Hellooooo ! Bonne année 2023 à vous tous ! Espérons que ça soit la remontada comparé à ces deux dernières années... ! (j'y crois pas moi-même si vous vous demandez mdr)

Pour fêter cette nouvelle année, le timing a voulu que l'on entre dans un nouveau mini-arc de l'histoire, là où un perso assez important revient en force... Je pense que vous allez être à hurler dans les chapitres qui arrivent !

Enjoy !


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J'observe la lumière de la flamme de mon Zippo créer des ombres chimériques sur le visage de Luffy. Mon pouce ferme le clapet dans un cliquetis métallique et les ténèbres reprennent leurs droits. Mouvement en sens inverse : la pénombre revient, la lumière danse de nouveau. Répétition infinie. Régulière. Toquée.

Les yeux de Luffy ne quittent pas ma main et la flamme qui meurt et renaît en boucle.

- Pourquoi tu fais ça... ? me demande-t-il dans un souffle.

- J'sais pas, j'aime bien. Ça me détend. T'as pas des tics qui te détendent, toi aussi... ?

Je le vois arracher son regard du briquet pour réfléchir. Il est – encore une fois -, beaucoup trop mignon comme ça, complètement enroulé dans la couette avec juste sa bouille qui dépasse, ses cheveux encore dans tous les sens suite à notre partie de jambes en l'air.

- ... J'en sais rien, j'crois pas.

- Ben moi j'te dis que si. Tout le monde en a. Et l'un de tes plus visibles, c'est certainement ta manie de faire bouger ta bouche dans tous les sens quand tu réfléchis...

Genre, exactement ce qu'il est en train de faire à cet instant. Il s'en rend compte dans un petit sursaut et s'enfonce un peu plus dans la couette pour se planquer, ses yeux noirs me lançant un regard outré.

- ... Mais moi j'risque pas d'faire cramer des trucs avec ma bouche...

- À part ma bite ? souris-je, fier de ma blague débile. C'est ça qui t'inquiète ? Que j'foute le feu au lit ?

- Ça m'inquiète pas, je sais qu'tu fais attention... Mais j'ai toujours trouvé bizarre ton... Ta manière d'aimer le feu, comme ça.

Je hausse des épaules en me demandant pourquoi le sujet débarque subitement sur le tapis. Mais je suis trop de bonne humeur en ce moment pour m'en agacer. Surtout quand je ne trouve aucun reproche dans le ton de Luffy. Il est probablement juste curieux, comme d'habitude.

- Je sais pas... J'trouve ça magnifique. C'est juste une réaction chimique, mais on croirait que c'est vivant. Et quand tu vois ce qu'une si petite chose est capable de faire comme dégâts... Ça m'fascine.

Il ne me répond pas. Ses yeux ont de nouveau basculé sur la flamme que j'éteins et fais revenir à intervalle régulier. Ça doit autant lui péter les yeux qu'à moi vu le noir complet de la chambre, mais ça ne paraît pas l'empêcher de réfléchir et encore moins le déranger.

- ... Mais c'est super dangereux et incontrôlable... C'est c'qui s'est passé quand t'étais jeune, nan ? Ça a échappé à ton contrôle, c'est ça ?

Je n'esquisse pas un mouvement à cette remarque malgré le sentiment dérangeant qui naît en moi. C'est rare qu'il m'en parle. Il sait que c'est un sujet sensible sur lequel je n'aime pas m'étendre. Peut-être que les gens pensent que c'est par culpabilité ou par honte, alors qu'en réalité, c'est simplement par pudeur. Ma relation avec le feu à quelque chose... d'intime. J'ai du mal à l'exprimer correctement. Il réveille quelque chose de tellement profondément enfoui en moi que je n'ai pas envie de le partager avec les autres. Comme une sorte de jardin secret, je n'en sais rien...

Mais peut-être que ce soir, pour l'une des premières fois de ma vie, je suis suffisamment détendu et en confiance pour l'exprimer à voix haute.

- ... C'est c'que j'ai dit à tout le monde pour ne pas trop qu'ils en fassent un plat, mais c'est pas la vérité, finis-je par répondre lentement.

Je sais que j'ai toute l'attention de Luffy. Et je sais aussi que contrairement à Dragon, Makino, Garp, Marco ou même Sabo, il n'essaiera pas de me faire la leçon là-dessus. Il ne me jugera pas, n'insistera pas pour me faire comprendre que c'est mal.

Je sais déjà que c'est mal.

- ... J'ai juste eu envie de le laisser s'exprimer. À vrai dire, j'ai tout le temps envie de le laisser s'exprimer... C'est juste que cette fois-là, j'ai arrêté d'me retenir.

Luffy fronce les sourcils lentement. Je me demande s'il réalise l'ampleur de ce que je viens de lui avouer. Je sais qu'il est un peu long à la détente quand c'est trop subtil pour lui.

- ... J'ai l'impression qu'tu dis que tu l'as fait exprès...

- Je l'ai fait exprès, lui confirmé-je en plantant mes yeux dans les siens.

Je suis curieux de voir sa réaction. Maintenant qu'on est plus proches que jamais et que c'est juste nous deux, je me surprends à avoir envie de lui montrer un peu plus l'étendue de ma noirceur. Parce que je sais qu'il ne me repoussera pas, qu'il ne fuira pas. Au pire, ça va l'inquiéter et je serai là pour le rassurer : j'ai le contrôle sur la plupart de mes démons, surtout maintenant qu'il m'a offert les clés pour que je sois enfin serein pour la première fois de ma vie. Il n'a aucun souci à se faire.

J'ai l'impression de le voir blêmir, ce que j'essaie de confirmer en laissant le Zippo allumé.

- ... Mais... T'aurais pu tuer des gens...

- Non. C'était un entrepôt désaffecté. Je suis pas con non plus.

Ça ne m'aurait peut-être pas déplu dans le fond, un ou deux dommages collatéraux. Mais ç'aurait été la prison pour mineur dans ce cas, et même à l'époque, j'avais bien compris qu'il valait mieux l'éviter.

Luffy réfléchit encore, puis il finit par se redresser pour s'asseoir en face de moi, la couette couvrant le bas de son corps nu. Sa main se pose soudainement sur le clapet pour étouffer la flamme et les ténèbres nous obstruent la vue à nouveau.

- ... T'as fait d'autres départs de feu après ça. Rien qu'le carton de tes affaires y'a deux mois, ou la boîte aux lettres de la vieille Jora y'a des années...

- Je gérais. Je sais bien que ça peut paraître flippant sur le coup, mais le feu se contrôle jusqu'à un certain point. Et j'contrôle. Sinon j'aurais déjà fait cramer l'immeuble depuis longtemps, crois-moi.

- ... C'est un peu flippant quand même, marmonne-t-il alors que ses doigts glissent de ma main pour retomber mollement sur le lit.

J'ai un petit rire. Il y a tellement d'aspects de moi qui sont flippants et il s'arrête sur celui que je contrôle le mieux... Quelle ironie.

- Je mettrai jamais le feu à ton lit, encore moins à l'appart, le rassuré-je en attrapant son visage pour le rapprocher du mien. T'as confiance en moi, non ?

- Ouais... Mais ça arrive les erreurs...

- T'as pas confiance alors, m'agacé-je légèrement. J't'ai dit que je gérais.

- ... Okay...

Je peux deviner sa moue adorable même sans le voir. Et ça me fait fondre rien que de l'imaginer. J'écrase ma cigarette dans mon cendrier et décale le tout sur le côté pour aller l'embrasser doucement. Pour une fois, c'est moi qui viens m'asseoir à califourchon sur lui, malgré la couette qui nous sépare. J'ai la chair de poule malgré le chauffage dans l'appartement qui nous protège du froid glacial de cette fin janvier, mais je ne suis pas pressé de le rejoindre au chaud. J'ai tout mon temps. Toute la nuit. Toute notre vie.

Je le fais basculer en arrière et me retrouve allongé sur lui. Je dévore l'entièreté de son visage alors que je sens ses doigts glisser sur mon dos nu, échouant parfois sur mes fesses. Et évidemment, cette proximité prolongée réveille encore mon envie de lui. Je ne réalise même pas que j'ondule déjà les hanches contre lui quand il se met à rire contre ma bouche.

- Déconne pas Ace, on vient juste d'le faire et j'ai cours demain...

- Tu dis jamais non à un deuxième round pourtant... m'amusé-je en semant mes baisers le long de sa gorge.

- Ouais mais là j'suis fatigué. J'te demanderais donc d'arrêter d'essayer d'me chauffer comme l'allumeur que t'es et d'me laisser dormir, merci bien !

Je me redresse comme pour l'aviser, et je sais très bien qu'il devine mon expression faussement outrée.

- Ah ouais, ça commence déjà à me repousser comme ça... ? Okay, je retiens... Grève du sexe, alors.

Il explose de rire.

- Tu tiendras pas deux jours, fais pas l'malin !

- Toi non plus j'te ferais remarquer ! sifflé-je en attrapant son cou entre mes doigts, plus excité qu'autre chose.

- Shishishi, allez tire-toi... ! Demain c'est le week-end, on baisera autant qu'tu l'voudras.

Bon. Je ne vais pas dire non à une promesse pareille. Je le lâche donc et dépose un baiser léger sur le bout de son nez.

- Week-end dans le lit alors, déclaré-je résolument. T'as pas intérêt à espérer en sortir, j'te préviens...

- C'était pas mon intention, ricane-t-il toujours en me repoussant pour de bon.

