L'appartement était silencieux lorsque Pansy sortit des flammes vertes de la cheminée. Elle n'était pas venue ici depuis près d'une semaine. Le temps lui avait semblé durer une éternité.
Elle était légèrement éméchée à cause des deux verres d'alcool moldu que Granger lui avait proposés, si bien qu'elle avait préféré voyager par cheminée après être revenue en Grande-Bretagne par portoloin.
Elle n'avait pas réfléchi longtemps avant d'appeler l'adresse de l'appartement qu'elle partageait avec son mari depuis la fin de la guerre.
Ce à quoi elle n'avait cependant pas pensé fut le fait qu'à minuit passé, Blaise était probablement endormi. Le séjour était plongé dans le noir, il n'y avait aucun bruit et les pantoufles de son mari, qu'il laissait toujours traîner au pied de la cheminée avant de dormir, n'y étaient pas.
Elle se mordilla la lèvre inférieure, incertaine de quoi faire. Devait-elle aller le réveiller ? Devait-elle se coucher avec lui ? Rentrer en Écosse ?
Elle n'eut pas besoin d'y réfléchir longtemps puisque la porte qui menait à leur chambre s'ouvrit soudainement. Blaise apparut alors dans son entrebaillement, à moitié endormi et le crâne recouvert d'un durag.
– Pans' ? fit-il d'une voix enrouée.
– Je suis désolée, je ne voulais pas te réveiller, répondit-elle en posant son sac à main sur le plancher.
– Ce n'est rien, s'empressa-t-il de répondre avec espoir.
Le silence reprit place dans l'appartement et Pansy baissa la tête, mal à l'aise. Les effets de l'alcool, qui lui avaient donné le courage de venir jusqu'ici, étaient portés disparus.
– Tu… Tu veux boire quelque chose ? demanda soudainement Blaise avec entrain. Je m'étais préparé une tisane pour aller dormir, il doit en rester dans la théière !
Il se dirigea jusqu'à la cuisine ouverte tout en parlant, visiblement prêt à tout pour la satisfaire. Il s'agitait dans tous les sens, comme particulièrement anxieux.
Pansy sourit discrètement, l'obscurité cachant les rougeurs de ses joues. Son mari lui avait manqué.
– À vrai dire, j'espérais simplement pouvoir dormir avec toi, avoua-t-elle, ce qui l'interrompit dans ses mouvements.
Il se figea et releva la tête vers elle. Malgré le fait que la pièce ne soit illuminée par aucune lumière, Pansy put déceler toute la joie de son regard. Il ne discuta pas, ne posa pas de question et se contenta d'avancer vers elle, puis d'attraper son visage entre ses paumes.
– Je suis tellement désolé, Pans', chuchota-t-il en posant son front contre le sien.
Elle passa ses bras autour de sa taille et se blottit contre lui, le visage contre son torse.
– Nous en parlerons demain, d'accord ? Je suis épuisée, j'ai besoin de dormir.
Elle le sentit hocher la tête, avant qu'il ne la soulève dans ses bras et la porte jusqu'à leur lit. Il l'aida à retirer ses vêtements un à un, jusqu'à ce qu'elle se retrouve uniquement en culotte. Il lui tendit l'un de ses t-shirts, qu'elle enfila avant de se blottir contre lui dans leur lit.
Son souffle sur sa joue lui avait manqué, la chaleur de sa peau lui avait manqué, ses mots doux pour l'aider à dormir lui avaient manqué. Tout lui avait manqué. Elle l'aimait plus que tout au monde, si bien que son cœur en pâtissait lorsqu'ils étaient éloignés. Un amour à double tranchant.
Ce fut ainsi qu'elle s'endormit : serrée dans les bras de son mari, des larmes silencieuses sur les joues. Il fallait absolument qu'ils aient une discussion.
oOo
"Hermione,
Je ne viens pas avec de bonnes nouvelles. Blaise a été convoqué par Sean Anderson, un membre neutre du Magenmagot, qui lui a annoncé que sa période légale d'autorisations spéciales pour les portoloins touchait à sa fin. Ce qui veut dire que nous ne pourrons plus venir autant, étant donné les délais des demandes…
Je suis accablée, très honnêtement. Entre le fait que Drago ne puisse pas utiliser de transport magique, donc pas de cheminées, et que nous ne puissions pas libérer assez de temps dans nos emplois du temps actuels pour venir en transport moldu, nous nous retrouvons dans une situation bien compliquée…
D'autant que je t'avais promis que tu n'aurais à t'occuper que des repas. Désormais… Je ne sais pas si ce sera suffisant. Je crains que nous soyons obligés de compter sur toi pour qu'il ne se laisse pas sombrer. Je suis désolée d'avoir à te demander ça, je sais que c'est tout ce que tu ne voulais pas, mais nous n'avons pas d'autre solution.
