Hello !

Petit intro pour répondre aux reviews anonymes. Encore un énorme merci de continuer de commenter, ça m'aide énormément *coeur coeur* !

MilkyWay : Ta review me touche beaucoup encore une fois. Je suis agréablement surprise de voir que tu prends les choses ainsi vis à vis de Harry, je crois que tu es la première personne à le faire ! Mes bêtas le surnomment "Pootter" pour te dire ahah ! Merci pour tes jolis mots ;)

Guest : Il suffisait de demander ! Voilà le nouveau chapitre :p

Bonne lecture !


Il fixait la porte depuis déjà deux heures. Assis en tailleur sur son lit, Drago n'avait pas bougé d'un poil depuis son réveil. Il n'avait même pas pris la peine d'ouvrir le bocal dans lequel son petit déjeuner l'attendait.

Il avait une toute autre motivation pour commencer sa journée et son ventre vrombissant ne l'arrêterait pas en si bon chemin.

Il s'était réveillé en sursaut d'un cauchemar des plus terribles, comme chaque nuit ces derniers temps. Il revoyait les gardes d'Azkaban, le Feudeymon de la Salle sur Demande, ou encore Nagini dévorer l'une de ses professeurs. Ses nuits étaient découpées entre réveils et cauchemars. Il ne dormait que très peu. Il n'avait pas besoin de palper son visage pour savoir que ses yeux étaient cernés.

Mais ce matin-là, il avait décidé de faire quelque chose. D'agir dans l'espoir d'améliorer son quotidien. Il ne voulait plus se contenter d'attendre Blaise ou Pansy pendant des heures. Il en était capable, c'était ce qu'il se répétait. Du moins, c'était ce qu'il espérait.

Pourtant, cela se révélait bien plus difficile que ce qu'il aurait cru. La simple idée de sortir de son lit était compliquée, inimaginable. Il l'avait fait quelques fois, histoire de découvrir une partie de son environnement à travers la fenêtre, mais cela avait été tout aussi difficile.

Affronter la grandeur du monde extérieur avait été particulièrement éprouvant. Il s'était senti si petit, si insignifiant face aux montagnes sur lesquelles la fenêtre de sa chambre donnait. C'était si grand, si loin. Il en avait eu le vertige.

Alors que cette porte… Elle était juste devant lui. En quelques pas, il pourrait poser sa main sur la poignée et l'ouvrir. En quelques pas, il pourrait améliorer son quotidien, qui se résumait en une chambre faisant la moitié de celle qu'il avait eu au manoir et le double de sa cellule à Azkaban. Mais il n'avait aucune idée de ce qui se trouvait derrière.

Il s'était imaginé tout un tas de choses, la plupart étant rationnellement impossible, mais le perturbaient tout de même. Et s'il s'agissait d'un piège ? Et si les gardes de la prison l'attendaient derrière ?

Il en tremblait rien que d'y penser.

Ne sachant pas à quoi ressemblait le reste de la maison, dans laquelle il vivait depuis dix jours – qui n'avaient été remplies que de bandages, de blessures et de cauchemars –, il appréhendait de la découvrir.

Et s'il tombait sur Granger ? Et si elle tentait une nouvelle fois de lui faire du mal ? Il ne pouvait pas se permettre de la croiser, cela ruinerait tous ses efforts, il le savait. Il fallait qu'il explore les alentours seul, ainsi, rien d'autre que ses propres pensées ne pourrait le perturber.

Et s'il croisait le gros monstre blanc qu'il avait aperçu à la fenêtre ? Il avait l'air particulièrement dangereux. Quelques jours plus tôt, Drago avait fait une longue crise de panique en s'imaginant être blessé par celui-ci.

Il lui fallait analyser plus précisément les déplacements des autres habitants de la maison. Autrement, il serait incapable de faire quoi que ce soit.

Sans même qu'il ne s'en rende compte, d'autres heures passèrent ainsi, sans qu'il ne bouge de son matelas. Tant et si bien que ce fut le bruit caractéristique d'un portoloin qui le sortit de sa fixation.

