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J'suis posé dans le salon, le dessin ridicule que j'ai fait à Ace dans les mains et sa planche de skate que j'fais rouler sous mes pieds de gauche à droite mécaniquement, plongé dans mes pensées à zieuter anxieusement l'heure qui tourne.
J'sais que c'est normal qu'il soit un peu long. J'sais qu'il a p't'être pu juste être un peu retardé à la maison de repos. P't'être qu'ils se sont fait contrôler par les flics, p't'être que Shanks a voulu faire une pause pour vomir...
P't'être que j'me fais trop de souci, surtout.
J'prends une grande inspiration et vérifie une nouvelle fois les notifications sur mon portable, mais rien de plus qu'il y a quinze secondes.
J'aurais dû y aller avec eux. J'sais pas pourquoi j'suis resté. Au moins, j'me serais peut-être marré si Shanks avait retrouvé sa bonne humeur ou que Jiji aurait voulu critiquer la conduite d'Ace.
J'renvoie fébrilement un message à Ace et j'suis agréablement surpris de recevoir enfin une réponse quelques minutes après, mais c'est en réalité un message de Zoro.
Une vidéo, même. Je hausse un sourcil en la lançant, tombant sur lui aux côtés de Brook, Robin et Franky en train de chanter Petit Papa Noël juste pour moi en riant comme des idiots. Ça m'fait rire aussi alors qu'un immense sourire m'étire le visage. Je les aime tellement. J'ai dû être un sacré saint dans une vie antérieure pour mériter des potes pareils.
J'leur renvoie un petit message avec plein de cœurs partout et en profite pour faire pareil à Usopp, Chopper, Nami et Sanji. J'espère qu'ils ont tous passé un joyeux Noël. Je sais que ça allait peut-être être un peu délicat du côté de Nami et Sanji...
Au final, j'sursaute quand Ace ouvre la porte en rentrant. Un énorme soupir de soulagement m'échappe involontairement et mon frère m'envoie un petit sourire aussi amusé que navré.
- Désolé. J'ai tapé un peu la discute avec un infirmier de la maison de repos et j'ai pas vu l'heure tourner.
Je hausse un sourcil : Ace qui se sociabilise ? C'est vraiment Noël, dis donc.
- Pourquoi ? Il avait besoin de râler que Jiji était super chiant ?
Il rit tout en accrochant son blouson au porte manteau.
- Même pas, apparemment il est plutôt sage avec le personnel.
- Bah il te voulait quoi, alors ? Parler de sa santé ?
J'le vois se tendre légèrement alors qu'il me tourne le dos. Deux étranges petites secondes d'hésitations précèdent sa réponse.
- On a juste papoté comme ça peut arriver tous les jours quand tu tombes sur quelqu'un de sympa... C'est si étonnant que ça de ma part ?
- Un peu, soufflé-je en l'observant rentrer dans l'salon et fusiller la table à manger du regard.
- ... T'aurais pu débarrasser... râle-t-il.
- Ah... Pas faux. Désolé, j'y ai pas pensé.
Il soupire et vient finalement s'effondrer sur le canapé à côté de moi. Il manque d'écraser mon dessin et j'le sauve de ses grosses fesses in-extremis.
Il se marre en le voyant, m'le reprend doucement des mains pour l'observer. J'ai beau l'avoir fait en me remettant dans la peau du moi enfant, j'le trouve quand même classe. Une superbe représentation de moi et Ace en bonhommes bâton, trônants devant notre immeuble.
- Qu'est-ce qui t'as pris de me faire ça... ?
- J'sais pas, j'avais envie. En souvenir du bon vieux temps.
Il s'marre de nouveau mais continue de l'observer quand même.
- ... C'est quoi, ça ? me demande-t-il en pointant un coin d'la feuille.
- Bah c'est la lune.
- Oh... J'aurais plutôt pensé à... Je sais pas. Une tranche de gruyère ?
- Ha-ha, lâché-je en le fusillant du regard.
- Excuse-moi, mais j'ai pas le souvenir d'avoir déjà vu une lune carrée un jour dans ma vie...
- C'est pas carré ! m'étranglé-je.
- Et l'angle là, c'est quoi ? L'ombre d'un satellite ?
J'me mets à marmonner dans ma barbe en faisant la moue. Même mon propre frère reconnaît pas mon talent. Le jour où j'deviendrai aussi célèbre que Picasso, ils riront moins tous, là. Ils verront surtout juste qu'ils ont du caca dans les yeux et ils me devront beaucoup d'excuses et puis voilà.
- ... Et pourquoi le ciel est coloré en noir, en fait ? continue-t-il comme un salaud. C'est l'apocalypse ?
