Bonjour à tous !

Voilà le chapitre 3, avant de le publier, j'ai décidé d'encore (oui, j'en ai eu tellement depuis 2015) changer ma méthode de correction. Du coup, j'ai également corrigé quelques coquilles du prologue et des deux premiers chapitres, mais il n'est pas impossible qu'il en reste encore. J'en suis désolé, en plus c'est un peu la honte vu que je fais des études de lettres mais j'ai malheureusement des lacunes d'accord et d'expression que je n'ai jamais pu apprendre ou bien corriger...

J'espère au moins que vous passerez une bonne lecture.


Chapitre 3 : Into the new world

Les journées passèrent aussi vite qu'il fallut de secondes à Lily de dire « Quidditch ». Elle pensait sincèrement que plus les années se succédaient, plus le mois de septembre rapetissait, ce qui expliquerait pourquoi les premières semaines s'écoulaient sans qu'on ne les vive vraiment. Et ce, malgré les disciplines optionnelles en plus, ce qui avait provoqué un grognement général chez les étudiants de troisième année qui bousculaient toute leur organisation de ces deux dernières années, surtout ceux qui en avaient pris trois, lorsque les emplois du temps avaient été distribués le lendemain de la rentrée.

En classe, Lily pouvait se placer dans les élèves corrects ou dans la moyenne. Même dans les cours où elle était un peu plus faible comme la botanique ou l'astronomie, elle réussissait à se débrouiller pour ne pas ramener trop de mauvaises notes. Ses matières préférées avaient toujours été l'histoire de la magie (enseignée par la professeure Brocklehurst) et les sortilèges, l'ordre fut remis en cause lorsqu'elle découvrit sa nouvelle option : la littérature et la philosophie culturelle.

En effet, il y en avait six au total : l'arithmancie, l'étude des Moldus, qui avait été renforcée suite à certaines réformes, voyant la popularisation et l'importance de la culture, l'histoire et les technologies Moldus. L'étude des Runes était restée, tout comme les soins aux créatures magiques, mais était apparue la science politique et sociale, une des deux matières mises en place durant les années deux mille pour apprendre davantage sur le monde sorcier, l'économie, la société et comment fonctionne le gouvernement. Enfin, la dernière inauguration scolaire était la littérature et philosophie culturelle. Cette option encourageait les étudiants à se tourner vers les matières littéraires et philosophiques, disciplines beaucoup trop surestimées jusqu'alors. La divination avait, quant à elle, été supprimée du programme, mais quelques bases étaient encore enseignées en astronomie. Les heures de cours ont également été réorganisées pour que les élèves puissent étudier correctement leurs deux ou trois nouveaux sujets favorisant la diversité de leurs savoirs et développant leurs connaissances personnelles.

Dirigée par Mrs Provillier, la classe de littérature et philosophie culturelle se déroulait dans la tour nord, à l'ancienne salle de Mrs Trelawney. Si l'odeur de thé et l'aspect renfermé décrits par les parents de Lily avaient disparu, il restait néanmoins les petites tables avec les poufs et les placards remplis de boules de cristal, porcelaines et divers rouleaux jaunis étranges faisaient désormais place à de multiples bibliothèques avec des ouvrages venus du monde entier. D'écrivains, de poètes, de dramaturges ou de philosophes autant sorciers que Moldus. Les préférés du professeur étaient même représentés sur des affiches ou des tableaux le long des murs.

Lors de son premier cours avec le groupe de troisième année, Mrs Provillier avait immédiatement tenu à être claire et concise sur ses règles :

- La littérature et la philosophie sont des valeurs et des connaissances assez méprisées et négligées, expliqua-t-elle après plusieurs minutes d'introduction, que ce soit dans notre monde ou dans celui des Moldus. Comme vous avez pu le remarquer dans la liste de livres à étudier cette année, cela comporte autant d'auteurs sorciers que Moldus. Je ne veux rien entendre de discriminant sur les œuvres Moldus ou qu'on se permet des commentaires ô combien rétrogrades à leur sujet, auquel cas la personne sera priée de sortir immédiatement de cette classe et aura de bonnes heures de retenues !

Sur les onze étudiants qui composaient le cours, aucun ne fit de geste ou émit le moindre son, et Mrs Provillier put ainsi commencer.

Il n'y avait aucun Serpentard dans cette matière, et Lily ne pouvait dire si c'était une bonne chose ou non. D'une part elle était soulagée, car il n'était pas rare qu'elle obtienne remarques et regards désagréables de la part de quelques élèves, mais à l'inverse, elle trouvait décevant le manque d'ouverture d'esprit encore présente sur les Moldus. En tout cas, hormis Wilhem, elle espérait et peut-être Mary Nott, aucun Serpentard de son année ne semblait démontrer de la tolérance à ce sujet, bien que la majorité soit issue de famille à descendance Sang-Mêlée.

Très peu également, étaient fans de littérature, et pas seulement à cause de la quantité de livres à étudier sur une année. La matière se composait d'essais, de rédactions, des travaux de réflexions pour la partie philosophique, de rappels de règles de grammaire, d'effets de style... Avec les professeurs qui se plaignaient des fautes d'orthographe en plus de copies ou de dissertations bâclées, mal formulées ou limitées, Lily s'étonnait même que cette matière ne soit pas obligatoire. Déjà qu'on débattait au ministère pour rendre l'étude des Moldus nécessaire pour les sorciers dans le monde actuel…

Ainsi, la classe de littérature et philosophie culturelle avait le plus petit effectif parmi les troisièmes années. Il y avait quatre Gryffondor, Carl Blavatsky, un brun assez bavard, Travis Hodge, au nez crochu avec qui Lily aimait quelquefois échanger, Emily Young, la voisine de lit de Lily et sans doute la camarade féminine de Gryffondor avec qui elle s'entendait le mieux, et Lily. Chez les autres maisons, on y comptait cinq Serdaigle : Solange Londubat, Lindsay Allister, une brune plutôt sympathique, Chelsea Yazdanpanah, un véritable rat de bibliothèque très assidu, Robb Matthews, très réservé, mais qui somnolait pas mal en cours et Nigel Page, plus discret mais agréable. Enfin, pour les Poufsouffle, les deux élèves inscrits étaient Lexis Peters, une des plus jolies filles de l'année de Lily et dont les traits d'eye-liner rendaient jaloux grand nombre, et Thomas Sarte, un garçon un peu agaçant par ses blagues, mais pas désagréable.

