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« Hey Luffy, ça te dit d'attendre un peu avant d'aller plus loin ? Genre une semaine ? C'est bien une semaine, non ? »
Paye tes idées de merde Portgas, sérieusement.
Je ne me suis jamais senti aussi affamé de quelqu'un de toute ma vie, et ça va faire trois putains de jour que ça dure depuis notre fameuse discussion du 25.
Mais ses doigts impatients qui s'enfoncent dans ma peau et son souffle erratique contre mes lèvres ne font rien pour m'aider. Et encore moins la vue merveilleuse qu'il m'offre dès que j'ai le malheur d'ouvrir les yeux.
Pour ma défense, c'est lui qui a insisté pour que nous prenions notre douche ensemble.
L'eau qui dégouline sur sa peau entièrement nue et les regards enfiévrés qu'il m'envoie me noient un peu plus loin dans le désir à chaque fois. Ma trique me fait mal tellement j'ai de sang là-dedans, et chaque effleurement sur la sienne me prouve qu'il est dans le même état que moi.
Mais maintenant même les parties de "touche-pipi", comme il le dit si bien lui-même, sont prohibées. Il ne me l'a pas annoncé comme ça, mais c'est ma punition, je le sais bien. Ma punition pour avoir osé vouloir qu'on prenne notre temps.
Je m'en mords les doigts. Je ne dis pas que je m'en plaindrais véritablement… Je bouillonne de l'intérieur comme jamais et c'est à chaque fois une lutte de tous les instants pour ne pas dévier et glisser mes mains entre ses cuisses, mais je ne regrette pas cette petite attente que je nous impose... Ça fait monter la pression d'une façon aussi agréable que masochiste -j'en conviens-, mais c'est tout simplement génial… Horriblement frustrant pour le moment, mais génial.
On se sépare après un énième baiser langoureux pour échanger de place sous le pommeau de douche qui continue de couler. C'est à mon tour de ne pas mourir de froid cette fois, il y tient. Comme il prend grand soin d'étaler l'eau brûlante sur mes épaules et dans mon dos, comme s'il avait peur que j'attrape vraiment la mort d'une façon ou d'une autre. Je me moquerais bien de lui et de son excuse bidon, mais je ne peux pas lui retirer ça : toucher la peau mouillée d'une personne qu'on désire apporte quelque chose en plus. L'eau donne cet étrange aspect érotique à un corps nu, pour une raison inexplicable. Et là, j'ai la nette impression que nous sommes tous les deux autant en train de nous noyer dans notre soif l'un de l'autre avec une avidité qui m'assomme toujours autant.
Et depuis trois jours que c'est ainsi, je dois dire que je nage en plein bonheur. Nous ne sommes sortis que pour aller nous chercher un repas à emporter, Luffy n'a même pas eu l'idée stupide d'aller voir ses potes. Trois jours à profiter simplement l'un de l'autre comme on n'en a jamais profité... À rester collés l'un à l'autre, jouer à la console, chiller devant la télé, parler –beaucoup-, s'embrasser et se câliner aussi, énormément... On continuait les caresses en dessous de la ceinture le premier jour, mais Luffy y a vite mis fin avec un petit sourire sadique aux lèvres. Il veut me faire flancher, je le sens bien… Mais il est en train de couler avec moi dans son petit jeu, et c'est putain de grisant d'assister à ça.
D'encaisser ces regards complètement hypnotisés qui me sont adressés. Ce désir que je lis au fond de ses grands yeux noirs que j'aime tellement, cette tendresse dont il me gratifie à un niveau que je n'avais jamais entrevu jusqu'ici…
Tout ça pour moi. Juste pour moi.
Luffy est enfin à moi...
Ce merveilleux état de fait me fait planer bien haut. Bien plus haut que toutes les drogues du monde ne m'ont jamais fait planer jusqu'ici, et j'ai même encore du mal à réaliser mon bonheur, par moment.
Je suis tellement heureux que ma consommation de weed s'en ressent, c'est impressionnant. Je fume deux fois moins qu'il y a encore quatre jours, et ce quasiment du jour au lendemain. Pas de manque, pas d'énervement en plus... En même temps, je n'ai plus grand-chose à oublier... Toute la souffrance et la frustration que je ressentais par le fait de désirer Luffy sans pouvoir le faire mien s'est envolée subitement, m'ôtant une pression dans l'âme dont je m'étais tellement habitué avec le temps que je ne me rendais même plus compte d'à quel point elle me pesait, au jour le jour.
