Hello,

Chose promise, chose due. Voici l'OS que j'ai écris en collaboration avec mon amie Morgane.

Cet OS est vraiment très triste, prévoyez les mouchoirs, je préfère prévenir.

Je veux pas vous spolier, donc je vais vous laissez lire, ne nous détestez pas.

/!\ Attention : Je préfère prévenir que si vous êtes sensible sur certains sujets comme le suicide, le sang évitez de le lire car cet OS le mentionne.

Bonne Lecture.


Samedi matin, c'est aujourd'hui le grand jour pour Raphaël Balthazar, mais sa Capitaine favorite, Hélène Bach, est dans son lit, roulée en boule dans ses draps, des larmes le long du visage. Elle ne sait pas pourquoi elle lui a dit qu'elle serait là, alors que c'est beaucoup trop difficile pour elle.

Pourtant elle a sorti la belle robe, un peu bohème, colorée. Tout est près sauf elle. Elle ne l'est pas. Elle réalise qu'elle ne peut pas y aller parce qu'elle l'aime trop et que cela briserait son cœur déjà meurtri, qui finirait par exploser et mourir dans son corps et elle ne serait plus qu'une coquille vide.

Elle finit quand même par se lever, quitter enfin son lit, mais elle n'a pas la force de prendre un café, ni d'avaler quoi que ce soit, l'homme qu'elle aime va se marier, et malgré le fait qu'elle voudrait être la mariée, elle ne peut pas y aller et s'y opposer, parce qu'elle a trop de respect pour lui et que malgré tout elle voudrait qu'il soit heureux. Et si son bonheur ne passe pas par elle… ainsi soit-il.

Elle regarde sa robe et soupire, rien ne va, tout tourne en boucle dans sa tête, et des pensées noires, très noires, lui traversent l'esprit. Ce serait abandonner et cela ne lui ressemble pas, pourtant, aujourd'hui, plus que jamais elle y pense, parce qu'elle a bien du mal à imaginer sa vie sans lui, à s'imaginer avancer sans lui.

Elle prend son téléphone et hésite à lui envoyer un message, mais elle dirait quoi ? "Désolée je ne peux pas venir parce que je peux pas te regarder en épouser une autre ?" Ouais non c'est pathétique, complètement pathétique et surtout cela ne lui ressemble pas… Pourtant elle a besoin de lui demander pardon, pardon de ne pas venir, pour ne pas qu'il se sente trahis, mais elle ne peut pas… Et si elle le fait, il va probablement essayer de la convaincre de venir, alors elle renonce.

Elle arrive dans son salon et regarde autour d'elle, les pensées noires sont toujours là, elle essaye de ne pas les laisser gagner mais cela devient de plus en plus dur. Y céder serait mettre fin à cette souffrance qui la dévore de l'intérieur et lui pourrit la vie. Pourtant c'est un beau poison, Raphaël Balthazar, un magnifique poison, une drogue, et elle est complètement addict et elle refuse d'arrêter. Cet homme lui a beaucoup pris mais aussi beaucoup donné…

L'envie de mettre fin à tout cela lui prend de plus en plus les tripes. Cela serait tellement facile, prendre son arme, et se tirer un balle dans la tête… Et puis elle ne sera pas la première à le faire, encore moins la première flic, avec toutes les horreurs c'est normal de craquer à un moment…

Mais le sentiment qu'il lui faut tout poser, tout dire, tout écrire vient lui tirailler l'estomac et elle cherche frénétiquement un papier et un crayon, quitte à être brouillon, à avoir quelques ratures, elle doit écrire une lettre pour Raphaël… Peut être qu'il ne la lira jamais, surtout si elle renonce, mais elle se doit de coucher, sur un papier ses sentiments pour lui, pour enfin extérioriser et que cela ne la ronge plus, juste enfin qu'elle ne soit plus la seule, à connaître la profondeur de ses sentiments pour son beau légiste, parfois gamin - ah ça oui, c'est un gamin - mais cela fait partit de son charme.

Alors elle prend un papier, qu'elle a enfin trouvé, s'assoit calmement à sa table et commence à écrire, sans réfléchir, elle laisse les mots venir naturellement, et se laisse emporter par eux, tout ceci n'en sera que plus vrai.

Mon Amour,

Si tu lis ces mots, c'est que je n'ai pas réussi à faire taire mes sombres pensées. J'ai cependant une dernière chose à faire avant de m'abandonner à elles alors s'il te plaît, lis jusqu'à la fin. Je ne sais par où commencer, tant il y a de choses à dire.

