Hello ! Désolée pour le retard, j'ai eu une semaine compliquée. Je répondrai à vos reviews dès que j'aurai du temps, encore désolée :/


Trois semaines passèrent sans même que Drago ne s'en rende compte.

La routine qui s'était installée entre Granger et lui, en plus du fait qu'il prenait petit à petit ses marques à l'étage de la maison, l'avait préservé de toute pensée concernant le temps qui passait. C'était simple, c'était naturel. Il n'avait pas besoin de réfléchir.

Il lui arrivait souvent de se réveiller dans la bibliothèque en plein milieu de la nuit, un livre sur le torse et le corps en travers du canapé. Il se rendait alors dans sa chambre, avalait une potion de sommeil sans rêves par précaution, et se rendormait comme si de rien n'était. C'était simple. Cela faisait partie de sa vie, de son quotidien, désormais.

Il avait passé assez de temps dans cette nouvelle pièce qu'il s'y sentait tout autant en sécurité que dans sa chambre. Il n'avait pas peur d'y être attaqué ou bien d'y être surpris. Il s'y sentait bien, il avait l'impression d'appartenir un peu plus à cet endroit.

Il entrait et voyait les livres qu'il avait laissé traîner la veille, les coussins étaient toujours installés de façon à ce qu'il puisse s'asseoir confortablement dans le canapé et ses marques-pages ne bougeaient pas. Tout ce qu'il faisait dans cette pièce restait après son départ. Et c'était la preuve irréfutable qu'il y vivait, qu'il y avait droit.

Le temps passait et il continuait d'évoluer dans cette bibliothèque devenue sa deuxième chambre.

Les seuls vrais marqueurs temporels avaient été les visites de Pansy. Depuis que ses passe-droits étaient terminés, elle s'était arrangée pour venir le voir deux fois en trois semaines. Une première fois grâce à un portoloin et la seconde en empruntant des transports moldus.

Drago avait presque ri lorsqu'elle lui avait raconté le périple que cela avait été. Il s'était ensuite souvenu qu'il n'aurait pas d'autre choix que d'utiliser les transports moldus lui aussi, pour le reste de sa vie. Cela avait suffi à le tourmenter. Il lui faudrait un jour apprendre à s'en servir, à ne plus utiliser la magie. Il lui faudrait désapprendre tout ce pour quoi il avait grandi.

D'après les dires de Pansy, c'était Granger qui lui avait expliqué comment se rendre en France depuis l'Angleterre, grâce à un train qui passait sous la Manche. Ce simple fait avait suffi à rendre Drago confus. Un train sous la mer ? Cela n'avait pas de sens, c'était même dangereux ! Pansy avait elle aussi semblé perturbée d'utiliser quelque chose d'aussi peu commun.

Après cela, elle s'était contentée de transplaner depuis Calais jusqu'à la campagne pyrénéenne pour les rejoindre.

Drago avait alors réalisé que sa meilleure amie et Granger étaient devenues assez proches. Il l'avait soupçonné, puisque le couple Zabini avait fait appel à elle pour le libérer, mais avait pensé, au départ, que tout venait de Potter. Il réalisait petit à petit à quel point il devait à sa colocataire.

Cependant, le fait que le regard de Pansy s'illumine lorsqu'elle parlait de ses discussions avec Granger ne trompait pas. Il l'avait vue descendre les escaliers pour la rejoindre après chacune de ses visites, alors qu'il se contentait de rester à l'étage. Il aurait pu être jaloux. Mais c'était simple et naturel, alors il ne s'en préoccupait pas.

Il n'avait pas non plus demandé de nouvelles de ses différents amis. Il fallait rester simple. En réalité, il ne parlait que rarement, ce qui expliquait ce silence par rapport à Marcus Flint, Adrian Pucey, Graham Montague, ou encore Grégory Goyle, Astoria et Daphné Greengrass. Ce serait compliqué, ce serait trop d'un coup. Il avait peu à gérer et c'était très bien.

Il savait que les Greengrass étaient libres puisqu'elles n'avaient jamais été marquées. Elles étaient restées à l'écart du conflit et ne s'étaient jamais mêlées à tout cela. Il se souvenait leur en avoir presque voulu, jaloux de ne pas pouvoir en faire autant. Du temps où il était encore persuadé qu'il n'y avait aucun autre moyen de sauver sa peau et celle de sa famille. Désormais, il comprenait leur choix. Il aurait aimé être à leur place.

D'après ce qu'il avait retenu d'un des monologues de Pansy, Astoria faisait le tour du monde avec Weasley Fille. Quant à Daphné… Elle n'avait pas abordé la question. Elle préférait parler d'elle et de Blaise. Cela suffisait à Drago.

Il savait que Théo avait été libéré et vivait le parfait amour avec Potter, ce qui n'avait pas été une surprise. Il avait cependant été étonné de l'amertume avec laquelle Pansy en avait parlé. Elle semblait leur en vouloir pour une raison qui lui était inconnue. Il ne s'était pas attendu à ce que des tensions se créent, surtout maintenant que la guerre était enfin terminée. De la haine envers les mangemorts et ceux qui avaient collaboré avec eux ? Oui, il l'avait prédit et, d'après Pansy, c'était encore le cas après sept ans. Néanmoins, il n'aurait jamais imaginé que cela évolue ainsi. Potter avait soutenu Théo à distance pendant la guerre lorsque son père le battait et le forçait à assister aux réunions de mangemorts, il l'avait sorti de prison. Pourquoi donc était-elle en colère contre lui ?

Il n'avait pas posé plus de questions et Pansy n'en avait plus parlé.

Pour ce qui était du reste des garçons… Drago savait seulement qu'ils avaient eux aussi été enfermés. Avaient-ils été libérés ? Il n'en avait aucune idée. Il n'avait pas demandé. Il évitait de penser à Azkaban et aux autres mangemorts. De toute manière, il n'avait jamais été vraiment proche d'eux. Le seul qui aurait pu lui importer était Goyle, mais il n'avait pas l'énergie pour s'inquiéter de son destin.

La seule chose qui lui faisait parfois y penser était la cause de la mort de son paternel. Blaise le lui avait appris quelques jours après l'annonce du décès de sa mère. Il ne s'était pas étendu sur le sujet, cependant. Drago s'était imaginé qu'il le lui avait dit pour éviter un deuxième contrecoup et n'avait pas voulu que sa peine ne s'ancre trop dans son état d'esprit.

Ce qui n'aurait pas pu arriver.

Drago n'avait jamais été aussi proche de son père qu'il l'avait été de sa mère. Lucius n'avait pas été affectueux, sans pour autant être violent ou irrespectueux. Il l'avait élevé pour faire de son fils sa parfaite réplique, sans vouloir créer avec lui un quelconque lien affectif. Drago Malefoy, le digne fils de Lucius Malefoy, élevé pour accomplir de grandes choses. Ironique, quand on y pensait. Drago avait honte de ce qu'il était devenu à cause de lui.

Il n'avait donc pas ressenti grand-chose à l'annonce de sa mort. Il était resté de marbre, simplement attristé à l'idée que sa mère ait vécu le deuil de son mari, la sachant très proche de lui.

Le reste ne lui importait que peu.

Il s'était imaginé les différentes morts que son père avait pu subir, sans jamais avoir la réponse. Un suicide à Azkaban ? Compliqué, lui-même en avait été incapable. Une bagarre ? Il n'y avait pas de raison pour que son père ait eu accès aux lieux communs, contrairement à lui. De la main des gardes ? Probablement. Un assassinat ? Encore plus probable .

Il se promit de poser la question à Pansy la prochaine fois qu'elle viendrait. Ou dans une lettre. Il ne s'y était pas encore essayé. Cela faisait partie de ses prochains objectifs.

Pour l'instant, il en avait d'autres en tête. S'il avait visité le reste des pièces de l'étage – à l'exception de la chambre de Granger, dans laquelle il n'avait pas osé entrer après avoir ouvert la porte – il n'avait pas pour autant repris ses anciens réflexes et habitudes. Il n'avait pas touché de crayon depuis son arrivée et lisait souvent l'inquiétude de Pansy dans ses lettres vis à vis de l'absence de réponse. Elle répétait que ça lui ferait du bien, que ça lui changerait les idées. Peut-être avait-elle raison.

Néanmoins, il voulait à tout prix se rendre au rez-de-chaussée et découvrir le reste de la maison. Si la bibliothèque avait un intérêt pour lui, les autres chambres vides, remplies d'objets moldus étranges et effrayants, n'en avaient pas. Il devait donc profiter de sa motivation pour découvrir le reste de la maison et accomplir ce qui l'effrayait tant. Tout cela lui semblait ridicule quand il y pensait.

Cependant, descendre les escaliers se trouvait être une épreuve bien plus compliquée que prévu. Il avait déplacé le fauteuil du couloir face aux marches plusieurs fois pour les appréhender et les connaître davantage, en vain.

Il avait l'impression qu'en les empruntant, il ferait face à une infinité de nouvelles choses qu'il ne serait pas capable d'affronter ou de délimiter. Peut-être aurait-il accès à l'extérieur. Peut-être y aurait-il d'autres créatures étranges à éviter. Peut-être qu'il y avait aussi des objets moldus dangereux. Trop de possibilités.

Il ne se sentait pas prêt. Il avait peur.

Il avait donc fini par repousser cela à plus tard. Son prochain objectif était bien plus important. Du moins, nécessitait de la préparation.

En effet, il avait reçu une lettre une semaine plus tôt, l'informant de la visite prochaine du couple Potter. Elle avait été signée par Théo. Un tout premier contact avec lui depuis sa sortie.

Et cela l'avait mis dans tous ses états.

Un mélange de jalousie, de tristesse, de peur, de nostalgie et de joie s'était formé dans son cœur.

Jalousie de ne pas être aussi capable d'écrire, de prendre les transports moldus, ou ne serait-ce que sortir de la maison dans laquelle il vivait depuis trois mois.

Tristesse d'avoir passé tant de temps éloigné de ses amis. Tristesse de n'être capable de rien d'autre que lire des livres sur un canapé qui se révélait ne pas être aussi confortable qu'il n'y paraissait.

Peur d'être incapable de lui adresser la parole. Peur de ne pas supporter sa présence. Peur de le retrouver. Peur que quelqu'un de nouveau entre dans sa chambre.

Nostalgie de revivre tous les souvenirs joyeux qu'il avait partagés avec Théo.

Joie de retrouver son ami, de revoir quelqu'un qui lui était proche. Quelqu'un qui, peut-être, le comprendrait.

Peur. Peur. Peur.

Drago ferma les yeux et inspira un grand coup. Il était assis au bord de la fenêtre depuis que Granger lui avait amené son petit-déjeuner. D'après ses dires, Potter l'avait prévenue qu'ils amèneraient le déjeuner. Déjà. Il n'avait pas vu le temps passer.

Cela n'avait fait qu'angoisser davantage Drago. Ce n'était pas dans ses plans. Ce n'était pas ce qui était prévu. Il n'en avait pas l'habitude, il ne pouvait pas prévoir ce qu'il se passerait et agir en conséquence. Comment pourrait-il rester sain d'esprit si sa routine était perturbée ? S'il ne pouvait pas manger son déjeuner froid seul et tranquille dans sa chambre ?

Il ruminait donc à ce propos et s'imaginait tout un tas de choses pouvant se produire dès l'arrivée du couple Potter. De ce déjeuner. De cette journée.

Et s'il s'agissait d'un piège ? Après tout, il ne connaissait pas l'écriture de Théo par cœur. Et s'ils avaient un empêchement et ne venaient pas ? Et si Théo ne le considérait plus comme son ami ? Et si on lui demandait de descendre les escaliers ?

Il recommençait à paniquer. Il le sentait aux battements rapides de son cœur et à ses mains moites.

Il fixait le chemin qui menait à la porte d'entrée depuis maintenant trois heures et jetait des coups d'œil à sa montre toutes les dix minutes. Théo n'avait indiqué aucune heure d'arrivée et Granger non plus. Et cela n'aidait en rien à ce que Drago se calme.