- Nan, c'est la nuit ! Crétin !
- D'aaaaaccord... rit-il de nouveau en se tournant vers moi. Je l'accrocherai sur le frigo, ça t'va ? Comme ça, je penserai à ta future carrière d'artiste et à tout le blé que tu nous rapporteras un jour, tous les matins en me levant.
J'souris à mon tour : qu'il sorte de ma tête, un peu.
Il dépose mon œuvre d'art sur la table et me prends dans ses bras sans hésiter. J'lui réponds tout de suite, ravi qu'on ait enfin l'air d'avoir retrouvé un semblant de normalité là-dessus.
Si j'mets de côté mes pensées à la con, bien sûr.
- T'as passé un bon Noël... ? me demande-t-il presque timidement, l'inquiétude s'entendant parfaitement dans sa voix.
- ... « Bon », oui. « Mémorable », ça c'est clair. Mais j'pense que c'était pas l'meilleur non plus.
Il souffle du nez, certainement aussi amusé qu'attristé de ma pauvre réponse. Au final, je soupire et me décolle légèrement d'lui, les yeux rivés au sol.
- Disons que j'ai pas tant pensé à Papa et Maman qu'ça... J'suppose que c'est l'principal, même si ça m'rend un peu triste...
- Ne t'en veux pas de ne pas penser à eux tout le temps, Luffy, me dit-il en me prenant par les épaules et en me regardant droit dans les yeux. Au contraire. Tu auras toute ta vie pour repenser au fait qu'ils te manquent dans ce genre de moment. Pour l'instant, c'est encore trop frais. Alors contente-toi juste de profiter à fond du moment présent sans t'prendre la tête...
- Ouais... T'inquiète, c'est c'que j'essaie de faire.
J'relève le nez sur lui, me mange de nouveau un sourire beaucoup trop beau.
- ... E-et toi, alors... ? bégayé-je comme un idiot.
- Quoi, moi ?
- Ben... Tu gères ?
Il papillonne des yeux, apparemment surpris de la question, avant de froncer l'nez.
- Bien sûr. T'inquiète pas pour moi.
Il se lève d'un coup en m'ébouriffant les cheveux pour disparaître dans l'couloir. « T'inquiète pas pour moi »... La phrase préférée d'Ace de toute la vie, j'crois.
Il m'gonfle à pas se confier. Si ça s'trouve, il est méga mal et j'le sais même pas.
J'devrais avoir l'habitude pourtant, mais les gens qui gardent tout à l'intérieur me stressent. J'ai l'impression qu'ils gardent plein de ressentiments et de non-dits et qu'un jour, ça va juste me péter à la tronche sans que j'vois rien arriver. C'est carrément mieux d'être comme moi à mon avis. J'exprime tout, tout le temps, à haute voix. Et si on pouvait m'donner un mégaphone, ça serait encore mieux des fois. Au moins, les gens autour de moi savent exactement c'que j'pense.
Enfin... Sauf quand ça concerne des sujets un peu tendus du slip genre « hey, j'ai envie de rouler des pelles à mon frère que j'trouve super sexy ! »
J'suis encore plongé dans mes pensées quand Ace revient se poser à côté et j'essaie d'être un minimum étonné en le voyant installer son matos pour rouler.
- À quoi tu penses, comme ça ? m'interroge-t-il vicieusement sans même le savoir.
J'déglutis. Un mensonge, vite.
- ... AU FAIT QUE J'T'AI PAS DONNÉ TON CADEAU, DU COUP ! hurlé-je malgré moi en m'levant d'un bond.
Il m'fait les gros yeux en me voyant détaler jusque dans ma chambre. Bon sang. Est-ce qu'un jour, j'apprendrais à mentir sans m'faire choper direct ?! Mais bref. La feinte était bonne j'crois. J'ressors de la chambre avec son paquet dans les mains et essaie de soutenir son regard en paraissant serein.
- Ah oui c'est vrai, me lance-t-il. Le fameux « cadeau que je t'offrirai quand on sera que tous les deux ». Ça m'a rendu curieux toute la soirée, j't'avoue... !
- Ouais, désolé pour ça... J'aurais p't'être dû te l'donner avant que Jiji arrive, mais j'y ai pas pensé.
- Pas grave. Mais pourquoi tu pouvais pas me l'offrir avec le reste ?
- Eh beeen... J'suppose que tu vas comprendre quand tu l'ouvriras.
J'lui tends et il arrache le papier lentement. Zut alors. C'est la première fois d'ma vie que j'lui fais un gros cadeau. J'espère qu'ça va lui plaire...
Il hausse les sourcils en le découvrant et éclate de rire après quelques secondes de flottement.
