/!\ TW : pensées suicidaires


Un mois plus tard

Hermione était allongée sur une grosse pierre, au bord du ruisseau qui longeait son terrain. Elle venait de s'y laver et séchait tranquillement sous le soleil de fin de journée, une cigarette entre les lèvres, la main droite plongée dans le pelage blanc et trempé d'Albert.

En plein week-end, elle avait l'occasion de prendre du temps pour elle en dehors de la librairie. Elle aimait sa routine là-bas, mais commençait à fatiguer, comme chaque fin de semaine. Elle accueillait donc les dimanches les bras grands ouverts.

Elle s'était tuée à la tâche, allongeant ses journées de travail jusqu'à bien plus tard et quittant sa maison avant même le lever du soleil. Elle voulait passer le plus de temps loin de chez elle. Elle ne s'y sentait plus chez elle.

Depuis que Blaise l'avait attendue dans son salon et menacée de sa baguette, elle n'osait pratiquement plus y mettre les pieds. C'était un souvenir traumatisant. Elle se débrouillait pour passer le moins de temps possible dans la cuisine, préparant juste ce qu'il fallait à ses animaux, s'occupant de son potager, puis grimpant à l'étage pour avaler des potions de nutrition et de sommeil sans rêves.

Ainsi, elle n'avait pas le sentiment d'y passer trop de temps. Elle se servait de la maison uniquement pour dormir, telle une chambre qu'elle emprunterait pour une nuit. Elle n'était plus chez elle.

Les week-ends, elle sortait, s'occupait de ses chevaux, d'Albert, allait faire des courses au village, ou bien passait ses journées dans la forêt et au ruisseau.

Hermione n'avait eu aucune nouvelle de ses amis depuis près d'un mois. N'ayant pas répondu à la lettre de Harry, elle supposait que celui-ci n'avait pas souhaité en renvoyer inutilement. Elle n'avait pratiquement jamais répondu à celles de Ginny et celle-ci avait arrêté d'en envoyer aussi. Quant aux Zabini, elle ne les avait pas croisés une seule fois.

Enfin…

Pansy avait tenté plusieurs fois de l'approcher pour lui parler, mais Hermione avait fermement refusé, la menaçant avec sa baguette comme le mari de la Serpentard l'avait fait avec elle. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec eux. Elle était trop en colère.

Ils avaient gâché sa vie.

Blaise n'avait pas montré le bout de son nez, et heureusement. Hermione était bien consciente qu'il continuait de rendre visite à Malefoy, mais faisait de son mieux pour l'ignorer. Elle tentait de se persuader qu'elle habitait seule et que la chambre d'ami la plus proche de la salle de bain était condamnée et inutilisable. C'était pour le mieux.

Elle fermait les yeux. Elle ne voulait pas savoir.

Elle n'avait de toute manière plus la main sur ce qu'il s'y passait. On le lui avait suffisamment répété. Elle ne pouvait rien faire et ne voulait rien faire.

Alors elle s'imaginait vivre seule, dans une trop grande maison, comme elle l'avait fait pendant près de six ans.

Ce furent les grognements d'Albert à sa droite qui lui rappelèrent qu'elle n'était pas totalement seule. Elle tourna la tête vers lui et sourit en lui caressant le museau.

– J'ai prévu de préparer quelques potions cet après-midi, lui annonça-t-elle en braquant son regard vers le ciel et en soufflant une longue fumée blanche vers celui-ci.

Elle la regarda s'échapper vers la forêt et se dissoudre dans l'air, avant de reprendre.

– Je sais que tu ne supportes pas vraiment les vapeurs qui s'en échappent alors je te laisserai aller te promener pour la fin de journée, d'accord ?

Elle ne reçut qu'un aboiement en réponse.