J'ai compris, je me casse. Je quitte le lit et récupère mon bric-à-brac, histoire de ramener tout ça dans le salon. J'enfile aussi un froc pour ne pas plus passer pour un exhibitionniste que je le suis déjà et j'entame un aller dans la chambre assuré d'un retour. J'ai toujours un rythme nocturne, donc pas question de dormir avec Luffy. Mais on s'est mis d'accord pour que je reste au moins avec lui jusqu'à ce qu'il s'endorme. Il dit qu'il a l'impression de sombrer plus vite quand je suis là, et je n'en doute pas une seule seconde.

Il a le nez sur son portable quand je reviens.

- Ah... Tu vas pas être content, m'annonce-t-il en me jetant un œil.

- Hm ? Pourquoi ?

- J'ai oublié d'te prévenir que j'ai une soirée samedi. Les gens parlent encore sur la conv', ça m'y a fait penser.

Je fronce les sourcils : quoi, encore... ? On arrête pas de faire des soirées au Sunny et vu que je refuse de le laisser y aller tout seul, c'est un enfer à supporter pendant des heures à chaque fois. Pas forcément d'être avec ses abrutis de potes, ça, je commence à m'y faire. Mais plutôt de devoir tenir en étant défoncé et/ou bourré avec lui sans devoir le toucher. Et de croiser les regards toujours insistants de Nami. Et de supporter le nombre de conneries à la seconde que vomit Brook. Et d'entendre la voix de Zoro.

... Ouais bon, d'accord. Je ne m'y fais pas du tout en réalité. Mais j'arrive de mieux en mieux à faire semblant de les apprécier et rien que pour ça, je le mérite vraiment, mon putain d'Oscar.

- Encore au Sunny... ? soupiré-je en venant m'allonger au chaud à ses côtés.

- Nan, chez Torao.

Je bugge : qui c'est ça, « Torao » ?

- ... Qui ?

- Un mec de ma classe qui a une maison énorme ! m'explique-t-il en faisant un large mouvement de ses bras, digne du gamin qu'il est. Il fait des mégas soirées avec plein de monde à chaque fois, c'est trop cool ! Tu voudras venir avec nous ?

- ... J'le connais pas. Il voudra bien que je vienne ?

- T'inquiète, j'vais le prévenir ! Plus y'a de monde, plus c'est marrant !

Je veux bien le croire, c'est son crédo, après tout... Alors pourquoi je le sens... si peu excité ? Je l'observe alors qu'il répond à je ne sais pas qui, ses pouces filant sur les touches à la vitesse de l'éclair. Il devrait rayonner à l'idée d'une telle soirée, et pourtant il a un visage plutôt neutre.

- ... Tu l'aimes pas, ce « Torao » ?

- Hm ? Si, pourquoi ?

- Ça a pas l'air de t'réjouir des masses, cette histoire...

- Oh... Si, si... souffle-t-il, l'air ailleurs. C'est juste que... Y'a un mec que j'ai pas trop envie d'croiser...

Je hausse un sourcil, aussi surpris qu'amusé.

- Quoi... ? Toi, Monkey D. Luffy, qui n'aime pas quelqu'un sur cette planète... ?

- Nan, c'est pas... 'fin si, mais non... C'est juste qu'on... Qu'on s'embrouille tout l'temps, alors...

Il a éteint son écran, la chambre est de nouveau dans le noir. Pourtant, je n'ai pas besoin de le voir pour savoir qu'il ment.

Et j'ai le cœur qui rate un battement : pourquoi il me ment... ?

- ... J'vais demander à Torao s'il peut s'arranger pour qu'il vienne pas, comme ça pas d'embrouille ! s'empresse-t-il d'ajouter. T'inquiète, Ace !

Il me met des petits coups de coudes dans les côtes, certainement pour détourner mon attention ou me faire réagir, je n'en sais rien. Tout ce dont je suis certain, c'est de la bouffée de rage qui vient de monter violemment en moi.

Il me ment... La bonne blague. Et je n'ai franchement pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre pourquoi. Son monologue débité à la vitesse de l'éclair qu'il avait balancé à Long-Nez-l'assistant-social me revient parfaitement en mémoire, vu comme j'y pense régulièrement depuis que je l'ai entendu. Pour paraphraser : j'ai trompé mon copain pendant une soirée avec un mec et j'ai recouché avec ce mec y'a pas longtemps à une autre soirée.

Il ne parlait pas des soirées au Sunny. Ils n'y invitent apparemment jamais personne d'autre que leur petit groupe restreint et dans tous les cas, je les imagine mal laisser Luffy partir dans une des chambres pour se faire troncher pendant qu'ils continuent tranquillement de picoler juste à côté.

Ce mec. Ce fameux mec que j'ai aujourd'hui envie d'étriper, à présent que je comprends toute l'ampleur de ce qu'il représente pour Luffy.

