsi. Terrifié à l'idée d'entrer dans un endroit qu'il ne connaissait pas. Elle avait l'impression de se voir des années plus tôt, lorsque le simple fait de sortir de chez elle pour aller travailler lui était éprouvant.

– Mes grands-parents habitaient ici et mes arrière-grands-parents avant eux. Toutes leurs affaires sont stockées là. J'ai…

Elle se racla la gorge et détourna les yeux, gênée.

– J'ai remarqué que tu n'avais pas beaucoup de vêtements, alors… alors j'ai pensé que tu pourrais fouiller dans les affaires de mon grand-père et voir si tu en trouvais à ta taille. Avec le temps qu'il fait, tu vas attraper froid si tu portes juste des chemises.

Il ne répondit rien, encore figé en haut des escaliers.

Lorsqu'elle leva les yeux vers lui à nouveau, ceux de Drago étaient plein de larmes contenues.


Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra et Damelith pour leur aide et soutien !

On se retrouve le 4 septembre pour la suite !

N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !