Hello, désolée du retard, j'ai eu une semaine compliquée :)
Il s'agissait probablement de l'épreuve la plus difficile que Drago avait eu à surmonter depuis quelques semaines.
Il avait tenté plusieurs fois de descendre les foutus escaliers de la maison, sans succès. Son esprit était bien trop perturbé par les récents événements.
Le décès de Daphné, accumulé au fait qu'il n'avait pas pu se rendre à ses obsèques, avait été un coup dur à vivre. Ces mauvaises nouvelles l'avaient enfermé dans un nouveau cercle vicieux, à l'intérieur duquel les souvenirs de sa mère s'étaient mêlés.
Il s'était trouvé si lâche, incapable de sortir de cette prison qu'était son esprit endeuillé. Si faible de n'être capable de rien d'autre qu'attendre chaque jour désespérément les lettres réconfortantes de Pansy. Trop fier et couard pour demander à Granger d'arrêter de le nourrir uniquement avec du riz trop cuit et de la viande trop salée. Trop misérable d'en arriver à devoir racler le fond d'une coupe à savon, par peur d'en demander un autre cube.
Il ne se reconnaissait plus. Il se regardait dans le miroir chaque matin, au bord des larmes en voyant un homme qui n'avait rien de celui qu'il voulait être.
Le calendrier magique que Pansy lui avait offert affichait le dix septembre. Drago était sorti d'Azkaban depuis quatre mois et n'avait pas quitté l'étage de la maison.
Lâche. Misérable. Couard. Faible.
Wynn ne restait plus autant dans la chambre qu'à son arrivée. Peut-être ressentait-elle l'ambiance lugubre de la pièce. Peut-être voulait-elle s'éloigner des ondes négatives que Drago dégageait.
Pansy avait proposé plusieurs fois de lui faire visiter la maison, mais il avait refusé. Il le ferait seul. Il était bien trop fier pour demander une telle aide.
Il était plus rare qu'il dépose des vêtements dans le panier rose de Granger. Il ne s'habillait plus vraiment depuis une semaine. Elle n'avait jamais fait de commentaire. Il ne la croisait pas vraiment, il faisait de son mieux pour l'éviter.
Il l'apercevait parfois à travers la fenêtre de sa chambre, lorsqu'elle partait travailler. Il se demandait souvent quel était son emploi. Il gardait ses questions pour lui. La curiosité était un vilain défaut, il l'avait appris à ses dépens.
Il la voyait une cigarette à la main pratiquement tous les matins. Il voyait la fumée s'échapper au-dessus de ses cheveux qu'elle gardait toujours lâchés. Ils semblaient tout aussi emmêlés et volumineux que lors de leurs années à Poudlard. Elle n'en prenait pas soin, Drago en était certain.
Ses vêtements étaient presque toujours les mêmes – tout comme lui, bien qu'il n'ait jamais demandé à ce que cela change – et elle avait deux paires de chaussures. Des salopettes, des chemises délavées, des longues robes datant du siècle précédent et une paire de bottines noires et abîmées.
Des vêtements moldus.
Il avait fini par s'y habituer et y trouvait même une utilité. Certains semblaient plus pratiques et légers que les robes et capes de sorciers qu'il avait portées toute sa vie.
Parfois, les jours de week-end – ceux où il ne sortait pas de sa chambre – Granger portait des hautes chaussures brillantes et lisses pour se rendre dans le bâtiment qui faisait face à sa fenêtre. Elle revenait couverte de terre, voire même de ce qui semblait être des excréments. Cela avait le don de répugner Drago, qui se demandait ce qu'elle pouvait bien y faire.
En somme, il restait observateur. Il se contentait de scruter les moindres déplacements de sa colocataire, sans jamais interagir avec elle pour autant. Il regardait la pluie tomber et le vent secouer les premières feuilles orangées des arbres jusqu'à ce qu'elles tombent sur le sol. Il lisait des tas de livres, sans vraiment se soucier d'en comprendre le sens. Il comptait et recomptait les lattes des parquets des autres chambres d'amis.
Le temps semblait s'allonger alors qu'il luttait chaque jour contre ses angoisses, dans l'espoir d'enfin réussir à descendre ces escaliers.
