Bonjour à tous !
J'espère que vous allez bien et que vous êtes en vacances (ou bientôt peut-être ?). De mon côté j'ai validé mon M1 (bon...j'aurais aimé avec de meilleures notes et compétences mais on va dire que le principal c'est de réussir...) et j'ai reçu ma première review, merci à Isabelle Pearl ! ("c'est tout ?" diraient certains...mais quand même, c'est devenu tellement rare !) Vous savez qu'il y a 10 ans, certaines auteurs de fanfiction refusaient de publier un nouveau chapitre sans un nombre décent de reviews ? Maintenant, faire ça de nos jours est impossible à moins d'avoir une grosse communauté (et encore je ne suis pas fan de ce type de chantage...).
Du coup, je vais y répondre ici : Bonjour Isabelle Pearl, prends ton temps pour lire il n'y a aucun problème ! Merci beaucoup pour ton commentaire et tes encouragements, comme tu ouvres le bal, ça me touche beaucoup ! J'espère que la suite te plaira. Il m'arrive malheureusement de faire encore des coquilles de syntaxe ou en expression à mon grand malheur, je fais au mieux pour vous donner à tous une histoire travaillée donc je prie pour que ce soit agréable à lire autant sur la forme que sur le fond...
Bref, assez de bla bla, passons au chapitre ! Bonne lecture !
Chapitre 6 : My toys
- Je vous déteste ! rugit une voix furieuse qui résonna dans toute la cuisine.
- Albus, arrête ton caprice, notre décision est prise, la discussion est close, trancha Ginny avant de retourner sur sa planche à découper.
- C'est injuste ! Pourquoi ne voulez-vous pas comprendre ? Quand on doit voir le monstre de Moldu qui sert de famille à papa et ses crétins d'enfants, on le fait et on pardonne tout, mais aider mon meilleur ami dans le besoin, ça, ce n'est pas possible parce que c'est le fils de Drago Malefoy !
- Albus s'il te plaît, prévint avec une douceur ferme Harry Potter qui lisait ses rapports dans le salon. Laisse Dudley et de ses enfants en dehors de cette histoire et ne les insulte pas. De plus, je n'ai aucunement mentionné le père de Scorpius dans notre discussion. Ta mère et moi sommes suffisamment permissifs : Scorpius est resté plusieurs jours à la maison à titre exceptionnel, mais nous ne pouvons pas le loger pour le Nouvel An également. Nous serons en famille et malgré ce qui se passe chez les Malefoy, Scorpius a besoin de voir la sienne.
- Mais oui c'est ça, arrêtez avec vos fausses excuses, vous voulez juste le dégager !
Lily s'agaça dans un souffle, ne pouvant définitivement plus finir ses devoirs de métamorphose et laissa tomber sa tête dessus. James, de son côté, était heureusement absent, passant chez Lucy pour sans doute s'entraîner au Quidditch. Cela ne faisait aucun doute que le grand frère de Lily se serait volontiers mêlé à la dispute qui avait démarré quelques minutes plus tôt, tandis que le principal concerné, Scorpius lui-même, était à l'étage, dans la chambre d'Albus. Au vu du volume sonore qui avait considérablement augmenté, il valait peut-être mieux qu'il se fasse tout petit, bien plus que lors de sa venue, il y a deux jours.
Albus lors du dîner, le lendemain de Noël, quelque peu mal à l'aise, avait supplié leurs parents, dès leurs retours du travail, pour que Scorpius puisse venir. Elle n'avait pas compris par quel sortilège son père avait fini par capituler et lui donner l'autorisation. Par pitié probablement, c'était pour Lily l'unique solution. Albus ne cessait de répéter qu'ils étaient son dernier espoir, que c'était impossible pour Rose de demander à Ron et Hermione, que Scorpius était seul chez lui, avec une tension évidente avec sa famille, maternelle comme paternelle et qu'il souffrait de la mort de sa mère dont l'absence se reflétait plus que jamais dans leur manoir bien vide et beaucoup trop grand pour lui. Qu'il avait donc besoin de venir au risque de devenir fou.
Les réactions furent majoritairement houleuses. Lily avait grimacé, n'ayant aucune envie de déjà le revoir et qu'il propage une terrible atmosphère à la maison tandis que James s'était mis à grogner et avait énuméré tous les points possibles pour expliquer à son frère cadet en quoi loger un Malefoy était une très mauvaise idée. N'ayant guère de patience, Ginny Potter avait immédiatement tenté de calmer la dispute naissante entre les garçons, mais ce fut finalement Harry qui conclut le débat :
- Qu'il vienne donc séjourner si son père est d'accord, céda-t-il dans une exclamation, avec agacement.
- Harry, tu n'y penses pas…
- Ce pauvre gosse a déjà perdu sa mère, Ginny, pas besoin d'être aussi intraitable dans ces circonstances. Son comportement fut correct lors du mariage et il pourra sans doute voir Teddy pendant un après-midi. Il peut venir, mais pas plus de trois jours.
- Mais… avait commencé James toujours sous le choc par la déclaration de son père.
Ginny lui adressa un sévère regard et finit, après un instant d'hésitation, donna également son approbation.
- Je suppose que c'est mieux que de vous envoyer toi et Rose chez les Malefoy. Pas question que l'un d'entre eux mette les pieds dans ma maison… avait marmonné la mère de famille avant de pointer son fils avec sa fourchette. Vous avez intérêt à avoir un comportement irréprochable, étant donné que nous travaillerons ces jours-là, et de ne pas volontairement ennuyer James ou Lily, c'est clair ?
- Oui maman, avait hoché la tête Albus avec un sourire satisfait.
Scorpius fut amené le lendemain chez Teddy en premier lieu, pour qu'il puisse passer en compagnie d'Albus, la journée avec son cousin. Les garçons revinrent le soir pour le repas et dès le début, Scorpius se tint à carreau. Durant tout le séjour, il était à chaque fois très poli, avait effacé toute trace de tristesse ou d'émotions négatives sur son visage et intervenait uniquement lorsqu'il était appelé, bien qu'il ait proposé son aide pour quelques tâches ménagères. Malgré tout, James ne cessait de le regarder sombrement et Lily faisait de son possible pour ne pas le croiser seule. Harry et Ginny faisaient également de leur mieux pour discuter à table avec lui, mais évitaient toute question relative avec sa famille. Pourtant, même si le foyer se réchauffait peu à peu avec la présence de Scorpius, Lily avait fini par remarquer qu'Albus devenait de jour en jour bien plus en colère contre James et leurs parents.
Il ne leur adressait plus la parole et passait d'incalculables heures dans sa chambre avec son meilleur ami avec qui il semblait débattre du monde et des sorciers. Lily ne pouvait pas entendre grand-chose étant donné que le lieu où elle dormait était à l'opposé de celle d'Albus, mais du peu qu'elle comprenait, son frère multipliait reproche sur reproche envers des évènements actuels tandis que Scorpius devait généralement l'écouter, glissant de temps en temps un commentaire. Les rares fois où ce dernier ouvrait la bouche pour s'exprimer, il parlait constamment d'une petite voix ponctuée de vastes silences. Lily soupçonnait que le garçon pleurait régulièrement, en particulier lorsqu'elle l'avait entendu marcher dans le couloir en hoquetant en plein milieu de la nuit. Depuis, elle s'était juré d'être moins désagréable et hostile en sa présence tant qu'il la laissait tranquille.
- Vous ne pouvez pas faire un peu preuve d'humanité ou Scorpius est l'exception parce que c'est un Malefoy ? reprit Albus qui refusait de se calmer. Vous souhaitez qu'il soit malheureux ?! Il ne mérite pas que vous appreniez à le connaître et à la comprendre ? Il n'est réduit qu'aux erreurs de Drago et Lucius Malefoy ?
- Nous avons déjà fait assez d'effort avec les Malefoy que nécessaire, répondit sèchement sa mère. Nous n'avons pas de problème personnel avec Scorpius, mais il doit rentrer chez lui pour les fêtes.
- C'est injuste ! Si cela avait été un ami de James ou Lily, vous lui auriez offert tout ce qu'il veut et juste parce que Scorpius, vous vous en fichez ! Ça vous arrange de toute façon hein, vous n'êtes que des sans-cœurs !
- Je t'interdis de nous parler comme ça, jeune homme ! Tu baisses d'un ton ! tonna Ginny.
- Je vous parle comme vous me parlez, c'est tout ! Je déteste cette famille et je vous déteste !
- ÇA SUFFIT ! explosa Harry à bout de nerfs. Albus, la discussion est close, Scorpius rentre demain, point final.
D'un coup d'œil, Lily vit que son frère, les poings serrés, menaçait de répliquer encore plus fort, mais c'est finalement en donnant un coup de pied dans une chaise qu'il répondit.
- Albus ! gronda son père, tu dépasses les bornes !
- Ouais c'est ça, va plutôt t'occuper de tes pauvres petits Moldus contre les Héritiers Noirs, cracha le garçon. Ces égoïstes méritent mieux ton attention que la nôtre et les problèmes de mon meilleur ami !
Et il quitta la maison en claquant la porte d'une manière si violente que deux ou trois tableaux accrochés au mur du salon et des escaliers tremblèrent. Lily entendit sa mère expirer avec force avant de grommeler quelques paroles incompréhensibles tandis qu'Harry Potter, qui avait retiré ses lunettes, se tenait le front appuyé contre la table de basse. Se sentant très vite de trop, Lily récupéra ses affaires et monta pour regagner sa chambre. Mais sur la plus haute marche, Scorpius, la tête basse, y était assis.
- Albus va revenir, ça lui arrive d'aller se balader quand il essaye de se calmer, finit par glisser Lily rapidement en tentant de le contourner.
- C'est de ma faute…laissa échapper tristement le garçon.
- Mais non, navra Lily en se retenant de lui répliquer l'inverse. Mes parents ne te détestent pas, c'est juste que…en vrai…tu vois quoi…tu n'es pas n'importe qui…et puis ton père tu comprends…enfin tu dois aussi rentrer…
Scorpius haussa les épaules, nullement convaincu par sa piètre argumentation. Il jeta un œil au rez-de-chaussée entre les barreaux de l'escalier et Lily entendit les deux adultes qui discutaient plus doucement dans la cuisine.
-…en a déjà parlé Ginny, ne me force pas à répéter tous les contre-exemples.
- Il n'empêche que l'afflux de sorciers malintentionnés se regroupe là-bas, que tu le veuilles ou non. Je sais qu'Albus est différent, mais regarde-le, depuis des mois...il n'est plus le même.
- Et ce n'est pas la faute des Serpentard, ni de Scorpius…enfin si peut-être, mais il n'a pas une mauvaise influence sur lui. Il semble plus tenir de sa mère, Malefoy ne l'aurait pas épousé s'il était resté un mangemort et le petit crétin qu'il était avant la guerre.
- Tout comme Narcissa t'a sauvé donc ce n'est pas qu'une abominable femme et elle n'a que pour crime que d'avoir soutenu son mari, je sais ! Mais ce n'était pas que pour toi qu'elle a menti à Voldemort, c'était surtout pour son fils et parce qu'elle a compris trop tard les erreurs de sa famille. Je n'aurais jamais confiance en Drago Malefoy, qu'il éprouve des remords sur ses actes ou non. Ça ne suffit pas pour faire disparaître la rancœur que je ressens, la mienne mais aussi celle de mes frères et de mes parents, envers les Sang-Purs qui se croient supérieurs aux autres. On a peut-être gagné la guerre mais je n'oublie pas que j'ai failli mourir à cause de Lucius Malefoy. J'ai suivi une thérapie à distance pendant plus d'un an après la Chambre des Secrets et ça n'efface pas la mort de Fred par leur même clan ! Je ne peux pas pardonner à Drago non plus pour ce qu'il t'a fait et dit, à toi, à mon frère, à Hermione et tous les autres. Ni lui, ni ses pairs !
- Je ne peux pas t'en vouloir pour ça ma chérie… J'ai beau saluer d'un signe de tête Malefoy au ministère, j'ai été aussi sceptique que toi quand Albus et Rose sont devenus amis avec son fils. Quatre ans sont passés et Neville ne m'a jamais rapporté le moindre souci avec Scorpius. Peut-être que ce gosse est vraiment différent finalement, il n'a pas été élevé comme son père.
