Blaise apparut en plein milieu d'une plaine, encerclée de montagnes et de forêts. Le vent soufflait fortement dans les alentours et il dut resserrer les pans de sa cape autour de ses épaules pour qu'elle ne s'envole pas.

Il s'arrêta quelques instants pour contempler le paysage qui l'entourait. C'était la première fois qu'il venait ici et il devait avouer être subjugué par la beauté du lieu. Il avait l'impression d'être dans un rêve.

Il aperçut un petit troupeau de moutons au loin, près d'un bâtiment qu'il imagina être une ferme. Ils se trouvaient à l'orée d'un bois, qui s'étendait jusqu'à la moitié de la montagne lui faisant face. Splendide.

Le temps n'était pas des plus accueillants, le ciel étant particulièrement gris ce jour-là, mais cela ne déplut pas à Blaise pour autant. Il aimait la nostalgie qu'apportait ce temps pourtant peu aguicheur.

En baissant les yeux, il réalisa que ses pieds étaient cachés par les hautes herbes du champ. Probablement du blé, ou peut-être du maïs, à vrai dire, il n'y connaissait rien.

Un coup de vent apporta une odeur bien particulière jusqu'à son nez, qu'il reconnut cette fois tout de suite. L'odeur de la pluie.

Il n'eut pas à attendre bien longtemps avant que quelques gouttes d'eau ne frôlent le bout de son nez. Il sourit. Il faisait partie des rares anglais à aimer son pays pour sa météo.

Il aimait la pluie, les jours de mauvais temps, le vent et l'orage.

Pourtant, il n'aimait pas la neige. C'était encombrant, gênant et bien trop froid. Il aimait les jours pluvieux car il était toujours simple de se couvrir et se réchauffer, mais la neige gâchait toujours tout. Londres se figeait lorsqu'il neigeait. Elle perdait sa si caractéristique animation. Et Blaise détestait cela.

Un coup de tonnerre retentit soudainement au-delà des nuages et Blaise décida de se mettre en route.

Bien qu'il aimait la pluie, il ne voulait pas non plus attraper froid et en terrain moldu, aucun sort ne lui porterait secours.

Il n'eut pas besoin de marcher très longtemps avant que la civilisation humaine ne fasse son apparition. Il aperçut au loin le si petit village dont Potter lui avait tant parlé. Les toits en ardoise, les murs de pierres et les cheminées qui soufflaient de longues fumées blanches.

Un sourire se dessina sur ses lèvres et il pressa le pas en dépliant le col de son long manteau pour protéger son cou du froid.

L'église du village sonna dix-huit heures à la seconde où il dépassa le panneau indiquant le nom du hameau. Il était pile dans les temps.

Comme le lui avait indiqué Harry, il n'eut pas à marcher longtemps avant d'atteindre sa destination. Il tourna une première fois à gauche, traversa le petit pont du centre du village, rejoignit la place de la fontaine et emprunta une rue piétonne sur la droite.

La devanture qu'Harry lui avait décrite en long et en large, si caractéristique et distinguée, lui apparut enfin. Des fleurs et des bottes.

Blaise, qui avait quelques notions de français, ne put s'empêcher de sourire en avisant du clin d'œil fait à la célèbre librairie sorcière du Chemin de Traverse.

La boutique était resplendissante, si bien qu'il eut presque peur d'en salir l'entrée avec ses chaussures pleines de terre. Les murs extérieurs étaient peints en bleu et le nom de la librairie était inscrit en lettres calligraphiées noires. Il ne se posa pas de questions pendant très longtemps et finit par entrer, faisant sonner la petite clochette de la porte.

Aussitôt, la voix d'Hermione Granger se fit entendre depuis l'étage de la librairie.

– Nous sommes fermés ! s'exclama-t-elle d'une voix légèrement tremblante.

Alors que quelques bruits de talons s'approchaient petit à petit de lui, il fut pris par surprise en entendant l'aboiement soudain d'un chien, dissimulé derrière le comptoir.

– Stop, Albert, gronda Hermione en atteignant le bas des escaliers. Zabini ?!

L'interpellé tourna la tête vers elle et sourit. L'effet de surprise était réussi. Restait à savoir s'il était positif ou non.

Cependant, il perdit rapidement son sourire lorsque le chien – dont Harry lui avait plus ou moins parlé – sortit de derrière le comptoir, le regard braqué sur lui et les dents sorties. Il recula d'un pas, effrayé.

