-" je te vois "
- Avatar, la voie de l'eau.
L'homme au nez de pustules la prit avec force par le bras et ouvrit sans ménagements la porte en bois du bureau directorial. Il ne s'était même pas donné la peine de frapper avant d'entrer. Qui ( ou quoi ?) qu'il était, Rusard faisait comme chez lui.
Des étagères logeaient des centaines de curieux objets...La pièce était un mélange de chambre royale, de bibliothèque et de musée. Elle était lumineuse, circulaire, avec un incroyable relief. La cheminée donnait des flammes vives et chaudes.
Des escaliers en colimaçon étaient posés un peu partout, menant à de toutes petites pièces en mezzanine. C'était plein de coin et de recoins, impossible d'en faire le tour en un coup d'œil... Les fenêtres à vitraux mettaient en valeur les étoiles accrochées au ciel noir extérieur.
Le bureau surélevé d'Albus Dumbledore était vide, accessible par quatres longues
marches en pierres brutes. Des tableaux d'anciens directeurs étaient accrochés sur les murs, tous déjà enfouis dans une profond sommeil. " Plus pour longtemps" se dit-elle.
Il l'a tenait toujours par le bras, la tête tourné vers la porte d'entrée en attendant que quelqu'un arrive. Elle ne sentait absolument pas son emprise, trop occupée à essayer de comprendre ce que l'architecte de cette pièce avait eu derrière la tête.
Il y eut des bruits de pas derrière la porte, laissant traverser quelques bribes d'une conversation :
- Vous en avez ma parole, elle n'a jamais fait le moindre écart de conduite! Je ne sais pas ce qui lui à prit...
- Je l'entend bien, répondait une voix calme et posée.
Le porte s'ouvrit, laissant entrer l'origine des deux voix dans le bureau : Le professeur Dumbledore en premier, suivi directement par son directeur, le professeur Karkaroff. Ils eurent le regard de deux personnes qui avaient cherché quelque chose pendant longtemps. Miss Teigne aussi était là, allant directement près de son maître.
Et à peine une seconde plus tard,
pour couronner le tout, le professeur Rogue franchis à son tour la porte et la ferma sèchement derrière lui.
- Monsieur le directeur, ricana aussitôt Agrus, fier de sa prise. La petite sauvage était dans les toilettes des filles! Et Monsieur Malefoy était dans le coup, il à dit...
- Merci pour votre intervention, Agrus, coupa Dumbledore d'une voix polie. Puis-je vous demander de lâcher le bras de notre jeune invitée? Cette soirée lui a déjà été assez difficile comme ça. Je vous souhaite une ravissante soirée et une bonne nuit.
Elle aurait jurée que le professeur Dumbledore lui avait fait un client d'œil. Argus eût l'air déçu de ne pas être prit en héro, s'éclipsent de la pièce en marmonnant des choses incompréhensibles... Il s'était sûrement attendu à plus de gratitude.
Vu de près, le directeur de Poudlard était très grand. Il avait l'air d'être un sorcier à la culture général solide et à la parole rempli de déontologie...Un érudit, en d'autres thermes.
- Chouta! S'exclama soudainement le professeur Karkaroff, mettant son visage à dix centimètres du sien. Qu'est-ce qu'il te prend, jeune fille? Tu t'es servi de la magie contre un professeur!
- Tu appelles cette élève par son prénom, dit Rogue à voix basse derrière eux. Voilà la racine du problème, Karkaroff : tu es trop familier avec elle. Comment veux-tu asseoir ton autorité dans de pareilles conditions...
Son directeur se retourna brusquement sur Rogue.
- Ne remet pas mes méthodes en question, tu n'es pas à ma place!
- Je puis t'assurer que si j'y étais, mes élèves seraient autre chose que des bêtes de concours, dit-il avec véhémence.
- Qu'est-ce que tu fais sous-entendre, Severus? Cracha le professeur Karkaroff d'un air plus que menaçant.
Ils étaient sur le point de se battre, près à dégainer leurs baguettes.
Chouta restait muette, impuissante face à cette situation irréaliste. Les deux hommes parlaient comme si elle n'était pas là. C'était la première fois qu'elle voyait son directeur utiliser le tutoiement, confirmant le passé de mangemorts qui les liaient honteusement.
- Allons, allons messieurs! Intervient Dumbledore d'une voix forte. Quelque soit son nom de famille, je pense que ces discussions d'adultes n'ont pas leurs places dans les oreilles d'une élève.
