-Ran? C'est toi?

-Shinichi...

Elle regarda son ventre et y posa sa main droite. Le garçon examina ce qu'elle touchait et fit un pas vers elle en découvrant un trou de la taille d'un poing situé pile au centre du ventre de la jeune fille. Il redirigea son regard vers le visage de son amie et vit qu'un filet de sang coulait du coin de sa bouche.

-Ran? Qu'est-ce qu'il se passe?

-Pourquoi tu es parti? Tu nous a abandonné, Conan...

-Non, je...

Sans le laisser finir elle ouvrit la bouche et laissa échapper un cri horrible et strident. Tout se mit alors à virer au noir et elle disparut d'un coup.

Au même moment, Conan se réveilla en sursaut, trempé de sueur, dans la cale d'un bateau. Même si cela faisait six ans qu'il était parti, il se rappelait avec précision la discussion qu'il avait eu avec Heiji avant de disparaître en l'abandonner sur le banc. Enfin, c'était ce que Conan avait prévu de faire. N'ayant pas le temps de partir et de se cacher et vu qu'il n'y avait pas de brume ni de personne qui se baladait pour le dissimuler, il s'était lamentablement laisser glissé par terre et avait discretement roulé en dessous de banc.

L'envers du décor est parfois décevant. Mais il pensait que ça avait valu le coup... Au moins il n'avait pas eu à subir les jérémiades de son ami et il ne voulait pas se l'avouer mais il avait aimé être parti comme dans les films, de façon aussi théâtrale.

Depuis, il avait été aux États-Unis où il avait découvert que c'était une fausse piste. Puis, se disant (à tort) qu'il ne pouvait plus rentrer chez lui après avoir fui, il avait voyagé durant tout ce temps, souvent de manière clandestine comme actuellement, où il était caché au millieu de tellement de poisson qu'il aurait pu croire être en pleine mer. Mais parfois il embarquait de manière légale. Dans ce cas, il offrait ses services de detectives aux gens contre un billet de train, d'avion ou de bateau.

De toute façon, il donnait toujours le nom de la précédente personne qu'il avait "arnaquée" comme pseudo pour avoir un nouveau billet afin que personne n'ait de trace de lui. De cette manière, il avait découvert pas mal de pays, ses préférés restants tout de même l'Angleterre, le Japon et les États-Unis. Assis au millieu des poissons, il se plongea tellement dans ses pensées qu'il ne vit pas que le bateau était arrivé à bon port. D'ailleurs il ne savait même pas où il était. Le jeune homme sorti discrètement de l'embarcation et découvrit avec tristesse qu'il était au Japon.

Il se dit qu'au moins il pouvait aller dire bonjour à Heiji. C'est vrai que son ami lui manquait terriblement, de son rire à ses yeux, le jeune enfant déscolarisé avait envie de le retrouver. Tout joyeux il se dirigea vers une dernière personne qui pourrait, contre une énigme difficile à résoudre, lui donner le dernier billet de train... C'est ainsi que plusieurs heures plus tard, il sonna chez le détective de l'ouest.

Mais ce fut une voix grave et rauque qui lui répondit de partir. Conan insista jusqu'à ce que, finalement, quelqu'un lui ouvre. C'était un Heiji pâle, avec des cernes qui faisait penser que le détective n'avait pas bien dormi depuis des mois et avec un air éteint qui se trouva derrière la porte. Soudain, son visage s'illumina et il sourit de toute ses dents.

-Conan?

-Salut, ça va?

-Euh... Oui, oui ça va... Et... Et toi?

-Mieux, je... Je peux entrer?

-Oui, oui pardon, vas-y entre.

-Merci. Bon alors qu'est-ce que tu deviens depuis...

-6 ans, 3 mois, 2 semaines et 5 jours... Rien de plus.

-Ah. Donc tu as compté...

Il commençait à regretter d'être aller le voir et de n'être pas rester dans le bateau en partance vers n'importe quelle autre destination. Heiji relança la conversation après une longue minute de silence.

-Elle l'a trouvé tu sais.

-Hein?

-Haibara. Pour revenir à votre ancienne taille. Mais ça ne marche qu'une journée.

-C'est génial! D'ailleurs comment ils vont les autres?

-Ran est déprimée, étrangement moins que Kogoro. Megure et Agasa continuent de te chercher partout. Les Détectives Boys pensent que tu es mort mais ils s'en sortent bien...

-D'accord, merci d'avoir veillé sur eux.

-Je te devais bien ça. J'en ai une si tu veux.

-De?

-Non, une.

-Mais de quoi?

-Ah! Une pillule.

Le jeune détective refusa mais demanda tout de même si il pouvait l'héberger pendant un petit moment.