Hello ! Merci pour vos retours et commentaires, ça me fait vraiment chaud au coeur et je ne sais pas comment vous remercier ! Je suis désolée d'encore une fois ne pas avoir répondu, je promet de faire de mon mieux pour ce chapitre !
XX
Nova
Ginny avait élu domicile sur une chaise en plastique depuis une demi-heure maintenant. Le soleil n'était pas encore levé, mais elle était déjà bien réveillée et avait même déjeuné.
Une cigarette entre les lèvres, une couverture autour des épaules et un bonnet sur la tête, elle observait les sommets de l'Himalaya se dessiner petit à petit avec les premières lumières du soleil.
C'était son moment préféré de la journée. Tout était calme et silencieux, le monde dormait, la nature s'éveillait tout juste et elle pouvait savourer quelques instants de paix.
Astoria et elle avaient commencé un trek dans les montagnes indiennes dix jours plus tôt. Elles avaient pris le train depuis New Delhi jusqu'aux pieds des monts, puis avaient emprunté une voiture qui les avait déposées au point de départ de leur ascension.
Leur objectif était simple : Astoria souhaitait rencontrer les communautés vivant recluses dans les montagnes et Ginny rêvait de photographier la faune et la flore de l'Himalaya. La rouquine s'intéressait aux différentes espèces magiques, comme ordinaires, depuis le début de ses voyages. Elle s'était prise de passion pour la photographie de ces animaux et plantes aux particularités extraordinaires.
Ses clichés en étaient donc emplis et immortalisaient des scènes uniques en leur genre.
Il lui arrivait aussi de prendre des portraits, notamment de sa fiancée, ou bien des personnes qu'elles avaient rencontrées ensemble à travers leurs voyages. Elle prenait plaisir à utiliser des argentiques moldus pour cela, trouvant les résultats bien plus frappants et expressifs que ceux des appareils sorciers.
Ainsi, à l'aide de quelques conseils donnés par un ami sorcier qu'elles avaient rencontré dans la capitale et d'une carte magique qui leur indiquait le chemin, les deux jeunes femmes avaient commencé leur voyage dans les montagnes indiennes, prêtes à en découvrir l'univers si unique.
Au début du mois d'octobre, les températures n'étaient pas encore trop basses et elles avaient de quoi dormir dans des tentes sans que la neige ne risque de les recouvrir à leur réveil.
Après dix jours de marche, elles avaient fait une pause bien méritée dans une auberge trouvée sur le chemin. Les toits rouges des bâtiments et le point de vue sur les vallées les avaient motivées à s'y arrêter.
Les propriétaires – comme partout où elles se rendaient depuis leur arrivée dans le pays – étaient d'une gentillesse et d'une hospitalité naturelles. Ils leur avaient proposé la meilleure de leurs chambres, puisqu'ils n'avaient aucun autre client. Celle-ci donnait directement sur les monts environnants et la vue des couchers et levers du soleil était imbattable.
Alors que le soleil commençait à pointer le bout de son nez, Ginny se fit la réflexion qu'il s'agissait de l'endroit le plus calme qu'elle avait visité pour le moment. La nature ellemême n'émettait aucun son, comme si toute la vallée était endormie.
Elle observa la fumée blanche de sa cigarette s'échapper avec la brise matinale, avant de fermer les yeux pour profiter de ces quelques instants de répit.
Plus le temps passait et plus elle réalisait à quel point elle en avait besoin. Cela faisait pratiquement deux ans qu'elle traversait le monde avec sa fiancée et, aussi amoureuse puisse-t-elle être, il lui arrivait de réclamer ces instants paisibles.
Astoria était loin d'être envahissante, trop bavarde, collante ou bien désagréable à vivre, cependant, Ginny ressentait parfois le besoin de s'éloigner. Elle avait vécu entourée de sa famille toute sa vie et connaissait assez ses limites pour savoir lorsqu'elle avait besoin de moments de solitude. Et sa fiancée le comprenait parfaitement, c'était même elle qui le lui avait fait comprendre.
Elle lui avait répété tout un tas de fois que l'on ne choisissait pas sa famille et que les Weasley avaient tendance à la surprotéger et à la couver. Ginny se rappelait de toutes ces fois où sa mère avait refusé qu'elle participe aux missions de l'Ordre ou même à la Bataille Finale, ou alors de ses frères qui s'inquiétaient toujours de ce qu'elle faisait et avec qui. Ils l'avaient empêchée de réaliser son rêve de photographe dès la sortie de la guerre, en la convainquant qu'il valait mieux pour elle qu'elle garde un poste fixe et pas trop éloigné de l'Angleterre.
Ginny était persuadée qu'être la seule fille n'arrangeait pas les choses. Astoria l'avait aidée à ouvrir les yeux quant au fait que sa mère rêvait de la marier à un homme. Elle gardait même des souvenirs amers des crises de colère de Ron à propos des garçons qu'elle avait fréquentés à Poudlard, quand il voulait qu'elle reste innocente.
Sur ce point, Astoria avait ajouté que ses parents avaient même eu des réactions déplacées envers elles deux. Ginny avait alors réalisé que sa mère avait toujours semblé réticente à l'idée qu'elle fréquente Astoria, puis qu'elle s'en aille à ses côtés. Une preuve supplémentaire quant à son envie de la voir mariée à un homme à sa sortie de Poudlard.
Pourtant, malgré tous ces beaux discours et ces remises en question, sa famille lui manquait. Plus les semaines passaient et moins cette distance lui convenait. Elle n'osait pas le dire, elle avait l'impression d'être naïve et faible. Elle échangeait, en secret, de plus en plus de courriers avec Charlie, Bill ou bien George. Elle détaillait en long, en large et en travers ses journées à sa mère, chose qu'elle n'avait même pas faite à Poudlard.
Car plus le temps passait et plus l'envie de rentrer se faisait ressentir.
Bien sûr, elle n'en avait pas parlé à Astoria, elle savait que celle-ci n'était pas du tout de son avis. Loin de là. Elle avait parfaitement conscience qu'en plus d'en vouloir à leurs deux familles, sa fiancée évitait la réalité de l'Angleterre en voyageant. Elle fermait les yeux sur tout cela et ne les rouvrait que pour admirer des paysages dont elle avait rêvé toute sa vie.
Elles avaient déjà prévu leur prochain voyage : le Kenya . Une idée de Ginny, qui était obsédée par l'idée de pouvoir photographier des girafes ou bien des éruptifs.
Pourtant, alors qu'elle continuait d'observer la fumée de sa cigarette, la jeune femme commença à remettre en question ce choix. Voulait-elle vraiment repartir une nouvelle fois ? Passer encore plusieurs semaines loin de sa famille ?
Il aurait été hypocrite de sa part de clamer n'avoir jamais voulu partir. Au contraire, elle l'avait voulu tout autant qu'Astoria et cela faisait des mois, des années qu'elle était convaincue qu'elles n'auraient pas pu faire meilleur choix. Cependant, elle sentait que cette longue période de voyage touchait à sa fin. Elle avait besoin de rentrer, ses croyances quant à sa famille s'amoindrissaient alors que le manque se faisait ressentir. Il ne lui était plus nécessaire de faire son deuil de son côté. Elle n'avait pas enterré son passé comme l'avait fait sa fiancée.
Restait à convaincre cette dernière. Et pour cela, Ginny avait une idée derrière la tête. Une idée qui – elle le savait – ne la laisserait pas de marbre.
Ainsi, lorsque Astoria vint la rejoindre une heure plus tard, deux tasses de thé chaud dans les mains, sous la lumière du soleil, la rouquine se lança.
– J'aimerais que nous nous marions en Angleterre, annonça-t-elle d'un ton déterminé.
