Mine de rien, le logement dans le secteur de la casse Singer se trouvait en crise : parce que Gabriel ne pouvait pas être déplacée dans son état actuel, mais Ariane avait besoin de rester là où on pouvait garder l'œil sur elle, et essayer de mixer les deux embaumait la catastrophe. À l'échelle biblique, et celle-ci se donnait toujours à deux cents pour cent.

Bien entendu, la seule solution que proposait un Bobby excédé était de coller tout ce beau monde à la porte, les Winchester étaient tout mûrs pour se barrer de nouveau, retour on ne peut plus optionnel, et pas question de se tourner vers Hel tant qu'elle afficherait cette mine effroyable de déterrée vive.

Bon sang, pourquoi fallait-il que le monde soit si compliqué ? Castiel ne savait pas pourquoi il essayait encore de trouver la clef du problème. Il ne savait vraiment pas d'où lui venait sens pareil des responsabilités, parce que franchement, avec l'arbre généalogique qu'il devait se traîner…

S'éloigner était une idée très mauvaise, mais il était au bord de l'explosion, là. Il pouvait bien disposer de cinq minutes sur la côte irlandaise pour souffler, non ?

Apparemment pas.

« Castiel » le salua poliment Rachel, non sans un brin de désolation dans la voie. « Décidément, tu ne changes pas. Quand tu te fourres dans les ennuis, c'est toujours jusqu'aux yeux. »

Non mais allez quoi… Cinq minutes sans avoir un membre de sa famille ou un ami sur le dos.

« Rachel, je ne veux pas me montrer grossier ou insultant, mais si tu essaies de dire un seul mot, il se passera des choses que nous regretterons tous les deux. »

L'un des bons points de Rachel, c'était qu'elle savait s'y prendre avec les gens. Elle ne pipa mot, mais elle s'assit à côté de Castiel, étendant une aile par-dessus lui, et resta comme ça un bon quart d'heure.

L'ange plus jeune finit par prendre une longue inspiration superflue.

« Mieux ? »

« Je crois. Pardon » renifla-t-il.

La grâce de Rachel fut parcourue de ricochets amusés.

« Oh, si tu crois être le premier à cran que j'ai croisé depuis le début de tout ce chambard, je crains d'avoir à percer ton égo. »

« Oh, parce que l'Apocalypse est une raison de stresser ? Curieux, ça m'avait échappé. »

« Mais dis donc, Cassie, c'est que tu te fais mordant. Serait-ce la puberté qui parle ? »

Deux ailes noires se hérissèrent et s'enroulèrent autour de leur propriétaire, le dissimulant à la vue de sa sœur. Tactique classique de l'angelot grognon.

« Non, sérieusement, Castiel. Cette histoire de fin du monde mets vraiment une sacrée partie de nous mal à l'aise. Bon, ce n'est pas exactement par amour des humains qu'on agit, n'allons pas jouer les idéalistes. Mais disons… qu'on pense agir de son côté. »

Castiel loucha sur son interlocutrice d'un air pas du tout impressionné.

« Et tu penses me faire avaler que tu t'es décidée maintenant ? »

« Et bien, avant, il n'y avait pas exactement une option en dehors de Michel et de Lucifer, n'est-ce pas ? Ou alors Gabriel n'est pas revenue d'entre les morts ? »

Castiel se raidit, sa grâce lâchant un crépitement de pétard.

« Parce que Raphaël semblait persuadée de sa résurrection, lorsqu'il est allé parler à Michel alors que je venais de finir mon rapport mais que j'étais encore assez près pour entendre. Et il a dit des choses plutôt intéressantes concernant son refus de se déclarer pour le Paradis ou l'Enfer. »

Castiel ne répondit pas, son regard bleu aussi accueillant que le fond de l'océan Arctique.

« Castiel, je veux seulement parler. Rien d'autre. Si Gabriel ne propose rien qui me persuade, ou qu'elle m'envoie paître, je partirai et ce sera tout. Promis, sur ma grâce. »

« … Je crois qu'on peut arranger une rencontre. »