Drago ne s'y était pas réessayé. Il se contentait de laisser la porte ouverte et de s'asseoir sur son lit pour le reste de la journée. Il la refermait cinq minutes avant le retour de Granger. Il ne voulait pas risquer de perdre tous ses progrès.

Alors il se contentait d'observer le morceau de couloir auquel il avait accès. Personne n'y passait, il était décidément seul. Cela avait calmé une partie de ses inquiétudes, il n'angoissait plus au moindre craquement de mur ou en entendant le vent frapper les fenêtres de la maison. Malgré tout, il restait incapable de faire plus.

En deux jours, il avait été tenté plusieurs fois d'aller fermer la porte en plein milieu de la journée, trouvant cette ouverture bien trop difficile à vivre, mais s'était retenu. Il attendait le retour de Granger. Cela vaudrait le coup, il le savait. Comment ? Il n'en avait aucune idée, mais au plus profond de lui, Drago sentait qu'il en serait satisfait plus tard.

Son prochain défi serait de s'asseoir sur le fauteuil qu'il avait passé des heures à détailler. Un velours noir, très élégant, et qui semblait particulièrement confortable. Quatre pieds, deux accoudoirs, quelques fils qui dépassaient des vieilles coutures. En faisant cela, sans aller plus loin, il aurait l'occasion de voir le reste du couloir. Peut-être y découvrirait-il des choses intéressantes, des choses qui le feraient avancer, qui l'occuperaient.

Car si ses journées étaient remplies de ruminations et de tortures cérébrales qu'il s'infligeait lui-même, Drago commençait tout de même à s'ennuyer. Il tournait en rond dans cette petite chambre.

Néanmoins, faire ce pas en avant ne serait pas simple, il en était conscient. Il aurait probablement besoin d'une semaine complète avant d'y parvenir, mais il était déterminé. Il s'assiérait sur ce fauteuil.

Alors qu'il finissait le bocal contenant son déjeuner, le bruit significatif d'une apparition en portoloin résonna au beau milieu de la chambre. Il faillit lâcher le récipient sous la surprise. Il tourna vivement la tête vers Pansy, qui venait d'apparaître au bout de son lit.

– Bonjour, bonjour ! s'exclama-t-elle en sortant de son sac des tas de bocaux en verre, qu'elle déposa sur la table de nuit. Désolée, j'ai un peu de retard, la cuisson des courgettes a été plus longue que prévu. Je t'ai préparé de quoi manger pendant quatre jours, même si normalement je repasserai avant.

Drago la suivit du regard, alors qu'elle retirait son gilet et s'installait confortablement dans un fauteuil qu'elle venait de faire apparaître magiquement. Les battements rapides de son cœur se calmaient petit à petit. Pansy commença ensuite son petit monologue, comme chaque fois qu'elle lui rendait visite. C'était devenu une habitude pour lui, une chose qu'il connaissait. Elle parlait et il l'écoutait attentivement.

Contrairement à Blaise, elle ne se gênait jamais pour le faire, pas le moins du monde dérangée par le fait qu'il ne réponde pas. C'était comme si elle profitait de ces moments à deux pour s'étendre encore et encore sur sa vie. Une sorte d'échappatoire, se disait Drago.

– J'ai eu une de ces semaines ! Je crois avoir peut-être trouvé un acheteur pour la boutique, mais nous n'avons pas encore signé de promesse de vente, donc je reste sur mes gardes. D'après ce que j'ai compris, il veut en faire un centre de paris de Quidditch, c'est la nouvelle mode. Maintenant que les équipes nationales sont de nouveau actives, les gens se battent pour se faire de l'argent. Je me demande pourquoi ce n'était pas autant le cas avant. Comme si soudainement, tout le monde comprenait que le sport est un moyen de se faire du fric !