Il était d'ailleurs certain que sans potion de sommeil sans rêves, il n'aurait pas fermé les yeux de la nuit.

Finalement, lorsque l'aiguille des heures s'aligna sur celle des minutes, à midi pile, Drago entendit un bruit étrange résonner dans les alentours. Une sorte de grondement, comme si quelque chose frottait les graviers sur le sol et les écrasait. Il avait l'impression que cette chose se rapprochait et cela ne fit qu'accélérer les battements de son cœur. Il fut presque tenté de fermer la fenêtre de la chambre. De toute manière, Wynn dormait dans son nid, il n'aurait pas risqué de la laisser dehors.

Qu'est-ce que c'était ? Plus les secondes passaient et plus son envie de se cacher brûlait dans sa poitrine. Il avait peur.

Après une minute de théories plus étranges les unes que les autres, un objet de taille considérable entra dans son champ de vision. Il écarquilla les yeux en reconnaissant une sorte de voiture magique. Du moins, ce fut ainsi qu'il l'interpréta.

Elle ne ressemblait pas du tout à celles qu'il avait pu voir au cours de sa vie. Il se souvenait des paroles de son père à ce propos, d'à quel point il était pitoyable et réducteur pour des sorciers d'en venir à modifier des objets moldus pour se déplacer.

Il avait vu des caricatures de ces objets maléfiques dans la bande-dessinée Martin Miggs, le moldu fou, et en avait entendu parler par Millicent Bulstrode, qui en avait utilisé à cause du travail de ses parents. Lui-même en avait vu quelques fois, mais ne s'en était jamais servi, pas plus qu'il ne les avait vraiment approchés. Ses parents avaient tout fait pour qu'il ne fréquente pas le monde moldu, ou le moins possible. Les transplanages d'escorte et voyages par cheminée avaient permis qu'il évite de sortir du monde sorcier, mais il avait été forcé d'y passer à quelques occasions, ou d'en apercevoir le contenu lors de certains voyages.

Cependant, la voiture qui roulait le long de la route était bien différente de celles qu'il avait aperçues lorsqu'il était plus jeune. Elle était séparée en deux parties : la première était fermée et semblait être réservée aux passagers et la seconde était ouverte et contenait des objets que Drago ne parvint pas à distinguer avec la distance. Elle était entièrement jaune.

Il songea au fait qu'il s'agissait probablement d'un modèle basique de "voiture", mais qu'il n'avait jamais vu. Après tout, ce n'était pas comme s'il était un professionnel en termes de véhicules moldus. Ils l'effrayaient bien trop pour cela.

La voiture s'arrêta devant le portillon dans un bruit sourd. Le silence reprit place dans les alentours et Drago put presque entendre les battements de son cœur.

Après quelques minutes sans que rien ne se passe, il vit la si caractéristique chevelure brune et en bataille de Potter sortir du côté gauche de la voiture.

Drago fronça les sourcils. Est-ce que Théo avait conduit ? Après tout, dans ses souvenirs, le conducteur de ces objets maléfiques se trouvait toujours à droite.

Il oublia rapidement cette préoccupation en voyant son ami sortir à son tour de la voiture. Il écarquilla les yeux. Il s'était attendu à ce que Théo soit aussi maigre et pâle que lui, voire même qu'il soit frêle et malade.

Cependant, en voyant la peau légèrement bronzée de son ami, ses vêtements semblant presque trop petits pour lui et une paire de lunettes sur le nez, Drago comprit que son traitement à Azkaban avait été bien différent du sien. C'était incomparable.

Il serra les doigts sur ses genoux pour les empêcher de trembler. La jalousie venait bousculer la joie qu'il avait eue de retrouver son ami. Il la sentait gonfler dans son cœur et ne laisser plus aucune place au reste.

Pourquoi Théodore semblait-il si à l'aise, si calme et en bonne santé ? Pourquoi n'avait-il pas subi autant d'horreurs que lui ? Pourquoi ses yeux n'étaient-ils pas emplis des fantômes de son passé, de ses souffrances, de ses maux ?

