Kof kof... Wah c'est poussiéreux ici didon !

Saluuuuuuut ! J'espère que ce chapitre sauvage vous fait plaisir ! Je reprends l'écriture de mon côté depuis quelques temps, doucement mais sûrement, en tout cas Paradis avance bien, donc je me suis dit que ça méritait bien une p'tite publi... !

Aucune idée du futur rythme qui nous attend, par contre... ça va vraiment déprendre de mon avance... Désolée pour l'irrégularité, mais après tout c'est un sport national dans le domaine de la fanfiction, non... ? Il fallait bien que je m'y prête aussi !

Enjoy !


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Je me fais lentement craquer la nuque en avisant le lit de Luffy en bordel et les draps dégueulasses bons à changer. Je tire sur mon boze en prenant mon temps, pesant le pour et le contre.

... Je nierai si je disais que ça ne me fait pas grandement marrer d'imaginer Sabo dormir dans mon foutre séché, après le coup qu'il vient de me faire. Ça partirait sûrement en engueulade sévère puisque Mâdâme Rebecca est une petite princesse précieuse qui exige toujours le meilleur en faisant passer ça pour du « bon sens »... Mais, hey, au moins je pourrais lui mettre mon poing dans la gueule pour de bon, au blondinet. Et vu l'état dans lequel je suis, ça serait certainement putain de salvateur.

- Je savais pas que des draps pouvaient s'changer par l'opération du Saint Esprit...

Je me retourne à peine sur Bonney qui se fout de ma gueule, adossée à l'encadrement de la porte.

- Tu m'aides... ? proposé-je sans aucune conviction. Puisque apparemment t'as pas l'air décidée à aller t'coucher...

Elle hausse une épaule avec un petit sourire avant d'avancer à mes côtés. On se met donc à retirer tout ce merdier, alors que je prends tout de même soin de gérer le drap-housse et de lui laisser les oreillers... Certes je suis un connard, mais un connard juste. Et Bonney n'a rien fait de mal ce soir... Prendre la défense des deux petits anges parfaits que sont Sabo et Marco n'est que pure logique, après tout. Ceux qui ne les connaissent pas à la perfection comme moi peuvent difficilement voir à quel point ils arrivent toujours à gagner gain de cause avec leur attitude soi-disant irréprochable, même quand ce sont eux qui foutent la merde.

J'ai encore en travers de la gorge ce que Sabo a osé me dire... Il se répète comme un putain de perroquet depuis quelques mois, à chaque fois qu'on s'engueule, et ça commence doucement à me chauffer. Mais me dire que c'est ma faute si Luffy s'est mis dans cet état ce soir... Quelle immense blague venant de lui.

- Je peux t'entendre insulter les gens dans ta tête d'ici, Bibiche... ricane Bonney en secouant les draps propres au-dessus du matelas. Tu veux en parler... ?

- Nan, c'est d'l'énergie gâchée pour rien... Il n'empêche que j'ai bien envie d'lui proposer d'aller sonner à l'immeuble d'à côté pour aller roupiller chez ses connards de parents, tiens...

- Ça serait... Bien digne de toi quand tu es en mode Dark Ace, commente-t-elle en réfléchissant. Mais tu devrais pas être en Dark Ace quand il s'agit de Sab'... C'est ton meilleur pote, t'as oublié ?

- Meilleur pote qu'arrête pas d'me planter des couteaux dans l'dos, ces derniers temps... marmonné-je derrière mon boze, me réjouissant stupidement de faire tomber des cendres sur le drap propre.

- Ace, abuse pas... Il arrête pas d'être là pour toi. Il a pris volontairement du retard sur ses cours pour venir passer du temps avec toi à la mort d'vos parents, il a organisé cette soirée à la sueur de son front en allant même jusqu'à négocier un congé avec vot'patron pour que Thatch et Izô puissent venir... Tu crois qu'il se casserait l'cul comme ça pour quelqu'un qu'il a juste envie d'emmerder ?

Je plisse le nez, frustré. Qu'est-ce que c'est encore que ces conneries... Je lève les yeux sur Bonney pour l'interroger.

- ... Il a été parler à Barbe Blanche ?

- C'est c'qu'Izô racontait, ouais... Le bar tourne au ralenti avec juste Haruta et un extra c'soir, de c'que j'ai compris. Juste pour tes beaux yeux, parce que Sabo a été l'convaincre...

- Je confirme, nous interrompt la voix de Thatch derrière nous, ce qui me fait légèrement sursauter malgré moi.

- Putain... Thatch, annonce-toi, enfoiré... sifflé-je en ramassant mon joint que j'ai fait tomber au passage.

- Je serais ravi de débattre sur le fait que tu es effectivement extrêmement cruel avec notre pauvre Sabo en ce moment, mais je crois que ton doux fessier est nécessaire d'urgence à côté...

Je fronce les sourcils en voyant qu'il me pointe sa droite, c'est-à-dire la chambre des parents... Évidemment... J'y ai laissé Luffy en lui demandant s'il pouvait gérer deux minutes, le temps que je m'occupe de cette histoire chiante de draps sales... Il m'a confirmé que oui, mais vu la tête qu'il tirait en entrant dans la pièce...

Ça se confirme quand j'arrive et que je le vois assis sur le lit des parents, le visage planqué dans ses mains à pleurer de nouveau alors que Sabo lui raconte je ne sais pas quelles conneries à voix basse.

Je vais finir par exploser à le voir pleurer comme ça sans interruption depuis pratiquement deux heures. Entre ça, la raison de ce « ça », Marco, Sabo, la soirée qui foire... Je me demande comment j'ai fait pour ne pas encore avoir essayé de broyer quelque chose. Et c'est Sabo qui va prendre, pour la peine. Je le repousse brusquement en lui attrapant l'épaule pour qu'il lâche Luffy et je m'accroupis pour prendre sa place. Je l'entends faire claquer sa langue contre son palais, mais il sort sans faire de commentaire. Il n'a même pas intérêt, de toute façon...

- Lu'... ?

- C'est trop Ace, c'est trop... s'étrangle-t-il alors que ses mains sont trempées de larmes tellement elles fusionnent avec son visage. J'ai l'impression qu'mon cerveau va exploser...

Je soupire lourdement avant de me redresser pour le prendre doucement dans mes bras. Qu'est-ce que je peux bien répondre à ça... Il passait déjà une soirée bien merdique, et voilà que le fantôme des darons revient faire un coucou à son mental déjà fragile...

Je le félicite déjà grandement du chemin qu'il a parcouru à ce sujet, jusque-là... Mais quand je pense qu'on nageait tous dans un océan de malaise quand j'ai proposé ironiquement au grand-père de dormir dans le lit des parents il n'y a même pas une semaine... Ouais. Je comprends totalement la réaction de mon petit frère, sur ce coup-là. Autant ça va me faire moi-même drôle de me glisser dans ces draps mais je surmonterai le malaise sans trop de problème. Mais lui...

Je lui dégage le visage en forçant sur ses mains et j'ai l'impression que mon cœur se brise en mille morceaux en le voyant. Il est défiguré : les yeux explosés, le nez rouge, les traits tirés par la fatigue...

Bordel, ça ne s'arrêtera donc jamais...

Je passe mes pouces en dessous de ses yeux pour en chasser les larmes et essaie de lui envoyer le regard le plus doux que j'ai en stock. Ce qui ne doit pas être bien compliqué vu le nombre de pétards que je me suis envoyé depuis 16h... Et ce qui explique pourquoi je n'ai pas encore vrillé pour de bon, maintenant que j'y pense.

- ... Tu préfères qu'on laisse ce lit à Rebecca et Sabo... ?

Il secoue vivement la tête.

- Nan, ça sera encore pire... J'préfère largement qu'ça soit nous...

- J'imagine... murmuré-je en passant ma main dans ses cheveux. On peut toujours dormir par terre, au pire...

Il secoue encore la tête alors qu'il trouve visiblement enfin le courage de rouvrir les yeux pour me regarder.

- T'avais raison... J'ai juste besoin d'dormir... Et c'est juste... Juste un lit... Mais reste avec moi, j't'en supplie...

- J'vais nulle part, Lu'... le rassuré-je alors que ma main glisse sur sa joue pour la caresser. On va aller s'coucher ensemble et dès que les autres partent demain, on réintégrera notre lit. Okay... ?

Il hoche la tête, cette fois. Tant mieux. Je ne doute pas un seul instant qu'il est à bout nerveusement, vu son état... Je jette un œil vers la porte pour constater que nous sommes miraculeusement seuls et m'empresse de poser mes lèvres sur les siennes. Bon dieu, que ça fait du bien... Et il semble être d'accord avec moi puisque passé la courte surprise, il s'accroche à mon visage pour rendre ce baiser un peu plus féroce, un peu plus approfondi... Mais je le coupe rapidement avant qu'on ne bascule dans un mood bien trop agréable pour s'en dépêtrer. On aura tout le temps pour ça dans quelques instants...

- Je te laisse juste deux minutes le temps de voir si les autres ont bien tout c'qu'il leur faut. Okay ? Ça va aller ?

