Bonjour à tous.

Je ne sais jamais à quelle heure poster chaque nouveau chapitre, je ne sais pas s'il y a des horaires d'influences comme Instagram ou Facebook...

Ma fanfiction a dépassé les 150 vues sur les trois plateformes où elle est publiée (FanfictionNet, Wattpad et AO3). Ce sont des minuscules victoires mais autant s'en réjouir quand même, j'ai aussi gagné quelques favoris en plus, merci très fort à eux.

Bonne lecture à vous !


Chapitre 2 : Chase me

Le premier septembre arriva deux jours plus tard tandis que Lily se remettait à peine du mariage. Bien qu'elle ne fût pas celle qui avait veillé le plus longtemps lors de la célébration, Lily ne pouvait s'empêcher de somnoler au moindre temps libre, si bien que lorsque son père gara la voiture à dix heures et demie, non loin de la gare de Londres, elle se réveilla en sursaut, n'ayant pas vu l'heure du trajet s'écouler. De toute façon, elle préférait dormir plutôt que repenser encore et encore à son dialogue avec Scorpius Malefoy, qui ne cessait de lui trotter dans la tête. Ce ne fut qu'une fois le mur traversé, après avoir contourné une modeste foule d'élèves partant pour Poudlard qui étreignaient leurs parents, sans oublier de saluer au loin quelques-uns de leurs cousins, que Lily et sa famille s'arrêtèrent pour dire bonjour aux Weasley-Granger.

- Remise du mariage ? lui demanda Hugo en la retrouvant.

- À peine, lui répondit-elle en bâillant, je ne fais que dormir !

Au moment des aurevoirs et durant les dernières recommandations attribuées (« Mais oui maman, je te promets de travailler pour les ASPIC », rassura à nouveau James, las.), Lily embrassa rapidement sa mère puis son père avant de monter dans le train, Hugo sur ses talons. Après s'être séparés de ses frères et de Rose, ils se hâtèrent pour trouver le compartiment où les attendait patiemment leur amie, Solange Londubat. Mais cette fois-ci, elle n'était pas seule, elle était accompagnée d'une fille aux yeux verts et à la chevelure auburn, sa petite sœur Alice.

- Salut vous deux, accueillit Solange avec un léger sourire. Alice, tu te souviens de Lily Potter et d'Hugo Weasley ? On les a déjà vus lors des réunions entre nos parents.

- Oui, oui, répondit la plus jeune, les joues vermeilles.

- Ha ha ! Elle est aussi timide que toi, commenta Hugo. Vous n'êtes pas de la même famille pour rien !

- En réalité, pas tellement, eut un petit rire gêné Solange. Elle est juste impressionnée étant donné que c'est sa première rentrée… Elle a beaucoup plus d'assurance que moi pour dire vrai...

- Et tu penses aller où, Alice ? questionna Lily, en s'asseyant en face d'elle.

- Je..je n'en sais trop rien. Mes parents et Frank me voient bien à Gryffondor, mais je me demande si je suis assez courageuse pour… Et Serdaigle ne me convient sans doute pas...peut-être Poufsouffle, comme ma mère ?

- On fera les paris quand tu seras répartie ! déclara Hugo en lui tapotant la main, suivi d'un hochement de tête de Solange avant de la rentrer dans ses épaules, le visage à moitié caché par ses cheveux bruns.

Si Lily se trouvait déjà réservée et peu sociale, Solange l'était bien plus en comparaison. Sa timidité, sa discrétion et son calme étaient ce qui la définissait le plus. Elle et Lily s'étaient quelquefois vues depuis l'enfance, mais c'était depuis Poudlard qu'elles ainsi qu'Hugo devinrent amis. C'était la fille de Neville Londubat, enfin le professeur Londubat à Poudlard, parrain d'Albus, mais également un proche de ses parents, oncles et tantes. Lily connaissait moins sa femme, Hannah Londubat, anciennement Abbot, patronne du chaudron baveur, avec qui Neville avait eu Frank, rentrant en sixième année à Gryffondor, Solange donc, de son âge, à Serdaigle, et Alice, qui n'attendait plus qu'à se faire répartir. Le trio s'était formé depuis la première année, bien qu'ils ne soient pas tous dans la même maison.

- Alors, vos vacances, le mariage, tout ça ? demanda Solange en essayant de se détendre.

- Très bien, confirma Lily. Je vais te raconter tout en détail, tu comprendras mieux pourquoi c'était fatigant ! Et toi, les tiennes ?

- Ça allait...On était tous ensemble, j'ai pu revoir ma sœur et ma mère...

- Tant mieux, sourit Hugo.

Lui et Lily savaient à quel point Solange aimait sa famille et qu'elle vivait mal leur manque depuis la première année. Ces vacances avaient dû être très précieuses pour elle. Du côté de Lily, elle avait passé presque tout le mois d'août au Terrier chez Molly et Arthur, en compagnie de ses frères, Hugo et Rose. Fred et Roxanne étaient censés les rejoindre, mais le départ du premier avait tout chamboulé tandis que Lucy était bloquée avec ses grands-parents maternels en voyage en Europe de l'Est. Quant à Molly, depuis qu'elle travaillait comme jeune secrétaire au département de la justice, c'était à peine si le mot « repos » existait dans son vocabulaire.

Ainsi, Lily et les autres avaient passé la moitié du mois à jouer au Quidditch, finir leurs devoirs de vacances, se balader sur les collines, les prés ou les champs et aller au chemin de Traverse. Leurs parents venaient quelques soirs pour dîner puis de plus en plus une fois leur travail terminé quand il fallait aider aux derniers préparatifs du mariage.

Un peu plus tôt avant leur arrivée au Terrier, le lendemain de l'anniversaire de son père, les résultats de BUSE de Lucy et Louis avaient été reçus, ainsi que les ASPIC de Fred. Lily ignorait comment cela se déroulait ailleurs, mais chaque examen impliquait une grande sollicitude dans sa famille. Elle se souvenait de la soirée organisée quand ce fut le tour de Molly et Dominique, ou bien de la pression qu'avait exercée sa mère à son frère James lors de sa cinquième année, à cause de ses notes constamment médiocres, voire catastrophiques.

Contre toute attente, James était parvenu à récolter cinq BUSE et en vue de son désintérêt pour les études, on ne pouvait pas espérer plus. Au moins, ce fut suffisant pour lui et ses parents. Ainsi, Lucy avait eu sept BUSE contre huit pour Louis tandis que le diplôme de Fred avec ses quatre ASPIC l'attendait toujours à la maison. Bien qu'elle comprenne l'importance de ces diplômes, Lily n'y voyait pour le moment que des morceaux de papier et le meilleur moyen d'avoir la migraine pour toute une année.

- Vous avez bien terminé vos devoirs, les filles ? reprit Hugo qui enlevait ses chaussures pour pouvoir poser ses pieds sur la banquette d'en face.

- Bien sûr ! dit Solange avec entrain. J'ai même commencé à prendre de l'avance pour les nouvelles matières.

- Ah oui vous avez dû choisir vos options cette année, se rappela vivement Alice qui elle aussi, avait fini par se détendre. Vous avez pris quoi, Lily, Hugo ?

Mais avant que quiconque puisse lui répondre, la porte du compartiment s'ouvrit, montrant Rose, déjà en uniforme de Poudlard, son insigne de préfète flambant neuf bien accroché au-dessus de son blason bleu et bronze, accompagnée d'Albus et de Scorpius. Ce dernier était bien plus pâle qu'il y a deux jours : il possédait de gros cernes autour des yeux et son visage avait perdu toute trace de l'arrogance habituelle que lui attribuait Lily.

- Hello tout le monde ! salua Rose. Je passe juste dire bonjour avant de retourner dans le wagon des préfets. D'ailleurs Hugo, James te doit un gallion, il s'est trompé pour ses prédictions pour ceux de Poufsouffle. Et descends tes pieds !

- Oui madame ! scanda son frère en se tenant correctement. Vous ne restez pas ? ajouta-t-il en voyant Albus et Scorpius s'en aller.

- Pas toute la journée, fit Albus d'un ton absent qui le caractérisait de plus en plus depuis cet été. À plus tard.

Au moment où les garçons quittèrent les lieux, Lily crut voir Scorpius la fixer pendant une seconde, mais comme ce qui semblait être un rougissement de la part de Solange à leur arrivée, c'était peut-être l'effet de son imagination. Malefoy n'avait aucune raison de la regarder, hormis s'il lui en voulait pour le mariage. Quel casse-pied, elle n'avait rien fait !

- Qu'est-ce qu'il a, Scorpius Malefoy ? demanda Alice en baissant la voix tandis que Rose s'asseyait. On dirait qu'il a passé ses vacances à Azkaban !

- Plutôt à Saint-Mangouste, grimaça Rose dans un souffle. Hier, il y a dû y accompagner sa mère…

- Qu'a-t-elle ? brava timidement Solange.

Rose demeura un instant, interdite. Lily fut surprise de voir petit à petit sur son visage, un tel bouleversement.

- Mrs Malefoy va bientôt mourir, avoua-t-elle après un silence éternisant.

Lily manqua de lâcher une exclamation, choquée par cette révélation. Hugo ouvrit la bouche, ébahit, tandis que Solange écarquillait les yeux, également complètement retournée. Seule Alice penchait la tête, légèrement perdue par la précédente information.

- Elle a une maladie incurable, continua Rose avec tristesse. Scorpius ignorait que…que c'était aussi grave et…il semble que ce ne soit plus qu'une question de mois… Elle reste désormais à Saint-Mangouste, car elle est trop faible pour être traitée chez elle.

- Merlin c'est affreux…fit doucement Solange. Le pauvre…

- Il est dans un état, vous avez bien vu…alors laissez-le en paix cette année, je me fiche de ce que vous pensez ordinairement de lui ou des Malefoy en général, soyez gentil avec lui, surtout toi Lily !

- Quoi ?! s'emporta Lily, outrée. Pourquoi surtout moi ? Dis ça à James à la place ! J'ignore habituellement Scorpius.

- Tu es quand même la première qui n'hésite pas à lui casser du sucre dans le dos, avoua Hugo un peu gêné. Et depuis le mariage, tu parais sans cesse agacée quand on l'évoque.

- Dansez avec lui et subissez ces remarques avant de critiquer ! C'est lui qui me cherche et c'est moi qui paye, sérieusement ?

- Lily franchement, réprimanda Rose. On parle du fait que Scorpius va bientôt perdre sa mère et toi tu restes bloquée sur trois pauvres minutes avec lui quand on te demande de faire attention.

- Arrête Rose, c'est ce que tu as insinué tout à l'heure ! J'ai passé deux ans de ma vie à ignorer Scorpius, on dirait que je suis comme James qui va l'embêter à la moindre occasion quand il est avec Al !

- Mais Lily, tenta calmement Hugo, admets quand même que…

- STOP ! Je ne veux plus qu'on évoque son nom DE LA JOURNÉE ! Fichez-moi la paix avec ça !

Et pour éviter d'être grossière, Lily sortit sa mini-radio personnelle sorcière, brancha son casque et sélectionna une musique. Selon ses cousins Moldus que Lily voyait minimum une fois par an, c'était plus ou moins l'équivalent de ce qu'ils appelaient un « Aime-Pé-Trois ». Cela faisait fureur chez les jeunes sorciers depuis une décennie, car on pouvait enfin écouter ses morceaux de son côté et même grâce à un sort, d'enregistrer ses chansons préférées pour les entendre à volonté. Lily en avait souhaité un à son treizième anniversaire au mois de mai et elle l'utilisait surtout pour se calmer pour des situations comme celle-ci qui la mettait hors d'elle.

Pour qui était-elle en train de passer ? L'égoïste ? L'immature de la famille ? Une véritable enfant râlant pour un oui ou pour un non ? Elle n'était même pas la plus petite, étant plus âgée qu'Hugo de quelques semaines. Gaminerie ou non, ses cousins ne pouvaient pas comprendre à quel point la simple existence de Scorpius l'agaçait. Rose avait-elle si facilement oublié ce que les Malefoy avaient fait ? Ou la façon dont se comportait le garçon avec le reste des gens ? On ne pouvait pas, pour une fois, la prendre au sérieux ?

Parfois, Lily se maudissait d'être une née Potter et Weasley. Tout était toujours si compliqué, tout le temps. Elle aurait aimé avoir une famille normale, sans histoire, sans passé trop lourd, sans avoir vécu la guerre, sans cette célébrité, sans les Malefoy pour noircir le tableau. Sans pouvoir connaître Scorpius et son visage cynique. Sans avoir l'impression qu'elle faisait tache dans toute cette tribu.

Qu'était-elle face à Victoire avec sa beauté et sa perfection naturelle ? Face à Dominique qui reprenait sa vie en main ? Face à Louis, le passionné de dragons et le rêveur incarné ? Face à Molly si sérieuse et mûre comparée à tous ses jeunes cousins ? L'opposé même de sa sœur Lucy, grande sportive et qui ne mâchait pas ses mots ? Et Fred qui s'était révolté comme personne ne l'avait osé avant, mais qui était connu pour son sens de l'humour sarcastique ? Sans compter Roxanne, tellement différente des autres, qui au lieu d'aborder des reflets roux (ou de blondeurs chez les Weasley-Delacour), était brune, bien plus marquée par son métissage que Fred et avait une popularité naturelle limite superficielle.

Mais bien qu'ils étaient tous ses cousins et qu'elle avait grandi avec eux, le lien ne pouvait pas être aussi fort que ses frères, Teddy et bien sûr, les enfants de Ron et Hermione Weasley, Rose et Hugo. Teddy Lupin, malgré leurs dix années d'écart, était sans doute celui avec qui elle était le plus à l'aise pour discuter. Il avait été son premier modèle, le premier garçon qui jouait « aux fées » avec elle et même…le premier garçon qu'elle avait aimé. Il la surnommait souvent lors des réunions familiales « ma petite fiancée », comme à l'époque où une Lily, âgée de quatre ans, avait déclaré devant tout le monde qu'elle se marierait avec lui une fois plus grande.