Astoria se figea. Elle faisait face aux montagnes et portait sa tasse à ses lèvres, mais s'immobilisa avant d'avoir pu boire une goutte de verveine.
– Je sais que nous nous étions mises d'accord sur une cérémonie discrète juste entre nous, Ria, mais je crois que je ne pourrais pas supporter que ma famille ne soit pas présente, continua Ginny, prête à tenter sa chance quoi qu'il en coûte.
Les épaules de sa fiancée étaient tendues et le ventre de Ginny se serra. Et si elle refusait ? Et si elle annulait tout car elle la trouvait changée ?
– Je n'en peux plus d'attendre, ajouta-t-elle en quittant le confort de sa chaise pour rejoindre Astoria. Je veux que tu deviennes ma femme aux yeux du monde, Ria. Et je veux rentrer.
À ces mots, la brune tourna enfin la tête vers elle. Son regard était insondable.
– Tu veux rentrer, répéta-t-elle.
Ginny hocha la tête, incertaine. Elle ne savait pas comment agir. Elle avait peur.
– Je croyais que tu voulais aller au Kenya.
– Ma famille me manque, se contenta-t-elle de répondre. Plus que tout. Je sais que…
– Alors rentre, la coupa Astoria en tournant à nouveau les yeux vers les montagnes. Tu n'as pas besoin de mentir en disant que tu veux te marier rapidement.
Ginny fronça les sourcils en entendant le ton froid que sa fiancée avait utilisé. Elle s'était attendue à ce qu'elle réagisse mal, mais pas qu'elle soit désagréable pour autant. Son angoisse ne fit que se décupler. Et si elle l'abandonnait, là, maintenant ?
– Ce n'était pas un mensonge, Astoria. Tu sais très bien que je dis toujours ce que je pense. Je suis sérieuse, je veux t'épouser, je te l'ai déjà dit des centaines de fois ! Et je veux le faire devant les seules autres personnes qui comptent pour moi.
– Mais tu veux aussi rentrer, statua Astoria, sans réagir à la déclaration de la rouquine.
Si celle-ci en fut blessée, elle ne fit rien pour le laisser savoir. Son cœur était comprimé dans sa poitrine au point qu'elle ne le sente plus battre. Elle avait mal au ventre.
– Oui. Je n'ai jamais été aussi heureuse que ces dernières années, tu peux en être certaine, mais…
– Tu veux me quitter ? Tu vas me laisser, c'est ça ?
– Non ! Jamais ! s'exclama Ginny en s'approchant d'elle.
– Tu vas rester avec eux, ils t'empêcheront de repartir !
– Je te jure de ne jamais te quitter, Ria ! Tu es tout pour moi, tu es toute ma vie. Je suis bien ici, avec toi, plus que je ne l'ai jamais été.
– Alors ne rentre pas. Si tu es bien ici, ne rentre pas, l'interrompit une nouvelle fois la brune.
Cette fois, Ginny remarqua qu'elle avait les larmes aux yeux, bien qu'elle fasse tout pour le cacher.
– Ma famille me manque. Mes frères et mes parents me manquent. J'ai besoin de rentrer, de les revoir, de passer du temps avec eux. Et puis, j'aimerais tant qu'ils te rencontrent, qu'ils voient la femme que tu es, qu'ils comprenent pourquoi j'ai passé autant de temps loin d'eux. Qu'ils sachent que je t'aime.
Astoria déglutit difficilement et baissa les yeux sur sa tasse. Ginny savait à quel point ce qu'elle demandait était difficile, mais elle le voulait tant.
– Je te promets que nous repartirons. Je ne te demande pas de poser définitivement bagage en Angleterre, ni même d'aller voir ton père ou qui que ce soit d'autre. J'aimerais simplement… les revoir.
Le silence qui suivit fut lourd. Trop lourd. Pesant. Ginny avait la boule au ventre, elle avait le sentiment qu'elle venait de faire une erreur, qu'elle venait de tout gâcher.