Il avait échoué. Il n'avait pas réussi à ouvrir la porte avant l'arrivée de Pansy, en fin d'après-midi.

oOo

Cette fois-ci, Drago s'était bien mieux préparé. Il avait passé deux jours à la fenêtre de sa chambre, à essayer d'apercevoir Granger et son maudit compagnon monstrueux. Il s'y était assis et n'en avait pas bougé une seule fois. Pansy et Blaise n'étaient pas venus à cause de leur charge de travail – ils l'avaient évidemment prévenu à l'avance – lui permettant ainsi de pouvoir y passer la journée.

Tout était parfait, calculé.

Il avait pu détailler le peu de terrain qu'il pouvait voir. D'après ses analyses, il y avait deux autres bâtiments en plus de la maison principale. L'un semblait bien plus grand et haut que celui dans lequel il vivait – bien qu'il n'en ait qu'un petit aperçu – alors que l'autre, pas entièrement dans son champ de vision, paraissait n'être d'un long tube vitré. A vrai dire, on aurait dit l'une des serres de Poudlard.

Le tout était entouré par des kilomètres de nature sauvage et au loin, il pouvait apercevoir des forêts et des montagnes. Aucune autre habitation, aucun village, aucun bâtiment. Rien que des hectares infinis de nature calme et pleine de vie. Il s'était demandé si les forêts étaient habitées par des créatures magiques.

D'après ses souvenirs, Blaise lui avait dit qu'ils étaient en France, dans un coin moldu. Il connaissait bien le pays, pour y être allé plusieurs fois avec ses parents dans sa jeunesse, cependant, il n'avait aucune idée de la région dans laquelle il se trouvait. Son meilleur ami ne le lui avait pas précisé.

Il savait qu'il n'y avait que quatre massifs montagneux en France : les Alpes, le Jura, le Massif Central et les Pyrénées, du moins il s'agissait des plus importants. D'après ses estimations, la maison était en altitude, puisqu'il ne faisait pas très chaud – voire même froid – en plein mois de mai. Ainsi, il jugea qu'il s'agissait probablement des Alpes, ou bien des Pyrénées, les massifs montagneux semblant plus imposant que ceux du Massif Central ou du Jura.

Il avait dû apprendre la géographie française par cœur dans sa jeunesse. Il devait rendre fier ses ancêtres, d'après son père. Il avait encore du mal à comprendre en quoi connaître le nom d'une montagne ou d'un fleuve ravirait ses ascendants.

Après quelques calculs, il savait donc à peu près où il était, ce qui n'était pas négligeable. Cela n'aidait pas à sa difficulté de sortir de la pièce, mais c'était tout de même important pour lui. Il se sentait plus à l'aise, plus familier avec son environnement. Il n'était pourtant jamais venu dans cette région de France, se contentant de visiter la Dordogne – après avoir été invité chez Théodore Nott – et la Bourgogne, où son père avait hérité d'une maison.

Après avoir analysé les alentours, du moins le peu qu'il pouvait en voir de la fenêtre, il se concentra sur les autres habitants de la maison. Après tout, c'était le plus important.

Il lui fallait savoir avec précision les moments de la journée où il aurait la voie libre. S'il le savait, il pourrait agir plus tranquillement, sans avoir à se poser d'autre question que la façon dont il ouvrirait la porte et mettrait un pied devant l'autre.

Ainsi, ne sachant pas à quelle heure Granger et son monstre blanc commençaient leurs journées, il avait profité de ses réveils causés par ses cauchemars pour attendre le lever du soleil au bord de la fenêtre. C'était devenu une petite routine. Il profitait du vent matinal sur son visage et observait le ciel s'éclaircir. Il avait ensuite l'occasion de voir les deux autres habitants de la maison sortir de chez eux.

D'après ses estimations, sachant que le soleil faisait son apparition aux alentours de six heures trente, Granger quittait son domicile à sept heures. Son horrible créature la suivait partout. Elle se rendait avant cela dans l'un des deux autres bâtiments de la résidence, mais n'y passait pas assez de temps pour que Drago puisse en profiter pour sortir de la chambre. C'était trop risqué.

Elle ne revenait pas le midi – il s'en était assuré – et rentrait en fin de journée. Il ne connaissait pas l'heure exacte, mais se promit de demander une montre à Blaise ou Pansy la prochaine fois qu'ils viendraient lui rendre visite. Il allait en avoir besoin s'il voulait être plus précis. De simples estimations ne le satisferaient pas.