Parce qu'il y a une autre de ses remarques qui me revient à l'esprit et je fais rapidement le lien. Une question qui m'avait déjà fait tilter sur le moment, durant cette conversation où on se demandait si nous allions bien nous entendre sexuellement tous les deux, juste après s'être mis ensemble. Quelque chose du genre : «Est-ce que c'est normal de prendre son putain de pied avec quelqu'un qu'on aime pas trop à la base ? »

« On s'embrouille tout le temps », hein... ?

C'est avec moi qu'il va s'embrouiller s'il ose approcher de Luffy.

- Ace... ?

- Ouais.

Mon ton sort moins glacial que ce que j'imaginais, tiens. J'ai envie de prendre sur moi et de ne pas lui montrer que j'ai compris, à vrai dire. Je vais attendre de voir s'il me parle de lui-même de cette histoire un jour ou l'autre. Parce qu'il pouvait bien me péter un scandale à propos de Marco, mais je n'ai encore jamais entendu frontalement parler de ce fameux coup « incroyablement meilleur ». Meilleur que moi ? Sûrement. Sinon il ne s'acharnerait pas à garder ça pour lui comme ça, je le connais.

Il passe SA VIE à me parler de ses deux exs, mais pas de ce mec-là ? Qu'on ne vienne pas me dire qu'il n'y a aucune raison à ça... C'est du mensonge par omission. Je suis bien placé pour le détecter, vu comme je suis moi-même très fort à ça. Sauf que là, il tient bien le coup l'animal... Et plus ça dure, plus ça me gonfle et plus j'ai envie de comprendre pourquoi il me le cache. Pour quelle putain de raison il refuse de me parler de ce mec si incroyable au pieu, mais qu'il ne peut soi-disant pas piffrer.

Si ça se trouve, ça aussi c'est des conneries...

Je me fais violence pour me tourner vers lui et débander un maximum mes muscles tendus. Je le prends dans mes bras doucement et lui embrasse les cheveux.

- ... T'es sûr que ça va ? me demande-t-il tout de même d'une toute petite voix.

- Ouais, pourquoi ? J'essayais juste de m'imaginer entouré d'une tripotée de gamins qui vont sûrement me casser les couilles, sans avoir l'occasion d'te tripoter, même s'il y a de l'ambiance... C'est plus frustrant qu'autre chose.

- ... Ouais, c'est vrai... Mais ça t'fera rencontrer d'autres gens ! Y'aura vraiment beaucoup d'monde, donc p't'être que tu vas trouver des gens qui sont dans les mêmes délires que toi ?! J'te montrerai ceux qui écoutent du rap nul, si tu veux !

Je lâche un sourire crispé et lui attrape les joues pour tirer violemment dessus.

- Mon rap est pas nul. C'est ta musique de sagouin qui l'est.

- AÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏE ! ELLE EST TROP BIEN MA MUSIQUE, C'EST TOI T'AS DES GOÛTS D'CHIOTTES !

Je lui grimpe dessus avec la ferme intention de lui faire ravaler ses paroles. Ses hurlements doivent réveiller tout l'immeuble, mais pour ce que j'en ai à foutre. Cette petite embrouille fraternelle est une merveilleuse excuse pour passer mes nerfs sur lui de manière détournée. Je le fais souffrir pour se foutre de ma gueule comme ça, même s'il ne le sait pas.

Le jour où il saura, je vais lui en faire encore plus baver.

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J'esquisse une grimace perplexe en voyant la baraque du fameux « Torao » de mes propres yeux et me tourne vers Sanji.

- Ils font quoi ses parents, au juste... ?

- Hm ? Ils sont médecins. Sa mère est la directrice de la clinique privée Water.

Je hausse un sourcil : rien que ça, hein...

On remonte la petite allée de pierres polies qui zigzague entre la pelouse parfaitement tondue. Je me doutais déjà en voyant le quartier dans lequel ils me faisaient rouler que cette soirée allait puer le fric à plein nez, mais je ne pensais pas à une maison pareille : moderne, beaucoup trop carrée, aux murs étrangement noirs et aux immenses baies vitrées qui doivent donner une lumière de dingue en pleine journée... Ça ressemble plus à une villa de vacances en Espagne qu'à une vraie baraque de ville, mais pourquoi pas. Le seul truc que je ne comprends pas, c'est pourquoi le mec va au lycée public, en fait.