Lorsque sa relation avec Victoire fut publiquement dévoilée alors que Lily n'avait que neuf ans, c'était comme un rêve qui se réalisait. Elle correspondait même plus avec lui qu'avec ses parents à Poudlard. Teddy était la vision du frère aîné qu'elle aurait aimé avoir avec James. Pas que ce dernier soit mauvais dans son rôle, mais bien qu'elle soit plus proche de lui qu'Albus, James n'avait jamais été trop présent avec elle. Trop occupé à se disputer ou taquiner son cadet sans doute. Contrairement à Teddy, il avait vite cessé de jouer avec elle sauf quand c'étaient des jeux de Quidditch. Albus quant à lui, hormis lui donner quelques anciens livres, ne partageait pas grand-chose avec elle. Il n'a jamais été très bavard ou social de toute façon. Sauf avec Louis et Teddy éventuellement…et bien sûr avec Rose vu qu'ils avaient le même âge.

Si Lily considérait Teddy à l'image d'un frère de substitution, le rôle de la sœur serait attribué à Rose. Bien que différentes, les deux filles s'entendaient beaucoup et l'aînée servait généralement de médiateur entre les deux garçons Potter, tantôt en compagnie d'Hugo. À l'inverse de la grande bouche de Rose, son cadet était plus discret, voire passif, mais chacun semblait compléter l'autre. Il était néanmoins plus facile de s'amuser avec Hugo qu'avec Rose, qui préférait lire que jouer au Quidditch, tout comme il était plus simple de rire et de sympathiser avec le plus jeune.

Mais de la même façon que Lily et ses frères, Hugo et Rose détestaient être réduits à des copies de leurs parents. Et c'était sans doute un des points qui dérangeait le plus Lily en grandissant : l'impression d'être sans cesse comparée à eux, sa famille ou ses cousins. Si c'était déjà agaçant de le sentir venant d'autrui, cela l'était encore plus quand elle-même le faisait, volontairement ou non..

-…crains surtout qu'ils aient des remarques à ce sujet…

- De qui ? s'inséra Lily en enlevant son casque, les bribes des paroles de Rose ayant retenu son attention.

- Le divorce des Finnigan, répondit Hugo. Du moins…les rumeurs. Tu as lu ce qui s'était passé cet été ?

- Vite fait, mais bon tu sais qu'à force, je ne prends pas au sérieux à ce que dit la section « people »…

- C'est compréhensible, hocha la tête Solange. Mais si c'est bien vrai…pauvres Perrine et Harry…

- Ça et les Héritiers Noirs, les gens vont de nouveau commérer, se plaignit Rose. Il est l'heure, il faut que j'y retourne. Je vous laisse, j'essayerai de repasser tout à l'heure si je peux. À plus tard et bonne chance Alice pour ta répartition !

Rose s'éclipsa en un instant et Hugo profita pour remettre les pieds sur la banquette. S'ensuivit d'un silence où Lily finit par éteindre sa mini-radio avant que Solange se permette de prendre la parole :

- Au fait Lily, tu as des nouvelles de Luna Scamanders ?

La rousse fit un demi-sourire. En tant que marraine et amie de ses parents, Luna était une femme vraiment fascinante, bien qu'elle la voyait peu. Luna et son mari Rolf l'avaient quelques fois gardé quand elle était plus jeune, puis avec leurs jumeaux. Lily se souvenait surtout des aventures qu'elle leur racontait, sur des créatures avérées ou non, sur des sorciers un peu fous ou sur des lieux et pays mystérieux. Lily l'adorait, mais plus elle grandissait, moins Luna rendait visite à sa filleule. Leur dernière rencontre datait de juillet, par pure chance, pour l'anniversaire de son père. Les garçons avaient une fois de plus trop poussé, ils allaient désormais sur leurs neuf ans. Peut-être que s'ils avaient été plus présents, eux aussi seraient comme des petits frères aux yeux de Lily.

- Pas depuis avant le mariage. Elle est en Thaïlande avec Rolf et les jumeaux, elle serait sur le point de découvrir une nouvelle race d'héliopathe selon ses dires.

Le groupe ne put s'empêcher de sourire face à cette réponse.

- Et donc ce mariage ? reprit Alice. Raconte !

Ce fut pile à l'heure de l'arrivée du chariot de friandises. Lily envoya Hugo chercher les denrées et une fois les poches bien garnies de confiseries, elle commença son récit en évoquant le moindre détail, sauf bien sûr, la confession de Dominique.


Une fois que le ciel se teint d'une couleur orangée, les filles renvoyèrent Hugo du compartiment pour faire le guet, afin qu'elles puissent se changer en toute tranquillité avant qu'il n'en fasse de même. Les plus grands avaient vivement déconseillé à Alice d'aller s'habiller dans les toilettes trop peu nombreuses du train et toujours bondées de monde durant les deux dernières heures de voyage. Une fois le petit groupe arrivé à la gare de Pré-au-lard, Alice partit avec les élèves de son niveau près d'Hagrid tandis que le trio suivit les plus âgés vers les diligences (« pas plus de six par voiture », rappelaient les préfets) pour se rendre à Poudlard. Après vingt bonnes minutes de trajet, tous se retrouvèrent dans le hall avant d'entrer dans la Grande Salle, Hugo et Lily se séparèrent donc de Solange et rejoignirent James, Roxanne et Lucy à la table des Gryffondor.

- Tout s'est bien passé ? questionna James alors que sa sœur s'assit à sa gauche et Hugo en face d'elle.

- Comme d'habitude…mais c'est définitif, les barques me manquent. Au moins tu avais une belle vue… Dans les diligences, on est près des forêts donc on n'y a rien d'exceptionnel ou de visible la nuit… Alice a vraiment de la chance de vivre ça !

- On prend les paris pour sa maison du coup ? lança Roxanne. À votre avis, où irait-elle ?

- Frank et moi, on est tous les deux d'accord, c'est une future lionne, répondit aussitôt Lucy.

Le frère aîné de Solange et Alice était son meilleur ami, il jouait en tant que gardien dans l'équipe des Gryffondor. On n'avait pas vu un Londubat voler parfaitement sur un balai depuis au moins un siècle selon les dires de son oncle Ron.

- Gryffondor pour Lucy, moi je parie Serdaigle, elle me rappelle trop Solange, dit James.

- Hugo, Lily, vous avez une idée ? reprit Roxanne.

- Certainement pas Serpentard pour elle, dit Lily après un instant de réflexion. Je la vois bien en Poufsouffle, elle est toute gentille. En Serdaigle non, je ne vois pas quelque chose dans son caractère qui irait chez eux.

- Pareil, conclut Hugo, et les paris sont lancés !

- Excusez-moi, fit une voix chétive à droite de James. Tu es James Potter c'est ça ? C'est vrai que tu as été nommé capitaine de l'équipe de Gryffondor cette année ?

