Hello !
Plusieurs choses avant de passer au chapitre ! A partir de maintenant, les chapitres seront postés tous les cinq jours. Je vous informerai de la date du prochain chapitre à chaque fin de chapitre (oui, j'ai écrit beaucoup trop de fois "chapitre").
Ensuite, on se retrouve aujourd'hui pour la 3e partie de cette histoire : "Guérison". Cette partie fera huit chapitre :)
Enfin, pour l'occasion ce chapitre a été illustré (je vous conseille de le lire entièrement avant d'aller voir l'illustration, pour ne pas être spoilés !). Comme je ne peux pas mettre d'image ici, vous pourrez la retrouver sur mon instagram "novafrogster", sur Wattpad, Twitter ou Ao3 (liens dans ma bio).
Et voilà, bonne lecture !
Théo avait compté les jours. Depuis qu'il avait reçu la lettre de Blaise, il tournait en rond dans sa cellule, attendant impatiemment le jour si sacré de sa libération. Il serait libre le quinze mai 2005.
Il s'était déjà imaginé comment cela se passerait :
Blaise viendrait le chercher avec l'un des surveillants de la prison. On lui retirerait les sorts contenant sa magie, puis il serait escorté jusqu'au quartier des surveillants où il récupérerait ses biens personnels – du moins, s'ils n'avaient pas été volés – et enfin, Blaise et lui emprunteraient un portoloin qui les amènerait jusqu'en France.
Il en avait même rêvé.
Ainsi, lorsque la porte s'ouvrit sur un garde, seul, les rêves de Théo furent détruits. Son visage se décomposa.
– Debout, Nott. Les aurors sont là pour te récupérer.
– Mon avocat n'est pas là ? demanda-t-il d'une voix enrouée.
– J'en sais rien, répondit nonchalamment le garde.
Théo hocha la tête et suivit le surveillant hors de sa cellule. Il ne regarda pas en arrière. Il la quittait pour toujours. Il en avait presque les larmes aux yeux.
Le garde dégaina sa baguette et referma la porte derrière eux, avant de la pointer vers Théo. Il ne sursauta pas, ne recula pas, ni ne prit peur en le voyant faire. Il ferma simplement les yeux, dans l'attente du sort qui lui rendrait sa magie. Il s'y était préparé mentalement.
Une légère chaleur se développa en son centre, puis dans tous ses membres. Il n'avait jamais vécu une chose aussi agréable de sa vie. Du moins, il se garda de penser aux genres de choses qui lui donnaient les mêmes sensations.
Il se rappelait encore de l'effet que le sort inverse lui avait fait. Il s'était senti si froid, si vide… Pour la première fois de sa vie, et ce pour sept ans d'affilée, il avait perdu sa magie. Elle s'était résorbée.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, le garde marchait déjà en direction du quartier des surveillants. Il fronça les sourcils. Ne devait-il pas l'amener vers la sortie ? Ou bien vers les parloirs ?
Bien qu'il n'y ait jamais eu accès à cause de sa condition de mangemort, Théo savait que ceux-ci existaient. Les prisonniers enfermés pour des crimes mineurs avaient légalement l'autorisation de recevoir de la visite. Il avait été tellement jaloux en l'apprenant.
Il s'était imaginé à quoi auraient pu ressembler les visites de ses amis, ou bien de Harry. Harry. Il espérait le voir le plus rapidement possible. Il avait hâte, il n'en pouvait plus d'attendre. Il en aurait presque sautillé d'impatience.
Il s'était plusieurs fois imaginé la vie qu'aurait pu avoir Harry sans lui, se répétant qu'il n'avait aucun intérêt à l'attendre. Il avait cauchemardé de très nombreuses fois à ce sujet, se dessinant mentalement la femme ou l'homme qui l'aurait remplacé.
Finalement, il avait préféré emprunter le chemin de l'espoir et condamner celui de la peur. Il n'aurait pas tenu longtemps sans finir fou s'il s'était évertué à repenser la vie de Harry sans lui. Il avait choisi de rêver de la leur, de celle qu'ils construiraient ensemble. Un bon moyen de tenir le coup.
Et depuis la lettre de Blaise, il comptait avec minutie les jours qui le séparaient de leurs retrouvailles.
Les battements de son cœur s'accélérèrent alors qu'ils atteignaient le quartier des surveillants. Il espérait tellement que Harry fasse partie de l'équipe d'aurors venue le chercher.