- Une chicha ?!
- Jiji m'aurait tué ! geins-je comme toute réponse.
Il a du mal à calmer son rire et ça m'stresse encore plus.
- T'aimes bien ou pas ? Ou alors t'en as déjà une, à tous les coups ?
- T'as déménagé l'entièreté de mes affaires avec moi il y a deux semaines : tu sais bien que j'en ai pas.
- Et toi t'esquive la première question, grincé-je, mauvais.
Il m'sourit de nouveau de son sourire canaille que j'aime beaucoup trop et m'attrape la tête pour déposer un baiser dans mes cheveux.
- J'ai que rarement testé, donc ça peut être sympa. Je sais que j'suis difficile en cadeau, alors j'pense que c'était une bonne idée.
- ... Pas aussi bonne que le skate, apparemment... marmonné-je, déçu de sa réponse en demi-teinte.
- Hey, m'appelle-t-il en vrillant son regard dans l'mien. J'ai pas dit que j'aimais pas. Pourquoi tu tires la tronche ?
J'le fuis et fais la moue.
- Parce que j'aurais pu faire mieux.
J'le vois remuer la tête de gauche à droite, l'air de dire qu'il est fatigué de mes bêtises. J'me fais emprisonner de nouveau dans ses bras l'instant d'après.
- Tu te mets la pression pour des conneries... me souffle-t-il. Passer Noël avec toi était déjà parfait comme cadeau, Luffy.
J'soupire et lui rends son étreinte. Il a sûrement raison, mais j'avais ce sentiment qu'c'était important que j'lui fasse un gros cadeau, histoire de... J'sais pas, remplacer celui manquant des parents.
C'est sûrement stupide comme idée.
On s'sépare et il se remet à rouler.
- Il reste du vin ou Shanks a tout sifflé ? me demande-t-il en levant l'nez sur la grande table.
- Il a pas fini la dernière bouteille qu'il a ouverte. Et j'crois qu'il en reste une dans la cuisine.
- Parfait ! répond-il en se levant et j'le regarde se servir un verre en haussant un sourcil. Quoi ? T'en veux un aussi ?
- Nan. J'aime pas l'vin.
- Dommage, on a que ça... ricane-t-il en revenant à côté d'moi.
J'm'enfonce dans l'canapé en soupirant. J'sais pas pourquoi j'me sens aussi blasé. Pourtant, la planche de skate qui roule toujours de droite à gauche sous mes pieds m'a refait complètement et dans l'ensemble, c'était vraiment une bonne soirée quand même. Peut-être que voir l'oncle dans cet état m'a plus remué que j'le pensais...
Ace allume son pétard et s'enfonce tranquillement à côté d'moi. Comme souvent, ses doigts viennent trouver ma cuisse pour la caresser doucement d'un air absent. J'le regarde faire quelques secondes avant de venir les attraper pour lui prendre la main. Il répond tout de suite à ce geste, passant sa pulpe sur ma peau dans un mouvement mécanique.
Et tendre, aussi. Barto me faisait souvent ça, quand on regardait un film. Maintenant qu'j'y pense, Ace et lui sont les deux seuls qui m'ont jamais fait ça...
Est-ce que ça fait aussi partie de ce genre de trucs qu'on devrait pas faire entre frères... ?
- Tu veux fumer ? me propose-t-il soudainement en me tendant sa roulée.
J'louche dessus un instant avant d'me tourner vers lui, étonné qu'il me propose. Il l'a jamais refait depuis la fameuse soirée.
- J'te sens tendu, m'explique-t-il. Et Shanks m'a dit qu'il avait « trop parlé » avec toi... Je suppose que ça vient de là ?
Je soupire et lui prends le joint pour tirer –toujours aussi maladroitement- dessus. J'tousse un coup, toujours pas enjaillé par la sensation.
- Lu', m'appelle encore Ace. Tu veux en parler ?
- Hein ? Non, t'inquiète... Il a... Il a pleuré, c'est tout. Ça m'a fait drôle.
- ... Oh.
Ouais. « Oh », comme il dit.
- Il a failli aussi quand on préparait le repas, me dit-il en regardant droit devant lui, le nez froncé. Ça a dû lui faire drôle de revenir ici, j'suppose.
- ... Ouais...
- ... J'le comprends tellement, tu sais, continue mon frère d'une petite voix. Ils étaient tellement proches, même si c'était quasiment plus qu'au téléphone ces dernières années... Et, sérieusement... S'il devait t'arriver quelque chose... Je crois que j'm'en remettrai jamais.
J'me tourne de nouveau vers lui, touché qu'il exprime ça à voix haute de cette manière.