Après... Je ne me fais pas d'illusion non plus. Je reste moi. Avec mes névroses et mon cerveau de travers. Je ne perdrais pas mes idées noires et ma haine du monde autour de moi pour autant, pas plus que ma bipolarité va soudainement s'envoler au loin. Je risque de retomber dans mes travers assez rapidement, surtout en cette période qui reste malgré tout compliquée pour moi, malgré tout ce que je peux bien laisser paraître...
Mais pour le moment, il n'y a rien de tout ça dans mon cœur bien trop gonflé par le bonheur. Je n'ai rien qu'une merveilleuse béatitude qui m'habite pour la première fois de ma vie, et cette sensation me transporte... Au point que ça me donne presque le tournis.
Je n'ai pas envie que ça s'arrête.
Et pourtant, quand on va devoir se sociabiliser de nouveau, quand Luffy va retourner en cours, le temps va reprendre ses droits... Alors certes, le fait que nous vivions ensemble est un plus sur lequel je ne cracherais pas, loin de là. Mais tout de même...
La suite m'inquiète malgré moi.
J'ai eu beau être rassurant envers Luffy quant à la fameuse question de l'inceste, je sais que ça va nous attirer des emmerdes à un moment donné, d'une manière ou d'une autre. Parce que les gens n'aiment pas qu'on sorte des sentiers battus et que l'on fasse des choses qui crachent sur leurs croyances stupides. Et surtout, les gens adorent se mêler du cul des autres... Et je sens que les potes de Luffy ou notre propre famille vont finir par nous emmerder là-dessus, à un moment ou à un autre.
Peut-être que je devrais simplement pousser doucement Luffy à se détourner d'eux... Après tout, on n'a besoin de personne quand la simple présence de l'autre nous rend aussi heureux, n'est-ce pas ?
Et je sais que je le rends heureux. Peut-être pas autant que lui me rend heureux –ça serait étonnant et agréablement surprenant-, mais tout de même. Ses sourires n'ont plus la même saveur, pas plus que les gestes et l'attitude qu'il a envers moi.
C'était la suite logique, j'en suis persuadé. Et je ne le remercierai jamais assez d'avoir osé franchir ce premier pas pour nous deux.
Un gémissement de sa part me fait légèrement redescendre de mon nuage et j'ouvre les yeux pour le voir à quelques centimètres de mon visage, fermement accroché à mes épaules, une étrange expression pincée se dessinant sur ses traits.
- Lu'... ?
Il rouvre les yeux qu'il maintenait résolument clos et se plonge dans les miens, même si ses sourcils sont toujours froncés.
- Qu'est-ce qu'il y a ? insisté-je.
- … Y'a que j'te déteste. T'es l'pire. Avec tes idées super nazes. J'ai mal aux couilles, nom d'un gigot !
Je louche sur sa tronche frustrée avant d'exploser de rire. Je cueille ses lèvres l'instant d'après et sourit.
- Plus que quatre jours à tenir… C'est plus si loin, un peu de courage…
- Ça serait plus facile si t'étais pas aussi sexy ! râle-t-il alors qu'il s'empare brusquement du gel douche pour se laver avec des mouvements brusques et presque rageurs.
Mon sourire s'agrandit un peu plus. Dans les faits, je sais que je suis plutôt pas mal. J'ai eu suffisamment de compliments dans ma vie pour en avoir pris conscience et le reconnaître… Et j'ai assez d'égo pour en être fier et en jouer souvent, aussi. Je l'avoue sans timidité. Pourtant, l'entendre régulièrement de la bouche de Luffy ces derniers jours a une saveur particulière… Ça me fait évidemment mille fois plus plaisir que n'importe quel amant lambda qui me dirait ça à la volée pendant le sexe, entre deux gémissements de plaisir.
Je me lave à mon tour, bien conscient que la partie chauffage est terminée. Il vaut mieux pour nous de toute façon, ou on va réellement finir par exploser, lui comme moi...
Mais je le trouve soudainement pensif, toujours avec cette expression un peu fermée. Ses mains qui savonnent sa peau sont plus lentes, perdues. J'essaie de ne pas trop m'attarder dessus et ne pas laisser ma bite reprendre le contrôle de mon cerveau face à cette magnifique vision et lui touche le bras doucement pour l'interpeller.