La deuxième option de Lily était soin aux créatures magiques et elle partageait cette option cette fois-ci avec Hugo. Hagrid, ayant adouci malgré lui son programme scolaire selon les années, les avait fait débuter avec des Noueux, des minuscules animaux ressemblant à des hérissons que Lily trouvait absolument adorables. Ce fut en vérité simple de s'occuper d'eux et quelques-uns pouvaient même, après avoir pris confiance, se laisser caresser. Mais malheureusement, d'après les dires d'Hugo, une bonne moitié des élèves, majoritairement des Gryffondor et des Poufsouffle, avaient pris cette matière au hasard, avec l'étude des Moldus, la deuxième option du garçon, car elles étaient considérées comme les plus « faciles » pour ceux qui ne savaient pas où s'orienter plus tard.

Quant à Solange, après avoir hésité avec l'étude des Moldus, le second choix se porta finalement sur les runes. Contrairement à Hugo qui n'avait aucun souci pour être seul et socialiser quelque peu avec autrui, ne serait-ce que pour un cours, la jeune Serdaigle n'était pas très à l'aise pour le même exercice. Bien que bonne élève et fille du professeur Londubat, cela ne lui avait pas suffi pour se sentir acceptée parmi les autres. Les Serdaigle n'étaient pas explicitement méchants, mais c'était une maison où il y avait le plus de divisions et de catégorisations, en plus d'un esprit de compétition, pourtant à l'origine amicale, depuis la première année. Solange n'était donc pas du tout dans cette optique-là et sans Lily, Hugo ou Rose qui la prenait parfois sous son aile, elle aurait été très vite étiquetée comme une sans-amie, quand bien même ses camarades de chambres étaient cordiales avec la jeune Londubat.

À cette solitude, Lily ne pouvait que compatir. Elle avait beau papoter avec les autres filles de Gryffondor quelquefois au dortoir, leur lien s'arrêtait là. Le trio qu'elle formait avec Hugo et Solange lui convenait très bien, et en plus elle avait également ses frères et ses cousins si jamais elle était toute seule. On ne reprochait rien à Lily même si les élèves avaient plus ou moins vu qu'elle pouvait être réservée sans pour autant être hostile. Les personnes qu'elle fuyait étaient ceux qui avaient démontré une tension avec sa famille ou les intimidateurs qui la prenaient en grippe ainsi que Solange. Que des Serpentard malheureusement.

Lorsque le week-end de la deuxième semaine de septembre débuta, James organisa des sélections pour l'équipe de Quidditch. Hélas, à la suite d'un malentendu, ils durent partager le terrain avec les Serpentard, elle aussi en quête de nouveaux membres. Cela rendit James furieux et il le fit bien comprendre à ses coéquipiers une fois arrivés au stade.

- On ne fera pas de grande session aujourd'hui ! avait-il hurlé tandis que quelques Serpentard ricanaient de sa réaction, ainsi que des élèves venus pour postuler. On prend juste notre batteur et poursuiveur, nos suppléants, on fera un peu des exercices de bases pour la reprise et c'est tout ! Comment Madame Bibine a-t-elle pu laisser passer ça ?! Elle sait très bien que les équipes ne doivent pas partager le terrain, en entraînement comme en sélection !

Il avait toujours été de tradition que Lily, Hugo et Solange assistent aux qualifications des Gryffondor, car c'était l'unique fois où ils pouvaient observer leur famille pratiquer hors match, les autres séances étant interdites aux spectateurs. Mais les deux filles n'étaient guère fans de rester toute une après-midi assises dans les gradins les plus proches. En particulier Solange qui gardait un très mauvais souvenir du vol en général. En première année pour le cours d'initiation, elle avait été tellement stressée qu'elle faillit tomber une fois envolée et fut secouée de sanglots. Un certain nombre s'était moqué d'elle ce jour-là et Hugo et Lily eurent besoin de longues minutes pour réussir à la calmer à la fin de ce cours. Malgré tout, Hugo insistait pour les traîner à la première séance. Il n'était pourtant pas très sportif, mais il était fan des pronostics de Quidditch, passion qu'il partageait avec Louis ce qui leur donnait l'occasion d'avoir des interminables débats entre chaque match.

Un petit groupe d'élèves s'installa également dans les gradins, notamment Alice Londubat, assit au premier rang, accompagnée de deux camarades. Une bande de glousseuses plus âgées aux allures superficielles arrivèrent pour admirer leurs chouchous. Si pendant deux ans, leur mascotte avait été le poursuiveur et capitaine de Gryffondor, Robin Marcs, un grand brun charmeur qui faisait constamment s'embraser quelques filles sur son passage, elles devaient désormais se contenter de garçons moins populaires, à savoir James, Frank Londubat et même Albus ou Scorpius chez Serpentard. Bien que ces deux derniers soient très solitaires, Lily avait découvert que le duo, comme James, faisait tourner la tête à plus d'une. Pourtant, ils se laissaient rarement approcher. Albus demeurait quelqu'un d'ombrageux et de réservé et quant à Scorpius, malgré son physique « idyllique » selon certaines, son nom et sa méfiance, le rendait inaccessible.

Ainsi, les deux garçons étaient eux aussi au stade, ils étaient suppléants durant la première année de Lily et ne jouaient que depuis l'année dernière. Pourtant, ni le premier ou le deuxième n'avaient pu faire le premier match annuel contre Gryffondor, car ces deux imbéciles avaient réussi à obtenir une retenue le jour de l'affrontement. La manche fut gagnée à plate de couture par les lions vu qu'aucun des remplaçants respectifs du duo n'excellait dans leurs rôles. Albus étant le nouvel attrapeur et Malefoy le gardien, les deux amis durent ainsi prouver leurs valeurs dans les compétitions suivantes.

Régulièrement, Lily jetait des petits coups d'œil vers l'équipe de Serpentard où elle voyait au loin Albus et Scorpius, prêts à en découdre tout en faisant les fous sur leurs balais, mais redevenir sérieux dès que leur capitaine les regardait. Elle aperçut également une bande de garçons de son âge dans le groupe des postulants et eut le souffle coupé quand elle vit Wilhem. Cela mit fin à son observation chez l'adversaire jusqu'à la fin des trois heures d'entraînement.

Depuis le départ de Fred et Robin Marcs, il ne restait que cinq joueurs chez Gryffondor. De la famille de Lily, il y avait James donc, nouveau capitaine pour sa dernière année et poursuiveur depuis trois ans et Lucy, dans le même poste, qui était arrivée un an après lui et était la seule de ses cousines à jouer au Quidditch. Le frère de Solange, Frank, occupait depuis la première rentrée de Lily à Poudlard le rôle de gardien. Les deux restants étaient Scarlett Origan, une brune de l'année de James et qui pratiquait depuis aussi longtemps que lui, puis Oliver Coot, un maigrelet de quatrième année, dernier arrivé de l'année passée. Cela faisait depuis quatre ans de suite que Gryffondor terminait première du classement, souvent au coude-à-coude avec Serpentard, rarement avec Poufsouffle. Quant à Serdaigle, cela faisait plus d'une décennie que la coupe de Quidditch ne leur était plus revenue, au grand dam de Louis.

À la fin de la séance, Gryffondor avait enfin ses deux nouveaux membres : Willow Moncky, une camarade de Roxanne aux cheveux châtains et avec des lunettes, en quatrième année également, en tant que poursuiveuse, accompagnée d'Henry Martinez, de cinquième année, plutôt musclé et d'origine hispanique, comme batteur. Harry Finnigan avait réussi de peu à être choisi pour être suppléant, poste peu présent dans l'équipe, prêt à succéder Scarlett. Chez les Serpentard, Lily ne fit aucunement attention, mais elle savait que Wilhem faisait cette fois partie des remplaçants.

- Ça m'ennuie de plus en plus le Quidditch, commenta Lily une fois le stade quitté. Je n'y trouve vraiment plus d'intérêt à part soutenir mes frères.

- Tu exagères, et puis c'est rare qu'on puisse assister aux coulisses…répondit Hugo. Ça reste intéressant à observer, je me demande si Gryffondor réussira à garder la coupe à nouveau. D'autant plus que Al et James s'affronteront pour la première fois, enfin ! Mais je suppose que c'est plus passionnant quand tu y joues…

- Je ne dis pas non plus que je n'aime plus le Quidditch, se défendit Lily, mais à l'école, tout le monde en fait tout un dragon pour chaque match à longueur d'année. Ça me gêne moins quand ce sont les nationales ou mondiales, car j'ai plus l'impression qu'ils s'amusent et la Gazette n'en parle pas non plus tous les jours. Ici c'est une guerre d'égo, et avoir en plus mes frères qui vont jouer officiellement l'un contre l'autre, je sens que ça va encore créer du drame entre eux !

- Tu n'as pas tout à fait tort... Solange, pourquoi es-tu si rouge ?!

Solange sursauta à la remarque d'Hugo et baissa aussitôt les yeux.

- Ce n'est rien...j'étais dans mes pensées...désolé...

Son visage fut donc à moitié caché derrière ses cheveux. Un peu déconcerté, Hugo s'avança discrètement de sa cousine tandis que Solange menait le pas devant eux.

- Je ne sais pas ce qu'elle a dans la tête en ce moment... murmura-t-il. Pendant l'entraînement, elle avait l'esprit ailleurs et n'arrêtait pas de piquer des fards. Au début je croyais qu'elle fixait l'équipe des Serpentard vu la manière dont elle bougeait, mais je ne pense pas qu'elle ait une réelle raison de les regarder donc...

- Elle a peut-être eu des nouveaux soucis avec des élèves et préfère garder ça pour elle, proposa discrètement Lily. Tu la connais…

- Oui mais à force je m'inquiète, c'est de pire en pire j'ai l'impression. Elle s'exclut de nos conversations sans arrêt si elle n'est pas introduite et même toi tu me dis qu'elle s'isole de plus en plus dans son monde.

- Mais je ne sais pas quoi faire moi, soupira Lily qui repensait à tout ce qui la tracassait déjà, autrement dit les cours, les remarques d'élèves, Scorpius…

- Moi non plus je ne sais pas...expira Hugo en shootant dans un caillou. Avec toi c'est facile de discuter…avec elle, je marche sans cesse sur les œufs… Heureusement que Rose est là dans sa salle commune, mais je ne pense pas qu'elles soient particulièrement amies.

Lily était tentée de répondre qu'il restait Frank et Alice, mais ils étaient tous les deux à Gryffondor et à un âge trop différent d'elle. Au mieux, les deux sœurs étaient plus proches, mais cela ne suffisait pas pour aider Solange à sortir de sa coquille…

Le lendemain, après le petit-déjeuner, ce fut entre filles que Solange et Lily se retrouvèrent dans le parc ensoleillé, près d'un saule pleureur à proximité du lac, pour continuer leurs devoirs sous le beau temps. Hugo était parti dans son club de « rôlistes », une passion qu'il avait développée au cours de l'été grâce à son goût pour la culture Moldue, et depuis, il jouait accompagné de Louis, de temps à autre, ou avec quelques élèves investis plusieurs fois par mois. Mais peu après s'être installée, Lily remarqua qu'Albus, Rose et Scorpius, marchaient vers leurs directions.