Les cinq cousins se tournèrent vers le jeune garçon qui les avait interpellés. Il s'agissait d'Harry Finnigan, fils cadet de Seamus Finnigan et Lavande Finni…enfin plutôt Brown maintenant. Bien qu'ayant douze ans, il était assez petit et maigre pour son âge, possédait des cheveux châtains en épis et des yeux bleus. Sa grande sœur Perrine était une camarade de Lucy et une des rares amies féminines de cette dernière. Seamus a beau être un proche de leurs parents et Lavande l'ancienne amourette de son oncle Ron, Lily ne connaissait guère les enfants Finnigan. Avant Poudlard, elle ne les avait vus qu'aux fêtes commémoratives de la Deuxième Guerre des sorciers qui se déroulaient tous les cinq ans.

- Bien sûr ! affirma James avec fierté, ayant répété l'information tous les deux jours durant l'été après avoir eu par lettre la nomination en question. Tu veux tenter ta chance cette année ?

- Oh oui, mais je crois que je ne pourrais être que suppléant cette année. J'aimerais être attrapeur, tu comprends… Mais je me suis entraîné pendant toutes les vacances, j'ai reçu mon premier balai !

Lily s'empêcha de souffler bruyamment. Les coïncidences avec son père commençaient à devenir trop grosses : le même nom (en plus du baby-boom post-guerre, les sorciers avaient relancé la mode des prénoms « Harry », « Hermione », « Ronald » jusqu'à carrément les « Neville »…), vouloir le même rôle au Quidditch, être à Gryffondor, sa faible taille comparée à la moyenne… Pourquoi autant de personnes de son âge s'acharnaient-elles pour imiter Harry Potter alors qu'ils ne le connaissaient absolument pas en privé ?

- Je vois, ce n'est pas mal tout ça, mais c'est la dernière année de Scarlett donc tente ta chance l'année prochaine. Être suppléant te fera la main et le futur capitaine sera sûr de te prendre, encouragea James avec un clin d'œil. Actuellement, je cherche un nouveau batteur et un poursuiveur vu que Fred (une ombre passa dans son regard) et Robin Marcs sont partis. Et puis, sans vouloir t'offenser, tu parais un peu frêle pour débuter.

Harry fit une moue déçue, mais finit par hausser les épaules.

- Ce n'est pas grave, accepta-t-il. Mais j'aurais aimé jouer une année avec toi parce que c'est aussi ta dernière...

James, compatissant, lui tapota le dos. À côté de lui, Lucy discutait avec Perrine justement, à voix basse.

- C'est un peu compliqué, murmura cette dernière (Lily devait se concentrer davantage pour les entendre), mais il est gentil au fond, ce n'est pas non plus un inconnu pour nous et surtout pour Harry…

- Et ta mère, comment vit-elle tout ça ? demanda Lucy en chuchotant.

- Elle en parle peu, avoua Perrine. Elle essaye d'accepter plus ou moins la situation, car mon père n'y est pour rien, mais tu comprends, c'est dur pour elle...surtout dévoilée par la presse…

- Si jamais on t'embête toi ou ton frère avec ça, n'hésite pas à nous le dire, je leur jetterai bien volontiers un sort !

- Merci Lucy…mais je ne pense pas que ça suffira…si les sorciers étaient moins archaïques, peut-être que…

Le reste de leur discussion fut coupé avec l'arrivée de Flitwick, le professeur des enchantements ainsi que sous-directeur et des premières années dans la Grande Salle. La petite Alice, pas très loin du minuscule enseignant, semblait vraiment impressionnée par la quantité d'étudiants et la taille de la pièce. Elle lui rappelait Solange, qui n'avait cessé de trembler de l'arrêt du train jusqu'à sa propre répartition.

Durant la chanson du choixpeau, Lily remarqua avec agacement que d'une multitude d'élèves fixèrent, parfois avec un œil mauvais, les Finnigan. Ces derniers ne pouvaient que baisser les yeux, Harry avait même quelques rougeurs. Perrine avait raison, les sorciers pouvaient vraiment être ringards quand ils le voulaient ! Lily se souvenait encore de la réaction mi-amusée mi-perplexe de sa cousine Moldue, lors de la visite annuelle chaque été, quand elle lui avait parlé de ce scandale. Dans leur monde, c'était devenu presque banal, mais dans celui de Lily…ça constituait un crime contre le peuple magique.

Après une longue attente et d'élèves répartis, Alice Londubat fut enfin appelée. Le groupe retenait leur souffle au moment où Flitwick, perché sur un tabouret, coiffait la jeune fille du choixpeau qui lui tombait, de la même façon que ceux avant elle, devant sa vision. Où allait-elle aller ? Gryffondor comme son père et son frère avant elle ? Poufsouffle comme sa mère ou comme Teddy et Dominique à leur époque ? Serdaigle comme sa sœur, mais aussi Rose, Louis, Molly et Victoire bien avant ? Voire à Serpentard, comme Albus (Lily se demandait souvent si ce dernier s'était appâté de négocier sur ce choix ou s'était laissé convaincre) ou Malefoy ? Après plusieurs instants de réflexion, le choixpeau s'écria :

- GRYFFONDOR !

Le groupe entier de Lily se leva pour l'applaudir. Souriante, mais intimidée, la petite Alice vint s'asseoir près de son frère, non sans avoir fait un signe à Solange et à son père, à la table des professeurs.

- Merci pour vos gallions, ricana Lucy en récoltant son gain sous les visages défaitistes et frustrés de ses cousins.

Le premier banquet de cette année se déroula tranquillement, Lucy et James parlaient de Quidditch, Roxanne papotait avec ses amies, et Hugo échangeait quelques phrases avec Lily qui les écoutait sans un mot, visiblement la tête ailleurs.

Elle se souvenait de sa répartition deux ans plus tôt. À ce moment où le choixpeau avait hésité pendant un instant, avant de l'envoyer finalement à Gryffondor.

« - Mmm... Intéressant, se rappela Lily de la petite voix qui avait résonné près de son oreille. Je vois de l'imagination et de la curiosité...Serdaigle pourrait te convenir, mais je ne pense pas que cela te correspond vraiment...non... Oh ! Je vois du courage ainsi que du tact, une volonté de noblesse qui te motive ! Intéressant... Je vois également...un peu de peur, de complexes de ta part… Mmm...tu as envie de dépasser tes frères et tes cousins, Lily Potter, tu veux être reconnue autrement que par ta famille, n'est-ce pas ? »

Elle avait eu un sursaut à ces mots. Cette pensée, cette infime pensée qu'elle gardait rangée dans un minuscule coin de sa tête, pour éviter d'être égoïste, convoiteuse et rancunière, le choixpeau l'avait vu. Jusqu'à ce jour, elle n'avait pas été capable de mettre des mots sur ce qu'elle ressentait face à cette émotion et depuis, elle ignorait toujours si ce désir de reconnaissance était une bonne ou une mauvaise chose.

