Bonjour à tous.

J'espère que vous allez bien, du moins mieux que moi. Voici sans plus tarder le chapitre 4

Bonne lecture !


Chapitre 4 : Emotion

Les jours passèrent d'une vitesse monotone, la pluie et les nuages gris arrivèrent plus rapidement que prévu. Adieu les fins d'après-midi au saule et bonjour bibliothèque silencieuse remplie d'étudiants ou les salles communes bondées. Les joueurs de Quidditch revenaient de plus en plus trempés et avec les chaussures pleines de boues ce qui faisait hurler le concierge et depuis, il doublait de sévérité à la moindre salissure laissée par certains inattentifs.

Halloween avait également été fêté comme voulait la tradition depuis plus d'un siècle et c'était la seule soirée où les élèves avaient, avec parcimonie, le droit de se déguiser, que ce soit avec du maquillage ou une potion éphémère défigurante, tout en tachant les uniformes (plus personne n'osait les déchirer depuis une grève des elfes quelques années plus tôt). En plus du banquet décoré de citrouilles volantes, de dizaines de chauves-souris ou des spectres qui faisaient leur incontournable danse macabre, il n'était pas rare que des nuits blanches soient organisées dans les salles communes où multiples étudiants se contaient des légendes à dormir debout.

Lily et Hugo y avaient participé durant leurs deux premières années, mais ils avaient été déçus des mêmes anecdotes racontées. Il y avait l'éternel troll des montagnes qui hantaient les toilettes des filles, la classique attaque de loup-garou dans la cour et bien sûr, l'inévitable fantôme de basilic sifflant dans les couloirs. Plus original, il y avait la fable du spectre de la mort cachée dans une des armures de Poudlard ainsi que le calamar géant qui sortirait de son lac exceptionnellement, prêt à croquer les promeneurs nocturnes. Le mythe des étudiants décédés durant la bataille de Poudlard où les cris agonisants résonneraient à quatre heures du matin fut vraiment de mauvais goût pour les deux plus jeunes cousins et ce fut sur ce récit qu'ils décidèrent de ne plus jamais y participer.

Un vendredi soir, la veille du premier match de Quidditch de la saison, alors que Hugo et Lily étaient concentrés sur un nouveau sort de métamorphose à pratiquer, Roxanne entra en trombe dans la salle commune, les cheveux trempés, suivit de James et de Lucy, puis des membres de l'équipe de Gryffondor derrière eux.

- Hé Lily, Hugo ! Venez voir !

Elle semblait comme sous le choc, ce n'était donc pas un énième potin de l'école cette fois. Déconcertés, les deux plus jeunes s'approchèrent et s'insérèrent dans le demi-cercle formé par les Gryffondor de leur famille.

- Je…j'ai reçu une lettre, baissa la voix Roxanne un peu tremblante. Ce…c'est Fred !

- Fred ?! s'exclamèrent les quatre autres.

Lily avait presque perdu espoir à l'idée d'avoir des nouvelles de son cousin. Cela faisait plus de trois mois maintenant qu'il avait décampé.

- Il…il va bien ? balbutia James qui retenait sa respiration. Que dit-il ?

- Euh…pas grand-chose en réalité, avoua Roxanne mal à l'aise tandis qu'Hugo et Lucy prirent le parchemin pour la lire en silence. Il serait à Cambridge, mais il n'a pas donné vraiment d'adresse donc je suppose que je ne peux que dépendre de sa chouette pour répondre… Il vivrait dans un studio et grâce à un contact du ministère, il a pu s'installer dans le monde Moldu avec un faux dossier.

- C'est possible ça ? questionna Lily qui commençait par être dépassée par les évènements.

- Oui, mais c'est complexe, lui répondit Lucy. Maman m'en a parlé, avant lorsque quelqu'un quittait la communauté magique, il devait se débrouiller tout seul pour s'en sortir. Maintenant, tu as des administrations qui peuvent t'aider à t'intégrer, surtout si tu comptes utiliser ta baguette et garder des liaisons sorcières, mais il faut pas mal d'ingéniosité quand tu n'es pas accompagné…

- Il ne m'a pas dit dans quoi il était, continua Roxanne à voix basse, mais il semble s'y plaire. Il m'a également prié de ne pas en parler aux parents pour l'instant, il préfère leur écrire quand il sera prêt. D'ailleurs, vous allez recevoir aussi une lettre, James et Lucy, mais plus tard. En tout cas, il aimerait vous rassurer et qu'il donnerait petit à petit des nouvelles, sauf à Molly, on se demande bien pourquoi, et qu'il comptait contacter Teddy et Victoire pour s'excuser de son absence au mariage…

- Wouah…fit Hugo une fois sa lecture terminée. Au moins, on sait qu'il va bien et qu'il ne nous en veut pas.

- Il est encore pas mal remonté contre mes parents, surtout mon père, dit Roxanne le souffle court. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il…

- Respire Roxanne, s'approcha James de sa cousine en voyant son visage bouleversé. C'est une bonne chose qu'il a réussi à nous écrire.

- Qui sait, peut-être qu'il pourrait revenir ? proposa Lily avec espoir.

- Franchement, je ne pense pas que ce soit tout de suite, contredit Lucy avec une moue. On dirait qu'il lui reste de la rancœur donc vaut mieux lui laisser du temps…

- C'est compréhensible, hocha la tête James. Il est courageux en tout cas…

- Pas comme ceux de chez nous, conclut sombrement Roxanne.

Lily la fixa quelques instants. Sa cousine devait également ressentir la même chose envers son père, sa mère et sans doute aussi avoir des griefs sur différents membres de la famille, mais pas uniquement pour ce qui se passe avec Fred, visiblement. Si ce dernier, à l'époque, n'était guère bavard sur les conflits chez les Weasley-Johnson, c'était pire avec Roxanne.

- À qui penses-tu ? requit Lucy en lui rendant sa lettre. Ce n'est pas de notre faute ni de nos parents si Fred a décidé de partir.