Il m'envoie une mine penaude que je trouverais presque adorable si je ne le savais pas aussi attristé. Mais il finit par acquiescer lentement et je dépose un nouveau baiser sur son front.

- J'arrive...

Je fais un détour par la fenêtre avant de sortir. Cette chambre est quasiment condamnée depuis que Makino et Dragon ne sont plus là pour la faire respirer, et il n'y a désormais que moi qui y vais de temps à autre pour y ranger leur milliard de paperasses dont je ne sais plus quoi foutre... L'odeur de renfermé et de poussière me chatouille les narines et j'imagine que ça ne doit pas beaucoup aider le moral de Luffy. On va se les cailler cette nuit, mais ce n'est pas un problème. Makino était frileuse comme pas deux... L'énorme couette et le couvre-lit feront largement l'affaire.

Je traverse ensuite la pièce à grandes enjambées pour aller voir comment ça se passe à côté, pressé de revenir rapidement ici pour ne pas laisser Luffy seul trop longtemps. Je trouve Bonney qui s'apprêtait justement à éteindre la lumière du salon –immaculé et complètement rangé d'ailleurs, la vache-, après avoir vraisemblablement bordé mes deux abrutis d'anciens collègues qui sont en train de se prendre le chou. Pour changer.

- Tu m'approches, tu te prends un coup de sandale ! grogne Izô en brandissant ladite sandale, bien emmitouflé sous un plaid.

- Ouuuuh j'ai peur, ricane Thatch comme un con, la tête presque collée à la sienne sur l'autre partie du canapé d'angle.

- Ça suffit les gosses... se marre Bonney. J'éteins, alors tenez-vous à carreaux si vous voulez pas qu'Maman s'énerve... !

Ça m'arrache un sourire malgré moi. Sourire que me rend Bonney juste avant de plonger l'appartement dans le noir, et je l'entends tâtonner pour arriver jusqu'à moi pendant que les deux « gosses » continuent de se chamailler. Je réceptionne ma pote qui trébuche évidemment sur le petit meuble de l'entrée et elle finit dans mes bras.

- Bordel, ton appart' est pire qu'un terrain miné...

- Qui sait, je cherche peut-être à c'que tu te pètes une jambe pour que tu sois obligée de rester ici à tout jamais, avec moi... souris-je alors que je la maintiens toujours par les flancs.

- Uggh, à peine glauque... Calme tes ardeurs, Annie Wilkes.

- ... J'ai pas la réf'...

- Normal, t'as aucune culture, nazebroque. Tu comptes me rouler une pelle là ou ça s'passe comment ?

Je ricane encore et la relâche, me rendant bien compte que mon cerveau tourne au ralenti. Bonney et moi, on a pourtant l'habitude d'être proches physiquement. Elle doit même être l'être humain doté d'un vagin que j'ai le plus tripoté dans ma vie, c'est dire... On s'est déjà embrassés plusieurs fois, plus pour la déconne qu'autre chose. Parce qu'on a beau se ressembler et s'entendre à la perfection sur une tonne de choses, nous ne sommes pas du tout intéressés par le même type de corps... J'apprécie et chérie notre relation particulière. Elle peut peut-être paraître étrange vue de l'extérieur, mais moi j'y trouve parfaitement mon compte...

Le fait que j'aie du mal à la lâcher à cet instant me rappelle comme elle me manque, depuis deux mois.

- J'suis content d'avoir passé cette soirée avec toi... lui chuchoté-je en déposant un baiser sur sa joue.

- Ah ouais ? ricane-t-elle en se laissant faire, forçant même légèrement sur sa tête pour appuyer mes lèvres contre sa peau. Malgré ta très probable haine à l'heure actuelle par rapport à la façon dont elle s'termine... ?

Je soupire et me décolle enfin d'elle.

- J'vais pas faire de commentaire, ça va m'énerver...

Je ne peux que percevoir vaguement les contours de son visage dans le noir du couloir, mais je devine son sourire timide. Je devine comme elle doit être déçue que cette soirée ne se soit pas déroulée aussi bien qu'elle et les autres auraient pu l'espérer... Mais pour le moment, en parler ne ferait que remuer le couteau. Et je sais qu'elle le comprend tout à fait. J'en suis assuré quand je sens une paire de lèvres pulpeuses se déposer sur ma joue à leur tour.

- Je suis désolée, Bibiche... murmure-t-elle avec un sérieux que je ne lui connais que rarement, mais elle se reprend rapidement. Tu viens m'border dans ton joli lit d'adolescent ? J'vais a-do-rer dormir là-dedans en pensant à toutes ces branlettes qu'il a dû supporter, le pauvre...