Le garde ouvrit la porte et jeta un coup d'œil derrière lui pour vérifier que Théo était bien derrière lui.
– Ils t'attendent là-dedans, marmonna-t-il simplement avant de faire demi-tour.
Théo n'attendit pas une seconde de plus pour entrer. Il était bien trop impatient et excité.
Lorsqu'il croisa le regard de son meilleur ami, sa respiration se bloqua dans sa poitrine.
C'était terminé. Terminé.
oOo
La pluie battait contre les fenêtres du manoir, le vent secouait les volets et les rideaux, et l'orage faisait trembler les murs. Pourtant, Théo ne s'était jamais senti aussi serein de sa vie. Des larmes coulaient le long de ses joues, mais il se sentait en paix.
– Nous sommes mariés, répéta-t-il pour la dixième fois, des sanglots dans la voix.
– Oui, rit Harry en le serrant contre son torse.
Ils étaient allongés dans leur lit, au milieu de leur chambre, dans leur manoir. Leurs jambes nues entremêlées sous les couvertures, serrés l'un contre l'autre dans le silence de la nuit, le couple Potter ne s'était jamais senti aussi bien de sa vie.
Ils s'étaient mariés le jour même de sa libération. Le quinze mai 2005. Théodore avait encore du mal à y croire.
– Je suis libre, Harry. Je suis libre, répéta-t-il sans trop y croire.
– Et tu le resteras, je te le promets. Je ferai tout pour que tu sois heureux, que tout redevienne comme avant et que tu puisses vivre la vie dont tu as toujours rêvé.
Théo hocha la tête, le visage blotti dans le cou de son tout nouveau mari et ne put empêcher d'autres sanglots de s'échapper de ses lèvres. Il avait vécu l'enfer, il avait du mal à croire qu'il ait pu en sortir. Il était vivant, sa santé ne s'était pas trop dégradée, il avait toute sa tête et… et il était marié.
– Je t'aime, Théo, je ne t'abandonnerai jamais, je te le jure, murmura Harry à son oreille en le serrant encore plus fort.
oOo
La matinée était plutôt chaude. Le vent marin ne soufflait pas trop fort et la mer était calme.
Drago avait les yeux rivés vers l'extérieur, blotti contre un mur de pierres froides, juste sous la fenêtre. Il aimait écouter le bruit des vagues. Cela l'apaisait. Il n'avait pas besoin de penser, de se divertir l'esprit. Il était calme lors de ces moments-là. En paix.
Soudainement, la porte de sa cellule s'ouvrit et il se tourna brusquement vers celle-ci. En voyant l'un des gardes s'y tenir, Drago se recroquevilla aussitôt sur lui-même, son regard se chargeant de peur.
– Lève-toi, Malefoy, on va te refaire une beauté, sourit méchamment le surveillant.
Frank. Ou peut-être John. Drago n'avait jamais été bon avec les prénoms, surtout quand les voix des surveillants se mélangeaient entre elles lorsqu'il se retrouvait dans leurs quartiers.
En entendant les mots de celui-ci, un poids tomba dans l'estomac du blond. Il était terrifié. Ces mots ne pouvaient avoir qu'un seul sens : il allait passer un sale quart d'heure. Habituellement, ils ne s'occupaient de lui qu'un jour sur deux et ils l'avaient déjà fait la veille. Il ne comprit donc pas pourquoi cela changeait soudainement.
Il commença à trembler, incapable de se lever. Ce n'était pas habituel. Ce n'était pas habituel.
– Ne me fais pas répéter, grogna Frank –ou John– en avançant d'un pas vers lui.
Cela ne fit que paniquer Drago davantage.
– Pitié, murmura-t-il sans pouvoir s'en empêcher.
Il se laissait toujours faire, habituellement, mais ce jour-là, ce n'était pas prévu. Il aurait dû venir le chercher le lendemain.
Pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui.
Il se le répétait comme une litanie. Il n'arrivait pas à s'y résoudre. Il s'était habitué à ce que cela n'arrive qu'un jour sur deux. Pas aujourd'hui.
Ce n'était pas normal. Ce n'était pas habituel. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas.
