Bonjour bonjour !

Voilà la suite, avec un peu de retard je vous l'accorde, je suis désolée.

Au fait, n'hésitez vraiment pas à commenter, n'importe quand, car c'est le seul retour que je peux avoir de vous. Et le but de publier, c'est de partager avec les lecteurs ! :)

Enfin voilà ahah, sinon très bonne lecture !


Les deux jours qui suivirent, Pritha tenta à nouveau de sortir en douce la nuit. Les deux fois à des heures différentes, et par des chemins différents, pour mettre toutes ses chances de son côté. Le jeudi, elle avait été complètement bloquée, toutes les issues possibles étant sous la surveillance de quelqu'un. Et le vendredi, elle n'eut pas le temps de franchir la porte que Malfoy, le préfet, eut le malin plaisir de lui faire remarquer que ses petites manigances allaient tomber à l'eau ce soir, et qu'elle était conviée à retourner dans sa chambre immédiatement.

Ces échecs répétitifs l'agaçaient de plus en plus, il fallait qu'elle trouve un moyen de sortir. Elle l'avait toujours fait, et avait très souvent réussi. Mais depuis qu'Ombrage était arrivée, la sécurité avait doublé et ça devenait trop compliqué. Qu'elle soit maudite, cette vipère rose bonbon du mal, et qu'elle brûle aux enfers pour l'éternité.

Samedi, elle se rendit bien compte que même si tout le monde pouvait vaquer à ses occupations sans les obligations de cours, elle était incapable de s'éclipser dans un coin pour passer son appel. Partout où elle allait, il y avait du monde qui pouvait la surprendre. C'était impossible, elle devait absolument attendre une soirée. Mais elle était confiante, ces trois derniers jours n'étaient que de la malchance.

Elle était grognon, depuis son altercation avec Rogue, et ce sentiment s'intensifiait à chaque fois que Noah se moquait un peu plus d'elle. Ce soir-là était le comble, lorsqu'elle vit tout le monde se préparer pour aller à Pré-au-Lard, tandis qu'elle devait rester au château pour accomplir sa retenue.

« Hé bien alors, qu'est-ce qu'il se passe ? »

Pritha, qui était dans la cour avec Noah avant qu'il ne parte pour le village voisin, sentit ses doigts se crisper en reconnaissant la voix stridente et agaçante de sa camarade de classe, Brigitte Selwyn.

« Une pauvre Sang-de-Bourbe sans défense a-t-elle peur d'un petit village magique ? »

Elle serra ses poings et se précipita sur elle avec rage, mais Noah la retint avant qu'elle ne fasse quelque chose de regrettable.

« Va te faire voir, Selwyn » lui cracha-t-elle, n'ayant que les mots pour riposter vu la force avec laquelle son meilleur ami la retenait.

Quelques personnes aux alentours s'étaient retournées en entendant le ton monter, mais très vite Noah l'éloigna d'une dizaine de mètres pour être sûr de mettre fin à toute interférence entre les deux filles. Elle n'était pas du genre à s'énerver rapidement, mais ses origines était un sujet sensible. Tout élève en faisait un sujet sensible, peu importe son indulgence, lorsqu'il se trouvait dans la maison Serpentard, car les élèves de cette maison étaient impitoyables à ce sujet.

« Je ne la supporte pas ! » grinça-t-elle entre ses dents.

« Je sais, moi non plus » répondit Noah. « Bon, je vais y aller. Pas de bêtises en mon absence, d'accord ? »

« Comment je pourrais ? Je vais passer la soirée en retenue pour Rusard ».

Cette pensée fit à nouveau naître un sourire moqueur sur le visage du serpent.

« Amuse-toi bien, je te rapporterai un souvenir ».

Elle le poussa pour se venger de son arrogance et de sa provocation.

« Arrête de me narguer. Comme si tu pouvais me ramener une bièraubeurre sans te faire voir ».

« C'est un défi ? »

Elle explosa de rire. « Ça m'arrangerait ! »

Il commença à s'éloigner et elle attrapa sa main pour le retenir. Mais il continua de reculer, hochant négativement la tête pour lui faire comprendre qu'il ne comptait pas rester là. Il voulait profiter de son samedi soir, et Pré-au-Lard était la meilleure manière de faire.

Leurs bras complètement tendu, elle le lâcha finalement, frustrée de savoir ce qui l'attendait maintenant. Il lui fit un dernier signe de main et s'éloigna, la laissant seule avec les conséquences de ses virées nocturnes. Elle râla pour se donner du courage, puis était prête à partir. Elle croisa tout d'abord le regard d'un des jumeaux Weasley par hasard, un peu plus loin, qui se préparait à partir à son tour vers le village magique.

Il lui offrit le même sourire rayonnant qu'à son accoutumée lorsqu'il la vit. Il leva ensuite un pouce en l'air, puis le tourna vers le bas, puis haussa des épaules et posa ses mains à l'horizontal sur ses côtés comme une balance. Il lui posait à nouveau sa question qui ne lâchait plus les jumeaux ces derniers jours : est-ce qu'elle était partante pour les aider ?