- Ils ont quand même fermé les yeux sur le comportement de mon père et ma mère envers Fred, ils sont tout autant concernés, maugréa Roxanne. Tous à observer et à juger, mais sans prendre la peine d'agir quand il y a un véritable souci. Famille de Gryffondor, tu parles ! Ni courage ni honneur ! Ce n'est pas comme si Fred était le premier à en souffrir en plus, il n'y a pas un foyer Weasley sans qu'il n'y ait un problème quelque part !

- Tu exagères, il y a des exceptions, contesta timidement Lily avant de se stopper en se souvenant de la confession de Dominique et le conflit entre les deux sœurs : oncle Bill et tante Fleur avaient-ils été réellement aveugles à ce sujet ou était-ce volontaire d'ignorer la détresse de Dominique et la rivalité qui séparait leurs filles ?

- Lily n'a pas tort, appuya Hugo pour venir à sa rescousse. Regardez Rose et moi, ainsi que mes parents, hormis leurs disputes à eux, ni elle ni moi n'avons jamais posé de soucis.

- Et dans ma famille aussi ! reprit vivement Lily.

- Pour l'instant, lança Roxanne avec un rire amer.

- Vous oubliez le scandale quand Rose et Albus sont devenus amis avec Malefoy, rappela James. Ça et le fait qu'Al se renferme pas mal également avec mon père ou ma mère, qui ne sont pas toujours là pour lui demander ce qui se passe. Et puis il y a aussi…

Il se coupa brusquement, hormis Lily, personne n'y fit guère attention, chacun plongé dans leurs pensées.

- Aussi quoi ? insista sa sœur, perplexe.

- Non rien, se détacha le plus âgé en secouant vivement la tête. J'avais fini ma phrase en fait.

Troublée par ce dialogue, Lily garda les sourcils froncés, cherchant dans les yeux de James, un quelconque indice de ce qu'il avait presque laissé échapper.

- Et sinon, lança Hugo pour changer de discussion. Ça s'est bien passé l'entraînement ?

- Compliqué avec la pluie, répondit James qui se détendait peu à peu. Mais je peux affirmer que nous sommes prêts pour affronter les Serpentard dans une semaine !

- Tu penses capable de battre Albus et Scorpius ? enchaîna Lily, quelque peu réservée.

- Évidemment que oui ! Je suis bien meilleur qu'Albus au Quidditch ! Ça fait depuis ma deuxième année que je joue, lui est beaucoup moins expérimenté ! Tu crois quoi, qu'ils me font peur ? Malefoy, vu son état, n'est qu'une mouche, on ne peut que gagner face à eux ! La coupe restera à la maison cette année et il n'en est pas autrement ! L'équipe est nickel, Henri Martinez n'est pas aussi doué que l'était Fred, mais il se débrouille bien avec Oliver Coot. Et Willow Moncky, aucun problème, on a une bonne alchimie avec elle et Lucy !

- Totalement, acquiesça Lucy avec entrain. On va les battre et à plate de couture !

- Bien dit ! s'exclama Roxanne qui avait retrouvé le sourire.

Si Rose avait été là, Lily était persuadée qu'elle aurait fait un scandale face aux propos de James. Elle-même n'approuvait pas ce qu'il avait déclaré, par respect pour Albus et si elle n'avait pas gardé en tête les dernières insultes de Malefoy à son égard, elle aurait été tentée de prendre la défense du garçon. Après tout, sa mère allait mal, il était compréhensible s'il avait des difficultés à jouer. Quant à Albus, du peu qu'elle l'avait observé à la maison, il se débrouillait plutôt bien, mais avait juste une manière de voler différente de celle de James.

C'était dans ce genre de discussion que Lily voyait à quel point les petites guerres entre ses frères étaient stupides. Bien que souvent les disputes demeurent fraternelles, un rien provoquait une altercation, c'était tout et n'importe quoi. Sa mère lui avait expliqué l'année dernière qu'elle avait l'impression qu'ils se battaient pour savoir lequel rendrait leur père le plus fier, tout en étant mutuellement jaloux. Lily n'avait aucune idée si cette hypothèse était bonne ou non, mais elle ne voulait en aucun cas s'en mêler. Il n'y avait que des garçons pour réagir comme ça…

Mais à l'inverse, Lily avait cette sensation qu'aux yeux des autres, elle n'avait rien à prouver et elle doutait que ce soit pour le mieux… Se contenter d'envier ses cousins de loin et de ne rien faire d'exceptionnel, ce n'était pas un peu pathétique ?

- Ça ne va pas Lily ? lui demanda Hugo en voyant qu'elle avait l'esprit ailleurs.

- Si si, se reprit-elle en se redressant. Je pensais juste que James n'était pas très…

-Fair-play ? Évidemment, tu le connais, haussa les épaules Hugo en retournant à leur table et leurs devoirs. Il ne peut pas s'en empêcher de prendre très facilement la confiance, et encore plus maintenant qu'Al est son adversaire.

Lily acquiesça discrètement et tenta de revenir à son exercice, mais le cœur n'y était plus. Elle avait l'esprit brouillé face aux nouvelles de la journée ainsi que sur les réflexions habituelles.

- Je crois que j'ai assez travaillé pour aujourd'hui, je n'ai plus la tête à ça...conclut Lily en reposant sa baguette contre son livre de métamorphose.

- Ok tant mieux ! J'en avais marre aussi ! avoua Hugo, soulagé.

Ils rangèrent leurs affaires et s'installèrent tous les deux sur un des derniers canapés disponibles de la salle commune. Hugo ouvrit la gazette du sorcier tandis que Lily fixait le feu, de nouveau perdue dans ses pensées, le visage de Fred hantant une partie de son esprit.