Le surveillant sembla comprendre qu'il ne bougerait pas, puisqu'il sortit sa baguette et la pointa vers lui. En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, Drago sentit sa conscience lui échapper. Il n'était plus maître de ses mouvements.
Un pantin. Une poupée de chiffon.
Il sentit son corps cesser de trembler, puis se lever et se diriger vers le garde, sans qu'il ne puisse l'arrêter. Sans pouvoir les contrôler, des larmes dégoulinèrent de ses yeux, puis le long de ses joues, alors qu'il quittait la cellule. Sa panique était toujours bien présente, mais son corps était dans l'incapacité de l'exprimer. Seules ses larmes étaient témoins de son état intérieur.
Il se perdit alors dans les méandres de son esprit, comme s'il s'était endormi.
Lorsqu'il reprit connaissance, il eut l'impression d'avoir dormi plusieurs heures d'affilée. La lumière de la pièce l'éblouit et il referma les paupières aussitôt les avoir entrouvertes.
– Ouvre les yeux, Malefoy, cracha l'un des gardes.
Le plus petit, reconnut-il grâce à sa voix plus grave.
– Tu as quinze minutes, ajouta-t-il avant que Drago n'entende une porte claquer.
Il entrouvrit un œil pour s'habituer à la lumière et vérifia qu'il était bien seul. Il ouvrit les deux yeux et put observer ce qui l'entourait. Les battements de son cœur s'accélérèrent lorsqu'il comprit qu'il n'était plus dans sa cellule. Il ne connaissait pas cet endroit. Il faisait face à l'inconnu.
La pièce était petite et entièrement blanche. Le contraste avec ce dont il avait l'habitude était frappant. Il était assis sur une chaise en bois, à côté de laquelle était posée une petite trousse en tissu noir.
Il n'était pas dans sa cellule et cela le fit paniquer. Il ne se sentait pas bien. Il avait la nausée.
Lorsqu'il tourna la tête sur sa droite, il tomba sur son reflet. Pour la première fois depuis le début de son enfermement, il avait accès à un miroir. Ce qu'il y vit le laissa sans voix. Il ne se reconnaissait pas.
Son visage était d'une maigreur à faire peur. Sa barbe lui tombait jusqu'au bas du cou et remontait jusqu'au haut de ses joues. Des cernes violacés entouraient ses yeux vides de vie. Ses cheveux lui tombaient aux épaules. Il était si pâle qu'il en était presque transparent. On aurait dit un cadavre.
Il détourna le regard, les larmes aux yeux. Il n'arrivait pas à croire qu'il puisse ressembler à cela. Il avait fait de son mieux pour rester sain d'esprit mais n'avait jamais rien pu faire pour son corps. Il se trouvait tout simplement affreux.
Il tourna la tête de l'autre côté et fit face à une cabine de douche délabrée.
Il réalisa alors la raison de sa présence ici.
La lettre de Blaise devait dater d'environ un an maintenant, ce qui signifiait… qu'il sortirait d'Azkaban le lendemain. Il crut défaillir en le comprenant. On l'amenait ici pour qu'il soit présentable. Il allait avoir accès à une douche. Il allait devoir se laver. Il allait devoir nettoyer les maux infligés par les gardes pendant toutes ces années. Il allait devoir tout cacher.
Cette réalisation le fit frissonner. Ses mains tremblaient toutes seules. Il allait être libéré.
– J'entends pas l'eau couler, Malefoy, s'exclama soudainement le garde en frappant sur la porte de la salle de bain improvisée. Ne m'oblige pas à venir nettoyer ton petit cul d'aristocrate moi-même !
Drago dut s'accrocher à sa chaise pour ne pas tomber tant il tremblait. Il était terrifié. Il n'avait pas l'habitude d'être ici. Il ne connaissait pas cet endroit.
Cependant, jugeant qu'il valait mieux pour lui qu'il se mette en mouvement, il se pencha pour ramasser la petite trousse de toilette posée à ses pieds. Il ferma les yeux douloureusement lorsque le mouvement étira l'une de ses plaies dorsales, mais s'efforça de l'attraper.
Il fit de son mieux pour immobiliser ses mains afin d'ouvrir la fermeture éclair. Elle contenait un petit savon neuf, une brosse à dents, un échantillon de dentifrice, un baume réparateur des plus basiques et… une lame de rasoir.