Pourtant, Astoria hocha la tête. Elle hocha la tête et Ginny sentit ses appréhensions la quitter.
oOo
Hermione avait senti dès son réveil que quelque chose clochait. Un mauvais préssentiment, une boule pesante dans son estomac. Il faisait encore nuit, il était à peine six heures du matin, et pourtant, elle sentait que quelque chose n'allait pas. Quoi ? Elle n'en avait encore aucune idée.
Elle vérifia aussitôt que sa chambre était vide, que personne ne l'observait. Sa baguette ne détecta personne, malgré la faiblesse magique du sort qu'elle lança. Pourtant, quelque chose n'allait pas.
En temps de crise, elle n'avait pas d'autre choix que de l'utiliser, aussi épuisant cela puisse être.
Elle la garda en main en examinant la salle de bain attenante. Vide aussi, tout comme le dressing. Ce n'était donc pas un danger proche.
Elle sortit dans le couloir de l'étage et alluma les lumières, avançant pas à pas en longeant le mur. Son cœur battait la chamade. Cette intuition ne la quittait pas. Quelque chose n'allait pas.
Le couloir était vide. La porte de la chambre de Malefoy était fermée et une pile de linge sale était pliée soigneusement devant celle-ci. De la lumière passait à travers la serrure, ce qui lui apprit qu'il s'y trouvait. La salle de bain, la bibliothèque et les autres chambres étaient aussi fermées.
Ce n'était donc pas l'étage. Hermione déglutit. Son esprit était figé sur une seule chose : il y avait un problème. Quelque chose n'allait pas.
Elle descendit les marches une à une, baguette braquée devant elle. Sa main tremblait au rythme des battements de son cœur, mais cela ne suffit pas à la déstabiliser.
Les lumières du rez-de-chaussée étaient toutes éteintes. Elle s'arrêta pour tendre l'oreille, prête à lancer un sort vers le premier son qui résonnerait.
Cependant, à sa plus grande surprise, celui-ci fut tout sauf humain. Il n'y avait pas d'intrus. Non. Il s'agissait d'Albert.
Elle baissa sa baguette et se précipita vers lui en l'entendant gémir une nouvelle fois. C'était faible, presque impossible à entendre, pourtant, Hermione reconnut immédiatement que ce n'était pas bon signe. Voilà ce qui la tiraillait depuis son réveil, voilà ce qui n'allait pas.
Il était allongé près de la cheminée et, en allumant celle-ci d'un coup de baguette fébrile, Hermione remarqua que sa respiration semblait profonde et lente. Il dormait, mais cela ne l'empêchait visiblement pas de souffrir.
Elle posa une main tremblante dans son pelage blanc et le caressa avec toute la douceur du monde. Elle savait reconnaître les signes d'une potentielle maladie. Albert était indisposé, d'une façon ou d'une autre, et il fallait qu'elle l'aide.
Cependant, elle n'avait aucun moyen immédiat de le faire et sentit une boule d'angoisse se créer dans sa gorge en le réalisant. Le vétérinaire du village voisin n'était pas accessible à pied. Elle ne pourrait pas non plus emprunter la voiture de son boucher – qui la lui prêtait lorsqu'elle en avait besoin – pour le jour même. Au mieux, elle pourrait s'y rendre le lendemain, puisque de toute manière le bus de la journée était déjà passé. Toutes les options qu'elle envisageait tombaient à l'eau, une par une.
Certains connaissances du village lui avaient parfois proposé d'examiner Albert lors des rares fois où il était tombé malade, mais elle avait toujours refusé, malgré la distance à traverser pour se rendre chez un vétérinaire. Elle n'arrivait pas à leur faire confiance, c'était plus fort qu'elle. Ils n'étaient pas professionnels et aussi renseignés puissent-ils être, cela n'avait jamais été suffisant à ses yeux.