- Vous voulez quoi ? leur lança-t-elle, un poil agacée qu'ils troublent leur tranquillité.

- Bonjour ma chère sœur, comment vas-tu ? répondit son frère avec ironie, ce qui fit lever les yeux au ciel Lily. Salut Solange.

Solange le salua d'un hochement de la tête puis fixa ses pieds, les joues grenat.

- Salut Albus, reprit donc Lily en se forçant à être plus calme. Qu'est-ce que tu veux ?

- Rien, on s'installait, c'est ici qu'on aime se poser avec Scorpius et Rose à la base...

- Hé ! râla Lily qui n'avait aucune envie de partager sa place avec Scorpius. Tu es sérieux ? On était là avant !

- Arrêtez, ce n'est qu'un arbre, pas la peine de se disputer pour ça, souffla Rose, et il appartient à tout le monde. Allez Lily, reprit-elle plus calmement, on ne sera pas gênant, je te le promets.

La jeune fille soupira et jeta un coup d'œil à Scorpius, mais celui-ci semble parfaitement concentré à l'ignorer en regardant un point inconnu dans la cour. Pendant un instant, elle se sentait comme une enfant pour son frère, sa cousine et même Malefoy à ne pas vouloir partager une place… À croire que ce crétin avait raison quant à son immaturité…

- Bon d'accord...capitula-t-elle finalement.

Les garçons s'assirent près de Solange, aussi écarlate qu'à leur arrivée, tandis que Rose s'installait aux côtés de la petite Potter. Albus prit son comics sorcier, Scorpius sortit un parchemin qui ressemblait à des notes d'une leçon de runes et Rose, lisait un livre intitulé « Les grandes familles sorcières d'Europe – histoire et origine ».

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Lily, intéressée. C'est pour un cours de Brocklehurst ?

- Oh pas du tout, c'est de la lecture personnelle !

- Quoi ? Tu n'as pas déjà assez à lire avec la préparation des BUSE et ceux de la littérature et la philosophie culturelle ? gloussa Lily.

- Je n'aurais jamais assez de livres à lire, répondit Rose avec un clin d'œil.

- J'imagine ! Et donc euh…ça parle de quoi exactement…c'est bien ? interrogea la plus jeune, un peu perdue par l'intitulé de l'ouvrage.

- Très intéressant ! En fait c'est de la généalogie mêlée à de l'histoire et de la sociologie, c'est captivant. Toutes ces familles qui sont reliées entre elles, il y a presque un côté enquête ! Je suis sûre que ça te plairait Lily vu que je sais que la tapisserie des Black te fascine.

- Oh, vraiment ? se carmina Lily, étonnée par sa remarque bien que sa cousine ait visé juste.

- J'en suis persuadée, je te le prêterai quand je l'aurai fini.

Rose retourna à sa lecture puis Lily pensa à un de ses devoirs d'astronomie qui attendait encore d'être rédigé mais à la place, elle sortit un carnet aux notes griffonnées à la hâte et quelques phrases rayées. Solange chantonnait à voix basse, les joues perdant peu à peu leur couleur rose. Elle s'entraînait pour la chorale où elle participait depuis l'année dernière (cela relevait déjà du miracle qu'elle ait réussi à s'inscrire, poussée par ses amis qui connaissaient son goût pour le chant) et c'était la seule activité où sa timidité s'effaçait. Dans le ciel, le soleil montait de plus en plus et d'autres élèves en profitèrent pour aller dehors. Régulièrement, Lily regardait les rares nuages et imaginait que sa plume les dessinait...

- Au fait, glissa discrètement Rose en s'approchant de l'oreille gauche de Lily, Scorpius m'a…parlé de votre petite…confrontation à la volière.

Lily ne répondit que par un grognement exaspéré.

- Écoute, crois-le ou non, mais Scorpius n'a rien contre toi…au pire il peut te trouver par moments agaçante, mais sincèrement il n'a pas tout à fait tort…

- Super, c'est moi qui prends tout…marmonna Lily.

- Lily, vraiment, Scorpius n'est pas quelqu'un de méchant, pour de vrai. Il est dans une mauvaise passe et il peut aussi être ronchon, mais de l'autre côté…peu lui donnent sa chance et tu en fais partie. S'il te plaît, je ne te demande pas d'être amie avec lui, seulement de…d'avoir un minimum de tolérance et d'ouverture d'esprit à son sujet, c'est tout…

- Et qu'il recommence à être désagréable envers moi à chaque nouvelle rencontre ? Rose, soit réaliste, lui et moi, on se déteste, trancha Lily.

- Arrête, il ne te déteste pas non plus…il peut être rancunier, mais crois-moi, je te promets mon insigne de préfète que si tu deviens plus…patiente avec lui, tu le trouveras bien plus sympa. Laisse-lui montrer sa bonne foi et au pire…ignore-le poliment et sans le juger.

Lily soupira bruyamment et marmonna un lointain « on verra » pour obtenir la paix.

Au bout d'une heure ou deux, son travail et celui de Solange étant terminés, les deux filles se détendaient en s'allongeant sur l'herbe, bercées par les longues feuilles de l'arbre qui se balançaient à la moindre brise. Solange finit par somnoler et Lily, les paupières lourdes, observaient les trois plus grands. Rose était toujours sur son livre, Scorpius, contre le tronc, avait son champ de vision dans le vague, son cours délaissé, la main droite tripotant une mèche de cheveux et Albus…fixait le ciel, le visage abordant comme une petite mine, presque recroquevillé contre lui-même avec ses genoux relevés.