Jusqu'au lever du soleil de ce lundi matin, qui éveilla un Drago déterminé. Une détermination particulière. Celle du dépit, de la pitié envers lui-même, de la colère, de la tristesse. Il en avait assez.
Il observa Granger sortir de la maison, puis attendit que le soleil ait parcouru la moitié du ciel tout en mangeant son petit-déjeuner. Il se dirigea ensuite jusqu'à la salle de bains où il put prendre une douche rapide avec un infime morceau de savon. Il se lava soigneusement les dents, évita de regarder la lame de rasoir qu'il n'avait plus osé toucher, appliqua son baume réparateur sur ses quelques blessures pas encore tout à fait cicatrisées, s'observa une dernière fois dans le miroir et quitta la pièce.
La suite de son rituel matinal commençait. Il entra dans la bibliothèque en vérifiant – comme chaque fois qu'il entrait dans une pièce – qu'elle était vide, puis fit le tour des étagères pour choisir un ouvrage. Cela lui servirait de passe-temps, lorsqu'il attendrait d'avoir le courage de descendre les escaliers.
Il déplaça le fauteuil qui faisait face à sa chambre jusqu'au début des marches et s'y installa. De là commençait son enfer quotidien, la période où il s'enfermerait dans sa tête et lutterait contre ses pensées parasites.
Et si l'escalier était piégé ? Et si quelqu'un l'attendait en bas ? Et si d'autres bêtes habitaient là ? Et si Pansy venait à sa rencontre pour lui annoncer une nouvelle tragédie ?
Plus il observait les marches et plus les hypothèses se multipliaient et décuplaient son angoisse. Il se forçait à lire pour ne plus y penser.
Parfois, il s'imaginait avaler des tas de potions de sommeil sans rêves, dans l'espoir qu'elles calment ses pensées destructrices. Il envisageait l'idée d'oublier tout ce qui lui était arrivé. D'oublier sa mère, son père, Daphné, Azkaban. Oublier ses souffrances. Il était persuadé que cela règlerait tous ses problèmes.
Après tout, sans son passé, il n'aurait aucune raison d'angoisser à l'idée de descendre un foutu escalier, n'est-ce pas ?
Les battements de son cœur étaient bien trop rapides après vingt minutes à fixer les marches. Il se rabattit donc sur son livre, pour lire et relire les lignes de texte sans en comprendre un mot.
Parlait-il de la politique en Australie ou bien du tourisme ? Il n'en avait aucune idée.
En réalité, lire ne lui était d'aucune utilité. Cela ne le distrayait pas. Il restait aussi obsédé par l'escalier qui lui faisait face.
Il soupira et gémit de désespoir. Il se trouvait si faible, si lâche.
Il se leva brusquement, laissa tomber le livre sur le sol et descendit la première marche sur un coup de tête. Son cœur battait la chamade et ses doigts tremblaient, mais il n'en avait rien à faire.
Il n'en pouvait plus de cette lâcheté.
Il posa son pied sur la deuxième marche et prit de grandes inspirations. Ce n'était qu'un foutu escalier. Il ne devrait pas en être effrayé.
Trois marches. Quatre marches. Cinq. Six. Sept. Huit.
Il s'arrêta et respira longuement, en fermant les yeux. Il en était capable. Tout ça était ridicule.
Il tendit son pied droit dans le vide en fixant la marche suivante, mais resta immobile.
Et si quelque chose lui arrivait en bas ? Et si…
Sa tête tournait et ses muscles devenaient douloureux à force d'être tendus. Il serra les poings et les paupières, puis se rétracta.
Ce ne serait pas pour aujourd'hui.
Aujourd'hui, il resterait l'homme pitoyable et incapable de descendre un escalier.
oOo
Pansy était installée à son bureau, occupée à rédiger une lettre pour Drago. C'était leur courrier quotidien, dans lequel elle se faisait un plaisir de lui raconter les avancées de ses projets, mais aussi ceux de Blaise dans son cabinet d'avocat.
Elle n'était pas allée en France depuis quelques jours déjà et comptait s'y rendre le lendemain, mais cela ne l'empêchait nullement de respecter leur routine, à savoir, s'échanger des lettres chaque jour de la semaine.