Il ne s'était pas attardé sur l'immonde créature blanche – préférant ne pas s'imaginer trop de scénarios lors desquels elle l'attaquerait – , mais avait observé Granger lors des quelques secondes quotidiennes pendant lesquelles elle traversait son jardin pour rentrer chez elle, ou se rendait dans un autre bâtiment. Elle ne levait jamais les yeux vers sa fenêtre, gardait obstinément la tête baissée et se retournait toutes les dix secondes pour vérifier que sa créature blanche était toujours derrière elle.

Il la voyait parfois parler, probablement pour appeler son monstre ou lui adresser quelques mots, mais Drago ne pouvait pas discerner ce qu'elle lui disait. Il ne cherchait pas vraiment à le faire. Tant qu'elle ne dirigeait pas ses paroles vers lui, il ne s'en souciait pas. Il n'avait pas besoin d'une préoccupation de plus.

Blaise lui avait expliqué avoir isolé sa chambre du bruit extérieur et inversement. Drago n'avait évidemment posé aucune question à ce sujet, mais il s'était plusieurs fois demandé si son ami l'avait fait dans son intérêt – pour ne pas qu'il soit dérangé par le bruit que pourraient faire Granger – ou dans son intérêt à elle, histoire de lui éviter d'entendre les cris de terreur que Drago poussait lors de ses cauchemars.

Il n'avait pas non plus demandé à ce que les sorts soient retirés. Il les considérait comme une sécurité supplémentaire. Il se sentait bizarrement en confiance dans cette chambre. Blaise lui avait répété plusieurs fois que Granger n'y viendrait plus et qu'il y avait des tas de protections magiques autour de la maison. La parole de son meilleur ami avait suffi à le détendre quelque peu.

Il n'était toujours pas certain des intentions qu'avait eu Granger lorsqu'elle était venue lui rendre visite, mais il doutait de plus en plus qu'elles aient pu être néfastes. Après tout, si elle lui voulait du mal, pourquoi aurait-elle arrêté de venir le voir ?

Cependant, il ne pouvait empêcher ses autres peurs irrationnelles de refaire surface.

Il n'avait aucune certitude que quelqu'un ne viendrait pas le trouver ici pour se venger de lui et le tuer. Rien ne prouvait non plus que tout ce qu'il vivait depuis deux semaines était réel. Et s'il s'agissait d'une potion hallucinatoire que les gardes de la prison lui avaient fait ingérer ? Ou bien l'effet de l'Impero qu'on lui avait lancé ? Ou alors peut-être était-il mort, tué de sa propre main après avoir cédé à la tentation que représentait la lame de rasoir qu'on lui avait confiée ?

Des dizaines de scénarios s'offraient à lui, ne faisant que repousser le moment où il franchirait enfin la porte de sa chambre. Il avait besoin d'autres certitudes avant de se lancer.

oOo

Deux autres jours étaient passés.

Il avait réussi à demander une montre à Pansy. Elle la lui avait amenée la veille, sans discuter. Elle n'avait même pas caché sa surprise lorsqu'il lui avait adressé la parole pour la première fois. Elle n'avait pas fait de commentaire, mais il avait vu ses yeux se remplir de larmes. Il aurait voulu être capable de la prendre dans ses bras pour la rassurer, comme il l'avait fait pendant la guerre. Il en était incapable, trop effrayé à l'idée de sentir les mains de qui que ce soit sur son corps.

Il avait encore du mal avec le fait que Blaise le touche pour le soigner, alors un autre contact physique ? C'était inimaginable. Il était rassuré de voir que ses blessures se résorbaient enfin, principalement grâce au baume qu'il appliquait matins et soirs. Blaise lui avait semblé satisfait lors de sa dernière visite.

Maintenant qu'il avait connaissance de l'heure, Drago avait pu confirmer ses estimations. Granger quittait son domicile à sept heures dix. Elle rentrait à dix-neuf heures trente. Pas une minute de plus. Pas une minute de moins. C'était tous les jours la même chose.

Cela lui laissait donc douze heures et vingt minutes pour explorer le reste de la maison. C'était son objectif. Peut-être y trouverait-il quelque chose d'intéressant, quelque chose pour s'occuper et cesser de passer ses journées allongé dans son lit à ruminer et attendre l'arrivée de Blaise ou de Pansy. Il était certain de pouvoir y arriver.

Sa mission du jour était d'inspecter la porte. Vérifier qu'elle ne comportait aucune anomalie qui pourrait l'entraver dans sa mission. L'observer sous toutes ses coutures pour être certain qu'elle ne comportait aucun piège.