Lily parlait peu à son frère, mais elle avait remarqué combien il s'isolait et semblait si froid quand il n'était pas avec Rose et Scorpius. Elle prenait ça telle une sorte de mépris à l'égard du reste de ses cousins ou elle-même, qui préféraient jouer avec James ou être dans leur coin, mais peut-être au fond…lui aussi avait un mal-être que sa jeune sœur ignorait. Mais Lily n'était pas celle qui allait naturellement discuter avec les autres pour connaître leurs sentiments. Ce qui s'était passé avec Dominique relevait déjà du miracle, c'était moins facile si elle devait essayer de communiquer avec Albus. C'était une huître qui se refermait à la moindre question qu'il voyait comme trop intime…

Ou alors, elle se faisait des idées et il s'inquiétait pour Scorpius. Ce dernier paraissait davantage misérable de jour en jour, ses cheveux ressemblaient de plus en plus à un buisson et il ne semblait plus avoir aucune vie dans ses yeux. Pas depuis leur dispute en tout cas. Il n'en était plus méprisant, juste pathétique, fatigué et sombre. Lily en regrettait presque son petit sourire en coin supérieur, il était certes insupportable quand il était comme ça, mais au moins, il allait bien.

Voir les gens malheureux lui rappelait sa famille comme dans les journées commémoratives, en particulier son oncle George ou ses parents quand ils s'enfermaient dans la cuisine le soir, pour des raisons obscures… Elle voyait aussi cette tristesse dans l'expression visuelle de Roxanne lorsque son frère lui manquait, chez Perrine et Harry à cause du scandale de leur père et même chez Solange pour de mystérieux motifs. Pourquoi fallait-il que le monde soit si déprimant…et pourquoi arrivait-il qu'elle sente une sorte de sensation de vide, de douleur dans sa poitrine dès qu'elle réfléchissait à ce genre de choses ? Pourtant, Malefoy le disait lui-même, elle n'avait perdu personne…

- À quoi penses-tu, Potter ? Tu sembles soucieuse.

Lily croisa le regard de Scorpius qui avait l'air de la scruter depuis quelques instants. On aurait qu'il venait de se réveiller d'une longue et pénible sieste.

- À rien, mentit-elle d'une voix faible, n'ayant pas le cœur à l'envoyer balader.

Une légère esquisse se dessina sur le visage de Malefoy, mais sa réponse trahit une forme de douleur et de désespoir :

- À rien, tu en as de la chance toi… J'aimerais arrêter de penser moi aussi…

Pour la première fois de sa vie, Lily eut un réel sentiment de compassion envers Scorpius. Elle baissa la tête par gêne et ne dit plus un mot jusqu'au réveil de Solange.


Être un des rares hommes au sang vélane d'Angleterre était quelque chose de particulier, Louis le sut très rapidement. Même en se croisant avec un sorcier, cette espèce ne pouvait donner naissance à des garçons. En possédant un quart génétique de cet être, sa mère et sa tante avaient eu un peu plus de chance d'en avoir, d'où sa venue au monde et de deux de ses petits-cousins Delacour. Mais contrairement à sa grande sœur Victoire qui pouvait légèrement utiliser la séduction magique des vélanes à l'inverse de Dominique qui tenait plus des Weasley, jamais Louis ne chercha à tester ses maigres pouvoirs issus d'une créature dont il avait un huitième d'héritage.

Très vite après sa première arrivée à Poudlard, Louis comprit qu'il serait condamné à apparaître dans le top cinq des plus beaux mecs de l'école. Son charme s'avérait être davantage un handicap à ses yeux vu la masse de filles qui lui couraient après malgré lui, attisant même quelque jalousie de la gent masculine. Si des garçons de son âge jugeaient que Louis n'avait aucune raison de s'en plaindre, il aurait préféré donner tout son or si cela avait été le seul moyen de ne plus être populaire contre son gré, ou être juste moins attrayant. Il ne cherchait ni à être regardé, ni être admiré pour aucun motif. Quant à ses résultats scolaires, Louis était bon élève grâce à son goût pour les livres et sa mémoire visuelle, rien de plus.

Dans la vie, trois choses comptaient énormément pour lui : sa famille, le Quidditch et les dragons. Le reste n'était que figuratif. Il n'avait qu'une hâte : finir au plus vite ses études pour rejoindre son oncle Charlie en Roumanie et devenir son apprenti. Aucun membre des Weasley ne pouvait dire qui était le plus passionné des deux : Louis avait joué avec des figurines de dragons, lisait des livres de dragons, dessinait des dragons, parlait de dragons (mais uniquement quand quelqu'un était assez fou pour l'interroger dessus), rêvait de dragons…il ne pouvait se lasser de ces reptiles merveilleux. Il rendait d'ailleurs une visite une fois par semaine à Hagrid pour discuter de sa passion, ce dernier évoquant toujours les quelques jours qu'il avait passés avec Norbert, enfin plutôt Norberta, le Norvégien à crête qu'il avait recueilli, vingt-neuf ans plus tôt.

Évidemment, lorsqu'il entra en troisième année il y a déjà trois ans, Louis prit sans hésiter l'option soins aux créatures magiques. Il savait très bien qu'il ne s'occuperait jamais de son plus grand rêve à Poudlard, mais ça lui permettait d'avoir une base avec les animaux et surtout, de parler avec Hagrid. Il avait obtenu huit BUSE et faisait en sorte de se consacrer le plus possible à ses passions et devenir un jour, un dragologue de renom.

- Tu n'en as pas marre de relire ce livre ?

Louis sortit de ses pensées et dévisagea son groupe d'amis, composé de Guilbert Lew, un camarade de Serdaigle et de Connor Zeller à Poufsouffle.

