Bonjour,
Voici la partie deux de l'OS poster la semaine dernière. J'espère que la fin va vous plaire
Bonne Lecture
Le jour était arrivé, et elle n'était pas vraiment prête… Pas prête du tout en fait… Elle ne voulait pas arriver au moment de la chambre froide, au moment où elle y avait le plus cru avant de voir son cœur exposer en milliard de petits morceaux qui n'étaient même pas complètement recollés…
Elle s'installa un peu tendue sur le siège, elle redoutait le moment de la chambre froide, même si, la suite de son récit n'allait pas commencer par ça, non, au contraire, elle allait raconter la suite de la Bretagne, avec des moments heureux, très heureux, sans doute parmis les plus heureux de sa vie.
La psy voyait qu'elle était mal, que quelque chose se tramait dans son esprit. Cependant, elle commençait à la connaître, la flic, et elle savait que, pour le moment, il ne fallait pas la forcer à parler. Ca viendrait tout seul, et si ça ne venait pas complètement, elle allait lui tirer un peu les vers du nez.
Hélène commença par raconter la Bretagne, leurs conversations, surtout celle sur la plage, comment elle s'était moquée de lui et combien elle avait espéré qu'il l'embrasse quand elle lui avait dit pour son divorce. Il ne l'avait pas fait, et oui, elle avait été déçue, mais dans le fond, ce n'était pas si grave, car elle avait passé de très bons moments avec lui, loin de Paris, perdus rien que tous les deux sur cette petite île de Bretagne.
Elle raconta ensuite comment elle s'était retrouvée en danger, sur ce buchet et comment il lui avait sauvé la vie. Elle lui était très reconnaissante. Ensuite, elle raconta comment il lui avait dit qu'il rentrait à Paris, avec elle et cette complicité qui semblait retrouvée, sur son bateau.
Cependant, bien vite, elle se tût. Elle allait passer à la partie suivante et on ne pouvait pas dire qu'elle était prête pour cela. Pourtant, gentiment, la psy l'encouragea à continuer son récit. Elle avait compris qu'il y avait un élément important dans la suite, surtout vu comment ils avaient eu l'air de se rapprocher lors de cette petite escapade en Bretagne.
Hélène parla peu de l'enquête, des mécanismes qu'ils retrouvaient rapidement, après tout, ce n'était pas forcément important… Et puis, ça ne comptait pas plus que cela… Non, le moment qui comptait était celui qu'elle redoutait de raconter et en même temps, elle avait hâte de s'en débarrasser, parce que, plus vite elle le racontait, moins elle aurait à en souffrir à nouveau.
"Et puis, on c'est retrouvé enfermé dans une chambre froide" soupira Hélène "Personne savait qu'on était là… On était foutu si on nous retrouvait pas…" ajouta la blonde "J'lui en voulait… On s'est engueulé, enfin, je l'ai engueulé… Et après, je voulais plus lui parler jusqu'à, soit qu'on nous retrouve, soit que mort s'en suive… De toute façon, je n'avais rien à lui dire…"
"Et il c'est passé quoi après ? Dans cette chambre froide ?" commença la psy "Si vous êtes devant moi, à le raconter, c'est que vous en êtes sorti vivants." ajouta-t-elle "Vous ne lui avez pas parlé ? Ou alors, il s'est passé autre chose ?"
"Vous me posez la question, mais vous avez déjà la réponse non ?" demanda Hélène "Vous savez qu'il s'est passé quelque chose d'autre…" soupira la blonde
"Oui, je le sais" répondit la psy "Mais j'ai besoin d'une confirmation et d'explications vocales. C'est pas pour moi, mais pour vous, pour que ça sorte. Je vois que cela vous pèse encore, il faut exprimer vos sentiments" ajouta-t-elle
"Ouais…" souffla Hélène "J'ai fini par lui parler… Ce silence, c'était trop pesant… Et puis, je sais pas, j'avais besoin de savoir" avoua la blonde à demi mots
"De savoir quoi ?" demanda la femme en face d'elle sans vraiment comprendre où la flic voulait en venir
"Ce qui allait nous arriver…" répondit Hélène "Comment on allait mourir, ce qui allait se passer tout ça quoi…" ajouta-t-elle "Et il m'a expliqué avant de me dire qu'il y avait une solution pour ralentir les effets du froid sur nos corps…" continua la blonde "Se servir de nos chaleurs corporelles respectives" expliqua-t-elle "Du coup, je savais pas quoi dire, il allait investir mon espace personnel… Énormément et j'étais pas franchement prête… Mais je l'ai laissé faire, parce que cela pouvait nous donner un peu plus de temps pour qu'on nous sortent de là vivants…"
"Donc, il s'est approché de vous, vous vous êtes retrouvée dans ses bras ?" demanda la psy "Après une dispute, cela devait être bizarre comme sensation, qu'il soit si proche, à vous protéger, à essayer de vous sauver la vie, alors que avant, vous ne lui parliez pas, et vous l'aviez même engueulé…"
"Un peu…" commença Hélène "Surtout qu'il était torse nu, et que je me suis retrouvée sur ses genoux… Littéralement" continua la blonde "Il m'a prise dans ses bras pour me déposer là, pour être au plus proche de lui…" Elle souffla, se retenant de pleurer, ce souvenir lui faisait du mal, beaucoup de mal, parce que, ce moment était extrêmement précieux pour elle.
"Et ensuite ? Quand vous étiez sur ses genoux ?" demanda la psy "Racontez moi. Il s'est passé quoi ? Et surtout, qu'avez vous ressenti ?"
"Beaucoup trop de choses" souffla la flic "J'étais perdue, gênée, mal à l'aise, et pourtant, je me sentais plus en sécurité que jamais. Comme si il allait me protéger de tout ce qu'il y a de mal dans ce monde, comme si, j'étais le bien le plus précieux à garder bien au chaud" expliqua-t-elle "J'étais à moitié nue dans ses bras, contre lui, collée contre son torse, sans qu'il n'y ait rien entre nos deux peaux. C'était pur, c'était tendre"
"Vous étiez donc, vous aussi, torse nu, contre lui ?" demanda la psy "Vos deux corps tendrement enlacés c'est bien ça ?" continua-t-elle
"Tout à fait" répondit Hélène "Quand il a enlevé mon soutien gorge, je me suis cachée, et lui, il m'a regardé avec le plus grand des respects." expliqua-t-elle "Je me sentais si bien dans ses bras, que je me suis laisser aller à quelques confessions" souligna la blonde "Et avant que vous ne me posiez la question, parce que je sais que vous allez le faire, oui, je vais vous dire ce qui c'est passé"
La psy sourit devant la réaction de sa patiente. Effectivement, elle s'apprêtait à poser la question, mais elle avait été devancée, et elle attendait désormais d'en savoir plus sur ce moment partagé sur les paroles échangées entre la flic et celui qui avait été son légiste.