Une nouvelle fois, Drago crut défaillir. Ses mains commencèrent à trembler et le reste de son corps suivit rapidement. Son sang battait à ses oreilles. Il voyait flou. Ses pensées lui criaient de fuir, mais il en était incapable.
Il fixa la lame sans vraiment y croire.
Venait-on de lui donner la possibilité d'enfin mettre fin à son supplice ? À son enfer ?
Il ne pouvait pas y croire. C'était impossible.
Il hyperventilait. Il suffoquait. Il n'y avait soudainement plus assez d'air dans la pièce.
Il laissa tomber la trousse sur le sol sans même le remarquer.
– Par Merlin, Malefoy, bouge-toi ! s'écria le garde.
Drago sursauta si violemment qu'il tomba au sol. Il se traîna sur le carrelage froid de la pièce, jusqu'à la douche. Son esprit était embrumé, ses pensées étaient en fusion. Il n'arrivait plus à y voir clair.
L'eau de la douche se déclencha d'elle-même et tomba directement sur ses vêtements sales de prisonniers. C'était brûlant, mais il n'en avait rien à faire. Peut-être sa peau prendrait-elle des couleurs qui contrasteraient avec son affreuse pâleur.
Il eut envie de se griffer la peau, de l'arracher. Il retira ses vêtements un à un, sans vraiment réaliser ce qu'il faisait. La lame était oubliée, il n'y avait plus que la panique.
L'eau était devenue grise à ses pieds, mais il n'en tint pas compte. Il tentait simplement de calmer sa respiration. Ses blessures encore à vif le firent gémir de douleur au contact de l'eau, mais il fit de son mieux pour ne pas faire trop de bruit. Du sang séché se mélangeait à l'eau grisâtre et s'écoula dans les égouts de la prison.
Il tendit le bras jusqu'au savon qui avait glissé de la trousse de toilette et le frotta entre ses mains mouillées. Il n'avait aucune odeur, mais suffit à débarrasser la crasse de ses cheveux et de son corps en grande partie.
Il aurait voulu se noyer sous toute cette eau. La lame lui faisait à nouveau de l'œil. Il n'arrivait plus à penser à autre chose. Il était de nouveau en boucle.
Il pourrait tout arrêter. Maintenant même, s'il le voulait.
S'il le voulait.
Le voulait-il ?
Il se le demanda alors que l'eau chaude continuait de dégouliner sur son corps engourdi.
Ses amis l'attendaient, là, dehors. Blaise l'attendait. Il le lui avait dit. Il s'était battu pour lui, pour sa libération.
Sa mère l'attendait. Il allait la retrouver, il pourrait la serrer dans ses bras, lui promettre qu'il ne s'en irait plus jamais. Il devait le faire pour elle.
Il ne serait plus seul. Il ne serait plus seul. Il ne serait plus seul.
Il fixa la lame, qui brillait sous la lumière artificielle de la pièce et se promit de ne pas l'utiliser autrement que pour retirer son affreuse barbe.
Quelques larmes coulèrent le long de ses joues, mais il n'en tint pas compte.
Demain, il ne serait plus seul.
oOo
Le jour tant attendu était arrivé. Drago en tremblait déjà.
Il n'arrivait pas à croire qu'il allait sortir. En réalité, cela le terrifiait. Il serait libre. Libre.
Cette simple pensée lui laissait un goût amer dans la bouche.
C'était inconcevable. Impossible. Il était persuadé qu'il n'y arriverait pas. Ce serait trop difficile. Il y aurait trop d'efforts à faire. Un trop grand changement.
Là où il était, il n'avait aucune obligation. Il était seul. Presque tranquille. Il pouvait passer la journée sans rien faire. Personne n'attendait quoi que ce soit de lui. Il avait presque le sentiment d'être en sécurité.
Mais dehors…
Les choses seraient si différentes. Il en était terrifié.
Tout serait si grand, si ouvert, si vaste. Il pourrait faire ce qu'il voudrait. S'il voulait sortir de chez lui, de sa chambre, il le pourrait. S'il voulait parler à ses amis, il le pourrait. S'il voulait envoyer du courrier ou lire les journaux, il le pourrait. Il y aurait tant de possibilités…
Il avait l'impression d'en être incapable. Il s'était habitué à tous ces interdits, à ces limites et à son quotidien. Il ne faisait rien, il se plongeait dans sa tête et c'était suffisant. Il n'était plus habitué au reste. Il était devenu incapable. Il avait peur.