- Désolé d'te contredire Bibiche... ricané-je en l'entraînant avec moi, le bras toujours dans son dos pour la guider dans la pénombre. Mais c'était le lit de Luffy. C'est à ses branlettes à lui qu'tu vas devoir penser...

- Euuurk noooon ! Il est trop innocent pour que j'pense ça de lui, Chouchou !

Je pouffe de rire pour moi-même : si elle savait...

- Quand vous aurez fini de parler de la bite d'un mineur, vous la mettrez peut-être en veilleuse... ? siffle Sabo de la chambre entrouverte de Luffy.

Ça fait exploser Bonney de rire, mais moi je me contente simplement de continuer à avancer jusqu'à la porte suivante avant de céder à ma vilaine pulsion qui me dicte d'aller le trouver pour lui raconter en détails tout ce que je lui ai fait, à la bite du mineur. Histoire qu'il ferme son immense claque-merde pour de bon.

Bonney doit le sentir et me tire un grand coup dans ma chambre avec elle, avant de buter sur le lit et de s'y laisser tomber sans aucune grâce.

- T'aurais pu laisser Luffy dormir tout seul, comme ça j'prenais sa place et j't'aurais tripoté tranquillement...

- Et le laisser faire une crise d'angoisse dans son coin parce qu'on squatte le lit des parents ? réponds-je de mon meilleur naturel, histoire de ne pas laisser entendre que dormir avec mon petit frère est bien trop normal pour que je change mes habitudes. Ben tiens...

Elle m'envoie un sourire jusqu'aux oreilles que je vois un peu mieux avec la lumière de la chambre de Makino et Dragon allumée à côté.

- T'es trop mignon avec lui... J'aurais pas cru qu'vous étiez si proches...

- Ben, si... soufflé-je en me grattant la tête.

- J'comprends mieux pourquoi c'était autant la PLS certains soirs, quand t'étais trop bourré et que tu chouinais qu'il te manquait...

Je fais une moue en réfléchissant : j'ai fait ça, moi... ? Évidemment que j'ai dû faire ça, moi... Marco me l'avait déjà dit, en plus... Putain, un vrai drogué en manque, j'vous jure...

- Mouais... Bref. Tu m'verras normalement plus faire ça maintenant que j'suis revenu vivre avec lui, donc tout va bien...

- Ouaip. Tout va bien. À part que tu m'as abandonnée comme un lâche, évidemment...

Son sourire est carnassier. Je sais que ce n'est pas dit méchamment, même pas sur le ton du reproche, au contraire... Mais c'est pourtant la sensation que j'ai parfois, et elle ne me fait pas super plaisir de me le rappeler ce soir. Ça doit se voir sur ma gueule, car son sourire fond et elle s'empresse de me rassurer.

- Hey, j'déconne, Ace...

- Je sais, t'inquiète pas... la rassuré-je à mon tour en me penchant pour déposer un baiser sur son front. Je t'abandonne pour de bon : Luffy était vraiment pas bien, j'veux pas le laisser seul plus longtemps...

- Okay... Passe une bonne nuit.

- Toi aussi... Et fais comme chez toi si t'as besoin d'un truc.

Je referme la porte derrière moi et m'empresse de parcourir les derniers mètres qui me séparent de Luffy. Je le retrouve emmitouflé sous les deux couettes, ses vêtements à terre, sa touffe de cheveux seule dépassant des tissus pour m'indiquer qu'il est là. Je vais le rejoindre après avoir fermé et, mine de rien, j'apprécie ce silence soudain dans l'appartement qui m'explose au visage.

Je n'ai jamais autant apprécié le silence depuis que je suis avec Luffy...

Mon froc tombe au sol avant que je ne me glisse du côté de Dragon pour rejoindre mon frère. Ses yeux sont résolument clos, mais je sais qu'il ne dort pas. En attestent sa respiration rapide et sa main qui vient immédiatement chercher mon contact à tâtons.

- Ça va... ? demandé-je en m'installant pour le prendre dans mes bras.

- Hmm... Les draps sentent bizarres...

- Ils puent depuis l'temps, ouais... validé-je en reniflant rapidement l'oreiller contre ma tête. J'trouvais ça... Un peu chelou de les changer...

- Parle pas d'ça s'te plaît, m'interrompt prestement Luffy en se gluant à moi. J'ai la tête qui va exploser...

Je lui concède volontiers et ferme ma grande bouche. Je me recroqueville un peu plus sur lui pour l'emprisonner complètement dans mes bras, dans lesquels il se pelotonne confortablement.