Drago se fit la réflexion qu'il aurait aimé pouvoir suivre l'actualité sportive, mais n'en fit pas la remarque. Il avait une toute autre idée en tête. Il devait réussir à parler de sa mère, il devait réussir à ouvrir la bouche, à communiquer. C'était son seul objectif. Il y pensait depuis quelques jours. Il n'écoutait qu'à peine Pansy.

– Enfin, peu importe, tant que je lui vends la boutique, il peut en faire ce qu'il veut, soupira-t-elle en ouvrant la fenêtre de la chambre d'un coup de baguette et en sortant une cigarette.

Drago l'observa faire en silence. Elle fumait toujours lorsqu'elle venait le voir. Cela ne l'avait jamais dérangé, au contraire. Cela lui manquait, il se rappelait d'à quel point fumer l'avait aidé à se détendre en sixième année. Peut-être son corps était-il légèrement accro à cette odeur, il n'en savait rien.

De toute manière, il était concentré sur autre chose. Il se répétait en boucle sa question.

– Blaise m'a aidée tout le week-end à feuilleter les lois qui concernent Azkaban et les prisonniers libérés. Au départ, je voulais me concentrer uniquement sur…

Il avait complètement lâché. Son regard était focalisé sur la porte ouverte. Pansy avait-elle vu que la porte était ouverte ? Pourtant, elle l'était. Il avait ouvert la porte. La porte était ouverte. Elle aurait dû le remarquer ! C'était nouveau, il avait ouvert la porte.

Depuis quand avait-il autant besoin des félicitations de Pansy ?

Mais ce n'était pas tout. Cette porte… Sa mère ne l'avait jamais traversée. Et cela créait en lui un profond vide. Elle l'avait abandonné. Sa mère n'était pas là. Elle n'était jamais venue le voir. Il en tremblait. Il voulait qu'elle le félicite aussi ! Qu'elle le serre dans ses bras et le réconforte pour toutes ces années passées seul loin d'elle.

Il tenta de serrer ses mains sur ses genoux pour les immobiliser, mais ce fut un pur échec. Il entrait en transe.

Il était seul. Sa mère n'était pas venue. Elle ne l'aimait plus. Elle ne l'avait peut-être jamais aimé. Il n'avait personne.

Pansy dut enfin remarquer qu'il était ailleurs, car il entendit vaguement son prénom. Il ne répondit pas.

La porte était ouverte. La porte était ouverte. Elle aurait dû le voir. Il faisait soudainement très froid, il y avait une sorte de courant d'air. Cela venait forcément de la porte. Peut-être qu'un garde avait volontairement lancé un sort dans la cellule pour qu'il fasse moins chaud ? Un garde venu le torturer. Lui faire du mal.

Mais il n'était pas à Azkaban. Alors où était-il ? Et sa mère, où était-elle ?

Il braqua soudainement son regard dans celui de Pansy et explosa.

– Où est ma mère ? lâcha-t-il en se redressant sur le lit et en s'approchant d'elle par-dessus le matelas.

Il tremblait de tout son corps. Son cœur battait la chamade. Il hyperventilait. Son regard était fou.

Il était parti.

oOo

Pansy s'immobilisa en l'entendant poser sa question.

Il venait de lui adresser la parole pour la deuxième fois depuis sa sortie de prison. Elle entendait sa voix à nouveau. Il lui avait parlé. Cette voix grave et vibrante, rendue rauque par des jours sans parler. Cette voix qu'elle aurait tout de même reconnue entre mille. La voix de son meilleur ami.

Cependant, elle réalisa bien trop vite la signification de ses mots et un poids tomba dans son estomac. Ce que Blaise et elle appréhendaient depuis presque un mois était arrivé. Ils n'avaient pas parlé de Narcissa, dans l'attente que Drago le fasse par lui-même, le temps qu'il se remette de ses émotions.

Elle ne pouvait pas imaginer le chagrin que traverserait Drago. Lui qui, elle le savait, aimait sa mère plus que tout au monde.