- Oh je t'en prie Harry, Drago Malefoy a peut-être une éducation radicale par ses parents, il n'a pas été poussé par Lucius ou Narcissa quand il se vantait dans le château, vous insultait et menaçait votre vie. Quant à Albus, c'est mon instinct de mère, tu comprends… Nous avons trois enfants, et avec les Héritiers Noirs qui rôdent et (la voix de Ginny semblait se briser au fur et à mesure, Lily se pencha davantage pour bien entendre) …ce que nous avons déjà traversé…je ne veux pas que…le pire se reproduise…ou qu'Albus tombe sur des mauvaises personnes qui…
- Les Héritiers Noirs sont récents, les étudiants de son âge sont trop jeunes pour être influencés par un mouvement en souvenir de Voldemort, ils n'ont pas vécu la guerre.
- Mais leurs parents oui, qui sait ! Harry, s'il te plaît, tu es le chef des aurors et tu enquêtes tous les jours sur eux, écoute-moi, qui dit que Malefoy a réellement changé ? Ce sont des Moldus qui meurent, des nés-Moldus, des créatures qui se voulaient libres, tout ce que combat sa famille ! Avec la mort de sa femme, et sous l'influence de son père, peut-être qu'il…
- Ginny, ce n'est plus comme à l'école, je ne peux pas le soupçonner sur des spéculations et en manquant de preuves. Malefoy n'est pas assez bête, il est conscient que son sursis prendra fin si on l'attrape dans cette secte ! Il en a déjà pour dix ans alors imagine si en plus il collabore pour les Héritiers Noirs ! Crois-moi, je ne sais pas s'il garde les mêmes pensées sur la pureté du sang ou les Moldus, mais au vu de toutes les demandes qu'il a effectuées auprès de Minerva pour protéger son fils des insultes qu'il reçoit régulièrement, Malefoy ne prendrait pas le risque de le perdre en entrant là-dedans.
À ces mots, Lily se tourna vers Scorpius, par-dessus son épaule. Il souffla du nez en remarquant le visage circonspect de Lily.
- Quoi, tu pensais vraiment qu'on me laisse tranquille depuis la première année ?
- Tu es harcelé à ce point ? questionna la jeune fille d'une petite voix.
- Oh c'est un faible mot, je ne compte plus les menaces de mort, d'appel à la vengeance pour ceux qui ont été affectés par ma famille, les rumeurs les plus débiles comme quoi je scarifie des nés-Moldus, je lance des malédictions dans le dos ou que je suis le fils de Voldemort…
Une horrible vague de culpabilité atteignit Lily, elle savait que la réputation de Scorpius n'était pas excellente…mais elle ne soupçonnait pas le pire pour autant. Selon les dires d'Albus et Rose, il ne s'était jamais vanté ni moqué qui que ce soit, il était quand même un beau garçon que Roxanne et ses glousseuses de copines reconnaissaient bien volontiers, un élève plutôt doué, bon joueur de Quidditch quand il était en forme… Les images et paroles de ce que faisaient subir les trois vipères régulièrement à Lily lui revinrent rapidement en l'esprit et elle osait à peine imaginer toutes les humiliations, en bien plus méchants et à l'égard d'un Scorpius déjà en deuil. Rien que cette pensée provoqua chez Lily comme une envie de vomir.
- Je…je ne me rendais pas compte que…tenta Lily qui se remettait de cette douche froide. Je croyais que c'était seulement ma famille et moi qui…
- M'insultaient ? Crachaient dans mon dos ? Ce que tu peux être naïve… Mais comme tu le dis, je l'ai mérité, n'est-ce pas ? Quand bien même je n'ai que pour erreur de ne pas être née du bon côté parmi les combattants de la guerre.
Il ne la laissa pas essayer de se justifier, il se releva et regagna la chambre d'Albus le plus silencieusement possible. Lily, encore bousculée par ce qu'elle venait d'apprendre, resta de longues minutes dans les escaliers, incapable de réfléchir correctement. La discussion de ses parents devint comme sourde et elle n'entendait plus que le sifflement à ses oreilles, si bien qu'elle ne sentit même pas qu'une larme avait coulé sur sa joue.
Lily ne put quitter sa chambre le lendemain matin à l'heure où Scorpius entrait dans la cheminée pour rentrer chez lui. Elle avait trop peur de croiser à nouveau les iris du garçon et de ressentir une fois de plus ses entrailles qui se tordaient.
- BONNE ANNÉE ! hurla James imité par ses parents et Lily.
Dans un bout opposé de la pièce, Albus, la même mine boudeuse depuis le départ de Scorpius, souffla négligemment dans un sifflet sans-gêne, provoquant un son de trompette usée tandis que Lily s'amusait à jeter des serpentins et confettis tout autour d'elle.
Bien que les Potter peuvent fêter occasionnellement le Nouvel An avec les Weasley-Granger, Harry et Ginny faisaient en sorte de garder cette journée exclusivement pour leurs enfants. Le trente et un décembre était une de ces rares occasions où ils pouvaient se retrouver tous les cinq. Ayant de plus en plus de réunions ou d'interventions en plus à cause de la fin de l'année où moult sorciers et sorcières commettaient des infractions dues à l'alcool ou à une bagarre, Harry devait régulièrement multiplier les heures supplémentaires en cette période.
Quant à Ginny à l'époque où elle faisait partie des Harpies de Holyhead, il était déjà arrivé qu'elle ne puisse pas assister à des anniversaires ou qu'elle rate quelques réveillons de la Saint-Sylvestre. Elle avait même été une année, coincée en Irlande à cause d'un match amical la veille de Noël et n'était revenue qu'au moment des cadeaux. Maintenant qu'elle était journaliste, hormis les jours où elle était en déplacement pour des interviews sportives, elle n'avait plus loupé aucune fête, mais rentrait rarement avant le début de soirée.
Les Potter avaient toujours permis à leurs fils et fille de rester à Poudlard s'ils le souhaitaient, mais aucun n'avait tenté le coup. Tout le monde aimait le repas chez les grands-parents Weasley et de se revoir tous ensemble. Depuis la fin de la guerre, rien n'était plus important pour les adultes que la famille, et ils l'avaient précieusement enseigné à leurs enfants. Au vu de leur passé, c'était essentiel pour Harry et Ginny que jamais, au grand jamais, James, Albus et Lily ne se retrouvent orphelins ou dans le deuil bien avant l'âge.