J'ai l'impression de me retrouver dans un cliché de soirée étudiante à l'américaine en entrant. Je ne sais pas combien on est là-dedans, mais l'immense salon est déjà noir de monde. On ferme la marche en traînant la patte avec Sanji, mon cher collègue fumeur Luffy, Usopp et Nami en lead, Robin et Zoro juste au milieu. Je vois déjà Luffy s'extasier dans tous les sens en hurlant à son pote frisé qu'il y a l'air d'avoir « encore plus de bouffe que la dernière fois », et forcément avec sa voix criarde, les têtes se tournent dans notre direction. La plupart nous saluent avec entrain – seulement de loin, dieu merci, mais j'en vois qui roulent des yeux en apercevant mon frère. Je me demande ironiquement bien pourquoi, tiens...

- Nous on connaît la musique à force, mais c'est vrai qu'il faut préciser les règles aux nouveaux venus, m'explique soudainement Sanji alors que les autres s'éparpillent pour aller se servir à manger et à boire. On a le droit de fumer à l'intérieur mais il faut privilégier quand même le jardin. Tu peux fumer et prendre ce que tu veux autre que de l'alcool, tant que tu sais te gérer. On a le droit de hurler autant qu'on veut tant que ça emmerde pas les autres, mais interdit par contre de toucher et déplacer des trucs et de monter à l'étage.

Son expression se fait soudainement agacée et je vois son unique œil visible glisser soudainement sur Luffy. Je hausse un sourcil, écoutant attentivement la suite.

- Enfin... Même si beaucoup ne respectent pas du tout cette dernière règle...

- ... Genre Luffy ?

- Genre Luffy, me confirme-t-il en soupirant. Mais bon, ce soir t'es là, ça m'étonnerait qu'il fasse des conneries...

Il élude d'un mouvement de main vague et s'éloigne pour aller se servir à boire à son tour. Un sourire amer me barre les lèvres : quelle putain de plaie. Il aurait pu me préciser quelles conneries, au juste. Pas que ça m'intéresse, mais en fait si : ça m'intéresse beaucoup.

Je le suis mécaniquement en me disant que je vais essayer d'en savoir plus, mais j'ai d'un seul coup une vision étonnante sous les yeux, du genre démonstration violente que Sanji a un trouble dissociatif de l'identité et que je ne le savais même pas. Il est passé du tout au tout : le beau gosse blond qui me fait toujours un peu fantasmer intérieurement se transforme d'un coup en guimauve dégoulinante et un poil flippante à la vue d'une brune à lunettes.

- Tashigiiiiii, tu es encore magnifique ce soir ! couine-t-il alors que je reconnais à peine sa voix qui part dans les aigus.

Okay, c'était donc ça le « côté chelou de Sanji » dont m'avait déjà parlé Luffy. Je note.

J'abandonne donc mon idée de rester avec lui ce soir. Il est le seul de la bande que j'apprécie réellement et vu comme l'excitation de Luffy à propos de cette soirée était à son comble, sans nul doute qu'il va oublier mon existence pendant plusieurs heures. Je le vois d'ailleurs déjà un verre à la main exploser de rire avec un inconnu, à quelques mètres de là.

Je pousse un soupir et laisse juste tomber : je m'y attendais en acceptant de l'accompagner, dans tous les cas. Pour être honnête, la seule raison qui m'a poussé à accepter de venir était l'espoir de tomber sur le fameux « plan cul merveilleux mais qu'il n'aime pas trop » de mon frère. Ça, et certainement le fait que je n'arrive absolument pas à concevoir de le laisser aller à une soirée sans moi. Aussi. Quitte à déprimer seul dans mon coin plusieurs heures, autant que ça ne soit pas trop loin de lui plutôt que dans le silence de l'appartement. Ça serait des coups à me rendre fou, à faire monter ma parano en flèche.

Ici, je peux le garder à l'œil.

L'immense canapé d'angle est bien évidemment déjà blindé de monde et je décide d'imiter les clochards comme moi qui n'ont pas trouvé de chaise. Ce coin près de la table de la salle à manger qui sert de buffet fera parfaitement l'affaire. Je m'installe à même le sol, jambes croisées et dos au mur, sors mon matos pour m'en rouler, et l'observation peut commencer.

C'est comme ça que je fonctionne : si je me retrouve coincé dans un endroit qui me casse les couilles, je me pose dans un coin et analyse les gens. En plus, ce sont ici des gens qui côtoient Luffy. Il y a peut-être moyen de grappiller une ou deux infos, on ne sait jamais.

- Sérieusement... ?

Je relève le nez vers Nami, avec le moins d'engouement possible quand je la reconnais. J'ai l'impression d'être jugé... On va dire que ça change de ses tentatives pitoyables de flirter avec moi. Sa vue me paraît déjà un peu plus appréciable quand je vois le visage enjoué de mon frère apparaître par-dessus son épaule.

- Bah Ace ? Qu'est-ce que tu fous ?

- J'me pose ?

Ils m'envoient tous les deux une expression perplexe avant que Luffy vienne s'agenouiller juste devant moi.

- Tu veux pas rester avec nous ?