Celles de Drago n'étaient jamais très longues. Il ne racontait rien de ses journées et se contentait de réagir aux récits de son amie. Elle lui demandait tous les jours comment il se sentait, s'il avait toujours mal à la cheville ou à l'épaule, si ses blessures se résorbaient, s'il voyait parfois Hermione, si Wynn appréciait son nouveau chez elle, ou encore ce qu'il pensait de la maison. Il ne répondait jamais.
Il se contentait de donner son avis sur les projets que le couple Zabini menait.
Malgré tout, Pansy ne s'en plaignait pas.
L'une de ses plus grandes peurs, lors de l'annonce de la loi Mangemort, avait été de retrouver son ami dans un état mental grave. Elle avait été terrifiée à l'idée qu'il soit incapable de parler de façon cohérente, de réfléchir, ou quoi que ce soit qui puisse prouver une quelconque déterioration de son esprit.
Ce n'était pas le cas. Drago avait des séquelles psychologiques, il fallait être idiot pour ne pas le voir, mais il n'en était pas réduit mentalement pour autant. Ses pensées étaient cohérentes, bien qu'elles traduisent une grande anxiété, et il restait l'homme avec qui elle avait grandi.
Il continuait de donner son avis, sans que celui-ci ne soit demandé par qui que ce soit. Il continuait de s'inquiéter pour elle et pour sa relation avec Blaise, qu'elle décrivait comme tendue ces derniers temps. Il avait gardé son écriture soignée et son vocabulaire soutenu. Il continuait de signer son courrier tel un homme de la Haute-Société Sorcière, avec ses trois initiales. Il restait aussi réfléchi que lors de leurs dernières années à Poudlard.
Et c'était ce qui la retenait de le pousser à répondre à toutes ses questions. Elle lui laissait le temps. Elle lui laissait de la place. Elle était certaine qu'il n'était pas souffrant et qu'il avait toute sa tête, le reste se reconstruirait avec le temps.
Elle se contentait de lui apporter la compagnie et le soutien nécessaires à ce qu'il puisse avancer.
Bien sûr, il lui arrivait souvent de s'inquiéter pour lui. Lorsqu'elle ne recevait pas de réponse à l'heure habituelle, ou bien lorsqu'elle découvrait la pâleur de son visage lors de ses visites. Elle ne le poussait cependant jamais à se confier. Ce n'était pas son rôle. Elle connaissait trop bien Drago pour savoir que cela était inutile. Elle avait déjà passé leur sixième année à essayer de comprendre ce qui n'allait pas.
Elle foncerait dans un mur en le forçant à lui parler de ce qui le hantait. Alors elle se contentait de lui apporter ce qu'elle pouvait. De la compagnie, de la conversation, des vêtements, parfois ses plats préférés. Elle gardait ses inquiétudes pour elle.
Elle s'apprêtait à lui raconter la journée épuisante qu'elle avait eue, passée dans des salles d'attente d'avocats qui avaient pour la plupart refusé de la recevoir, lorsque quelques coups furent frappés à sa porte.
Elle fut surprise de découvrir le visage de son mari se faufiler à travers l'ouverture. Voilà une chose qu'elle cachait à Drago : elle vivait en Ecosse depuis maintenant dix jours.
Dix jours de solitude presque totale. Dix jours de souffrance et à la fois de repos. Un contraste affligeant.
Blaise lui manquait terriblement. Il lui avait donné l'espace dont elle avait besoin et ne l'avait contactée que trois fois par courrier. Elle lui en était plus reconnaissante que tout.
Si elle souffrait de cette distance, elle savait que c'était pour le mieux. Il leur était arrivé plusieurs fois de se séparer pour quelques jours histoire de souffler, mais jamais pendant si longtemps. Cette fois, Pansy avait craqué avant d'avoir pris le temps de lui demander à faire une pause et ils en avaient subi les conséquences.
Elle avait eu besoin de temps pour faire le vide. De temps seule.
– Je te dérange ? demanda Blaise, incertain.
Elle ne s'était pas attendue à le voir ni même à ce qu'il traverse le pays pour la rejoindre dans leur maison secondaire.
– Je rédigeais une lettre pour Drago, se contenta-t-elle de répondre d'une voix presque bégayante.
– Je peux repasser si tu…
– Non ! s'exclama-t-elle, bien trop vite à son goût.
