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Hello !

Désolée du retard, mais la vie a été... complètement folle ces derniers temps. J'ai démissionné de mon taff. Mon ex-patronne veut faire la peau de sa remplaçante, et ma démission va lui servir de munition, et l'une de mes collègues m'a avertie de ne jamais décrocher mon téléphone quand un numéro inconnu appelle parce que mon ex-boss va chercher par tous les moyens à me prendre en défaut, quitte à enregistrer à mon insu mes conversations téléphoniques avec elle ou avec des tiers. Yep, véridique. Cette nuit, j'en ai fait des cauchemars !

Bref.

Allez, on respire un grand coup. Voici le chap'.

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Mais avant : les réponses aux reviews !

Yo Shinlya ! Ouais, le canon en a pris un sacré coup x) Après ne te fais pas trop d'espoir, Kakashi reste un anti-social de première et si dans le canon il n'a jamais voulu entraîner son équipe avec celle de Gai, il y a peu de chances pour que la présence de Tsunami l'encourage à changer d'avis... Mais bon, ouais, la la Team Tenzo va rejoindre les entraînements communs, alors on va voir Hikari en action ! xD

Hello Naptis ! J'ai oublié cette histoire de chat... Mais ça va venir ! A un moment... Bref xD Sinon ouais j'ai vraiment rempli les rangs des Genins avec des persos semi-canon. Les réfugiés du pays de l'Eau ont plein de potentiel ! Bref, contente de t'avoir fait rire avec Kakashi, c'était le but x)

Merci neah20 ! Contente que ça t'ai plu ! En effet Tenzo et Tsunami vont devenir amis (et ils en sont les deux très surpris). Et Gai est irremplaçable x)

Coucou liamireldib-b ! Ah ah, Sasuke n'est pas très différent, mais... juste assez pour être mieux dans sa peau. C'est tant mieux pour lui, après tout. Et oui, les bombes à paillettes c'est la signature d'Hikari xDDD En parlant d'Hikari, son rêve n'est pas de voir Neji libre du Sceau... Enfin si, il veut que son frère soit libre. Mais bon, "détruire la Sôke" c'ets plus le rêve de Neji lui-même. Hikari n'as réellement pas d'ambition particulière. Il veut juste être heureux et que les gens qu'il aime aillent bien x)

Salut p'tite kissy ! Oui, dans le canon Kakashi est soit super-sérieux, soit un total troll qui se moque des gens. Là, c'est renversé xD C'ets lui qui se fait troller par Sasuke, et ensuite il quitte son air sérieux pour râler xD J'avoue, je me suis amusée à écrire ces passages !

Hello B-8 ! Yep, Naruto n'a pas appris le Kage Bunshin (pour l'instant). Mais t'inquiètes, ça va venir très vite ! Sinon effectivement apprendre son statut de Jinchuriki de la bouche du Sandaime (qui n'a pas mâché ses mots, parce que... en tant qu'Hokage, il ne pouvait pas admettre de regret quand à sa décision), ça changé les choses. Plus précisément, ça a changé sa relation avec le Sandaime. L'Hokage aura une place moins importante dans sa vie, désormais. Et surtout, la façon dont il idéalise ce rôle va souffrir. Est-ce qu'être reconnu par le village, ça en vaut la peine, quand l'Hokage est aussi la personne qui fait ce genre de choses ? Bref. Il me faut ton mail pour t'envoyer les fiches d eperso mais si tu cherches celle de Hakuhyo spécifiquement, je te conseille de chercher naruto(point)fandom(point)com(slash)wiki(slash)Hakuhy ! Ce perso apparait dans une nouvelle papier qui prend place après le canon, durant le règne de Kakashi en tant que Rokudaime. Bref je suis contente que les nouvelles équipes te plaisent, je me suis vachement creusée la tête pour les créer ! =D

Ah ah Mabri3, la réaction de Kakashi en entendant ses élève sparler de Fougue de la Jeunesse, je rêvais de caser ça dans une fic depuis des lustres x) C'est un rêve qui se réalise xDDD

Merci Amie des batraciens ! Oui, avec ces nouvelles équipes, ça va secouer, c'est sûr x) Et pas uniquement dans l'équipe 7 et l'équipe 9 !