Ce n'est pas facile… Tout d'abord, je veux que tu saches combien je suis désolée, mais je ne peux pas continuer comme ça, c'est trop difficile… J'ai trop lutté contre mes sentiments, et depuis si longtemps… J'ai lutté comme jamais, dans l'espoir de les faire taire, mais ils ont fini par me détruire. J'ai vraiment essayé de ne pas t'aimer, je te le jure, mais c'est plus fort que moi, je suis emportée dans un tourbillon que j'ai bien du mal à contrôler. Ma lutte a été encore plus acharnée quand Maya est revenue dans ta vie, parce que tu l'as choisie et que c'était elle qui te rendait heureux, pas moi. J'ai voulu être indifférente, ça aurait même pu marcher, j'ai essayé de croire que je pouvais ne plus t'aimer, mais c'était… C'est impossible, mes sentiments étaient et sont bien trop forts.

Je t'aime Raphaël. Plus que je me serais crue capable d'aimer. Plus que je n'ai aimé Antoine. Plus que ma propre vie… Et quand tu es parti sans te retourner, sans même me prévenir, je me suis enfermée dans cette idée que je ne comptais pas pour toi. Que tu n'en avais en fait rien à foutre. J'étais en colère. J'étais dans l'incompréhension. J'étais totalement désespérée à l'idée de ne jamais te revoir.

Chaque jour je t'imaginais mort, ou en train d'agoniser dans un endroit où personne ne pourrait te trouver. J'avais terriblement mal, tellement que je n'étais plus moi-même. Je voyais dans les yeux des autres que tous s'en étaient rendus compte, - en même temps, il aurait fallu être aveugle pour ne pas le voir - mais que personne n'osait en parler. D'ailleurs, ton nom était évité en ma présence, tellement ça me faisait mal. J'évitais l'IML autant que possible, parce que je savais que je ne t'y verrais pas, que je n'entendrais pas tes interminables explications. Tu sais, j'avais beau montrer un agacement constant pour tes explications, la réalité est que j'aurais pu t'écouter parler pendant des heures. Parce que tu es heureux quand tu racontes tout ça, et que j'aime te voir heureux.

Et puis, au bout de six mois, ton nom est apparu dans nos fichiers. C'est ça qui m'a permis de te retrouver. C'était inespéré, alors j'ai sauté sur l'occasion et je suis venue te chercher. Quand je t'ai vu là, sur cette île, l'air bien, alors que moi j'étais comme morte de l'intérieur depuis six mois, je me suis énervée. Toi, tu n'arrêtais pas de t'excuser, comme si ça pouvait changer tout ce que j'avais ressenti. J'étais en colère, et toi tu m'as serrée fort dans tes bras et, pour la première fois depuis longtemps, je me sentais bien, vraiment bien. Je voulais rester en colère après toi, alors j'ai joué le jeu, afin de ne pas laisser paraître grand chose. Pas plus que ce que je ne pouvais pas contrôler. En réalité, j'aurais voulu rester comme ça pour toujours : tes bras autour de moi, essayant de me rassurer et me calmer. C'était bien, c'était agréable. Si seulement ça avait pu durer.

Après ça, tu m'as sauvé la vie, et tu es rentré à Paris avec moi. Maya n'était plus là, et toi tu étais de retour. J'ai espéré un peu trop fort qu'on puisse se donner une chance. Pourtant, mes actions montraient le contraire, et j'en suis désolée. J'avais peur, j'avais besoin de me protéger. Je pensais que m'éloigner de toi me permettrait de ne plus me noyer dans la profondeur de mes sentiments. Je pensais que si nous n'avions rien d'autre qu'une relation professionnelle -en toute honnêteté, elle n'a jamais vraiment été très professionnelle, notre relation- je pourrais passer à autre chose plus vite. Et j'ai essayé. Mais là encore, c'était impossible.

Puis il y a eu la chambre froide. L'ambiance était encore plus glaciale que la pièce, je me souviens. Un mélange de jalousie et de colère. Aucun de nous deux parlait, mais j'avais besoin d'entendre ta voix, alors je t'ai demandé de me raconter. Et pour une fois, je ne t'ai pas interrompu. Après tes explications, tu as dit qu'on pouvait utiliser nos corps pour ralentir les effets du froid. Physiquement, je n'ai pas réagi, mais dans ma tête j'oubliais le contexte, me concentrant simplement sur le fait que tu allais encore me prendre dans tes bras. Plus rien d'autre ne comptait quand tu m'as serrée contre toi. Le temps s'était arrêté pour moi, et plus rien n'existait. Mais toute bonne chose a une fin, et cette étreinte a pris fin lorsque Delgado nous a trouvé, alors que nos lèvres se rencontraient pour la première fois. Ce presque baiser, c'était… Il n'y a pas de mots...