- Lu' ?
- ... J'peux te demander un service ? souffle-t-il d'une voix peu assurée.
Ça m'étonne venant de lui. Mais pas autant que les magnifiques rougeurs que je vois apparaître sur ses joues l'instant d'après.
- ... Quoi ? m'amusé-je avec un sourire vicieux, me doutant un peu de la suite.
- ... J'voudrais rester seul sous la douche. S'te plaît.
J'explose de rire. Magnifique.
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Il n'y est pas resté longtemps et je ne me prive pas pour lui lancer un immense sourire moqueur quand je le vois enfin sortir de la salle de bain, alors que je suis posé sur le canapé. Il m'envoie un regard noir avant de se diriger rapidement vers sa chambre, pour s'habiller, je suppose.
Je me moque je me moque, mais moi aussi il va falloir que j'y passe... Mes propres couilles commencent à tirer méchamment. Et ce n'est pas être un pervers obsédé, c'est physiologique, merci bien. Surtout qu'on n'est pas tous égaux face à ça. Et je ne suis clairement pas avantagé par ce besoin. Si je ne balance pas la purée régulièrement, je peux aller jusqu'à baiser mon lit dans mon sommeil...
Oui, ça m'est déjà arrivé pour de bon. Et pas qu'une fois.
Mais ce petit jeu de chauffage est juste tellement satisfaisant. Je sais très bien que la libération est proche, je ne doute pas une seule seconde de la volonté de Luffy de passer à l'étape supérieure. Il ne changera pas d'avis lorsqu'on y sera, je n'ai réellement aucun doute là-dessus. Il est autant affamé que moi, et c'est toujours aussi merveilleux de le constater.
J'ai sérieusement une trique d'enfer rien que de penser à toutes ces parties de jambe en l'air qui nous attendent... Et il ne m'aide pas, en se baladant avec son petit fessier sexy qui bouge à chaque pas qu'il fait. Rien qu'en cet instant, alors qu'il repasse dans le couloir pour aller vers la cuisine, bien moulé dans un de ses éternels bermudas...
- Tu baves, gros pervers, me lance-t-il avec un sourire vicieux sans pour autant s'arrêter.
Ça me fait atterrir aussi sec. Je suis tellement grillé... Mais c'est si libérateur de pouvoir enfin laisser mes yeux se promener sans filtre, sans faire constamment attention à ne pas me faire choper.
Et le mieux dans l'histoire, c'est que ça va être encore pire dès qu'on aura couché ensemble. Je le sais très bien, c'est toujours comme ça. Dès que je saurais tout ce qui se cache comme plaisir dans ces vêtements, je vais devenir un peu plus affamé de lui à chaque fois.
... Il n'a pas intérêt à me laisser faire, sinon je ne donne pas cher de son cul.
Et j'en viens à me demander s'il va vouloir me prendre, lui aussi... C'est vrai qu'on n'en a pas parlé. Je pars logiquement du principe que c'est moi qui vais être l'actif, comme d'habitude en somme. Le réflexe de toute une vie de sexe. Mais peut-être que c'est moi qui vais me faire casser en deux, au final...
Et pour la première fois de mon existence, ça ne m'effraie pas. Contrairement à tous les autres amants que j'ai pu avoir, l'éventualité me plaît énormément.
On verra bien quand on y sera, je suppose. Mais je sais déjà par avance qu'il va pouvoir me faire absolument tout ce qu'il veut...
- J'sais pas à quoi tu réfléchis, mais ça a l'air fun, claque-t-il en revenant de la cuisine.
Je sors de mes pensées perverses en me léchant les lèvres par réflexe, lui souriant perfidement, mais son expression est un peu fermée, ce qui m'étonne.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Y'a qu'il faut qu'on aille en courses, me répond-il en plissant le nez. On a plus de viande.
- Luffy... grondé-je sans même m'en rendre compte, mais c'est plus fort que moi.
Il me fatigue avec sa viande.
- Quoi ?! s'étrangle-t-il. Jiji nous a donné de l'argent à Noël, on peut bien en profiter, non ?!
