Je ne possède aucun des personnages des films ou des comics.

Un recueil de textes courts sur l'univers du film Robin des Bois, prince des voleurs, nous plongeant dans un instant ou une pensée des protagonistes de l'histoire.

Il y avait eu cet étrange rêve, celui de tout avouer à frère en imaginant que tout irait bien maintenant, sauf qu'ils n'étaient pas du même monde et qu'il avait peur qu'ils ne le soient jamais.

Ce texte a été écrit avec l'une des anciennes propositions des Nuits du FoF sur le thème "Intrus"

(Rappel des règles : 1 thème pour une 1 heure entre 21h et 4h du matin)

Petite dédicace à PetiteDaisy, faut qu'on arrête de parler de ces deux-là, ça me donne de nouvelles idées ;)

En espérant que cela vous plaise

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Se ressentir comme un intrus

De la musique, des rires, des vapeurs de parfum et des mets à profusion. La fête était sublime, à l'image des jeunes gens qui venaient de se promettre l'un à l'autre. Le bonheur resplendissait sur le visage de Marianne et Robin. Ils formaient un couple amoureux et cela se ressentait dans tous les pores de leurs peaux. Plus rien ne semblait pouvoir les atteindre, ils étaient heureux.

Assis un peu plus loin, volontairement en retrait, Will les observait, un sourire un peu triste au coin des lèvres. Oui, ils semblaient si heureux. Ils allaient s'installer au château, fonder une famille, avoir des enfants… Le jeune homme leur souhaitait tout cela. Ils avaient affronté tant d'épreuves, c'était bien normal qu'ils en profitent… sauf que dans tout cela, dans tout ce bonheur, il ne voyait pas de place pour lui. Lui, le fils bâtard, le frère déjà oublié. Il ne serait qu'un intrus indésirable dans tout cela. Les bras de Robin lui avaient fait du bien. Ils étaient apaisants, mais ce n'était qu'un mirage. La réalité était là… Sa nouvelle famille serait celle qu'il allait se construire et c'était avec cette femme sublime qu'il allait la bâtir, pas avec lui. Il n'avait pas sa place ici, au milieu de tout ce luxe et de cette abondance. Il ne correspondait pas aux critères de cette noblesse qui partageait les mêmes codes que lui, qu'eux deux. Comment pouvait-il avoir cru une seconde que tout ça n'avait pas d'importance et que ce sang qu'ils partageaient, suffirait à le rendre légitime !

En moins d'une fraction de seconde sa décision était prise. Ses sentiments l'avaient totalement chamboulé depuis qu'il avait lâché prise, s'écroulant dans les bras de son frère. Lui qui l'avait détesté toute sa vie ne souhaitait plus que son bonheur et ce bonheur ne nécessitait pas sa présence… Will se leva sans que personne ne le remarque et sorti de la pièce.

Une fois dehors, un long frémissement remonta le long de son échine pendant que ses doutes continuaient de le faire souffrir. Tout ce qu'il avait rêvé depuis ces derniers jours, toutes ces promesses d'avenir meilleur, ce n'était que des leurres, des mirages partis en fumée. Le mariage lui avait fait cruellement comprendre qu'il se berçait d'illusions éphémères. Pendant toute sa vie, il n'avait été qu'une quantité négligeable, maintenant il ne serait qu'un intrus. Aucune des deux places n'étaient enviables ! Les deux faisaient aussi mal l'une que l'autre !

Will baissa la tête. Est-ce qu'il n'aurait pas mieux fallu que le shérif ne lui tranche la tête ? Toute cette douleur ; il n'avait pas envie de se retrouver seul. Une larme coula le long de sa joue sans qu'il ne s'en aperçoive et un frisson le parcourut, un frisson qui se transforma en sursaut lorsque deux mains se posèrent sur ses épaules.

- Tu as froid ?