Ainsi, elle s'était rendue chez le vétérinaire le plus proche. Avant que l'un d'eux ne s'installe à quelques kilomètres de chez elle, elle faisait les allers-retours jusqu'au bas des montagnes.
Elle avait passé son permis l'année qui avait suivi l'adoption de son chien. Elle n'avait pas eu trop de difficulté à obtenir le certificat, puisque son père lui avait enseigné les bases de la conduite l'année de ses dix-sept ans.
La seule chose qui l'avait perturbée était le fait que les voitures roulaient à droite et non à gauche. Autrement, elle avait obtenu l'examen du premier coup.
Il était très rare qu'elle conduise, ce qui expliquait le fait qu'elle ne possède pas sa propre voiture. La dernière fois qu'elle avait dû emprunter celle du boucher, c'était pour une visite chez le vétérinaire d'Albert. Et encore, il arrivait qu'elle préfère s'y rendre en transports en commun. Elle n'était jamais sereine au volant et elle préférait ne pas dormir pendant deux jours à cause du stress d'un tel voyage que de risquer un accident.
Sauf que cette fois, le rendez-vous ne serait pas prévu. Et cette simple idée la paniquait.
Elle n'aurait qu'à peine le temps de se préparer mentalement à quitter sa zone de confort, son village, sa maison. Elle n'aurait pas le temps d'apprivoiser la voiture, de réapprendre à la conduire. Elle n'aurait pas le temps de… Elle n'aurait pas…
Hermione ferma les yeux et s'assit sur ses talons, les poings serrés sur ses cuisses et la tête baissée. Elle avait déjà fait le chemin, elle le connaissait, elle pourrait y arriver. Ce serait dans l'intérêt d'Albert. Pour lui.
Pour lui, elle en serait capable. Il le fallait.
Elle caressa doucement sa tête en prenant de longues inspirations pour se calmer. Albert ouvrit les yeux, sans bouger plus que ça.
– Tu vas rester là aujourd'hui, je vais appeler le vétérinaire ce matin, lui dit-elle avec un sourire triste.
Il se contenta de lui lécher affectueusement la main en réponse.
oOo
Un long couloir. Une salle de bain qui ne payait pas de mine. Une toilette sans décoration. Un cagibi avec des draps pliés sur des étagères et une grosse boîte blanche étrange. Une grande pièce qui ne contenait que des objets moldus avec des piques.
C'était tout ce que Drago avait découvert en une semaine. Il était descendu chaque jour, pour prendre le temps de visiter tous les recoins du rez-de-chaussée.
La seule pièce dans laquelle il n'était pas encore allé était la cuisine, qu'il savait collée au séjour. Le passe-plat lui en avait donné un petit aperçu, sans qu'il n'ose encore s'y aventurer. Il avait l'impression que cela signerait la fin des découvertes, qu'il sortirait définitivement de sa zone de confort.
Il se trouvait idiot et faible, mais ne pouvait pas s'empêcher de penser tout cela. Ce serait la fin des visites. Il aurait fait le tour. Ce serait fini. Et, mine de rien, cela lui mettait un coup au moral. Cela le changerait de ses habitudes et il avait l'impression qu'aucun nouveau défi ne l'attendrait.
Néanmoins, ce matin-là, il s'était décidé à agir. Une fois Granger partie, son petit-déjeuner avalé et sa douche prise, Drago s'était mis en marche, direction le rez-de-chaussée.
Il connaissait déjà les escaliers par cœur pour les avoir empruntés une petite dizaine de fois afin de visiter l'étage inférieur, mais aussi à cause des jours qu'il avait passé sur les marches à tenter de les descendre. Un souvenir qu'il n'oublierait pas facilement.
Décidant de ne pas s'attarder trop longtemps sur le reste du rez-de-chaussée, il se dirigea directement vers la porte de la cuisine. Habituellement, il aurait fait un tour de toutes les pièces pour mieux les connaître. Un petit peu chaque jour, c'était une recette qui semblait fonctionner depuis son arrivée en France. Pourtant cette fois, il avait un tout autre objectif en tête.