Hélène raconta qu'elle s'était excusée et qu'il lui avait dit que ce n'était pas grave parce que c'était un peu vrai, ce qu'elle lui avait dit. Ensuite, elle donna la phrase mot à mot qu'elle avait prononcé et la réponse tout aussi exacte donnée par le légiste. Elle ajouta qu'ils s'étaient intensément fixés pendant quelques secondes avant de vouloir s'embrasser. Leurs lèvres s'étaient frôlées, rencontrées un tout petit peu avant qu'on ne les coupent dans leur élan"
"J'imagine que vous avez été frustrée non ?" demandant la psy "Qu'on vous coupe en si bon chemin" ajouta-t-elle
"Évidemment, mais je n'ai rien dit… On était sauvé, c'est important. Ensuite on a été vu par les pompiers et bon, voilà quoi…" souffla-t-elle "On a pas vraiment parler de ce qui c'était passé dans la chambre froide. Il m'a juste invité à dîner le lendemain soir chez lui… Tout sauf professionnel ce dîner…"
"Et comment s'est passé ce dîner ?" demanda la psy "Vous deviez avoir hâte d'y aller non ? C'était un peu ce que vous attendiez qui se produise"
"Il n'a jamais eu lieu…" lâcha Hélène, retenant encore plus qu'auparavant ses larmes "Son… Ex, cette espèce de grosse pétasse…" grogna la blonde entre ses dents "... est revenue pile au moment où on devait dîner… Je l'ai retrouvé dans ses bras…" soupira-t-elle "Alors, j'ai abandonné, j'ai fait demi-tour et je suis rentré chez moi, j'ai vidé une bouteille d'alcool pour noyer mon chagrin et mes larmes et pour oublier ma peine… J'avais chuté sur la dernière marche… J'étais tellement prête pour lui, pour notre histoire et j'ai pris le mur en pleine face… Allez retour à la case départ ma grande… Et puis sort bien les rames parce que va falloir t'accrocher si tu le veux le légiste…" Hélène avait débité tout cela à une telle vitesse que la psy n'était même pas sûre d'avoir tout compris…
"Ok, c'est encore une blessure à vif" souligna-t-elle en voyant le comportement de la blonde "Ca vous touche encore, et vous avez encore mal… Vous n'avez pas accepter ça, votre coeur se déchir en pensant que vous étiez à rien et qu'une autre femme vous a tout volé…"
Hélène ne dit rien, se retenant de pleurer et la psy le remarqua. Elle l'incita à pleurer si elle en avait besoin, mais Hélène secoua la tête, non elle ne pleurerait pas maintenant, pas pour ça, elle avait déjà bien trop pleurer à cause de tout cela…
La séance se termina sur ça, et bien évidemment, une fois enfermée chez elle, Hélène se mit de nouveau à pleurer sur ses espoirs déçus et le mal fou que voir Maya dans les bras de l'homme qu'elle aimait plus que tout lui avait fait. Elle avait eu si mal tant elle y avait cru… Mais elle avait fini déçue…
Quand la séance suivante arriva, Hélène y alla comme si elle n'avait pas lâcher une première bombe, comme si, elle n'allait pas devoir raconter ce qui avait suivit leur dîner raté et qu'elle ne se sentait pas stupide pour l'avoir rejetter comme une imbécile… Elle aurait perdu quoi à lui dire la vérité hein ? Rien… Elle aurait peut-être eu un cœur un peu plus brisé, mais au moins, elle n'aurait pas menti.
Elle raconta à sa psy la suite de cela, l'enquête qui était rapidement arrivée et le fait qu'elle faisait tout pour l'ignorer, pour ne pas parler de ce foutu dîner alors que lui, essayait de voir si il y avait une ouverture, qu'elle essayait tant bien que mal de refermer pour ne pas qu'il lui fasse plus de mal qu'il n'en n'avait déjà fait…
Elle raconta combien elle avait envie, qu'il lui saute dessus, et de lui sauter dessus aussi, de l'embrasser à en perdre la raison, à oublier son propre prénom… Elle raconta comment leurs regards se perdaient dans celui de l'autre, ces moments de blancs où tout aurait pu basculer, mais combien, ils étaient interrompus par tout un tas de trucs…
On les empêchait de consommer leur passion dévorante l'un pour l'autre, et c'était un mal pour un bien… Elle ne voulait pas ne pas être celle qu'il n'allait pas choisir. Il ne voulait pas qu'il choisisse Maya au lieu d'elle, alors elle faisait marche arrière pour ne pas finir encore plus blessée… C'était ça qu'elle racontait à sa psy, ce qu'elle avait ressentit et surtout ce qu'elle avait envie de faire, ce qu'elle aurait dû faire au lieu de renoncer.
Elle raconta ensuite le moment dans la voiture, là où tout aurait pu changer, là où elle s'était moquée de ce qu'aurait pu être leur relation alors qu'elle en rêvait tant… Des millions de fois, elle s'était imaginée en couple avec lui, d'autre centaine de fois, elle s'était réveillée en sueur après un rêve un peu trop érotique avec lui… Mais là, elle avait juste parler d'une histoire de cul, alors qu'elle rêvait qu'il l'embrasse…
"Pourquoi vous avez fait ça ? Pourquoi vous avez dit ça ?" demanda la psy "Alors que c'est tout le contraire de la vérité et de ce que vous pensez" ajouta-t-elle
"C'était stupide" souffla Hélène "J'étais tellement morte de trouille qu'il me brise le coeur, qu'il ne me choisisse pas moi que j'ai choisi de dire des conneries pour que ça n'arrive pas…" expliqua-t-elle "J'ai tout coupé avant qu'on aille plus loin, qu'on fasse une connerie et que cela me fasse encore plus de mal si jamais il devait m'abandonner pour une autre"
"Vous aviez juste peur" constata la psy "Vous l'aimiez, vous l'aimez encore, mais ne pas être celle qui choisissait, ça vous aurait détruite. Alors vous avez fait machine arrière, choisissant vous même de vous briser le coeur" expliqua-t-elle "C'était pour vous, un moyen de protection naturelle, qui cache sans doute une plus grosse peur. Pas celle d'être seule, mais celle de l'abandon, et je pense qu'il y a une blessure plus profonde et plus vieille qui est liée à cela et qui vous à poussé à faire ça…" continua la psy "Vous avez préférez l'avoir dans votre vie, même si il ne devait être qu'un ami, plutôt que de risquer de le perdre si jamais cela ne devait pas fonctionner…"
"J'aurais tout perdu, si ça ne fonctionnait pas entre lui et moi… J'avais peur que mes sentiments, aussi profonds, aussi forts soient-ils, ne suffisent pas pour notre histoire" commença Hélène "Alors que si je le gardais comme un ami, il restait dans ma vie… J'y ai cru, et pourtant…" souffla Hélène
"Pourtant, rien ne s'est passé comme prévu" compléta la psy et la blonde fit oui de la tête. "Racontez moi un peu la suite" demanda-t-elle avec un sourire encourageant.