– C'est l'heure, Malefoy, fit la voix chantante de l'un des gardes, avant qu'il n'ouvre soudainement la porte de la cellule.
Il se tourna brusquement vers lui, le regard terrifié. Le surveillant le regardait d'un air sadique, comme s'il s'apprêtait à lui envoyer son poing dans la figure. Mais Drago savait que ce n'était pas le cas.
Il n'avait pas soigné une partie de ses blessures la veille pour rien. Ils le voulaient en bon état. Du moins, ce qui se rapprochait le plus d'un état correct. Ils voulaient faire bonne impression, au cas où des journalistes le croisaient, cela devait être un ordre de leurs supérieurs. C'était ce qu'il s'était imaginé.
Il avait pu se raser, se laver et faire disparaître quelques hématomes, juste de quoi le rendre un minimum présentable. Ses blessures les plus graves resteraient cachées par ses vêtements.
Il se leva difficilement, sous le regard ennuyé du garde, débarrassa ses vêtements de la poussière de la cellule – bien que cela ne changea pas grand-chose à leur apparence – et s'approcha de la porte. Il s'était imaginé que Blaise viendrait le chercher directement dans sa cellule, mais il s'était visiblement trompé.
Le garde leva sa baguette dans sa direction et Drago se recroquevilla sur lui-même aussitôt, terrifié. Avait-il mal compris ? Allait-on le faire souffrir à nouveau ? Il tremblait.
Il entendit le garde ricaner méchamment.
– Bouge pas, lui ordonna-t-il.
Drago ferma les yeux le plus fortement possible et se cacha derrière ses bras, terrorisé à l'idée de souffrir une nouvelle fois. Cependant, il ne ressentit qu'une douce chaleur envahir ses membres un à un et il comprit.
On lui rendait sa magie.
Il cligna plusieurs fois des yeux, peinant à y croire. Alors il allait vraiment être libéré. Ce n'était pas une hallucination. Il déglutit.
– Allez, on y va, grogna le garde en reprenant sa marche vers ses quartiers.
Drago mit quelques secondes à calmer les battements de son cœur et à reprendre ses esprits. Sa respiration était hachée.
Il jeta un dernier coup d'œil à la cellule qui l'avait accueilli pendant sept ans, avant de le suivre. Il connaissait le chemin par cœur, il aurait pu y aller sans lui, les yeux fermés. Il aurait pu s'y rendre en marchant en arrière. Il avait mémorisé le chemin une bonne centaine de fois. Il aurait pu en dessiner le plan exact. Sauf que cette fois, il s'y rendrait pour une raison totalement différente et cela suffit à lui retourner l'estomac. Il n'était pas prêt. Ce n'était pas habituel.
Le garde lui ouvrit la porte et le laissa seul. Il s'en alla. Le dernier ancrage à son quotidien venait de s'en aller. Il avait l'impression de tomber dans le vide, d'être lâché au beau milieu de l'océan. Il ne connaissait plus rien. Il était perdu.
– Salut, vieux, fit la voix émue de son meilleur ami.
Il releva la tête en l'entendant et croisa le regard de Blaise. Il se tenait au centre de la pièce, les mains dans les poches. À l'endroit exact où Drago s'était tenu chaque semaine, entouré par les gardes de la prison, de leurs bouteilles d'alcool et de la fumée de leurs cigarettes.
Ses yeux se remplirent de larmes.
– Tu as l'air minable, lança Blaise, d'un air mi-gêné, mi-taquin.
Cela lui décrocha tout de même un sourire. Le premier depuis longtemps.
Il ne savait pas quoi dire ni quoi faire. Il était complètement perdu.
Son ami dut le sentir car il lui offrit un sourire empli de compassion, avant de lui tendre un cintre tordu. Drago fronça les sourcils, mais Blaise se contenta de lui répondre avec un mouvement de menton vers l'objet délabré.
Comprenant qu'il s'agissait d'un portoloin, Drago leva la main et l'attrapa. Blaise devait sûrement penser qu'il valait mieux s'en aller d'ici rapidement. Drago n'en était pas sûr.
Quelques secondes plus tard, ils disparaissaient d'Azkaban.
Il sentit son nombril être tiré vers l'arrière et sa tête commença à tourner violemment. La seule chose qu'il savait était que le portoloin les amènerait directement en France. Peut-être même chez Granger.