Le lendemain inaugurait le premier match de la saison de Quidditch, l'habituel Gryffondor contre Serpentard, qui sera suivi à la fin du mois par celui de Poufsouffle contre Serdaigle. Mais celui-ci était dans l'ombre du premier à cause des traditionnels conflits entre la maison du griffon et du serpent. Ce n'était qu'une fois la compétition reprenant après la pause hivernale, en février, que chaque affrontement avait intérêt égal l'un comme l'autre, excepté les derniers, en avril et en mai, où les équipes se disputaient avec hargne les places du podium.

Aux onze heures habituelles, tous les élèves de l'école s'installèrent sur les gradins du grand stade et attendaient le début du match. Les supporters Gryffondor et les Serpentard étaient déjà en guerre pour savoir qui soutenait le mieux sa maison en hurlant le plus fort possible. Parmi les Poufsouffle, les bannières étaient majoritairement rouge et or tandis que chez les Serdaigle, les couleurs étaient plus partagées. Dans un élan de solidarité, Hugo, Solange et Lily avaient décidé de prendre un drapeau Serpentard malgré leur appui aux lions évident. Solange, accompagnée de Rose et Louis, quitta son gradin respectif pour rejoindre celui de Gryffondor et regarder le match ensemble. Cela permettait à tous d'être avec leur famille pour les deux Weasley et ne pas être toute seule dans sa maison pour Solange.

Soudain les acclamations devinrent plus fortes, les sportifs arrivèrent, leurs balais à la main, entourés de Madame Bibine qui arbitrait comme chaque année, et ce, depuis l'époque de leurs parents.

- Les capitaines, serrez-vous la main s'il vous plaît ! s'exclama-t-elle après avoir lancé un « Sonorus » pour être entendue.

Avec un sourire narquois, James fit de son mieux pour broyer les doigts du chef de l'équipe de Serpentard. Du haut de son gradin, Lily remarqua que Scorpius était le seul à avoir le visage rivé au sol. Heureusement, elle ne semblait pas la première à avoir aperçu cette étrangeté, car Frank Londubat avait l'air de fixer le garçon, mais Lily était trop loin pour voir ce qu'il exprimait réellement. Quelques instants plus tard, le coup de sifflet de début de la partie résonna et les quatorze joueurs s'envolèrent, avec Serpentard qui récupéra le souaffle.

- Bonjour à tous et à toutes, Héloïse Dubois au rapport ! Nous commençons notre traditionnel tournoi de Quidditch avec le match opposant les Gryffondor contre les Serpentard ! Cette année, l'équipe de Gryffondor son nouveau leader, à savoir le célèbre James Potter ! Il remplace désormais notre cher Robin Marcs, désolé mesdemoiselles, et son rôle de poursuiveur est repris par Willow Moncky. Nous avons également perdu le regretté Fred Weasley, sa place de batteur revenant donc à Henry Martinez. Côté Serpentard, au même poste, nous avons Jason Zabini qui succède à Calvin Lear, Kathleen Tiger accède après des années de suppléance, en tant que poursuiveuse après le départ de Donovan Flint et son ancien titre de capitaine appartient dorénavant à son coéquipier, Marley Comstock !

La foule, déjà surexcitée, applaudissait bruyamment. Du côté du stade, Gryffondor parvint à kidnapper le souaffle avec Lucy qui filait entre les membres de Serpentard.

- Comme vous pouvez le voir, nous assistons enfin au premier match entre les deux Potter. Gryffondor contre Serpentard, poursuiveur contre attrapeur, frère contre frère, ce match promet d'être épique !

- Héloïse aurait pu se passer de ce type de commentaire, grinça Rose tandis que les cris de joie résonnaient de tous les gradins. Quel intérêt de rappeler ça à part renforcer leur rivalité ?

- Laisse tomber Rosie, lui répondit Hugo en roulant des yeux après que des filles hurlèrent le prénom de James et de Frank alors que le souaffle était désormais dans la main d'une des joueuses de Serpentard.

- Premier but de la part des Serpentard ! Dix à zéro !

Les Gryffondor grognèrent sur le coup sous les acclamations des Serpentard. Willow récupéra la balle et fonça droit devant elle, Lucy juste derrière, prêt à ralentir le moindre poursuiveur. Les longs cercles de Serpentard s'approchèrent, Scorpius observa Willow, elle lança le souaffle et...

- But ! Ça alors, le gardien des Serpentard n'a même pas bougé d'un centimètre pour le bloquer ! Score de dix à dix.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Louis tandis que les Serpentard huaient Malefoy. D'habitude, Scorpius est agile, il nous l'a prouvé l'année dernière et le tir pouvait facilement être renvoyé. Pourquoi n'a-t-il pas fait en sorte de l'arrêter ?

- On s'en fiche ! lui lança Roxanne, après avoir pesté sur un des batteurs de Serpentard qui avait bousculé violemment James. S'il n'est même pas capable de retenir les coups de Gryffondor, la victoire est à nous !

- Roxy ! gronda Rose tandis que Serpentard marquait son deuxième but. Comment oses-tu dire ça ? Scorpius est déjà mal en point à cause de sa mère, ce n'est pas de sa faute !

- Mais je croyais qu'elle allait mieux ? interrogea Lily qui essayait de se souvenir des dernières nouvelles à ce sujet.

- Elle a eu une rechute…fit Rose avec une petite voix, ayant perdu toute colère.

Hugo, Solange et Lily échangèrent un regard inquiet, ne sachant quoi penser. Si Rose elle-même avait cet état, c'était que Mrs Malefoy devait être dans un stade bien pire qu'à l'époque de la rentrée. Les paroles de Scorpius lors de leur dispute revinrent brutalement dans les réflexions de Lily, mais elle secoua vigoureusement la tête pour les chasser. Ce n'était pas le moment de culpabiliser.

- Dans ce cas, tenta timidement Alice, pourquoi ne pas avoir demandé qu'on le remplace, si Malefoy n'a pas le cœur à participer ?

- Je le connais, il est trop fier pour cela, marmonna Rose en se recentrant sur le match. Il voulait absolument jouer contre James avec Albus.