Le lendemain, nous devions dîner, et je me souviens avoir essayé chaque tenue que je possédais, cherchant LA tenue parfaite pour toi. Mais je suis arrivée trop tard. Maya était revenue et tu l'as choisie, sans voir que j'étais là. Il s'en est fallu de deux minutes… Deux petites minutes qui auraient pu tout changer… C'en est suivi le moment au bowling, où, pendant que tu t'excusais encore et encore je répétais que ce n'était pas grave alors que je mourais d'envie de te cracher ma jalousie au visage. J'enviais Maya. Je l'envie toujours. Mais j'ai encore joué le jeu, m'intéressant à ta vie avec elle ; avant de couper court quand tu as demandé qu'on en discute. Si je pouvais changer certaines choses, peut-être aurais-je changé ce détail.

En tous cas, il y a une chose que je n'hésiterais pas à changer. Et je pense que tu sais de quoi je vais parler : le moment où je t'ai repoussé, dans ta voiture. Tu avais besoin de savoir, et je t'ai menti ce jour-là. Certes, c'était pour me protéger, mais cela n'excuse pas nécessairement la lâcheté dont j'ai fait preuve à ce moment précis. Cette fois, tu sauras réellement. Certes, il est trop tard pour que cela change quoi que ce soit, mais je partirais en t'ayant tout dit, en ayant réparé une petite partie de mes erreurs. Je t'ai dit les choses avec tellement de désinvolture que c'est affligeant que tu ne te sois pas rendu compte de ce que ça cachait réellement. J'ai commencé par dire qu'on aurait couché ensemble si Maya n'était pas revenue, et qu'on aurait tout regretté.

La première partie aurait sûrement été vraie. Nous aurions probablement couché ensemble. Mais JAMAIS je n'aurais regretté, parce que je veux ça depuis les premières semaines. Et aujourd'hui, je meurs sans même avoir goûté réellement tes lèvres. Aujourd'hui je meurs sans avoir pu te toucher comme je l'ai rêvé si fort. Aujourd'hui je meurs, et tout ce que je laisse dans cette lettre est tout ce qui a fini par m'achever.

Une fois, Jérôme m'a dit que j'étais forte, que je savais encaisser les coups et que je ne devais pas abandonner… Raphaël, dis-lui qu'il avait tort et que je suis désolée. Dis-lui que j'ai encaissé au point de ne plus savoir guérir. Mais surtout, dis-lui que j'ai été ravie de l'avoir dans ma vie. Il a été un ami formidable, mon meilleur ami.

Mais revenons-en à nos histoires, je me suis assez égarée. Tu m'as demandé pourquoi, et je me suis enfoncée. Bien sûr que nous sommes différents ! Très, même. Je ne flirte pas avec la mort dès que j'en ai l'occasion, moi. Je n'ai pas ta force de caractère, celle qui te permet d'être toi-même qu'importe les circonstances, celle qui fait que tu t'en foutes des remarques qu'on pourrait te faire. Enfin, j'ai toujours expliqué tout ça par le fait que je suis une femme et, qu'à la moindre erreur, j'aurais perdu le respect de mes hommes. Toi tu pouvais faire ce que tu voulais, ça passait toujours. Je ne vais pas m'étaler plus sur nos différences, en plus, comme tu me l'as dit ce jour-là, différents peut vouloir dire complémentaires. C'est ce que nous sommes, je crois. Mais il est trop tard pour nous.

J'aimerais tout de même évoquer nos deux plus grandes ressemblances : notre passion pour notre métier et le désir le plus profond d'aider les autres à trouver la paix, chacun à notre manière. Je pense que c'est pour ça qu'on faisait une équipe aussi efficace, surtout que tu es la personne la plus observatrice que je connaisse, et putain que t'es doué ! Tu t'en vantes quand même pas mal et ça m'agace, mais je ne peux rien dire parce que tu as raison, et il faudrait être stpide, ou jaloux, pour oser dire le contraire.