– Je prends ça pour un oui, ajouta-t-elle avec un sourire. Avec ce que j'ai plus ou moins réussi à faire pousser dans le potager, je devrais avoir de quoi faire de bonnes potions de sommeil sans rêve cette fois. J'ai compris pourquoi les feuilles de verveine étaient moins belles ces derniers temps : je ne mettais pas assez d'engrais magique. Maintenant qu'elles sont bien vertes, les potions devraient être plus efficaces.

Elle se tut quelques secondes et se mordilla la lèvre.

– Même si j'ai perdu la main, il me reste une bonne partie de mes talents en botanique. Je ne mériterais pas un O pour mon potager, mais je m'en sors, reprit-elle sarcastiquement.

Albert était son meilleur conseiller, malgré son mutisme. Il l'écoutait, il l'accompagnait et Hermione pouvait ainsi se livrer sur son quotidien. Elle parvenait même à tirer les conclusions adéquates aux différentes situations, simplement en lui parlant.

Il était son meilleur ami.

Une fois sa cigarette terminée, Hermione se décida enfin à se mettre en action. Elle l'écrasa et se leva, en prenant garde à ne pas glisser sur la pierre.

Elle se rhabilla rapidement et, toujours accompagnée d'Albert, se mit en marche vers sa maison. Le soleil de juin était encore doux et l'altitude des montagnes leur offrait une température agréable, mais Hermione savait que l'été risquerait d'être plus chaud que l'année précédente. Elle espérait au moins que cela soit bénéfique pour certaines de ses plantations qui manquaient de lumière.

Elle passa rapidement aux écuries sur le chemin du retour, pour vérifier que les chevaux avaient de quoi manger pour la journée et nettoyer leurs boxs. Une fois cela fait, elle se dirigea vers la porte qui menait à la cuisine pour y récupérer de quoi brasser ses potions.

Cependant, sur le chemin, elle se sentit une nouvelle fois observée. C'était un sentiment étrange, comme si le bas de sa nuque la chatouillait et qu'un poids reposait sur son crâne.

Pour la deuxième fois, elle se figea et leva lentement la tête. Elle croisa alors le regard gris et perdu de Drago Malefoy, qui l'observait depuis sa fenêtre. Elle déglutit sans pouvoir s'en empêcher.

Il semblait épuisé, le teint encore plus pâle et maladif que la dernière fois qu'elle l'avait vu. Cela remontait à plus d'un mois. Il semblait s'être remis de ses blessures, sans être en bonne santé pour autant.

Ses joues étaient creusées, comme s'il ne mangeait qu'à peine. De larges cernes entouraient ses yeux, comme s'il ne dormait pas. Ses lèvres étaient pâles. Son regard épuisé.

Mais ce qui la marqua le plus fut de remarquer que ses cheveux avaient été raccourcis. Ils n'étaient plus aussi longs qu'à son arrivée en France. Il les portait à la même longueur que lors de la guerre. Plutôt courts, pas coiffés, mais toujours d'un blond presque blanc.

Malgré son apparence maladive, Hermione le trouva plus humain que jamais il ne l'avait été depuis son arrivée.

Son regard était expressif, habité, mais surtout… vivant.

oOo

Blaise était installé à son bureau, dans le nouveau bâtiment que son cabinet d'avocat avait acheté. Une toute nouvelle mesure, copiée sur les moldus, que le ministère avait décidé de prendre. D'après eux, les avocats prenaient trop de place au ministère.

Si l'ancien Serpentard avait, au départ, été contre, préférant l'accès simplifié et rapide qu'il avait jusqu'aux bureaux des membres du Magenmagot et du Ministre, il avait rapidement changé d'avis. Ce bureau lui offrait un calme auquel il n'avait pas eu accès dans l'open-space du Département de la Justice Magique du Ministère.

Le cabinet duquel il dépendait ne rassemblait que trois autres avocats, avec lesquels il avait des relations plutôt cordiales. Tous étaient spécialisés dans différents domaines, ce qui ne laissait donc place à aucune concurrence. Ils n'avaient pas de supérieurs, travaillant tous à leur compte, et se contentaient de payer un loyer mensuel ainsi que les charges liées au cabinet.