Malgré tout, elle resta totalement muette. Elle n'avait aucune idée de quoi dire. Elle voyait déjà que son état était catastrophique. Qu'adviendrait-il de lui lorsqu'il apprendrait le décès de sa mère ?

Elle le voyait pratiquement convulser sur le lit, mais ne bougeait pas. Elle était paniquée. Elle aussi commençait à trembler. Elle ne savait pas quoi faire. Il avait perturbé tous ses plans. Elle était venue lui parler de ses projets, lui prouver qu'elle et Blaise agissaient dans l'intérêt de ses pairs, mais certainement pas d'affronter une telle chose.

Elle se mit à sangloter, incapable de faire quoi que ce soit d'autre. Elle plaqua une main sur sa bouche.

– Je suis désolée, je suis désolée, Drago, je suis désolée, répéta-t-elle en boucle, en tendant une main impuissante vers lui.

Il s'était recroquevillé sur lui-même, tout tremblant. Ses yeux étaient révulsés. Elle ne l'avait jamais vu ainsi. C'était comme s'il était possédé par ses démons les plus profonds. Une crise de panique des plus puissantes. Elle était complètement figée par la peur et l'angoisse.

– Où est-elle ? demanda-t-il à nouveau, d'une voix à peine audible. Où est ma mère ? répéta-t-il en tentant de contenir les soubresauts de son corps.

Cela ne fit qu'alimenter l'état déplorable de Pansy. Elle se blottit dans son siège et posa un doigt sur son alliance, qu'elle frotta légèrement. Elle était incapable de faire quoi que ce soit d'autre.

– Je suis désolée, répétait-elle. Elle est morte, je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée…

oOo

Blaise serra la main de l'un de ses supérieurs et le salua avant de quitter son bureau d'un air abattu.

Encore un échec.

Il venait de passer plus de deux heures en rendez-vous avec l'un des membres du Magenmagot appartenant au parti conservateur, pour qu'il appuie sa prochaine proposition de loi. Il avait bien entendu encore refusé.

Blaise souhaitait alléger la peine minimale des mangemorts à douze ans. Un combat qu'il menait depuis près d'un mois. Une fois fait, cela permettrait notamment à Gregory Goyle d'être libéré, mais aussi à alléger les peines importantes de certains mangemorts, et celles de ceux ayant été libérés. Il trouvait les conditions de la prison tellement inhumaines qu'il en venait à compatir avec ceux qui y seraient enfermés pour plus de cinquante ans.

Mais ce qui lui importait le plus était que les divorces seraient donc possibles plus tôt.

Il avait ouï dire dans les couloirs du ministère que Percy Weasley – avocat reconnu lui aussi, mais défendant le parti des anti-pardons – s'était battu corps et âme avec Lavande Weasley pour obtenir l'enfermement prolongé de Fenrir Greyback.

Blaise n'avait pu s'empêcher de sourire en l'apprenant, malgré son dégoût prononcé pour Percy et Lavande. Greyback était connu pour tant de malheurs touchant de nombreuses familles que le jeune homme s'était fait un plaisir d'envoyer un courrier – bien que légèrement hypocrite – à son confrère Weasley pour le féliciter pour sa plaidoirie. Il était bien le seul Mangemort pour lequel il n'avait aucune compassion en pensant à l'horreur qu'il devait vivre à Azkaban.

Qu'il pourrisse en enfer.

Il avait aussi entendu parler de la libération d'Adrian Pucey, grâce à son avocate Katie Bell, dont il aurait épousé la sœur cracmole, Elisabeth Bell, désormais Pucey. Cette nouvelle avait fait jaser les médias. Tout comme l'annonce du mariage du Sauveur avec le fils de l'un des plus grands assassins mangemorts, Théodore Nott, ou encore celui de la fille du "Trio d'Or", Hermione Granger, et du tristement célèbre Drago Malefoy.

