Surprise !
Eh oui, si vous ne faites pas partie de mon serveur discord, vous n'aviez pas de moyen d'être au courant, mais après un vote là-bas, j'ai décidé de poster ce chapitre plus tôt que prévu, ainsi que le suivant qui arrivera jeudi ! En effet, comme vous le verrez en lisant, ces chapitres sont d'une grande importance pour l'histoire, j'ai donc voulu les poster plus tôt en voyant vos retours positifs dessus !
De plus, cela fait quelques semaines que je souhaitais faire une pause de publications pour rattraper un petit peu d'avance sur les chapitres écrits, je me suis dit que ce serait donc l'occasion ! Je vous donne plus d'infos à la fin du chapitre ;)
Bonne lecture !
2-4-3-5
2-4-3-5
2-4-3-5
2-4-3-5
2-4-3-5
Harry attrapa la main de Théo et celui-ci soupira longuement l'air qu'il n'avait pas eu conscience de bloquer dans ses poumons. Il utilisait la technique dont sa psychomage lui avait parlé sans même s'en rendre compte. Une première pression de son pouce sur son index, puis son annulaire, son majeur et enfin son auriculaire. Puis il recommençait. En boucle. Jusqu'à ce qu'il ne pense plus qu'à ses doigts.
Son mari passa son pouce sur sa main et Théo ferma les yeux quelques secondes. Il ne prêtait plus attention aux conversations environnantes. Il avait dépassé ses limites.
– On sort ? proposa Harry.
Théo hocha évasivement la tête et le suivit jusqu'à l'entrée de la maison. Il enfila son long manteau sans y prêter attention et rejoignit l'extérieur. Aussitôt dehors, Harry le tira dans ses bras et il cala sa tête dans son cou en fermant les yeux.
Il prit alors de longues inspirations pour calmer les battements erratiques de son cœur, seul signe qu'il paniquait.
– Tu veux en parler ? Tu sais ce qui te met dans cet état ? demanda Harry.
Théo secoua la tête et passa ses bras autour des hanches de son mari pour être encore plus proche de lui.
Il avait simplement… paniqué. Il s'était laissé dépassé par le bruit des conversations, le regard insistant de Drago et la présence de Granger et Ginny dans la même pièce. Trop d'inconnus, trop d'imprévus possibles, trop de… Juste trop.
– J'aurais dû rester à la maison, marmonna-t-il dans le cou de son mari.
– Tu veux rentrer ? s'inquiéta celui-ci en attrapant son visage entre ses paumes pour le regarder.
Théo secoua une nouvelle fois la tête, tout en calant ses mains dans ses poches.
– Je ne veux pas gâcher ta soirée. Je peux aller me promener dehors, ou bien demander à Drago de me prêter sa chambre, ce n'est pas un…
– Théo, l'interrompit Harry avec un regard sérieux. Dis-moi ce qui te tracasse. C'est Noël, je refuse d'être séparé de toi ce soir.
Il n'osa plus regarder son mari. Théo avait détourné les yeux vers la fenêtre de la maison qui donnait directement sur le salon éclairé. Il croisa le regard de Ginny, qui les observait depuis l'intérieur. Il eut alors l'impression de faire un bond en arrière.
oOo
11 novembre 2005
– Tu m'avais promis, Théo ! s'exclama Harry, les larmes aux yeux.
– Je t'ai promis de l'accueillir ici, pas d'en faire ma meilleure amie, répliqua celui-ci.
Il alluma une cigarette du bout de sa baguette et se dirigea vers les baies vitrées de leur chambre pour aller fumer. Il détestait ce genre de dispute avec son mari. Celui-ci essayait de le prendre par les sentiments et Théo se retrouvait à jouer à l'indifférent pour lui montrer que cela ne l'atteignait pas. Il avait l'impression d'être un monstre au cœur de pierre, alors qu'il ne supportait pas de voir Harry ainsi.
– Il y a une différence entre l'accueillir et la fusiller du regard dès qu'elle m'adresse la parole ou la prendre à part pour lui parler dès que tu en as l'occasion !
Théo serra les dents et expira une longue fumée blanche avec colère.
– Elle le mérite, grogna-t-il.
– Elle le mérite ! Non, mais tu t'entends, Théo ? Comment tu peux dire un truc pareil après tout ce que tu as vécu et alors que tu sais à quel point le pardon est important ?
– Elle vous a abandonnés !
– Elle était en deuil ! Nous l'étions tous, par Merlin ! Nous avons vécu la guerre et nous avons dû remonter la pente. Nous avons tous fait des erreurs et ce serait culotté de ma part de le lui reprocher. Elle a choisi de le faire ainsi et je n'ai pas de raison de lui en vouloir, surtout quand on sait ce que sa relation a donné !
Théo serra les mâchoires, conscient que son mari soulevait un point important. Il lui avait fait part de ses inquiétudes concernant les abus psychologiques d'Astoria sur Ginny.
– Elle t'abandonné, reprit-il plus bas.
– Cesse de t'acharner, Théo, je t'en prie…
– Cesser ? Mais cesser quoi, Harry ? s'emporta Théo avec froideur en se tournant vers lui. Cesser quoi, hein ?
Harry avait des larmes dans les yeux et cela ne fit qu'enserrer un peu plus le cœur de Théo dans sa poitrine.
– Je ne vais pas arrêter de t'aimer et de te protéger sous prétexte que les autres peuvent faire des erreurs. Et si c'est ce que tu attends de moi, alors tu…
Il ne put terminer sa phrase. Harry venait de foncer dans ses bras et avait blotti son visage contre sa chemise en sanglotant. Il le serra contre lui en retour et ferma difficilement les yeux.
– Je n'attends rien de plus que ton amour, Théo, chuchota Harry en pleurant. Je suis tellement désolé de m'être emporté. Mais je t'en prie, fais un effort, je… C'est ma meilleure amie.
Il soupira en caressant la nuque de son mari.
– Par Merlin, si tu pouvais comprendre à quel point tu comptes pour moi.
– Je ne le comprends pas. Je le sais.
Une seconde après avoir prononcé ces mots, Théo entendit le craquement du parquet au loin et leva vivement la tête. Il croisa furtivement le regard brun de Ginny, qui semblait avoir entendu leurs derniers mots.
Et aussi difficile cela puisse être, Théo se promit d'arranger les choses. Pour Harry.
oOo
Ginny ne l'avait pas quitté des yeux, alors qu'il valsait très lentement avec Harry. Quelques flocons tombaient sur leurs cheveux bruns et ils avaient fini par créer un petit cercle de pas dans la neige.
Les paysages étaient magnifiques, malgré la nuit qui les empêchait de voir au loin. Les quelques lanternes qui illuminaient le domaine de Granger suffisaient à leur donner un aperçu plus que splendide.
Ce n'était pas la première fois que Théo dansait ainsi en silence avec Harry. Celui-ci le faisait pour le détendre, pour l'aider à se recentrer sur les choses importantes, sur la réalité. Et cela marchait à chaque fois.
Théo lâcha Ginny des yeux et les tourna vers le visage d'Harry.
– Je t'aime, souffla-t-il avant de l'embrasser sur le front.
Son mari lui sourit et caressa sa joue de sa main gantée. Son regard était empli d'une inquiétude qu'il semblait lutter pour faire taire.
– Promets-moi que nous en parlerons en rentrant, Théo.
– Promis.
Harry sourit et se pencha jusqu'à lui pour l'embrasser avec tendresse.
– Je t'aime aussi. Plus que tout, Théo.
oOo
Hermione était occupée à nettoyer les assiettes qui avaient servi pour les plats principaux lorsque la porte de la cuisine s'ouvrit. Elle tourna les yeux à temps pour voir Ginny entrer.
Elle se tendit aussitôt et serra ses doigts sur la porcelaine de la vaisselle qu'elle rinçait sous le robinet. Elle avait appartenu à ses grands-parents. D'après ses souvenirs, ils l'avaient reçue le jour de leur mariage, soixante ans plus tôt.
Elle tenta de se concentrer sur les détails colorés des assiettes pour ne pas penser à celle qui venait d'entrer, mais ses efforts furent vite vains.
– Tu veux de l'aide ? demanda Ginny en s'approchant d'elle à pas de loup.
Hermione sursauta. Ses mains se mirent à trembler autour de l'assiette.
– Non, non, j'ai bientôt fini. Tu devrais rejoindre les autres.
Mais Ginny ne bougea pas. Hermione la voyait du coin de l'œil, près de l'îlot central. La rouquine tripotait le bas de son pull orange, qu'elle comprit avoir été offert par Molly. Il y avait un grand G cousu en vert dessus.
Hermione ne put empêcher l'amertume qui l'envahit alors qu'elle réalisait que cela faisait des années qu'elle n'en avait plus reçu. Peut-être cela venait-il de sa séparation avec Ron. Peut-être Molly n'avait-elle jamais vraiment voulu lui en offrir.
– Je voulais m'excuser, Hermione.
Cette fois-ci, la jeune femme lâcha son assiette dans l'évier, incapable de se contrôler. Elle attrapa le bord du lavabo jusqu'à ce que ses doigts deviennent blancs.
– Ne fais pas ça, Ginevra. C'est inutile. Tout va bien, je ne t'en veux pas. Tu peux retourner dans le salon.
Ginny ne répondit pas immédiatement. Elle avança d'un pas de plus, ce qui ne fit qu'accentuer la tension dans les épaules d'Hermione.
– Je… Hermione, je suis sincère. Je m'en veux énormément et je ne veux pas que tu penses le contraire. Je n'aurais pas dû partir, j'aurais dû rester à tes côtés, prendre de tes nouvelles et te soutenir. J'ai été la pire des amies et je m'en veux plus que tout.
Hermione ferma les yeux et inspira lentement. Pourquoi faisait-elle ça ? Ne pouvait-elle pas rester silencieuse et indifférente à son égard comme le reste des invités ? Ne pouvait-elle pas rester avec eux plutôt qu'essayer vainement de reconstruire quelque chose entre elles ?
Hermione était sortie du séjour pour se calmer, pour être seule, pas pour être embêtée par des paroles sans intérêt, qui ne feraient que raviver des souvenirs et des sensations qu'elle aurait préféré enterrer.
– D'accord. Je te pardonne, dit-elle rapidement. Tu peux y aller maintenant.
Une fois de plus, Ginny ne bougea pas. Hermione en devenait de plus en plus exaspérée. Que voulait-elle de plus ? Elle l'avait pardonnée, c'était aussi simple qu'avec les autres, n'est-ce pas ?
– Tu ne veux pas en discuter ? demanda Ginny d'un ton confus. Tu ne peux pas simplement me pardonner comme ça ! J'ai merdé, j'ai été…
– Si, je peux, l'interrompit Hermione en se tournant vers elle. Je peux et je le fais. Je te pardonne, je ne t'en veux pas et je te demande de me laisser seule !
Ginny recula d'un pas, le visage tordu par l'inquiétude et la tristesse. Cela ne fit ni chaud ni froid à Hermione. Elle resta immobile et attendit que la rouquine s'en aille enfin, ne la quittant des yeux que lorsqu'elle disparut derrière la porte.
Elle était ailleurs en cet instant. Il n'y avait plus que son besoin de solitude, son angoisse et ses doigts qui tremblaient. Elle ne réalisait pas ce que ses actes impliquaient, ce qu'elle voulait vraiment ou même ce que Ginny devait ressentir. Elle était bien trop loin de tout ça. Il n'y avait que ses angoisses, noires, imposantes, qui l'ingurgitaient.
Puis, sans pouvoir s'en empêcher, Hermione éclata en sanglots.
oOo
Les Nott-Potter avaient apporté un assortiment de fromages que Drago connaissait sur le bout des doigts. Malgré leurs odeurs pour la plupart dérangeantes, il était capable de citer le nom de chacun d'eux. Il s'avait que Théodore les avait choisis lui-même, Drago ayant reçu la même éducation stricte que lui sur les spécialités françaises. Ils étaient tous les deux maîtres en ce qui concernait les vins et fromages.
Drago ne s'était pas laissé tenter par les petits ronds blancs que Théo avait sélectionnés. Dix-huit, très exactement. À vue d'œil, il avait su les identifier comme des chèvres, tous de maturités et de provenances différentes. Cependant, ayant bien assez mangé, il n'en goûta aucun. Il se contenta d'observer le reste de la tablée d'un œil scrupuleux.
De moins en moins anxieux d'être autant entouré, il en profitait pour analyser ceux qu'il n'avait pas vus depuis des années, ou qu'il voyait de moins en moins. Pansy passait la moitié de son temps en France avec Granger et Blaise ne venait plus qu'une fois par mois.
Une complicité – dont Pansy lui avait parlé par lettres – s'était plus ou moins créée entre Potter et le couple Zabini. Ils avaient été les seuls animateurs des discussions toute la soirée. D'après ce que Drago avait entendu, Potter avait accepté un poste de Chef d'équipe au Département des Jeux et Sports Magiques français. Privilège du héros ou non, il était visiblement assez doué pour être ainsi reconnu. Blaise, quant à lui, avançait pas à pas dans son combat au Magenmagot. Le reste, il le savait déjà.
Pansy lui faisait des résumés des avancées de sa fondation dans chacune de ses lettres. Si sa mémoire ne lui jouait pas des tours, elle avait organisé sa première réception pour le soir du Nouvel An.
Pourtant, les trois acteurs principaux de ce repas n'étaient pas ceux qui avaient le plus retenu l'attention de Drago. Dès l'arrivée de Théo, Potter et Weaslette, il avait senti l'ambiance se faire bien plus lourde.
Granger et sa rouquine d'amie avait passé le repas la tête baissée sur leurs assiettes. Drago s'était même plusieurs fois demandé si cela ne venait pas de ce qu'il avait préparé. Il en était venu à la conclusion que cela n'avait pas de rapport quand Weasley Fille s'était mise à fixer Théo et Potter à l'extérieur.
Il avait alors fait de son mieux pour tenter de comprendre ce qui se tramait dans les esprits des invités. Il se doutait qu'une tension était apparue après le départ de Ginevra – Pansy lui en avait parlé – sans en connaître les tenants et aboutissants. Peut-être Granger lui en voulait-elle d'être partie ? Peut-être s'étaient-elles fâchées avant qu'elle ne s'en aille visiter le monde ? Peut-être était-ce à cause du grand frère, Ronald ?
Drago comptait bien essayer de le comprendre, même s'il n'avait pas l'intention de questionner les autres. Il était doué pour cela, après tout. Comprendre en observant, en se faisant discret et en restant muet. Analyser, compter, déchiffrer.
Alors qu'il réfléchissait à comment en apprendre davantage, il réalisa que Weaslette était revenue depuis un moment. Seule. Sans Granger. Sans Albert. Il fronça les sourcils et jeta un œil autour du salon, au cas où il aurait manqué leur retour. Non. Ils n'étaient pas là. Granger n'était pas là.
Néanmoins, alors qu'il s'était enfin décidé à se lever pour la rejoindre et vérifier que tout allait bien, Pansy le devança et entra dans la cuisine.
Il laissa tomber sa tête dans ses mains, les épaules basses. Il avait raté sa chance.
oOo
– Tout va bien ? s'enquit Pansy en entrant.
Hermione se tourna vers elle, les yeux encore rouges d'avoir trop pleuré. Elle avait passé un bon quart d'heure assise au sol et blottie contre Albert pour se calmer, avant d'enfin reprendre sa vaisselle.
– Oui, oui, mentit-elle d'une voix sûre.
– Tu as pleuré ?
Hermione se tendit, sans arrêter de rincer ses assiettes pour autant.
– Je suis fatiguée, répondit-elle simplement.
Elle la vit hocher la tête du coin de l'œil, puis s'asseoir sur l'un des tabourets de l'îlot. Un silence s'installa, seulement rythmé par l'eau chaude qui coulait sur la porcelaine et sur les mains d'Hermione.
Cette dernière était tendue, confuse quant à la présence de Pansy ici. Que lui voulait-elle ? Lui faire un discours d'excuses, elle aussi ? En rajouter une couche ? N'en avait-elle pas eu assez ? N'était-elle pas satisfaite de la petite soirée qu'elle avait organisée chez elle ? N'avait-elle pas d'autres commérages à raconter à ses amis ?
– Je croyais que tu allais mettre une robe ce soir.
Les mains d'Hermione tremblèrent à nouveau. Elle n'avait pas le droit. Elle n'avait pas le droit de venir lui dire ça. Pas maintenant. Pas ici.
– J'ai changé d'avis, répondit-elle.
Elle savait que sa tension s'entendait à sa voix. Puis, Albert vint se frotter à ses jambes et elle comprit que tout son corps renvoyait cette impression.
– Tu…
Pansy se tut alors que le vacarme d'une dispute retentissait soudain dans la pièce adjacente. Le bruit d'une chaise raclée sur le sol résonna dans la maison.
Hermione se tourna vers elle et croisa son regard tout aussi confus. Pansy se leva, les sourcils froncés.
– Vous m'avez menti ! fit Malefoy au moment même où elle ouvrit la porte.
– Que se passe-t-il ? s'inquiéta-t-elle alors que Hermione apparaissait à son tour dans l'embrasure.
Malefoy s'était levé de table et fusillait Blaise du regard. Ce dernier avait l'air embêté, presque coupable. Ginny, Théo et Harry, eux, semblaient particulièrement gênés par la situation.
Jusque là, les choses auraient presque pu lui paraître normales, après tout, deux amis pouvaient se disputer.
Mais Malefoy n'avait jamais levé la voix en sa présence. Pas depuis qu'il était sorti d'Azkaban. À vrai dire, elle ne l'avait même jamais vu exprimer de réelles émotions. Il semblait toujours calme, toujours… neutre. Il n'était pas froid, loin de là, mais il ne laissait jamais vraiment les autres voir ce qu'il ressentait.
Il était toujours calme, discret, il ne montrait aucun signe d'agacement. Il ne parlait que très peu, ne souriait pas vraiment et se contentait de suivre les consignes, les règles et les habitudes qui s'étaient tacitement installées entre eux.
Elle avait longtemps pensé qu'il avait toujours été ainsi et que cela provenait sûrement de son éducation. Elle s'était imaginé qu'il avait profité de Poudlard et de son entourage amical pour se laisser aller à l'époque. Peut-être même qu'il attendait encore un peu pour reprendre ses moqueries. C'était jusqu'à ce qu'elle finisse par comprendre qu'il ne s'agissait que d'un traumatisme, d'une conséquence de son séjour à Azkaban.
Ce n'était pas volontaire, loin de là. Il n'était pas aussi discret par envie, mais par nécessité. Elle s'était plusieurs fois inquiétée à son sujet, elle s'était demandée ce qui avait bien pu lui arriver pour qu'il devienne si… vide.
Mais le voir ainsi ? En colère et le visage déformé par ses émotions ? C'était inhabituel.
Il avait serré les poings de chaque côté de ses hanches et son regard était noir. Hermione en resta muette.
Il tourna soudainement la tête vers Pansy, les mâchoires serrées, sans se défaire de sa colère. Il dévisageait sa meilleure amie comme s'il s'agissait de sa pire ennemie. Comme si elle l'avait trahie. Et peut-être était-ce le cas.
– Vous vous êtes invités ici, l'accusa-t-il simplement.
Son ton était froid, dur, tranchant. Il ne s'ennuyait pas avec des explications et Hermione vit au regard coupable de Pansy qu'elle avait compris tout de suite.
Mais elle, elle ne comprit pas. Que voulait-il dire ? De quoi parlait-il ? Pourquoi se mettait-il dans un tel état ? Elle loupait forcément quelque chose.
Il lui jeta un coup d'œil rapide et l'espace d'un instant, Hermione eut l'impression que les rides de colère qui entouraient ses yeux s'étaient détendues.
– Tu m'as promis que Granger était d'accord.
Entendre son nom dans sa bouche lui donna des frissons.
Elle reçut cette remarque comme un coup de massue. Il ne lui parlait pas et, pourtant, jamais Hermione ne s'était sentie aussi impliquée dans une conversation avec lui. C'était comme si elle réalisait soudainement qui lui faisait face, comme si elle se rendait compte des mois qui s'étaient écoulés et qu'ils avaient partagés. C'était comme si elle avait dissocié son identité de la personne avec qui elle cohabitait depuis mai.
Drago Malefoy habitait chez elle. Drago Malefoy. Malefoy. Drago.
Le monde qui l'entourait vacilla l'espace d'une seconde. La panique entoura sa poitrine avant de redescendre en flèche. C'était étrange.
– Drago, je…
– Tu m'as menti, répéta-t-il sans laisser Pansy poursuivre. Tu m'as dit qu'elle était au courant, qu'elle avait accepté !
Puis ce fut trop pour elle. Hermione s'enfuit à l'étage, une main posée sur la bouche. Elle ne pouvait pas en entendre plus. La conversation prenait sens et elle n'aimait pas ce qu'elle comprenait. Elle ne voulait pas de ça. Pas de pitié. Pas de compassion. Pas de regards tristes.
Elle entendit vaguement Ginny et Harry l'appeler, mais elle était déjà loin. La porte de sa chambre claqua derrière elle et elle s'écroula sur le parquet.
oOo
La colère était une émotion intéressante. Une émotion qu'il n'avait pas ressentie depuis longtemps et qui, une fois analysée précautionneusement, se révélait destructrice.
Longtemps, Drago s'était empêché de la laisser exploser. Longtemps, il l'avait ravalée en espérant que cela calmerait, améliorerait les choses.
Les accusations du Magenmagot ? Il n'avait rien dit. Les cris des victimes des Mangemorts lorsqu'il était entré dans la salle d'audience ? Il n'avait rien dit. Les insultes des gardes d'Azkaban ? Il n'avait rien dit. Leurs coups ? Il n'avait rien dit.
Avec le temps, cette émotion, pourtant si présente dans sa vie antérieure, avait tout simplement disparu de son organisme.
En la sentant monter, sa première réaction avait été la panique. Pourquoi maintenant ? Il avait tenté de la calmer, usant de son self-control habituel pour ne rien laisser paraître. Il ne pensait à rien, vidait son cœur et sa tête et se transformait en un corps dépourvu de tout intérêt. Jusqu'à ce que cela ne fonctionne plus. Peut-être avait-il atteint sa limite. Peut-être son esprit refusait-il de rester de marbre cette fois.
La soirée était agréable, d'un point de vue extérieur. Drago était satisfait de voir ses plats être dégustés, ses amis discuter et son environnement changer le temps d'une soirée. Il avait l'impression de vivre un peu plus que d'habitude, il avait l'impression de retrouver la vie qui l'avait animé un jour. Jusqu'à ce que les choses ne dérapent, jusqu'à ce qu'il comprenne que tout ne pouvait pas être si parfait, que cela n'avait été qu'illusion.
Les remarques de Blaise, les regards de Weaslette, l'anxiété évidente de Théo, l'indifférence de Potter ou encore l'humeur si joviale de Pansy… Puis l'état quasi catatonique de Granger. Cela avait été trop. Cela avait le goût du faux, de l'illusion, du mensonge. Quelque chose n'allait pas et l'insensibilité dont tous les autres faisaient preuve avait déclenché en lui la colère qui explosait désormais sans scrupule.
C'était une remarque de Potter qui l'avait déclenchée.
Hermione est bizarre depuis le début du repas, avait-il dit.
Il n'avait pas pu s'empêcher de réagir. Et lorsqu'il la vit monter à toute vitesse à l'étage, qu'Albert grogna en sortant de la cuisine et que tout le monde resta figé en la voyant faire, Drago décida que c'en était trop.
– Vous vous servez d'elle, réalisa-t-il en s'éloignant de la table.
Il secoua la tête en regardant les autres d'un air déçu. La réalité le frappait en pleine face et son corps réagissait sans qu'il n'y puisse rien. Albert vint se frotter à ses jambes et il ne sursauta pas. Il y était habitué désormais.
– Vous vous servez d'elle depuis le début et vous m'avez menti.
– Drago, tu ne comprends pas, nous avons fait ça pour toi, pour…
– Arrête ! s'écria-t-il d'une voix si forte qu'il en fut surpris.
Albert grogna à ses pieds. Les yeux de Pansy s'étaient remplis de larmes et les autres le regardaient d'un air circonspect. Personne ne s'était attendu à ce qu'il éclate ainsi, lui compris.
Que lui arrivait-il ? Pourquoi s'emportait-il ainsi ? Cela ne lui ressemblait pas, il n'était pas cette personne.
– Vous… Vous ne devriez même pas être là, lança-t-il, incapable de trouver d'autres mots pour expliquer la situation.
Il secoua une nouvelle fois la tête. Il voulait chasser sa colère, la faire disparaître au loin.
– Elle n'a jamais voulu ça et vous n'avez pas été capable de le remarquer.
Il vit Potter déglutir, alors que tous détournaient les yeux. Lâches.
– Vous êtes égoïstes. Vous n'avez jamais ouvert les yeux sur ce qu'elle vit.
Les larmes lui montaient aux yeux, mais il n'en avait rien à faire. Il se sentait submergé, il ressentait trop de choses à la fois, tant et si bien qu'il ne différenciait plus ses émotions. Il était à bout.
– Personne n'a remarqué qu'elle mange pour trois personnes ? Qu'elle se rend malade tous les soirs après dîner ? Qu'elle se lève trop tôt et se couche trop tard ? Qu'elle se ronge les ongles à longueur de journée et qu'elle est incapable de… incapable de…
Il se prit la tête entre les mains en grognant.
– Drago…
– Non ! hurla-t-il en levant rageusement les yeux vers Blaise. Je n'arrive pas à croire que vous ayez pu faire un truc pareil alors que vous avez passé le repas à parler de toutes les "belles" causes que vous défendez !
Il recula d'un pas supplémentaire et inspira longuement pour se calmer.
– Vous avez tout gâché.
Leurs regards coupables furent assez éloquents.
Il jeta un dernier coup d'œil à Pansy, empli de tristesse, de colère et de… Oui, c'était de la déception. Bientôt, quand personne ne lui répondit et qu'il décida en avoir eu assez, Drago se dirigea vers les escaliers que Granger avait empruntés quelques minutes plus tôt. Il s'arrêta devant la première marche, dos à eux.
– Vous ne la méritez pas, souffla-t-il avant de monter.
Il laissa quelques larmes traîtresses s'écouler sur ses joues, libérant le trop plein d'émotions qui l'habitait. Il avait encore du mal à croire ce qu'il venait de se passer, ce qu'il venait de réaliser.
Il passa devant sa chambre sans même songer à y entrer. Il s'arrêta devant celle de Granger et se laissa tomber devant, le dos contre le bois sombre de la porte. Il ferma les yeux et laissa tomber sa tête dessus.
– Je suis désolé, murmura-t-il.
Comme dis au début, je vais faire une pause de publication après avoir posté le chapitre 40 & 41. J'ai très peu écrit ces derniers mois, malgré le nombre d'idées que j'ai, par manque de motivation et de temps. Je souhaite donc, avec l'arrivée de l'été, en profiter pour reprendre la grande avance que j'avais et m'approcher le plus possible de la fin de cette histoire.
Je ne vous remercierai jamais assez pour le soutien dont vous faites preuve sur cette fic qui, comme je le répète souvent, me tient beaucoup à cœur. Même si j'ai souvent du retard dans mes réponses à vos commentaires, voire même que je n'y répond pas, sachez que je les lis tous et qu'ils me font un bien fou, alors merci de me lire et de continuer à me soutenir.
Je posterai donc le chapitre 41 ce jeudi, avant de prendre une pause d'une durée indéterminée, mais qui - JE VOUS LE JURE - ne sera pas définitive. J'en suis déjà à l'écriture du 54 et je suis déterminée à finir cette histoire, et peut-être même un jour de la transformer en quelque chose d'original, qui sait...
En attendant, n'hésitez pas à rejoindre mon serveur Discord si vous voulez échanger à propos de cette histoire avec d'autres lecteurices, ou avec moi, ou bien même parler de fanfiction plus généralement. Nous sommes une cinquantaine à y interagir, et il me tarde de rencontrer et échanger avec d'autres d'entre vous ! Le lien se trouve sur mes réseaux sociaux, si vous ne le trouvez pas, n'hésitez pas à me MP. Je donnerai aussi des informations régulières sur mon avancement et sur la durée de cette pause là-bas, alors rejoignez-nous pour ne rien louper !
Merci à Lyra et Damelith, mes merveilleuses bêtas, pour le soutien dont elles font preuve depuis que j'ai commencé à écrire Basorexie, et merci à vous de continuer de me lire;
Nova