Les coûts se révélaient donc être moindres pour Blaise, qui ne passait pas tant de temps que ça dans son bureau. Il faisait encore beaucoup d'allers-retours entre le Ministère, le cabinet et son appartement, pour les différentes missions qui lui étaient confiées.

Il se rendait d'ailleurs très souvent chez lui pour aider sa femme dans sa toute nouvelle bataille pour l'égalité de vie des anciens prisonniers. Si leurs combats étaient similaires, leurs domaines d'action restaient tout de même plutôt différents. Pansy – maintenant qu'elle avait pu vendre sa boutique du Chemin de Traverse – se retrouvait à devoir demander des cotisations aux plus riches familles de sorciers pour pouvoir mettre en place, comme il se devait, sa fondation.

Elle avait déjà commencé à organiser sa première réception en l'honneur de l'ouverture de celle-ci. Les préparatifs se révélaient être plus pointilleux que ce qu'elle avait imaginé, d'autant que les autorisations nécessaires à son bon fonctionnement étaient multiples.

Ainsi, Blaise prenait, chaque jour, une heure sur son emploi du temps, pour en discuter avec sa femme et lui faire part des lois et amendements concernant chacune des autorisations auxquelles elle devait faire face.

L'heure de la recevoir dans son bureau ne devait d'ailleurs pas tarder, puisque onze heures sonnèrent à la petite horloge magique accrochée au-dessus de sa cheminée.

Effectivement, une seconde plus tard, quelques coups furent frappés sur la porte.

– Entrez, lança-t-il en posant sa plume dans son encrier.

Il venait de signer un contrat avec un nouveau client : Thomas Rocade, le père de Stan Rocade, détenu d'Azkaban. Il l'aiderait à défendre son fils, bien que Blaise soit parfaitement conscient que cela ne mènerait probablement à rien.

– Salut, sourit Pansy en refermant la porte derrière elle.

Blaise sourit à son tour et se recula dans son siège pour observer sa femme de la tête aux pieds. Comme toujours, il la trouva tout simplement magnifique.

Elle portait une longue robe d'été en satin de couleur champagne, qui lui arrivait bien en-dessous des genoux, ainsi qu'une paire élégante d'escarpins blancs. Au moment où elle passa la porte, elle retira le foulard blanc et champagne – assorti au reste de sa tenue – qu'elle avait attaché autour de ses cheveux, ainsi que ses lunettes de soleil. Elle déposa le tout, ainsi que son sac à main noir, sur le porte-manteau du bureau et s'élança vers son mari, un grand sourire aux lèvres.

– Comment se porte ma magnifique femme ? demanda Blaise en l'accueillant sur ses genoux.

– Flatteur, rit-elle en secouant la tête.

– Ce n'est pas mon genre, répondit-il avec un clin d'œil, alors qu'elle s'installait sur lui en lui embrassant tendrement la joue.

Elle caressa sa joue en pouffant et se pencha vers lui pour poser ses lèvres sur les siennes, alors qu'il caressait ses cuisses nues.

– Bonne journée ? s'enquit-elle en passant un bras autour de sa nuque.

– Efficace, acquiesça-t-il. J'ai signé le contrat avec Rocade et Weasley numéro 3 a accepté de me rencontrer autour d'un verre pour discuter des lois.

– Parfait ! Et est-ce que tu as envoyé une lettre à Granger pour la prévenir que nous partons la semaine prochaine ?

– Oui, oui, mentit-il en faisant mine de regarder l'heure sur sa montre.

– Tu es sûr qu'elle va accepter de faire à manger pour Drago ? J'ai peur qu'elle craigne de l'approcher depuis qu'il sait pour sa mère. Et puis, elle est tellement sur la défensive ces derniers temps…

– Oui, je pense, marmonna-t-il en se raclant la gorge.