- J'te connais Lu', tu vas bouger dans tous les sens, passer d'un groupe à l'autre sans aucune logique... J'ai pas la motivation pour te suivre.

- Tu peux rester avec nous au pire, me propose Nami sans l'air d'avoir la moindre idée derrière la tête, ce qui m'étonne. On est plus calmes que cette pile électrique, promis...

- Non merci, réponds-je tranquillement en me concentrant sur ma feuille.

Je sens un froid, mais pour ce que j'en ai à foutre. Je n'ai jamais montré d'animosité ouverte envers eux, mais je m'efforce régulièrement de leur faire comprendre poliment qu'on ne deviendra jamais amis en leur offrant le minimum syndical. À vrai dire, s'ils pouvaient même disparaître de nos vies, je ne m'en porterai que mieux. Mais je sais que ça ne serait pas le cas de Luffy, donc je prends sur moi autant que je le peux et tant pis.

En parlant de lui, je vois son visage déformé par une grimace d'agacement glisser dans mon champ de vision qui était revenu sur mon roulage.

- Aaaaaace... !

Je laisse échapper un petit rire attendri et passe un simple doigt sur son menton. Encore une fois, la pulsion de lui voler un baiser loin d'être chaste est difficile à refreiner.

- J't'avais prévenu que j'aviserais sur place, petit frère... T'inquiète pas pour moi et va t'éclater. J'viendrais te retrouver si tu me manques vraiment trop.

Je sais qu'il comprend le sous-entendu et qu'il apprécie l'entendre. Ça semble dans tous les cas le convaincre, même s'il fait toujours une petite moue en s'éloignant de moi.

- Fais pas de bêtises alors ! me lance-t-il avec un doigt autoritaire pointé dans ma direction.

- Tu peux parler...

Contrairement à lui, si je le chope en train de faire la moindre connerie qui me déplaît, je vais le lui faire regretter jusqu'à la fin de ses jours. Je le trouve particulièrement mal placé pour me mettre en garde...

Malheureusement, Nami n'a pas l'air décidée à le suivre et je la vois même finir par s'accroupir à mes côtés, à mon grand regret.

- ... Tant qu'on est seuls tous les deux : je voulais justement te parler, ça tombe bien...

Je lui jette un œil, intéressé seulement intérieurement. Si c'est pour venir me draguer frontalement, elle va se prendre le râteau du siècle...

- ... Tu es gay, pas vrai ?

Je manque de lâcher mon toncar tellement je ne m'y attendais pas. Je tourne la tête et l'avise en faisant les gros yeux.

- ... Ouaiiiis ? Et donc ?

Elle pousse un long soupir accompagné d'un petit sourire.

- C'était bien ça... Désolée, c'était un peu brutal comme question.

- À peine, à peine.

- On en parlait avec Robin la dernière fois en fait, et... On en est arrivées à cette conclusion, par rapport à ce que Luffy nous avait déjà laissé entendre...

- Qu'est-ce qu'il a « laissé entendre » encore, cet idiot... ? l'interrogé-je, me préparant au pire.

- Rien de grave t'inquiète pas, il nous a juste expliqué qu'il avait rencontré « ton ex » pour nous expliquer comme ça lui avait fait drôle, et il parlait d'un homme... Je m'étais juste dit que tu étais peut-être BI comme moi, et...

Je ne l'écoute plus à partir d'ici. Pas que ça m'étonne que Luffy leur ait parlé de cette histoire, je suppose que ça l'a assez retourné pour que la ville entière soit au courant... Mais je me demande comment il leur a tourné les choses. Probablement d'une manière étonnamment subtile pour ne pas qu'ils aient trouvé ça étrange que le fait de simplement rencontrer un de mes ex le mette autant à mal...

Après, bon. J'ai fini par accepter la réalité des choses et avec le recul, je comprends bien que ça perturberait n'importe qui d'apprendre que son frère ne nous a jamais parlé d'une relation « sérieuse » qui a duré presqu'un an. Quand même.

- Du coup, je suis désolée de mon comportement depuis que je te connais... T'as dû me trouver lourde...

J'atterris pour revenir à Nami et lui jette un nouveau petit regard : elle a l'air blasée. Je me demande bien pourquoi. Elle me voulait à ce point... ?

- J'ai survécu à chaque fois que j't'ai vu, donc t'as pas d'bile à te faire, lui indiqué-je vaguement.

Elle est certainement assez intelligente pour comprendre d'elle-même dans cette réponse que oui, effectivement, ça m'a cassé les couilles. Et au mouvement de mordillement de lèvres qu'elle s'inflige, je devine que c'est le cas.

- Je traîne trop avec Sanji... marmonne-t-elle, avant de se tourner plus frontalement vers moi. Du coup, je voudrais bien qu'on reparte du bon pied, toi et moi !