À l'époque, elle s'était sentie prise au piège, ne pouvant nier la question et ne sachant pas ce qu'il fallait dire. Les secondes défilaient et les élèves devaient s'interroger sur pourquoi sa répartition prenait trop de temps. Elle était une Potter, Gryffondor était leur maison de prédilection ! Albus était juste une exception étrange après tout, car qui était assez insensé pour se rendre de plein gré à Serpentard ? Alors, elle avait inspiré un bon coup et tenté de rassembler le plus de courage possible pour lui répondre :

« - Ce ne serait pas une sorte de détermination de vouloir être leur égal ? C'est une qualité de Gryffondor, non ?

- Oh, en quelque sorte, acquiesça le choixpeau avec un petit ricanement. La détermination peut convenir autant à Serpentard qu'à Gryffondor. Mais je comprends ce que tu souhaites. Une partie de toi pencherait pour Serpentard en effet vu que tu possèdes une forme de fierté ainsi que des rêves de grandeur et de reconnaissance. Mais il semble que...cela doit être dans le sang décidément… je vois aussi d'autres qualités qui font que...cette fois j'en suis sûre... ce sera GRYFFONDOR ! ».

Deux ans plus tard, Lily continuait de se demander ce qu'il avait aperçu en elle pour la répartir à Gryffondor. Elle avait été heureuse évidemment, car elle ne pouvait pas imaginer aller ailleurs, mais plus elle grandissait, plus elle se questionnait si elle était vraiment digne de la maison des lions. Elle s'était quelque peu découvert des qualités de Poufsouffle, sauf la patience, définitivement. Et même chez Serdaigle, mais Lily ne trouvait guère de ressemblance à part l'observation, enfin plutôt, cela la passionnait de chercher ce que ressentait son interlocuteur en le devinant dans l'expression oculaire. Pourtant très mauvaise détective et n'aimant pas elle-même être fixé, c'était plus fort qu'elle, elle guettait chaque émotion qui traversait dans le moindre regard ou dans le mouvement des pupilles… Luna disait volontiers qu'on parle davantage avec les yeux qu'avec notre bouche et plus elle grandissait, plus Lily la rejoignait dans cette idée.

Revenant à la réalité, Lily quitta son assiette de vue et jeta un coup d'œil vers la table des Serpentard. Après avoir survolé son frère et Scorpius, elle scruta les élèves de son année dont elle ne connaissait pas tous les prénoms. Parmi eux, avec ses cheveux bruns et ses iris marron, il y avait le fameux Wilhem Taylor. Lily dévorait le garçon au sourire craquant qui discutait avec ses amis, puis qui se mit à rire d'une manière qui le rendait bien plus beau selon la jeune Potter. Mais peu à peu, quelque chose perturba son attention, une silhouette assise non loin de Wilhem. Cette élève à la chevelure blonde, très clair et aux prunelles bleues froids, le visage exprimant la même allure hautaine que Malefoy. Cet air antipathique comme si le reste du monde n'était que des insectes à ses pieds. Rares étaient les sans amis à Serpentard, mais cette personne en était l'exception, Lily se disait souvent que cela aurait pu être le cas de son frère s'il n'avait pas adopté Scorpius…

Pendant un instant, la jeune fille releva les yeux et vit que Lily la regardait. Elle baissa aussitôt la tête, gênée, et retourna à sa cuisse de poulet, priant que la Serpentard n'ait pas remarqué ce qui s'était passé, en particulier pour Wilhem. D'aussi loin que Lily se souvienne, elle trouvait cette fille autant intrigante qu'effrayante…Mary Nott, elle s'appelait. Une bonne étudiante, de mémoire, mais elle ouvrait rarement la bouche et uniquement en classe. On ne pouvait pas dire qu'elle faisait partie des plus insupportables de sa maison, Lily pouvait en citer une liste !

À la fin du banquet, où McGonagall récita son discours annuel, les élèves quittèrent les lieux. Quelques préfets comme Rose ou Louis guidaient les premières années jusqu'à leur nouvelle salle commune. Hugo et Lily saluèrent au loin Solange avant de grimper les escaliers pour rejoindre la tour de Gryffondor, leur deuxième famille.


Molly but sa troisième tasse de café cul sec avant de se replonger dans ses dossiers. La fatigue avait décidément du mal à s'en aller, mais elle n'avait plus le choix. Mieux elle travaillerait, plus ses employeurs seraient fiers et plus elle aura de chances d'obtenir un meilleur poste et une promotion dans les années à venir. Elle ne voulait pas s'arrêter à être une simple secrétaire toute sa vie ! Voilà plus d'un an qu'elle triait papiers, dossiers et prenait les rendez-vous au Département de la Justice et elle en avait plus qu'assez. Mais avant de réaliser son rêve d'entrer au magenmagot comme juge, il fallait, bien évidemment, commencer en bas du pallier.

Elle comprenait tellement ce que son père avait ressenti à son âge. Cette frustration, cette envie de grandeur, de reconnaissance et de s'élever dans la hiérarchie sociale…mais contrairement à elle, il avait eu beaucoup de chance. Pas vraiment pour d'excellentes raisons, car ce fut pendant les sombres années avant la guerre qu'il avait pu faire un saut dans les échelons. Et maintenant, depuis plus de treize ans, il était devenu le directeur du Département des Transports Magiques. Une très bonne position bien sûr, mais lui qui rêvait d'être ministre de la Magie plus jeune…était-ce suffisant pour compenser ? Elle n'avait rien contre Morales Bee malgré les mauvaises langues ou contre le tout nouveau Gilles Stewart, mais elle se posait régulièrement la question de si son père aurait été meilleur qu'eux. Peut-être que depuis, les Héritiers Noirs n'auraient été qu'un mauvais et gênant souvenir sous le contrôle de Percy Weasley ?

Mais contrairement à Percy, Molly ne pourrait jamais être une assistante personnelle du ministre, alors pour être remarqué, il fallait qu'elle fasse davantage d'efforts. Quitte à doubler ses heures ou partir le moins en vacances possible. Sa mère Audrey Weasley, anciennement Lunch, avait plusieurs fois craint qu'elle ne frôle le burn-out, étant donné qu'elle n'avait pris qu'un week-end de trois jours pour le mariage de Teddy et de Victoire cet été, mais Molly s'en fichait. Audrey n'était qu'une simple employée du Département de la Coopération magique et Internationale, issue de parents Sang-Mêlé à ascendance Moldue : elle ne pouvait pas comprendre le poids que les héritiers Sang-Pur avaient sur les épaules. Surtout quand on venait de chez les Weasley. Eux qui, depuis un siècle, n'avaient pas vraiment eu de métiers bien gradés.

Elle voulait être la première femme Weasley à s'élever hiérarchiquement, la vie de mère au foyer ne l'intéressait absolument pas. Hormis Hermione, que Molly respectait par-dessus tout pour être arrivé aussi haut dans le Département de la Justice en étant née-Moldue, aucune autre de sa famille n'avait fait l'effort pour l'imiter ! Cela se comprenait pour la génération de sa grand-mère d'où elle tenait le nom, mais quelles étaient les excuses pour le reste de ses tantes ? Fleur qui travaillait en tant que conseillère des relations commerciales entre la France et le Royaume-Uni, et Angelina gérait le marketing et la publicité des deux magasins de son mari, cela pouvait passer malgré le manque d'ambition, mais joueuse de Quidditch ou journaliste reporter sportive…des métiers bien trop surestimés, ce n'était pas avec ça qu'on avance dans la société.