Il serra la mâchoire lorsqu'il sentit Pansy se retirer de ses genoux.

Il y était.

– Quoi ? Que se passe-t-il ? demanda-t-elle avec une pointe d'inquiétude en relevant son menton de sa main parfaitement manucurée.

– Rien, Pans', tout va bien, mentit-il en affrontant son regard d'un air complètement neutre.

Elle lâcha son visage et le sien prit un air déçu, presque dégoûté.

– Je te connais. Tu me mens, Blaise Zabini. Et tu sais que je déteste lorsque tu le fais.

Elle fronça les sourcils et cela ne fit qu'accélérer les battements de son cœur. Blaise avait appréhendé cet instant depuis un mois. Il déglutit et détourna le regard en se levant. Il se dirigea vers son mini-bar et se servit un verre de whisky qu'il avala cul sec.

Ses promesses de sobriété étaient envolées.

– Blaise ! Dis-moi ce qu'il se passe ! s'exclama-t-elle, l'inquiétude flottant autour d'elle comme une aura oppressante.

Il baissa la tête et ferma les yeux.

– Je n'ai jamais demandé à Granger. À vrai dire, je ne lui ai pas adressé la parole depuis… depuis ta crise et celle de Drago, annonça-t-il faiblement.

Il y eut un long silence, avant que Pansy ne réponde, la voix tremblante.

– Tu m'as dit que tu allais lui parler chaque fois que tu voyais Drago ! l'accusa-t-elle.

– Parce que je ne voulais pas que tu le fasses et qu'elle t'apprenne… qu'elle t'apprenne ce que j'ai fait.

– Qu'est-ce que tu as fait ?

Il ne répondit pas. Il était figé par l'appréhension. Elle allait le détester.

– Qu'est-ce que tu as fait, Blaise ? s'exclama-t-elle, hystérique, sanglotant silencieusement.

Depuis la fin de la guerre, elle était devenue bien plus émotive que lors de leurs années à Poudlard, laissant déborder ses colères et ses tristesses dès qu'elles apparaissaient. Si cela n'était en rien négatif aux yeux de Blaise, qui prônait la communication et non pas cette manie qu'elle avait de cacher ses émotions, il devait avouer être toujours particulièrement touché de l'entendre pleurer.

– Je suis désolé, Pans', je…

– Qu'est-ce que tu as fait ? répéta-t-elle d'une voix dure, en se plaçant devant lui.

Et il lui avoua tout. Comment il avait attendu Granger toute la soirée, comment il l'avait menacée et comment il avait immobilisé Albert…

Elle resta sans voix. Des larmes silencieuses coulaient sur ses joues. Il tenta de l'approcher, mais elle recula en secouant la tête.

– Les choses auraient été plus rapides, sanglota-t-elle. Tellement plus rapides. Tout ce que nous avons vécu avec Drago ces dernières semaines ! Nous avons dû être là chaque jour, alors que Granger aurait pu elle-même passer vérifier qu'il allait bien ! Tu… Tu as tout gâché !

– Pans', je…

Elle secoua la tête pour le couper.

– J'ai… Je crois que j'ai besoin de réfléchir, dit-elle en récupérant ses vêtements, les mains tremblantes. Je vais rentrer.

Une seconde plus tard, elle avait transplané et Blaise se laissa tomber à genoux.

oOo

"Attention, Drago ! Ne va pas trop vite, mon chéri, tu risques de tomber !"

"Tu n'as pas bien arrangé ton col, mon grand. Attends, laisse-moi faire."

"Tu verras, tu vas adorer Poudlard. Tu en garderas le meilleur des souvenirs."

"Ne t'éloigne pas trop, mon chéri, Tante Bella va bientôt arriver."