– Albert, assis ! ordonna Hermione, les sourcils froncés.

L'animal s'exécuta sans attendre et retourna se cacher derrière le comptoir. Blaise se permit alors de soupirer un grand coup. Bien qu'il ne s'y connaisse pas tant que ça en chiens, il savait de source sûre – c'est-à-dire grâce à Harry – que cette race était particulièrement protectrice, voire agressive.

Il releva les yeux vers Granger et distingua immédiatement le changement dans sa posture. Elle avait perdu toute confiance, son regard était fuyant, presque apeuré et il remarqua qu'elle contractait inlassablement ses doigts.

Le comportement d'Albert avait dû la distraire l'espace d'un instant. Pas suffisamment longtemps.

– Est-ce qu'il est arrivé quelque chose à Harry ? s'inquiéta-t-elle d'une voix tremblante, en posant une main sur le comptoir, pour se maintenir debout.

Blaise fronça les sourcils. Il se sentait bête tout d'un coup. Évidemment qu'elle s'imaginerait le pire. Il venait la voir sans prévenir et ce pour la première fois. D'après elle, il ne pouvait y avoir aucune raison de lui rendre une simple visite de courtoisie.

Il avança d'un pas, histoire de lui montrer que tout allait bien et qu'il venait en ami, mais elle ne réagit pas comme il l'aurait souhaité.

Elle dégaina aussitôt sa baguette et la pointa vers lui en reculant d'un pas.

Il leva les mains au ciel pour prouver qu'il venait en toute amitié.

– Tout va bien, Granger, je ne suis pas armé, promit-il en reculant à son tour. Je ne te veux aucun mal, c'est promis. Potter va bien, c'est lui qui m'a expliqué où te trouver.

Il ne la quittait pas des yeux, comme pour appuyer ses propos et lui prouver qu'il ne mentait pas. Il n'aurait jamais pensé qu'elle serait à ce point-là sur la défensive. Il se fit cependant la réflexion qu'il n'avait pas été beaucoup mieux, seulement quelques jours plus tôt.

Bien sûr, Harry l'avait prévenu qu'elle n'était pas dans son état normal, qu'elle allait mal et risquait d'avoir peur, mais il ne s'était pas imaginé qu'elle serait à ce point effrayée par sa présence.

Alors, il prit son mal en patience. Il ne bougea pas d'un poil, garda son regard braqué dans le sien, les mains levées, à trois mètres d'elle. Il attendit de longues minutes.

Finalement, il la regarda baisser lentement sa baguette, les yeux remplis de larmes qu'elle semblait retenir du mieux possible.

– Pourquoi t'a-t-il donné mon adresse ? demanda-t-elle d'une voix tremblante, en serrant ses bras autour de son ventre, comme pour se protéger.

Blaise osa enfin baisser les mains – le plus lentement possible pour ne pas l'inquiéter – et les rangea dans ses poches avant de répondre.

– Pourrions-nous nous asseoir ? Ou bien aller boire un café quelque part ?

Elle fronça les sourcils et il comprit que les choses ne seraient pas aussi simples.

– Réponds à ma question, dit-elle simplement.

Il soupira et baissa la tête quelques instants. Il ne voulait pas que les choses se passent ainsi. Ils n'étaient pas dans de bonnes conditions pour qu'elle accepte.

Lorsqu'il releva les yeux, elle n'avait pas bougé. Elle était toujours autant sur la défensive.

– Écoute, Granger…

– Zabini, je t'assure que si tu ne m'expliques pas tout de suite, je te fais sortir moi-même de la librairie et je te ferais regretter d'y avoir un jour mis les pieds, répliqua-t-elle d'une voix basse et tremblotante.

Blaise déglutit et hocha la tête, levant innocemment les mains une nouvelle fois.

– Nous avons un service assez particulier à te demander. Quelque chose qui pourrait sauver la vie de quelqu'un.

Elle fronça les sourcils une nouvelle fois, mais cela ne l'arrêta pas pour autant. Elle tapait du pied, anxieuse.

– Je ne sais pas si tu lis la Gazette, mais…

– Non. Plus depuis longtemps, l'interrompit-elle en secouant la tête.

Elle lui semblait toujours aussi tendue, toujours aussi apeurée et déstabilisée. Il hocha la tête.

– Une loi vient tout juste d'être votée par le Magenmagot. Ils ont enfin ouvert la possibilité de faire libérer certains mangemorts, annonça-t-il d'un ton grave.