Elle sentit son visage chauffer et le vit sourire bêtement, ce qui ne fit qu'accentuer son malaise. Elle n'avait pas voulu montrer un tel engouement à l'idée de le revoir. Elle avait bien trop de fierté pour avouer que cette distance l'avait meurtrie.
Le revoir, si proche, après seulement dix jours, faisait tambouriner son cœur dans sa poitrine.
– Tu peux rester, reprit-elle d'une petite voix, sans le quitter des yeux.
Il était bien la seule personne sur Terre à l'impressionner autant. La seule personne qui avait autant d'importance.
– En fait… Je voulais t'emmener dîner, avoua-t-il en se passant une main derrière la nuque.
Son regard était fuyant et ses joues s'étaient colorées. Elle le trouva si attendrissant qu'elle en oublia presque tout ce qu'il s'était passé.
– Mais je comprendrais que tu ne veuilles pas, ajouta-t-il prestement.
Elle ne put s'empêcher de sourire, bien qu'elle tenta de le dissimuler en appuyant son menton sur sa main. Blaise était tout aussi stressé qu'elle par ces retrouvailles improvisées.
– Comment est-ce que je dois m'habiller ? demanda-t-elle avec un doux sourire en se levant.
La lettre de Drago pouvait attendre.
Blaise la dévorait du regard, alors qu'elle replaçait sa plume dans l'encrier et s'approchait de lui.
– Tu es parfaite ainsi, murmura-t-il comme s'il venait de voir un ange.
Il lui tendit la main et elle l'attrapa sans hésitation. Il la tira jusqu'à lui et ferma les yeux lorsqu'elle se blottit enfin contre lui. Elle se sentait chez elle.
Le restaurant qu'il lui fit découvrir se situait à quelques rues de leur maison secondaire. L'endroit était calme, bien fréquenté et la nourriture servie était celle que Pansy préférait : indienne.
Ils étaient installés entre un couple d'une trentaine d'années et un vieil homme qui semblait être un habitué du lieu. Les serveurs étaient sympathiques et la musique pas trop forte. L'idéal.
Pansy leur commanda un Naan dal et deux bols de riz.
Elle n'avait pas lâché sa main depuis leur arrivée et la serrait dans la sienne par manque de contact. Elle avait besoin de le sentir avec elle.
– Harry est venu me rendre visite ce matin, annonça Blaise après que leurs plats leur aient été amenés.
Pansy se tendit aussitôt. Elle avait fait de son mieux pour ne pas penser à tout cela la semaine passée.
– Il est venu jusqu'en Angleterre ? s'étonna-t-elle en feignant de ne pas être dérangée par ce sujet.
– Oui, il a fait l'aller-retour dans la journée. Il avait quelques dernières affaires à régler avec le Ministère.
– Il a laissé Théo seul ?
– D'après ses dires, c'est même lui qui l'a poussé à venir. Il décalait son voyage depuis des semaines pour ne pas le laisser seul, expliqua son époux en haussant les épaules.
– Et que voulait-il ? s'enquit-elle après avoir hoché pensivement la tête.
– Il venait principalement aux nouvelles. Après…
Blaise se racla la gorge, comme incertain de savoir s'il devait continuer sa phrase.
– Après les obsèques de Daphné, Théo voulait en savoir plus et que Harry vienne nous voir pour prendre la température. Les lettres ne suffisaient pas à ses yeux.
Pansy hocha gravement la tête, pas étonnée que son ami se soit inquiété pour eux. Il avait toujours été ainsi, à prendre soin du groupe avant même de prendre soin de lui. C'était l'un de ses plus gros défauts, bien que cela puisse parfois être une qualité. Jusqu'à ce qu'il ne se mette dans des situations compliquées pour le bien de ses proches.
Il était souvent bien trop réservé pour les laisser l'approcher et l'aider. Drago et Théodore étaient les mêmes sur ce point, protégés par une carapace invisible que peu parvenaient à transpercer.
– Potter va postuler au Ministère Français en tant qu'employé de leur Département des Jeux et Sports magiques, déclara Blaise après un instant de silence.
Cela fit sursauter Pansy, qui s'était perdue dans ses pensées. Elle fronça les sourcils.
– Je croyais qu'il ne voulait pas laisser Théo seul ?