"Ma mère me lisait souvent ce conte. Elle disait qu'il avait été écrit par l'un de nos ancêtres et racontait l'histoire des sorciers à merveille. Quand tu auras l'âge de le comprendre, tu verras qu'en plus de parler des premiers mages de notre monde, il explique parfaitement à quel point nous sommes supérieurs. Tu vas l'adorer, mon chéri."

"Avada Kedavra !"

Drago se réveilla en sursaut, le corps transpirant, la respiration hachée et la gorge en feu.

Il comprit qu'il avait hurlé dans son sommeil et porta une main à son cou pour le masser légèrement. Ses joues étaient humides de larmes et son cœur battait la chamade. Il était encore complètement perdu entre rêve et réalité.

Il revoyait le corps mort et ensanglanté de sa mère, allongée en plein milieu de la table de la salle à manger, entourée d'une dizaine de mangemorts, Nagini serpentant autour de son cadavre. Une horreur. Un spectacle des plus macabres qu'il se répétait pratiquement toutes les nuits depuis un mois.

À la différence qu'ils n'étaient jamais les mêmes.

Bien sûr, il connaissait la raison du décès de sa mère, il la connaissait même par cœur, mais cela n'empêchait pas son esprit de lui jouer des tours. Tous les soirs, celui-ci inventait une nouvelle mort à sa mère, si bien que cela devenait invivable pour Drago.

Il avait peur de dormir, bien plus que lorsqu'il était à Azkaban. Il avait peur de fermer les yeux et de revoir le cadavre de Narcissa, parfois noyé, parfois brûlé ou ensanglanté.

Il luttait contre le sommeil, tentant de faire des nuits blanches pour contrer ses idées noires, mais rien n'y faisait. Il finissait toujours par s'endormir, puis se réveiller le cœur au bord des lèvres.

Il s'en était arraché les cheveux plusieurs fois, au point de demander un jour à Pansy de les lui couper comme autrefois. Du moins, elle lui avait suggéré plusieurs fois l'idée en voyant les trous qui s'étaient formés sur son crâne et les plaies autour de son front. Il avait fini par flancher.

Depuis son retour de prison, il n'y avait pas une seule fois songé, remettant à plus tard la moindre inquiétude pour ses cheveux. Il se taillait la barbe, du moins Blaise lui lançait un sort chaque fois qu'il venait, pour ne pas qu'il ait à le faire avec une lame de rasoir, mais c'était bien là la seule attention qu'il portait à son apparence.

Autrement, il continuait d'emprunter des vêtements à son ami, qu'il soupçonnait d'en avoir achetés spécialement pour lui, et se lavait grâce aux sorts que Pansy lui lançait. Il n'avait jamais demandé à avoir accès à une douche. Il n'en ressentait pas le besoin ni l'envie, cela lui rappelait le dernier jour qu'il avait passé à Azkaban. Terrible, terrible souvenir.

Cependant, pour la première fois depuis son arrivée en France, il songea à cette journée d'horreur qu'il avait passée. Il se remémora chaque détail de l'enfer qu'il avait vécu, alors qu'il tentait – en vain – de calmer sa respiration.

Là-bas, ses cauchemars s'étaient faits moins violents et moins fréquents. Or, cette fois, il avait l'impression qu'il ne s'en sortirait jamais, qu'ils ne s'en iraient jamais. Il n'en pouvait plus. C'était la pire des tortures que l'on puisse lui infliger.

Il avait supplié les divinités sorcières de le laisser en paix, en vain. Rien ne fonctionnait. Il demeurait hanté par le souvenir de sa mère.

Celui de sa seule et unique douche à Azkaban s'immisça dans son esprit, alors qu'il se levait et commençait à faire les cent pas devant la fenêtre de la chambre. Il avait envie de s'arracher la tête. C'était invivable.