Granger. Il n'avait pratiquement pas pensé à elle depuis la lettre de Blaise. Il n'avait pas voulu songer aux conséquences de sa libération. Il avait préféré fermer les yeux et oublier. Elle n'avait pas existé pendant un an et faisait son apparition dans son esprit comme un cheveu sur la potion. Il aurait préféré qu'elle reste enterrée dans les méandres de son esprit.
Lorsqu'il sentit le sol sous ses pieds, il rouvrit les yeux – qu'il n'avait pas eu conscience d'avoir fermés – et fit à nouveau face à Blaise. Les lèvres de son ami commencèrent à bouger, mais Drago n'entendit pas un seul mot de ce qu'il lui disait.
Il était complètement ailleurs. Sa tête tournait toujours, il avait la nausée et sentait que ses genoux pouvaient le lâcher à tout moment.
Il se sentait tellement perdu qu'il ne remarqua qu'à peine que Blaise le prît par le bras pour le faire bouger. Il associa cette sensation à celle des gardes qui le trimbalaient à travers les couloirs sombres d'Azkaban. Une sensation qu'il connaissait. Il tenta de s'y raccrocher.
Ses pensées n'étaient pas claires. Il était complètement ailleurs. Il se focalisait sur la prise que Blaise avait sur son bras. Il se sentait affreusement faible.
Ses pieds avançaient d'eux-mêmes, les images qui défilaient devant ses yeux étaient floues et brouillonnes, les sons étaient coupés ou saccadés. Il ne savait pas où il se trouvait. Il avait perdu le rythme, comme si le portoloin avait uniquement déplacé son corps, laissant son esprit en arrière.
Au bout d'un certain temps, il s'arrêta. Ses pieds ne bougeaient plus, mais il était debout. Il était face à quelque chose, ou bien quelqu'un. On avait enserré son bras dans des cordes. Il n'était sûr de rien.
Les voix qui l'entouraient se mêlaient. Il ne comprenait qu'un mot sur dix.
– …Jure… Toujours… Garante… Malefoy…
Il entendit son nom plusieurs fois, mais cela ne l'aida en rien à reprendre ses esprits. Quelqu'un le maintenait debout, il sentait des mains posées sur ses hanches. Ou peut-être ses épaules, il n'en était pas sûr.
Il ne savait même pas si ses yeux étaient ouverts. Il était épuisé. Le voyage l'avait rendu complètement inerte.
Les odeurs n'étaient pas les mêmes qu'en prison, ça, il en était certain. Les odeurs de la poussière, de la crasse et de la pourriture avaient disparu. L'odeur de la mer aussi. Cela sentait… bon. C'était si inhabituel que Drago se perdit dans ces odeurs. Il ne prêtait plus attention au reste.
L'odeur de la nature, des fleurs… C'était doux.
Quelqu'un venait d'attraper ses poignets. Ou bien ses mains.
– …Pour… Maladie… Sépare…
Quelque chose glissa sur son pouce. Ou du moins sur l'un de ses doigts. Quelque chose de froid. Il sentait la magie l'entourer. Puissante. Envahissante. Douce.
– Dis oui, lui chuchota-t-on à l'oreille.
Il n'était pas certain d'avoir compris. Quelqu'un lui parlait.
– Dis oui, Drago, lui répéta-t-on.
Alors il s'exécuta.
– Oui.
Sa gorge était sèche et douloureuse. Ses genoux tremblaient. Il se sentait partir.
Il tenta d'ouvrir les yeux, de lutter contre l'inconscience qui l'envahissait. Il était certain que ce moment était important, sans trop savoir pourquoi. Il devait être là. Il devait faire quelque chose.
Mais il n'y arrivait pas. Le voyage l'avait épuisé. Il se sentait impuissant, vidé. Sa magie était là, mais à la fois si faible. Il était fatigué. Il voulait dormir.
Il entrouvrit une paupière et croisa un regard caramel. Ou peut-être whisky. C'était une jolie couleur.
Et voilà ! On se retrouve mardi 01/11 pour le prochain chapitre ! N'oubliez pas d'aller jeter un oeil à l'illustration du chapitre !
Merci à Lyra, Damelith, BBTea, Akhmaleone, Kat et Genny pour leur soutien *coeur coeur*.
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