Finalement, et à l'instar de la veille, même si cette soirée a un goût doux-amer, elle ne se termine pas trop mal... Retrouver Luffy dans notre lit commun devient un réconfort sans précédent, qui a le don de me faire oublier tout ce qui m'a pourri la journée, en ce moment... Chose que j'aurais dû faire hier soir, quand j'y repense. Ressasser mon amertume dans les bras nus de Luffy aurait été bien plus sain que de m'enquiller tout ce que je me suis enquillé tout seul comme un con en ruminant sur ma pitoyable existence et cette soirée toute aussi pitoyable au « Sunny »...

Au final, mes deux soirées d'anniversaire auront donc été un magnifique fiasco. Merveilleux. Ça me conforte à peine dans ma sensation persistante qu'en dehors de Luffy, la totalité de ma vie est en train de s'effondrer, en ce moment... Heureusement que je l'ai, bordel. L'odeur de ses cheveux dans mon nez m'aide à y voir plus clair. Sentir sa peau contre la mienne me réconforte comme jamais. Entendre sa respiration enfin calme si proche de la mienne est une foutue bénédiction.

Je couvre ses cheveux de petits baisers sans même m'en rendre compte tout de suite. C'est lui qui me ramène à la réalité de notre présente situation et de cette chambre glauque à souhaits alors que sa voix basse brise le silence.

- J'arriverai jamais à dormir...

- Hmm ? Y'a un truc que j'pourrais faire pour t'y aider... ?

Il secoue lentement la tête.

- J'sais pas...

- Trouve et j'm'exécute, chuchoté-je en continuant ma pluie de baisers dans ses mèches noires.

Le silence retombe alors que je sens que mon trop-plein d'amour est en train de se réveiller en un trop-plein d'autre chose. Mais Luffy ouvre la bouche de nouveau, la voix encore plus hésitante que précédemment.

- ... On peut parler ?

- Bien sûr que oui, pourquoi tu demandes...

- Parler de... De Marco... ?

... Ah. Oui, bien évidemment. Comme si j'allais y couper...

- Hmmm il est tard, Lu'... essayé-je de me soustraire tout de même comme un enfoiré.

- Tu m'as promis qu'on en parlerait... geigne-t-il alors que je sens ses doigts s'enfoncer rageusement dans ma peau.

Je soupire. Bon. Je suppose que plus vite c'est fait, plus vite j'en serais débarrassé...

De toute façon, j'ai l'impression que les deux autres enfoirés lui ont quasiment déjà tout dit...

- ... Tu veux savoir quoi ?

- Pourquoi tu m'en as pas parlé, me lâche-t-il sur le ton de l'évidence, avec peut-être même un soupçon de reproche, tiens.

- ... J'en sais rien... finis-je par répondre en rouvrant les paupières alors que je sens mon calme et ma béatitude se faire doucement la malle. C'était pas exceptionnel à mes yeux, j'voyais pas l'intérêt de t'en parler...

- Nan, tu voulais m'le cacher, tonne Luffy en reprenant contenance visiblement, alors qu'il lève la tête pour me regarder. J't'ai demandé au moins trois fois la signification du phœnix et t'as jamais voulu m'le dire...

Je serre les dents. Foutu phœnix et foutu Ace avec ses foutues idées impulsives de merde. Pourquoi Marco ne m'a pas empêché aussi de faire cette merde-là, hein ? Lui qui adorait me mettre des putains de stops à longueur de temps... ?!

- ... C'était une connerie. J'ai regretté d'l'avoir fait dès qu'j'ai vu le résultat, si tu veux tout savoir.

- ... Pourquoi ? Il est super beau, quand même...

- C'est pas la question qu'il soit beau, réussi, ou quoi... C'est la question qu'en faisant ça, j'ai voulu me graver Marco dans la peau comme un connard. C'était la pire des idées.

- ... Ça a quelque chose de super romantique, quand même...

- Ça aurait été vraiment romantique si j'l'avais aimé à un moment donné. Mais le fait est qu'non. Et elle est bien là, ma connerie.

Ça lui a enfin cloué le bec, dieu merci. Mais il reprend quelques secondes plus tard.

- ... Je comprends pas comment t'as pu rester avec lui aussi longtemps si tu l'aimais pas...

Je pousse un nouveau soupir avant de me détacher de lui, agacé pour de bon. Je roule sur moi-même pour aller récupérer mon paquet de clopes dans la poche de mon froc et m'en allume une, vite fait bien fait. Je m'assois en tailleur dos à Luffy pour la fumer, alors que le froid de janvier qui passe à travers la fenêtre ouverte me mord la peau malgré les volets fermés. Le briquet reste dans ma main et je commence à jouer mécaniquement avec, ce qui me donne l'illusion de m'aider à rassembler mes pensées.