Au moins, Molly était bien partie. Elle était sortie de Poudlard avec les meilleurs résultats de sa promo, son poste n'était quand même pas si humiliant pour une première expérience et elle pouvait remercier son père de jouir d'une petite réputation au sein du ministère. Si elle ne réussissait pas à redorer le blason des Weasley avec ça, Molly s'en irait faire ses preuves ailleurs ! En revanche, l'idée que ses cousins parviennent à briller à sa place, ou pire, sa sœur, ça, Molly ne leur pardonnerait jamais. Merci bien, c'était loin d'être le cas ! La plupart étaient à Poudlard, Teddy avait préféré la sécurité en devenant auror comme son parrain et n'avait pas les épaules ou l'envie d'en finir chef, Victoire était une simple caissière dans un magasin de vêtements de luxe et Dominique…cherchait un avenir en France. Quant à Fred, Merlin savait s'il s'en sortirait là où il était, mais Molly en doutait.

Elle n'avait jamais été très proche de ses cousins, et encore moins de Lucy. Molly ne se souvenait même pas d'avoir un jour d'avoir joué avec elle ou s'être exprimée autrement que par de l'exaspération et des ordres. Dès sa naissance, elle avait voulu un frère et pas cette sœur si immature et irresponsable qu'était Lucy Weasley.

Parmi les neveux et nièces de ses parents, les seuls avec qui Molly ne se sentait pas obligée d'apprécier était Rose, cette enfant avait un bon potentiel malgré ses quinze ans et Louis, qui avait vite compris qu'elle préférait qu'on lui fiche la paix. Elle était de la génération scolaire de Dominique, Molly étant née à la fin de l'année deux-mille-un, elles étaient donc rentrées à Poudlard ensemble, mais n'étaient pas proches. Victoire, qui avait deux ans de plus, ne possédait rien en commun avec Molly, hormis leur maison à Poudlard. L'aînée Weasley-Lunch la trouvait plutôt prétentieuse et « m'as-tu vu », ce qui était dommage pour une fille qui pouvait être très brillante quand elle s'intéressait à autre chose que Teddy Lupin… Quant à ses plus petits cousins, ils étaient trop jeunes, peu passionnants et aucun ne comprenait qu'elle détestait le Quidditch ou les blagues puérils. Passer la journée avec eux lui donnait souvent mal à la tête.

Malgré tout, elle enviait parfois leur innocence. Pour eux, le plus grave était de perdre cinquante points à leur maison ou de ramener une mauvaise note et subir la colère de leurs parents…mais une fois qu'ils rentreront dans le monde des adultes, ce sera la douche froide. Et ils la comprendront enfin…avec un peu de chance, son rêve de grandeur et ses ambitions. C'était ce genre de qualité qui avait fait hésiter le Choixpeau à la classer à Serpentard, ce qu'elle avait bien entendu refusé. Si le n'avait pas été entachée à cause de la quantité d'héritiers de mangemorts ou de détraqués, la proposition aurait été alléchante…Serdaigle fut le bon compromis.

- Molly, une conférence est organisée en express par le ministre de la Magie sur les nouvelles lois du marché, tu me suis ?

Molly releva la tête et vit son collègue du même âge, Timothy dit « Timeo » Smith, un ancien Poufsouffle, devant sa porte de bureau. Depuis son entrée au ministère, c'était le seul avec qui elle avait trouvé des intérêts communs, et elle-même devait admettre qu'elle appréciait grandement sa compagnie. Il avait autant d'ambitions et de rêves que Molly, ce qui lui plaisait beaucoup. À l'époque de Poudlard, elle n'avait jamais eu de camarades ou d'amis. Guères étaient ceux qui préféraient travailler, aimaient la solitude et le silence…au moins, passer son temps libre à la bibliothèque aura permis à Molly d'avoir un meilleur avenir que toutes ces pimbêches et idiots réunis.

Elle regarda sa montre et la pile de papiers qui l'attendait toujours. Elle risquait d'avoir du retard dans son travail si elle le suivait…mais c'était tellement tentant d'avoir l'occasion de débattre lors de cette conférence et d'attirer l'attention avec ses arguments…ainsi qu'impressionner davantage Timeo.

- D'accord, acquiesça-t-elle finalement, un instant et j'arrive.

Elle se leva, attrapa sa veste de tailleur et sortit de son bureau sans remarquer un message volant venant de Poudlard, qui se posait sur sa pile de dossiers. La fameuse lettre habituelle de rentrée que sa sœur était forcée de lui écrire et pour ses parents. Mais Molly n'y prêta même pas attention et la missive disparut dans la corbeille à la fin de la journée.


Lily s'écroula sur un des fauteuils près de la cheminée et fit glisser son sac de son épaule jusqu'au sol, Hugo s'assit à ses pieds, en soufflant bruyamment. La semaine avait été longue !

Poudlard restait un vrai labyrinthe. Même si elle vivait dans ces lieux depuis deux ans, Lily avait l'impression de redécouvrir l'école chaque jour ! Avec ses escaliers, ses couloirs interminables, ses différents étages et tous les passages secrets qu'on devait au moins connaître quelques-uns pour obtenir des raccourcis, il était facile de se perdre ! Lily maudissait son frère James d'avoir réussi à chourer la carte du Maraudeur de son père trois ans plus tôt, il savait toujours où aller au bon moment, mais refusait de la partager. Heureusement pour Lily, Hugo avait un meilleur sens de l'orientation qu'elle.

La première semaine de cours était passée à une vitesse folle si bien que Lily n'avait pas commencé à se remettre correctement au travail. Elle avait déjà pas mal de devoirs pour son premier week-end et malgré le premier thé du vendredi après-midi chez Hagrid, la jeune fille ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver du stress, avoir deux options en plus n'arrangeait rien. Elle avait donc traîné Hugo, en compagnie de Solange à la bibliothèque pour avancer sur quelques exercices, puis chacun était rentré dans sa salle commune deux heures plus tard, pour se reposer avant le dîner.

À moitié avachie sur son fauteuil, Lily sortit un morceau de parchemin, de l'encre et une plume pour écrire à ses parents, à Luna et à Teddy, leurs lettres hebdomadaires. En moins d'une heure, la rédaction était terminée, Lily griffonnait à chaque fois des messages concis aux adultes, Teddy était le seul à obtenir un peu plus de détails sur ses ressentis. Après une dernière relecture, elle se leva à contrecœur et renfila sa cape.

- Je vais poster, tu viens avec moi ? proposa-t-elle à Hugo.

- Non merci, répondit-il discrètement, à fond sur sa BD sorcier. On se retrouve au dîner.