Si Blaise avait, au départ, voulu défendre le nom de ses clients face à la presse, sa femme l'en avait dissuadé. Ils devaient rester concentrés sur leur objectif principal et ne pas s'éparpiller sur de telles futilités. De plus, cela pourrait les desservir.

Rita Skeeter avait signé la plupart de ces articles. Étant elle-même membre du parti anti-pardon, elle s'était fait un plaisir de rédiger des tas de unes pour cracher sur les avocats de mangemorts, le Magenmagot, le Ministre, ou bien les mangemorts eux-mêmes. La liberté de la presse, revendiquait-elle.

Blaise aurait rêvé de se venger de toutes les calomnies qu'elle avait pu dire à son sujet, celui de sa femme ou bien de ses clients, notamment en dénonçant son statut d'animagus illégal publiquement. Pansy l'avait vite remis sur le droit chemin, encore une fois.

Il avait donc fini par s'allier avec Luna Lovegood, toute nouvelle Directrice du Chicaneur, après le décès malencontreux de son père lors de sa chasse au Ronflak Cornu. Bien qu'il n'appréciait nullement la Serdaigle, à cause de ses bizarreries et de son aptitude à ne jamais rien écouter de ce qu'il lui disait, il n'avait pas eu d'autre choix que d'en appeler à ses "talents" de journaliste pour défendre ses principes et ses combats.

Il avait d'ailleurs rendez-vous avec elle dans une quinzaine de minutes pour discuter du prochain article, mais il fut stoppé dans sa marche lorsqu'il sentit son alliance vibrer magiquement autour de son annulaire.

Il écarquilla les yeux et les battements de son cœur s'accélérèrent.

Il n'existait qu'une seule explication à ce phénomène : Pansy avait un problème.

Et Pansy n'avait jamais de problème. Pansy allait bien. Elle devait aller bien. Elle allait bien, n'est-ce pas ?

En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire, il se mit à courir dans les couloirs du Ministère et bouscula les gens sur son passage. Il lui fallait rejoindre l'Atrium au plus vite. Il ne faisait même pas attention aux insultes des sorcières et sorciers qu'il avait poussés, ni même aux regards surpris des autres.

Il savait que Pansy était avec Drago pour le déjeuner. Il lui fallait faire vite. Très vite. Cela ne pouvait pas attendre.

– Poussez-vous ! criait-il en se ruant vers les ascenseurs.

Heureusement pour lui, les portes qui menaient à l'un d'entre eux s'ouvrirent devant lui et il entra à toute vitesse. Il appuya une dizaine de fois sur le bouton pour que l'ascenseur démarre.

Lorsque celui se mit en marche, des tas d'hypothèses lui vinrent à l'esprit.

Granger l'avait attaquée. Granger avait attaqué Drago. Albert avait mordu Pansy. Albert avait mordu Drago.

Drago avait fait une bêtise. Drago était mort. Drago était blessé.

Pansy était blessée. Pansy avait fait une bêtise. Pansy était morte.

Cette dernière supposition lui donna le tournis.

La panique coulait dans ses veines tel un venin. Il avait mal au crâne et tapait si rapidement du pied qu'il se demanda comment l'ascenseur pouvait encore fonctionner.

Finalement, celui-ci s'arrêta enfin et sa course put reprendre. Il se hâta de rejoindre les cheminées de l'Atrium, non sans bousculer des tas d'autres sorciers et sorcières au passage. C'était bien le dernier de ses soucis. Il n'en avait plus rien à faire. On aurait pu le virer sur le champ et il aurait simplement répondu qu'il voulait voir sa femme.

Lorsqu'il fut enfin entouré de grandes flammes vertes, il laissa un soupir s'échapper de ses lèvres. Il y était presque. Plus que quelques secondes et il l'aurait rejointe.

Il arriva dans leur appartement et se dirigea à toute vitesse vers l'un des portoloins que le ministère lui avait autorisés. Avec un simple sort, il le déclencha.