– Encore une fois, c'est lui qui l'a poussé à postuler. D'après ce que j'ai compris, Théo ne supportait plus de le voir tourner en rond chez eux.
– Ce qui est compréhensible, grimaça Pansy, d'un air las. Et qu'en est-il de Théo ? Que va-t-il faire de ses journées en son absence ?
– Potter pourra travailler chez eux la majorité du temps, ce qui ne devrait donc pas poser trop de problèmes. Et ils vont adopter un chat.
Pansy eut un rire ironique, déjà fatiguée par la conversation qui allait suivre.
– Parce qu'ils pensent qu'un chat va suffire à lui tenir compagnie et le calmer lorsqu'il fera l'une de ses crises ?
– Il va voir un psychomage, rétorqua son mari.
– Et tu crois vraiment que c'est suffisant ? Une thérapie comme celle-ci prendra des mois, voire des années. Il ne va pas réussir à vivre seul du jour au lendemain seulement parce qu'il a un pauvre chat qui lui tournera autour et le fixera lorsqu'il se retrouvera recroquevillé dans un coin de sa chambre !
Blaise resta muet, alors que Pansy se sentait submergée par une vague de colère.
Il fallait qu'elle s'apaise. Elle ne pouvait pas retomber dans un tel état d'esprit.
– Drago aussi est seul, marmonna Blaise, comme pour se défendre.
– Nous n'avons pas le choix et tu le sais très bien, répliqua-t-elle en soupirant.
Elle se passa une main sur le visage, dépassée par la tournure de la conversation, et reprit.
– Potter est trop optimiste, c'est une chose que j'ai toujours détesté chez lui. Il pense que les choses vont se régler du jour au lendemain, sous prétexte qu'il a fait ce qu'il pouvait. Or, il n'est pas seul et il va falloir qu'il le comprenne. Théo m'a envoyé une lettre il y a deux jours, tu sais ? Il me demandait de lui expliquer pourquoi Drago est dans un état si différent du sien. D'après ses propres mots, Drago n'a pas ouvert la bouche une seule fois quand ils se sont vus ! Je n'ai pas su quoi lui répondre. Je ne veux pas qu'il se mette dans des états pas possible à cause de ça, je le connais. Et je refuse que Harry abandonne une personne de plus que nous devrons ramasser à la petite cuillière, sous prétexte qu'il sera incapable de gérer Théo s'il décide de sauver Drago ou je ne sais quelle autre connerie !
Blaise fronça les sourcils.
– Il n'abandonnerait jamais Théo.
– Ah oui ? N'est-ce pas ce qu'il clamait par rapport à Hermione ? Et où en sommes-nous ? Il l'a laissée pourrir en France pendant des mois en pensant qu'elle irait mieux toute seule ! Et quand il l'a compris, c'était déjà trop tard.
– Il essaye de ressouder leur amitié, fit Blaise en tripotant sa serviette du bout des doigts. Ils vont lui rendre visite dans quelques jours, pour son anniversaire. Théo restera avec Drago et Potter emmènera Granger en voiture pour une virée à deux.
Pansy eut un autre rire ironique et secoua la tête.
– J'en ai assez, avoua-t-elle avec une fausse joie. J'en ai assez de cette hypocrisie ambiante et de toutes ces fausses apparences. Qu'est-ce qu'il croit faire ? Il pense qu'en un claquement de doigts, en une virée en voiture, les choses iront mieux entre elle et lui et qu'il pourra retourner à ses petites affaires avec Théo ? Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
– Je doute qu'il pense une telle chose, dit Blaise. Je pense qu'il est sincère, tu sais. J'en ai beaucoup parlé avec lui ce matin. Il s'en veut.
Pansy détourna le regard vers la fenêtre qui donnait sur la ville. Les lumières moldues étaient allumées.
– Je n'ai pas envie d'avoir cette conversation avec toi à nouveau, murmura-t-elle, les larmes aux yeux. J'ai besoin de… J'ai besoin…
Elle n'en savait rien. Elle était épuisée.
Blaise reprit sa main dans la sienne.
– Je sais que j'ai fait beaucoup d'erreurs ces temps-ci, Pans'. Je sais que je t'ai déçu, mais fais-moi confiance. S'il te plaît. Fais lui confiance. Pour cette fois. Prends du temps loin de tout ça, concentre-toi sur ta fondation et laisse-nous gérer tout ça.