Comme si le son de ses pensées avait été augmenté au maximum et que la vitesse était accélérée. Il se revoyait sur la chaise en bois à observer la lame de rasoir que les gardes de la prison lui avaient fournie. Il se revoyait lutter contre l'envie d'en finir.

En finir.

En finir.

Il pouvait arrêter ces pensées, ces souvenirs de lui dévorer l'esprit. Il en avait le pouvoir.

Bien qu'incapable de se servir de sa baguette sans faire de catastrophe, ou bien sans même qu'elle ne fonctionne, Drago n'était pas idiot. Il lui restait une part de rationalité. Il était dans une maison. Une grande maison d'après ses estimations. Et une grande maison, qu'elle soit moldue ou sorcière, contenait forcément de quoi… en finir.

Ainsi, pour la première fois depuis que Pansy lui avait annoncé le décès de sa mère, Drago fut attiré par la porte de sa chambre. Il ne pensait à rien d'autre, pas même aux angoisses liées à ce qu'il pourrait trouver derrière.

Pris d'une pulsion soudaine, il s'y rua, déclencha la poignée et quitta la pièce.

Son cœur battait la chamade et ses envies d'en finir pulsaient dans ses veines. Il était quelqu'un d'autre. Son regard était fou, parcourant le couloir qu'il n'avait jamais vu, sans retenir une seule pièce du décor.

Il ne comptait rien, n'analysait ni les couleurs ni les formes. Il cherchait la première porte qu'il pourrait franchir.

Il y en avait une sur sa droite et, aussitôt l'eût-il remarquée, il marcha à grands pas vers celle-ci.

C'était comme si toutes les angoisses qui l'avaient empêché de sortir de sa chambre avaient disparu. Il n'avait plus rien d'autre en tête que l'espoir de trouver de quoi mettre fin à ses supplices qui duraient depuis des semaines. Des mois. Des années.

La pièce dans laquelle il arriva s'avérait être la salle de bain de l'étage.

Drago tremblait. Il était incapable de contrôler ses propres mouvements, comme si sa conscience, folle à l'idée de trouver de quoi apaiser ses souffrances, le guidait.

Ainsi, il commença à ouvrir les tiroirs du premier meuble qu'il trouva. Ses mouvements étaient frénétiques.

Il n'y avait rien d'autre que des serviettes, des cotons-tiges, des gants de toilette, des barres de savon neuves… Rien d'utile. Rien qui apaiserait son mal être intérieur.

Malgré la longueur bien plus courte de ses cheveux, il se prit la tête entre les mains et tira dessus, paniqué à l'idée de ne rien trouver. Les autres tiroirs ne furent pas plus concluants.

Il sentit des larmes d'angoisse couler le long de ses joues et son sang battre à ses oreilles, l'empêchant d'entendre le bruit de ses propres pas.

Il faillit chuter en glissant sur le tapis de bain, qui se trouvait être une simple serviette. Il dut se retenir au lavabo aménagé et se cogna contre le meuble qui entourait celui-ci. Il se rattrapa du mieux possible, mais déclencha le robinet d'eau au passage.

Bientôt, le bout des manches du haut que Blaise lui avait prêté fut trempé, tout comme ses mains et ses coudes. Le lavabo étant visiblement bouché, il tenta de couper l'eau, en vain. Il commençait à être trempé et ses sanglots se firent plus forts.

Il paniquait. Il ne contrôlait plus ses mouvements. Il tremblait, la respiration hachée.

Il se mit à tâter tout ce à quoi il avait accès : le lavabo, le robinet, le verre en plastique qui contenait une brosse à dents violette et un dentifrice à l'anis, le bloc de savon entamé, une fiole bleu nuit et… et…

Un rasoir.

Un rasoir.

Un rasoir.

Il se figea complètement, hébété. Il avait trouvé. Il avait réussi.

Il pourrait en finir.


Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra, Damelith, Genny et Akhmaleone pour leur aide et soutien !

On se retrouve mercredi 21/12 pour la suite !

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