Elle fit semblant de réfléchir, puis jouant son jeu en ne parlant qu'avec ses mains, elle lui envoya son plus beau doigt d'honneur. Il n'eut pas le temps de répondre que Lee Jordan lui sauta presque sur le dos, excité par leur virée dans le village. Les jumeaux et leur bande se mirent en route et elle partit dans le sens opposé, vers le château. Elle ne savait même pas si c'était toujours le même jumeau qui insistait, ou s'ils s'amusaient à s'alterner à la tâche. Dans tous les cas, son non resterait un non.

Elle traversa une dizaine de couloirs, jusqu'à se trouver devant le bureau de Rusard. Elle toqua trois fois puis attendit une réaction pour rentrer.

« Bonsoir Argus ! » s'écria-t-elle avec joie lorsqu'elle le vit de l'autre côté de la pièce.

Il se tourna vers elle, un peu méfiant.

« Qu'avez-vous encore fait, cette fois-ci, pour vous retrouver dans mon bureau à nouveau ? »

Sa voix n'était pas particulièrement amicale, mais bien plus qu'avec d'autres élèves.

« Oh, pas grand-chose. Le stricte minimum pour recevoir une retenue et trouver l'occasion de venir vous voir. Oh, salut Miss Teigne ! »

Avec le temps, elle avait pris confiance et adorait flatter le concierge outre mesure pour l'ennuyer. Il était semi réceptif à son comportement mais, venant de lui, cela signifiait déjà beaucoup. Elle s'accroupit et commença à caresser le chat. Elle connaissait ses points faibles : ses oreilles et son cou. Il ne fallut qu'une dizaine de secondes pour que le félin ne se mette à ronronner.

« Elle semble heureuse de vous revoir » constata-t-il d'un ton morne.

« Et c'est partagé ! Oh mais quel poil doux que tu as, très chère » elle se tourna ensuite vers l'homme, heureuse de sa constatation. « Vous avez testé la levure de bière, comme je vous en avais parlé la dernière fois ? »

« En effet » répondit-il sur la défensive, il ne semblait pas fier de lui avouer la vérité. Il avait écouté un conseil d'un élève, c'était presque Noël avant l'heure. « Ça semble bien fonctionner, pour une astuce Moldue ».

Elle tenta tant bien que mal de ne pas répondre à la pique involontaire du concierge, et lui offrit un large sourire à demi forcé.

Sa représentation de Rusard était mitigée. Ce n'était pas une personne charmante ou gentille, il fallait l'avouer, mais il n'était pas pour autant toujours aussi vide d'humanité que ce que les autres élèves pensaient. Elle arrivait à discuter avec lui, sans outre mesure évidemment. Ça ne lui viendrait jamais à l'idée de venir lui dire bonjour pour le simple plaisir du geste, mais elle discutait volontiers avec lui de tout et de rien, à chaque fois qu'elle était en retenue. Cela faisait sans doute d'elle l'élève la plus proche du concierge, qui d'habitude était complètement fuit et détesté.

Elle avait commencé à discuter avec lui pour ses propres fins, pour essayer de l'amadouer à lui donner moins de sale boulot. Cela lui avait pris des années, mais surtout avait fini par payer. Parfois, il la renvoyait sans même qu'elle ait à accomplir quoique soit, ou bien elle avait déjà passé quelques retenues à jouer aux échecs avec le concierge. Et désormais, au-delà d'entretenir la légèreté de ses punitions avec sa politesse et sa gentillesse forcée, elle se rendait compte qu'elle ne devait pas forcer tant que ça pour être agréable avec lui. Il pouvait être sympa, à sa manière, de temps en temps…

« Bon, venez avec moi » décida-t-il en s'approchant de la sortie. « Vous allez commencer par nettoyer les tables de la grande salle ».

« Avec grand plaisir ! Je vous suis ! »

Elle continua de miser sur sa bonne humeur, pour se montrer gentille avec lui et pour se donner du courage à elle-même. Ils se rendirent dans la grande salle et elle commença le nettoyage. Après ça, il lui donna encore quelques tâches aléatoires pour faire durer la punition toute la soirée. La retenue devait, d'après les mots de Rogue, se prolonger tard, sûrement pour s'assurer qu'elle n'ait pas l'occasion de se rendre dans le village voisin ou de faire une quelconque activité avec ses amis. En échange, Rusard ne lui donna rien de bien compliqué. Les heures passèrent rapidement, la nuit était tombée depuis un bon moment maintenant, et tous les élèves étaient rentrés et couchés. Un silence morbide régnait dans les couloirs et les pièces du château. Elle devrait nettoyer la classe du cours d'Étude des Runes. La classe était de base pratiquement propre, et elle s'attardait sur la tâche depuis deux heures maintenant. Rusard lui avait dit qu'il viendrait la chercher lorsque l'heure de la fin de sa retenue allait venir à terme, puis l'avait laissée seule dans la pièce. C'était sa manière de lui faire comprendre qu'elle pouvait s'occuper en attendant la fin de la sentence, tant qu'elle restait dans cette pièce. Elle avait rapidement nettoyé les tables, puis elle avait passé son temps comme elle pouvait en dessinant sur le tableau. Lorsqu'elle en avait eu marre, elle l'avait correctement nettoyé puis s'était couchée sur une table, faisant une sieste en attendant l'heure de fin.