Il avait fait tout le reste. Son corps s'était suffisamment remis de ses blessures et différents traumatismes pour qu'il soit capable de marcher et bouger ses bras pendant une courte période. Il était bien trop faible pour se promener plus de dix minutes, mais cela serait suffisant pour ce qu'il comptait faire dans un premier temps.

De plus, les horaires lors desquels il avait le champ libre étaient clairs et précis dans son esprit. Sept heures dix, dix-neuf heures trente. Il aurait même le temps de sortir plusieurs fois de la chambre s'il en trouvait la force.

Il n'était toujours pas certain de ce qui se trouvait derrière la porte, pas plus qu'il ne savait si tout cela n'était pas qu'un simple tour de son esprit ou des gardes d'Azkaban. Cependant, il avait réussi à se convaincre qu'il n'aurait pas d'autre moyen d'être fixé qu'en sortant de la chambre.

Il essayait de ne pas trop réfléchir à la situation. Chaque fois qu'il le faisait, Drago ne pouvait pas s'empêcher de se répéter qu'il était minable. Incapable. Pitoyable. Quel homme de vingt-quatre ans n'était pas capable d'ouvrir une porte sans prendre autant de précautions ? Il préférait ne pas y penser.

Drago quitta son lit avec précaution, vêtu d'un pyjama bleu ciel à rayures qui appartenait à Blaise, et marcha lentement vers la porte. Ses mains commencèrent à trembler et il serra les poings pour les en empêcher. Il fixa ses phalanges bandées pendant quelques instants pour se remettre de ses émotions. Il sentait ses genoux prêts à le lâcher à tout instant, mais fit de son mieux pour résister. Il posa sa main sur le cadre du lit pour se maintenir debout.

La porte était à un mètre de lui seulement. Deux pas de plus et il y serait. Deux pas de plus et il pourrait lever le bras pour actionner la poignée.

Il ne le fit pas. Il resta figé, une main toujours posée sur le lit et l'autre le poing serré. Il ne prêtait même pas attention aux maux de tête qui commençaient à ressurgir. Les battements de son cœur s'étaient accélérés. Il tentait de convaincre son corps qu'il n'allait pas avancer plus loin, qu'aujourd'hui ne serait pas le jour où il franchirait cette porte, mais cela ne suffit pas à calmer son angoisse.

Ses pensées étaient tournées en catastrophe.

Et si Granger était revenue sans qu'il ne l'ait vue et qu'elle ouvrait soudainement la porte ? Et si qui que ce soit entrait dans la chambre ? Et si tout cela n'était qu'une illusion ?

Il ferma les yeux pour essayer de contrôler son angoisse. En vain. Il était retombé.

Une boule s'était formée au creux de son estomac et Drago avait compris avec les années qu'il s'agissait du signe irrévocable qu'il ne parviendrait pas à se calmer tant qu'il ne dormirait pas. Jamais il n'avait réussi à retirer ce poids plein d'angoisse autrement qu'en se couchant et se forçant à dormir. C'était un cercle vicieux. Il appréhendait cette sensation plus que l'angoisse en elle-même.

Elle était évocatrice de tant de souffrances et de mauvais souvenirs qu'elle n'était qu'instigatrice d'anxiété. Un tourbillon sans fin dans lequel il se souvenait avoir plongé chaque soir de la guerre. Seul l'épuisement parvenait à atténuer cette boule au creux de son estomac.

Alors il abandonna. La situation était devenue incontrôlable. Il préférait l'éviter. Il y reviendrait plus tard.

Il inspira un grand coup, fit un pas en arrière, puis deux, puis trois et ses genoux butèrent presque douloureusement contre le matelas. Il s'y laissa tomber, le regard fixé sur le plafond.

Sa première pensée fut tournée vers sa mère. Elle avait été la seule à réussir à le calmer lors de ses crises d'angoisses, notamment pendant la période qui avait suivi l'apposition de sa Marque.

Une larme s'écoula le long de sa joue. Il se promit d'essayer de demander à Blaise de la voir la prochaine fois.

Quelques minutes plus tard, il dormait.

oOo

Blaise lui avait envoyé un petit morceau de parchemin au lever du soleil pour le prévenir que lui et sa femme ne pourraient pas lui rendre visite avant trois jours. Cette nouvelle n'avait pas enchanté Drago, au contraire.