J'le sais déjà ça, au fond. Mais c'est vraiment rare qu'il dise ce genre de chose aussi clairement. Il préfère le montrer ou le faire comprendre, en général.
Ça m'touche d'autant plus. Ma prise sur ses doigts se raffermit tandis que j'me surprends à sourire comme un benêt.
- Pareil pour moi... réponds-je sur le même ton presque intimidé. J't'aime beaucoup trop pour survivre si j'devais te perdre, toi aussi...
Il se tourne vers moi et son regard attristé me tord le bide.
J'me réfugie contre lui pour ne plus l'voir. Je cherche ses battements de cœur contre mon oreille, comme j'le faisais avec Maman à l'époque. J'suppose qu'Ace est devenu un substitut pour le moment. Et c'est tout aussi bien. Entre ça, sa chaleur, son odeur, sa respiration, ses gestes...
J'sais que j'devrais pas penser à ça, surtout dans ce genre de moment. Surtout après m'être promis que j'allais essayer de m'éloigner un peu d'lui pour oublier tout ça. Mais sérieusement... Il se passerait quoi, dans les faits, si j'décidais de l'embrasser, là, maintenant, tout de suite ?
Au-delà du fait qu'il me réponde ou pas. Parce que... J'sens au fond d'moi que je serai pas repoussé, je sais pas pourquoi.
Mais si c'est vraiment l'cas, si on franchit ce cap... Alors quoi ? On sera quoi ? Des frères avec un bonus bécotage ? Est-ce que j'suivrai aveuglément mon désir pour lui et qu'on irait jusqu'à coucher ensemble... ? Et à sortir officiellement ensemble, du coup ? On passerait de frères à petits-copains ou ça resterait inchangé ?
L'idée m'fait flipper autant qu'elle m'échauffe le bas ventre. J'en crève d'envie, faut que j'arrête de m'leurrer. Et ça devient de pire en pire, en fait. Plus j'y réfléchis, moins j'arrive à me concentrer sur autre chose quand j'suis si près d'lui.
- Lu'... ?
J'relève la tête, pas vraiment frais, me demandant bien s'il a remarqué mon malaise, mais il me tend juste de nouveau le joint. J'me redresse pour le reprendre avec avidité : p't'être que si j'm'éclate suffisamment la tête, j'arrêterai de penser à tout ça.
D'avoir ces visions merveilleuses de la bouche d'Ace contre la mienne. De son corps complètement nu contre le mien, à s'donner un plaisir réciproque génial et à découvrir cette seule part de lui que j'connais pas...
... Et j'ai une demi-molle maintenant. Bravo Luffy.
J'tire un autre coup sur le joint de toute la force de mes poumons : ça m'arrache la gorge, mais j'me foire pas cette fois et j'sens mon cerveau fondre dans la seconde. Ça fait du bieeeen... Tellement que j'me permets même de tourner la tête vers Ace : il a le menton posé sur son poing fermé et m'observe avec un sourire en coin, clairement moqueur.
- Quoi ?! lâché-je sur la défensive.
- Je sais pas ce qu'il se passe dans ta petite tête... Mais ça va surchauffer si tu continues. Vas-y mollo sur les turbines, petit frère... !
Il passe une main affectueuse dans mes cheveux mais j'essaie d'me dégager aussitôt en signe évident de bouderie.
- T'arrêtes de tirer la tronche, oui ? s'amuse-t-il en me pinçant la joue. Qu'est-ce que t'as, ce soir ? Je sais que c'est pas à cause de Shanks, tu réagirais pas comme ça sinon.
J'me retiens de jurer et fuis son regard, les sourcils froncés furieusement. Vite, une autre feinte.
- Fais-moi une soufflette ! lui ordonné-je presque en lui redonnant le joint.
Il m'envoie une expression hyper surprise, avec un sourire en bonus qui en dit long sur c'qu'il en pense.
- Ah ouais, carrément... ?
- Juste une, grommelé-je. Et j'ferai plus la tronche après.
- T'iras te coucher après, surtout, si ça te fait le même effet que la dernière fois...
Sa voix est traînante sur les derniers mots. Ouais. Il nous rappelle à tous les deux le dérapage, bravo Ace.
- J'avais picolé la dernière fois, souligné-je pour ma défense.
- Certes...
Il se fait étonnamment pas prier plus longtemps pour placer la roulée entre ses lèvres et s'approche de moi. J'me rends compte de mon erreur au moment où j'vois nos visages se rapprocher beaucoup trop, alors que ses yeux se rivent dans les miens.
La claque est aussi puissante que la semaine dernière et j'toussote tandis qu'Ace se recule légèrement pour récupérer le joint entre ses doigts.