- Je regarde juste des détails pour dessiner la race de l'opalœil des antipodes, répondit Louis à Connor. Les écailles sont particulièrement compliquées à reproduire...

- Ouais bah ne tarde pas trop Louis, je te rappelle qu'on doit finir le devoir de botanique avant le cours de demain, le prévint avec lassitude Guilbert.

Louis haussa les épaules et retourna à son livre, essayant d'enregistrer le plus d'éléments possible.

Ses amis ne comprenaient pas trop son intérêt immense pour ces créatures, mais Louis s'en fichait. De temps à autre, il se demandait si une femme pourrait un jour accepter un homme aussi passionné que lui à ce sujet...après tout, son oncle Charlie était resté célibataire, car il préférait les reptiles aux interactions humaines, du moins c'était ce qu'il répétait dès qu'on lui posait la question... Bien qu'il soit en âge d'avoir les hormones complètement retournées, il avait quand même seize ans passés. Louis ne s'intéressait pas réellement aux filles, n'avait jamais eu de copines, mais il devait admettre qu'il n'était pas vraiment tenté de finir sa vie tout seul... Mais parviendrait-il à trouver quelqu'un qui voyait autre chose chez lui que son physique ?

Plus on est beau garçon, plus on est populaire, c'est une évidence mais nombreuses étaient celles qui pensent que Louis n'était qu'un bourreau de cœur insensible. Sans être un véritable romantique, la deuxième passion de Louis était la poésie (s'il avait su, il aurait pris littérature et philosophie culturelle comme troisième option…) et rêvait, à l'image de bien des poètes, de faire la connaissance de quelqu'un qui arriverait à le chambouler à ce point. Une muse idyllique, mais à la fois si simple et ouverte…mais une fille pareille ne pouvait pas exister et il n'était pas du genre à aller vers la gent féminine. Peut-être que la solitude avait du bon en soi ?

Pendant un instant, il quitta son livre. Sur un des canapés de la salle commune, sa cousine Rose consolait Solange Londubat, qui pleurait à chaudes larmes sur son épaule. Sans doute encore des crétins venus se moquer d'elle, c'était régulier malheureusement. Louis ne supportait pas les personnes aimant faire du mal à ceux qu'ils jugeaient plus faibles qu'eux, cette méchanceté gratuite et cette cruauté dont seuls les êtres humains avaient le secret. À côté, les animaux étaient plus réceptifs et fidèles. Parfois plus intelligents aussi. Et pourtant, c'étaient eux les dangereux, les monstres, les chassés…

- Tiens bon Londubat, pensa Louis avant de revenir sur ses pages. Tu vaux mieux que ça.


Le cours de sortilèges commençait à peine, mais Lily avait déjà la vision égarée sur une table de Serpentard, où était Wilhem Taylor. C'était un garçon qui ne se démarquait pas spécifiquement de ses semblables, mais ce que préférait Lily chez lui, était son sourire. Il était difficile pour la jeune fille de le regarder sans rapidement rougir dès que ce dernier semblait relever les yeux vers sa direction et étant assis devant elle, Lily était libre de le contempler à sa guise.

Les Weasley et les Potter n'avaient jamais été de ceux qui multipliaient les histoires d'amour, du moins Lily ignorait tous les détails. Elle savait, plus ou moins, que Victoire eut quelques flirts avant Teddy, que James avait eu deux copines dont la précédente, Héloïse Dubois, était restée sa meilleure amie. Roxanne, bien que très séductrice, n'avait eu qu'une seule relation officielle avec un garçon de Serpentard pendant moins de six mois jusqu'à leur séparation peu avant le mariage... Mais pour le reste, hormis Dominique dont elle connaissait les raisons de son célibat, mystère total.

Lily n'avait jamais été amoureuse, mais était-ce le cas désormais avec Wilhem ? Elle avait tellement lu d'histoires pour adolescentes évoquant les premiers amours, mais aucun n'expliquait vraiment comment on sentait « réellement » quand ça nous tombait dessus. Lorsque ce n'était plus seulement cette sensation d'attirance ou d'intérêt pour son prochain… Elle n'était pourtant pas comme Solange qui multipliait les romans à l'eau de rose, ni comme quand elle était petite fille avec les contes et les dessins animés (la télévision était un des rares objets Moldus que son père avait introduit à la maison) où elle rêvait de rencontrer l'amour avec un grand A. Malgré tout… ce concept l'obsédait, quand bien même elle n'y comprenait pas grand-chose aux relations. Et puis, treize ans, était-ce trop jeune pour tomber amoureux ?

Dans tous les cas, Wilhem lui trottait de plus en plus dans la tête si bien qu'octobre arriva sans crier gare. Scorpius, malgré leur dernière discussion au saule, lui fichait la paix depuis l'épisode de la volière et Lily ne put s'empêcher d'en être ravie ! En ce moment, il était plus concentré sur le Quidditch avec Albus qu'à l'idée d'être remarqué. Il avait repris un peu de couleur (Rose aurait raconté que l'état de Mrs Malefoy s'était stabilisé et que les chances qu'elle passe Noël avec sa famille augmentaient, selon les dires de Scorpius), mais n'avait en rien perdu sa figure sombre.

Le professeur Flitwick ordonna le début des travaux pratiques pour s'entraîner sur le sort de Finite Incantatem sur différents objets enchantés qui dansaient, sautaient et voletaient autour des tables. Mis par deux, Lily se retrouva avec Mary Nott, Solange avec Esther Zackareux, une blonde au visage chevaleresque et comble de l'ironie, ce fut Hugo qui obtint Wilhem Taylor comme binôme.