Ils se séparèrent, se tournant mutuellement le dos. Le maître des potions se mit à l'écart, panchant sa tête, ses doigts posés sur l'arête de son nez. Tout le monde essayait de retrouver son sang froid. Quant à Dumbledore, il l'a regardait droit dans les yeux. Devait-elle raconter ce qu'elle avait vue dans la boule de cristal? Non, se dit-elle. Car de toute manière, aussi sombre soit-il, son passé n'était en rien un motif assez valable pour lui avoir jeté un sort. Mais quelque chose l'a chiffonnait chez ce professeur Rogue. Son visage, son allure... Sans en négliger la façon condescendante qu'il avait de s'adresser à quiconque.
- Miss Chouta, si bien-sûr, personne dans cette pièce ne s'oppose à ce que je vous appelle comme cela, dit Dumbledore en regardant Rogue, utiliser la magie contre un professeur est contraire au règlement. Je n'autorise en effet personne à s'en prendre à mes collaborateurs. Ils luttent nuit et jour pour assurer la sécurité des élèves et méritent par ce fait le respect. Les sanctions peuvent conduire d'un trimestre de retenues, jusqu'à un renvoi définitif.
Elle ne savait quoi répondre, regardant Rogue qui avait l'air satisfait des remontrances dont elle faisait l'objet. Chouta s'estimait assez mature pour admettre ses torts, et à l'inverse elle savait se défendre lorsqu'elle avait raison. Mais cette fois, les deux parties avaient leurs raisons et leurs tords. Personne n'était blanc ni noir. Ying et Yang. Peut de gens comprenaient cette notion, surtout en milieu scolaire. Que ce soit à Durmstrang ou à Poudlard, il leurs fallait un méchant et un gentil. Pas de chances pour elle, car aujourd'hui, c'était elle la méchante. De son côté, Karkaroff faisait les cents pas...
À défaut de fournir ses fameuses
" fausses excuses ", Chouta allait devoir opter pour une alternative vraiment très éprouvante : parler de ses émotions pour aider Dumbledore à comprendre pourquoi elle avait agit de la sorte.
- Je ne tournerais pas autour du chaudron. J'ai manqué de respect au professeur Rogue, dit-elle simplement. Qu'elles soient bonnes ou mauvaises, j'en avais mes raisons. Mais je comprends que cela lui ait déplu. Ensuite, lorsqu'il m'a attrapé par le col pour que je me retourne vers lui, je me suis sentie menacée. C'est pour cela que je l'ai immobilisé. Ça ne se reproduira plus, professeur.
Les deux anciens mangemorts furent interloqué par sa réponse, mais au moins, ils n'étaient plus en colère.
Elle avait réussi à se défendre tout en restant authentique, sans s'imposer comme une victime.
Un silence plana durant quelques instants... Ils étaient tous à quelques mettre de distance, comme pour instaurer une sécurité.
- Naturellement, lorsqu'on se sent menacé, non avons parfois tendance à perdre la maîtrise de nos pensées et nos actions, dit finalement Dumbledore avec empathie et compréhension. L'imprévisibilité fait de nous des êtres humains...Je pense qu'au vu des circonstances, un trimestre de retenue à raison de deux fois par semaine me semble équitable...
Elle s'en sortait plutôt bien, comme Drago l'avait prédit, pensait-elle.
Puis les retenues à Poudlard, ça devait être du gâteau. À Durmstrang, certains élèves étaient parfois privés de repas ou de sommeil pour avoir transgressé le règlement. Là, elle s'imaginait juste faire les jus de citrouilles d'Halloween.
-... Ces retenues seront bien entendu encadrées par les soins du Professeur Rogue, termina t'il.
Pas de chance, ce Rogue allait sûrement lui en faire baver. Le professeur Karkaroff lui lança un regard d'avertissement... Chouta savait que cette fois, elle allait devoir bien se comporter avec lui.
- Demain, seize heure trente, dans mon bureau, annonça Severus Rogue avec désinvolture, quittant la pièce sans plus de cérémonie.
- Agréable soirée à toi aussi, cracha Karkaroff en le suivant du regard.
Le professeur Dumbledore n'avait pas l'air incommodé par le comportement du maître des potions. Il devait avoir l'habitude avec lui.
- Pas une seule minute de retard, rajouta le maitres des potions en fermant la porte derrière lui, ne portant aucun intérêt à la remarque de son rival.
- Chouta, lui dit sèchement son directeur une fois Rogue parti, Je dois m'entretenir avec le professeur Dumbledore. Retourne au bateau et ne fais pas le moindre détour. Nous aurions une conversation demain à la première heure...
- Oui monsieur le directeur, répondit-elle avec obéissance.
Pour la première fois de sa vie, il avait l'air d'avoir honte d'elle. Plus jamais elle ne serait sa petite élève favorite. Adieu les privilèges. Tous les tableaux avaient les yeux rivés sur eux, ils n'en avaient pas perdu une miette.
Comme ça devait être cool d'être mort pour pouvoir passer son temps à assister à des querelles improbables. Elle s'en laisserait bien tenter.