– Je ne vois pas en quoi cela me concerne, répliqua-t-elle fermement.

– Ils exigent certaines conditions pour leur libération. L'une d'elles est…

Il hésita l'espace d'un instant. Il aurait largement préféré faire cela autre part, dans des conditions plus calmes. Il était frustré.

– L'une d'elles est d'épouser un cracmol, un moldu ou un né-moldu, annonça-t-il finalement dans un soupir.

Il vit les rouages de son cerveau s'activer au travers de son regard. Puis elle réalisa où il voulait en venir et commença à secouer silencieusement la tête. Elle ne le quittait pas du regard, ses yeux se remplissant à nouveau de larmes.

– Je pensais pouvoir vous faire confiance, murmura-t-elle en sanglotant doucement. Je pensais qu'Harry avait compris.

– Granger, je…

– Tais-toi ! s'exclama-t-elle fortement avant qu'un regret évident se lise dans son regard.

Un vase, posé sur le comptoir, explosa. Blaise sursauta et sentit alors la tension magique qu'Hermione dégageait.

– Tais-toi, répéta-t-elle à voix basse.

Elle respirait rapidement. Il lutta pour ne pas s'approcher d'elle et essayer de la réconforter. Il ne savait pas quoi faire. Il aurait dû envoyer Potter à sa place. Ou bien Pansy.

– Je ne veux pas, chuchota-t-elle la tête baissée, des larmes coulant sur ses joues. Je ne peux pas. Je l'ai dit à Harry. Je lui ai dit. Je…

Elle parlait si doucement que Blaise eut du mal à comprendre ce qu'elle marmonnait. Elle semblait répéter les mêmes choses en boucle, sans s'arrêter. Elle ruminait.

– Granger, il s'agit de sauver quelqu'un, de sauver une vie, tenta-t-il.

– Mais je veux plus sauver personne ! s'écria-t-elle en réponse, levant un visage couvert de larmes vers lui. Vous n'avez pas compris ? Je suis venue ici pour être loin de tout ça, pour oublier, pour vivre autre chose que la guerre, les morts et les sauvetages constants ! Je ne suis pas venue ici pour que vous vous pointiez chez moi dès que vous avez besoin d'utiliser mon nom, mon statut ou je ne sais quoi, pour sauver je ne sais qui !

Blaise recula d'un pas sous la puissance de ses paroles et déglutit. Sa magie se faisait de plus en plus lourde dans la pièce.

Il n'avait pas vu les choses sous cet angle. Il n'avait pas voulu écouter sa femme lorsqu'elle l'avait prévenu que Granger risquait de mal réagir. Potter lui-même avait semblé confiant.

Visiblement, il avait été, lui aussi, aveuglé par son envie de retrouver Théo.

Il ne sut quoi faire. Granger était dans un état pitoyable. Son chien avait même fini par se lever en entendant les cris de sa maîtresse et était venu se frotter à ses jambes. Elle sanglotait silencieusement.

– Tu devrais t'en aller. Je suis désolée. Je ne peux pas vous aider, murmura-t-elle finalement.

oOo

Ginny se tenait à l'écart du reste des invités. Elle supportait de moins en moins de se mêler aux foules – aussi petites puissent-elles être – et préférait la solitude que sa place au dernier rang lui offrait.

Bien sûr, elle aurait dû se trouver aux côtés de sa famille, à l'avant des rangées de chaises en plastique blanc de mauvaise facture, mais elle avait refusé. Elle ne serait présente que pour la cérémonie. Elle prendrait un portoloin pour rejoindre Astoria au Pérou dès que le mage-marieur aurait annoncé que les mariés pouvaient s'embrasser.

Elle regardait tout cela d'un œil très critique. La cérémonie n'avait pas encore commencé et pourtant, tout lui semblait déjà plus pathétique que jamais. Son frère se tenait près de l'autel, dans un costume noir basique, trop grand et de mauvaise qualité, alors même qu'il avait largement les moyens de s'en offrir un à sa taille et de bien meilleure aspect. Percy était son témoin. Romilda Vane, celle de sa femme.

La décoration de la salle était plus simple que tout, il n'y avait aucune couleur, si ce n'était du blanc qui tendait au gris par endroit. La famille de la mariée n'était pas présente, puisqu'ils étaient contre ce mariage. Seuls les proches de la famille Weasley et cette dernière remplissaient l'assemblée.