- ... La relation qu'on avait était merdique, quoi qu'on en dise. Mais disons que si tout l'monde a autant cru en nous, c'est parce qu'ils voyaient juste ce qu'on voulait bien leur montrer...

Je sens Luffy bouger derrière moi pour s'asseoir aussi, à la différence que le mouvement des couvertures me fait comprendre qu'il est en train de se faire une tente de chaleur avec. Il me prouve donc encore une fois qu'il a un meilleur instinct de survie que moi, tiens.

- ... Comment ça ? insiste-t-il pour m'inciter à continuer.

Je secoue la tête, dégoûté d'avance de lui avouer ce que je suis sur le point de lui avouer.

- ... Ne prends surtout pas ce que je vais dire pour toi Luffy, parce que je te rappelle que notre relation n'a, à mes yeux, absolument rien à voir avec toutes celles que j'ai pu avoir dans ma vie... Mais j'ai jamais eu très envie de m'engager, d'aussi loin que j'me souvienne. Et le pire que j'ai fait sur ce plan-là, ça doit être avec Marco...

Je trouve son silence étrange, mais je continue tout de même avant de me dégonfler.

- À l'origine, on était juste plans culs. Il a voulu aller plus loin, mais j'lui ai dit que c'était pas trop ma tasse de thé, surtout alors que j'enchaînais des soirées de malade à la fac qui m'faisaient rencontrer toujours plus de mecs cools, si tu vois c'que j'veux dire... Il a donc laissé tomber, mais quelques semaines plus tard, rebelote : on couche de nouveau ensemble et il m'propose encore la même chose. À la différence que cette fois, il me parle de relation libre. J'peux aller voir ailleurs autant que j'veux, mais il reste ma priorité, pour résumer grossièrement... Bon, pourquoi pas. J'm'entendais bien avec lui, à vrai dire. J'ai dû lui dire des trucs que j'ai jamais dit à personne d'autre... Ou plutôt, il a réussi à m'faire avouer ces putains de trucs...

J'ai mal à l'égo en y repensant, bordel. Je le savais pourtant, qu'il avait fait des études de psycho' en plus de l'école d'infirmier. Il me l'avait expliqué à l'une des premières soirées qu'on avait faite ensemble. Et même si ça ne donne évidemment pas non plus de superpouvoirs, disons que ça offre un sérieux coup de pouce à des gens déjà bien observateurs et méthodiques comme lui. Il m'a percé à jour en deux fois moins de temps qu'il ne faut pour le dire : la bipolarité, la pyromanie, les tendances autodestructrices, le trouble de l'attachement -que j'avais jamais réalisé jusque-là-...

Je ne compte plus le nombre de fois où il m'a donné l'impression d'être complètement à nu pour la première fois de ma vie, sans aucune défense, sans aucune planque où m'enfuir. Alors qu'on était bien habillés, tranquillement en train de fumer un joint sur son canapé...

Juste avec ses foutus yeux bleus inquisiteurs.

- ... Sauf qu'au final, j'ai jamais pris le truc vraiment au sérieux, continué-je, amer. Marco, il a le don d'me rassurer autant qu'il me fout mal à l'aise. J'savais très pertinemment qu'il voulait rien d'autre que mon bien et j'voyais bien ses sentiments envers moi qui commençaient gentiment à fleurir alors qu'les miens restaient au point mort... C'est pas faute de lui avoir dit et répété, pourtant. Que j'étais incapable d'aimer.

Je jette un regard par-dessus mon épaule, le silence de Luffy me stressant légèrement bien malgré moi. Je tends une main hésitante en arrière et un froissement de tissu plus tard, la main chaude de mon frère emprisonne fermement la mienne.

Un sourire se dessine tout seul sur mes lèvres.

- ... Du moins, incapable d'aimer un sombre inconnu de cette manière... Toi, c'est pas pareil, Lu'...

- ... Je sais, répond-il enfin d'une toute petite voix que je ne lui ai que rarement connue.

Je le lâche pour me retourner, histoire de lui faire face. La lumière tamisée des lampadaires du parking trois étages plus bas perce difficilement à travers les volets mécaniques, mais je devine tout de même aisément les traits de son visage.