Au même moment, Scarlett Origan, l'attrapeuse des lions, surveillait attentivement Albus. Il disposait d'un meilleur balai qu'elle, elle préférait l'avoir à l'œil, d'autant plus qu'elle ignorait réellement ce dont il était capable sur le terrain. James donna la balle à Willow qui évita un cognard, arriva près des anneaux, tira et marqua ainsi le second point de l'équipe sous la passivité de Scorpius qui planait péniblement sur son manche.

Un quart d'heure après le début du match, Scorpius avait laissé passer trois buts et n'en avait retenu que deux, presque par miracle. L'inaction de Scorpius provoquait une perte de patience chez les joueurs de Serpentard. Furieux, ils devinrent de vraies bêtes sanguinaires sur le terrain, enchaînant les fautes et penalties. Au total, Gryffondor menait de cinquante à trente.

- Allez Scorp', reprends-toi, gémit Rose en voyant un énième souaffle qui fut cédé par Scorpius.

- Il me fait vraiment de la peine, chuchota Solange. Il paraît tellement malheureux qu'on dirait qu'il va tomber de son balai.

- Tu m'étonnes…hocha gravement la tête Hugo.

Lily, les joues rouges, ne put que baisser le regard.

Durant une courte mi-temps, Albus était le seul joueur qui parlait à Scorpius, le reste de l'équipe, sous la colère, avait décidé de l'ignorer. Il était impossible de savoir si son frère essayait de le raisonner ou s'ils se disputaient. James, pendant ce temps-là, était fier comme un coq, voyant déjà la victoire lui revenir et son comportement agaça de plus en plus Lily. Ne pouvait-il pas se rendre compte de l'état de Malefoy et ne pas autant s'en réjouir ? Même elle qui le détestait ne pouvait pas s'en empêcher de s'en préoccuper, l'inquiétude de Rose étant très communicative.

Le match reprit cinq minutes plus tard et James tournait autour de ses coéquipiers en leur envoyant différents ordres. Soudain, en apercevant Albus, il s'élança vers lui. La suite fut difficilement compréhensible, mais apparemment, James l'aurait nargué et le plus jeune, fou de rage, stoppa sa recherche du vif d'or et aurait volontairement foncé sur son aîné avec une telle violence que les deux manquèrent de tomber de leur balai.

- FAUTE ! siffla sévèrement Madame Bibine. Un penalty pour Gryffondor !

- Allons James, attend la fin de la partie avant de fêter la victoi…oui Monsieur, j'arrête tout de suite excusez-moi, eut une petite voix soudainement Héloïse, après s'être fait strictement réprimandée par le professeur Flitwick. Albus Potter repart donc chercher le vif d'or, reprit-elle normalement, tandis que Lucy Weasley tire un coup franc et… Ah dommage ! Il échoue de peu, car Scorpius Malefoy était là pour le retenir, il ne laisse plus rien passer comme auparavant. Le gardien de Serpentard semble enfin s'être réveillé, promettant peut-être une manche plus intéressante !

De son côté, James tâchait de se remettre dans le match, lui aussi visiblement en colère (Lily soupçonna une insulte d'Albus durant leur altercation). Lorsqu'il s'élança pour marquer, il donna un violent coup en visant non pas les buts, mais Scorpius lui-même qui, perdant l'équilibre, vacilla dangereusement et se cogna brutalement le torse contre l'un des anneaux dans un grand bruit sourd.

- JAMES ! hurlèrent Rose et Lily en cœur.

- FAUTE ! scanda furieusement Madame Bibine ! Un penalty pour Serpentard ! Veuillez jouer correctement Monsieur Potter, votre attitude est intolérable !

- Le capitaine des Gryffondor a voulu faire tomber le gardien des Serpentard avec le souaffle ! narra Héloïse un peu sous le choc. Scorpius Malefoy semble ne pas être blessé, oui Marley Comstock le confirme d'un geste ! Mais quelle erreur de la part de James Potter d'avoir été si violent ! Les frères Potter ont-ils tous les deux perdu l'esprit ?

James se fit insulter par une foison Serpentard, et même de sa place, Lily réussit à voir l'expression furieuse qu'Albus lui lança. James, rouge de colère (à moins que ce soit de honte ?), préférait parler à Lucy, sans doute pour se calmer. Une fois assurée que Scorpius pouvait tenir sur son balai, Ashley Higgs tira le penalty et Frank le loupa de peu.

- James est un complet crétin ! rugit Rose, clairement non remise du geste de son cousin. Il aurait pu le tuer, Scorpius pouvait se briser les os ou un membre sur les poteaux !

- Il est en tort, je l'admets, dit Louis calmement. En revanche, Albus n'aurait pas dû répondre à sa provocation, il sait bien que ça se finit généralement mal avec James…

- De plus, quand bien même James fait le fier, ajouta Hugo, les Serpentard, malgré l'état de Scorpius, ne jouent pas comme il le pensait, il les a sous-estimés !

- Ça l'apprendra à se croire meilleur que tous, blâma Lily, ne réalisant toujours pas ce qu'elle avait vu.

Pour la première fois de sa vie, elle avait eu également peur pour Scorpius. Cela n'avait duré que quelques secondes, mais suffisamment pour en être perturbé. Pitié, que sa mère aille mieux par on ne sait quelle magie ou potion pour qu'elle cesse de compatir sur son sort pour tout et n'importe quoi…

- Et où est ce fichu vif d'or ? râla Roxanne avec impatience.

- Il ne devrait pas tarder, observa Alice tandis que Willow marqua, passant donc de soixante à quarante.

Scorpius, encore étourdi par sa presque chute, eut du mal à reprendre ses esprits, ce qui, et cette fois de manière involontaire, lui fit perdre un nouveau but, lancé par Lucy. Le score était désormais de soixante-dix à quarante.

- Oh, regardez ! Albus Potter se précipite vers le bout du terrain chez ses adversaires. Aurait-il vu le vif d'or ? s'écria soudainement Héloïse.