Lily haussa les épaules, lui adressa un signe et fila rapidement dans son dortoir pour déposer son sac de cours. Elle se dirigea vers la volière, en priant que Circé, la chouette de James, ne soit pas déjà partie...chose qui fut finalement le cas une fois arrivé là-bas. Dépitée, Lily montait donc pour le troisième étage pour chercher un des hiboux de l'école. Mais à peine son pied effleura la première marche qu'elle tomba sur…

- Malefoy !

Le jeune homme releva la tête vers elle et Lily ne put s'empêcher de frissonner en croisant son regard : il était dans un pire état que lors de la rentrée. D'un aspect malade au vu de sa pâleur, les yeux sanguins et le visage creux, on aurait dit un vampire desséché. Il n'eut presque aucune autre réaction quand il vit Lily et la contourna rapidement, la frôlant presque. La petite Potter voulut continuer son chemin sans un mot, mais du coin de l'œil, elle remarqua qu'il restait planté près des marches du rez-de-chaussée.

- Première semaine difficile, je suppose ?

Sa voix cassée était à peine audible. Même si Scorpius Malefoy lui faisait pitié de par son état, Lily ne pouvait s'empêcher de se sentir agacée, n'ayant ni le moment, ni la patience et surtout ni l'envie de parler avec lui.

- Tu t'es vu toi ? On dirait que tu deviens un inférius… Qu'est-ce que tu fais ici ?

- À ton avis ? demanda-t-il avec une pointe d'exaspération dans la voix en se retournant vers elle. J'ai encore le droit de poster des lettres, aux dernières nouvelles...

Pourquoi lançait-il la conversation s'il semblait autant ennuyé qu'elle de discuter ? Voulait-il une nouvelle fois prouver une prétendue supériorité envers elle ? Ou faisait-il constamment de son mieux pour se rendre aussi agaçant ?

- À tes parents, je suppose ?

- Bien joué Dumbledore, répondit Scorpius avec une sorte de sarcasme à peine compréhensible dû au son de sa voix. À qui d'autre pourrais-je ?

- Je n'en sais rien, fit Lily exaspérée, évitant à tout prix son regard. Tes grands-parents ? Peut-être même Teddy grâce au mariage ?

- Ce fameux Teddy, dit Malefoy après un ricanement. C'est rare de trouver plus ouvert que lui… Le seul relève le niveau parmi les vôtres...

- Ne nous insultes pas, siffla Lily. Tu te crois mieux avec ton nom ?

- Et ça y est, c'est reparti, les méchants Malefoy mangemorts, grinça Scorpius suffisamment fort pour être entendu.

Lily fulmina, elle voulait lui envoyer une réplique cinglante, mais le jeune homme tourna les talons et, en la frôlant presque, s'élança dans les escaliers en colimaçon de la volière.

- Comme si les Malefoy étaient les gentils de l'histoire…marmonna-t-elle entre ses dents.

Lucius Malefoy avec le journal de Jedusor sur sa mère alors qu'elle n'avait que onze ans, son père qui manqua de peu de se faire jeter un sort de sa part, puis l'attaque dans le département des Mystères, l'humiliation permanente qu'il offrait à son grand-père Arthur. Pour Drago Malefoy, de ce qu'elle avait entendu de la bouche de son oncle Ron, si elle devait lister tous ses méfaits, on y passerait la journée. Mais on pouvait les résumer en quelques mots : insultes, harcèlement, tentative de meurtre…et encore, Lily ne connaissait que les grandes lignes de ce qu'elle avait appris par sa famille ou dans les journaux pour les casiers judiciaires, elle n'imaginait même pas de ce que d'autres personnes inconnues avaient potentiellement vécu de leurs côtés…

Elle savait que Scorpius n'avait rien fait. Ce n'était pas comme si lui s'était moqué de James, ses cousins ou quiconque. À l'école, il était davantage un fantôme, ne se mêlant d'aucun conflit et selon Rose, il était plutôt bon élève. Mais il existait. Il était dans leur vie alors que personne ne l'avait demandé. Pourquoi fallait-il que Teddy ait voulu créer du contact avec les Malefoy sous prétexte de se rapprocher d'une tante qui l'a en premier lieu rejeté, lui, fils de loup-garou et d'une métamorphomage dont la mère était tombée amoureuse d'un né-Moldu ? Pourquoi Albus, parmi tous les autres garçons de Serpentard, est-il ami avec lui ? Et Rose qui l'imite, au point que Scorpius en soit devenu son plus proche allié ?

Lily n'arrivait pas à faire confiance à Scorpius, comment pouvait-elle alors qu'il ruminait à chaque fois et se positionnait en victime dès qu'elle mettait des barrières ? On n'était jamais très différent de sa famille, les chiens ne faisaient pas des chats. Lily était persuadée que ce n'était qu'une question de temps avant que Scorpius n'assume le même comportement abject et méprisant typique des Malefoy. Peu importe à quel point il tentait de prouver de l'inverse.

- Veux-tu bien cesser de me dévisager de cette manière ? Je n'ai tué personne aux dernières nouvelles !

Lily sursauta de par la violence dont Scorpius avait prononcé ses mots. Le garçon était en haut des escaliers et elle avait gardé son expression furieuse en sa direction. Pendant un moment, elle fut incapable de répondre. C'était la première fois qu'elle voyait le fils Malefoy paraît réellement en colère. Être grincheux, cela lui arrivait souvent et pas qu'au mariage, mais élever la voix à ce point, jamais. Mal à l'aise, elle rêvait de le clouer le bec, mais des yeux bleus froids et perçants l'empêchaient de trouver la moindre réplique.

- Tu crois que je ne t'ai pas entendu marmonner tout à l'heure ? continua le garçon. La discrétion, c'est un concept inconnu chez les Weasley ?

- Tu peux parler vu ta famille ! réussit à balancer Lily.

- Ma famille, ma famille, tu n'as que ça comme arguments ? Tu ne voudrais pas utiliser ton cerveau une bonne fois pour toutes et arrêter de raisonner comme un perroquet sous imperium ?

Une étrange émotion passa dans les yeux de Scorpius, et il en devint moins effrayant. On aurait dit qu'il était à deux doigts de la secouer, mais pourtant…Lily pouvait presque y deviner une grande tristesse en lui. Mais elle fit comme si de rien n'était, ce n'était pas le moment de s'interroger sur la cohérence sur ce que ressentait Malefoy ! Avec un soufflement dédaigneux, elle grimpa à son tour les escaliers pour éviter les représailles, jusqu'au dernier étage et avança à grands pas pour donner aux hiboux les plus proches une lettre chacun. Elle sentit ses doigts trembler alors qu'elle distribuait les missives : allait-elle désormais entrer officiellement en guerre contre Scorpius au point de s'insulter ou de se lancer des sorts dès que l'un rencontrait l'autre ? Cette pensée ne la rassurait guère, elle deviendrait vite incapable de se défendre longtemps et en plus, ce serait le meilleur moyen de se mettre Albus et Rose à dos…

Avec appréhension et prudence, elle fit le chemin inverse, priant pour que Scorpius soit déjà parti. Malheureusement, elle le retrouva au même endroit qu'elle l'avait laissé, aux pieds des escaliers séparant le premier étage du rez-de-chaussée précisément, avec toujours le regard sombre.