Il baissa les yeux sur son corps trop maigre qui flottait dans les vêtements – pourtant ajustés – de Blaise. Ses mains rugueuses et squelettiques. Sa barbe qu'il n'avait pas voulu tailler depuis un moment. Ses côtes qu'il savait visibles sous sa peau.

Il déglutit. Il ne comprenait pas. Comment était-ce possible ?

Il regarda Potter faire le tour de la voiture et attraper Théodore par le bras pour l'escorter jusqu'au portail. Ce dernier semblait plus curieux qu'autre chose alors qu'il observait les alentours avec des yeux grands ouverts.

Encore une fois, Drago serra les dents. Comment pouvait-il être si serein dans un endroit qui lui était inconnu ? Comment pouvait-il rester debout et avancer, alors même qu'il ne savait pas vers quoi il se dirigeait ? Cela le dépassait. Il n'arrivait pas à comprendre.

Finalement, se sentant incapable d'admirer plus longtemps ce bonheur qu'il n'avait pas connu depuis des années, il s'éloigna de la fenêtre et retourna s'allonger dans son lit, la tête plongée dans un coussin.

oOo

– Tout va bien se passer, répéta Harry pour la quatrième fois depuis leur départ.

Si bien que Théo se demanda à qui était réellement adressée cette phrase.

Son mari avait posé une main sur sa cuisse, qu'il caressait de temps en temps avec son pouce, lorsqu'il n'avait pas besoin de l'utiliser pour conduire l'engin dans lequel ils se trouvaient.

Harry lui avait expliqué qu'il avait passé son permis moldu un mois avant sa libération, puisqu'il savait qu'ils ne pourraient plus se déplacer avec la magie. Ainsi, il avait acheté une vieille fourgonnette d'occasion qui n'avait pas beaucoup servi, afin qu'ils puissent se déplacer rapidement si nécessaire.

Théodore avait mis du temps à s'habituer à un tel véhicule. Il en avait entendu parler dans sa jeunesse et en avait vu quelques-uns en allant à Londres, mais il n'en avait jamais utilisé.

La première fois qu'il s'y était assis et que la voiture avait démarré, il s'était senti malade au point de vomir. Il en gardait de très mauvais souvenirs. Harry l'avait poussé à réessayer jusqu'à ce qu'il s'habitue aux cahotements de la voiture. Il avait vomi plusieurs fois et avait perdu toutes les couleurs que le soleil avait fait gagner à son visage, mais finalement, il avait réussi à se tenir du côté passager sans en être malade.

Pour se rendre jusqu'aux Pyrénées, Harry avait préféré qu'ils s'arrêtent en cours de route dans un petit hôtel moldu pour la nuit. Ainsi, Théodore n'avait pas eu à subir un trajet de cinq heures de suite, pour son plus grand bonheur.

À sa plus grande surprise, le jeune homme s'était bien habitué aux coutumes moldues qu'Harry lui enseignait petit à petit. Il était toujours émerveillé de découvrir les technologies de personnes qu'il avait toujours sous-estimées à cause de ses parents.

Les voitures en faisaient partie, mais aussi les réfrigérateurs, les téléphones, les stylos billes, ou encore l'électricité en général. C'était devenu une habitude entre Harry et lui. Son mari lui ramenait chaque jour un objet moldu et lui apprenait à s'en servir.

Théo se servait toujours de sa baguette, bien qu'il ait eu du mal à reprendre la main au départ, mais il était aussi heureux d'utiliser des objets moldus qui se révélaient parfois plus utiles que la magie.

Il avait notamment découvert tout un tas de matériel de dessin moldu, dont il n'avait jamais entendu parler dans le monde sorcier. L'aquarelle ou encore les pastels avaient été des trouvailles incroyables pour alimenter ses créations. La peinture sorcière se résumait principalement à l'acrylique magique et la peinture à l'huile, ce qui était souvent insuffisant. Dire qu'il passait désormais bien plus de temps dans son atelier était un euphémisme.