Will se dégagea des mains de Robin pour faire deux pas de plus sur la droite et tenter de dissimuler maladroitement à quel point il se sentait perdu. Robin l'observa avec un air triste. Il essayait de lui cacher, mais il avait perçu sa douleur dans toute cette maladresse et son cœur se pinça.

- Ça ne va pas ?

- Si très bien… Tu as abandonné ta femme ?

- Eh bien, elle discute avec son cousin et…

- Ah oui… Le Roi en personne, marmonna Will sur un ton qui fit tiquer son frère.

- Qu'est-ce que tu as Will, ça ne va pas ?

- Non rien… Tu es le cousin par alliance du Roi en personne maintenant !

- Et ? L'encouragea son aîné.

- Et qu'est-ce que je suis sensé faire, hein Robin ? Lâcha le jeune homme en laissant exprimer sa détresse. Au milieu de toutes ces têtes couronnées, je ne serai qu'un intrus ! La bête curieuse qu'on regarde dans les foires ! Je ne veux pas de ça ! Toute ma vie, on m'a fait comprendre que je n'étais rien, tout juste un intrus qu'on tolère et je ne veux pas continuer ! Ajouta-t-il en tremblant un peu sous le coup de l'émotion qui grandissait de plus en plus en lui. Je ne veux plus être un intrus, j'en ai assez de…

Toutefois, Will n'eut pas le temps de terminer sa phrase. Pendant qu'il parlait, Robin s'était rapproché de lui, touché par l'état d'esprit de son cadet et ses bras venaient de se nouer autour de lui pour l'attirer contre sa poitrine. L'étreinte le fit taire, mais son corps trembla un peu. Robin le sentit et glissa sa main dans les cheveux de son petit-frère pendant qu'il lui murmurait d'une voix apaisante pour essayer de le rassurer.

- Chut… Arrête de dire des sottises… Calme-toi… Je suis là Will, tu n'es pas un intrus, tu es mon petit-frère.

- Mais ce monde…

- Est le tien aussi… Calme-toi… Tout va bien… Je serai là Will, plus jamais tu ne seras seul. Je suis là…

- Fais attention aux promesses qu'on ne peut pas tenir.

Robin frémit à son tour et fit glisser ses mains sur les joues de Will pour le forcer à le regarder.

- Celle-là je la tiendrai Will. Pendant trop longtemps je t'ai laissé seul, c'est fini petit-frère et tu ne seras jamais un intrus.

- Mais ces gens sont de ton monde et…

- Les gens de mon monde qui penseront ce genre de chose ne mériteront pas mon amitié. C'est toi le plus important petit-frère.

Will ne dit rien et Robin essuya doucement les larmes de son cadet avant de l'attirer de nouveau dans ses bras. Il noua fermement ses bras autour de lui et le berça avec affection.

- Ça va mieux ?

- Oui, souffla Will en enfouissant sa tête contre son épaule.

Robin sourit.

- C'est bien, mais je voudrais que tu me fasses une promesse Will.

Le jeune homme se tendit sans oser redresser la tête, faisant juste le geste de la hocher.

- Quand ça ne va pas, comme ce soir, je veux que tu viennes me voir moi, je ne veux pas que tu fuis. Je refuse de te perdre de quelques façons que ce soit. Ne m'abandonne pas.

Will sursauta. Est-ce que c'était son frère qui était en train de parler d'abandon ? Lui qui en avait tant souffert quand il était enfant ? Il la détestait cette sensation. Il la détestait parce qu'il ne la connaissait que trop bien. Il ne comprenait pas comment son cœur avait changé aussi vite, mais il aimait son frère. Il l'aimait sincèrement et il ne voulait pas qu'il ressente cet horrible sentiment. Alors, toujours sous le coup de ses émotions, il murmura d'un ton qu'il voulut ferme.

- Je te le promets, je ne t'abandonnerai pas.

Le sourire de Robin se fit plus grand, cette soirée était vraiment parfaite : un mariage heureux, une femme magnifique et un petit-frère blottiau creux de ses bras.