Une fois les embrassades terminées, peu à peu, des hiboux commencèrent à arriver, distribuant des lettres soit collectives, soit individuelles et chacun finit par lire tranquillement son petit paquet d'enveloppes. Lily, allongée sur le ventre sur le canapé, parcourait la carte que lui avait envoyée Solange. Albus, près du feu et assit en tailleur, était concentré sur la longue missive de sa copine Judith lui avait adressé (qui en profitait aussi pour s'excuser à propos de leur dernière dispute). James, collé contre la fenêtre du salon, consultait discrètement un de ses messages, après avoir fini celle de Fred.
Cher Jamie,
Je te souhaite une excellente année deux mille vingt-deux. Dans quelques semaines, tu auras dix-huit ans et techniquement, tu seras majeur chez les Moldus, la classe ;) Ah, la vieillesse déjà pour tout, dire que le monde des adultes est si ennuyeux…
Honnêtement, les jours passent trop vite. Tu vas bientôt quitter Poudlard et ça va vraiment me faire bizarre. Malgré notre année d'écart, c'est comme si on avait évolué là-bas en même temps et ton départ risque de me perturber au plus haut point, bien plus que d'autres.
Qu'est-ce que je vais devenir quand tu partiras ? Sans toi, j'ai l'impression de ne plus pouvoir être moi-même, je n'ai plus de guide, plus de soutien…plus assez d'amour. On a beau s'être vu récemment…mince, tu m'as rendu accro en l'espace de quelques semaines, tu es casse-pied James !
Bref ! Je ne vais pas partir dans le mélodrame, car tu sais qu'en réalité, je ne supporte pas ça. Allons au vif du sujet : veux-tu qu'on se parle ce soir, à trois heures du matin ? Et ne tarde pas trop à me répondre, James Sirius Potter !
À ce soir, je l'espère bien
Je t'embrasse fort,
Ta « princesse » (pitié arrête avec ce surnom).
James ne put s'empêcher de sourire sur ces dernières lignes. Guettant que personne ne remarquait les rougeurs que ses joues contenaient, il rangea la lettre dans sa poche et remonta dans sa chambre pour rédiger une réponse. Dehors, une tempête de neige s'éveillait.
Son réveil sonna vers trois heures moins dix du matin, coincé sous son oreiller pour tenter de camoufler au maximum l'écho entre les murs. Rapidement, l'aîné des Potter coupa l'alarme avec sa baguette pour éviter que son frère, sa petite sœur ou pire, ses parents, n'en entendent davantage. Silencieusement, il enfila un pull, mit une paire de chaussettes et sortit de sa chambre. Il aurait préféré transplaner pour arriver dans le salon plus vite, mais le bruit risquerait d'alerter l'oreille aux aguets de son père. Ce ne fut pas une chose très compliquée de descendre d'une autre manière. Depuis dix ans, James Potter s'était perfectionné dans l'art de la glissade par la rambarde de l'escalier, et dans un léger sifflement, il réussit à atterrir sur le sol. Sur la pointe des pieds après avoir traversé la pièce, il prit un peu de poudre de cheminette et après avoir prononcé distinctement, mais pas trop fort non plus l'adresse de la demoiselle qui l'attendait, il regarda autour de lui avant de mettre sa tête dans les flammes.
Pas un chat ne rôdait dans le séjour obscur, mais sans perdre espoir, il appela à mi-voix.
- Hé, hé princesse, tu es là ?
Il eut un bruit et aussitôt, un visage féminin apparut devant lui.
- James ! murmura cette dernière. Tu es pile à l'heure ! J'ai reçu ta chouette il y a dix minutes !
- Ha, ha, pour une fois je suis ponctuel ! ricana-t-il. Ça s'est bien ta soirée ?
- À mourir d'ennui ! Tu connais ma famille…j'ai cru que j'allais me pendre avant minuit !
- Quelle ambiance ! grimaça l'aîné Potter. Moi ça allait, hormis une mini-dispute avec Al vu qu'il faisait encore la tronche, mais c'est limite habituel.
- Ah, c'est dommage… Les mésententes fraternelles décidément… J'aurais aimé te voir à la place, répondit la jeune fille dans une expiration.
James avait presque envie de sauter dans le feu pour la rejoindre et la consoler.
- Moi aussi, avoua-t-il. Te voir, te toucher, t'embrasser…
- On devient romantique, Mr Potter ? taquina l'adolescente. Ce n'est pas ton genre pourtant.
- À qui la faute ? sourit James les joues cramoisies. Tu n'es pas comme Héloïse ou toutes ces filles avec qui j'ai pu sortir… Toi, tu es tellement…je ressens bien plus que ça…
Derrière les flammes, James observait sa belle qui se cachait le visage entre ses mains, ayant un léger rire nerveux.
- Oh, James, si tu t'entendais…venant de toi ça paraît si…bizarre ! Mais pour dire vrai, c'est beau ce que tu dis, merci ça me touche. C'est fou comme les choses sont allées vite entre nous, je n'ai rien vu arriver du tout… C'est complètement dingue !
- Un peu ouais, mais ça me plaît, ricana James avant de reprendre son sérieux. Je n'ai pas peur de tout ça, au contraire, ça me rend plus fort. Deux jeunes qui aiment autant prendre des risques que nous et qui ont souffert de la même perte…finalement, ce n'est pas très étonnant qu'on se soit trouvé toi et moi.
- Ça me fait plutôt stressant quand même…par rapport à mon père et tout ça. Le jour où il saura, tu peux être sûre que je serais reniée de la famille !
- Ne dis pas n'importe quoi, il n'est pas non plus si cruel. De toute façon, tout le monde va nous en vouloir.
- On fera quoi dans ce cas, on se tire ?
- Peut-être oui. Avec de la chance, on sera déjà diplômé, toi et moi donc on peut facilement refaire notre vie ailleurs. Au pire, je contacterai Fred !
- La petite bande de parias, ironisa sa mystérieuse correspondante.
Elle tendit sa main droite comme si elle espérait toucher celle de James à travers le feu. De son côté, James rêvait de l'attraper et d'embrasser chacun de ses doigts.
- Héloïse ne m'a jamais raconté à quel point tes baisers sont exceptionnels, murmura tendrement la jeune fille.
- Gabriel ne m'a jamais raconté quel point tu sais te servir de ta…commença James.
- James ! s'écria la concernée en le coupant, pourprée de honte, ayant un mouvement de recul. Et toi, on en reparle de…
- Chut moins de bruit ! s'esclaffa le Gryffondor. Imagine que ton père arrive à ce moment-là, il pourrait se poser des questions !
- En même temps, vu ce qu'on dit, il y a de quoi ! S'il savait ce qui s'était passé à Poudlard ou à Noël… reprit l'adolescente en gloussant, un brin provocatrice. Je ne verrais plus jamais cette cabane à outils de la même manière…
- C'est toi qui as joué avec le feu, je réponds donc de la manière appropriée, renchérit James avec un ton similaire. Et crois-moi, j'espère que l'on continuera à s'amuser avec l'interdit à Poudlard, maintenant que nous avons tous les deux assumé nos sentiments…
- Évidemment Monsieur James… j'ai bien hâte de tout ça.
La température corporelle de James avait dangereusement augmenté, et ce n'était pas uniquement à cause des flammes. Pendant quelques instants, lui et sa chère se dévoraient du regard, repensant tous les deux à leurs derniers rendez-vous. Ils s'étaient tellement penchés pour être au plus près l'un de l'autre que lui, faillit perdre l'équilibre plusieurs fois et qu'elle, menaçait de se cramer les cheveux. James avait presque développé une obsession pour ces derniers depuis l'arrivée de ces sentiments. Décidément, les Potter avaient tous un faible pour les rousses…
- Il faut qu'on y aille, James, dit finalement sa moitié, à contrecœur. La rentrée est dans deux jours et on va avoir du mal à se remettre dans le rythme scolaire.
- Depuis quand deviens-tu raisonnable, princesse ?
- En même temps, avec qui je vis, je dois l'être quand même un peu. Allez, ne fais pas cette tête, on se revoit bientôt.
- Je sais, céda James avec peine, passe une bonne nuit et dors bien Lucy.
- Bonne nuit, James, fais de beaux rêves.
James se sentit bien niais quand il mima un baiser en direction de sa belle, mais la regarder piquer un fard en valait le coup.
- Hé, James ? appela-t-elle subitement.
- Oui ?
-…je t'aime.
Le cœur de James fit un saut dans sa poitrine à l'entente de ses mots. C'était la première fois qu'elle le lui disait, et jusqu'à ce jour, jamais une fille n'avait réussi à le mettre dans cet état-là.
- Moi aussi je t'aime…Lucy.
Et il coupa la communication. Dehors, la neige cessa de tomber.
Le peu de soleil qu'offrait le premier jour de reprise des cours pour les étudiants de Poudlard permit à Lily et ses amis de passer leur récréation dehors. Alors que la plupart des élèves étaient occupés à jouer avec la neige en construisant des bonshommes divers et variés tout préparant des boules glacées pour se les lancer au coin de la figure dès que les préfets avaient le dos tourné, le trio se contentait d'attendre, assis sur un des rares bancs disponibles. Hugo, le visage levé vers le ciel, profitait des rayons de soleil tandis que Solange révisait une dernière fois son cours d'histoire de la magie pour leur évaluation en fin de journée.
Lily de son côté, pensait au parc hors des murs. Le lac avait gelé durant les vacances et bien qu'il soit interdit d'y rôder trop près, Lily rêvait de glisser dessus. Non loin de chez les Potter, la petite ville Moldue du coin possédait une patinoire artificielle chaque hiver. Quand elle était enfant, il ne se passait pas une semaine sans qu'elle ne prie à ses parents de l'y emmener. Depuis, elle n'avait plus eu l'occasion de patiner depuis bien trop longtemps…mais Lily savait que ni Hugo ni Solange ne lui permettraient d'y aller. Si seulement elle avait une bonne excuse de s'y aventurer secrètement une heure ou deux…
- C'est quoi déjà le prochain cours après la récréation ? interrogea Hugo en ouvrant les yeux après un bruyant bâillement.
- Défense contre les forces du Mal, lui répondit doucement Solange. J'espère que mon devoir sur les salamandres le conviendra…
- Je me demande ce qu'on va faire aujourd'hui, reprit Lily qui quittait ses pensées pour fixer la petite Alice Londubat un peu plus loin, allongée sur le sol pour former un ange de neige avec ses copines. Le professeur MacMillan nous a promis que la première séance de la reprise sera intéressante.
- On verra bien ! déclara Hugo en s'étirant. Je parie qu'il s'agit de travaux pratiques !
Le cours de défense contre les forces du Mal était assuré par le directeur des Poufsouffle, Mr MacMillan, un homme blond légèrement dodu et parlant à chaque fois avec une grande fierté qu'il en paraissait presque pompeux. Il était de la même génération que son père et il enseignait depuis maintenant une vingtaine d'années, un record jamais vu depuis des décennies pour un professeur de défense contre les forces du Mal. Une fois que tous ses étudiants de troisième année furent entrés dans sa salle, vidée de toute table, il attendit que chacun se taise, d'une manière royale.
- Donnez-moi vos parchemins, sortez vos baguettes et laissez vos affaires au fond de la classe ! Et dans le calme.
Les murmures des élèves résonnèrent, tremblant d'excitation. Ils se hâtèrent de rendre leurs devoirs, Mr Macmillan repoussa les pupitres sur les côtés tandis que les adolescents se regroupèrent au milieu de la pièce, prêts à en découdre.
- Un peu de silence s'il vous plaît, merci ! Bien ! Comme je vous l'ai annoncé lors de notre dernier cours avant les vacances, aujourd'hui nous allons vous exercer à un nouveau contre-sort. Mais exceptionnellement, au vu de la délicatesse de cet entraînement, j'ai fait appel à un ami, qui m'aide dès qu'il le peut pendant mes cours avec vos confrères plus âgés, Mr Harry Potter, chef des aurors !
Surprise, Lily regarda un instant Hugo avant de revenir sur son père qui passait la porte. C'était la première fois qu'elle le voyait dans un de ses cours de défense contre les forces du Mal ! Albus et James avaient eu des séances comme les autres cousins, mais les visites de l'ancien survivant au château étaient toujours courtes, il n'avait jamais le temps de saluer ses enfants lors des pauses. Harry fit un sourire discret à sa fille, son neveu et à Solange avant de reprendre son sérieux et de s'adresser à la classe :
- Bonjour à tous, je pense qu'on peut se passer de présentations supplémentaires. Si je suis venu aujourd'hui, c'est pour aider le professeur MacMillan à vous apprendre un sort qui peut se révéler grandement utile.
- En effet, renchérit Mr MacMillan qui semblait être le plus heureux de la présence d'Harry Potter. Notre cours a pour sujet les épouvantards et sur le sortilège pour le repousser, mais avant toute chose, quelqu'un peut me dire, ce qu'est cette créature ?
Une dizaine d'élèves levèrent la main, un regard rapide de Lily lui permit de remarquer qu'il y avait une majorité de Serdaigle ainsi que quelques Serpentard (avec Mary Nott) et Gryffondor. Ni Hugo ni Lily ne se portaient volontaires pour répondre, ils savaient tous deux ce qu'était un épouvantard, bien qu'ils n'aient jamais été confrontés. C'est donc Pamela Green, de Serdaigle, qui donna la définition.
- Excellent Miss Green, cinq points pour Serdaigle ! récompensa le professeur. Et vous compléterez toutes vos connaissances sur ce sujet avec une dissertation de soixante centimètres pour la semaine prochaine ! Mais avant tout, qui peut m'expliquer comment vaincre un épouvantard ?
Un peu moins de mains levées cette fois, c'est un des garçons de Serpentard qui eut la parole.
- Il faut tout simplement éclater de rire ou de se concentrer sur quelque chose de drôle avant de lancer le sort de défense en question.
- Bien Mr Zabini, félicita Mr MacMillan. Cinq points pour Serpentard. Pour cette séance, nous nous diviserons en deux groupes, Mr Potter prendra les Serpentard et les Gryffondor, tandis que les Serdaigle et les Poufsouffle vont avec moi.
Lily frémit, l'idée que son père voit sa plus grande peur la rendait mal à l'aise. Solange, quant à elle, paraissait complètement paniquée d'être séparée de ses amis.
- Du calme Solange, rassura Hugo en voyant ses tremblements. Si besoin, nous sommes juste dans la salle à côté. C'est quoi ce qui t'effraie le plus ?
- Tout, bredouilla-t-elle d'une voix chancelante.
- Il y a forcément quelque chose qui te terrifie plus que tout au monde ! insista Lily.
Solange réfléchit un instant et répondit dans un souffle, les joues rouges.
- Bellatrix Lestrange, avoua-t-elle sous l'expression perplexe de Lily et Hugo. C'est elle qui a torturé mes grands-parents, elle qui a détruit la vie de mon père... J'ai lu et entendu des choses horribles à son sujet et je fais parfois des cauchemars où elle revient et que...
- Chut ça ira, n'en dis pas plus, la rassura Hugo en voyant que Solange était complètement à deux doigts de pleurer. Écoute Solange, tu vas imaginer que Bellatrix...glougloute comme un dindon dès qu'elle ouvre la bouche !
- Quoi ? pouffa Lily à moitié interloquée. Tu crois vraiment que ça suffira pour Solange ?
-devrait être assez drôle à voir, affirma Hugo. Et je n'ai pas mieux en stock de toute façon. Allez, tiens bon Solange !
La jeune Serdaigle rejoignit le professeur d'un pas tremblant tandis que les deux cousins partirent dans une salle de classe désertée juste en face. Pendant que les élèves des maisons rivales peu ravis d'être ensemble se regroupèrent en file indienne et par ordre alphabétique, Lily essayait de trouver ce qu'elle craignait le plus, mais en vain. Elle avait le dégoût des limaces (depuis le jour où James lui en avait accroché une dans le dos), mais était-ce suffisant pour qu'il apparaisse durant l'exercice ?
Autre chose lui vint en tête…une sensation sombre, froide et angoissante. Elle se voyait recroquevillée tandis que les mots des trois vipères, de Scorpius et même imaginés de sa famille ou de ses amis, martelaient son cerveau, tranchant comme des lames, résonnant douloureusement dans ses tympans. Elle, toute seule, dans le noir, les mains sur les oreilles, pleurant et suppliant pour que tout s'arrête, que quelqu'un l'aide…
Non, impossible... Il existait des sorts ou des potions capables de te faire perdre la raison ou le sens des réalités en jouant avec tes angoisses les plus sombres, mais les épouvantards ne pouvaient pas devenir des frayeurs psychologiques sans forme précise. Elle n'avait pas la frousse de toutes ces personnes, juste de leurs mots. Ce n'était pas pareil…Lily se persuada qu'elle aura sans aucun doute une grosse limace baveuse devant elle…il ne pouvait pas en être autrement.
Elle jeta un œil à la commode en bois qui tremblait dangereusement devant eux, attendant les élèves. Non loin de Lily, Hugo se concentrait sur une idée de contre-sort, ses doigts presque incrustés à l'intérieur de son crâne. Elle savait déjà qu'il cherchait le meilleur moyen de tourner l'Alien du film éponyme au ridicule. Hugo en éprouvait une peur bleue depuis que James et Fred lui avaient fait regarder un des volets chez les Potter, alors qu'il n'avait que six ans. Lily ignorait ce qui provoquait exactement cet effroi avec cette créature imaginaire, mais elle avait gardé en mémoire l'énorme punition qu'avait reçue son frère lorsque leur mère fut mise au courant de cet incident…
- Tout le monde est paré ? demanda son père une fois le temps de réflexion écoulé. Très bien, à trois, je vais déverrouiller le meuble et l'épouvantard changera de forme en fonction de qui il a devant lui. Vous êtes prêt Mr...
- Kurt Adams, M'sieur, acheva le dénommé en le dévisageant froidement. Oui je suis prêt.
- Bien ! Attention...un...deux...trois !
Le premier tiroir s'ouvrit d'un coup sec après le mouvement de baguette d'Harry et aussitôt un immense dragon blanc squelettique, de la fumée sortant de ses naseaux d'une couleur bleue inquiétante. De nombreux étudiants sursautèrent et certains eurent même le réflexe de s'accroupir en se protégeant la tête. Kurt Adams, après quelques instants d'hésitation, réussit le sort en criant « RIDDIKULUS » et la créature se dégonfla comme un ballon, rebondissant sur tous les murs.
Les élèves se succédèrent beaucoup trop rapidement du point de vue de Lily ainsi que leurs trouilles : un inférius, un tsunami, Kimberley Drike elle-même qui devenait de plus en plus laide (Lily ne put s'empêcher de pouffer face à cette image), un énorme serpent, le cadavre des parents de Joshua Gust (un joueur suppléant de Serpentard), un loup-garou… Plus le temps passait, plus Lily était gagnée par l'angoisse, la limace se transformant en un immense ballon de baudruche s'effaçait sans cesse pour place à sa précédente vision… Qu'allaient penser les autres s'ils voyaient ça ? Hugo, ses camarades Gryffondor, Mary Nott, les trois pestes et même Wilhem ? Le trac d'être jugée et de voir la déception dans le visage de son père…
Une vision du vide en haut d'une tour, un mangemort masqué inquiétant qui fit tiquer l'ancien survivant, un clown, la directrice qui annonce le renvoi de Margaret Morisson à cause de sa dyslexie… Lorsque ce fut le tour de Mary Nott, Lily éprouva un étrange malaise…
Une quadragénaire aux cheveux blonds, ressemblant fortement à Mary, sortit du coffre et s'avança devant elle, affreusement menaçante. Lily pencha la tête et vit du coin de l'œil que la jeune fille avait perdu sa maîtrise habituelle. Sa bouche était légèrement entrouverte, les yeux écarquillés et ses jambes s'agitaient. Et alors que Lily pensait qu'elle s'était pétrifiée, Mary finit par rugir « RIDDIKULUS » au moment où le bras droit de la femme semblait prendre de l'élan. Elle se prit finalement dans les pas de ses robes et trébucha majestueusement contre le sol. Plusieurs élèves pouffèrent, mais la Serpentard ne contempla même pas le spectacle et partit au fond de la classe sans un regard en arrière, la mine cramoisie et furieuse.
- Qui c'était ? chuchota Lily en se penchant vers Hugo non loin d'elle, en se remémorant l'expression de cette dame aux allures cruelles.
- Je ne suis pas sûr…répondit son cousin, qui semblait étrangement mal à l'aise. C'est à toi Lily, bonne chance !
Prise au dépourvu, il fallut que Milly Samson, malheureusement derrière elle, la pousse pour que Lily fasse un pas devant la commode. Il en manquait encore deux avant qu'il ne se transforme… Lily jeta un discret coup d'œil vers son père, il la regardait, comme si lui aussi était un peu nerveux. Elle déglutit et scruta le meuble.
- Allez, tu es une Gryffondor, prouve-le ! scanda son esprit.
Lily s'avança, fixa l'épouvantard qui représentait toujours la femme qu'avait affrontée Mary et à l'instant même où elle s'immobilisa, la créature changea de forme dans un tourbillon de couleur avant de se changer en une porte blanche surélevée de trois marches d'escalier.
Stupéfaite, Lily eut un mouvement de recul puis fronça les sourcils. Un porche d'entrée ? Comment ça ? C'était ridicule, en quoi cela pouvait être effrayant ? Et comme pour répondre à ses interrogations, cette dernière s'ouvrit dans un horrible grincement, d'une lenteur abominable. La limace allait-elle surgir une fois ouverte ? Ça n'avait pas de sens !
Quand soudain des flaques de sang s'échappèrent de l'entrebâillement et tombèrent en petites gouttes sur chacune des marches, Lily entendit des exclamations venant de ses camarades, mais elle n'y fit aucunement attention, la peur étant remplacée par la panique. Qu'est-ce que c'était que ça ? Elle n'avait jamais vécu une chose pareille, ni même dans ses rêves !
- Lily, n'oublie pas la contre-attaque, ordonna Harry.
Mais son commentaire fut noyé par un étrange son. Comme une plainte, faible et cassée. On aurait dit un animal à l'agonie, à bout de souffle. Ce bruit se multiplia, deux autres voix différentes toutes aussi inquiétantes résonnèrent plus loin. Puis une petite main ensanglantée, la chair à vif avec de sombres taches brunes apparut dans un recoin de l'ouverture, le sang ne cessait de couler et se répandait sur le sol de la salle de classe, les lamentations semblaient de plus en plus fortes, de plus en plus suppliantes…
- LILY !
Lily reprit ses esprits, quittant sa transe, le monde autour d'elle demeurait flou. Elle parvint difficilement à reconnaître son père qui se dressa devant elle, où surgit instantanément une grosse silhouette noire flottante à la place de son épouvantard, tandis qu'une chevelure rousse était à ses côtés.
- Riddikulus ! lança Harry avant de se tourner vers sa fille alors que le détraqueur se désintégrait et que la forme de l'épouvantard retournait se cacher dans son tiroir. Lily est-ce que tu vas bien ?
- Je... Je...
Lily se rendit compte à ce moment-là qu'elle était à terre et que des larmes coulaient sur ses joues. Hugo était accroupi à côté d'elle, la retenant par les épaules sous l'attention de tous les élèves.
- Hugo, accompagne Lily dans le couloir, prenez l'air quelques minutes, pressa Harry, paraissant préoccupé. Quelqu'un pour aller voir le professeur MacMillan et lui demander un sachet de bonbons ? Il saura ce que je veux dire.
- Moi, Monsieur ! se proposa d'emblée Mary Nott en levant la main et Lily était trop perturbée par son état pour en être surprise.
- Allez-y, acquiesça Harry d'un air distrait, sans prêter attention à Mary. Tout le monde, on continue le cours.
Hugo aida sa cousine à se relever, les jambes de Lily la portaient à peine lorsqu'elle traversa la salle de classe. La vision dans le vague, elle entendit néanmoins des ricanements au fond de la pièce suivie d'une voix qui chuchotait sans aucune discrétion quand Lily passa devant elle :
- Talentueuse la fille du survivant ! Même pas capable de réussir un sort de troisième année !
- La ferme Moore, siffla Hugo.
Mary Nott avait déjà disparu une fois dehors. Voyant les tremblements incessants des jambes de Lily et ayant peur qu'elle ne tourne de l'œil si elle s'asseyait sur le sol, Hugo traversa la moitié du couloir jusqu'à s'arrêter devant une salle d'études abandonnée. Ils se glissèrent à l'intérieur et Hugo aida Lily à s'appuyer sur la première table venue. Une éternité avait l'air de s'écouler avant qu'elle ne retrouve le son de sa voix.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle faiblement, sa tête continuant de troubler son équilibre.
- Aucune idée, tu as flanché d'un coup et tu semblais hyperventiler. Je ne voyais pas grand-chose dans la file, qu'est-ce qui y est sorti ?
- Je n'en sais rien…j'ai vu que cette main qui…
Ils furent coupés par l'arrivée de Mary qui entraînait avec elle une silhouette hoquetante, de profil, cachée par ses cheveux bruns.
- Solange ! reconnut Hugo. Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- Je l'ai entendu pleurer en vous cherchant, expliqua Mary en baissant les yeux. Elle était dans un recoin.
- Je...j'ai paniqué, je me suis enfuie lorsqu'elle a commencé à apparaître, sanglota Solange, la voix cassée. Nott m'a trouvé et m'a ramené ici…il y a un problème ?
- Je n'ai pas réussi…répondit Lily en essuyant le reste des traces de ses larmes sur sa figure.
Sans un mot, Mary guida Solange jusqu'à Lily et piocha plusieurs bonbons dans un sachet avant de les donner aux filles et même à Hugo, qui distribuait des mouchoirs. Mary prit la dernière confiserie du sac, une baguette à la réglisse et le suça longuement, évitant soigneusement de croiser le visage de quiconque.
- J'ai cru que je pouvais finalement y arriver, brisa le silence Solange qui hoquetait. Mais quand ce fut mon tour, elle a dit des choses…si horribles, elle était si effrayante que j'ai...j'avais beau penser au dindon, j'étais comme paralysée face à l'épouvantard... Je n'ai pas pu…je me suis enfuie hors de la classe et j'ai pleuré. C'est la honte...
Mary la regarda, légèrement sonnée, n'ayant jamais vu Solange prononcer autant de mots dans une seule phrase. Elle d'habitude si peu bavarde, cela devait faire étrange pour Mary de l'entendre parler normalement... Lily se moucha à nouveau avant d'expliquer à son tour, la situation.
- Je ne sais pas ce qui m'a pris, avoua-t-elle en croquant dans une patacitrouille un peu durcie. Tout ce que vous avez vu, la porte, les escaliers, le sang, les voix, cette main… Je n'ai jamais vu ça de ma vie…ni en rêve. Pourtant, quand c'est apparu, je me suis sentie…
Impossible pour Lily de continuer, elle eut un haut-le-cœur. Hugo lui tapota l'épaule, compatissant, et récupéra sa sucrerie à moitié entamée.
- C'est peut-être un stress post-traumatique ? proposa Mary Nott qui réfléchissait. Tu as peut-être vécu quelque chose de terrible et pour te protéger, ton cerveau a fait un blocage donc ça expliquerait pourquoi tu ne te souviens de rien.
- Impossible, secoua la tête Lily. Mes parents m'auraient dit s'il m'était arrivé quelque chose. Je ne sais même pas où j'ai pu voir cette vision…
- Mais les phobies viennent de quelque chose qui est ancré en nous… énonça Solange d'une petite voix. Peut-être que c'était ta famille derrière ?
- Évidemment que je suis terrifiée de les perdre, mais à ce point-là ? fit la moue Lily, peu convaincue.
- En tout cas, tu m'as fichu la frousse Lily, avoua Hugo. Bien plus que n'importe quel alien.
- Ce n'est rien Hugo…je saurai le contrer la prochaine fois.
- Quelle idée cet exercice…pesta discrètement Mary. C'est humiliant d'exposer à toute la classe nos peurs les plus profondes.
Lily aurait voulu lui rétorquer une phrase bien de sa famille qu'il n'y avait rien de plus courageux que d'affronter ses phobies, en public qui plus est, mais la petite voix dans sa tête lui murmura que pour une Gryffondor, elle n'avait pas assuré du tout. Les choses se seraient passées autrement si elle avait été face à la limace ou devant une représentation de son entourage l'insultant ? Misère, pourquoi l'avait-on réparti dans la maison de la bravoure ? Même en faisant semblant, en essayant d'être la plus confiante et joviale possible, Lily n'arrivait pas à convaincre quiconque, et surtout elle-même. Elle était pathétique…
- Et toi Nott, tu as réussi ? demanda timidement Solange en finissant sa chocogrenouille.
Mary se brusqua, elle termina sa sucrerie avec vigueur et quitta la chaise où elle était assise.
- Je n'ai pas envie d'en parler, répondit-elle froidement.
- Mais cette femme, insista Lily, qu'est-ce qu'elle…
- Tais-toi Lily ! coupa Hugo d'un ton sec en lui faisant les gros yeux. C'est personnel !
Lily fut choquée de la réaction de son cousin, mais garda le silence. Elle échangea un regard avec Solange qui était tout aussi surprise. Elles furent sûres d'une chose : Hugo devait avoir compris quelque chose qui leur était passé sous le nez.
La sonnerie mit fin à cette atmosphère tendue et Mary fut la première à quitter la pièce, sans prêter attention derrière elle. Le trio regagnait leur salle de classe en traînant des pieds pour récupérer leurs sacs avant de filer au cours suivant.
- Ah, miss Potter, vous allez mieux ? interpella bruyamment le professeur MacMillan à l'arrivée de Lily. Mr Potter m'a parlé de votre léger incident, pas d'inquiétude à avoir, cela arrive souvent ! Pas facile d'affronter ses angoisses à cet âge, travaillez bien la théorie du sort et ça devrait fonctionner la prochaine fois ! Vous aussi miss Londubat.
Lily aurait aimé lui répondre, mais son père commençait à se rapprocher et elle craignait qu'il veuille évoquer avec elle ce qui s'était passé. Elle tira Hugo et Solange par la cape et les pressa à sortir de la classe. Il n'était pas question qu'elle discute de ses traumatismes, imaginaires ou non, avec lui. En particulier l'idée d'avoir peut-être pu le décevoir. Elle ne voulait pas voir la désillusion qu'il devait ressentir auprès d'elle, Lily s'était déjà suffisamment humiliée pour aujourd'hui.
Et voilà, j'espère que ça vous a plu !
La semaine prochaine, je risque de poster un peu en retard (jeudi soir...mais je pense que vous allez survivre), je vais à la Japan Expo pendant 4 jours. Le chapitre 7 sera "My lucky strike".
N'hésitez pas à commenter à votre tour, à bientôt !