Par contre, je me suis encore laissée emportée, il faudrait quand même que je termine ce que je disais, non ? Quand je te disais que la vie quotidienne pour nous deux n'était pas envisageable, c'était un mensonge de plus. Parce que la réalité c'est que j'en ai tellement rêvé que je ne pourrais même pas compter. J'ai fais au mieux pour que tu trouves ça ridicule, mais la vérité, c'est qu'en voulant me protéger, j'ai creusé ma propre tombe. C'est idiot, évidemment. Mais je ne voulais pas te laisser l'occasion de me faire plus de mal que tu m'en avais déjà fait en m'abandonnant pendant six mois. Je ne voulais pas non plus prendre le risque de te laisser une chance de me faire subir de nouveau ce que j'ai subi avec Antoine. Avec toutes les filles que tu ramènes chez toi, je serais vite devenue parano ! Et j'ai enchaîné. Encore. Et encore. Tout ça pourquoi ? Pour me briser encore plus au lieu de me protéger ? Mais quelle idiote je fais !

J'ai quand même été jusqu'à dire qu'on se respectait trop pour tout gâcher pour une histoire de cul. Une histoire de cul putain ! Comment j'ai pu te dire l'antipode de la réalité sans que tu ne le voies, sans que tu ne le comprennes ? Toi qui est si fin observateur… Parce que notre histoire aurait pu être la plus belle de ma vie. En tous cas, j'aurais fait en sorte que la tienne soit aussi belle que possible, parce que putain après tout ce que tu as vécu tu mérites la plus belle des histoires d'Amour ! L'Amour avec un grand A, comme dans les plus beaux textes, les plus grandes comédies romantiques. Pas une bête succession d'histoires de cul qui ne t'apportent rien de ce que tu mérites.

Mais j'ai été conne, et j'en paie le prix chaque jour. J'en paie tellement le prix que ça a fini par me tuer. Je n'ai plus la force de supporter tout ça. Je t'en supplie, ne te sens pas responsable. Ce n'est pas ta faute. Ce n'est pas ma faute non plus. J'aime à croire que c'est le destin, et que, peu importe mes efforts, je ne pouvais pas lutter contre tout ce qui m'est arrivé et ce qui m'arrive.

Lorsque tu auras fini la lecture de cette lettre, je voudrais que tu dises à Jérôme à quel point j'étais ravie de travailler avec lui pendant ces trois années, que j'étais encore plus ravie de l'avoir comme ami, comme soutien. Dis à Eddy et Fatim que je les appréciais beaucoup et que j'aurais aimé les connaître un peu mieux. Et s'il te plaît, dis à Hugo et Manon que je les aime plus que tout et que je ne voulais pas les abandonner. Dis-leur simplement que j'étais à bout, mais que je veillerai toujours sur eux. Demande-leur à tous de ne pas pleurer en pensant à moi, mais plutôt de sourire. Demande à Jérôme, Fatim et Eddy de continuer à faire ce qu'ils font et à aider les autres !

Et toi Raphaël… Mon amour, ne m'en veux pas. Je te promets de veiller sur toi de là-haut. Je t'attendrais, parce que je sais que nous nous retrouverons. J'espère juste que tu vivras ta vie avant de me rejoindre, parce que tu mérites le bonheur. Vis pour moi,vis pour nous. Continue d'être le brillant légiste que tu es. Ne te renferme pas sur toi-même, et continue de partager le rire et l'affection partout où tu passes. N'oublies jamais que je t'ai aimé comme une folle, que je t'ai aimé plus que ma propre vie et que j'emporte cela avec moi là-haut. Je pars malheureuse. Je pars le cœur déchiré, complètement meurtri. Je meurs de t'avoir aimé si fort, mais je meurs en ayant tout dit. Tu sais tout. Je peux désormais mourir en paix.

Je veille sur toi, mon amour. A bientôt.

Ta Capitaine.

Hélène signa et termina la lettre avant de poser son crayon. Elle se sentait vidée, mais soulagée. Elle ne la relu pas, elle ne pouvait tout simplement pas, ses émotions étaient complètement à nues, cette fois si, c'était sûr, elle allait le faire… La lettre avait, pour elle, été un épuisement moral mais un mal nécessaire. Elle prit le temps de la plier, de la mettre dans une enveloppe et d'inscrire le prénom de Raphaël dessus.

Elle regarda l'heure et pensa à lui, à quoi pensait-il, là tout de suite, elle pensait à lui, mais lui devait penser à son mariage, avec une autre… Elle laissa une larme couler sur sa joue, puis deux et ce fut un torrent qui finit par s'en échapper. Hélène ne contrôlait vraiment plus rien quand il s'agissait de lui, il l'avait fragilisée a un point de non retour… Et elle pleurait, encore et encore, jusqu'à ne plus avoir une larme.

Finalement elle se leva, tel un robot. Tout était mécanique dans ses gestes. Elle agissait par automatisme. Trouver son arme. La charger . Tirer. C'était tellement simple. Pourtant elle avait un peu peur… Pas de la mort, non, elle n'en avait jamais eu vraiment peur, pas de la douleur non plus, après tout, elle s'était déjà faite tirer dessus, même si elle n'en était pas morte, mais elle avait peur de faire du mal aux gens qu'elle aime… Qu'ils ne comprennent pas son geste fou… C'était peut être la seule chose qui la retenait un peu, ça et aussi la peur de les décevoir… Les quelques phrases qu'elle avait laissé pour les autres dans sa lettre ne seraient clairement pas suffisantes pour leur faire comprendre. Et elle ne voulait pas que Raphaël fasse lire la lettre à qui que ce soit… Personne ne devait savoir, sauf lui.

Une fois son arme en main, Hélène retourna vers la table, pour être quand même proche de la lettre, si son métier lui avait appris quelque chose c'était que, souvent les personnes qui mettent fin à leur vie laissent une lettre, et Balthazar le savait aussi. Comme ça, il n'aurait pas à retourner la maison… Il y avait un miroir dans son salon, pourtant l'idée de se regarder dedans alors qu'elle se donnait la mort ne lui plaisait pas. Elle se regarda tout de même, une dernière fois, elle n'était pas belle à voir. La Capitaine forte et solide était bien loin, c'était juste une femme brisée, l'image qu'elle renvoyait… Ses yeux étaient rouges et gonflés d'avoir trop pleurer et peu dormi. Elle portait un débardeur et un jogging. Ses cheveux étaient emmêlés, sans ses yeux bouffis elle aurait presque pensé qu'elle était belle… Mais elle n'avait plus vraiment confiance en elle aujourd'hui, et elle ne se trouvait plus forcément belle. Encore quelque chose qu'il lui avait pris…

Elle se mit dos à son miroir et prit une profonde inspiration, c'était ses derniers instants de vie… Elle posa son arme contre sa tempe, la main sur la détente, c'était la fin, la fin de longues souffrances, la fin de toutes les horreurs qu'elle avait pu voir et qui petit à petit l'avaient brisé sans que jamais personne ne puisse la réparer… Elle aurait aimé que ça soit lui, le pansement des toutes ses blessures intérieures, de ses fragilités, mais au final cela avait été l'inverse, il l'avait juste brisé un peu plus, sans vraiment le vouloir…

Hélène inspira, ferma les yeux et appuya sur la détente, s'écroulant directement sur le sol. Le sang s'écoulait déjà et son sol blanc devint rouge, ses cheveux eux aussi perdaient leur blond alors qu'ils baignaient dans son propre sang. C'était fini, Hélène Bach venait de mettre fin à ses jours…

De son côté Raphaël terminait de se préparer, ignorant le drame qui s'était joué, le combat que sa capitaine et amie avait abandonné… Il ne l'avait pas vu, mais il la pensait bien en sécurité dans la salle à attendre, discutant avec Delgado, bien loin de cette réalité funeste, bien loin de croire qu'une des ses plus fidèles amies, qu'il côtoyait tous les jour, avait embrassé Hélène, la lui arrachant pour toujours…

Il allait regarder qui était là, et rencontra le siège vide de la flic, à côté Delgado pressait frénétiquement l'écran de son téléphone, inquiet. Balthazar prit alors le sien et envoya un message au Lieutenant, lui demandant de le rejoindre au plus vite. Ce qu'il fit, surpris que Balthazar le réclame a quelques minutes du grand saut.

"Elle est où Hélène ?" demanda cash le légiste, ne pas la savoir dans la salle ne lui plaisait pas du tout.

"Je sais pas, elle répond pas, ni a mes messages ni à mes appels, et c'est pas son genre, ou du moins elle m'aurait déjà rappeller…" Delgado était très nerveux. "T'as essayé toi ?"

"Non" Le brun secoua la tête "Je vais le faire" Il prit son téléphone et composa le numéro d'Hélène, mais sans succès… "Messagerie" soupira-t-il, et cette fois lui aussi commença à angoisser "J'y vais ! Tu retardes la cérémonie, trouves un truc je te fais confiance."

Sans que Jérôme ne puisse dire un mot, Balthazar sortait déjà du lieu de la cérémonie, sans même voir Maya et courait vers sa voiture…

Sans perdre une seule seconde, le légiste monta dans sa voiture et démarra à pleine vitesse. Ne faisant qu'à peine attention aux réglementations, il fonçait chez sa Capitaine. Il n'était pas normal qu'elle ne réponde pas, et son estomac se tordait sous l'inquiétude. Des tas d'idées fusèrent dans son cerveau, le forçant à aller encore plus vite. Ses yeux sur la route, il n'arrêtait pas d'appeler Hélène. Encore. Et encore, dans l'infime l'espoir que peut-être elle finisse par lui répondre, pour lui dire que tout va bien

Au bout de cinq minutes de route et de 7 appels sans réponses, le cœur du médecin se serra. Sa gorge se noua. En plus, il était pris dans les bouchons de la capitale. Comme il l'avait fait lorsqu'il avait cru Maya en danger, Raphaël quitta sa voiture, l'abandonnant en plein milieu de la route, et courra plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Ses poumons étaient en feu. Ses jambes menaçaient de le lâcher à chaque foulée qu'il faisait. Son cœur battait si vite et si fort qu'il pourrait presque sortir de sa poitrine et exploser.

Son corps voulait s'arrêter, prendre ne serait-ce qu'une minute de pause pour souffler. Mais il sentait qu'il était arrivé quelque chose à sa Capitaine, alors il continua, puisant dans ses dernières forces pour ne pas tomber. Sa course lui semblait interminable, malgré la vitesse à laquelle il allait. Chaque pas qu'il faisait paraissait l'éloigner de l'appartement d'Hélène au lieu de l'en rapprocher. Et chaque pas qu'il faisait, son cœur battait plus vite. Parce qu'il en était désormais persuadé. Si Hélène n'avait pas rappelé ni Delgado ni lui, c'est que quelque chose de grave lui était arrivé.

Sans savoir d'où lui venait cette conviction si puissante, le légiste accéléra encore lorsqu'il aperçut enfin l'appartement de la Capitaine. Il avait le sentiment d'avoir couru un marathon, mais il n'attendit pas l'ascenseur. Chaque seconde comptait.

Finalement devant sa porte d'entrée, Raphaël eut un doute. Qu'allait-il trouver en ouvrant cette porte ? Il n'eut pas le temps de se poser la question puisque sa main se posa machinalement sur la poignée et poussa la porte. A peine celle-ci entrouverte, une odeur qu'il ne connaissait que trop bien lui chatouilla le nez : le sang.

Son cœur rata quelques battements alors que son cerveau commençait à assimiler. Il avait peur de comprendre. Il était terrifié. Et quand il arriva dans la pièce, ce qu'il vit le fit hurler à plein poumon. Le sol était rouge, et, en s'approchant, il trouva le corps sans vie d'Hélène. Un nouveau cri s'échappa de Raphaël, qui s'agenouilla à côté de la Capitaine, serrant son corps sans vie contre son cœur, se balançant d'avant en arrière, priant très fort pour que cela ne soit qu'un cauchemar et qu'il finisse par se réveiller.

Les larmes coulèrent inlassablement sur ses joues, si bien qu'en moins d'une minute sa vision se brouilla complètement. Il serrait toujours le corps de la blonde contre son cœur, qui s'était brisé à la seconde où il avait vu la tâche de sang sur le sol. Une de ses mains changea de place, pour se retrouver dans les boucles ensanglantées de la mère de famille. Son visage s'approcha du sien et, au travers ses larmes et ses balancements, il déposa des dizaines de baisers sur son front, ses joues et sa bouche. De temps à autres, il murmurait des "désolé" et des "je t'aime".

Il ne sut combien de temps il resta dans cette position, à se balancer en serrant le corps sans vie de sa partenaire, mais il fut interrompu par un appel de Delgado, auquel il ne répondit pas. Raphaël avait besoin de tenir Hélène encore un peu. De toute façon plus rien n'avait d'importance maintenant qu'elle n'était plus là… Il avait tout perdu…

Enfin, le légiste reposa la Capitaine et il se releva, prenant appui sur la table. Il jeta un œil rapide dessus et croisa l'enveloppe. Il dû se frotter les yeux pour pouvoir y lire son prénom. Le simple fait de voir qu'elle lui avait écrit une lettre le fit de nouveau pleurer et geindre.

Les doigts ensanglantés et tremblants, le cœur battant toujours trop vite et la vue toujours brouillée par les larmes, Balthazar attrapa l'enveloppe et en sortit le contenu. Il s'agissait d'une lettre de presque trois pages de la main d'Hélène. Il aurait reconnu son écriture entre mille.

Il força sur ses yeux pour lire les premiers mots de sa Capitaine favorite, mais l'effort était insurmontable, et ses larmes redoublèrent. Sa respiration se fit saccadée, puis impossible, et Balthazar suffoqua, en proie à une crise de panique telle qu'il en avait rarement vu. Il passa de longues minutes à essayer de se calmer par tous les moyens. Il devait lire la lettre d'Hélène, qu'importe l'effort que cela lui demandait.

Dès les premières lignes, les émotions de Raphaël se firent encore plus douloureuses. Chaque mot qu'il lisait lui fit l'effet d'un énième coup de poignard en plein cœur, et les larmes ne cessaient de dévaler ses joues. Ses doigts tremblaient de plus en plus, ainsi que le reste de son corps, à tel point qu'il dû s'asseoir pour ne pas tomber par terre.

Lorsqu'il termina la lettre, l'esprit de Raphaël était à la fois si clair et si embrumé qu'il n'y comprenait plus rien. La seule chose compréhensible qui tournait en boucle dans son esprit c'était qu'Hélène l'aimait si fort qu'elle était morte parce qu'il en avait choisi une autre ! Comment pouvait-elle souhaiter une vie heureuse à la personne responsable de son suicide ? Comment pouvait-elle aimer si fort la personne qui lui avait fait le plus de mal cette dernière année ? Comment avait-elle fait pour supporter tout ça, toute seule, aussi longtemps ? Comment n'avait-il rien vu de sa douleur, de ses peurs, de ses sentiments alors qu'elle était à côté de lui, tous les jours, l'aimant en silence, souffrant en silence ? Il était un monstre en fait… Et elle l'avait tant aimé qu'il s'en voulait de ne pas avoir essayer plus lorsqu'elle l'avait repoussé, parce que cela aurait pu être une si belle histoire… Maya ne pouvait pas panser complètement la plaie béante de son cœur, seule Hélène le pouvait, et elle n'était plus là, une réalité qu'il avait bien du mal à assimiler.

Les seules choses qu'il comprenait étaient si douloureuses que sans réfléchir, Raphaël prit le crayon qu'avait utilisé Hélène et griffonna quelques mots à la fin de la lettre de la belle blonde, juste pour expliquer, lui aussi, que sans elle, il ne pouvait pas continuer…

Je flirte avec la mort depuis la disparition de Lise. J'avais besoin de ça pour me sentir vivant, jusqu'à l'arrivée d'Hélène dans ma vie, alors savoir qu'elle est morte parce qu'elle m'a aimé trop fort m'est insupportable. Lise n'est plus là. Hélène non plus. Maya n'était qu'une façade pour me convaincre que je pouvais être à nouveau heureux. Je n'ai plus rien, alors je pars rejoindre les deux femmes de ma vie. Celle que j'attends depuis si longtemps, et celle que je n'ai jamais eu, que je n'aurai jamais, parce que j'ai été trop con.

Delgado, t'as été un super ami et je suis content qu'on ai pu travailler ensemble. Prends soin d'Eddy et Fatim s'il te plait.

Fatim, tu as un excellent avenir devant toi. Ne le gâche surtout pas, je t'en supplie.

Eddy, je suis tellement fier de toi. Je ne le dis pas assez, mais je suis vraiment heureux que tu aies continué tes études. S'il te plaît, n'abandonne pas tout ce que tu as accompli.

N'oubliez jamais que vous n'êtes pas seuls. Peu importe où je serais je veillerais sur vous tous avec Hélène. Et c'est sûrement extrêmement futil, même pour moi, mais lorsque vous vous sentez seuls ou tristes, regardez les étoiles. Regardez le ciel et dites-vous que maintenant nous sommes heureux. Vivez pour nous, vivez à fond, ne baissez jamais les bras. Je vous aime.

Finalement, Raphaël s'était laissé porter et avait écrit bien plus que quelques mots sur le papier déjà utilisé par Hélène. Il était prêt à la rejoindre, à retrouver Lise. Le légiste reboucha le capuchon et posa le stylo sur la lettre, qu'il laissa à même la table, à côté de l'enveloppe que sa Capitaine avait faite un peu plus tôt. Raphaël se remis sur le sol, dans la flaque du sang de la femme, qu'il avait, bien malgré lui, aimé plus que la vie elle même, celle qui avait rendu ses jours meilleurs et plus joyeux et qu'il avait finalement, lâchement abandonné au moment le plus crucial, sans voir combien il l'avait fait souffrir. Il la serra dans ses bras, fort, si fort qu'il aurait pu la briser.

"Attends-moi, mon amour, où que tu sois. Gardes moi une place bien au chaud. Je sais où tu es, mais je ne suis pas sûr que ça soit là que je sois attendu et qu'on se retrouvera un jour, mais je ne peux pas vivre dans un monde où tu n'existes pas et où tu n'illumines pas mes journées. Attends-moi, s'il te plaît. J'arrive"

Balthazar prit doucement l'arme d'Hélène de sa main et la serra encore plus contre lui, attrapant sa main gauche, il embrassa une dernière fois sa tempe et posa l'arme contre la sienne, il ferma les yeux, prit une inspiration profonde, la dernière et il appuya sur la détente. Il tomba sur le sol, Hélène dans ses bras, pour toujours. C'en était fini de lui, la vie l'avait enfin quitté, et il allait danser avec sa plus fidèle amie, la Mort, pour enfin peut-être rejoindre les deux femmes qu'il avait aimé plus que tout au monde.

A une cinquantaine de kilomètres de là, Delgado tentait par tous les moyens de retarder le mariage. Cependant, cela faisait une bonne heure que le futur marié était parti à la recherche de la Capitaine et le Lieutenant commençait sérieusement à s'inquiéter. Qu'Hélène ne soit pas là était déjà suffisamment stressant comme ça. Mais que Balthazar ne revienne pas, c'était que quelque chose de dramatique s'était passé. Mais pourquoi Diable ne l'avait-il pas appelé si quelque chose était arrivé à son amie ?

Comme il l'avait fait des dizaines de fois plus tôt dans la matinée, Delgado appela Hélène. Toujours aucune réponse, alors il réessaya Balthazar, qui n'avait pas répondu la dernière fois qu'il avait essayé. Et là encore, pas de réponse. C'en fut trop pour le policier, qui décida de partir rejoindre les deux, expliquant rapidement à Maya qu'il y avait sûrement un problème.

Il fonça à sa voiture sans attendre la réaction de la future mariée. Il sortit son gyrophare qu'il alluma. Au moins, il arrivera plus vite chez sa supérieure. Il ne lui fallut pas plus de quarante minutes pour arriver en bas de chez Hélène. Sortant à toute vitesse de son véhicule, puis montant les escaliers aussi vite que possible, Jérôme entra, s'attendant à trouver son amie endormie, saoule ou déprimée sur le canapé.

Quand Jérôme trouva enfin ses deux amis, le spectacle qui s'offrait a lui, lui donna la nausée, c'était terriblement tragique, et il était figé comme dans le marbre, incapable de bouger, il lui fallait le temps de réaliser qu'ils s'étaient tout les deux donnés la mort… Il avança dans la pièce, essayant de ne pas glisser sur tout ce sang, trouvant sur la table, les trois pages de la lettre, recouverte de gouttelettes et de traces de sang. Il commença à la lire, évitant les parties terriblement personnelles sur l'histoire entre sa patronne et amie et le légiste, mais il comprit bien vite, au travers de ses larmes, que ces deux-là étaient morts de trop s'aimer, et s'étaient fait souffrir sans le vouloir. Il se retourna pour trouver leur deux corps tragiquement enlacés, il se demanda même s' il allait être possible de les séparer tant le brun semblait tenir la belle blonde fort. La vie ne leur avait pas accordé la possibilité de vivre leur histoire qui, il en était sûr, aurait été terriblement belle, ils étaient un peu comme Roméo et Juliette, en fait ils étaient carrément des Roméo et Juliette des temps modernes… Il prit son téléphone et composa un numéro qu'il ne connaissait que trop bien.

"Ici le Lieutenant Jérôme Delgado, je viens de trouver deux corps." Il laissa le temps à son interlocuteur de répondre. "Pas besoin, c'est des suicides" Il avala difficilement sa salive, les larmes tombant sur ses joues "D'accord je ne bouge pas" Il se tourna pour regarder une dernière fois ses amis. "Où que vous soyez, j'espère que vous êtes ensemble, et enfin heureux, vous le méritez" Ensuite il s'éloigna, la vision devenant trop atroce, prenant soin de récupérer la lettre, personne d'autre n'avait besoin de la lire…


Les larmes sont aussi présentes sur mon visage rassurez vous.

Pour vous rassurer aussi je prévois une version deux, qui arrivera rapidement et qui elle se termine bien.

N'hésitez pas à laisser votre avis, ça fait toujours plaisir.

Kiss