- ... On est jamais partis du mauvais pied, dis-je en haussant un sourcil. Enfin, pas d'mon côté en tout cas. 'Pas pour me la péter, mais j'ai l'habitude de me faire draguer par des meufs. T'es pas la première, tu seras pas la dernière...

- Mais... Le fait que tu sois aussi froid avec moi... ?

Aaaah, c'est donc ça qui la chagrine... Je ricane en allumant mon pét'.

- Cherche pas, j'suis comme ça avec tout le monde.

- ... Tu n'es pas comme ça avec Sanji.

- Ouaiiis, mais Sanji c'est pas pareil... On a pas mal de trucs en commun lui et moi, alors j'suppose que j'ai plus de facilité à aller vers lui.

Je m'interromps pour le pointer du doigt, vu qu'il est justement à quelques mètres en face de nous en train de minauder sur une nouvelle meuf clairement saoulée.

- D'ailleurs, il a une double personnalité ou quoi ? Qu'est-ce qu'il branle ?

- Oh ça... soupire Nami en retrouvant son expression aussi fatiguée qu'agacée que je lui connais bien quand elle est entourée de sa bande de bras cassés. Cherche pas non plus, c'est un réflexe chez lui quand il voit une fille approcher, j'ai l'impression... Et encore, il s'est énormément calmé depuis la Seconde...

Je hausse les épaules. Au final, ça ne m'intéresse pas tant que ça... J'espérais peut-être juste me rapprocher un peu de lui ce soir, je suppose. Pas que la solitude me pèse, mais un peu quand même. Parler seulement au téléphone avec mes amis ne fait pas tout et je juge que je ne peux plus compter sur les rares potes qu'il me reste ici... Je me sens clairement seul en ce moment et ça me fait drôle. Les réminiscences de l'être social que je reste malgré moi à cause de ma triste condition d'homo sapiens, j'imagine.

Nami s'installe un peu mieux à mes côtés, même si elle garde le silence pour le moment. J'ai du mal à comprendre ce que les gens ne pigent pas dans le sous-entendu « va t'amuser sans moi »... Mais bon. Je suppose que si elle n'est pas trop chiante, ça ne me fera justement pas de mal de papoter avec quelqu'un d'autre que Luffy...

- ... J'ai une autre question indiscrète, mais je sais pas si tu vas pouvoir m'aider... finit-elle par lâcher au bout d'un long moment.

- Dis toujours.

J'ai une très bonne idée de ladite question, à vrai dire.

- Tu sais si ton frère voit quelqu'un, en ce moment ? Il montre des signes qui le prouvent mais il ne veut rien nous dire...

Évidemment. Un choix s'impose donc en cet instant : est-ce que je suis la logique que j'ai imposée à Luffy et que je l'aide à leur calmer le cul à propos de se mêler de choses qui ne les regardent pas, ou est-ce que je joue le mec qui ne se sent pas concerné... ?

Peut-être un mélange des deux ?

- Pas qu'je sache... soufflé-je en ricanant intérieurement. Mais je lui colle pas au train non plus. Et dans tous les cas, c'est pas mes affaires. Il est assez grand pour savoir ce qu'il fait de son cul, je lui fais confiance... S'il veut rester discret, il doit avoir ses raisons...

Un blanc suit ma réponse. Du peu que je la connais, je sais que j'ai dû la mettre mal à l'aise. Peut-être que ça la fera redescendre de son attitude de fouine.

- ... Si c'était n'importe qui d'autre, je dis pas. Mais là, c'est de Luffy qu'on parle, insiste-t-elle en fronçant les sourcils. Il est incapable de nous cacher quoi que ce soit. Zoro et Sanji s'inquiètent qu'il voie vraiment quelqu'un qui ne serait pas bien pour lui et que ça serait pour ça qu'il ne nous le dit pas... À vrai dire, ça serait même la seule raison qui-

- Hey, Nami, la coupé-je avant de lui en coller une. Au lieu de faire des spéculations comme si c'était un gosse de trois ans perdu dans le grand supermarché d'la vie, vous pouvez pas juste lui faire confiance comme moi, en fait ?

Elle tourne la tête pour me regarder avec de grands yeux surpris. Elle ne s'attendait certainement pas à mon ton plus froid qu'à l'accoutumée, mais si ça peut la secouer...

- Luffy est plus un gosse. Et au pire, qu'il fasse ses erreurs. Se casser la gueule est la meilleure manière pour apprendre, après tout. J'ai l'impression d'entendre mes parents, là. Mais vous êtes pas là pour les remplacer... Vous êtes juste ses potes.

Je crois qu'elle n'aime pas du tout que je lui dise ça, et ça me fait encore rire au fond de moi. Je tire nonchalamment sur mon joint en observant sa réaction passer lentement de la surprise à l'impatience, puis elle secoue la tête.

- C'est donc toi qui lui as dit ça... Je comprends mieux d'où sortait le sermon qu'on s'est pris dans les dents hier.

Oups. En plus je m'en doutais déjà, puisque Luffy m'a dit en rentrant des cours la veille qu'il « avait réglé la question avec les copains ». Ravi d'apprendre qu'il a été assez convainquant pour qu'ils le prennent pour un sermon.

- Désolé, réponds-je d'un air amusé en haussant les épaules. Mais ça avait l'air de le mettre mal cette histoire, alors je l'ai conseillé comme le bon grand-frère que j'essaie d'être pour lui...

- Je vois...

Sur cette simple constatation, elle se lève, probablement pour m'abandonner. Pas trop tôt.

- Tu veux que je te ramène quelque chose à boire ? élude-t-elle néanmoins.

- Nan ça va, c'est pas comme si j'avais loin à faire si j'ai soif...

- Okay... Bon, je te laisse. À plus tard.

Elle part sans demander son reste et bon sang, déjà que ma satisfaction en cet instant est immense, je n'imagine même pas si ça avait été Zoro à sa place.

Savourant ma petite victoire, je reporte mon attention sur ce qu'il y a autour de moi. J'ai perdu Luffy de vue, mais bon, je reste lucide malgré mon estomac qui se tord : ce n'est pas après un demi-verre qu'il va trouver un mec quelconque pour lui rouler une pelle. Il finira bien par revenir dans mon champ de vision à un moment donné...

Mais les deux mecs chelous qui arrivent soudainement à ma hauteur et qui se baissent sur moi avec un sourire de débile m'inquiète quant à mon avenir dans cette soirée : je ne vais pas réussir à rester seul un instant, ou comment ça se passe ?

- Saluuuuuut ! On te connaît pas, toi !

- Ouais ! T'es qui ? T'es pas un squatteur qui est entré en entendant la musique, j'espère !

- Non, j'suis venu avec Luffy... leur indiqué-je tranquillement en espérant qu'ils se tirent rapidement.

Mais celui roux avec une casquette cheloue n'a pas l'air de voir de qui je parle.

- Luffy... Luffy... ?

Et ça fait marrer le deuxième, avec sa chapka moche qui lui planque la moitié du visage.

- « Mugiwara-ya » ma mie, c'est Mugiwara-ya !

- Aaaaaah, ce Luffy-là !

- Bah oui, celui dans notre classe quoi.

- Ouais, celui qu'on connaît depuis deux ans et demi quoi ?

- Exact !

- Nan mais c'est Law aussi, il m'embrouille toujours avec ses noms codés...

- Enchanté du coup, pote de Luffy ! Moi c'est Penguin !

- Et moi c'est Shachi !

- Tu t'ennuies ? T'as besoin de quelque chose ?

- À boire ? À manger ? Ou un câlin pour te remonter le moral, peut-être ?

- Oh oui, un câlin ! Parce que tu fais tout tristou à rester assis par terre dans ton coin tout seul, tu sais !

Je les fixe tous les deux, longuement. Leur débit de parole et le fait qu'ils paraissent compléter les phrases de l'autre me gave déjà. Ce sont les jumeaux Weasley du coin ou quoi ?

- ... J'ai juste envie de rester là. Au calme, précisé-je en leur lançant un regard blasé. Mais après, si vous êtes assez généreux pour dire au DJ de jarter ce métal merdique pour mettre du vrai son, cette soirée serait déjà un peu moins chiante...

- Haaaan, qu'est-ce que c'est que cet hérétique ?! s'étrangle Shachi en me pointant du doigt qui se retrouve si proche de mon nez que j'ai envie de le choper pour le péter.

- Ne panique pas ma mie, chacun ses goûts... Même si ce n'est pas très gentil de dire que c'est « de la merde », mon p'tit monsieur !

- Ouais, surtout si c'est le maître de maison lui-même qui choisit la playlist !

- Baaah, concrètement c'est pas lui qui a choisi, c'est nous... réfléchit Penguin tout haut.

- ... Ouais c'est vrai. Mais vu qu'on a les mêmes goûts, tout va bien !

Les potes de ce fameux « Torao », donc. Okay. Mais ils partent quand, s'il vous plaît ?

Vu qu'ils s'assoient lourdement à côté de moi deux secondes plus tard et que « Shachi » passe même son bras autour de mes épaules comme si on était les meilleurs potes du monde, je pense que je ne suis pas prêt d'avoir ma réponse...

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- Bebe Rexha feat. Doja Cat - Baby, I'm jealous –

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*ricane* Bon courage Ace, bon courage... Vu comme il a bien fait sa saloperie pendant ce dernier POV, je pense qu'il mérite bien de se manger Shachi et Penguin sur le dos ! Karma dans ta tronche, mon pote !

À la prochaine pour le véritable retour de "Torao" !