Je lui ai envoyé une lettre aussi, pour tout lui expliquer. La chouette qui vous a apporté les courriers va rester avec lui, ce sera notre moyen de communiquer. J'ai laissé un petit colis avec de quoi la nourrir, mais il faudra lui racheter des graines et peut-être aménager une cage pour elle, ou bien un coin dans l'une de tes granges. J'espère que tu seras d'accord. Drago devrait pouvoir s'en occuper, s'il a de quoi le faire.
Je ferai de mon mieux pour prendre des nouvelles régulièrement et Blaise va faire son possible pour avoir plus d'autorisations, mais je ne te promets rien. En cas d'urgence, je crains que tu sois la seule à pouvoir l'aider…
Je t'assure que j'aurais voulu trouver une meilleure solution, Hermione. Je vais essayer de contacter Théodore et Astoria, pour qu'ils viennent aussi tenir compagnie à Drago, mais je n'ai aucune idée de s'ils accepteront de se déplacer.
Prends soin de toi, j'espère que tu te portes bien ces derniers jours,
Pansy."
Hermione reposa la lettre sur le comptoir de sa librairie et prit son visage entre ses mains en soupirant. Elle avait l'impression d'avoir fait deux pas en arrière rien qu'en la lisant. C'était comme si tous les efforts qu'elle avait fait pour les autres s'étaient révélés vains, comme si elle avait été trahie.
Une semaine était passée depuis la visite de Pansy. Une semaine lors de laquelle elle s'était préparée mentalement à devoir s'occuper des repas de Malefoy, lorsque la réserve de nourriture amenée par son amie serait terminée.
Et maintenant, elle apprenait qu'elle devrait probablement faire plus que ça. Mais qu'est-ce que cela signifiait ? Devrait-elle… communiquer avec lui ? Le soigner ? Lui raconter ses journées pour le distraire ?
Elle n'en avait aucune idée, aucune envie. Elle ne le connaissait pas et n'avait pas fréquenté qui que ce soit quotidiennement depuis presque sept ans. Comment était-elle censée s'adapter si rapidement ?
Une petite voix intérieure lui chuchota qu'il n'avait fréquenté personne non plus, ce qui la rassura quelque peu. Au moins, ils seraient au même niveau en termes d'asociabilité.
Ce fut la sonnette de l'entrée de la librairie qui la sortit de ses pensées. Elle releva la tête de ses mains juste à temps pour voir entrer le facteur du village, un grand sourire aux lèvres. Albert commença aussitôt à aboyer joyeusement et se précipita à ses pieds pour recevoir des caresses.
– Bonjour, Mademoiselle Granger ! s'exclama-t-il dans un français parfait en tapotant la tête du chien.
– Bonjour, Julien, sourit-elle le plus naturellement possible.
Elle n'avait pas de problème avec le jeune homme, cependant, il avait tendance à être légèrement… envahissant.
– Je vous apporte le courrier du jour, dit-il en s'approchant d'elle.
Elle se tendit aussitôt. En plus d'être assez idiot pour lui préciser ce qu'il venait faire ici, il s'était – comme toutes les semaines – avancé bien trop près d'elle et sa trop grosse dose de parfum lui piquait le nez. Elle sentait sa magie frétiller au bout de ses doigts. Elle serra les poings sous le comptoir pour l'empêcher de déborder.
– Merci beaucoup, répondit-elle donc simplement avec un autre sourire qui, cette fois, se montra plus gêné.
– J'ai vu que vous aviez refait la devanture de la boutique ! lança-t-il après lui avoir tendu les quelques revues de publicité et les factures de sa dernière commande.
Elle se retint de soupirer de désespoir en comprenant qu'elle serait obligée de lui faire la conversation pour ne pas paraître désagréable.
Il s'était accoudé au comptoir et avait avancé son visage à la moitié de celui-ci. Il était bien trop près et elle se tourna volontairement face à la petite armoire derrière eux, pour ranger son courrier et en profiter pour s'éloigner de lui discrètement.
– Effectivement, répondit-elle en essayant de rentrer les revues dans l'une des fines cases du meuble en bois, malgré ses mains tremblantes. Le nom de la librairie commençait à s'effacer, alors j'ai passé quelques coups de pinceau.