Tout le monde se concentra sur Albus, qui fut suivi de près par Scarlett, volant à fond la main tendue. Même leurs équipes jouaient au ralenti, focalisées par la confrontation entre les deux attrapeurs.

- Allez Scarlett ! hurlèrent les Weasley sauf Rose qui restait en colère, ainsi que Solange et Lily qui observèrent sans un mot.

Les deux adolescents étaient désormais côte à côte, même si Scarlett peinait à égaler Albus. Le vif d'or était tout proche, leurs deux bras en parallèle devant eux quand soudain...

- Et c'est Serpentard qui gagne le match !

Il eut pendant un instant un silence confus dans le gradin des Gryffondor, leurs joueurs planaient comme des oiseaux sous Immobilis, ébahis par ce qu'il venait de se passer. Scorpius retrouva Albus sur le sol et ils s'étreignirent, le jeune Potter ayant le visage triomphant tandis que le reste de leur équipe hurlait de joie dans les airs. Les supporters de Serpentard applaudissaient à tout rompre, certains envahissaient déjà le terrain.

- On a… perdu ? demanda Alice, choquée.

- Euh...et bien oui, lui répondit sa sœur, sonnée.

Scarlett, qui planait misérablement à l'endroit où Albus avait attrapé le vif d'or, fondit en larmes et fut rejoint par Frank et Oliver pour la consoler. James, en colère, atterrit et balança avec violence son balai par terre. Il quitta le terrain à grands pas, suivi par Lucy qui lui courut après, Willow un peu plus loin, récupéra leurs montures et les posa contre un coin d'un des gradins avant de s'asseoir sur la pelouse, comme une enfant égarée.

- Bon bah... c'est fini, admit Roxanne, dépitée.

- Ouais...c'était un match...intéressant, ajouta Louis, restant perturbé par ce qui venait de se passer.

- C'était surtout un match stupide ! Je vais tuer James ! pesta Rose. Comment ose-t-il jouer de cette manière ?! En tant que capitaine en plus ! J'espère qu'oncle Harry va bien le remettre à sa place ! Il n'a que ce qu'il mérite ! Quel mauvais perdant, aucun respect !

- Rose, calme-toi, dit doucement son frère. Scorpius n'est pas blessé et c'est le principal. Laissons James se détendre et Lucy pourra sans doute l'aider un peu à se reprendre…

Lily acquiesça discrètement, le champ de vision entièrement dédié sur ce qui se passait sur le terrain. La moitié des membres de l'équipe de Serpentard étaient félicités par les étudiants de leur maison, même par celles qu'ils combattraient aux prochains matchs. Une petite bande de filles de Poufsouffle se dirigeait Albus et Scorpius, et l'une d'elles, une blonde aux cheveux courts, fondit directement sur le deuxième Potter puis l'embrassa passionnément. Albus, visiblement surprit, se crispa avant de l'enlacer et stoppa doucement le baiser sous les sifflements de divers élèves.

- Je rêve ! Al a une copine ! s'exclama Lily. La blague ! Je n'arrive pas à y croire, vous avez vu ça, Hugo, Solange...Solange ?

Du coin de l'œil, Lily remarqua que son amie s'était figée. Les yeux écarquillés, les lèvres entrouvertes et légèrement tremblantes, rivés sur le stade. Voyant qu'elle se faisait fixer par Hugo et Lily, Solange se reprit et dit rapidement :

- Je vais voir Frank...à plus tard !

Et elle s'enfuit aussitôt avant que quiconque ne parvienne à ajouter le moindre mot. Lily regarda Hugo sans comprendre, mais celui-ci haussa les épaules, tout aussi perdu que sa cousine. Quelle mouche l'avait piqué ?


Ce fut un matin de novembre, plus de deux semaines après le match, que Lily sut que c'était la fin pour la mère de Scorpius. Lors d'un petit-déjeuner, Minerva McGonagall s'était levée de la table des professeurs pour aller le rencontrer, l'expression grave. De sa place, Lily vit le visage de Malefoy perdre le peu de couleurs qu'il lui restait. Il avait quitté la Grande Salle avec la directrice, suivi de Mary Nott, qui avait eu du mal à garder ses manières froides habituelles. Un seul regard vers Albus qui avait la figure déconfite puis sur Rose, les larmes prêtes à couler, qui avait également compris, confirma la crainte de Lily : Astoria Malefoy était décédée.

Mary Nott fut elle aussi, absente aux cours et Lily eut plusieurs fois la sensation qu'on lui écrasait l'estomac durant la journée. Elle ne connaissait pas la mère de Scorpius, ignorait même à quoi elle ressemblait, mais elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver de la peine pour Malefoy. Une phrase amère résonnait dans sa tête : « Maintenant, il sait ce que ça fait…et mieux que toi ».

Le soir, Rose intercepta Hugo et Lily pour leur donner le peu de nouvelles qu'elle venait de recevoir dans une lettre que Scorpius avait griffonnée à la hâte : Mrs. Malefoy était morte durant la nuit, lui et sa cousine quittaient Poudlard quelques jours pour l'enterrement et son organisation. L'heure du coucher de Lily fut très agitée ce soir-là, elle n'arrêtait pas de se tourner et se retourner dans son lit à la recherche du sommeil. Rien n'empêchait sa voix intérieure de se taire, qui, cette fois, ne cessait de lui rappeler toutes les paroles de Rose sur le comportement de Scorpius au mariage comme dans le train ou près du saule.

Le lendemain, un court article avait annoncé le décès de la mère de Scorpius dans « La gazette du sorcier », sobre et concis. Mais ce fut le matin suivant que les choses se gâtèrent : de nombreux magazines et presses people, notamment « Sorcière Hebdo » contenant des reportages et des témoignages sur « La misérable vie d'Astoria Greengrass », la plupart basées sur des preuves recueillies par la journaliste Preciosity Snaper.