Hélène commença son récit par dire qu'il c'était finalement remis en couple avec son ex, elle raconta aussi qu'ils avaient arrêté le coupable de meutre de sa première femme, Lise, mais qu'il n'y croyait pas au départ, et qu'elle avait de plus en plus de mal à ne pas laisser ses sentiments la déborder.
Elle les avait enfouis au plus profond d'elle, sans rien dire à personne, à faire semblant d'être heureuse pour lui, pour son bonheur retrouvé… Mais elle pensait que cela n'allait pas durer, parce que c'était un gamin, et dans le fond, elle avait espéré, parce que ça lui laissait une chance d'avoir la sienne…
Mais non, ils étaient en couple, et le couple tenait, et plus il tenait, plus elle s'était enfoncée dans la tristesse et la solitude, parce que, plus le temps passait, plus elle pensait avoir fait une énorme erreur en le repoussant, et plus elle avait envie d'être avec lui…
Et puis, elle arriva sur l'annonce de l'emménagement ensemble. Un premier coup de massue, c'était de plus en plus sérieux si ils s'installaient ensemble, et elle avait de moins en moins de chances et d'espoirs de pouvoir être avec lui… Et surtout, elle ne croyait plus en l'amour… Elle avait réellement fini par ne plus y croire, parce que c'était trop dur de voir l'homme qu'on aime plus que tout avec une autre…
"C'est triste tout de même" souligna la psy "De ne plus croire en l'amour" ajouta-t-elle "Vous êtes une belle femme, intelligente. Il y a surement plein d'hommes qui voudraient être avec vous" continua-t-elle
"Mais mon coeur n'en désire qu'un, et n'en désirera qu'un pour le reste de ma vie" murmura Hélène la tête baissée sans vraiment se rendre compte de ce qu'elle venait d'avouer.
La psy soupira, elle réalisait petit à petit que la femme en face d'elle ne pourrait jamais être complète sans l'homme qui l'avait tant brisée et poussé à la consulter. Il était à la fois sa plus grande douleur, sa plus grande peine, mais aussi, son plus grand bonheur et le seul capable de la réparer. Mais pour qu'Hélène arrive à le reconnaître et l'accepter, le chemin pouvait être encore long…
Hélène parla ensuite du fait qu'il continuait de vaguement la dragouiller, il avait le même comportement qu'avant d'être en couple… Il se mettait bien trop proche d'elle, lui envoyait des signaux contraires et son esprit était complètement brouillé. Elle ne savait plus quoi faire. Elle raconta même le moment où elle avait cru qu'il allait l'embrasser dans la prison, après avoir parlé au tueur de Lise…
"Il a rien fait. Juste ses deux mains sur mes épaules et un merci…" soupira la blonde, encore amer de n'avoir eu que ça… "Même pas un câlin, rien… Alors que Monsieur se mettait continuellement trop proche et m'avait même prise dans ses bras à des moments où… Bref, rien de spécial quoi…" ajouta-t-elle "J'aurai vraiment aimé un remerciement digne de ce nom… Et je n'ai rien eu…"
"C'est difficile à accepter ça" souligna la psy "Ce manque de reconnaissance envers vous, pour ce que vous avez fait pour lui" ajouta-t-elle "Et je comprends, vous auriez mérité un peu plus qu'un merci après tout cela… Mais je crois tout simplement, qu'il n'y a pas de logique dans tout cela… Ni même dans votre histoire complète" expliqua-t-elle "Elle est incompréhensible pour toutes les personnes extérieures. Même pour moi, parce qu'elle est unique et précieuse et forte. Ca je peux le comprendre, mais la profondeur du lien entre vous et Raphaël ? Personne ne peut la comprendre, même pas vous je pense. Alors que vous êtes la principale concernée par cette histoire"
Hélène souffla de nouveau, il n'y avait rien de plus vrai. Et en plus de ne pas comprendre ce lien entre eux, elle avait eu beaucoup de mal à l'accepter pleinement, et quand elle s'était dévoilée, elle avait tout perdu… Mais ça, c'était une histoire pour une autre séance… Une prochaine séance, sans doute, la prochaine séance, et elle ne pourrait jamais être assez prête pour cela…
Elle essayait de se préparer pour ce qu'elle redoutait le plus, parler de comment elle avait appris pour le mariage, de ce qu'elle avait ressenti au plus profond d'elle, et de tout ce qui avait suivi… Ses jours d'horreur, qui l'avait rendue plus malheureuse que jamais, elle n'avait jamais été aussi malheureuse qu'à ces moments-là… Quoi que, peut-être que la séparation l'avait rendue plus malheureuse.
Le moment de la séance venu, Hélène y alla à reculons, elle n'avait pas dormi la veille, ou si peu et cela se voyait. Elle essayait pourtant de se raccrocher au moment heureux qu'elle avait choisi, mais là, c'était trop dur… Elle angoissait de plus en plus qu'elle n'arrivait pas à penser à ce qui la rendait, l'avait rendue, réellement heureuse.
La psy essaya d'amener en douceur le sujet, pour qu'Hélène lui parle de la suite de leur collaboration, mais elle sentait le blocage qui se mettait en place chez la blonde; Pourtant, elle savait qu'ici, dans cette suite, résidait une clé du malheur et des souffrances de sa patiente.
Hélène prit une profonde inspiration et raconta le début de cette enquête un peu particulière, comment il essayait de lui parler, mais qu'il n'y arrivait pas, parce qu'on les coupait toujours… Dans le fond, elle aurait bien aimé qu'on les coupe éternellement, comme ça, elle airait peut être jamais apris pour ce putain de mariage et elle aurait pu vivre dans l'ignorance et dans cette idée que peut-être, un jour, il lui reviendrai.
Elle raconta ensuite, la boulette d'Eddy, c'était lui qui avait balancé l'info et elle avait eu beaucoup de mal à la comprendre, à réaliser et encore plus, à l'accepter. C'était comme un coup de massue, couplé à un coup de poignard en plein cœur… RIen n'allait, et rien n'irai plus jamais…
"Je suppose que vous avez essayé de garder la face" demanda la psychologue "Que vous n'avez rien dit, que vous avez garder pour vous ce que vous ressentiez, et peut être même que vous avez fait semblant d'être heureuse pour lui…" ajouta-t-elle
"Comment ?" demanda Hélène et la psy la regarda l'air de lui faire comprendre qu'elle commençait à la connaître et surtout à comprendre son fonctionnement… "Ouais, ok, je vois… Vous vouliez que je fasse quoi ? Que je lui dise de ne pas faire ça ? Il n'avait aucune raison de m'écouter, il était heureux, et en plus il allait être papa… Je ne pouvais pas rivaliser… Je ne pouvais plus rivaliser… Pas avec ça… "
"Rivaliser avec quoi ?" demanda la psy "Avec Maya ? Avec le bébé ? Avec ce bonheur qu'il s'était créé ?" énuméra-t-elle "Pourquoi ? Vous aviez beaucoup à lui offrir vous aussi"
"Pas un enfant… Et c'était pour moi impossible de le priver de cela. Vous auriez vu ses yeux s'illuminer à la mention de ce bébé… Moi, je n'avais rien à offrir… Rien du tout"
"Sauf votre amour" coupa la psy "Votre amour, pur et sincère. Votre amour pour lui, c'était tout ce que vous aviez à lui offrir; Un amour comme peu de personne sont capables de donner, de comprendre…" expliqua-t-elle "C'était plus fort que tout, et je pense de plus en plus, que même vous, vous n'en n'avez jamais mesurer la force"
"Je sais pas… J'ai été la dernière au courant de ce putain de mariage avec une fille sortie de nul part… Tout le monde trouvait ça formidable, mais pas moi… J'étais seule au monde, seule contre tous… Je pouvais pas me battre, mon arme à moi, c'est un flingue, pas des mots… Je sais pas utiliser les bons mots pour me battre pour ce que je veux… J'ai jamais su faire… Ou j'ai toujours mal fait…"
"Pourtant, il fallait que ça sorte à un moment non ? Garder cela pour vous allait vous détruire à petit feu… Ça vous a détruite… Mais j'ai le sentiment que vous avez tout fait pour le cacher et pour rester digne… Vous ne vouliez pas montrer combien il vous rendait vulnérable et combien vous teniez à lui…"
"Ouais… Ou alors, j'ai mal fais… J'ai fait des recherches sur sa petite amie, mon instinct de flic qui parlait… Et aussi, j'avais besoin de savoir que je renonçais à… À lui, pour une bonne raison, et une bonne personne, qui allait réellement le rendre heureux et pas lui faire du mal… Il avait déjà bien trop souffert…"
Oups, elle avait failli faire une grosse, grosse boulette. Elle ne pouvait pas dire qu'il était l'amour de sa vie. C'était vrai, c'était un fait, mais elle ne pouvait pas le dire à haute voix, parce que ça lui faisait trop de mal de se dire qu'elle avait renoncé à l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde pour le laisser épouser la pire des salopes…
"Il c'est passé quoi après ?" demanda la psy "Vous lui avez parlé de vos recherches, de ce que vous aviez trouvé ? Ou vous n'aviez rien dit ?" continua-t-elle
"En voyant ce que j'avais découvert, je lui est dit et il m'a renvoyé sur les roses…" répondit Hélène "Et je vous passe combien il a été cruel et méchant avec moi après" ajouta-t-elle, mais la psy la regarda d'une façon qui lui fit comprendre qu'il fallait qu'elle parle "Il m'a dit que entre nous ça avait failli se faire et que c'était pas grave si ça c'était pas fait…" commença Hélène "Et il m'a aussi dit que c'était pas de sa faute si j'arrivais pas à avancer depuis que je n'étais plus avec mon mari" soupira-t-elle "Il avait tort… La seule personne avec qui je voulais avancer, c'était lui, mais il ne voyait rien…"
"En même temps, vous cachiez vos sentiments pour lui" souligna la psy "Vous gardiez tout pour vous, c'est pas facile de vous lire dans ses conditions"
"Je pouvais pas lui dire… Je ne voulais pas qu'il me rejette, ça aurait été encore pire… Et puis, à ce moment-là, le mal qu'il me faisait se lisait dans mes yeux. C'était profondément bloqué, ce que je ressentais pour lui, il fallait faire sauter le verrou pour me libérer, mais moi, j'arrivais pas…"
La psy regarda Hélène, comprenant qu'elle avait été bouffée par la peur. Non seulement celle d'être rejeté mais aussi celle de ne pas être assez bien pour l'homme qu'elle aimait encore profondément aujourd'hui. Cela se voyait, c'était une énorme souffrance pour elle… Encore aujourd'hui.