Lui qui avait prévu d'enfin avoir une courte discussion avec son ami – et non pas l'échange d'une simple phrase ou de quelques mots – allait se retrouver complètement seul pendant plusieurs jours.

Cela avait déjà été le cas depuis sa libération, mais jamais pendant si longtemps. Pansy et Blaise s'assuraient de lui rendre visite un jour sur deux, voire trois maximum.

Il ne sut pas vraiment comment prendre cette nouvelle information. Il passa une bonne heure à ruminer à ce propos, assis en tailleur sur son lit, le regard fixé sur la porte, comme il en avait pris l'habitude.

Finalement, il réussit à se convaincre de l'absurdité de son inquiétude. Il avait vécu sept ans seul dans une cellule, il pourrait tout de même bien se passer de ses amis pendant trois jours. Du moins, il tenta de s'en convaincre et fit de son mieux pour ne pas y réfléchir plus longtemps. S'il n'y pensait pas, il n'y avait pas de problème. Il aurait presque pu rire de la facilité d'un tel constat.

Ce sujet mis de côté, Drago put se concentrer sur son objectif principal des derniers jours : franchir la foutue porte de sa chambre. Si la veille s'était soldée par un échec total, terminant en crise d'angoisse, il ne comptait pas s'arrêter là pour autant.

Il avisa de sa montre, qui indiquait huit heures, et décida de se mettre en marche.

Il quitta les couvertures de son lit et refit l'exact même parcours que la veille. En quelques pas, il se retrouva face à la porte et prit de longues inspirations pour se motiver. Il ne comptait toujours pas l'ouvrir, pas cette fois, mais avait des projets bien précis.

Lorsque les battements de son cœur furent calmés et que sa respiration revint à la normale, il commença lentement à se baisser. Tout en se tenant au lit, il appuya un genou par terre, puis le second. L'effort lui tira quelques douleurs dans la cheville, l'épaule et le dos mais il s'efforça de ne pas y prêter attention.

Il leva ensuite doucement une main tremblante vers la porte et posa sa paume à plat sur le bois sombre. Aucune réaction. Elle n'était donc pas ensorcelée, ce n'était pas un piège.

Cela le rassura plus qu'il ne l'aurait cru.

Il souffla un grand coup, avant de se pencher en avant, jusqu'à ce que son visage soit à la hauteur du dessous de la porte. Il l'avait assez observée de loin pour savoir que l'espace entre celle-ci et le sol était suffisant pour qu'il puisse voir quelque chose à travers.

Les battements de son cœur s'accélérèrent une nouvelle fois lorsqu'il approcha la petite fente. De la lumière s'en échappait, légère mais suffisamment forte pour laisser un halo sous la porte.

Il avança sa main jusqu'à celle-ci, les doigts tremblants, pour les passer dans la fente. Aucune réaction non plus. Il déglutit et ferma les yeux. Il fallait qu'il calme l'emballement de son rythme cardiaque.

Il se lança ensuite dans l'étape la plus difficile de son périple : jeter un œil sous la porte. Il se rappelait encore l'avoir fait à son arrivée à Azkaban, sans grand succès. Puis à son changement de cellule, lorsqu'il avait enfin eu accès à de la lumière, il n'y avait cependant rien vu non plus.

Tout un tas d'hypothèses s'offrirent à lui alors qu'il baissait la tête, mais il s'efforça de les mettre de côté. Il inspira un grand coup.

Rien. Il n'y avait rien. Absolument rien.

La seule chose qu'il arrivait à voir était un tapis, qui lui bouchait en partie la vue. Il réussit à apercevoir les pieds de ce qui ressemblait fortement à un siège, mais rien d'autre.

Il se redressa, à la fois déçu et rassuré.

À quoi s'était-il attendu ?

Un piège, lui suggéra sa conscience, ou bien à des indices sur l'endroit où il vivait, ou encore à ce que quelqu'un l'y attende. Mais il n'y avait rien. Ce qui n'avait rien… d'anormal.

Il se laissa tomber contre le contour de lit et se prit la tête dans les mains. Il se sentait tellement idiot d'être incapable de rester calme à cause d'une simple porte. Il se trouvait faible.

Faible. Minable. Pitoyable.

oOo

C'était le jour-J. Le jour tant attendu.