- Ne croyez rien de ce qu'elle raconte, prévint Albus qui passait devant la table des Gryffondor en collectant le plus de journaux possible au moment du petit-déjeuner. C'est une pseudo-Rita Skeeter qui veut du sensationnel, maman la déteste ! Cette peau de vache déforme tout ce qu'elle écrit, il faut absolument détruire tout ça avant le retour de Scorpius demain !

- C'est un de ses employés qui a dévoilé la…photo de mon père, ajouta Perrine les poings fermés en donnant le magazine qu'elle lisait à Albus. C'est à cause d'elle que le divorce de mes parents fut aussi…médiatisé...et qu'à l'école, Harry et moi…

La gorge serrée, elle fut incapable de continuer et son frère se blottit contre elle, les yeux déjà sanguinolents.

Lily par curiosité, parcourut en diagonale un des articles, mais avait très vite arrêté en voyant à quel point on ne cessait de répéter qu'Astoria Malefoy ex-Greengrass, avait été une pauvre femme fragile depuis toujours, forcée d'être mariée à un ancien mangemort qui, selon les ragots des rubriques plus vicieuses, l'aurait battu. Un deuxième magazine tout aussi radoteur revenait carrément sur la réputation des Malefoy en rappelant un à un leurs crimes et scandales connus.

- Ils ne méritent pas ça…commenta pathétiquement Hugo qui finit par balancer le journal en plein milieu des plats. Ça ne m'étonnerait pas si Mr. Malefoy portait plainte, aucun professionnalisme ou respect là-dedans ! Vous imaginez l'état de Scorpius ? Tu en penses quoi Lily ?

- Je ne sais plus…répondit sa cousine d'une voix faible, les bras croisés sur son assiette vide, sa tête posée dessus.

Même James, Lucy et Roxanne n'étaient guère ravis de la situation, et pourtant eux aussi aimaient embêter Malefoy. Pour qu'ils soient dans cet état-là, malgré leurs ressentiments contre Scorpius, c'était définitif : cette harpie était allée trop loin.

À la fin de la journée, avec tout ce qu'il avait pu trouver, Albus alluma un grand feu dans le parc et brûla des articles et journaux en question, en signe de soutien pour les Malefoy. Il avait gagné des heures de retenues, mais pour une fois, Lily pensait que ça en valait le coup. Rose ne l'avait pas accompagné pour l'autodafé, étant donné son statut de préfète, elle ne voulait pas prendre le risque d'avoir des soucis, mais Lily la soupçonnait fortement d'avoir récupéré en douce un maximum de revues pour aider Al. Après le week-end, Mary et Scorpius revenaient à Poudlard, le visage plus sombre qu'à leur départ. Malefoy, hormis avec Rose et Albus, gardait la bouche fermée tandis que Mary, plus renfermée que jamais, semblait se noyer dans le travail.

Une ambiance morose et grise régnait à Poudlard. Le match de Quidditch était désormais bien loin des esprits. James avait été critiqué par une bonne partie des élèves fut un temps, Gryffondor comme Serpentard, pour son comportement. Celui-ci s'était fait discret et boudeur, restant exclusivement avec Lucy et parfois avec sa bande d'amis. Il refusait d'admettre qu'il avait agi tel un mauvais joueur, à la fois pour avoir blessé Scorpius, mais surtout pour Lily, lorsqu'il sous-estimait son frère. Rose provoqua presque un scandale dès qu'elle put le coincer à cause de son attaque envers Scorpius, qui n'eut d'ailleurs que des gros bleus aux côtes heureusement, et seul le décès de Mrs Malefoy permit à James de lâcher l'affaire.

Albus fit le fier suite à sa victoire, mais arrêta très vite vu qu'il ne fut pas imité par Scorpius, qui, avant la terrible nouvelle, paraissait chaque jour de plus en plus lamentable. L'unique point positif pour Lily fut d'apprendre, après avoir harcelé Albus jusqu'à que menace d'écrire à leurs parents s'ensuive, qui était sa copine, à savoir Judith Royer, de même année que lui et qu'ils étaient ensemble, à la base secrètement, depuis le mois de juillet.

Solange était devenue encore plus studieuse et silencieuse qu'avant, ce qui donnait une ambiance presque pesante à chaque retrouvaille du trio. Elle ne disait plus un mot sauf quand elle révisait pour sa chorale et Alice ne pouvait pas faire grand-chose pour détendre l'atmosphère avec eux, ayant depuis, ses propres amies. Lily avait du mal à comprendre l'attitude de la brune qui semblait se renfermer de plus en plus et ce n'était pas Hugo, qui n'aimait pas gérer les conflits, qui allait l'aider à y voir plus clair.

L'arrivée du froid n'arrangeait rien, la cour se désertait peu à peu et le saule manquait à Lily tandis que les cours de soins aux créatures magiques commençaient à être une torture à cause du gel.

Un vendredi soir, Lily reçut une lettre de Teddy qui lui expliqua qu'il avait accompagné Andromeda à l'enterrement d'Astoria Malefoy. Il raconta l'ambiance si particulière quand il fut accueilli, lui et sa grand-mère. Avec Narcissa Malefoy qui semblait être leur seule alliée, bien que très détachée et glaciale, le jugement dans les yeux des quelques membres de la famille Malefoy invités et du désespoir de celle des Greengrass. Teddy put ainsi donner un peu de soutien à Scorpius, qu'il décrivait dans sa missive, comme lui paraissant aussi pâle qu'un fantôme. Il rencontra également Mary Nott et son petit frère, nommé Warren. Le métamorphomage avait même proposé à son petit-cousin de lui envoyer un hibou s'il en ressentait le besoin.

Son message se conclut par des recommandations à être compréhensif envers le fils Malefoy, mais Lily savait déjà qu'elle ne pourrait pas respecter la parole de Teddy. D'une part, car elle se sentait trop mal à l'aise pour parler à Scorpius vu son état, mais aussi parce que les deux adolescents semblaient s'éviter mutuellement, ce qui, malgré elle, confortait Lily. Elle préférait l'ignorance aux disputes ou au jugement, mais ce choix avait un prix sur sa conscience.