- Ce n'est pas vrai ! lâcha Lily en s'arrêtant un peu plus haut devant lui. Pourquoi es-tu encore là ?

- J'ai maintenant besoin de ton autorisation pour me déplacer, Lily Potter ? rétorqua-t-il la voix grondante, prête à éclater. Non, mais je rêve…tu te prends pour qui ? Tu crois que c'est parce que tu es une Potter et une Gryffondor que tu as le droit sur tout ?!

- Et toi, tu crois que c'est parce que Rose et Albus sont amis avec toi qu'on peut tout pardonner aux Malefoy ? renchérit Lily.

- Mais je n'ai rien demandé moi ! s'écrit Scorpius en remontant une marche. Et ma mère non plus, alors pourquoi on est traité tous les deux de cette manière ! Je n'ai jamais connu la guerre et elle, sa seule faute aurait été d'épouser l'homme qu'elle aime ? Au point d'être répudié de tous, d'être haï sans aucune raison parce que notre nom est Malefoy ? Malgré le fait mon grand-père paye ses crimes en prison ? Et que mon père a été innocenté ? Qu'est-ce qu'il vous faut de plus pour qu'on nous laisse tranquilles, qu'on ME laisse tranquille ?!

- Parce que c'est vous les victimes maintenant ? cria Lily, s'approchant elle aussi du garçon, n'étant séparé que de trois pas. Pourtant ce n'est pas vous à qui on a collé l'étiquette des gueux de service ou reçu des insultes telles que « traîtres à leur sang » depuis des décennies ! Ce n'est pas vous qui avez perdu des membres de votre famille, des amis ou eu des soucis mentaux à cause de la guerre. Tu ne sais pas ce que c'est, toi !

- Ma mère est en train de crever à Saint-Mangouste pauvre idiote ! rugit Scorpius.

Des hiboux et chouettes s'envolèrent, la voix de Malefoy ayant raisonné le long des murs. Lily ferma brusquement la bouche et son assurance disparut, les joues empourprées. Elle en avait presque oublié l'état de Mrs Malefoy... La culpabilité la gagna et elle laissa échapper quelques sons bredouillés comme réponse.

- Ah oui, c'est vrai, ce n'est qu'un détail pour vous tous, railla Scorpius. Parce que contrairement à ta grande, soudée et en bonne santé de famille, ma mère n'en a plus pour très longtemps !

- Malefoy, je…

- Non tais-toi Potter, la coupa brusquement Scorpius, le regard plus sévère que jamais. Je ne veux plus rien entendre de toi, tu ne sais même pas de quoi tu parles, tu ne vaux pas mieux que les autres. Arrête de voir les Weasley ou les Potter comme le centre du monde, il n'y a pas que vous qui souffrez, ni aujourd'hui, ni pendant la guerre, on a tous perdu quelque chose ! Personne ne mérite une seconde chance, sauf quand ça vous arrange, c'est ça ? Quand bien même ma grand-mère a pu aider le survivant à terrasser Voldemort, mais les gens préfèrent ignorer cette histoire sinon ce serait moins facile de jeter des cailloux aux Malefoy ! De toute façon, ça n'a pas suffi vu que visiblement, il faut que je paye, que je sois coupable encore et encore alors que je n'ai rien fait de mal ! Moi et les autres enfants qui viennent de familles d'anciens mangemorts, on l'a bien mérité n'est-ce pas ?

- Scor…

- FERME-LA ! J'en ai marre, tellement marre de tout ça…POURQUOI ON ME TRAITE COMME UN CHIEN ?!

Soudain, il attrapa une écuelle de hiboux dans un des nids près des escaliers et le lança violemment contre un mur, la faisant se briser en mille morceaux. Les jambes de Lily se mirent à trembler, apeurée, elle craignait qu'il ne lui jette un sort ou qu'il continue de lui hurler dessus jusqu'à qu'elle en fonde en larmes. Elle eut le réflexe de se protéger avec ses bras lorsqu'il fit exploser sa colère sous les hululements furieux des volatiles. Ce fut peut-être en partie ce geste qui le calma peu à peu, même si ses pupilles commencèrent à s'humidifier. Il recula et s'assit lourdement sur le sol jonché de pailles et de fientes. Il semblait si fragile avec ses yeux rivés sur le plancher, le visage rouge, la main droite qui ne cessait de trembler… Lily n'avait plus rien d'une lionne en le voyant ainsi et pleurer aurait été une immense insulte au vu des derniers évènements. Au bout de quelques minutes, il la fixa, sans un mot. Il n'avait plus l'air d'être furieux contre elle, mais juste…fatigué.

- Tu me méprises toujours, n'est-ce pas ? lui demanda-t-il, la voix rauque.

Oubliant aussitôt le sentiment de pitié qu'il lui avait provoqué, les paroles de Scorpius eut l'effet d'un violent croche-pied au point de vouloir le frapper. Peut-être c'était finalement ça dont ils avaient besoin : se frapper jusqu'au sang pour déchaîner toute cette fureur qu'ils avaient en eux, envers soi, envers l'autre, contre le monde. Mais il était hors de question d'entrer dans son jeu, et de toute façon, elle aurait été incapable de se manifester de la sorte face à lui. Alors, Lily ne put que se contenter que de lui répliquer, d'un ton sec, mais d'une voix cassée :

- Toujours.

Et sans lui permettre d'en placer une à son tour, Lily traversa la volière en se retenant de lui donner un coup au passage. Sur le pas de la porte, elle vit avec horreur que quelqu'un était là depuis peu et les regardait gravement : il s'agissait de Mary Nott, qui tenait une lettre à la main. Gênée d'avoir été observée dans cette situation, Lily essuya précipitamment les larmes qui menaçaient de couler et la contourna avant de s'éclipser. Ne voulant pas retourner dans la tour de Gryffondor dans cet état, Lily s'arrêta quelques minutes près d'un des trois menhirs non loin de chez Hagrid et pleura à son soûl.

Durant le dîner, Lily mangea avec peu d'appétit, les paroles de Scorpius la hantaient. Elle se sentait pathétique par rapport aux insultes qu'elle avait lancées au garçon, mais était rongée par la haine envers le comportement et les mots qu'il lui avait balancés à la figure. Sa fureur ne se calma point lorsqu'elle surprit Malefoy en train de la fixer de sa table. Exaspérée, Lily ne cherchait pas à deviner ce qu'il ressentait désormais à son égard et se fit la promesse que dorénavant, elle continuerait de faire ce qu'elle faisait de mieux face à lui : l'ignorer.


J'espère que ce deuxième chapitre vous a plu.

Oui, je sais qu'en français, on dit "Luna Dragonneau" mais exceptionnellement je garde la version anglaise qui est bien plus jolie.

On se retrouve une nouvelle fois jeudi prochain avec le chapitre 3 : Into the new world

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