Les pleurs d'un nourrisson étaient l'unique son qui résonnait dans la petite salle de réception. Elle tourna les yeux vers son neveu et se retint de sourire tristement. Elle ne voulait pas laisser penser à qui que ce soit qu'elle appréciait le fait d'être ici.

Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir de la peine pour le petit qui pleurait dans les bras de sa grand-mère.

Maurice Eustach Weasley, né seulement deux semaines plus tôt.

Elle le plaignait déjà.

Lavande était tombée enceinte de Ron par accident. Ils étaient séparés depuis trois semaines, pour la dixième fois de l'année, lorsqu'ils l'avaient conçu. Ron avait répété à Lavande qu'elle devait avorter, qu'il ne "voulait pas d'un gosse" et qu'il ne s'en occuperait pas. Ginny avait été choquée de l'apprendre.

Heureusement, Molly était intervenue et avait juré à son fils qu'il ne mettrait plus jamais les pieds chez elle s'il osait imposer une telle chose à Lavande. Elle l'avait même poussé à l'épouser pour la consoler et se faire pardonner.

Un mariage d'amour, pensa ironiquement Ginny en entendant la musique débuter.

Son frère était un connard, elle n'aurait jamais cru pouvoir le penser ouvertement un jour. Il était devenu pitoyable. S'il avait réussi à se sortir de la drogue et de l'alcool l'année précédente, il n'en était pas devenu un homme bien pour autant. Les seules personnes qu'il n'avait pas rejetées étaient ses parents. Autrement, ses seuls amis étaient ceux qu'il s'était faits un soir dans un bar et qui l'avaient encouragé à plonger dans la débauche. Ceux-là qui l'encourageaient encore à retomber dans l'alcool. Ginny les haïssait. Ils lui avaient enlevé son frère.

Harry ne lui avait plus jamais adressé la parole après qu'il l'ait jeté de chez lui. Ginny non plus et si sa mère ne l'avait pas forcée à venir au mariage, elle serait occupée à organiser leur prochain voyage avec Astoria.

Lavande fit son entrée – dans une robe de mauvaise facture et bien trop osée au goût de Ginny – et celle-ci se reconcentra sur la cérémonie. Son frère ne s'était même pas rasé, il n'avait pas non plus fait l'effort d'arranger correctement sa cravate. Elle soupira.

En jetant un œil à ses autres frères, elle remarqua qu'ils étaient tout aussi ravis qu'elle de se trouver là. Fleur et Bill n'avaient même pas amené leur fille, probablement peu désireux qu'elle assiste à ce massacre du haut de ses cinq ans. Le seul qui semblait fier d'être ici était Percy.

La mage-marieur commença son discours. Lavande ne cessait de sourire et sautillait presque sur place. Il y avait au moins quelqu'un d'heureux ici, pensa amèrement Ginny.

Lorsque Ron se pencha pour embrasser sa toute nouvelle femme du bout des lèvres, la rouquine soupira de soulagement. C'était le signal pour elle d'enfin s'en aller. Elle agita simplement sa main en direction de George et Charlie, qui lui sourirent légèrement, puis se tourna en direction de l'extérieur, pour rejoindre le portoloin qui l'attendait.

Une minute plus tard, elle quittait l'Angleterre.

oOo

Hermione était installée au coin du feu lorsque la vieille sonnette moldue de sa maison retentit.

Elle sursauta et se tourna brusquement vers l'origine du bruit. Elle n'attendait personne. Albert dut lui aussi comprendre que quelque chose n'était pas normal, puisqu'il se leva de devant la cheminée et commença à aboyer.

– Chut, ne fais pas de bruit, le supplia-t-elle à voix basse, en dégainant sa baguette.

Albert cessa d'aboyer, mais elle put l'entendre grogner entre ses dents serrées, alors qu'il la suivait jusqu'à la porte d'entrée.

Le cœur d'Hermione battait la chamade. Elle ne savait pas à quoi s'attendre. Elle avait pourtant tout fait pour ne pas pouvoir être retrouvée. Et si quelqu'un venait se venger ? Et si quelqu'un venait la tuer ?

Elle avait dû faire une erreur. Elle…

– Mademoiselle Granger ? Vous êtes là ? Je suis le fils de Madame Laroche, fit la voix d'un homme, juste derrière la porte.

Hermione se figea, une main posée sur son cœur. Elle tremblait de tout son corps. Comment être sûre qu'il disait la vérité ? Sa voisine ne lui avait jamais parlé de ses enfants.