– J'aime beaucoup la couleur que vous avez choisie ! Ce doré se marie parfaitement avec le bleu du reste du bâtiment.
– Merci beaucoup, répondit-elle sobrement en se raclant la gorge.
Elle jeta un œil à l'horloge, qui ne lui indiqua que onze heures du matin. Elle ne pouvait pas s'excuser pour fermer la boutique le temps du déjeuner.
En braquant à nouveau son regard dans celui de Julien, elle remarqua qu'une certaine rougeur s'était développée sur ses joues bronzées. Elle fronça les sourcils.
– Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle sans pouvoir s'en empêcher.
– Eh bien, à vrai dire, Mademoiselle Granger, il y a quelque chose qui me tracasse depuis quelque temps…
– Ah bon ? Est-ce que je peux vous aider à résoudre ce problème ? demanda-t-elle malgré elle.
En réalité, elle n'en avait aucune envie. Il n'était pas méchant, et certaines personnes devaient même le trouver de très bonne compagnie, mais Hermione avait découvert qu'elle supportait de moins en moins les personnes trop excentriques. Disons simplement qu'il avait tendance à être trop bavard et mettre son nez un peu partout.
– Ce n'est pas vraiment un problème, Mademoiselle Granger. Voyez-vous, depuis des semaines, je cherche désespérément un moyen de vous inviter à dîner, lâcha-t-il à sa plus grande surprise.
Si grande qu'elle faillit lâcher les factures qu'il lui restait dans les mains. Elle haussa franchement les sourcils et le dévisagea comme s'il venait de lui annoncer la plus grande des bizarreries. Et pourtant, elle était une sorcière née moldue, qui avait découvert que des êtres humains volaient sur des balais et utilisaient des toilettes pour voyager de bâtiments en bâtiments.
– Je vous demande pardon ? fit-elle d'un ton stupéfait.
– J'aimerais vous inviter à dîner, répéta-t-il bêtement.
– Je…
Elle n'avait aucune idée de quoi dire. Depuis quand n'avait-elle pas envisagé de relation amoureuse avec qui que ce soit ? Parce que c'était ce qu'il suggérait, n'est-ce pas ? Hermione était tellement peu habituée à ce genre de choses, qu'elle n'en fut même pas certaine.
– Vous voulez dire… pour un rendez-vous ? demanda-t-elle donc avec naïveté.
– Si cela vous intéresse, bien sûr ! répliqua Julien en se grattant l'arrière du crâne. Je ne voudrais pas vous mettre mal à l'aise, Mademoiselle Granger. Voyez-vous, je vous trouve très jolie et j'ai toujours plaisir à discuter avec vous, mais je suis peut-être allé trop vite en besogne !
– Trop vite en quoi ? répéta-t-elle, confuse.
Si elle se débrouillait de mieux en mieux avec la langue française – qui n'était pourtant pas la plus simple à apprendre – elle avait encore du mal avec certaines expressions. Le pire étant les habitants les plus âgés du village, qui avaient pour certains des accents basques qu'elle ne comprenait nullement.
– Trop vite en besogne, répondit-il désormais franchement gêné. Ce que je veux dire, c'est que je me faisais peut-être de faux espoirs, j'ai cru que vous pourriez être intéressée, mais je me suis visiblement trompé. J'ai eu tort de penser que vous pourriez l'être.
– Oh, non, non ! s'empressa-t-elle de répondre en comprenant ce qu'il se passait. Ce… Ce n'est pas ça, vous n'êtes pas le problème, je suis certaine que vous êtes un très gentil garçon et que… Et que vous plaisez à beaucoup de femmes.
Elle se sentit rougir à son tour. Merlin, dans quoi s'était-elle embarquée ?. Elle se sentait de plus en plus mal à l'aise. Son cœur battait la chamade et elle n'avait qu'une envie : rentrer chez elle et s'enfermer dans sa chambre pour se cacher. Elle avait honte.
Ainsi, sans réfléchir, elle sortit la première excuse qui lui vint en tête.
– Peut-être aurais-je pu être intéressée dans une autre vie, mais je suis mariée, reprit-elle en montrant son alliance.
Elle crut défaillir en réalisant ce qu'elle venait de dire. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle ait pu donner une telle excuse. C'était la première chose qui lui était venue en tête, alors même qu'elle n'y avait pratiquement pas pensé depuis le jour même du mariage.
Elle était mariée. Il fallait qu'elle oublie vite cette information à nouveau. Elle avait fait tant de progrès depuis des mois, elle ne pouvait pas se permettre de tout perdre à cause de cette simple idée de mariage.