Lorsqu'elle entendit finalement des pas dans le couloir, elle se releva et s'approcha de la porte. Rusard arriva quelques secondes plus tard.

« C'est bon, rentre dans ton dortoir maintenant » lui avait-il dit sèchement.

Après cette retenue ô grandement compliquée, elle le remercia de la libérer et elle se mit à marcher vers la salle commune des Serpentard. Mais… Elle changea vite d'avis. Elle était dans les couloirs de l'école de nuit, avec une bonne excuse, et elle gardait son téléphone portable dans sa poche depuis le début de la journée au cas où une bonne occasion se présenterait. L'occasion étant enfin trouvée, elle changea de cap et se dirigea vers l'extérieur, tout en prenant soin de ne pas se faire prendre. Elle marcha dans l'herbe, à la recherche d'un coin tranquille où elle pourrait se poser. Elle vit le lac au loin et se sentit attirée. Elle marcha jusqu'au bord et s'installa en dessous d'un arbre qu'elle appréciait. Il était isolé, proche du lac, et de là elle avait une magnifique vue dégagée. Le reflet de l'eau dupliquait les constellations du ciel et la lune offrait assez de lumière que pour pouvoir admirer les paysages. Elle s'assit, observa la vue quelques minutes, puis finalement sortit son téléphone portable.

L'écran noir et gris n'était pas très lumineux, mais il semblait allumé. À l'aide des grosses touches numérotées, elle composa le numéro de ses parents qu'elle avait appris à connaître par cœur. Il n'y avait plus qu'à tester, pour voir si ça fonctionnerait. Pitié que ça fonctionne, il fallait que ça fonctionne. Elle appuya sur le bouton vert en haut à gauche, posa l'appareil à son oreille et attendit. Elle en oublia même de respirer, jusqu'à ce qu'elle entende le bip du combiné qui confirmait que l'appel était bien lancé, qu'il n'y avait plus qu'à attendre que le correspondant décroche.

« Allo ? » entendit-elle enfin.

« Maman ! » s'exclama-t-elle avec joie. « L'appel fonctionne ! »

« Pierre, Chéri ! Pritha est au téléphone, viens vite ! » cria-t-elle de loin, pour appeler son mari. Puis, elle se focalisa à nouveau sur le combiné. « Oh ma puce, je suis si heureuse de t'entendre. Ça fait des jours que nous t'avons envoyé ce téléphone, nous n'y croyions plus ».

« Je suis désolée, trouver un moment et un lieu pour passer l'appel a été plus compliqué que je ne le pensais ».

« Je suis là » elle entendit son Père à son tour, ce qui agrandit son sourire. « Salut trésor, comment tu vas ? »

« Tout va bien, les cours sont intéressants et les professeurs aussi, enfin pour la plupart… » expliqua-t-elle, en pensant particulièrement à ses cours de Défense contre les Forces du Mal qui promettaient d'être affreusement ennuyeux cette année.

Ses parents lui posèrent de nombreuses questions sur ses cours et sa vie à l'école, lui demandant parfois de préciser certains termes pour comprendre correctement ce qu'elle voulait dire. Ils n'étaient pas encore vraiment familiers avec le vocabulaire de sorcier, mais ils étaient très intéressés et tentaient de tout faire pour comprendre. Entendre la voix de ses parents et pouvoir échanger avec eux donnait à Pritha bien plus de réconfort encore qu'elle ne l'aurait imaginé, elle en avait les larmes aux yeux. Avant, elle avait Peter qui lui servait de pilier, de repère dans l'école. Mais il avait quitté l'école il y a deux ans, et leur monde il y a quelques mois. C'était bien plus compliqué pour elle, désormais.

« Et ton ami Noah, comment va-t-il ? » demanda sa Maman. Cela faisait maintenant presque une heure qu'ils étaient au téléphone, tous les trois.

« Noah se porte à merveille. Il a… Toujours son caractère bien trempé, mais il est constamment là pour moi, même dans les moments où j'ai le plus difficile, c'est un vrai ange gardien ».

« Bien, tu lui diras qu'il a intérêt à continuer ainsi, sinon il aura affaire à nous. C'est compris ? » fit remarquer son Papa d'un ton qu'il espérait autoritaire, en vain.

L'adolescente pouffa de rire à cette remarque. Même si c'était un peu ridicule, elle trouvait son Papa adorable lorsqu'il essayait malgré tout de la protéger comme ça.

« Arrête de dire n'importe quoi, et laisse-la tranquille » le disputa sa Maman. « On est ravie de l'entendre ma chérie, c'est important d'avoir des gens sur qui compter. Et puis surtout, qui nous aide à penser à autre chose lorsque ça ne va pas ».

A ces mots, l'humeur de Pritha changea subitement. Pour penser à autre chose lorsque ça ne va pas, mais est-ce qu'il existait encore un moment dans sa vie où tout allait parfaitement bien ? Non, Peter était toujours calé dans un coin de sa tête.

« Et vous ? Comment allez-vous ? » demanda-t-elle.