Elle s'approcha discrètement de la fenêtre pour essayer d'apercevoir l'homme qui l'interpellait. Ses mains étaient agitées par des spasmes incontrôlables et elle avait du mal à se concentrer. Et s'il mentait ?

Il était plutôt grand, âgé d'une quarantaine d'années, le front dégarni et la chevelure poivrée. Il portait une salopette et une paire de bottes, et tenait un parapluie dans une main pour se protéger de la pluie battante qui voilait la région depuis quelques jours.

Hermione ne savait pas quoi faire. L'homme ne semblait pas armé, mais ne lui était pas familier pour autant. Cela pouvait être un piège. Il pouvait être sous polynectar.

Rien ne lui indiquait qu'elle pouvait lui faire confiance. Le souvenir de l'attaque de Nagini à Godric's Hollow lui revint à l'esprit ne faisant qu'alimenter ses tremblements. Elle ne pouvait faire confiance à personne.

Albert couinait à ses pieds et se frottait à elle pour la rassurer. Il lui montrait ainsi qu'elle n'était pas seule.

Elle n'était pas seule. Elle pouvait affronter cette situation. Il lui fallait rationaliser les choses. Elle avait sa baguette, Albert était là, elle pourrait donc se défendre.

Finalement, après quelques secondes de réflexion supplémentaires, elle se décida à se mettre en action. D'après les traits du visage de l'homme, il commençait à perdre patience. S'il se révélait vraiment être le fils de sa voisine, il n'était pas là pour rien.

Ainsi, prenant son courage à deux mains, elle ouvrit la porte, sa baguette serrée dans son poing, derrière son dos.

– Que voulez-vous ? lâcha-t-elle d'une voix qu'elle voulait sûre.

Il était sur le point de partir, mais se retourna vers elle, un sourire poli aux lèvres.

– Bonjour, je suis Henri Laroche, le fils de votre voisine, se présenta-t-il en lui tendant la main.

Elle baissa les yeux vers sa main tendue, mais ne la serra pas. Son cœur battait encore beaucoup trop vite. Elle était à la limite de l'hyperventilation.

Elle ne devait pas lui faire confiance. Elle n'y arrivait pas. Elle avait constamment de mauvais pressentiments.

Henri se racla la gorge, gêné, et son expression se fit plus sérieuse.

– Je ne sais pas vraiment quelle relation vous aviez avec ma mère, mais je suis venu vous annoncer… Je suis venu vous annoncer son décès.

Un poids tomba dans l'estomac d'Hermione. Elle blanchit considérablement. Sa tête se mit à tourner. C'était impensable. Ce qu'il venait de dire était impensable.

Sa phrase résonnait dans son esprit alors qu'elle réalisait sa signification.

Il n'était pas un imposteur, mais ce qu'il venait de lui dire lui avait brisé le cœur.

Sa voisine avait été son seul soutien depuis son arrivée en France. Elle l'avait invitée plusieurs fois à prendre le thé pour discuter. Elle lui avait présenté ses différents animaux, lui permettant même de faire une balade sur le dos de l'un de ses chevaux. Elle était sa cliente la plus fidèle à la librairie. Et enfin, elle prenait toujours le temps de prendre de ses nouvelles. Elle avait été là pour elle, sans s'imposer dans sa vie pour autant. Hermione ne pourrait jamais l'en remercier.

Elle était partie. Elle n'arrivait pas à y croire.

Henri continuait de parler, mais elle ne l'entendait plus. Elle était ailleurs. Des larmes s'étaient échappées de ses yeux et coulaient le long de ses joues.

Elle sentit Albert se frotter à sa jambe, comme pour la réconforter et tenta de reprendre ses esprits.

– …Ma mère vous a légué ses deux chevaux, Héra et Arès. Elle répète plusieurs fois dans son testament qu'elle vous fait confiance pour vous occuper d'eux comme il le faut…

Elle n'arrivait pas à se concentrer. Elle se contentait d'hocher la tête et de sourire faussement. Elle ne savait même pas comment ses muscles étaient en capacité de sourire. Elle se sentait complètement vide.

Sa voisine était décédée. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle était complètement ailleurs.

Tant et si bien qu'elle remarqua à peine le départ de Henri. Elle le salua vaguement, ferma la porte tel un corps sans âme et se laissa glisser au sol. Elle éclata en sanglots sans pouvoir le contrôler.


Encore merci à Kat, Akhmaleone, Lyra, BBTea, Genny et Damelith pour leur soutien *coeur coeur*