Quelque chose qui – s'il devait être honnête – était excitant. Il rêvait de cette pièce depuis des jours et s'imaginait ce qu'il pourrait y faire grâce aux livres qu'il avait trouvés dans la bibliothèque. Il les lisait tous les soirs et mémorisait avec parcimonie les recettes qui s'y trouvaient. Il était toujours impressionné de découvrir les techniques utilisées par les moldus pour créer des plats que les sorciers préparaient en quelques coups de baguette.
Il avait hâte de pouvoir essayer, de pouvoir s'occuper d'une façon tout à fait nouvelle. Chaque fois, cela le rassurait quant à la fin de ses visites de la maison.
Alors qu'il tournait pour faire face à la porte de la cuisine, quelque chose attira son attention. Quelle ne fut sa surprise de tomber sur une masse blanche et poilue, avachie dans un coin du séjour. Une surprise de taille, c'était le cas de le dire. Une surprise effrayante.
Drago sursauta et recula vivement sous la surprise.
S'il savait que son visage restait neutre – les habitudes ne se perdaient jamais vraiment, après tout – son regard était chargé d'effroi. Il avait peur.
Il réalisa que le monstre de Granger ne l'avait pas suivie. Comment avait-il fait pour ne pas le remarquer ? Pourquoi ne l'avait-il pas vu lorsqu'elle était sortie ? Il avait fait une terrible erreur !
Son cœur battait la chamade. Il s'imaginait déjà être dévoré par cette horrible bête sanguinaire. Il n'avait rien pour se défendre. S'il courrait vers les escaliers, il aurait probablement le temps de s'échapper. À moins que la monstruosité ne lui saute dessus avant.
C'était donc bien trop risqué.
Il posa une main sur un fauteuil et le serra si fort que ses ongles pénétrèrent le velour qui le recouvrait. Il lui fallait trouver une solution, et vite. La bête avait, pour l'instant, l'air endormie, mais ce n'était pas sûr. Elle pouvait très bien faire semblant pour le tuer plus facilement, une technique qu'il avait apprise lors de ses cours de Soins aux Créatures Magiques à Poudlard.
Certaines créatures l'utilisaient pour mieux surprendre leurs proies. Et il en était devenu une à l'instant où il était entré dans la pièce.
Il se voyait déjà rejoindre les bras de sa mère. Il s'imaginait dévoré par ce monstre et enterré six pieds sous terre. Il entendait son sang battre à ses oreilles. Il avait trop chaud, mais froid à la fois. Sa vision était obstruée par des petites taches noires, comme s'il était au bord de l'évanouissement. Il avait envie de vomir.
Il fit un pas en arrière, les yeux toujours fixés vers le monstre blanc, mais se prit les pieds dans le tapis et se retint de justesse de tomber par terre grâce au fauteuil. Cependant, cela suffit à faire du bruit et les yeux de la bête se tournèrent vivement vers lui.
Drago blanchit à vue d'oeil, si c'était encore possible considérant sa pâleur quotidienne. Il était fini. Il en était certain.
Il s'entendait déjà intérieurement réciter des paroles de bénédictions magiques pour ses amis. De quoi les protéger pour la suite. De quoi les remercier pour ce qu'ils avaient fait pour lui.
Une tradition ancienne qu'il avait apprise dans sa jeunesse. Son père répétait souvent qu'il fallait remercier Morgane et Merlin de lui avoir donné accès à la magie, qu'il fallait les implorer de protéger les vivants. Drago n'avait jamais vraiment remis cela en question. C'était un fait, c'était ce qu'il avait toujours entendu. Il s'en servait parfois, par automatisme, bien qu'il le perde avec le temps.
Et en cet instant, alors qu'il s'imaginait mourir des crocs d'un monstre sanguinaire, ce fut la seule chose à laquelle il pensa. Il allait retrouver sa mère et se devait de demander la protection des autres vivants.
Pourtant, la bête ne bougea pas. Elle se contentait de le fixer, toujours avachie sur le sol. Elle recouvrait un quart du grand tapis à elle seule.
Il resta complètement immobile, alors qu'il se tenait toujours en équilibre sur le fauteuil. Il se permit alors d'observer plus en détail le monstre qui lui faisait face.
Sous son pelage blanc, il était difficile de discerner des membres, mais Drago parvint tout de même à lui trouver quatre pattes. Ses yeux étaient clairs et ses cils aussi blancs que ceux du jeune homme. Deux oreilles dépassaient de sa tête et semblaient être droites, voire orientées vers l'avant.
Drago sentit les battements de son cœur s'accélérer à nouveau. Était-ce une façon de se montrer intimidante ? Est-ce que la bête allait l'attaquer ? Il n'avait jamais étudié la position des oreilles, il se sentait pris de court !
Plus il avançait dans sa contemplation du monstre et plus les indices indiquant qu'il puisse s'agir d'un chien se faisaient nombreux. Mais Drago n'y connaissait rien. Il n'en avait jamais eu, pas plus qu'il n'en avait fréquenté. Il n'était sûr de rien et ne s'était jamais imaginé qu'il puisse exister des chiens aussi gros. Il était si effrayant que cela lui paraissait absurde. Un chien ? De cette taille ? C'était impossible.
Il se sentait menacé par le regard pesant que la bête lui renvoyait. Est-ce qu'elle attendait qu'il bouge pour lui sauter à la gorge ? Il fallait qu'il reste immobile. Il ne pouvait pas se permettre de faire le moindre mouvement. Il risquait gros, il le sentait.
D'un geste d'une extrême lenteur, le tout sans quitter le chien – il n'en était toujours pas certain – des yeux, il tenta de reprendre une position équilibrée et s'assit sur l'accoudoir du fauteuil. À son plus grand soulagement, le monstre ne bougea pas. Il n'avait plus qu'à attendre.
Dix minutes passèrent.
Puis vingt, puis trente.
Drago commençait à se sentir de plus en plus mal. La créature affreuse le quittait parfois des yeux, mais ce n'était jamais très long. Il n'avait pas le temps de se motiver à bouger.
Une heure.
Deux heures.
Cette fois, il sentait son corps en pâtir. Il avait mal aux fesses et son dos était de plus en plus courbé. Il rêvait d'une seule chose : se laisser tomber dans le fauteuil et être assis confortablement.
Il lui fallut une demi-heure supplémentaire pour en avoir le courage. La bête avait les yeux fermés depuis un long moment déjà. C'était l'instant parfait.
Avec toute la lenteur du monde, il se redressa juste assez pour glisser de l'accoudoir et tomber sur le siège. Au contact de son corps, celui-ci grinça légèrement et Drago releva vivement la tête vers le chien – il n'était toujours pas sûr de ça – s'attendant à le voir le fixer d'un air féroce.
Il n'en fut rien. L'animal dormait. Paisiblement. Il n'avait pas bougé d'un poil depuis que Drago était descendu au rez-de-chaussée.
Celui-ci soupira de soulagement et se laissa tomber sans bruit contre le dossier du fauteuil. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire : attendre.
Enfin… Plus précisément attendre le retour de Granger. Et ce serait long, très long.
Drago parvint cependant à se rassurer qu'ainsi, il aurait de quoi se préparer mentalement au fait qu'il allait voir sa colocataire autre part qu'à l'étage. Qu'elle allait savoir qu'il était descendu.
Et si cela changeait les choses ?
Il y aura un fanart pour le prochain chapitre ! Une idée de ce que ça pourrait être ?
Et voilà pour aujourd'hui ! Merci à Lyra, Damelith et Akhmaleone pour leur aide et soutien !
On se retrouve jeudi prochain pour la suite !
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