Il s'était préparé pendant des heures, n'avait pratiquement pas dormi tant il était stressé et avait même programmé mentalement chacune des étapes qu'il aurait à franchir. Il n'avait pas vu le temps s'écouler.

Deux jours étaient passés depuis qu'il avait regardé sous la porte. Juste le temps de s'en remettre, de se motiver et de prendre sur lui. Il ne s'était pas senti prêt à le faire avant, cela avait été trop dur. Son angoisse était revenue plus forte que jamais et ses pensées tournées vers sa mère s'étaient faites plus fréquentes.

Il avait beaucoup réfléchi à ce propos. Depuis sa sortie de prison, il n'avait pas entendu parlé d'elle une seule fois. Aucune lettre, aucune visite, pas même de mention de la part de ses amis.

Mais il était dans un déni profond. Il ne voulait rien envisager. Il restait persuadé que cela ne tarderait pas, qu'elle viendrait le voir ou lui enverrait bientôt une lettre. Elle devait être occupée. Elle avait dû trouver du travail, ou une nouvelle activité quelconque. Car il n'y avait pas d'autre explication, n'est-ce pas ?

Il se tenait face à la porte, les yeux fermés, la respiration calme. Il faisait de son mieux pour la garder lente depuis quelques minutes déjà.

Il lui faudrait être précautionneux. Prendre son temps. Il avait toute la journée. Il était huit heures, Granger était partie, son monstre blanc aussi, il était donc tranquille.

Il rouvrit les yeux, résolu, puis tendit lentement la main vers la poignée.

Lorsqu'il entra en contact avec le métal froid, il frissonna malgré lui. Il ne put cependant pas déterminer si c'était à cause du stress ou bien de la température. Probablement la première option.

Il actionna la poignée avec lenteur, principalement car sa main tremblait bien trop pour qu'il puisse le faire plus rapidement.

Le bruit que fit la porte en se débloquant le prit par surprise et il sursauta. Il se souvenait parfaitement du son, très similaire à celui-ci, que faisait la porte de sa cellule en s'ouvrant. Il espérait que celle-ci ne grincerait pas.

Elle ne le fit pas. Elle était très légère, si bien qu'il eut à peine besoin de tirer sur la poignée pour qu'elle s'ouvre. Peut-être même trop rapidement à son goût.

Sans pouvoir s'en empêcher, il ferma vivement les yeux à son ouverture. Comme si son corps s'était attendu à recevoir un coup. Ce que son esprit avait lui aussi appréhendé.

Mais rien. Toujours rien.

Tu es en sécurité ici, lui rappela la voix de Blaise.

Il rouvrit les yeux, le regard chargé de peur. Des jours d'angoisse à la simple idée d'ouvrir cette porte. Il y était.

La porte donnait sur ce qui semblait être un couloir, dans lequel il n'osa pas s'aventurer. Son cœur battait rapidement et une boule d'anxiété commençait à se former dans son estomac. Il avait fait bien assez pour aujourd'hui.

Un siège en velours noir lui faisait face. Quatre pieds en bois sombre, il avait eu raison.

Le tapis était d'un bleu très foncé, presque noir. Il était disposé juste devant sa porte, en demi-cercle. Il avait quelques motifs de losanges blancs dessus. Neuf, d'après les comptes de Drago.

Il n'osa pas regarder ailleurs ni plus loin. C'était suffisant. Il ne pourrait pas supporter de faire plus.

Il fit un pas en arrière et ferma la porte, avant de se laisser glisser jusqu'au sol contre celle-ci.

Sans pouvoir le contrôler, il éclata en sanglots, qu'il étouffa en plaquant ses mains sur sa bouche. Il s'était contenu tout le long de cette épreuve, tentant de faire bonne figure.

Pour qui ? lui susurra sa conscience.

Mais désormais qu'il avait réussi, sans être blessé, tué, ou quoi que ce soit, ses émotions débordaient.

Il avait réussi.


Ce chapitre a été illustré. Comme je ne peux pas mettre d'image ici, vous pourrez la retrouver sur mon instagram "novafrogster", sur Wattpad, Twitter ou Ao3 (liens dans ma bio).

Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Kat, Lyra, Damelith, BBTea, Genny et Akhmaleone pour leur aide et soutien ! On se retrouve dimanche 11/12 pour la suite ! N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !