– Je suis désolé.

Drago ferma les yeux, les paupières débordant de larmes qui s'échouèrent sur ses joues. Ses émotions le dépassaient. C'était trop. Il avait l'impression que son monde s'écroulait, que tout ce qu'il avait compris venait de chambouler son univers.

Hermione se trouvait de l'autre côté de la porte, les jambes serrées contre sa poitrine et son menton posé sur ses genoux. Les mèches rebelles de ses nattes s'étaient collées aux larmes séchées de ses joues et ses lèvres étaient rouges d'avoir été torturées par ses dents.

Elle sursauta légèrement en entendant sa voix et les battements de son cœur s'accélérèrent en réalisant qu'il lui parlait. Il s'excusait ?

– Pourquoi ?

Ce fut la première question qui lui vint à l'esprit et elle ne réfléchit pas vraiment avant de la prononcer.

Drago, lui, fut surpris de l'entendre. À vrai dire, il ne s'était attendu à rien, ni une réponse, ni un silence. Il avait simplement parlé, il avait chuchoté les mots qui lui chatouillaient les lèvres depuis qu'il avait réalisé ce que sa colocataire subissait depuis le début de la journée. Depuis des semaines, en fait. Il avait tant observé, tant analysé ce qui l'entourait qu'il avait fini par en déduire des choses qu'il aurait préféré ne jamais savoir. Ou peut-être était-il content d'enfin être au courant. Il ne savait pas vraiment.

Il était tellement en colère contre ses amis. Tellement en colère d'apprendre ce qu'ils lui avaient caché en lui promettant avoir été honnêtes dans leur approche. Il se rappelait des fois où Blaise lui avait dit en vouloir à Granger de ne pas avoir accepté plus tôt, qu'ils auraient ainsi eu plus de temps pour préparer la maison à sa venue.

Il se rappelait de ses propres spéculations la concernant, lorsqu'il avait été certain qu'elle lui voulait du mal. Comment avait-il pu croire une telle chose ? Cela lui paraissait si effarant désormais.

Il réalisait tout ce qu'elle avait fait, il assemblait les pièces du puzzle, celui dont il avait construit les bords seulement une heure plus tôt. Cela faisait des mois que le modèle était devant lui, mais qu'il s'évertuait de ne pas le regarder et d'essayer de construire quelque chose sans lui.

Alors que pendant tout ce temps, les réponses à ses questions s'étaient trouvées devant lui. Juste devant lui. Et Granger les incarnait.

– Parce que je trouve que tout ça est injuste, répondit-il après un silence. Pas une seule fois ils n'ont exprimé de gratitude envers toi, pas une seule fois ils n'ont pris le temps de réfléchir à ce que tu vivais. Pas une seule fois ils ne se sont excusés de t'avoir fait subir tout ça.

C'était plus simple de discuter dos à elle, sans la voir. Il avait l'impression de parler seul, de ne pas être jugé, de ne pas avoir à réfléchir. Oui, c'était simple.

Ce n'était pas Granger, la fille avec qui il avait grandi et qu'il avait aimé martyriser pour faire rire la galerie. Ce n'était pas Granger, la fille qu'il avait vue être torturée sur le sol de son manoir. Ce n'était pas Granger, la fille qui avait combattu dans le camp adverse.

C'était une autre personne, une fille avec qui il cohabitait depuis des mois et qui, pas une seule fois, n'avait montré d'animosité envers lui. La fille qui l'avait aidé, qui l'avait sorti de prison et qui avait changé son destin. C'était la fille qui l'avait pardonné avant même qu'il n'ait à s'excuser.

De son côté, Hermione haussa les épaules. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Pourquoi s'intéressait-il soudainement à elle ? Pourquoi s'inquiétait-il de son état ? Il en profitait bien, pourtant, n'est-ce pas ? Lui aussi se servait d'elle pour son propre bien, non ?

Ou alors, peut-être était-il lui aussi impuissant face à tout ça. Elle n'en savait rien.

– Je l'ai choisi, dit-elle sans trop savoir pourquoi. J'ai choisi de faire tout ça.

C'était facile, elle disait ce qui lui passait par la tête. Il n'était pas là, pas vraiment. Elle pouvait parler librement.

– Comment ça ? demanda Drago en fronçant les sourcils.

– J'ai choisi de vous aider. J'aurais pu refuser.

– Mais tu ne l'as pas fait.

– Non, fit-elle d'un ton vaincu.

Elle se sentait minable tout d'un coup. Minable de ne pas avoir su se choisir avant les autres. Minable de ne pas avoir laissé sa volonté prendre le dessus.

– Pourquoi ?

C'était à son tour de le lui demander. Parce que Drago était curieux, parce qu'il osait enfin poser des questions et parce qu'il se sentait libre de pouvoir lui parler. Parce que c'était simple.

Mais Hermione ne savait pas quoi répondre. Elle ne savait plus. Elle n'avait jamais pensé à cela, elle n'avait jamais réfléchi à cette question. Pourquoi l'avait-elle fait ? Pourquoi avait-elle accepté alors qu'un refus définitif aurait fait l'affaire ?

Enfin, ça, elle n'en était plus si sûre. Elle revoyait le regard suppliant de Harry et les lettres incessantes de Zabini. Elle se revoyait pleurer contre Albert en écrivant des réponses qu'elle savait vaines.

– Pour qui ? ajouta Drago après une longue pause.

Les yeux de la jeune femme se remplirent de larmes. Cette question était traître. Elle avait l'impression qu'il la perçait au grand jour, qu'il décortiquait chacune de ses décisions.

Pour qui ? Pour qui ?

– Pour moi, répondit-elle alors. Pour Harry. Pour toi.

Elle inspira longuement pour se donner le courage de continuer. Elle était lancée, elle pouvait continuer. Parce que c'était simple. Parce qu'elle se sentait écoutée. Parce qu'elle n'avait pas l'impression d'être jugée.

Et Drago resta silencieux, les yeux fermés et l'esprit uniquement concentré sur sa voix. Parce qu'il voulait comprendre. Pour toi, avait-elle dit. Pour lui. C'était nouveau, c'était différent, c'était inattendu. Elle était bien la dernière personne qu'il aurait imaginée prendre soin de lui. Parce qu'elle n'aurait pas dû. Parce qu'elle devrait le détester.

Mais ce n'était pas le cas. Peut-être cela ne l'avait jamais été.

– Pour moi, pour avoir la paix. Je crois. Parce qu'ils passaient leurs semaines à m'envoyer des lettres dans lesquelles ils me suppliaient d'accepter. Parce que j'aurais été incapable de continuer à vivre en sachant que je ne vous avais pas tous aidés, que je ne t'avais pas aidé. J'aurais été incapable de me regarder dans un miroir et d'avoir du respect pour celle que j'aurais vue en face de moi. Parce que… Parce que ce n'est tout simplement pas moi de laisser les innocents payer pour les erreurs des autres. Ce serait trop injuste.

Elle laissa sa tête tomber en arrière avec un rire ironique. Tout cela n'avait plus de sens maintenant qu'elle le disait à voix haute. Toutes ses croyances semblaient dérisoires quand elle réalisait ce à quoi les derniers mois de sa vie avaient ressemblé.

Drago croisa les bras sur ses genoux et tira sur les manches de sa chemise noire. Il se fit la réflexion que le tissu doux de la soie de ses propres vêtements lui avait manqué. Peut-être était-il pompeux de penser cela, mais le souvenir de la première fois où ses parents lui en avait offert une lui donnait du baume au cœur. C'était une bonne sensation, quelque chose qu'il était content de ne pas avoir oublié.

Les paroles de Granger le touchèrent plus qu'il ne l'aurait pensé. Il était furieux d'apprendre que ses amis en étaient arrivés au point de la harceler de lettres pour qu'elle accepte. Bizarrement, personne ne lui avait parlé de ça. Il serra les mâchoires et attendit qu'elle reprenne. Il voulait en savoir plus. Il voulait connaître tous les détails.

Car la discussion était simple, n'est-ce pas. N'est-ce pas ?

– Pour Harry, continua Hermione.

Elle tripotait un fil qui dépassait d'une des poches de sa salopette. Cela l'aidait à se concentrer, elle ne réfléchissait à rien d'autre qu'à ce fil et non pas aux paroles qui sortaient de sa bouche avec une facilité déconcertante.

– Parce que c'est mon meilleur ami, dit-elle avec une amertume involontaire.

Drago se retint de dire quoi que ce soit. Meilleur ami ? Que voulait dire ce terme ? Peut-être sa définition était-elle différente pour chacun.

– Parce que je sais à quel point il aime Théo, à quel point il était malheureux sans lui. Parce que j'ai pensé que… qu'après toutes ses souffrances et tout ce qu'il avait traversé, il avait le droit à un peu de bonheur.

– Et pas toi ? ne put s'empêcher de lâcher Drago.

Drago se mordit la lèvre inférieure en réalisant ce qu'il venait de dire. Il aurait dû se taire, il n'aurait pas dû lui dire ça. Il avait tout gâché. Ce n'était plus simple, ce n'était plus calme.

– Je ne pensais pas que les choses seraient si difficiles, avoua Hermione. Ou peut-être que je le savais. Je n'en sais rien. Je crois que ça n'avait pas vraiment d'importance.

Puis Drago réalisa qu'il avait bien fait. Parce qu'elle se confiait, parce qu'elle parlait. Et parce que, si, c'était simple. C'était facile.

– Je me suis dit que je n'avais pas le droit d'être égoïste, pas alors que le bonheur des autres en dépendait.

Drago fronça les sourcils. Il n'était pas certain d'avoir bien entendu. Venait-elle vraiment de suggérer ça ?

– Égoïste ? répéta-t-il. Tu n'es pas égoïste. Tu es loin d'être égoïste, Hermione Granger.

Elle se tendit en entendant son prénom sur ses lèvres. Elle n'arrivait pas à savoir si c'était agréable ou non. Ce maudit fil était bien plus important.

– Peut-être que j'aurais dû l'être, se contenta-t-elle de répondre.

– Impossible, dit-il en secouant la tête.

Elle l'entendit au son de ses cheveux frottant contre la porte, juste derrière sa tête. Il ne devait pas y avoir plus de cinq centimètres qui les séparaient.

– Ce ne serait pas toi. Tu n'es pas égoïste. Tu ne l'as jamais été.

– Si ! répliqua-t-elle en se redressant légèrement. Je l'ai été ! Tout le monde l'est un peu !

Il retint un sourire d'étirer ses lèvres. Pourquoi ? Elle ne le voyait pas, pourtant.

C'était simple de lui parler. C'était naturel.

– Ah oui ? Quand ?

– Eh bien, je… je… Quand j'étais en… Enfin, je…

Cette fois, Drago sourit. Il étendit ses longues jambes dans le couloir, jusqu'à ce qu'elles ne soient plus qu'à quelques centimètres du mur d'en face. Oui, c'était simple.

– Tu ne trouves aucun exemple. Parce qu'il n'y en a pas. Tu n'es pas égoïste. Même en grandissant éloignés l'un de l'autre, je le sais. Je le sais parce que tu aspires à autre chose.

Hermione essuya une larme traîtresse avec le bout de sa manche et secoua la tête. Elle ne pouvait empêcher le sourire qui étirait ses lèvres. Peut-être avait-il raison, après tout.

– Si ! fit-elle après un silence. En troisième année, j'ai utilisé un Retourneur de Temps sans le dire à personne et…

– Tu as utilisé un Retourneur de Temps ? l'interrompit-il avec stupéfaction.

Hermione se coupa brusquement et plaqua une main sur sa bouche.

L'espace d'un instant, Drago crut avoir dit une bêtise, l'avoir brusquée ou même blessée en ne l'entendant pas répondre, puis un pouffement retentit dans le silence du couloir.

– Je n'aurais pas dû dire ça, rit-elle sans pouvoir s'en empêcher.

Elle était soudainement prise d'une crise de rire. Peut-être était-ce la fatigue, ou le trop plein d'émotions en une seule soirée.

– Je n'aurais pas dû dire ça, répéta-t-elle sans s'arrêter.

Puis ce fut au tour de Drago. Son rire était contagieux, même s'il se demanda plusieurs fois si ce n'était pas plutôt des sanglots. Peut-être était-ce les deux.

Hermione sentit ses muscles se détendre en entendant l'hilarité de Malefoy. Elle ne l'avait jamais entendu rire, du moins, elle n'en avait pas le souvenir. Et elle était certaine qu'elle se serait souvenu d'un tel son. Si clair, si léger et si doux à la fois.

Peut-être avait-elle déjà entendu ses railleries et ses moqueries dans le passé, mais jamais une telle chose. C'était… naturel. Facile. Simple.

Drago Malefoy riait. Drago Malefoy. Drago. Malefoy.

Mais il n'était plus ce garçon qu'elle avait connu, n'est-ce pas ? Il n'était plus le garçon qui l'avait martyrisé pendant son enfance. Il n'était plus le fils prodigue de Lucius et Narcissa Malefoy. Il n'était plus le garçon qui avait fait entrer des mangemorts dans Poudlard. Il n'était plus le garçon qui avait combattu dans le camp adverse.

C'était comme si elle lui parlait vraiment pour la première fois. C'était comme si celui qu'il avait été avait disparu. Drago Malefoy était son colocataire, celui qui cuisinait merveilleusement bien tous leurs repas, celui qui ramassait ses tasses de thé froides lorsqu'il les voyait traîner, celui qui s'endormait parfois dans la bibliothèque, un livre sur le torse et les cheveux en pétard. C'était quelqu'un d'autre.

– Un Retourneur de temps ? lança-t-il une fois leurs rires calmés.

– C'est une longue histoire, répondit-elle en secouant la tête.

– J'ai tout mon temps.

Elle se mordit la lèvre inférieure.

– J'en avais besoin pour assister à tous les cours, avoua-t-elle en fermant les yeux honteusement.

Elle attendait que sa moquerie arrive. C'était ce qu'il devait se passer, ce qui allait arriver. Parce qu'il le faisait si bien, n'est-ce pas ? C'était facile de rire de sa situation.

Elle ne vint pas. Il ne dit rien, il ne se moqua pas. En fait, peut-être que cela ne lui traversa même pas l'esprit.

Non. Seul ce même rire doux et calme retentit derrière elle.

– Je ne suis pas étonné, dit-il en secouant la tête à son tour. Mais ce n'est toujours pas égoïste, Granger.

– Hermione, répliqua-t-elle aussitôt.

C'était facile.

– Je m'appelle Hermione, ajouta-t-elle.

– Hermione, chuchota-t-il.

Elle sourit sans pouvoir s'en empêcher.

Ce moment semblait hors du temps. Elle n'avait pas été traitée ainsi depuis si longtemps que cela lui paraissait irréel, peu importait qui se trouvait de l'autre côté de la porte. Depuis quand quelqu'un ne lui avait-il pas parlé aussi naturellement ? Sans prendre de pincettes, sans craindre de la blesser, de la brusquer ou de déclencher l'une de ses fameuses crises de panique. Depuis quand quelqu'un ne lui avait-il pas adressé la parole sans idée derrière la tête ?

De son côté, Drago songeait à la même chose. Tout cela était si inhabituel qu'il avait l'impression d'être dans une réalité parallèle. On lui parlait normalement et non pas comme à un animal blessé et faible. Il riait sans voir de pitié dans le regard de son interlocuteur ou sans être questionné sur son état toutes les deux minutes. C'était… différent. C'était agréable.

Il avait l'impression de découvrir une nouvelle personne, comme si tous les aprioris qu'il s'était construit depuis son arrivée en France se brisaient un à un. Gran… Hermione était différente.

– Je m'appelle Drago, dit-il après un silence.

– Drago, répondit-elle avec un sourire dans la voix.

C'était comme s'ils repartaient à zéro et Hermione aimait ça. C'était simple.

Des petits pas résonnèrent dans le couloir et si, au départ, Drago se tendit en les entendant, il fut vite rassuré de voir qu'il s'agissait d'Albert. Celui-ci aboya doucement en l'approchant et Hermione sourit de l'autre côté de la porte.

– Je crois qu'il t'apprécie, dit-elle alors que le chien frottait son museau contre la joue de Drago.

Elle avait remarqué à quel point le blond s'était détendu en présence de son meilleur ami. Albert le rejoignait toujours dans la cuisine lorsqu'ils rentraient du village, c'était leur nouvelle petite routine. C'était différent. Elle avait longtemps été effrayée par cette proximité, appréhendant le fait qu'un jour, Albert ne préfère Mal… Drago. Puis cette peur avait disparu au profit d'une certaine curiosité. Ils cohabitaient, et c'était très bien. C'était simple.

– Je l'apprécie aussi, répondit Drago en caressant le crâne d'Albert.

– Tu crois qu'ils sont partis ? demanda alors Hermione.

Drago tourna les yeux vers le couloir vide et haussa les épaules.

– J'espère.

– Je suppose qu'Albert ne serait pas monté s'ils étaient encore là, soupira la jeune femme en reposant son menton sur ses genoux.

Drago hocha la tête, oubliant l'espace d'une seconde qu'elle ne pouvait pas le voir. Albert posa sa tête sur ses cuisses et il ferma les yeux. Repenser à leurs amis faisait gonfler une nouvelle vague de colère dans sa poitrine. Il n'avait pas envie d'y penser.

Comment les Nott-Potter avaient-ils pu rentrer à cette heure-ci ? Est-ce qu'ils avaient laissé un mot ? Est-ce qu'ils reviendraient le lendemain ? Il ne voulait plus y penser.

– Je voulais préparer quelque chose de spécial pour le petit-déjeuner, demain matin, lança-t-il alors pour changer de sujet.

Hermione aurait presque oublié que c'était Noël.

– Quoi ? demanda-t-elle, intriguée.

– Eh bien… À vrai dire, je comptais sur toi pour me dire ce que tu voulais, avoua-t-il en se passant une main dans les cheveux.

Ce qu'elle voulait ? Hermione sentit les battements de son cœur s'accélérer en entendant cela. Depuis quand ne lui avait-on pas demandé ce qu'elle voulait ?

Elle n'avait aucune foutue idée de ce qu'elle pouvait bien vouloir !

En constatant qu'elle ne répondait pas, Drago se morigéna. Avait-il dit quelque chose de déplacé ? Peut-être qu'elle ne voulait rien ? Ou peut-être qu'elle ne voulait rien de lui ?

– Oublie, reprit-il après un long silence. Je…

– Non ! le coupa-t-elle vivement. Non, non, je vais trouver.

Il sourit, la panique dans sa voix à l'idée qu'il change d'avis lui réchauffait le cœur.

– Des… Des crêpes ! Oui, des crêpes ! Mon grand-père en faisait quand j'étais enfant !

Elle l'avait prononcé avec un accent anglais qui laissait à désirer. Drago dut s'y reprendre à deux fois avant de comprendre de quoi elle parlait.

– Des crêpes ? répéta-t-il avec un accent français parfait.

Elle grimaça.

– Oui, oui, des crêpes, répéta-t-elle en tentant d'imiter sa prononciation.

– Pour Noël ? Des crêpes pour Noël ?

– Pourquoi pas ? répondit-elle en haussant les épaules.

Il rit, de ce rire clair et doux. Encore.

– D'accord, je ferai des crêpes.

Elle sourit et se blottit un peu plus contre la porte, posant son oreille contre le bois en fermant les yeux.

– Merci, Drago, chuchota-t-elle.

Et il sut qu'elle ne le remerciait pas que pour les crêpes. Cela lui réchauffa le cœur plus qu'il ne l'aurait cru. Parce que c'était simple. Parce que c'était naturel.

Et parce que, pour la première fois, il avait l'impression d'avoir trouvé une alliée. Une vraie alliée. Quelqu'un qui le comprenait et qui lui ressemblait. Comment pourrait-elle le juger alors qu'elle semblait elle aussi chercher à survivre après tout ce qu'ils avaient vécu ? Comment pourrait-elle le juger alors qu'elle aussi n'était qu'un fragment de ce qu'elle avait été dans le passé ?

Oui. Elle était son alliée désormais.


Et voilà !
Je vous rappelle que je vais faire une pause de publications pendant quelque temps. Pour avoir plus d'informations sur le sujet, ou si vous voulez avoir des nouvelles quant à la reprise des chapitres, rejoignez mon serveur Discord, j'y posterai des updates de temps à autres.
On se revoit bientôt, j'espère que ce chapitre vous a plu !
Nova