Une minute plus tard, il eut la sensation que son nombril était tiré vers l'arrière.

Les pleurs de sa femme atteignirent ses oreilles aussitôt eut-il posé les pieds au sol et sa panique ne fit qu'augmenter. C'était l'un des sons qu'il détestait le plus au monde. Si une créature magique émettant les bruits les plus effrayants de ses victimes existait, ils auraient probablement ressemblé aux pleurs de son épouse.

Son regard était fou alors qu'il la cherchait. Lorsque, finalement, il posa les yeux sur elle, il se rua vers elle et tomba à genoux.

– Que se passe-t-il ? Tu es blessée ? Tu as mal quelque part ? Pans', réponds-moi, l'implora-t-il en attrapant ses mains.

Elle sanglotait si fort et rapidement qu'il se demanda comment elle parvenait à reprendre son souffle. Sa baguette était dégainée, juste au cas où.

Il se redressa et attrapa son visage en coupe, posant ensuite son front contre le sien. Il était terriblement inquiet. Rien d'autre n'importait qu'elle en cet instant.

– Pans', mon amour, réponds-moi. Que se passe-t-il ? murmura-t-il en caressant doucement ses joues.

– J…J'arrive pas à–à arrêter de… de pleurer, répondit-elle en attrapant ses poignets.

– Est-ce que tu as mal quelque part ? Est-ce que tu es blessée ? demanda-t-il après avoir hoché la tête d'un air compréhensif.

Il lui fallait rester calme. Pour elle.

– N…non…

Il soupira de soulagement et se laissa quelques secondes de répit pour reprendre ses esprits.

Elle allait bien. Elle était en bonne santé.

Il continua de caresser ses joues avec ses pouces et embrassa son front.

– Est-ce qu'il s'est passé quelque chose ?

Elle hocha la tête entre ses paumes, incapable de dire quoi que ce soit. Elle se calmait peu à peu et ses sanglots s'étaient arrêtés, mais sa respiration restait rapide.

– Quelqu'un t'a fait du mal ?

Elle secoua la tête.

– Est-ce que c'est à propos de Drago ?

Elle s'immobilisa tout contre lui, avant d'éclater en sanglots à nouveau. Elle tomba dans ses bras, pleurant à chaudes larmes, le visage blotti contre ses robes d'avocat.

Blaise comprit alors qu'il avait vu juste. Si ses angoisses s'étaient calmées l'espace d'un instant, elles revenaient au galop. Si Drago était touché, d'une quelconque façon, il ne s'en remettrait pas non plus. Pas maintenant. Pas après tout ce qu'il s'était passé. Pas encore. Il ne pourrait pas supporter de revivre la panique qu'il avait ressentie en retrouvant son meilleur ami en sang, dans sa chambre.

Ainsi, tout en frottant doucement le dos de sa bien-aimée, il leva la tête et la tourna vers le lit de la chambre. Il vit alors, pour la première fois depuis son arrivée, que Drago était recroquevillé sur lui-même par-dessus les couvertures, le corps agité de tremblements.

Il déglutit. Encore. Il le retrouvait encore dans un état pitoyable. Il était maudit.

Par Merlin, que s'était-il passé…

Il attrapa sa femme sous ses genoux et son dos et la porta jusqu'au lit, sur lequel il la déposa, à droite de Drago. En marchant, il remarqua que la porte de la chambre était ouverte.

Il fronça les sourcils. Ce n'était pas normal. Était-ce la cause de tout ce grabuge ? Granger était-elle revenue ici ?

Il s'accroupit près de Pansy après l'avoir allongée et réfléchit à la question en caressant sa joue doucement pour la calmer.

Drago semblait complètement paniqué, tout sanglotant et agité. Il était en pleine crise de panique, Blaise le reconnut immédiatement. Il avait vu tant de proches en faire après la guerre qu'il était devenu presque habituel pour lui de les gérer.