Je roule des yeux, mais il fait bien de me rappeler qu'il faut vraiment que je me bouge le cul, à ce sujet... C'est bien gentil de roucouler et de me rouler dans mon bonheur, mais on ne peut malheureusement pas s'arracher à cette pute de réalité aussi facilement. Mes économies sont presque à plat et il paraît que les comptes des parents ne seront pas dégelés avant minimum fin janvier... Je sais bien qu'on pourrait simplement se contenter de demander de l'argent au vieux, mais déjà qu'il nous paie le loyer...
Non, vraiment, je ne peux pas lui demander ça. Je me sentirais trop mal auprès de lui, même si je sais que sa retraite le lui permet aisément.
C'est d'une autre solution à court terme dont j'ai besoin, et les deux idées que j'ai ne m'enchantent pas vraiment pour deux raisons bien différentes.
La première, la meilleure certainement, consiste simplement à demander à l'autre vieux de m'aider à trouver un boulot dans un bar pour dépanner. Je sais qu'il a le bras long, même si nous ne sommes pas dans la même ville, il me l'a lui-même dit quand j'ai été signer la fin de mon contrat après le décès des parents. Ça serait le bon plan, c'est sûr, et de toute façon c'est ce que je vais devoir faire à long terme pour être certain que Luffy et moi n'ayons jamais de problème financier...
Mais... Ouais. Je ne l'avouerai pas à voix haute, mais je suis bien à me branler les couilles à la maison. À ne pas faire semblant d'apprécier les fils de pute en face de moi pour leur faire cracher toujours plus de thunes. À leur servir mon plus beau sourire de faux-cul en espérant faire tomber deux-trois pigeons qui ne reviendront au bar que pour ma belle gueule. J'aime ce taf pour l'ambiance et la liberté qu'il apporte, mais il y avait des soirs où j'avais juste envie d'emplafonner tous les connards qui venaient me faire chier au comptoir. Et puis... Ça ne sera jamais pareil sans mes collègues. Je ne sais pas si je pourrais retrouver des potes comme eux, sérieusement.
Quant à la deuxième solution... Elle ne m'enchante vraiment pas vu que ma parano ne cesse de me rappeler que la vente de weed est illégale et qu'il y a le facteur « passage en taule si tu te fais choper » qui est loin d'être négligeable.
Et merci bien, mais plutôt me tirer une balle que de finir en taule.
Je sais que j'imagine tout de suite le pire, mais je n'ai pas envie de prendre le moindre risque de me retrouver séparé de Luffy.
Cette peur-ci est encore plus présente dans mes entrailles, à présent.
- T'es parti loiiiin... me lance mon cadet en me ramenant à la réalité.
Je cligne des paupières pour me reconnecter et je tombe sur les grands yeux de Luffy, assis à mes côtés à présent, qui me fixent et je lui souris.
- Il va falloir que je trouve un taf pour couvrir ton appétit d'ogre, à un moment donné... J'étais en train de réfléchir à ça.
Il fait une moue sans quitter son air candide et je ne peux pas m'empêcher de le trouver adorable à avoir envie de le croquer.
- M'sieur Kaku a dit que ça pressait pas.
- ... Qui ? demandé-je en fronçant les sourcils.
- L'assistant sociaaaaal, Aaaaace ! Fais un effort !
Oh. Long nez, oui.
- Il dit ce qu'il veut lui, il n'empêche qu'on va bientôt avoir besoin de thunes, rétorqué-je.
- Et... L'argent de Papa et Maman ? me demande-t-il en hésitant.
- Le temps que l'administration bouge son cul, ça peut encore être bloqué longtemps... soupiré-je en fronçant les sourcils, agacé. Ils m'ont pas donné de date, donc j'en sais rien.
Il n'empêche qu'on va sûrement revivre dès que cette fameuse thune tombera du ciel. Surtout que vu le montant... Je suis bien placé pour savoir qu'il y a plein de jolis zéros, dedans. Je sais que les parents auraient voulu que je l'utilise à bon escient, pour que j'éloigner Luffy du besoin grâce à lui. Et c'est bien ce que je compte faire.
J'ai vraiment hâte que ça tombe, en parlant de ça. J'en reviens toujours pas qu'on va toucher autant... Quand je pense que cet enfoiré de Dragon nous avait caché des économies pareilles... Je l'ai encore en travers de la gorge, même si je ne suis pas à plaindre vu qu'ils ne nous ont jamais rien refusé, en soi. On a même été plutôt pourris gâtés avec Luffy, mais tout de même. Il n'avait de cesse de nous répéter que l'argent ne tombait pas du ciel et s'arrangeait toujours pour qu'on mérite le prix qu'ils mettaient dans nos cadeaux...
Drôle de méthode d'éducation, mais je suppose que si un type aussi borderline que moi en vient à se dire qu'il ne faut pas toucher à cet argent, c'est qu'il n'a pas trop foiré son coup, là-dessus.
Je vois que ça laisse Luffy songeur. Je ne lui ai pas révélé le montant de cette somme, encore. Je ne préfère pas, tant qu'il ne me le demande pas. Pas que ça ne le regarde pas... Mais peut-être que ça pourrait lui faire péter un plomb et qu'il voudrait qu'on tire dessus comme des malades ? Si ça lui prend, ça risque d'être compliqué de refreiner ses pulsions ET les miennes...
- Du coup... me souffle Luffy en revenant à moi. On va en courses, mais je prends pas beaucoup de viande. Genre... Promis juré.
Je le dévisage longuement avant de secouer la tête de gauche à droite, dépité.
Il m'épuise.
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J'me lance, ça va super vite, bord-
... Aïe.
J'entends Ace exploser de rire dans mon dos et bon sang, j'ai envie d'lui arracher les yeux.
- Ça va Lu' ? me demande-t-il comme un traître en arrivant à ma hauteur.
J'ai les fesses par terre et le skate est en train de continuer sa course au calme sans moi. Qu'il parte, j'le retiens pas. Il peut aller faire sa vie au Pôle Nord si ça lui chante, il peut même aller se faire bouffer par un crocodile, ce sal-
- T'avais l'air plus enjoué à l'époque... me dit mon frère en me tendant la main pour m'aider à me relever. Ça va ? T'as un genou qui a encore morflé...
- Oui ça vaaaaaaaa ! m'étranglé-je pour de bon en me remettant d'un bond sur mes jambes en ignorant sa main. Pourquoi j'y arrive pas, sérieux ?! Toi t'es trop fort ! Pourquoi t'es toujours plus fort que moi ?!
Il me lance un de ses sourires canailles qui m'donne envie de le fracasser autant que d'le violer sur place, et j'finis par me jeter sur lui en hurlant pour le taper. Il force à peine en m'attrapant les poignets pour m'empêcher d'le toucher, explosé de rire qu'il est. J'le déteste, j'le déteste ! J'veux qu'il arrête de s'la péter comme ça !
- C'est ta faute si j'y arrive pas ! Tu m'expliques trop mal !
- Et du coup ? Tu vas abandonner ?
- JAMAIS D'LA VIE ! hurlé-je avant d'me dégager pour aller récupérer le skate qui s'est -heureusement-, arrêté net contre un banc un peu plus loin.
J'aperçois la vieille aigrie du rez-de-chaussée qui nous observe en revenant vers Ace. Elle est pas possible cette dame... Toujours le nez à sa fenêtre à fouiner. Et en plus elle déteste les jeunes qui « squattent sur les dalles », comme elle le dit si bien. Mais on va pas se coltiner vingt minutes de marche pour aller au skatepark le plus proche, faut pas déconner... Les dalles au pied de notre tour suffisent très bien pour m'apprendre les bases.
J'la fixe un court instant en disant trop rien avant de remonter sur la planche.
- Laisse-toi porter, me répète Ace tranquillement, les mains dans les poches. Il ne faut pas que tu luttes contre la-
- JE SAIS ! crié-je encore, saoulé qu'il me répète les choses en boucle.
Je sais -JE SAIS- que j'ai aucune patience. Mais quand j'veux apprendre un truc, j'finis par y arriver, même si j'dois me vautrer encore et encore. C'est c'que j'ai toujours fait dans tous les sports que j'ai pratiqué et au free-fight, aussi. Me répéter la théorie me sert à rien, j'aimerais bien que Jinbei soit là pour l'expliquer à Ace, tiens...
Han, Jinbei... Ça fait tellement longtemps que j'l'ai pas vu... J'ai arrêté net d'aller au club de free-fight après l'accident de Papa et Maman et j'ai même pas pris la peine de l'prévenir, c'est lui qui a fini par m'appeler après presque deux semaines de silence... Et il me manque. J'm'entends super bien avec lui, il m'a même dit que j'devais pas hésiter à l'appeler si j'avais besoin de parler. C'pas tous les profs de club qui feraient ça, j'suppose...
J'manque encore de me ramasser et j'soupire. J'suis encore pas dans l'mood aujourd'hui, j'crois. J'suis trop tendu.
J'tourne la tête vers Ace pour le fusiller du regard : on se demande bien pourquoi, en plus...
- Quoi ? ose-t-il me demander avec son fichu sourire magnifique et beaucoup trop grand pour pas se foutre de ma poire.
- ... Rien. Hey, faudrait que j'reprenne les cours de free-fight moi, j'étais en train d'y penser...
J'le rejoins la planche en main, bien décidé à m'arrêter là pour aujourd'hui.
- Oh... Ouais, tu voudrais ?
- Oui, je veux. J'reprendrai à la rentrée, au pire. Faudrait que j'passe un coup d'fil à Jinbei pour savoir si j'peux toujours garder les mêmes plages horaires.
- Jinbei... ?
- Mon prof. Tu l'as déjà vu à ma première compét' ! Un grand balaise avec des longs cheveux frisés !
- Ouais peut-être. 'Me dis quelque chose.
- J'pourrais pas faire la compét' de cette année, du coup... soupiré-je en m'asseyant sur les petits escaliers devant la porte d'entrée.
- Hmm... L'année prochaine ?
J'acquiesce, le nez baissé, avant de le relever sur mon frère qui me scrute les mains dans les poches. Enfin, il me scrute ou me matte, j'sais pas trop... Ses yeux sont constamment posés sur moi depuis qu'on est ensemble. C'est ouf, j'ai l'impression qu'il me voit vraiment depuis la première fois d'sa vie...
C'est mignon. Personne m'a jamais regardé comme ça.
- T'fais plus de sport toi, d'ailleurs ? lui demandé-je.
- Nan. Faut que je reprenne, je sens que je m'empâte et ça m'plaît moyen.
- T'inquiète, si ça peut t'rassurer, t'es toujours aussi sexy.
Il sourit encore et s'approche de moi comme pour me prendre dans ses bras, mais une voix désagréable l'arrête net.
- Haw c'est mignon... Comme quoi vous êtes capable d'un peu de douceur de temps en temps...
On se tourne comme un seul homme vers la vieille voisine qui ricane. Elle me souuuule...
- Un problème, m'dame Jora ? lui demande Ace en la toisant froidement. Vous avez pas autre chose à foutre de votre vieux cul ridé plutôt que d'nous espionner ?
- Tu parles toujours aussi mal à ce que je vois, Ace... Quand je pense que ta mère avait osé me dire que ton comportement s'était amélioré depuis que tu es entré à la faculté...
Il lui sourit, moqueur.
- Vous ne comptez pas déménager, alors ? soupire-t-elle. L'appartement doit vous paraître bien grand, maintenant...
- Vous vous sentez obligée de nous parler de ça ? grogne Ace. Comment vous êtes au courant, d'ailleurs ?!
- Tout l'immeuble est au courant. Je me posais déjà des questions en ne voyant plus vos parents rentrer à leurs heures habituelles, de toute façon...
Je hausse les sourcils. Elle est flippante, sérieux... Elle passe vraiment sa vie à espionner tout l'monde ?
- Vous devez être déçue d'avoir deux personnes en moins à critiquer...
Ace est railleur, mais j'sens bien qu'il commence à s'énerver. Ils ont jamais plus s'saquer, tous les deux. Madame Jora a toujours typiquement été la vieille à critiquer tout le temps les jeunes qui traînent au pied de l'immeuble, qu'ils fassent des conneries ou non. Et Ace qui y traînait tout le temps avec Sabo et leurs potes à l'époque, j'imagine même pas comment elle pouvait le détester... Surtout que, petit con qu'il était, il lui en a fait des crasses. Mettre du caca dans sa boîte aux lettres, faire cramer son paillasson, balancer des œufs contre ses fenêtres... Il m'le racontait à moi, pas aux parents. Ils ont dû entendre quelques histoires, mais jamais tout, enfin j'espère pour lui...
J'le zieute, lui et son air rebelle. La terreur du quartier à l'époque... J'l'admirais pour ça, aussi stupide que ça puisse être.
Le ton commence à monter entre eux deux et j'me décide à l'attraper par le blouson pour le forcer à remonter. Ça sert à rien qu'il s'prenne la tête avec elle, c'est de l'énergie gâchée pour rien...
- T'sais quoi ? lui lancé-je alors qu'on remonte lentement les marches de la cage. On devrait se faire une séance de muscu'. Ça nous ferait du bien à tous les deux.
- Si tu veux... Mais ça va être nul : t'arriveras pas à me suivre.
J'lui lance un regard noir par-dessus mon épaule et le v'là qui me sourit encore pour se foutre de moi. C'est moi ou il s'permet vraiment d'être encore plus chiant depuis qu'on est ensemble... ?
J'attends qu'on passe la porte pour m'jeter sur lui, lui roulant la pelle de sa vie. Il me réceptionne en m'attrapant fermement les hanches, répondant à mon baiser avec passion. J'm'en lasse pas. Ça devient limite dur de pas pouvoir lui sauter dessus quand j'le veux dès qu'on est dehors...
- Comment on va faire pour tenir demain soir... ? lui demandé-je en m'décollant à peine de ses lèvres.
- Hmm ?
- À la soirée au Sunny, précisé-je. Ça va être dur de m'retenir de pas te sauter dessus...
J'le sens sourire contre ma bouche alors qu'on se ré-embrasse direct.
Notre baiser s'approfondit, devenant un peu plus enfiévré, un peu plus... Ouais, sexuel. On peut pas s'en empêcher, visiblement. J'suis jamais aussi vite parti en couilles avec Shira' et Barto'. Avec Kidd ça compte pas : c'était sexuel dès l'début.
Mais avec Ace, même quand j'veux juste l'embrasser chastement de manière un peu approfondie, ça part en 'cahuète direct. J'sais pas si c'est notre manière de fonctionner ou cette... « Attente » qu'il nous fait subir –ce salaud-, mais on est vraiment affamés l'un de l'autre.
Sérieux, j'm'inquiète pour demain. À peine une semaine collés l'un à l'autre et j'ai l'impression que c'est de pire en pire. Et là, demain, avec l'alcool en prime... J'vais jamais tenir le coup. J'vais être obligé de lui sauter dessus sans même m'en rendre compte, à un moment donné ! Et j'imagine même pas la tronche des copains s'ils nous voient soudainement nous rouler une grosse pelle entre frangins...
J'ai pas vraiment hâte de leur dire. Ace dit qu'y'a pas besoin, mais j'me vois pas leur mentir pendant des mois... Ce sont mes meilleurs amis, quand même. J'leur ai toujours tout dit... Rien que l'fait de pas avoir pu leur parler d'mon attirance pour Ace me faisait mal au cœur. J'espère que ça se passera bien quand j'leur dirai... J'espère qu'ils vont l'accepter...
J'sens une main d'Ace qui se faufile dans mon caleçon pour peloter ma fesse et lui mord la lèvre en représailles.
- Tu fais quoi, là ?! le grondé-je, et ça m'fait toujours autant rire de faire ça avec mon grand-frère que je respecte tellement en temps normal. J't'ai interdit d'me peloter tant qu'on doit subir ton attente à la con, j'te rappelle... !
Il me sourit encore sans réellement s'éloigner de moi, mais il retire pas sa main pour autant, ce fourbe. Ses doigts me malaxent la fesse et j'ai du mal à me retenir de pas exprimer que ça me fait beaucoup trop d'bien... Et que ça m'excite énormément, oui, aussi, forcément.
- Pourtant, je suis quasiment sûr que tu m'laisses faire quand on prend notre douche ensemble et quand on se couche...
J'me pince les lèvres, le fusillant du regard.
- ... Ça compte pas, on est déjà tout nus à c'moment-là.
Il explose de rire avant de m'embrasser de nouveau comme un fou, me faisant doucement basculer en arrière. J'gémis contre lui sans pouvoir m'en empêcher, constatant que mon érection me trahit encore une fois...
J'suis si faible face à lui. J'ai beau batailler pour lui faire regretter son attente nulle, j'tiens jamais l'coup et j'me laisse toujours embarquer dans l'ambiance sexy qu'il nous crée pour deux...
J'tiendrais jamais la soirée de demain.
... 'Faut que j'le fasse craquer. J'ouvre les yeux pour zieuter la grande horloge du salon derrière lui : 17h. On a rendez-vous à 18h demain au Sunny... Donc, si j'arrive à l'faire craquer maintenant, on aura largement le temps de nous éclater et même de le faire plusieurs fois, si ça s'passe bien...
... Okay, pourquoi j'me mets à stresser, en fait ? J'ai mon cœur qui commence à tambouriner sévère alors que l'autre main d'Ace m'a aidé à retirer mon manteau pour se faufiler sous mes fringues. J'en crève d'envie depuis une semaine, mais maintenant que j'pense sérieusement à m'jeter à l'eau, ça me fait un peu peur... Genre, ça y est, Ace et moi, on va vraiment coucher ensemble... J'sais bien que les touche-pipis qu'on a déjà fait sont déjà une forme de sexe bien approfondie en soi, mais j'sais pas... Là c'est vraiment pas pareil. Genre coucher ensemble pour de bon c'est encore une nouvelle étape...
Bon sang, j'en ai autant envie qu'ça m'inquiète. J'sais même pas pourquoi.
J'devrais continuer à faire c'que je fais depuis Noël, en fait : foncer sans réfléchir. Ça m'a plutôt bien réussi jusqu'ici, après tout.
J'lui retire son blouson à lui aussi, balance mes tongs dans un coin et j'l'empoigne par le col de sa chemise pour l'entraîner avec moi jusque dans la chambre, à reculons. On continue de s'embrasser et j'le sens encore sourire. Il m'énerve. Je sais dans l'fond qu'il a autant envie qu'moi de craquer...
Il a une sacrée volonté n'empêche. Surtout avec les triques de malade qu'il a eu à chaque fois qu'on s'est chauffés cette semaine... On arrive enfin à ma chambre et j'l'entraîne avec moi jusque dans l'lit. Il me tombe dessus et j'suis très satisfait de constater qu'il est encore bien dur contre ma cuisse...
- On peut savoir c'que tu veux... ? me ronronne-t-il en me léchant doucement les lèvres.
- Un gentil câlin ? proposé-je en souriant de toutes mes dents. Rien d'bien méchant, t'en fais pas. J'oserais suuuuurtout pas aller à l'encontre de ta grande décision d'préserver notre innocence, Ace...
Il hausse les sourcils, certainement aussi amusé que tenté de m'en coller une en même temps. J'lui laisse pas le temps de répliquer et j'récupère ses lèvres avidement. Mais bien vite, j'veux essayer d'mettre mon plan à exécution. J'le repousse en arrière pour le retourner sur le matelas comme une crêpe et lui grimper dessus. J'suis en position de force et j'suis d'autant plus content de constater qu'il se laisse faire, se contentant de retracer mes courbes de ses mains baladeuses.
- Il est bizarre ton câlin... souffle-t-il avec un sourire toujours plus moqueur.
- J'vois pas en quoi. D'ailleurs, laisse-moi t'mettre à l'aise...
J'me baisse et déboutonne rapidement son jean. Faut que j'me magne avant qu'il essaie de m'en empêcher, parce que j'sais très bien que j'vais perdre à un rapport de force contre lui. Mais il se laisse étonnement faire et j'me demande s'il en a pas ras le bol lui aussi, au final. Un coup d'œil dans sa direction m'indique qu'il suit attentivement mes gestes d'un œil avide : ouais. Il est à bout aussi.
Bien fait.
J'lui retire son froc sans plus attendre et essaie de le feinter en me rasseyant innocemment sur lui pour l'embrasser de nouveau. J'laisse nos langues échanger quelques secondes, puis j'décide d'y aller pour de bon, prenant mon courage à deux mains. J'm'éloigne de sa bouche pour descendre rapidement jusqu'à son caleçon...
Oh bon sang, quand j'pense que j'vais sucer Ace...
J'libère son sexe en deux temps trois mouvements pour m'en emparer et j'attends pas plus pour passer ma langue dessus, la faisant lentement remonter de la base jusqu'en haut. Arrivé à son gland, je glisse mes lèvres dessus et j'enfourne le tout dans ma bouche en prenant grand soin de bien appuyer sur les bords...
Jusqu'ici, il avait pas de réaction, mais là j'entends soudainement un énorme gémissement de plaisir qui s'échappe de sa gorge.
Bingo.
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- Dua Lipa – Physical -
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Me regardez pas comme ça. Le chapitre fait plus de 5500 mots, j'étais OBLIGÉE de le couper maintenant, voyons... :)
Bon okay, détestez-moi. Vous me détesterez plus dans deux semaines, donc j'm'en balek. Huhuhu...
Des bisous !