Il avait essayé de soudoyer son mari pour qu'il puisse emmener ses affaires de dessin jusqu'à chez Granger, mais celui-ci l'en avait dissuadé. Il y aurait mieux à faire, après tout.

La nuit à l'hôtel s'était révélée plus difficile que ce que Théo aurait imaginé. S'il s'était habitué à dormir avec son mari dans leur manoir, ce n'était pas le cas d'un hôtel de mauvaise facture perdu au milieu de la campagne française.

À vrai dire, il n'avait pratiquement pas dormi. Il avait avalé des potions revigorantes au réveil dans le dos de Harry, pour ne pas que celui-ci s'inquiète. Il le savait prêt à le ramener chez eux pour qu'il se repose et il n'avait aucune envie de rater ses retrouvailles avec Drago, aussi angoissantes puissent-elles être.

Ils avaient donc repris la route en milieu de matinée, afin d'arriver dans les temps pour le déjeuner que Harry avait gentiment préparé la veille.

– Tu es stressé, statua Théo en tournant la tête vers son mari.

– Pas du tout, mentit celui-ci en retirant sa main de sa cuisse.

– Pourquoi es-tu stressé ?

– Je ne suis pas stressé, Théo, grogna Harry.

– Je croyais que tu avais gardé de bonnes relations avec Granger.

– C'est le cas.

Théo comprit au ton de sa voix qu'il mentait. Il était crispé, ses mains étaient serrées sur son volant et il se passait une main dans les cheveux à intervalles réguliers.

– Il s'est passé quelque chose entre vous ?

– Je te dis que tout va bien, Théo, s'agaça Harry en tournant son volant à droite pour suivre la route.

Il soupira fortement, agacé à son tour.

– Tu mens et je le sais, répliqua-t-il en ouvrant sa fenêtre avec le bouton que son mari lui avait indiqué.

Il sortit son paquet de cigarettes de la poche droite de son manteau et en alluma une avec son briquet moldu. Une autre invention très utile lorsqu'il ne pouvait pas se servir de sa baguette.

– Donne m'en une, lui demanda Harry.

– Uniquement si tu me dis la vérité.

Harry souffla avec exaspération, mais Théodore ne céda pas. Il voulait des réponses. Il n'avait aucune envie de débarquer chez Granger et de subir une quelconque tension sans en comprendre la raison.

– Je m'en veux car je n'ai pas été là pour elle ces derniers mois et j'ai peur que cela ait brisé définitivement quelque chose entre nous.

Théo ne répondit pas tout de suite. Il considéra la réponse de son mari en silence, il comprenait désormais l'état d'esprit dans lequel il était.

Cela ne l'étonnait pas. Harry avait montré un tel attachement et une telle dévotion envers lui, que Théo n'était pas surpris d'apprendre qu'il avait délaissé le reste de ses amis pour s'occuper de lui. Pas qu'il cautionne cela pour autant.

Harry était resté constamment avec lui dans leur manoir – mis à part pour quelques allers-retours en Grande-Bretagne pour signer la paperasse liée à son ancien emploi – mais il s'était imaginé que Harry avait échangé avec ses amis par hibou. Du moins, il n'avait jamais démenti cela lorsqu'ils en avaient parlé.

Théo avait eu tort, il s'était bercé d'illusions optimistes et naïves. Tout n'était pas aussi simple.

– Je peux avoir ma cigarette ? reprit Harry d'un ton qui laissait clairement entendre son anxiété.

Théodore lui en tendit une, silencieux. Il ne savait pas vraiment quoi lui dire. Il lui en voulait de ne pas lui en avoir parlé plus tôt, mais comprenait qu'il n'ait pas osé le faire. Il devait savoir que Théo n'aurait jamais accepté qu'il délaisse ses amis pour lui.

– Tout va bien se passer, se contenta-t-il donc de répondre en posant sa main sur la cuisse de son mari.

Au loin, la maison de Granger se profilait.


Merci à Damelith, Lyra et Akhmaleone pour leur soutien !

On se retrouve jeudi prochain sans faute,

Nova