- ... T'imagines pas toutes les saloperies qu'j'ai pu lui faire... soufflé-je en passant le dos de mon index sur sa joue, alors que mon autre main continue de jouer avec mon briquet. Avec le recul, j'ai bien compris que j'cherchais à tester ses limites... J'cherchais à l'faire fuir, par tous les moyens. Mais il a jamais lâché. Encore aujourd'hui, j'comprends toujours pas pourquoi... Et puis voilà qu'on arrive à ce fameux soir d'août où on a encore une de nos très longues discussions nocturnes, alors qu'il bosse à 7h tapantes le lendemain... Y'avait... Ce truc, qu'il avait deviné, à mon propos. Et ça m'avait broyé. J'voulais pas qu'il sache, j'voulais que personne ne sache jamais...

C'est drôle comme j'ai envie de lui dire, à cet instant. De lui expliquer que Marco m'a fait passer la pire semaine de ma vie, tout ça parce qu'il a été le premier à deviner mon pire secret...

Le premier à comprendre que si je n'arrivais pas à donner le moindre amour à ce point, c'est tout simplement parce que mes sentiments étaient déjà complètement bloqués sur une toute autre personne depuis des années, déjà.

Une personne radieuse et merveilleuse à qui je caresse tendrement la petite cicatrice sous son œil gauche si typique, à cet instant précis.

- ... Je sais pas trop pourquoi j'me suis mis en tête de tout faire pour répondre à ses sentiments, après ça. J'ai arrêté mes conneries de coucher à droite à gauche, j'ai essayé de faire gaffe à mon attitude, j'ai essayé de passer la plupart de mon temps libre avec lui... J'ai même eu cette idée stupide d'me faire une reproduction de son tatouage, histoire d'être encore plus proche de lui... Comme une assurance, comme un rappel...

Je marque un arrêt pour terminer ma clope, que je n'ai aucune idée d'où écraser. Alors je me lève pour aller le faire sur le rebord de la fenêtre, et tant pis pour l'encadrement métallique que je dégueulasse au passage.

- ... Mais ça s'est fini... ? insiste impatiemment Luffy en comprenant la suite tout seul. Il s'est passé quoi ?

Je me mets à ricaner. Plusieurs réponses cyniques me viennent à l'esprit... Mais ce n'est pas trop le moment de remuer le couteau dans la plaie : Luffy est la dernière personne que j'ai envie de blesser... Je reviens vers lui et amorce un geste pour me glisser à ses côtés sous sa tente-couette, place qu'il me fait avec plaisir alors que je grelotte en sentant la différence de température entre la pièce et sa chaleur corporelle.

- ... Il s'est passé que j'ai dû rentrer ici en catastrophe… Tu sais.

Évidemment, son immense regard avide et curieux me fuit immédiatement à cette phrase. Je souris en attrapant son visage en coupe pour le forcer à me regarder de nouveau, collant nos deux nez l'un contre l'autre.

- J'ai aucun regret, Lu'... J'ai jamais réussi à lui rendre ses sentiments, au final. Disons volontiers que j'suis cassé et que j'le serai p't'être à jamais... Mais j'ai pas réussi à aimer Marco ne serait-ce qu'un peu, c'est un fait. J'me suis tiré sans un regard en arrière, sans un remords... Parce que je savais que tu avais besoin de moi, et que ça compte plus que tout, ça. Plus qu'un mec soi-disant parfait, plus qu'un foutu tatouage aussi symbolique que merdique, plus que ma vie là-bas...

- T'abuses, marmonne-t-il en me faisant une moue adorable. J'suis pas plus important qu'tout ça...

- Crois-le si ça t'éclate... ricané-je, pas agacé une seule seconde de son manque de confiance en lui, pour une fois. Pourtant tu l'es pour moi. Et si j'dois t'avouer un autre truc important ce soir, ça sera ça : j'ai jamais été aussi heureux depuis que j't'ai retrouvé, et d'autant plus depuis Noël...

- ... Si c'est vrai, pourquoi tu t'es bourré la tronche tout seul, hier soir... ?

Je perds mon sourire.

Merde. Je dois bien reconnaître que je ne m'y attendais pas, à celle-là...

- ... Parce que je suis un gros con qui n'arrive pas à se contenter de c'qu'il a, réponds-je en écho à la phrase de Sabo d'un peu plus tôt, aussi rageant que ça soit.

- C'est naze comme réponse... râle-t-il, toujours boudeur. Ça m'fait juste flipper, quand tu fais ce genre de trucs... J'm'inquiète pour toi, j'ai l'impression que t'es malheureux et que tu m'le dis pas...

Encore une fois, je réceptionne son visage pour le lever vers moi et l'embrasser.

- Je te promets que je suis tout sauf malheureux en c'moment, Lu'... chuchoté-je contre ses lèvres. Ça pourrait jamais me rendre malheureux d'être avec toi. Tu devrais le savoir, pourtant...

Ses mains glissent sur mes poignets alors que ses yeux noirs se noient dans les miens.

- ... J'm'y connais pas grand-chose, mais tout c'que tu m'dis depuis tout à l'heure ressemble vachement à des déclarations d'amour, t'sais. Tu t'en rends compte, ou pas ?

Je souris largement.

- Peut-être bien...

Je sens ses muscles se tendre alors que je prends conscience de toute l'ampleur de la bombe qu'on vient de lâcher, moi et mon foutu cerveau défoncé... Mais je ne lui laisse pas le temps de réagir, pas le temps de répondre quoi que ce soit. Ses lèvres sont de nouveau miennes et je les marque de tout mon soûl, à coup de langue impatiente, de salive envahissante et de crocs affamés. Je le fais basculer en arrière en jouant avec la couette pour être certain qu'on reste bien au chaud et je perds mon souffle à refuser catégoriquement de me détacher de lui. Mes mains glissent sur son corps dénudé, retrace ses courbes que je ne me lasse pas d'apprendre encore et encore. L'une d'elle échoue dans le creux de ses reins et je le rapproche impatiemment de moi, m'arrangeant pour que nos deux bassins se collent l'un à l'autre. J'ai l'impression de le noyer avec moi, mais ses ongles qui ripent sur la peau de mon dos nu ne font que m'encourager un peu plus dans ma perdition.

Note à moi-même : penser à mettre un t-shirt demain matin, ou je ne donne pas cher de notre peau.

Mes doigts s'engouffrent dans son boxer pour aller caresser son pénis réveillé alors que je me retiens désespérément de ne pas marquer la peau fine de son cou, mais il s'étrangle dans mon oreille dès lors que je le prends en main.

- A-Ace... ! couine-t-il d'une toute petite voix. On va quand même pas coucher dans... Dans l'lit des parents...

Je dois vraiment être le dernier des enfoirés, condamné à l'Enfer sans préavis pour accepter aussi sereinement l'idée que je n'en ai absolument rien à foutre, à cet instant précis.

- J'ai envie d'toi, Luffy...

- Mais... C'est pas bien... siffle-t-il tout en essayant de me repousser.

- Coucher avec son frère n'est pas bien non plus, il paraît, claqué-je amèrement, mais sans pour autant m'arrêter. Et pourtant on est là. Alors lâche un peu tes foutus principes moraux inventés de toutes pièces par les moutons, Luffy... T'en as envie, non ?

Il lâche un long bruit de gorge réprobateur au lieu de me répondre. Mais vu qu'il ne me repousse plus, je prends ça pour un « oui ». Une petite partie raisonnable de moi à tout de même envie d'être plus douce et je me redresse légèrement sur mon coude pour le regarder dans les yeux et lui dégager une mèche du visage.

- C'est qu'un lit, Lu'... Juste un meuble comme un autre. Et peut-être que ça t'aidera à exorciser ton rejet de cette chambre...

Il plisse le nez sur moi, aussi hésitant que boudeur. Mais au final, il finit par m'attraper la tête pour m'embrasser agressivement. Presque pour me punir...

- Compte pas sur moi pour lever l'petit doigt... siffle-t-il dans ma bouche. 'Pi tu dois t'faire pardonner pour m'avoir caché l'existence de Marco.

Ce nom résonnant dans mes oreilles alors que j'ai l'érection de Luffy bien en main a le don de me foutre un peu mal à l'aise, je le reconnais. Mais je me reprends vite en souriant à sa remarque.

- À vos ordres, Monseigneur... susurré-je. Et je peux te garantir que d'ici une heure maximum, tu m'auras déjà complètement pardonné...

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- Gorillaz ft. Moonchild Sanelly – With Love To An Ex -

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« Glauque » ? « Malsain » ?! Qui a dit ça ?! Hey, je vous vois au fond de la salle, hein ! Assumez vos remarques médisantes ! Ce lime respire la gaieté et la bonne morale, allons ! Quand même ! Je suis cho-quée !

Enfin, tout ça pour dire que j'assume moyen qu'on arrive déjà à des passages aussi limites alors que ça ne fait qu'une semaine qu'ils sont ensemble... Urgh...

Qu'avez-vous pensé de l'histoire de Marco et Ace ? Était-ce proche de ce que vous aviez imaginé, finalement ?

Des bisous pour encore un peu plus de joie et de fluff pour le prochain chapitre, « normalement » ! (enfin, prochain... Le prochain c'est -déjà !- le chapitre 30, donc chapitre flashback, toussa, vous connaissez la chanson...)

Quel plaisir de vous retrouver, au passage... ! Des bisous !