Elle vit Julien hausser franchement les sourcils, puis rougir fortement. Il commença alors à bégayer des excuses qu'elle ne comprit qu'à peine, puis s'enfuit de la librairie, avant même qu'Hermione n'ait eu le temps de lui répondre.
Elle resta figée, sous le choc, derrière son comptoir, pendant de longues minutes. Elle avait du mal à réaliser tout ce qu'il venait de se passer. Tant et si bien qu'elle sentit à peine Albert venir se frotter à ses jambes.
D'abord la lettre de Pansy et l'annonce qu'elle y avait faite, puis l'arrivée de Julien et son côté intrusif, la déclaration particulièrement gênante qu'il lui avait faite et enfin l'excuse minable et si soudaine qu'elle lui avait donné en réponse.
Elle était complètement sonnée.
Elle se laissa tomber dans le fauteuil qui se trouvait derrière son comptoir et se prit la tête entre les mains. Comment était-elle censée continuer de travailler correctement après tout ça ?
C'était tout simplement impossible. Trop de choses remuaient dans son esprit et elle savait que la journée n'était pas prête d'être terminée.
Elle prit rapidement une décision. Elle ne voulait pas gâcher un après-midi de travail simplement parce qu'elle était incapable de faire le vide dans sa tête et de se concentrer sur autre chose que le colocataire de sa maison – qu'elle refusait fermement de nommer autrement – dont elle allait devoir s'occuper.
Il était temps qu'elle se prépare à ce que les choses puissent évoluer. Elle avait fait des choix et il fallait qu'elle les assume.
Ainsi, bien qu'il soit rare qu'elle le fasse, elle dégaina sa baguette, rangée au fond d'une des poches de sa veste. Elle la pointa vers les volets de sa boutique, inspira longuement et fit un léger mouvement de baguette pour les fermer.
Elle échoua une première fois. Puis une deuxième avant que, finalement, l'entièreté des volets de la librairie se baissent.
Elle s'occupa ensuite de verrouiller sa caisse magiquement, de débarrasser le sol des quelques saletés que ses clients du jour avaient laissées, le tout avec une extrême concentration pour ne pas laisser déborder sa magie. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle ne l'avait pas utilisée.
Lorsqu'elle sortit de la boutique, accompagnée par Albert, elle se sentit complètement vidée d'énergie. Elle sut alors qu'elle mettrait bien plus de temps qu'habituellement pour rentrer si elle ne voulait pas risquer de faire un malaise sur le chemin.
Malgré le fait qu'elle ait, au départ, prévu de passer chez l'épicier avant de rentrer chez elle, pour acheter de quoi nourrir Malefoy, elle ne s'en sentit pas capable et se contenta – après avoir verrouillé la porte de sa librairie – de prendre la direction de sa maison.
Son ventre gargouilla tout le long du chemin, lui criant qu'elle avait oublié son déjeuner dans le petit frigo de son arrière-boutique. Elle décida de l'ignorer, se promettant qu'en plus du dîner qu'elle allait préparer pour Malefoy, elle se ferait un sandwich ou deux pour ne pas mourir de faim. L'utilisation de sa magie avait empiré les choses.
Lorsqu'elle atteignit enfin le portillon de son domaine, elle se demanda comment il était possible qu'elle soit encore debout et non pas tirée par les dents par Albert.
Elle déverrouilla la porte d'entrée et avança de quelques pas avant de se laisser tomber dans son canapé. Sans pouvoir l'empêcher, le sommeil prit les devants et les résolutions qu'elle avait prises pour la préparation des repas furent remises à plus tard.
Lorsqu'elle papillonna des yeux, le soleil était plus bas dans le ciel. D'après ses estimations, il devait être aux alentours de dix-sept heures, ce qui fut loin de l'enchanter.
Elle qui avait prévu de faire le dîner à l'avance pour se préparer mentalement à devoir confronter Malefoy…
Elle parvint tout de même à trouver la motivation de se lever et se dirigea d'un pas lent vers la cuisine. Elle soupira de dépit en réalisant qu'elle n'avait pas fait sa vaisselle en partant au travail le matin-même.
Elle passa donc une bonne dizaine de minutes à s'en occuper, ce qui lui permit de s'éveiller davantage. Si son anxiété était redescendue, ses craintes vis-à-vis de sa confrontation avec Malefoy étaient toujours bien là.
Elle appréhendait beaucoup de devoir lui parler, ou bien d'interagir avec lui d'une quelconque façon. Elle n'avait aucune idée de la manière dont il réagirait et les derniers souvenirs qu'elle avait de lui n'avaient été que craintes et terribles angoisses.