« Oh… Bien, chérie » répondit sa Maman après une légère hésitation. « Tout va bien. Même si tu nous manques terriblement. Le weekend passé, on a commencé à… »

« Maman » la coupa Pritha. « J'ai entendu l'hésitation dans ta voix. Dis-moi, qu'est-ce qu'il se passe ? »

« Rien chérie » répondit son Papa à la place. « Rien d'important, ne t'en fais pas ».

Elle soupira en entendant ses parents tourner autour du pot.

« Papa, le but de s'appeler au lieu de correspondre par lettre, c'est justement pour pouvoir se parler plus facilement. Alors dites-moi, s'il vous plait ».

Il eut quelques secondes de silence dans le combiné, et lorsqu'elle s'apprêtait à insister à nouveau, elle réentendit la voix de sa Maman.

« C'est… Le… Euh… Ministère Magique, c'est ça ? » répondit-elle, elle semblait tendue. Pritha ne prit pas la peine de faire de remarque sur sa faute pour parler du Ministère de la Magie, et elle attendit simplement qu'elle continue de parler. « Ils nous ont envoyé une lettre peu avant que l'on t'envoi le téléphone portable. Ils veulent que nous rendions toutes les affaires de ton frère. Apparemment, des Moldus ne peuvent pas garder des objets magiques qui ne leur appartiennent pas chez eux ».

Pritha souffla de colère et frotta une main sur son visage pour tenter malgré tout de garder son calme, tant qu'elle discutait avec ses parents.

« Les affaires de Peter ? C'est complètement absurde ! C'est votre fils, et puis je suis toujours là, moi. Pourquoi ils vous demandent ça, sérieusement ? C'est absurde, Peter trouverait ça tout aussi absurde que moi ».

Peter était décédé peu de temps après qu'elle ait fini les cours, l'année passée. Cela faisait deux mois maintenant, et c'était toujours aussi difficile à vivre. Il était mort dans un accident, mais un accident causé, d'après la famille Mitchell, à cause du Ministère. Elle ne pouvait plus parler ou penser au Ministère sans avoir une boule au ventre, de tristesse et de rage. Elle le détestait.

« Ce qui est absurde, c'est surtout qu'ils nous demandent de regrouper ses affaires magiques dans des cartons pour qu'ils puissent venir les chercher lorsque nous serons prêts, vu que nous n'avons pas le droit d'aller dans leurs bureaux pour les apporter nous-même, sinon ils viendront les réquisitionner de force. Mais nous n'avons aucun moyen de les prévenir lorsque ce sera fait, et puis nous ne savons même pas quels objets sont magiques ou non. Nous avons commencé à trier, il y a des choses qui paraissent logiques, mais… Est-ce que vos livres de cours sont magiques, par exemple ? »

« Ils ne vont jamais nous lâcher, j'en ai marre » soupira-t-elle plus pour elle-même que ses parents. « Non, ils ne le sont pas. Mais attendez, vous savez si vous avez une date maximum à respecter ? »

« Ils est noté… Avant 1996 » répondit sa Maman qui venait sans doute de vérifier sur la lettre avant de lui répondre.

Avant 1996, il restait donc trois mois. Elle serait de retour chez ses parents avant que la nouvelle année ne soit passée.

« Ok, ne faites plus rien, ne vous tracassez plus pour quelque chose que vous ne maitrisez pas. Je regarderai à ça lorsque je rentrerai pendant les vacances de Noël, d'accord ? Je m'en chargerai ».

« Nous ne voulons pas t'embêter avec tous ces problèmes, nous sommes désolés chérie » lui avoua son Papa.

« Ce n'est pas le cas, je vous assure. Bon, je ne vais plus traîner trop longtemps. Il est vraiment tard et même si demain c'est dimanche, je préfère ne pas me lever trop tard pour réviser ».

« Evidemment ma puce, vas-y. On est tellement heureux d'avoir pu t'entendre ce soir. Tu nous manques vraiment fort » lui dit sa Maman.

« Je vous renverrai le téléphone car il n'y a pas d'électricité ici, je vous laisserai le recharger avant de me le renvoyer. Vous me manquez aussi, je vous aime fort ».

« Bisous, sois prudente. On t'aime aussi » termina son Papa.

Elle raccrocha et observa l'appareil quelques secondes. Elle prit le temps de respirer correctement pour se calmer. Elle avait la gorge nouée et une boule au ventre. Toutes les émotions de cette soirée la bouleversaient énormément. Le fait de réentendre ses parents, de repenser à Peter, et ces idiots au Ministère de la Magie qui continuaient de leur pourrir la vie…

Lorsque Peter les avait quittés, ses parents avaient été réticents à l'idée de la laisser poursuivre ses études à Poudlard. Ils avaient l'impression d'avoir gâché tellement de moments passés avec Peter, en ne le voyant que pendant les vacances, et ne voulaient plus risquer de commettre la même erreur avec elle. De plus, ils voyaient désormais le monde magique et les sorciers comme une menace constante envers elle, quelque chose de dangereux qui pourrait prendre leur fille, comme elle avait pris leur fils. Mais Pritha avait insisté, en expliquant que ce serait dommage de s'arrêter deux ans avant la fin. De plus, elle n'avait aucune base dans les programmes scolaire Moldus, elle serait incapable de reprendre quelque chose d'autre que ses études à Poudlard, sans acquis.

Pour ce qui était de Noah, heureusement qu'elle et lui étaient amis depuis six ans maintenant, ça les aidait à accepter le fait qu'elle soit amie avec un sorcier. Et le fait qu'il ait des grands-parents Moldus les aidait également dans leur jugement.

Pour se convaincre et se rassurer, ils avaient eu cette idée d'appel par téléphone de temps en temps, pour prendre des nouvelles plus facilement, et c'est finalement ce qui avait permis à ses parents de la laisser revenir. Ce choix venait de montrer ses preuves peut-être qu'ils n'auraient jamais oser parler de cette histoire de perquisition d'objets magiques s'ils avaient uniquement échangé par lettres.

Elle observa le lac et le ciel qui se reflétait dessus. Elle voulait se calmer après les mauvaises nouvelles, mais ça lui prenait bien plus de temps qu'elle ne le pensait.

« À qui est-ce que tu parlais ? »

Pritha sursauta en entendant une voix derrière elle. Non, non, non ! Elle ne pouvait pas se faire prendre, elle ne pouvait pas se faire confisquer son téléphone. Elle cacha à toute vitesse l'appareil dans sa robe, puis se retourna brusquement. Il lui fallut quelque secondes pour reconnaître la silhouette qui se trouvait face à elle, à quelques mètres. Grand et mince, mains dans les poches, cheveux en bataille, et de ce qu'elle pouvait voir roux.

« Qu'est-ce que tu fais là, Weasley ? » lui demanda-t-elle férocement. Ce n'était pas le moment d'avoir des problèmes à cause de lui.

« Je t'ai posé ma question en premier » rouspéta-t-il en s'approchant d'elle.

« Je ne te dois rien » fit-elle ensuite remarquer, sans quitter son ton glacial.

Il s'assit à côté d'elle, observant le lac à son tour.

« Tu avais raison l'autre jour, lorsque nous sommes venus vous voir, Novak et toi, et que tu nous as vivement conseillé cet arbre. C'était un bon choix, peut-être le meilleur du parc. Tu as l'œil, Mitchell ».

« Plus que toi on dirait. J'ai beau essayé de te faire comprendre que ce que tu me veux ne m'intéresse pas, tu m'ignores et insiste de manière intempestive. Tu n'imagines pas à quel point tu es lourd, George Weasley. Un vrai nuisible dont on n'arrive pas à se débarrasser ».

L'insulte ne semblait pas l'avoir touché du tout, car quelque chose de plus important tournait dans sa tête. Il se mit à sourire à pleine dents.

« Tu sais nous reconnaître » fit-il remarquer fièrement.

Sa joie l'agaçait encore plus. C'était réellement la seule chose qu'il avait retenu ? Encore une fois, il ne comprenait pas – ou faisait semblant de ne pas comprendre – le message qu'elle essayait de lui faire passer. C'est-à-dire : de la laisser tranquille et d'oublier son obnubilation pour le farceur de l'école.

« Non, absolument pas. Je n'y arrive pas et ne cherche pas à le faire, car je m'en tape complètement. J'ai juste fait preuve de logique pour cette fois-ci. Tu as parlé de ton frère en l'appelant 'Fred' après le cours d'Astronomie, et j'ai simplement déduit que ça devait toujours être le même de vous deux qui continue de me harceler chaque jour depuis ».

« Et aujourd'hui, quelle est ta réponse ? »

« C'est toujours non, et ça ne changera jamais ».

Elle soupira en secouant la tête. Elle ne savait même pas pourquoi elle continuait de lui répondre et d'insister pour faire passer le message. Il faisait exprès de jouer la sourde oreille. Elle replaça sa cape correctement sur ses épaules et se releva, elle ne voulait pas passer la soirée à tourner en rond autour du même sujet avec l'un des jumeaux Weasley.

« Hey, Mitchell » l'intercepta le rouquin avant qu'elle ne commence à partir. « Tu sais pourquoi je suis là, ça a répondu à ta question. C'est à toi de répondre à la mienne maintenant ».

Elle soupira, et sans savoir pourquoi sortit son téléphone portable de sa poche. Peut-être qu'elle voulait lui montrer qu'elle au moins, elle était un minimum respectueuse envers lui. Que lorsqu'il lui demandait quelque chose, elle l'écoutait et lui répondait. George observa l'objet, il semblait intrigué.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-il.

« Un téléphone portable ».

« Et… Qu'est-ce que c'est ? » insista-t-il.

« Il faut composer un numéro bien spécifique dessus, qui nous permet de parler à une autre personne bien spécifique, à travers un objet similaire à celui-ci, que cette fameuse personne doit également posséder ».

Pendant qu'elle parlait, il s'était levé à son tour pour s'approcher d'elle. Il se plaça en face d'elle et lui prit l'objet des mains pour le tourner dans tous les sens et l'observer.

« C'est de la magique ? » osa-t-il demander.

« Non, de la technologie ».

« Mon Père serait tellement enjoué de découvrir une chose pareille… ». Il se mit à rire, imaginant son Père fasciné par ce drôle d'objet. Il le rendit ensuite à la jeune fille. « Au fait, c'est qui Peter ? C'est ton frère, c'est ça ? »

Son cœur rata un battement. Pourquoi il lui posait-il cette question, soudainement ? Est-ce qu'il l'avait entendue parler avec ses parents ? Qu'avait-il compris, sans entendre ce que ses parents lui disaient ?

« Oui » fut la seule chose qu'elle réussit à lui répondre.

« Il me semblait bien, oui. Il a quitté l'école il y a deux ans, pas vrai ? »

Elle n'aimait pas du tout la direction dans laquelle la conversation se dirigeait, mais elle n'avait pas la force de changer de sujet. Elle n'avait même pas la force de lui répondre tout court, à vrai dire. Elle se contenta d'acquiescer.

« De ce que je me rappelle, il était Poufsouffle » réfléchit-il à voix haute. Puis, il se tourna vers Pritha, un grand sourire aux lèvres. « Tu dois être particulièrement sournoise pour ne pas te retrouver dans la même maison que ton frère ».

Son cœur se serra à sa remarque. « Ou peut-être que lui était une particulièrement bonne personne pour ne pas se retrouver dans la même que moi ».

Quoiqu'il ait entendu de sa conversation avec ses parents, il ne semblait pas avoir compris que Peter était mort. Il n'en parlerait pas de cette façon. Tant mieux, c'était mieux ainsi, elle n'aurait pas voulu qu'il sache. Personne ne savait à part Dumbledore, peut-être Rogue si le directeur de l'école lui avait dit, et Noah. À l'école, personne d'autre n'était au courant car elle préférait ne pas en parler.

« Tu sais, toi aussi tu pourrais devenir une meilleure personne » tenta-t-il. « Et le meilleur moyen d'y arriver, c'est en aidant les autres. En aidant quelqu'un à retrouver le farceur de l'école, par exemple ».

Elle leva les yeux au ciel, pouffa d'un rire moqueur, et s'appuya contre le tronc d'arbre. Elle observa le lac, secouant la tête.

« Tu es si borné, Weasley ».

« Et je continuerai d'insister jusqu'à ce que tu acceptes, Mitchell ».

Ce gars était désespérant, et sûrement désespéré pour insister autant. Elle finit par oser lui poser la question qui lui brûlait les lèvres, depuis qu'il lui avait parlé de leur enquête pour la première fois.

« Pourquoi tu veux à tout prix que ce soit moi ? Pourquoi tu ne vas pas demander à tes amis, ou n'importe qui d'autre ? »

« Parce que Fred et moi, on est certain qu'il s'agit d'un Serpentard. Et étant donné qu'il doit être de ton année, tu as déjà deux points communs avec cette mystérieuse personne. Ça fait de toi une candidate idéale pour nous aider, et sûrement la seule avec qui on a une potentielle chance de collaboration ».

« Un Serpentard ? Vous ne partez pas trop dans des préjugées, pour en arriver à cette conclusion ? » s'irrita-t-elle.

Il haussa les épaules, ça ne semblait pas le toucher plus que ça. « Peut-être bien oui, mais peu importe, au final tant que ça paie... Ce n'est pas ça votre phrase d'accroche ? Peu importe les moyens, tant que le résultat est là ».

Elle se mit à rire, cette motivation la surprenait autant qu'elle l'amusait.

« Pourquoi vous voulez à ce point trouver cette personne ? Et puis qu'est-ce que vous comptez faire, lorsque ce serait fait ? »

« Lui faire une farce, bien sûr ! » s'écria-t-il avec joie. « Et puis peut-être échanger quelques idées avec elle, pourquoi pas. Mais d'abord, lui faire une farce ! »

Elle n'arrivait pas à se retenir de rire et sa fierté la poussa à rapidement tourner la tête à l'opposé du garçon. Elle ne voulait pas qu'il remarque qu'il avait réussi à la faire rire à ce point, alors qu'elle essayait de garder un air froid et détaché chaque fois qu'il lui parlait. Ce n'était pas tant ce qu'il disait qui la faisait rire, mais la quantité démesurée d'énergie et d'enthousiasme qu'il plaçait dans cette quête inutile. Ça aurait dû être un rire moqueur et méchant, mais sans comprendre pourquoi son air naïf et pur l'avait poussé à ne sortir qu'un vrai rire gentil.

Elle avait détourné le regard mais c'était trop tard, George avait bien vu et entendu son rire. Il prit cette bonne humeur comme un feu vert et se rapprocha d'elle. Il se plaça juste à côté, presque collé, et tourna son buste et sa tête pour aller voir là où elle tentait de cacher son visage.

« Alors » osa-t-il retenter à nouveau. « Tu as réfléchi à quelque chose que tu souhaiterais en retour ? »

Surprise de l'entendre si proche, elle se tourna vers lui pour comprendre où il se trouvait. Mais ce geste les rapprocha encore plus, elle avait son visage à une dizaine de centimètres du sien. Il semblait tout aussi surpris qu'elle par leur proximité, il n'avait sans doute pas réfléchi à cette réaction de sa part en se rapprochant d'elle.

« Oh Weasley ! Sérieusement ? » s'écria-t-elle, effarouchée. Elle recula rapidement de deux grands pas pour retrouver son espace personnel et elle reprit tout aussi vite son visage agacé.

Une fois qu'elle retrouva sa contenance, elle croisa les bras et redirigea son regard vers le lac, admirant la vue. Les décors n'étaient composés que de nuances de bleu, créées par la nuit et la lune. On pouvait reconnaître les décors visibles en journées, mais l'ambiance était tellement différente qu'elle avait l'impression de ne pas voir le même paysage.

Elle prit finalement une seconde pour réfléchir à la proposition de Weasley. Est-ce qu'elle avait besoin de quelque chose qu'il pourrait lui offrir ? Non, elle ne voyait vraiment rien. Les choses dont elle avait besoin, elle s'assurait toujours de les obtenir, peu importe le moyen. À la limite, elle aurait besoin d'une personne pour se prendre ses punitions à sa place, mais elle ne pouvait pas duper les professeurs ou Rusard à ce point. Une idée vint cependant s'immiscer dans un coin de sa tête, quelque chose qui pourrait vraiment l'intéresser.

« Weasley » l'appela-t-elle sèchement. Elle le vit se tourner dans sa direction, l'oreille attentive. « Comment tu as su que j'étais ici ? Et comment tu es venu sans te faire prendre ? »

Il lui offrit un large sourire. « C'est un secret, ma chère ».

Elle constata qu'il était loin d'être prêt de lui avouer, mais elle n'allait pas se laisser faire aussi facilement.

« Si tu veux que je t'aide à découvrir un mystère, tu peux au moins m'en révéler un autre en échange ».

Pritha vit le visage du garçon en face d'elle changé considérablement, il semblait enfin prendre la possibilité de lui révéler ce secret en considération. Il n'avait pas compris un peu plus tôt qu'elle avait posé la question parce qu'elle réfléchissait à son offre, mais maintenant qu'il savait que ça pouvait avoir un lien, il était prêt à marchandé.

« Et qui me dit que je peux te faire confiance, là-dessus ? » se méfia-t-il, bridant les yeux pour tenter de lire à travers la Serpentard.

Mais elle se contenta de garder son regard satisfait, et ses bras croisés sur sa poitrine. Elle haussa les épaules, sans le lâcher des yeux.

« Tu sembles me faire assez confiance que pour vouloir partager avec moi ta super mission de recherche du farceur de l'école, en tout cas ».

Elle avait peur qu'il se braque, qu'il se fâche en disant que c'était deux choses qui n'avaient rien à voir. C'est ce qu'elle aurait fait, si les rôles étaient inversés, car elle savait pertinemment que son argument n'avait aucune valeur. Mais à la place, il semblait toujours aussi amusé de leur échange. Il appréciait le fait qu'elle joue comme ça avec lui, et même si elle ne comprenait pas pourquoi, ça jouait en sa faveur.

« Très bien Mitchell, mais tu dois me promettre de ne le dire à personne » accepta-t-il finalement en s'approchant d'un pas d'elle.

« Oui, évidemment, je te le promets » répondit-elle naturellement.

« Je suis très sérieux » insista-t-il.

Il ne la lâchait pas des yeux, il voulait lui faire comprendre que ce qu'il allait lui dire n'allait pas être à prendre à la légère. Elle était surprise, elle ne s'attendait pas à toucher un point si important pour le roux. Ça la déstabilisa un peu, mais elle ne fit rien paraître.

« Oui, moi aussi » affirma-t-elle.

Il continua de la regarder quelques secondes, comme pour confirmer que ses mots avaient été prononcés avec sincérité. Puis finalement, il sortit un bout de parchemin tout plié de sa poche, ainsi que sa baguette.

Il avait désormais absorbé toute son attention, elle observait chacun de ses gestes avec minutie. Elle était si concentrée, ça amusait beaucoup le Gryffondor. Il faut dire que même après six années, Pritha était toujours aussi subjuguée lorsqu'elle venait à découvrir un nouvel objet magique, elle était toujours aussi fascinée. Il lui lança un dernier sourire, la trouvant particulièrement mignonne en ce moment même, puis finalement toucha le parchemin vide du bout de sa baguette.

« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises ».

Il récita la formule, puis des écritures et des schémas se mirent à apparaître sur le vieux morceau de papier. Pritha écarquilla les yeux, stupéfaite par ce qu'elle venait de découvrir. C'était une carte du château. De chaque pièce, couloir, et même passage secret. De plus, à quelques endroits, des noms d'élèves ou professeurs se déplaçaient doucement. On voyait également les alentours les plus proches du château, et à côté du lac, les noms « Pritha Mitchell » et « George Weasley » étaient collés. Elle sourit en se rendant compte qu'elle avait eu raison, concernant le prénom de George, et qu'il ne s'était pas moqué d'elle. Mais elle continuait de se questionner par rapport à cette carte. Est-ce qu'il s'agissait réellement de l'emplacement de ces personnes ? Est-ce que ces déplacements concordaient réellement avec la réalité ? C'était époustouflant. Elle chercha ensuite la partie réservée aux Serpentard, et vit que le nom du professeur Rogue se baladait dans le couloir qui donnait directement sur la salle commune.

« J'en connais une qui va avoir du mal à retourner dans sa salle commune » se moqua-t-il en comprenant ce qu'elle regardait, après avoir suivi son regard.

Elle grommela pour confirmer ce qu'il venait de dire, tout en continuant de fixer la carte. Mais un moment, l'objet magique se referma complètement. Elle fut surprise et tourna la tête vers le Gryffondor, qui venait lui-même de refermer le papier pour l'empêcher de continuer sa lecture. Elle fonça les sourcils, frustrée d'avoir été arrêtée dans son élan, mais il devait penser qu'il lui en avait assez montrer que pour l'intriguer, sans pour autant trop lui en dévoiler. Ça l'énervait de l'admettre, mais il avait raison, car elle avait encore plus envie d'observer l'objet.

« Assez pratique, pas vrai ? » commenta-t-il fièrement.

Ces derniers jours lui revinrent en tête. Rogue qui l'avait surprise, son incapacité à sortir les jours qui ont suivi. Elle avait tellement galéré, tellement rager sur le fait de ne pas y arriver. Et Weasley avait en sa possession le meilleur des objets que le monde aurait pu créer.

« Je veux cette carte » décida-t-elle, replongeant son regard droit dans les yeux marron du Gryffondor pour bien lui faire comprendre qu'elle était déterminée.

Ils voulaient de son aide pour réussir à la démasquer, c'est ça ? Bien, elle pouvait les aider, ou en tout cas faire semblant de les aider. Tant qu'ils la croyaient de leur côté, elle pourrait chaque fois faire tourner la situation à son avantage pour ne pas être soupçonnée, et donc les forcer à ne jamais la démasquer. C'était leur dernière année, il lui restait une année pour se mettre les jumeaux dans sa poche et pouvoir continuer ses farces comme elle le voulait. Et en plus de cela, elle aurait cette carte. Elle avait tout à gagner, elle ne pouvait pas refuser une offre aussi alléchante.

« Pardon ? »

« En échange de mon aide, dans ta petite enquête » précisa-t-elle.

Mais elle voyait à son regard qu'il ne semblait même pas prendre en compte sa demande.

« Mitchell, même contre tout l'or du monde, je ne te donnerai pas cette carte ».

Elle serra les dents et les poings, il n'allait pas lui rendre la tâche facile.

« Je ne te parle pas d'une donation, seulement d'un prêt à durée déterminée » argumenta-t-elle. « Juste le temps que nous prendra cette fameuse enquête ».

Il se mit à rire, il n'arrivait décidément pas à la prendre au sérieux.

« Pour que tu fasses tout pour la ralentir et garder cette carte plus longtemps ? Je ne suis pas si naïf, ça reste un non ».

« D'accord, dans ce cas jusqu'à Noël » surenchéri le serpent. « Si l'enquête se finit plut tôt, je ne suis pas perdante malgré tout. Et si elle se finit plus tard, tu n'es pas perdant non plus ».

« Non. J'en ai besoin, moi aussi. Je ne m'en séparerai pas si longtemps ».

« Disons une semaine sur deux, dans ce cas. Jusqu'à Noël, on se l'échange à chaque cours d'Astronomie, les lundis soir. C'est ma dernière offre, et je n'accepterai rien d'autre en échange de mon aide dans ta petite enquête ».

« Vous êtes très difficile en affaires, Mademoiselle Mitchell »

Il prit quelques secondes pour réfléchir, tout en continuant de l'observer. Depuis qu'elle lui avait dit qu'elle voulait cette carte, elle gardait son regard toujours parfaitement ancré dans le sien, elle ne l'avait toujours pas détourné. Cette carte pourrait lui permettre de sortir quand elle le voulait, pour préparer ses blagues ou téléphoner à ses parents, ou même… Tout ce qu'elle voulait, à vrai dire. C'était un vrai passe partout pour voyager librement dans l'école.

« Mais c'est d'accord, j'accepte votre offre ». Elle lui sourit, contente qu'il ait finalement accepté. « Cependant, il va falloir redoubler d'effort et de motivation, vu le prix que cet arrangement va me couter ».

Pour toute réponse, sans lâcher son sourire satisfait, elle lui tendit sa main. Il la prit dans la sienne et la serra, concluant ensemble leur marché officiellement.

« Marché conclu » termina-t-elle. « Profite bien de ta carte pendant ces prochaines 48h ».

« On est d'accord sur le fait que tu vas nous aider à farcer le farceur de l'école, et pas simplement nous aider à le trouver ? » précisa le jumeau.

Son sourire s'agrandit, s'il savait que le fameux farceur était actuellement juste en face de lui.

« J'y réfléchirai ».

Elle ne faisait jamais de blague juste pour le plaisir d'ennuyer quelqu'un, car elle trouvait ça stupide. Ses farces avaient toujours un objectif derrière, qui les rendaient utiles. Mais elle comptait vraiment y réfléchir, elle ne mentait pas. Pour elle, les farceurs de l'école étaient les Weasley. Et ils voulaient qu'elle les aide à farcer le farceur ? Si seulement ils savaient dans quoi ils s'embarquaient… Elle pourrait en effet, pour une fois, faire une farce directement à quelqu'un, pour le plaisir de l'ennuyer. Ils n'avaient juste pas la même cible, même si elles portaient d'après eux le même surnom.