Il savait ce qu'il lui restait à faire. Il ne pourrait pas agir autrement, il le savait. Il dégaina sa baguette et lança un sort d'attraction.

Au loin, on put entendre quelques bruits de casse et de verre, avant que deux fioles remplies d'une potion bleu nuit atterrissent dans la paume ouverte de Blaise. Des potions de sommeil sans rêves.

Il attrapa le visage de sa femme, embrassa tendrement son front et caressa ses joues.

– Tout va bien, mon amour. Je suis là, murmura-t-il avant d'entrouvrir ses lèvres avec son pouce pour lui administrer la potion.

Il attendit patiemment jusqu'à ce qu'elle s'endorme, des sillons de larmes sur les joues.

Il soupira un grand coup, avant de faire le tour du lit et d'en donner à Drago. Bientôt, les sanglots et les respirations rapides n'étaient plus qu'un vague souvenir.

oOo

Hermione aperçut enfin sa maison au bout du chemin, suivie de près par Albert. Elle était épuisée. Sa journée avait été particulièrement longue, notamment après avoir dû ranger tous les livres de sa dernière commande dans les étagères de la boutique.

Elle n'avait donc qu'une envie : se blottir sous les couvertures de son lit et dormir pendant des heures, voire des jours. Elle n'avait même pas la force de se faire à manger. Elle n'avait pas faim de toute manière.

Comme souvent ces derniers jours, elle loupait la plupart des repas. Elle mangeait lorsqu'elle sentait que son corps était à la limite de l'épuisement total. Elle n'avait pas fait de courses depuis une semaine et ne prévoyait pas d'en faire avant un moment. Au final, Malefoy mangeait bien plus qu'elle. Pourtant, les placards étaient encore bien remplis, la viande étant la denrée principale à se vider petit à petit, à cause des repas d'Albert.

Elle devrait d'ailleurs se contenter de lui servir sa gamelle, avant d'enfin pouvoir se coucher. Elle rêvait de son lit depuis que le facteur était passé à sa boutique, laissant éclater sa bonne humeur entre les murs de sa libraire.

Alors qu'elle ouvrait le portail de sa maison, elle sortit son paquet de cigarettes de sa sacoche en cuir et en alluma une, qu'elle plaça entre ses lèvres. C'était son petit quotidien ces derniers jours. Une cigarette en rentrant du travail, pour bien finir sa journée. Un bon moyen de se détendre, bien qu'insuffisant comparé aux philtres calmants.

En s'approchant de la porte d'entrée, elle fronça les sourcils en découvrant de la lumière dans le salon. Avait-elle laissé allumé en partant ?

Elle serra les doigts autour de sa baguette, subitement inquiète. Elle s'imaginait déjà avoir été envahie par des créatures des ténèbres ou des mages noirs. Et si des mangemorts l'avaient retrouvée ? Et l'on était venu la tuer ? Et si…

Elle grinça des dents. Elle était terrifiée. Elle sentait ses doigts de pieds se recroqueviller dans ses chaussures inlassablement. Son cœur battait la chamade.

Albert dut sentir sa soudaine peur, car il commença à grogner doucement.

Elle inspira longuement, avant d'ouvrir violemment la porte et de braquer sa baguette en direction de potentiels assaillants.

Expelliarmus, lança nonchalamment Zabini, installé dans l'un de ses fauteuils.

Aussitôt, Hermione sentit une panique énorme l'envahir. Sa cigarette tomba d'entre ses lèvres et s'échoua sur le carrelage. Son sang pulsait à ses oreilles et elle cherchait une issue du regard. Elle était désarmée. Albert aboyait fortement en s'approchant à pas de loup de Blaise, les crocs sortis.

– Calme ton chien et viens t'asseoir, Granger. Nous avons à parler.

Elle braqua son regard paniqué dans le sien. Elle serra les poings, déjà sur la défensive.