Elle hocha la tête et il lui embrassa la main, avant de demander l'addition au serveur.
Elle était bien trop fatiguée pour refuser. Elle n'avait pas la force de lutter.
oOo
Le Québec était une région du monde que Ginny avait toujours voulu visiter.
Astoria et elle étaient arrivées trois jours plus tôt et une fois enfin remise du décalage horaire – elles revenaient tout de même d'un autre continent – la jeune femme pouvait enfin profiter de la beauté des paysages.
Après que sa fiancée fut rentrée d'Angleterre où elle s'était rendu pour l'anniversaire de son père, elles avaient décidé de s'échapper encore plus loin, de déserter complètement cette région du monde. Astoria avait dit avoir besoin de nouveauté, de frais, d'une pause.
Ginny avait tout de suite accepté, elle refusait de voir celle qu'elle aimait souffrir et savait que revoir sa famille avait été difficile. Elle aurait été prête à tout pour lui rendre le sourire. Elle avait même accepté de ne pas venir lorsqu'Astoria le lui avait suggéré.
Elle se rappelait encore de ses mots, le soir même.
"Tu es tout ce que j'ai, Ginny. Je ne peux pas imaginer une vie sans toi, j'en mourrais. Si tu m'accompagnes, j'ai peur qu'ils te disent des choses affreuses. Je ne veux pas te perdre. "
Elle sourit à ce souvenir. Elle ne voulait pas la perdre non plus, ce serait trop dur. Elle lui faisait confiance. Ce qu'elles vivaient était trop beau, trop parfait. Elle se sentait une nouvelle personne en compagnie d'Astoria, elle l'aidait à devenir meilleure, Ginny le ressentait chaque jour.
Elle l'entendit d'ailleurs s'approcher de la chaise longue dans laquelle elle était installée, sur le balcon de leur gîte. Elle profitait du soleil de fin d'été.
– Tu devrais mettre de la protection solaire, lui conseilla Astoria avant de se pencher vers elle pour l'embrasser sur le front. Ta peau va en pâtir et crois moi, tu le regretteras plus tard !
Ginny sourit alors que sa fiancée pouffait. Elle sortit sa baguette et fit venir à elle un flacon d'élixir solaire.
– Tu veux bien m'en appliquer ?
Elle se tourna juste à temps pour voir Astoria sourire avec envie. Elle se positionna juste entre ses jambes, sur lesquelles elle étala l'élixir.
– Tiens, tu me fais penser qu'il faut que je rachète cet épilateur magique que j'avais trouvé dans une boutique marocaine, fit Astoria en caressant son mollet. Tu pourras aussi t'en servir, si tu veux.
Ginny réalisa alors qu'elle ne s'était pas rasée ni épilée depuis quelques temps. Constater qu'Astoria l'avait remarqué lui enserra le ventre. Elle détestait lui faire mauvaise impression, elle avait toujours le sentiment de risquer quelque chose.
Elle se mordit la lèvre et la regarda continuer son œuvre d'art, des petits dessins abstraits sur sa peau. Elle essayait de penser à autre chose qu'aux poils le long de ses jambes. C'était vraiment hideux, elle aurait dû le voir plus tôt !
– J'ai croisé le voisin en sortant les poubelles, reprit Astoria en embrassant son genou. Il m'a proposé de nous faire visiter le quartier et de nous montrer une jolie promenade dans la forêt d'à côté, qu'en penses-tu ?
Ginny hocha alors la tête avec un sourire, ses tourments relégués au fond de son esprit. Voilà pourquoi elle aimait Astoria. Elle trouvait toujours un moyen de lui changer les idées lorsqu'elle la voyait se perdre dans ses pensées, et ce même lorsqu'elle ne comprenait pas le problème.
Décidément, cette destination leur ferait le plus grand bien. Ginny n'avait qu'une hâte : photographier sa fiancée au milieu des paysages canadiens et profiter chaque jour de ce voyage qui lui changerait de l'air d'Angleterre.
Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra, Damelith et Akhmaleone pour leur aide et soutien ! On se retrouve jeudi prochain pour la suite ! N'oubliez pas de laisser un commentaire et de suivre l'histoire pour me soutenir !