Les deux filles ne dirent aucun mot une fois assises à la même table, elles échangèrent un regard silencieux avant de se mettre au travail, mais Lily fut rapidement bloquée dès que les exercices les plus faciles étaient passés. Un gros grimoire qui retombait lourdement contre la table au rythme d'un métronome refusait d'être désenchanté et après quatre essais laborieux, Lily était à bout de patience.

- FINITE ! rugit-elle avec colère avec un coup sec de baguette.

- Attends, la coupa Mary dans un nouveau mouvement. Je crois que tu fais mal les gestes.

Lily en fut choquée : c'était la première fois qu'elle entendait véritablement le son de sa voix. Mary était une des meilleures élèves des Serpentard, mais elle ne participait que très rarement. Quand Lily la croisait quelquefois au moment des pauses, elle était toujours sur ses devoirs ou en train de lire un livre. Comme Malefoy, elle possédait des cheveux blond platine, longs, des yeux clairs aux nuances grisées et un visage aussi blanc que de la porcelaine, uniquement contrasté par ses joues légèrement rosées.

- Tu mélanges les étapes, continua-t-elle. Tu donnes un coup en trop et le mouvement est davantage sur la droite et ta poigne doit donc être plus ferme.

- Oh euh...merci, répondit Lily, un peu déstabilisée tout en réajustant sa baguette.

- Réessaye, enchaîna Mary.

Lily acquiesça et refit le sort, en le récitant cette fois en entier. Au deuxième essai, le grimoire se calma et cessa ses bonds, sous les applaudissements du professeur qui vint vers les deux jeunes filles.

- À votre tour maintenant, Miss Nott, dit Flitwick après avoir conseillé Lily sur ses gestes.

Mary reprit sa baguette, se concentra quelques instants puis prononça la formule en direction d'un autre objet. Du premier coup, les jambes de l'encrier disparurent avant que ce dernier ne réussisse son saut de l'ange. Lily applaudit doucement avec le professeur tandis que Mary murmura un « merci » presque inaudible.

À la fin du cours, alors que Mary rangeait ses affaires et s'apprêtait à partir, Lily, prise d'un élan soudain, finit par la rattraper dans le couloir à peine la porte de sa classe franchie.

- Attends...euh...

- Oui ? me demanda-t-elle, vaguement surprise, mais en gardant une expression insipide tandis que Lily cherchait ses mots.

- Hum...merci pour tout à l'heure. Pour m'avoir aidé avec le sort.

- Rien d'exceptionnel…enfin vu que je suis une Serpentard, d'un point de vue de Gryffondor, j'imagine que ça doit être un exploit.

Lily ne put s'empêcher de roussir face à cette pique, mais l'évènement de la volière lui revint en mémoire et elle enchaîna aussitôt :

- Et aussi…désolé du spectacle de la dernière fois, avec Malefoy…je n'ai pas été très…

- Discrète ? Tolérante ? Humaine ? coupa Mary, froide. Oui, plus ou moins, mais ce n'est pas à moi que tu dois des excuses, mais à mon cousin.

- Que…Scorpius est ton cousin ?! s'étouffa presque Lily.

- Par nos mères, elles sont sœurs.

- Voilà qui explique la grande ressemblance, pensa sombrement Lily qui devint de plus en plus mal à l'aise.

- Vu que ton frère et ta cousine sont amis avec Scorpius, je ne t'apprends rien sur l'état de ma tante, poursuivit Mary. C'est très gonflé de ta part cette absence d'esprit critique quand on sait d'où tu viens. N'est-ce pas Harry Potter qui a tant défendu mon oncle et sa mère à leurs procès ? Je pensais que toi et les autres de ton genre seraient capables d'en tirer des leçons au lieu de continuer de nous traiter comme des boucs émissaires idéals…

Lily déglutit, les Nott lui étaient un peu inconnus, cela restait une famille Sang-Pur, mais elle ignorait leur rôle exact durant les guerres sorcières.

- Enfin bref, trancha Mary en redressant son sac sur son épaule. Vu la santé de sa mère, Scorpius n'a pas l'énergie à t'envoyer balader et je ne mêle habituellement pas de ses problèmes, mais la prochaine fois, évite au moins de lui dire ce genre de chose sans réfléchir et surtout dans un contexte pareil…

- Tiens, mais regardez ça, Nott qui lèche les pieds de Potter !

Les deux filles se retournèrent et firent face à Madison Moore et Milly Samsom, deux Serpentard de leur année, que Lily détestait. Pimbêches, persécutrices et pédantes, elle et leur autre amie, Kimberley Drike, trois « p » qui avaient donné l'idée à Lily de les surnommer secrètement « les trois pestes » (Solange opta pour « les trois vipères » et Hugo une insulte en « p » si grossière que ni Lily ni Solange n'osaient le répéter à voix haute), elles représentaient le pire de ce qui se faisait à Serpentard.

- Je ne suis pas du genre à lécher les pieds de quiconque, répondit tranquillement Mary. On n'a plus le droit de discuter entre camarades ?

- Oh je t'en prie, c'est Lily Potter, gloussa Madison. Fais attention à ce qu'elle ne t'envoie pas à Azkaban juste parce que tu respires le même air qu'elle.

- Entre elles et ses frères, je ne sais pas qui est le plus pitoyable, ajouta Milly. En même temps, c'est ça quand on se mélange à des Sang-de-Bourbe ou des traîtres à leur sang.

Du feu monta en flèche sur les joues de Lily, incapable de répondre, tétanisée. Elle vit du coin de l'œil Mary qui semblait la prendre misérablement en pitié. Lily savait qu'elle devait réagir, elle le savait et le voulait, mais son maigre courage l'avait abandonné et toutes les punchlines que lui dictait son cerveau paraissaient ridicules en comparaison du venin qu'on venait de lui lancer au visage.

- Fouillez votre arbre généalogique et on en reparle, reprit Mary en les regardant de haut. Laissez Potter, vous n'avez que ça à faire ?