Elle le revoyait encore se recroqueviller dans un coin de son lit, le corps recouvert de sang et le regard déformé par la peur.
Elle déglutit à ce souvenir.
Elle espérait que les deux mois qu'il avait passés aux côtés du couple Zabini avaient au moins aidé à ce qu'il reprenne un minimum de solidité dans ses relations sociales. Elle n'avait aucunement envie de faire face à quelqu'un qui était incapable de la regarder dans les yeux sans en être terrifié.
Elle se fit cependant la réflexion qu'il avait réussi à sortir de sa chambre et lui voler des potions. Cela n'était pas anodin. Il allait tout de même mieux, quoi qu'elle puisse s'imaginer. Il fallait qu'elle reste réaliste. S'il était capable de se balader dans la maison, et malgré le peu de connaissances qu'elle avait en psychologie, Hermione devait se rendre à l'évidence : il n'était plus dans le même état qu'à sa sortie de prison.
Cette simple réalisation la rassura. Elle n'aurait pas à faire face à un corps vide d'âme.
Une fois sa vaisselle terminée, elle se dirigea jusqu'à son garde-manger et chercha du regard les ingrédients qu'elle pourrait utiliser pour faire à dîner. Elle n'avait toujours aucun talent culinaire, elle n'avait pas évolué à ce niveau-là depuis deux mois. Cependant, elle connaissait quelques recettes basiques qui, bien que peu goûteuses à cause de son absence de talent, seraient suffisantes pour nourrir un homme de vingt-cinq ans qui ne devait pas peser plus de cinquante kilos.
Elle ne sut cependant pas quoi préparer. Et s'il avait des allergies ? Et si certains plats n'étaient pas à son goût ?
Elle se morigéna aussitôt après avoir songé à cela. Pourquoi se souciait-elle autant d'un si petit détail ? Ce n'était pas comme s'il allait daigner lui faire des remarques sur la qualité de ses plats, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?
Elle attrapa donc quelques pommes de terre, des carottes et des courgettes, ainsi qu'un morceau de bœuf au congélateur. Elle récupéra volontairement des quantités plus importantes que celles nécessaires à nourrir deux personnes, afin de préparer les prochaines gamelles d'Albert.
Une fois le tout déposé dans une marmite, sur le gaz, Hermione s'autorisa un peu de répit et s'allongea sur l'un de ses canapés. Maintenant que le repas était en cours de préparation, c'était à son tour de se préparer à affronter Malefoy.
Affronter était un grand mot, elle en était consciente, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer cette rencontre comme quelque chose d'insurmontable.
Cet homme vivait chez elle depuis deux mois et pourtant, elle ne l'avait vu que trois fois. C'était surréaliste. Elle se trouva minable de ne pas s'être souciée de lui une seule fois.
Comment pouvait-elle se plaindre que ses amis ne prenaient que très peu de ses nouvelles, si elle-même ne calculait pas l'homme qui vivait chez elle après avoir été libéré de sept ans d'enfermement dans la pire des prisons qui puisse exister ?
Elle grogna de frustration. Elle ne supportait plus de réfléchir. Elle se sentait sur le point d'exploser. Elle ne voulait pas penser à tout ça. Elle voulait que les choses se passent facilement, calmement, sans qu'elle n'ait à se torturer les méninges.
Elle se leva soudainement du canapé et, après avoir vérifié que le gaz était toujours allumé et qu'aucun légume n'avait brûlé, se dirigea vers l'extérieur. Elle avait besoin de marcher.
Elle sortit par la porte de derrière et longea la maison vers les écuries. Elle voulait passer voir les chevaux – s'ils étaient là – avant d'aller se promener près de la forêt.
Cependant, comme souvent lorsqu'elle passait par là, elle se sentit observée. Par réflexe, elle leva la tête et croisa le regard gris qu'elle avait appris à connaître par la fenêtre du premier étage. Elle déglutit.
Drago Malefoy l'observait, une petit chouette posée devant lui, le regard curieux et l'air calme. Avant qu'elle n'ait eu le temps de le détailler plus que ça, il s'éloigna.
Plus que quelques heures et elle le confronterait en face à face.
Et voilà pour aujourd'hui !
J'espère que vous avez passé de belles fêtes et que tout le monde va bien ! Pour rappel, j'ai posté 50 OS pour Noël, dans mon recueil Calendrier de l'Avent ;)
Merci à Lyra, Damelith et Akhmaleone pour leur aide et soutien !
On se retrouve samedi 31/12 pour la suite !N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !
