Gabriel était un soleil miniature autour duquel orbitaient cinq satellites s'efforçant vainement de briller autant qu'elle, mais bien obligés de s'avouer vaincus. Cependant, cette défait était vide de toute trace d'amertume – la Porte-Parole dégageait un éclat si chaleureux, comment se cramponner à sa rancune au lieu de baigner dans cette réconfortante et douce radiance ?

Surtout après avoir enduré la présence nettement plus lointaine de Saint Michel, dont la lumière était tout aussi puissante mais ne dégageait pas la moindre tiédeur. Quand les deux Archanges se trouvaient en communication, c'était pire qu'évident.

Rachel réprima le carillon nerveux voulant secouer sa grâce et fit de son mieux pour réfracter la lumière de Gabriel à la place, projetant des miettes d'arc-en-ciel en direction de ses frères et sœurs. Eux faisant de même, la Porte-Parole se retrouvait au cœur d'une nuée multicolore chatoyante, nimbée d'iridescence par ses cadets en adoration.

Là où Michel était venu seul, un astre glacial se consumant seul dans les ténèbres. Pour un peu, Rachel aurait eu pitié, mais pourquoi plaindre un Archange ? Autant se lamenter sur la solitude d'une éruption volcanique ou d'un tremblement de terre.

Gabriel.

Michel.

Rien qu'un échange de noms, et pourtant l'escorte de Gabriel frémit, jusque dans la plus petite étincelle de leur essence, des feuilles balayées par la tourmente qu'était la rencontre entre l'air chaud et l'air froid, le Commandant de la Milice et la Messagère. Décidément, les Archanges n'étaient pas du tout sur le même niveau que leurs subordonnés, pour qu'une simple rencontre amicale s'avère si traumatisante.

Rachel ne pensait pas pouvoir écouter grand-chose de la conversation proprement dite. Ce serait déjà bien beau qu'elle ne s'évanouisse pas avant la fin de celle-ci.