Et nos yeux se lâchent pas. Je sais pas à quoi il pense, là, tout de suite. J'aimerais vraiment savoir à quoi il pense. Parce que la drogue que j'me prends violemment dans la tronche suffit apparemment pas à étouffer mon malaise, mon appréhension.
Et surtout mon désir, en fait.
Et j'me surprends à me lancer comme un crétin.
Mes lèvres s'écrasent sur les siennes furieusement et j'le sens se raidir direct, même s'il se recule pas pour autant. J'ose pas ouvrir les yeux, trop flippé de c'que j'vais lire dans les siens. Au pire, j'lui dirai que c'est à cause du joint. Au pire, j'lui dirai que j'voulais juste vérifier un truc, vérifier ce qui avait bien pu m'prendre la semaine dernière. Vérifier que ça m'répugnait bel et bien d'embrasser mon propre frère histoire de pouvoir tourner la page une bonne fois pour toute.
Mais ça me répugne pas.
Bien au contraire...
Et j'me sens mourir un peu plus quand la main d'Ace passe dans mes cheveux pour m'empêcher de m'éloigner, répondant enfin à mon baiser avec une fougue qui me coupe le souffle. On s'décolle pas l'un de l'autre, nos lèvres se mouvent les unes contre les autres encore et encore. C'est passionné, tellement passionné...
Et ça l'devient encore plus quand il ose forcer le passage de sa langue pour nous deux.
J'm'entends gémir comme un crétin dans sa bouche alors que j'la redécouvre avec plaisir. J'sens mon corps entier qui chauffe comme si tout était parfaitement normal. Pourtant, dans les faits, rien n'est normal. On est tous les deux plutôt frais dans l'ensemble, donc parfaitement conscients de nos actes contrairement à l'incident de la dernière fois.
Mais mes doutes s'envolent au loin quand j'comprends, en sentant le souffle affolé d'Ace et ses doigts qui m'arrachent presque les cheveux, qu'il en avait juste autant envie qu'moi, en fait.
Ça m'étonne comme ça ne m'étonne pas trop, au final.
Je sais pas.
J'suis paumé.
Tout c'que je sais, c'est que j'ai envie que ça continue et que ça s'arrête jamais. J'ai envie de le toucher plus, beaucoup plus. J'm'écoute comme un crétin et passe une main sous son débardeur, caressant ses côtes comme je les ai jamais caressées jusqu'ici. J'le sens tendre le bras sur sa gauche sans m'lâcher, tâtonner, certainement pour se débarrasser du joint. Il m'attrape le visage entre ses deux mains dès qu'c'est fait, et on se sépare un peu pour reprendre notre souffle, mais il attend pas plus longtemps pour me noyer le visage sous des centaines de baisers brûlants. Il revient pourtant vite à ma bouche, me mordant la lèvre au passage et j'entends un son incroyable s'échapper de sa gorge pour suivre un de mes propres gémissements.
J'suis au paradis là, pas vrai ? J'ai Ace rien que pour moi, tout en entier. J'suis sûr que si j'le dessapais et que j'lui demandais d'me prendre là tout de suite, il me dira oui sans aucune hésitation.
J'tente le coup en lui retirant son haut et en m'installant à califourchon sur lui. Et j'perds mon souffle quand j'sens son érection contre ma cuisse. La vache... C'est vraiment moi qui lui fait cet effet... ?
J'vais rien dire, il me fait le même. La dernière fois que j'ai été aussi excité en étant sobre... Woh, ça remonte à loin. Je l'étais pas autant pendant mes dernières fois avec Barto, en tout cas. Là, j'me sens prêt à exploser alors que ça doit faire à peine cinq minutes qu'on s'bécote. J'me fais retirer mon t-shirt à mon tour et pour la première fois, nos regards se croisent.
J'ai l'impression que j'vais me noyer dans ses yeux en le voyant dans un tel état. J'ai du mal à identifier tout ce qu'il exprime en cet instant, mais je l'ai jamais vu aussi... Réveillé. De toute ma vie.
Il paraît complètement alerte, mais aussi totalement happé dans le désir. J'le sens démuni, aussi. Apeuré même.
J'devrais m'en inquiéter, parce que je l'ai jamais vu comme ça. J'ai jamais vu autant de panique au fond de ses iris noirs. Mais si j'm'arrête maintenant pour lui demander, si ça s'trouve, ça va juste être fichu. On va juste retrouver le malaise de dimanche dernier puissance dix mille, et bon sang, je veux pas de ça.
J'veux juste continuer à profiter d'lui comme je meurs d'envie de le faire depuis une semaine entière, si c'est pas plus. J'ai envie d'explorer son corps comme j'l'ai jamais exploré, d'entendre encore ces sons super excitants que j'ai jamais entendu venant de lui et que j'imaginais même pas qu'il était capable de produire.
J'veux ses lèvres contre les miennes, encore et encore. J'sens que j'suis déjà accro à son haleine de clope et à sa langue brûlante contre la mienne. J'refonds d'ailleurs dessus sans attendre, ayant bien trop envie de la faire fusionner avec la mienne. Nos dents s'entrechoquent pendant que nos soupirs se mêlent les uns aux autres et que ma main palpe, touche, serre et caresse tout c'qu'elle peut trouver.
C'est juste... Beaucoup trop bon. Il m'enivre avec sa chaleur bouillonnante et son odeur qui semble partout autour de moi, alors que j'en ai pourtant l'habitude. Mais c'est pas pareil. La ligne interdite est dernière nous et j'la piétine avec bonheur, sans même un regret.
Pour l'instant j'ai pas d'regret, en tout cas...
Ses mains parcourent mon dos aussi et j'm'amuse de l'sentir s'aventurer de plus en plus bas sur mes reins. Le bout d'ses doigts s'arrêtent à la naissance de mon boxer, j'en sens un plus courageux que les autres qui se glisse timidement dessous. Bon sang, il va m'rendre dingue à n'oser qu'à moitié, comme ça. De mon côté, le désir me monte à la tête et j'réalise à peine que mes hanches bougent toutes seules pour rechercher la friction.
J'sais pas où on va, là... Mais en tout cas, on y va.
Ça va sûrement beaucoup trop vite, mais j'ai toujours trop peur de m'arrêter. Et j'veux pas m'arrêter en si bon chemin. Si j'dois être bouffé par les regrets demain, autant aller le plus loin possible, non... ?
J'tente le coup en descendant une main le long de ses abdos et la faisant échouer sur son jean, histoire d'attraper son érection à travers le tissu.
Oh bon sang de... Il est tellement dur...
J'le sens avoir un petit hoquet de surprise dans ma bouche et sa respiration devient erratique. J'espère qu'il va pas m'crever entre les pattes...
- ... Lu'... Luffy...
J'ouvre vaguement les yeux pour regarder les siens, aussi déçu qu'apeuré de ce que j'vais y trouver. Pourquoi il a ouvert la bouche... ? Pourquoi il veut nous interrompre ? Il s'rend pas compte que ça va juste être horrible si on parle maintenant... ?
En tout cas, moi, j'me sens déjà m'décomposer vitesse grand V. J'essaie de l'ignorer, de l'embrasser d'nouveau en ne lâchant pas son pénis contre ma main, mais...
- Luffy... ! m'appelle-t-il avec plus de conviction, mais sans pour autant m'lâcher ni s'éloigner d'moi. Lu'... T'es sûr de toi... ?
Ses yeux sont résolument clos et son expression est bizarre. Il a les sourcils froncés furieusement dans une grimace de je sais pas trop quoi. Comme s'il avait mal ou qu'il luttait contre quelque chose.
Encore une fois, j'devrais m'en inquiéter... Mais l'idée qu'on s'arrête là me fait juste flipper. J'veux plus. Beaucoup plus. J'le veux en entier. J'veux le découvrir complètement, même si c'est que pour ce soir. Même si ça pète un truc entre nous.
Pour être honnête, j'évite de penser aux conséquences un maximum. J'ai pas envie d'penser aux conséquences.
Et je sais que j'risque de l'regretter, ça aussi.
J'le ré-embrasse de nouveau sans lui répondre, mordant sa lèvre inférieure presque hargneusement et ouvrant son jean pour lui faire comprendre que oui, j'suis sûr de moi. Aussi sûr qu'on puisse l'être quand on a 17 ans, qu'on est dans une période triste et perdue, qu'on est pas très malin et qu'on veut arrêter de penser non-stop à des trucs sales avec son frère.
Même moi j'me rends compte d'à quel point c'est stupide rien qu'en y réfléchissant à peine.
Mais il a l'air de comprendre mon approbation et fond encore sur moi, encore plus vorace que précédemment. Ses bras passent entièrement dans mon dos pour me coller à lui alors que j'attrape enfin son sexe dans ma main pour commencer à le caresser doucement. Le long gémissement que ça lui provoque est juste... Du bonbon pour les oreilles. J'entends qu'ça sort du plus profond d'lui, presque comme un cri de soulagement.
Et j'en viens à me demander s'il était vraiment en manque ou si... Il avait vraiment envie d'moi aussi, depuis tout ce temps ?
Combien de temps ?
Mes questions s'envolent d'un coup alors que sa main glisse enfin sous mon boxer pour de bon aussi pour caresser la peau de ma fesse. Il est une véritable chaudière contre moi, c'est juste génial... Super agréable. J'en soupire de plaisir dans sa bouche.
J'entame des va-et-vient que j'essaie de faire délicats. On m'a souvent fait comprendre que j'étais bourrin avec mes mains et j'ai pas envie d'faire mal à Ace ou d'le faire fuir. Mais j'sens que ça va devenir plus compliqué dès lors que les doigts de son autre main se frayent un passage jusqu'à mon propre pénis. Ses gestes sont plus lents et délicats que les miens, j'ai l'impression qu'il tâtonne. 'M'étonnerait que ça soit parce qu'il est timide ou quoi. J'pense plutôt qu'il veut pas me faire mal non plus ou me brusquer. Ça m'étonne pas de lui, même si j'le trouve quand même trop mignon.
J'lui envoie un petit coup de rein pour lui faire comprendre qu'il peut y aller, que j'ai juste beaucoup trop envie d'lui et sa main bouillante m'empoigne enfin pour de bon. Il bouge à peine et j'me sens déjà perdre pied. La vache... Je sais que j'me répète, mais c'est définitivement pas humain d'avoir une température corporelle aussi élevée...
On s'cale rapidement sur le même rythme tandis qu'on a arrêté de s'embrasser juste pour profiter, la joue collée à celle de l'autre à respirer aussi fort l'un qu'l'autre. J'commence à avoir du mal à retenir mes gémissements bien sonores, même si j'essaie quand même de rester un peu discret. J'suis beaucoup trop bruyant quand j'fais du sexe, même si ça n'étonne sûrement personne et que ça n'étonnera probablement pas Ace, mais quand même. Essayons de garder un minimum de contrôle...
Contrôle que j'perds complètement quand je le sens renforcer sa prise autour de moi, appuyant ses doigts à des endroits qui sont juste trop... Oh bon sang. Il s'attarde sur le bout de mon gland de son pouce, prend bien soin de forcer légèrement sur la grosse veine à l'arrière de mon pénis. Il descend même plus bas pour la suivre, jusque sous mes testicules qu'il palpe délicatement. Mon souffle se saccade pour de bon alors que j'bascule la tête en arrière pour écarquiller les yeux sur le plafond : on m'a jamais fait ça. Pourquoi on m'a jamais fait ça. C'est juste beaucoup trop bien.
Son poignet est complètement distordu pour pouvoir faire les mouvements qu'il veut et ça m'agace vite qu'on soit autant à l'étroit. J'lâche tout, me décolle de lui à regret et me mets debout entre ses jambes pour enlever mon bermuda, même si j'lâche pas sa bouche pour autant et que j'prends grand soin de surtout pas m'éloigner de son visage. J'ai peur que si on s'sépare, le retour à la réalité sera trop violent, sonnera la fin. Mais il semble du même avis vu qu'il m'attrape encore furieusement la tête pour dévorer ma langue.
La vision qui m'vient quand j'entrouvre les yeux est juste super érotique : lui torse-nu, les yeux embués d'désir, la queue dressée à moitié sortie de son froc. Ça m'donne limite envie de le sucer...
Est-ce que j'devrais le faire ? Est-ce que ça pèterait pas un peu tout ? J'sais qu'y'a des gens qui aiment pas ça, qui trouvent ça humiliant, que ça soit des mecs ou des meufs. Shiraoshi a jamais voulu me l'faire et j'pouvais la comprendre, j'suppose. Moi ça m'dérange pas. J'adorais en faire à Barto.
Mais j'sais pas, p't'être pas maintenant, alors que l'instant est super délicat... ?
J'reviens sur lui à moitié à regret, l'intimant de baisser lui-même son jean un peu plus sur ses jambes, ce qu'il fait sans attendre. On ose se regarder un peu plus franchement et j'suis rassuré de constater que l'étrange panique que j'voyais dans ses yeux un peu plus tôt a disparu. Y'a plus que son désir. Son désir pour moi.
Ça m'rend dingue de le voir me regarder comme ça.
Nos deux érections rentrent en contact et la sensation est super agréable, mais pas autant que lorsqu'Ace les attrape pour les masturber toutes les deux, l'une contre l'autre.
Waaaah... Il va m'tuer comme ça.
J'le laisse gérer, il a l'air bien parti et plus adroit qu'moi. J'me contente juste de profiter en m'accrochant furieusement à lui, ayant du mal à pas enfoncer mes ongles dans sa peau sous la sensation de chaleur merveilleuse que la friction m'provoque dans tout le bas de mon corps. J'viens planquer mon visage dans son cou et me mets à gémir pour de bon, alors que j'suis ravi d'entendre qu'il me suit, même s'il est un peu plus discret.
Pourquoi on a pas fait ça plus tôt, en fait... ?
- Luffy... Luffy...
J'l'ai jamais entendu souffler mon prénom de cette manière. Il pense juste à moi, c'est ouf. Sa main libre se balade fiévreusement sur l'ensemble de mon corps nu comme s'il le découvrait pour la première fois et qu'il devait se dépêcher d'en faire le tour le plus vite possible. Il sait plus où donner d'la tête aussi, j'le sens. Toute la pression dans sa queue s'échauffe un peu plus contre la mienne et cette sensation me met tellement au bord de l'explosion. J'pourrais jouir si j'me retenais pas un minimum. J'ai envie d'faire durer le plaisir. Et j'galère, j'en suis conscient, parce que c'est juste trop bon. Ça fait déjà trois fois que j'manque in-extremis de balancer la purée.
Sa main baladeuse glisse soudainement sur ma nuque et l'attrape délicatement pour y apposer une pression en arrière, comme pour m'inviter à me reculer. J'me laisse faire pour voir où il veut m'emmener comme ça, et il suspend son geste une fois que j'suis complètement redressé, rivant ses yeux brûlants dans les miens.
Il veut juste pouvoir me regarder, apparemment... J'suis pas forcément super à l'aise avec ça j'avoue, alors je préfère fermer les yeux et me concentrer uniquement sur les va-et-vient qu'il nous offre. J'm'entends m'étrangler de plaisir, mes hanches bougent toutes seules en rythme. Je nierai pas que j'ai envie de plus. Mais pour un début, j'suppose que c'est déjà bien.
Très bien, même.
Mes ongles rentrent dans sa peau pour de bon alors que j'me mords violemment la lèvre en atteignant le point de non-retour : j'essaie d'me retenir encore, mais je suis pas le mec le plus endurant du monde sur ce coup-là, surtout si c'est aussi bon. J'ai tout juste le temps de recouvrir sa main et nos deux glands de la mienne pour pas en foutre partout et mon cri de libération est beaucoup trop puissant alors que j'me cambre violemment en arrière. Sa main brûlante me retient dans mon dos et il me torture à ne pas arrêter ses va-et-vient pour autant. Mes ongles s'enfoncent encore dans la peau de ses doigts, mais pour lui faire comprendre de s'calmer sur les caresses. Mais au final, il vient juste à ma suite à son tour. Il ronronne de plaisir et j'me permets de rouvrir enfin les yeux pour le regarder : je rencontre immédiatement ses iris noirs qui ne m'ont pas lâchés d'un pouce, noyés dans l'orgasme, s'ancrant aux miens comme s'il pouvait crever s'il osait ne serait-ce que cligner d'une paupière.
Il est... Juste magnifique, comme ça. Plus beau que j'l'ai jamais vu.
J'pourrais jamais me contenter de ne plus jamais revoir cette expression sur son visage. C'est juste pas possible. J'veux pouvoir l'admirer encore et encore.
On retrouve lentement notre respiration et j'fonds de nouveau sur sa bouche pour la maltraiter. On est en train de retrouver nos esprits et ça m'fait flipper. Faut pas qu'ça s'arrête. Faut pas qu'on revienne à la réalité et qu'on réalise l'ampleur de notre connerie...
J'veux pas affronter ça. J'veux pas que ça s'finisse déjà.
Mais ses bras m'enlacent de nouveau de toutes ses forces pour me maintenir contre lui. On a du foutre partout et il est en train de m'en coller dans l'dos, mais j'en ai rien à faire. J'réponds à son étreinte sans hésiter, continuant de déposer des baisers fiévreux dans son cou.
Et de longues minutes silencieuses passent, durant lesquelles j'arrête pas de me demander c'que j'suis censé faire, maintenant...
Ce qu'on est devenus.
Est-ce que c'était une erreur.
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Muse - Madness
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Eeeeeeeeeeeeeeeeeet ça y eeeeeest ! Sortez les confettis les copains : le ptit lemon que vous attendiez tellement est enfin tombé ! /o/
Je tiens à dire que j'ai mis un point d'honneur à donner une de mes chansons préférées à cette concrétisation... Les fans de Muse, levez la main ! Sachez que je vous aime fort !
Rendez-vous dans un mois pour découvrir si c'était une erreur ou pas... ! Oui, un mois : c'est le chapitre bonus/flashback dans deux semaines ! Comment ça, vous me détestez de vous faire ça... ? Je sais que c'est faux ! :D