La salle d'astronomie se vidait peu à peu d'élèves bâillants et fatigués de leur cours nocturne. Hugo, reprenait doucement conscience : il n'était pas très fan de cette matière et ça lui servait surtout de lieu de sieste avant de rejoindre son chaud et moelleux lit. Alors qu'il rangeait ses affaires dans son sac accompagné d'un bruyant bâillement, il vit au loin sa cousine qui s'éloignait en traînant des pieds et Solange partir avec des pas pressés. Mais une chose différente attira son attention : une silhouette aux reflets blonds et verts qui filait discrètement dans le petit escalier en colimaçon qui menait au plus haut de la tour d'Astronomie.

La salle de classe était divisée en deux : en premier, une partie fermée, réservée pour des examens et leçons qui ne nécessitaient pas d'observation au télescope et le deuxième, plus élevé dans le château et en extérieur, permettait d'être au sommet de la tour et mieux contempler le ciel et les étoiles. Bien que cette partie soit interdite d'accès aux élèves hors cours, il n'était pas rare d'en voir quelques-uns y rôder sur le balcon, ce qui multipliait les rondes du concierge et des préfets.

Sans réfléchir, comme poussée par une envie inconnue, Hugo profita de la non-surveillance du professeure Sinistra pour grimper à son tour au plus haut lieu de l'école. Une fois au sommet, ses prédictions se révélaient être bonnes : il s'agissait de Mary Nott, de dos, appuyé contre les parapets de la tour et observait la nuit noire, dépourvue de la moindre étoile.

- Si j'étais toi, je ne tarderais pas trop ici Nott, lança prudemment Hugo. Sinistra risque de nous virer assez rapidement si elle se rend compte que nous sommes là.

- Qu'importe, fit la jeune fille d'une voix cassée.

Sur ses gardes, il s'avança vers elle et se mit à ses côtés. En l'observant du coin de l'œil, Hugo constata que la Serpentard se mordait profondément les lèvres, les yeux rivés au sol et les poings fortement accrochés aux barreaux de la tour. Comme si elle s'empêchait de laisser apparaître la moindre émotion supplémentaire.

- Pourquoi es-tu là Weasley ? demanda Mary d'une voix rauque.

- Pourquoi pas ? répondit-il simplement. C'est interdit à cette heure-ci ?

- Tu sais très bien de quoi je parle… Tu es un Weasley, je suis une Nott, une Serpentard, j'ai perdu ma tante qui est mariée à Drago Malefoy…tu as toutes les raisons de ne pas t'approcher de moi et de me haïr.

- Qui a dit ça ? Toi ? L'école ? Le ministre ? On s'en fiche, on est assez libre pour décider ce qu'on fait et pense, tu ne crois pas ? Ce n'est pas parce que ta famille et la mienne ont des différends que je dois forcément te détester. Je ne te connais même pas.

Une légère esquisse se dessina sur le visage de Mary Nott.

- Je ne te savais pas si ouvert d'esprit au point de faire un pas vers moi… À moins que ce soit juste par pitié…

- Ni l'un ni l'autre, c'est…humain. Ma sœur est amie avec ton cousin, tu as aidé Lily la dernière fois…disons que tu n'es plus tellement qu'une inconnue Serpentard avec qui j'ai cours de temps en temps.

La jeune fille se retourna vers lui et le dévisagea longuement, préoccupée par les paroles du garçon, avant de finalement hausser les épaules.

- Tu es visiblement un cas différent, Hugo Weasley, finit-elle par déclarer.

- Pas plus que les autres, se détendit Hugo qui avait craint une réplique cinglante. Mis à part le nom, j'ai quoi de plus que ceux de mon âge n'ont pas déjà ?

- À toi de me le dire, répondit Mary avec un léger sourire.

- Peut-être, je te raccompagne ? Vu l'heure, on risque d'avoir une retenue si on tarde trop à rentrer.

Les deux adolescents scrutèrent un instant le lointain en silence avant que Mary ne se décide à bouger et de reprendre le trajet des escaliers. Hugo la suivit sans un mot, ils se précipitèrent hors de la classe en courant si bien que leur professeur ne put parvenir à leur reprocher quoi que ce soit, pour s'aventurer dans les couloirs.

- J'essaye d'accepter la réalité, dit soudainement Mary en ralentissant le pas, de ne plus y penser, mais tu ne te rends pas compte à quel point…c'est vraiment dur ce qui se passe.

- Je peux imaginer un peu, vu ma famille…

- Non tu ne peux pas, coupa Mary d'un ton sec. J'ai cru comprendre que tu n'avais perdu que ton oncle, et ce, durant la guerre ? Je suis désolé si cela a eu des répercussions chez vous, s'il y a eu de nombreux problèmes par la suite et qu'être enfant de vainqueur n'est pas tout le temps une partie de plaisir, mais être dans une famille comme la mienne, c'est pire que ce que tu crois. Tu n'as pas un nom de « mangemort », sans compter toutes les histoires sur les Malefoy vu que ma tante y est reliée.

- On fait le concours si tu veux ? reprit Hugo avec un rire amer. J'appartiens à la lignée de Sang-Pur sans doute la plus pauvre de l'Angleterre et toujours méprisée pour être encore catégorisé par certains comme des traîtres à leur sang. J'ai une mère née-Moldue, une héroïne, d'accord, mais qui s'est battue toute sa vie pour être reconnue à sa juste valeur et ne plus être réduite à ses gênes… Quand bien même tes parents sont bien vus, tu es dans le collimateur et on s'attend aussi à ce que tu ne fasses aucune erreur. Ce n'est pas comparable, tu me diras, mais…c'est très loin d'être agréable.

Mary haussa les épaules, à moitié convaincue.

- J'aurais aimé malgré tout de naître dans une famille comme la tienne…

- Oh crois-moi en vrai tu n'aimerais pas, railla Hugo. Tu ne sais pas tout ce qui se passe chez nous non plus…

- Le si soudé clan Weasley aurait des problèmes ? lorgna avec un sourire malicieux Mary.

- Comme toute je suppose, répondit Hugo avec détachement en soulevant une tapisserie pour emprunter un passage secret. Mais toi à l'inverse, tu as l'air d'avoir envie d'en parler. Je suis sérieux, ajouta-t-il devant le regard incrédule de Mary. Je ne vais pas m'amuser à répéter ça sur toutes les tours donc si tu veux exprimer ce que tu ressens, fais-le.

- Ce n'est pas comme si la vie de Mary Nott était intéressante de toute façon, finit par finalement acquiescer la jeune fille qui menait la marche.

Un certain silence régna avant qu'elle n'ose prendre la parole.

- Je me sens...complètement vide. Je n'aime pas ça, j'ai l'impression que je n'ai pas le droit de me plaindre que ma tante va me manquer par respect par Scorpius. Je ne te présente pas ma mère, mais c'est une femme froide, souvent infecte et qui apprécie de volontairement dénigrer sa sœur, même une fois morte. À l'enterrement, elle m'a dit de garder la tête haute, mais…avec tout ce qui se passe, ça et ces bouseux articles publiés… Tu aurais vu mon oncle quand il est tombé dessus…il en a brisé toute une vaisselle en hurlant, ce fut compliqué de le calmer. Et la réaction de Scorpius…j'ai cru devenir folle pendant tout ce temps.

- Albus a brûlé les journaux quand ils sont sortis…il voulait protéger Scorpius de tout ça, répondit Hugo la gorge serrée.

- Heureusement qu'il est là pour lui Potter…je ne sais pas ce qu'aurait fait Scorpius sans lui honnêtement, comment il aurait géré le décès de sa mère… Il était au courant qu'elle était de santé fragile, mais en quelques mois tout lui est tombé dessus…entre ça et les remarques qu'il subit sans arrêt…

Mary laissa échapper un hoquet et Hugo se stoppa net. Cette fois, elle avait les yeux gorgés de larmes, prêtes à couler.

- C'était plus que ma tante, fit Mary avec une voix brisée. C'était...comme une mère pour moi. Elle...elle m'aimait réellement, je n'étais pas qu'une…héritière. C'est la seule vraie figure maternelle que j'ai eue dans mon enfance. Elle était si gentille, si patiente, si attentionnée avec moi, avec son fils...alors pourquoi c'est elle qui...pourquoi elle a eu...pourquoi il a fallu qu'elle...

Elle ne put continuer et finit par craquer en fondant en larmes. Impuissant et gêné, Hugo ne put que poser une main compatissante sur l'épaule en lui tapotant doucement. Si Rose avait été là, elle l'aurait sans doute pris dans ses bras en lui murmurant des paroles réconfortantes, mais Hugo n'était pas doué pour ce genre de choses. Il ne pouvait qu'apporter un soutien si dérisoire à cette fille avec qui il venait à peine de faire plus ample connaissance. Et attendre….attendre que la crise passe.

Au bout de plusieurs minutes, les deux adolescents se remirent en route, en direction des cachots. Hugo savait qu'il risquerait moins que Mary en rentrant tout seul, il avait donc insisté pour que ce soit jusqu'à son dortoir qu'ils se dirigèrent et non l'inverse. Ce fut une sensation très étrange de marcher dans un Poudlard presque endormi, le moindre son était une totale redécouverte et chaque mur paraissait plus imposant encore qu'il ne l'était.

- Ma tante avait eu quarante ans cette année, conclut Mary, une fois devant le dernier escalier. Quarante ans, ça semble vieux pour nous, pourtant lorsque quelqu'un meurt avant, tu as l'impression qu'il est parti vraiment trop tôt. Ce n'est pas un âge pour mourir…

- Aucun âge ne l'est, répondit Hugo en repensant aux vingt années que son oncle Fred aurait à jamais. Je vais te laisser ici Nott, je dois rentrer sans être enguirlandé par les préfets ou Lily pour le retard.

- Tu n'étais pas obligé de me raccompagner Weasley…mais merci. Pardonne-moi si j'ai été…trop démonstrative.

- Tu n'es pas chez toi, rassura Hugo, alors tu as le droit de péter un câble si tu veux. Et appelle-moi Hugo.

- Dans ce cas, nomme-moi Mary, reprit Mary, avec une pointe de taquinerie dans la voix. Allez, file avant qu'on te soupçonne de pactiser avec l'ennemi.

- Quel ennemi ? ricana le garçon. Quitte à en choisir, ce serait bien ceux qui ennuient pas mal Solange et Lily. Je ne sais pas ce qui s'est passé avec Moore, Samson et Drike, mais je suppose qu'elles ne complimentaient pas ma cousine… Elle a son caractère, mais de là à être embêté…ça me dépasse.

Une ombre traversa les yeux gris de Mary, dont les épaules s'affaissèrent, mais elle ne fit aucune remarque sur les dernières phrases du Gryffondor.

- Hum…c'est l'heure et…si tu veux en parler à nouveau, tenta de manière vaguement timide Hugo.

- On verra ça Hugo Weasley, répondit malicieusement Mary comme si de rien n'était. Bonne nuit et à demain.

- Bonne nuit et…courage.

Ils s'échangèrent un sourire discret puis les deux adolescents se séparèrent à pas de loup, chacun ayant le cœur un peu plus léger.


J'espère que ce nouveau chapitre vous a plu. Pour ceux qui aimerait savoir ce qui est arrivé au père de Perrine et Harry, je vous renvoie à l'OS Beautiful Liar, qui peut être considéré comme une scène coupée de EDL

On se retrouve la semaine prochaine pour le chapitre 5, Good night.

N'hésitez pas à écrire une petite review et à la semaine prochaine !