Ginny se figea soudain, puis elle baissa la tête, les joues rouges de honte.

– Je suis désolée.

Hermione soupira et elle se frotta le visage, soudain épuisée.

— écoute, Ginny. Quelles que soient mes nouvelles relations, ça ne change rien au fait que j'ai toujours apprécié ta famille. J'aimerais que… les choses redeviennent comme avant, quand Ron était notre ami. Quand tu étais mon amie et que nous pouvions discuter de tout.

Ginny détourna le regard, les lèvres pincées.

— Mais tout a changé.

Hermione secoua la tête.

— Pourquoi ? Parce que nous fréquentons d'autres personnes ? Bon sang, Ginny, je parle d'amitié ! Tu ne peux pas… tu ne peux pas mettre des conditions à ton amitié, tu sais ?

Ginny siffla, immédiatement.

— Tu ne peux pas m'obliger à apprécier Malefoy ou n'importe quel foutu Mangemort !

Avec un soupir, Hermione haussa les épaules.

— Drago n'est pas un Mangemort, tu sais ? Il a fait de son mieux pour protéger ses parents, malgré leurs erreurs. Parce que c'est ce que font les familles. Et je ne te demande pas d'apprécier Drago ou même de le rencontrer. Juste d'accepter que moi je l'apprécie.

Ginny resta silencieuse un long moment, se mordillant la lèvre, le regard dans le vague. Puis elle baissa la tête avec un soupir et elle haussa les épaules.

— Je suppose que je dois y réfléchir.

Hermione hocha juste la tête sans répondre et Ginny fit volte-face pour s'éloigner à pas lents. Hermione la rappela rapidement, d'une voix douce.

— Ginny ? Tu devrais réfléchir également à demander de l'aide pour ta famille et toi…

Elle observa la jeune fille s'éloigner lentement, les épaules basses, et elle espéra que cette conversation ferait évoluer les choses. Perdue dans ses propres pensées, elle termina son chemin jusqu'à la volière, remettant à deux hiboux de l'école les courriers pour Drago et pour Harry.

Elle observa longuement les rapaces s'éloigner dans le ciel, jusqu'à ce qu'ils disparaissent, avant de rentrer dans son dortoir. Personne ne s'approcha d'elle, pour son plus grand soulagement, et elle rejoignit son lit avec un soupir, décidant qu'elle avait besoin d'un peu de repos.

En se réveillant le lendemain matin, Hermione grogna, de mauvaise humeur avant même de se lever. Savoir qu'elle risquait de faire de nouveau la une de la Gazette la rendait grognon et elle aurait préféré pouvoir s'isoler plutôt que de devoir s'exposer aux yeux de ses camarades.

Elle réprima l'envie de se terrer dans son lit, devant mobiliser tout son courage de Gryffondor pour aller se doucher et s'habiller.

Lorsqu'elle arriva dans la salle commune, Ginny lui adressa un bref sourire, ce qui était bien plus que ce qu'elle espérait.

Neville vint à ses côtés et il lui jeta un coup d'œil inquiet.

— Tu vas bien ?

Hermione haussa les épaules, avec une légère grimace.

— J'ai connu mieux.

Elle reprit presque immédiatement, ne laissant pas le temps à Neville de dire quoi que ce soit.

— Allons-y. Rien ne sert de retarder ce moment, n'est-ce pas ?

À son entrée dans la Grande Salle, il y eut quelques regards et quelques murmures, cependant pas autant qu'elle l'avait craint. Après une brève hésitation, elle murmura à Neville qu'elle allait à la table Serpentard et son ami la suivit, sans le moindre commentaire.

Elle s'installa près de Théo, qui l'accueillit avec un sourire amical, et elle se servit après avoir salué tout le monde brièvement. Elle se tendit lorsque les hiboux entrèrent dans la Grande Salle et elle se pencha vers Neville lorsqu'il reçut son exemplaire de la Gazette pour découvrir la une en même temps que lui.

Elle hoqueta de stupeur en découvrant que le journal ne mentionnait pas son nom. Ni même celui de Drago. En fait, la Gazette titrait au sujet d'un colloque de potionnistes qui se tiendrait en Angleterre pour la première fois depuis des années, les organisateurs ayant refusé de rassembler tant de monde en un même endroit durant les années de guerre.

Hermione laissa échapper un souffle de soulagement et elle se détendit. Pansy lui jeta un bref regard moqueur et elle souffla, amusée.

— Il faut plus que quelques mots criés sous le coup de la colère pour finir en première page, tu sais…

Hermione laissa échapper un ricanement nerveux.

— Je me suis peut-être… inquiétée pour rien. J'avoue qu'il est plus facile de donner des conseils que de les suivre… J'en viens à regretter d'avoir réprimandé Harry en lui disant d'ignorer ce torchon. Je ne comprenais pas… à quel point c'était écrasant.

Blaise hocha vaguement la tête et lui désigna deux hiboux qui approchaient, côte à côte.

— On dirait que tu vas avoir du courrier ce matin.

Hermione retint un gloussement en voyant les oiseaux de Harry et Drago approcher ensemble, comme s'ils se connaissaient. Elle secoua la tête et récupéra les lettres attachées à leurs pattes, notant que Harry avait également joint une lettre pour Théo.

Elle ouvrit en premier le mot de Harry et le lut rapidement, avec un petit sourire affectueux. Son ami la rassurait, tout en lui promettant de veiller sur son « cher et tendre ». Elle rougit légèrement à la formulation, se jurant que Harry aurait droit aux mêmes plaisanteries lorsqu'il fréquenterait quelqu'un.

La lettre de Drago était plus longue et elle hésita, avant de la ranger soigneusement dans sa poche, préférant être seule et au calme pour la lire. Son geste n'échappa pas à Blaise, qui se pencha en avant, un large sourire aux lèvres. En parlant doucement pour n'être entendu que de leur petit groupe, il remua les sourcils avec exagération.

— Oh oh… Tu as besoin de solitude pour lire les mots de notre cher Drago ?

Hermione rougit brusquement avant de se mettre à rire avec amusement.

— Tu mériterais que je te jette un sort pour avoir dit ça ! Je préfère juste être au calme pour lire mon courrier. Ça te va ?

Pansy se pencha vers elle, les yeux pétillants.

— Je suis sûre que tu gardes toutes ses lettres, n'est-ce pas ? Le genre de trucs que tu montreras à tes enfants un jour…

Hermione émit un hoquet surpris, mais elle ne nia pas. Après tout, elle gardait effectivement toutes les lettres échangées avec Drago. Pour le reste… avoir des enfants n'était encore qu'une vague possibilité, mais son union avec Drago devenait de plus en plus certaine. Elle se surprenait même à attendre ce moment avec impatience…