- Tu es son avocate Nott ? pouffa Moore. Potter est trop petite pour se défendre toute seule ?

- Pathétique, renchérit Samsom, c'est ça de nos jours les Gryffondor ? Oh comme papa et maman doivent être si déçus !

- Dis-moi Potter, tes cheveux, en réalité, ce sont des vrais ? Tu t'en occupes au moins ? observa la Serpentard brune en jouant avec les mèches de Lily avec le bout de sa baguette. Nan, mais parce qu'ils sont tellement moches qu'on pourrait se poser la question…ça et la couleur.

La tête baissée, Lily fit un pas en arrière, maudissant la chevelure rousse héritée de sa mère. Elle repensait à son complexe au mariage ainsi que la remarque de Scorpius sur sa robe et ses cheveux… Il l'avait bien roulé et elle avait été assez bête pour l'avoir presque cru. Elle avait eu raison et ces vipères aussi, ils étaient catastrophiques, plats et sans saveur.

- C'est plutôt vous qui êtes pathétiques ! renchérit Mary, perdant presque son visage dénué d'expression. Vous avez quel âge, elle ne vous a rien fait !

- Oh pas besoin, ose nous dire qu'elle ne l'a pas méritée, cracha Samson. On sait ce qu'elle pense de nous, les vilains petits Serpentard. Elle nous méprise, elle avec sa famille si parfaite et célèbre, à nous vomir à quel point on leur doit tout !

- Très mature, siffla Mary. Si vous n'aidez pas à la réputation de Serpentard, ce n'est pas la peine de pleurer.

- Détends ta cravate Nott si tu ne veux pas avoir des problèmes toi non plus, menaça de son regard perçant Moore.

Lily s'attendait à une nouvelle attaque de Mary mais elle n'en fit rien et eut un léger mouvement de recul à peine perceptible. Un mélange de déception et de sensation d'abandon gagna la jeune fille.

- Ce n'est pas comme si Potter valait grand-chose de toute façon, revint à la charge Kimberley Drike, qui se mêla à son tour au cercle. Vous avez vu en plus avec qui elle traîne ? Avec cette petite chouineuse de Londubat !

- Elle n'est même pas capable d'avoir de vrais amis à part ceux de sa famille, amplifia Moore. Oh, pauvre Lily Potter, personne ne veut d'elle, snif, snif !

- Quel déchet ! ricana Kimberley Drike suivie des deux autres.

N'ayant plus aucune patience, Mary sortit sa baguette et la pointa devant les trois vipères.

- Excusez-vous maintenant, menaça-t-elle avec le plus grand calme et mépris.

- Ouh j'ai peur Merlin ! se moqua Kimberley d'une voix aiguë sous les jacassements. Et c'est quoi la suite après ça, Nott, appeler ta vieille famille mangemort à la rescousse ?

Miraculeusement, Hugo, accompagnée d'une Solange à moitié cachée derrière lui, arriva près de Lily et Mary.

- On peut savoir ce qui se passe ? demanda Hugo les sourcils froncés avant de regarder les trois vipères avec colère.

Mary, fixant avec sévérité les trois filles, baissa simplement sa baguette sans un mot avant de la ranger dans la poche de sa robe.

- Rien d'important, répondit-elle en retrouvant sa voix neutre. Juste des idiotes en manque d'attention qui s'en prennent à Potter.

- Ça va Lily ? s'inquiéta aussitôt Hugo.

- TRÈS BIEN, lâcha cette dernière un peu trop violemment, s'efforçant de ne pas fondre en larmes.

Lily contourna le trio des vipères et partit sans se retourner ni attendre ses amis. Mais avant de quitter les lieux, elle entendit distinctement la voix de Moore lui crier :

- Je ne savais pas qu'on récupérait les lâches maintenant à Gryffondor, bébé Potter ? Allez, va pleurer dans les capes de tes parents…ah non c'est vrai ils ne sont jamais là ! Trop occupés à sauver le monde en se rendant intéressant ! Tu ne sers à rien de toute façon, même eux ne veulent pas de toi !

Il en fallut de peu à Lily pour ne pas faire demi-tour et s'attaquer de rage à Moore et à sa bande…mais elle en était en réalité incapable, pas au-delà de son imagination. Elle n'était bonne qu'à pleurer, les larmes menaçaient de tomber et elle refusait de leur donner satisfaction. Elle accéléra le pas en ignorant Hugo et Solange restés derrière, pour se réfugier dans le seul endroit où ses sanglots seront masqués par des différents gémissements : les toilettes du deuxième étage, celle de Mimi Geignarde.

Le soir, Hugo glissa à demi-mot que les trois pestes eurent des points en moins vu que leurs insultes avaient été entendues par Flitwick, mais cette information ne plaisait aucunement Lily. Son cousin n'avait pas posé de questions sur ce qui s'était passé avec les Serpentard, car il devait se douter que Lily ne lui dirait rien à ce sujet. Elle essayait d'oublier tous ces reproches qui s'accumulaient de plus en plus depuis le mariage, mais ils résonnaient toujours en écho dans sa tête. Merlin merci, peu de gens avaient été présents à ce moment-là, lui évitant une humiliation supplémentaire. Même la satisfaction d'avoir été secourue, peut-être à contrecœur, par Mary Nott, ne signifiait rien contre la douleur que tous ces mots lui procuraient. Car finalement, elle ne valait guère mieux que la description peu flatteuse attribuée par les vipères ou par Scorpius.

- Ils ont tous raison, pensa amèrement Lily une fois enfermée dans son dortoir. Je suis pathétique…


Et voilà c'est fini pour aujourd'hui !

Comme toujours, vous êtes libres de commenter ou de m'envoyer un petit mp ^^

On se retrouve, comme toujours, jeudi prochain, pour le chapitre 4 Emotion

A bientôt !