Hélène reprit son récit en racontant la fin de l'enquête, puis la suite, le transfert de Janvier, sa fuite et sa tentative de meutre sur eux… Comment Maya les avait sauvé et pourquoi elle avait continuer de douter… La douleur quand elle avait compris qu'elle était seule contre tous, que son dossier ne servait à rien et qu'elle l'avait jeté avant de s'enfermer dans son bureau jusqu'à pas d'heure…
Elle fuyait clairement le sujet du mariage, mais il arrivait inévitablement, et elle allait devoir parler de ce fameux jour où son cœur était tombé en lambeaux… Combien elle avait eu peur, et mal et tout ce qui allait avec… Et puis, elle était toujours traumatisée par ce qui c'était passé sur cette fameuse route…
"Je ne sais même pas pourquoi je suis allée au mariage" soupira Hélène "La vérité, si vous me demandez, je peux pas la donner… Je voulais pas lui faire de peine, et je voulais le voir une dernière fois… Il allait partir pour toujours après… Il allait m'abandonner, et j'allais me retrouver seule, sans lui, pour toujours… J'ai à peine survécue à six mois sans lui, aujourd'hui je suis condamné à la pire peine possible"
"Moi, je pense que vous aviez de l'espoir… Notamment celui qu'il finisse par vous croire et qu'il la laisse tomber" commença la psychologue. "C'est humain, et je ne suis personne pour vous le reprocher" ajouta-t-elle "Vous étiez amoureuse, vous l'êtes encore ne le niez pas, et vous ne pouviez pas croire à un monde où vous n'alliez plus le voir ni collaborer avec lui"
"Et regardez moi aujourd'hui" commença Hélène "Regardez où cela m'a conduit… Condamné à la peine maximum, à savoir vivre sans lui alors que c'était inconcevable pour moi…" expliqua-t-elle "Je dois vivre sans lui, je n'ai plus le choix…"
"Mais vous n'y arrivez pas" constata la psy "Vous ne pouvez pas l'oublier, et vivre sans lui est difficile" ajouta-t-elle "Cependant, il y a autre chose derrière tout cela, qui vous fait souffrir, parce que vous ne vous attendiez pas à cette séparation forcée n'est-ce-pas ?" demanda-t-elle
Hélène confirma qu'elle ne s'y attendait pas du tout, avant de raconter ce qui c'était passé et dont chaque seconde étaient encore bien gravées dans sa tê moment où elle avait discuté avec Maya à celui où elle observait, envieuse, les mariés danser, rêvant de la place au creux des bras de Balthazar et de la belle robe blanche… Elle n'oublia pas le coup de fil de l'hôpital et comment elle avait découvert que son ami avait fini par la croire et avait été au foyer…
Elle raconta ensuite chaque détail de ce qu'elle avait appris sur Maya et qu'elle avait raison avant de raconter qu'elle avait tout fait pour rejoindre Balthazar et le sauver. Elle récita mot à mot la conversation téléphonique qu'elle avait eue avec Maya, ainsi que les menaces qu'elle avait proféré à son encontre. Elle en rêvait encore de lui mettre une balle en pleine tête, mais elle ne pouvait plus… Elle allait être jugée et condamnée.
"Et il c'est passé quoi, quand vous les avez retrouvés ?" demanda la psychologue "Parce que vous aviez compris, et je sais qu'elle a été arrêté, vous me l'avez dit, mais vous ne m'avez pas dit ce qu'il c'est passé avec lui…"
"Parce que je peux pas" souffla Hélène "Parce que ça me hante, ça me tue, je peux pas effacer les images de ce moment… Chaque putain de seconde de ce qu'il c'est passé sur cette route est gravé au fer rouge dans ma tête, je ne pourrais jamais effacer ça, ni ce que j'ai ressentis. Je ne pourrais jamais l'oublier…"
"Vous êtes traumatisée en fait" constata la femme en face d'elle "Et si vous êtes à ce point marquée par ce qui c'est passé c'est que ça vous fait profondément mal et que la blessure provoqué, saigne encore" expliqua-t-elle "Je ne peux pas imaginer l'horreur vécue, mais elle va m'être importante pour comprendre une partie de vos traumatismes"
Hélène prit une profonde inspiration pour essayer de se calmer et de refouler les larmes qui menaçaient de couler, mais trop tard, une première s'échappa des ses yeux, suivit par de nombreuses autres. Elle attrapa un mouchoir pour s'essuyer rageusement les yeux avant de commencer son récit.
"Quand je suis arrivée, il voulait s'immoler avec elle. Mais en nous entendant, en m'entendant, il a fermé le briquet et c'était moi qu'il regardait… Elle en a profité pour le planter avec sa pique à chignon, directement dans la carotide" expliqua Hélène "Le tout à duré une fraction de secondes…"
"Et vous avez réagis comment en voyant cette scène sous vos yeux ?" demanda la psy "Je n'ose imaginer l'horreur de ce que vous avez vu, mais il vous à bien fallu agir non ? Ou alors vous êtes restée figée sans savoir quoi faire ?"
"J'ai couru vers lui" répondit Hélène "Je me suis presque jetée sur le sol et j'ai mit ma main sur la blessure pour empêcher le sang de quitter son corps" expliqua la blonde "J'ai tout fais pour le maintenir en vie, pour qu'il reste avec moi. Il pouvait pas mourir dans mes bras, je ne pouvais pas l'imaginer une seule seconde" continua la flic "Et honnêtement ? J'étais prête à tout pour qu'il reste avec moi pour qu'il se raccroche à la vie, à ma voix"
La psy ne dit rien, observant Hélène. Elle voyait bien les larmes qui coulaient sur son visage, combien la souffrance était encore grande et profondément gravée non seulement dans la tête mais aussi dans la chair de la blonde qui agrippait actuellement très fort ses bras plantant ses doigts dans sa chaire, comme si elle enserrait encore la blessure de l'homme qui avait bouleversé sa vie.
"Les vannes étaient ouvertes à ce moment-là…" repris Hélène "Je lui ai dit que je l'aimais. Je lui ai dit "Je t'aime" mais pas juste ça, non il a fallu que j'ajoute un "tellement"... Ça m'avait tant pesé de tout garder pour moi, que Maya hors course, la voie était libre et c'est sorti… Au moins si jamais il ne m'était pas revenu, il était parti en sachant combien je l'aimais…"
Les larmes étaient désormais abondantes sur le visage d'Hélène, le souvenir de ce moment à vif dans sa tête avec les images qui défilaient devant ses yeux comme dans un film. Elle avait la tête baissée et fixait le sol, essayant de retrouver un semblant de stabilité en se serrant le plus fort possible comme pour s'offrir le réconfort qu'elle n'avait pas eu à ce moment précis et dont elle avait eu cruellement besoin…
"J'ai pas dit que ça… Je voulais tellement qu'il reste avec moi… Je l'ai supplié de rester en vie… Je l'ai appelé "Mon amour" j'avais tout retenu pendant si longtemps qu'une fois que j'avais commencé, je ne pouvais plus m'arrêter…" expliqua la blonde "Je voyais dans ses yeux qu'il luttait, qu'il voulait me parler, mais moi, je voulais juste qu'il garde ses forces… Mais, il m'a dit qu'il était désolé, et aujourd'hui je n'en suis plus vraiment sûre avec ce qu'il c'est passé après, mais j'ai cru qu'il me disait "Je t'aime" et ça m'a donné beaucoup d'espoir" continua-t-elle
Même la psy était émue, la détresse d'Hélène était tellement claire et encore palpable. Aujourd'hui encore, elle ressentait une profonde détresse face à ce moment qui l'avait profondément marquée et détruite. Plus jamais elle ne serait la même et avec ce qu'elle racontait, la psy comprenait pourquoi elle ne voulait pas en parler et combien elle devait encore être hantée par ce moment et cette scène. Elle osait à peine lui demander ce qui c'était passé par la suite, ni la sortit de l'espèce de bulle dans laquelle elle semblait s'être automatiquement mise pour se protéger.
"Et puis, j'ai cru qu'il était mort dans mes bras alors qu'on attendait l'ambulance… Tout à coup il ne bougeait plus, ses yeux venaient de se fermer et il ne réagissait plus à rien… J'ai vraiment cru qu'il était mort, que je venais de tout perdre et j'ai hurlé à la mort sur cette route…" expliqua-t-elle "Puis alors que je m'effondrai sur son corps j'ai senti un souffle, faible mais présent, il était encore là, juste inconscient, mais je ne savais pas combien de temps il lui restait…"
"L'ambulance à finie par arriver je suppose" demanda la psy doucement, comme pour ne pas perturber le récit de la flic "Vous avez fait quoi à ce moment ?"
"Quand elle est arrivée, j'ai dû me détacher de lui, mais je suis restée plantée là, à les regarder s'occuper de lui. Je ne pouvais pas l'abandonner… J'avais besoin d'être là, proche de lui. Et au moment de monter dans l'ambulance, j'aurais pu être dedans avant lui. Je suis partie à l'hôpital avec eux, ne lâchant jamais sa main. Il fallait qu'il sache que j'étais là et que je n'allais pas le lâcher"
Elle raconta ensuite l'arrivée à l'hôpital, comment elle avait dû le lâcher et combien cela avait été difficile pour elle. Elle raconta les heures d'attente, beaucoup trop longues pour elle et son angoisse permanente qu'on vienne lui annoncer qu'il n'y avait plus rien à faire…
Elle ne put pas raconter la suite car la séance était terminée. Cela serait pour celle d'après. Elle agit ensuite par automatisme, tel un robot, elle savait ce qu'elle devait faire et le faisait sans réfléchir. Après cela, et sans vraiment savoir comment, elle arriva chez elle et alla se réfugier dans son lit, sous sa couette, toujours en larmes… Elle ne savait pas comment elle faisait pour en avoir autant, mais tant qu'elle n'était pas vidée, elle ne pourrait pas s'arrêter. Ce qu'elle venait de faire était difficile, mais c'était fait… La suite ne serait pas simple non plus, mais elle savait, au plus profond d'elle, qu'elle devait passer par là pour essayer d'aller mieux.
Les jours suivants, elle ne dorma pas beaucoup, perturbée par ce qu'elle avait raconté et par ce qu'elle allait raconter après. Elle était mal, très mal, et les cauchemars étaient revenus, plus fort, plus nombreux et surtout, plus douloureux.
Le jour du rendez-vous venu, elle était au plus mal, elle avait ce nœud au fond de son estomac qui ne faisait que de se serrer de plus en plus fort. Elle n'arrivait même pas à boire un café et elle ne savait même pas pourquoi… Elle pensait qu'elle avait fait le plus dur en racontant l'accident, ce moment gravé au fer rouge dans son cerveau et qui l'avait traumatisé à vie, mais en fait, non… Il lui restait quelque chose d'extrêmement douloureux à raconter et elle n'était même pas sûre d'y arriver.
Quand elle prit place en face de sa psychologue ce jour-là, elle était peut-être encore plus fermée que le premier jour tant elle était tendue. Son sac habituellement posé par terre, juste à côté, était cette fois sur ses genoux et elle le tenait fermement contre elle, plus prête que jamais à prendre la fuite si cela devenait trop pour elle.
La psy l'invita à se détendre et à déposer son sac, mais Hélène refusa en bloc de le faire. Non elle ne pouvait pas, elle avait déjà envie de fuir cette séance qui s'annonçait comme insurmontable pour elle… Comment allait-elle faire pour raconter la raison de son profond mal-être depuis tout ce temps… Elle arrivait à peine à mettre des mots dessus, ne sachant pas vraiment comment expliquer ce qui se passait au plus profond d'elle, et là, elle allait réellement devoir le faire et cela la terrorisait profondément.
Elle raconta comment elle l'avait retrouvé, dans sa chambre, dans ce lit froid, les yeux fermés, dans le coma… Elle continua d'expliquer comment elle n'avait pas su ce qu'elle devait faire, ni même si elle pouvait lui parler ou encore le toucher. La peur de le perdre était encore présente au fond de son estomac.
Puis, elle raconta comment elle s'était mise à pleurer, sans pouvoir s'arrêter. Une cascade de larmes chaudes avait coulé sur ses joues pendant ce qui lui avait semblé durer une éternité. Et puis, elle raconta qu'elle avait fini par lui prendre la main et la serrer fort dans la sienne, comme pour se rassurer qu'il était toujours là, et les quelques mots qu'elle avait osé murmurer, lui demandant principalement de rester avec elle et de ne pas l'abandonner.
"Et ensuite ?" demanda la psy "Combien de temps à duré ce coma ? Vous avez fait quoi pendant ce temps là ? Vous étiez là à son réveil ?" elle avait tant de questions à lui poser, elle avait besoin de comprendre comment elle s'était comportée à ce moment-là, quand elle s'était retrouvée seule sans lui…
"Le premier soir, j'ai dû rentrer chez moi…" commença Hélène "Mais c'était l'enfer, je tournais en rond, je regardais mon portable toutes les deux minutes espérant faire avancer le temps plus vite pour le retrouver…" expliqua la blonde "Le lendemain je suis retournée à l'hôpital avec un sac et la ferme intention de ne pas bouger tant qu'il n'ouvrirait pas les yeux…"
"Et on vous à laisser faire ?" demanda l'autre femme un peu surprise "Vous êtes restée la durée de son coma à ses côtés ?"
"Oui, je pouvais pas bouger, le quitter c'était inconcevable… J'avais trop peur de manquer son réveil ou qu'il se passe un truc si je quittais la chambre…" expliqua Hélène "Alors, les infirmières ont fini par abandonner l'idée de me faire quitter cette chambre… Et elles ont veillé sur moi… Parce que je m'oubliais, il n'y avait que lui qui comptait…" continua-t-elle "J'ai veillé jour et nuit pendant trois semaines. Au prix de ma propre santé…"
"Je vois" commenta la psy "Vous vous êtes complètement oubliés dans l'histoire en fait…" continua-t-elle "Ca aurait pu très mal finir…"
"Je m'en fichais bien de ce qui pouvait m'arriver" commença Hélène "Tout ce que j'avais était étendu sur un lit d'hôpital avec une épée de damoclès au-dessus de la tête et la possibilité qu'il ne se réveille jamais… Je ne l'aurai pas supporté" ajouta-t-elle
"Il sait ce que vous avez fait ?" demanda la psy "Non parce que c'est fort quand même, de s'oublier complètement pour veiller un homme dans le coma dont vous n'étiez même pas sûre de l'état dans lequel il allait vous revenir et même si il allait vous revenir…"
"Non…" répondit Hélène en baissant la tête "Et il ne le saura jamais, ce n'est pas la peine… J'aurai tout sacrifié pour lui, tout… Et je n'ai jamais rien eu en retour…" continua la blonde "Tout ce que j'ai eu, à son réveil, c'est un rejet violent et radical… Il ne voulait plus me voir… Alors je suis partie… Je ne voulais pas, mais je suis partie… Je ne pouvais pas rester spectatrice de tout cela, sans être proche de lui comme je le désirais au plus profond de mon être… C'était partir pour essayer de vivre de nouveau…" elle se retenait fortement de pleurer tant c'était douloureux pour elle.
"Mais vous êtes loin de lui et ça ne vous va pas du tout. Vous n'êtes pas heureuse et vous n'arrivez même pas à vous reconstruire…" constata la psy "Vous auriez pu lutter un peu non ? Vous battre pour ce que vous vouliez tant ?"
Ce fut la phrase de trop pour Hélène qui s'effondra en larmes. Elle avait voulu se battre pour eux, encore un peu, mais ce qu'elle avait entendu ce jour-là lui avait fait si mal qu'elle avait fini par enfin tout lâcher, lassée de s'être trop battue dans le vide pour une histoire à laquelle elle seule croyait…
"Je pouvais pas rester… Pas après ce qu'il m'a dit, pas après qu'il ait été aussi cruel…" essaya d'articuler Hélène entre deux sanglots. "J'ai eu l'impression de n'avoir jamais compté, que je n'ai jamais rien été pour lui, rien… Je pouvais pas rester en ayant cette impression de n'être rien et de ne pas compter… Cette impression que quoi qu'il arrive, on allait me laisser sur le bord de la route, et que je ne pourrais jamais ne serait-ce que toucher du bout des doigts ce que je désirais plus que tout…"
Hélène s'impressionnait à raconter tout cela, elle ne savait pas comment elle faisait ça, mais ça sortait tout seul, comme un poid qu'elle avait porté seule depuis trop longtemps et qu'elle avait tant besoin de partager avec quelqu'un pour essayer de s'en libérer et de libérer le mal que ça lui faisait encore et que ça continuerait de lui faire toute sa vie… Dans le fond, elle espérait que partager allait finir par, si c'était possible, atténuer ne serait-ce qu'un tout petit peu l'immense peine qu'elle ressentait et refermer le trou béant qui avait prit place dans son coeur depuis leur séparation.
"Voilà, j'ai plus rien à dire" souffla Hélène "J'ai tout sortit, vous savez tout" ajouta la blonde "On fait quoi maintenant ?"
La psychologue soupira, elle n'était même pas sûre de pouvoir aider sa patiente. Elle était trop profondément abîmée et blessée, et elle avait cette impression au plus profond d'elle que la seule et unique personne qui pouvait la réparer, c'était lui. Tout ce qui pouvait la réparer, c'était le retrouver et être avec lui. La place de la blonde était entre les bras de cet homme qu'elle ne connaissait qu'au travers de ses mots et nulle part ailleurs.
"J'ai une question pour vous" commença la psy "Si jamais vous vous retrouviez face à lui, là, tout de suite, maintenant, vous feriez quoi ? Vous réagiriez comment ?" demanda-t-elle "Bon, ok, c'est très hypothétique, mais si jamais vous devriez le revoir demain, dans un mois, dans un an, vous feriez quoi ?"
Hélène la regarda sans répondre, elle ne pouvait pas l'imaginer, pas une seule seconde… Elle n'arrivait pas à s'imaginer qu'elle allait pouvoir le revoir, que la porte pouvait s'ouvrir à la volé le révélant lui. Non, dans sa tête, ils étaient séparés à tout jamais.
"Je sais pas" murmura Hélène la tête baissée
"Moi, je crois que, au contraire, vous savez parfaitement ce que vous feriez si il était devant vous" souligna l'autre femme sans détacher son regard d'Hélène, essayant de la lire pour y trouver une réponse.
"Je me jetterai dans ses bras" murmura Hélène tellement bas que la psy ne l'entendit pas. Alors elle lui demanda de répéter ce qu'elle venait de lui dire "Je me jetterai dans ses bras" répéta alors la blonde, un peu plus fort, mais toujours pas assez selon sa psy qui insista, il fallait que ça sorte. "JE ME JETTERAI DANS SES BRAS !" fini par hurler Hélène "Voilà, je l'ai dit, vous êtes contente ?!" demanda la blonde en colère
"Il fallait que ça sorte" souligna l'autre femme d'un calme olympien face à la flic "Vous aviez besoin de le dire. Parce que la vérité, c'est que cet homme est une de vos plus grande blessures, mais aussi le seul qui pourra vous réparer et vous rendra heureuse" ajouta-t-elle
"J'peux pas aller le rejoindre" lâcha Hélène "Il ne veut plus… Pas de moi" souffla-t-elle "J'ai abandonné la partie parce que je n'en pouvais plus de me battre dans le vide… Ca sert à rien de ce battre contre un fantôme"
"Au contraire, je crois que vous battre encore un peu, une dernière fois, en vaut carrément la peine" répondit la psychologue "Vous vous êtes déjà tellement battue pour lui, pour vous, pour cette histoire, vous ne pouvez pas la laisser mourir comme cela" continua-t-elle "Parce que, la réalité, que vous l'acceptiez ou non, c'est que vous ne serez jamais heureuse sans lui"
Hélène souffla et ferma les yeux, elle ne voulait pas voir cette vérité en face et la pilule avait du mal à passer, mais au plus profond d'elle, elle savait que sa psy avait raison, elle ne pourrait pas être heureuse sans Balthazar dans sa vie.
La séance se termina sur ça, elle paya une nouvelle fois avant de quitter la pièce et le bâtiment. Elle n'était pas sûre de vouloir revenir au prochain rendez-vous. Elle n'avait plus rien à raconter à cette psychologue et même si elle avait l'impression d'avoir avancé pour essayer de comprendre d'où son malheur venait, elle ne voulait plus affronter ça… Et puis, à quoi bon, elle ne pouvait pas contacter le légiste pour elle, et le faire demandait un courage qu'Hélène n'était même pas sûre d'avoir…
Au lieu de rentrer chez elle, la belle blonde décida d'aller se balader en bord de mer. Elle avait besoin de mettre ses idées au clair et peut-être de se donner une nouvelle force pour enfin pouvoir goûter au bonheur.
Elle s'était appuyée contre une rambarde et regardait l'océan à perte de vue. Cette vue était apaisante pour la flic, mais il lui manquait quelqu'un avec qui la regarder et partager ces moments. Une nouvelle larme roula sur sa joue, si elle voulait que cela change, elle n'avait pas grand chose à faire, juste passer un coup de fil, ou même envoyer un mail… Cela pourrait changer sa situation actuelle et elle pourrait être réellement heureuse.
Elle n'avait pas remarqué qu'un homme l'observait, un homme qu'elle connaissait plus que bien puisqu'il s'agissait de celui qui hantait ses pensées et avait éconduit son cœur… Balthazar était là, à observer la belle blonde sans oser agir pour se rapprocher d'elle. Il n'avait pas envie qu'elle le rejette comme lui l'avait fait si violemment…
Aujourd'hui, le légiste s'en mordait grandement les doigts parce qu'il la voulait dans sa vie. Il avait réalisé qu'elle était la seule à pouvoir le rendre heureux et pris d'un instinct plus fort que tout, il avait fait quasiment une journée d'avion pour aller retrouver sa capitaine adorée. Il avait eu ce fort sentiment qu'elle avait besoin de lui et il avait choisi d'aller la retrouver. Parce que lui avait besoin d'elle, plus qu'il ne le dirait jamais.
Quand Hélène se retourna, il ses yeux tombèrent sur la seule personne qu'elle rêvait de voir chaque jour depuis qu'elle avait quitté Paris, son légiste. Elle pouvait entendre la voix de sa psy lui soumettant la possibilité qu'elle ne le retrouve et elle s'entendit répondre à la fameuse question…
Ni une ni deux elle courut vers lui avant de se jeter dans ses bras et de le serrer fort contre elle. Balthazar en la voyant se retourner puis courir vers lui avait ouvert ses bras en grand pour pouvoir l'accueillir aux creux de ceux-ci. Elle avait mit tellement de force qu'il vacilla légèrement quand elle arriva a destination, mais surtout, il passa ses bras au creux de sa taille et la serra contre lui.
Il ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer, mais visiblement, elle était heureuse de le revoir, et il comptait bien se racheter pour tout le mal qu'il lui avait fait. Hélène avait enfoui sa tête dans le cou de Balthazar, trop heureuse de le revoir mais elle ne pouvait s'empêcher de sangloter doucement, elle avait l'impression d'être dans un rêve et de ne pas vraiment réalisé qu'il était là, mais tout ce qui comptait, c'était que ce qu'elle ressentait était bien réel et que ça la rendait profondément heureuse.
Aucun des deux ne sut combien de temps l'étreinte dura, ils profitaient simplement du moment et du bonheur de se retrouver après une séparation que chacun jugeait beaucoup trop longue. Ils ne pouvaient pas être loin l'un de l'autre, ils avaient besoin de la présence de l'autre dans leurs vies.
Doucement Hélène se recula et croisa enfin les yeux de celui qu'elle considérait toujours comme son légiste, qu'elle considérerait toute sa vie comme son légiste. Il posait sur elle un regard tellement doux et bienveillant et si elle écoutait son coeur elle allait l'embrasser à en perdre la raison, mais elle savait qu'ils devaient discuter avant qu'elle ne puisse enfin assouvir son désir de voir leurs lèvres se rencontrer réellement et pleinement.
"Qu'est-ce-que tu fais là ?" demanda la blonde, le tutoiement venant si naturellement qu'elle ne remarqua même pas qu'elle l'avait utilisé à la place du traditionnel "vous" qu'ils avaient utilisé pendant si longtemps.
"J'avais besoin de te voir" commença Balthazar "J'avais ce trou dans ma vie, cette absence, ce vide presque inexplicable… Il m'a fallu du temps pour comprendre que c'était toi qui le comblait et que il n'y avait que toi pour le combler. Toi et personne d'autre" ajouta-t-il
"Moi aussi j'ai un trou dans le cœur" murmura Hélène les larmes à nouveau au bord des yeux "Un trou qui est là à cause de toi, mais que tu es le seul à pouvoir remplir" confia la blonde "Je peux pas vivre sans toi… Ça me fait mal de l'admettre, mais c'est la vérité… Je n'arrive pas vivre correctement si tu ne fait pas partie de ma vie"
"On est deux" répondit Balthazar à la déclaration de la blonde "J'ai cru que tu serais plus heureuse si tu étais loin de moi, si je n'étais plus dans ta vie à te perturber tout le temps, à te faire du mal…" continua le légiste "Parce que je t'en ai fait du mal, plus que personne n'a dû t'en faire…"
"Oui, tu m'as fait du mal, beaucoup même" reconnut la blonde "Mais croire que je pouvais être heureuse sans toi, loin de toi ? C'était vraiment stupide" souligna-t-elle "Parce que j'ai été malheureuse comme les pierres"
"Je crois que je m'en suis fortement douté à un moment" repris Balthazar "Je me suis dis qu'il fallait que je vienne ici, te retrouver, que tu avais peut être besoin de moi comme moi j'ai besoin de toi" souffla le brun
"J'ai besoin de toi pour être pleinement heureuse" répondit Hélène "Si tu n'ai pas là, dans ma vie, je me sens terriblement vide" ajouta-t-elle
Balthazar lui sourit avant de poser ses mains sur les joues d'Hélène, la regardant dans les yeux, cherchant un accord pour enfin pouvoir l'embrasser. Et quand il lu dans ses yeux rien de plus que de l'amour pur et sincère il posa enfin délicatement ses lèvres sur celle de la blonde lui offrant un baiser qui avait été tant attendu.
C'était le début de quelque chose de nouveau, d'inédit et possiblement de risqué, mais c'était ce qui les rendait plus heureux que jamais, et ils voulaient que tout cela dure pour l'éternité.
Et voilà
On se retrouve la semaine prochaine, à 10h, avec un nouvel OS
Kiss