– Qu'est-ce que tu fais là ? Comment oses-tu me désarmer dans ma propre maison ?

– Assieds-toi, Granger. Ne me fais pas répéter une troisième fois, ordonna-t-il d'un ton froid et sévère.

Il pointait toujours sa baguette sur elle et Hermione déglutit.

Elle ne pouvait rien faire. Il pourrait blesser ou assommer Albert avec un simple sort, il ne lui serait donc d'aucune utilité. C'était affreux. Elle était perdue. Elle avait envie de pleurer, de crier. Tout cela n'avait été qu'une erreur, elle n'aurait jamais dû lui faire confiance. Elle était terrifiée.

Alors elle se résigna, bien que paniquée.

Elle qui pensait que Zabini était un ami, quelqu'un sur qui elle pouvait compter et dont elle ne devait pas avoir peur… Elle s'était visiblement trompée.

– Couché, Albert, murmura-t-elle à son chien d'une voix tremblante.

Toute combativité était portée disparue.

Elle se traîna, tremblante, jusqu'au canapé qui faisait face à Blaise et s'y installa, inconfortablement. Elle tapait du pied, sans cesser de chercher du regard un moyen de se tirer d'affaire. Ses doigts tremblaient de manière incontrôlable. Elle se sentait au bord de l'évanouissement.

Elle s'imaginait déjà devoir déménager pour ne pas être retrouvée. Du moins, si elle restait en vie…

– Qu'as-tu fait ? demanda brusquement Blaise, en la menaçant gestuellement avec sa baguette.

Elle fronça aussitôt les sourcils, plus confuse et apeurée qu'autre chose. Elle ne comprenait rien. Elle était terrifiée.

– De quoi tu parles ? demanda-t-elle d'une voix tremblante, des larmes se formant dans ses yeux.

– Ne te fous pas de moi, Granger !

Ses yeux débordèrent alors qu'elle cherchait à comprendre ce qu'il voulait dire. Elle ne comprenait rien.

– Je… Je…

– Explique-moi pourquoi j'ai retrouvé ma femme et mon meilleur ami dans un tel état ! beugla-t-il en se levant, perdant tout self-control.

Elle se recroquevilla sur elle-même en le voyant s'approcher ainsi. Elle ne comprenait rien. Albert commença à aboyer et à se mettre en travers de son chemin, mais Blaise l'immobilisa avec un sort sous la colère. Il n'avait plus aucune pitié. Il était enragé.

– Je ne sais… Je ne sais pas, sanglota Hermione en se cachant derrière ses coudes. Je t'en supplie, je n'ai rien fait !

Elle pleurait fortement, complètement défaite et paniquée. Albert était allongé sur le sol, comme mort. Elle n'arrivait pas à encaisser tout ce qu'il se passait. C'était un cauchemar. Elle allait se réveiller, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?

– Menteuse ! La porte était ouverte ! La… La porte était ouverte, répéta-t-il avec moins de conviction en s'approchant à nouveau.

– Je ne sais pas, pleura-t-elle en se blottissant contre le fauteuil.

Du coin de l'œil, elle le vit s'immobiliser. Elle voulait disparaître, que tout s'arrête. Elle n'en pouvait plus. Elle avait l'impression que son cœur allait quitter sa poitrine d'une seconde à l'autre.

– Tu ne sais pas ? demanda-t-il d'un ton moins agressif.

– Non, promit-elle en tremblant de peur.

– Je…

Il se tut.

Elle ne fit que sangloter davantage, terrifiée à l'idée qu'il puisse lui faire du mal. Elle ne pouvait rien faire.

– Je… Désolé, murmura-t-il avant qu'elle n'entende le craquement d'un transplanage.

Lorsqu'elle releva doucement la tête, il avait disparu.


Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra, Damelith, Genny et Akhmaleone pour leur aide et soutien !

On se retrouve vendredi 16/12 pour la suite !

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