Effectivement PyromaniacRabbit, Tsunami tente le diable x) Mais eh, vu le contexte, elle a bien le droit de savourer le moment, non ? Je commence sur une note joyeuse ! Sinon, yep Tsunami fait des vagues. Naruto va apprendre le Kage Bunshin, pas d'inquiétude, mais le fait que Mizuki n'ait pas été démasqué va avoir des répercussions plus tard... Sinon oui, les congés posés avant le préavis le mettent en pause. Donc je vais demander mes congés en même temps que je pose ma démission, comme ça ils sont validés par ma boss en même temps. Voilà voilà =)

Hello Nuage25 ! Oui, j'ai fait de la tambouille avec les différentes équipes x) Un peu de canon, un peu de filler, une pincée de canon-divergence... Et voilà ! xD Et bien sûr, il y a Kakashi qui se fait troller... C'est un retour de karma, vu que dans le canon il trolle ses élèves !

Contente que ça te plaise Aqualyne ! Tenzo en Jounin-sensei, c'était la seule solution possible si Kakashi ne pouvait pas devenir le profeseur de Naruto. Eh oui, à défaut d'un Sharingan, il faut le Mokuton !

Yep Dieu du Chaos, chaque petit caillou jeté dans la mare à provoqué des rides à la surface, qui se sont étendues et propagées, et... Effet domino, quoi. A présent, chaque conséquence a eu ses propres conséquences, et le canon est définitivement passé par la fenêtre ! Bref. Pour ce qui est du clan Hyuga, oulà, il va falloir que tu sois trèèèès patient (genre... plus de 20 chapitres quoi xD) mais ça viendra !

Coucou Tiph l'Andouille ! Les changements ne sont pas fait au hasard, chaque équipe est assez équilibrée. Et Naruto sera sans doute plus heureux dans la Team Tenzo que dans la Team Kakashi ! D'ailleurs, très bonne question pour Tenzo. Dans le canon, le nom "Yamato" lui est donné par Tsunade, parce que c'est un nom de code pour une mission (prétendre être un Jounin normal). Or, là, c'est l'Hokage qui a retiré Tenzo de l'ANBU, et je pense qu'il ne lui est pas venu à l'idée de lui assigner une nouvelle identité. Donc Tenzo est resté son prénom, aussi simplement que ça. Et oui, Tenzo a rencontré sa soeur (ça arrive dans son enfance donc Tsunami n'a pas impacté ça). Quant à accepter d'où il vient... Euh... Pas trop, encore. Sortir de l'ANBU va lui faire du bien, mais Tenzo a encore plein de honte et d'angoisse intériorisées à cause de son keikkei genkai.

Salut Aomine59 ! Il est prouvé que niveau contôle du Kyubi, Tenzo a un vrai pouvoir (le Mokuton) alors que le Sharingan de Kakashi n'est pas assez puissant/évolué. Dans le canon, ce n'est pas illogique que Kakashi soit devenu sensei de Naruto parce que Naruto était le cancre de la classe et donc il était pratique de le mettre avec Sasuke (et là, par contre, Kakashi était définitivement destiné à devenir son sensei). Mais dans un univers où l'équipe est constituée autour de Naruto, et non pas autour de Sasuke... Là, il est plus logique de mettre Tenzo =)

Ah ah Mahaut Ninn Time, Tsunami est en effet un peu flippée par le fait qu'Hikari soit diplômé en avance, mais pas tant que ça. Comme Hikari a grandi avec Naji/Karin/Sasuke, le fait qu'il soit diplômé en même temps qu'eux reste logique : il a le même niveau, le même développement intellectuel, etc. Bon, oui Tsunami aurait préféré qu'Hikari devienne Genin à douze ans, afin qu'il ne soit pas catégorisé comme un prodige (et que ça peigne une cible dans son dos). Mais bon, elle-même est devenue Genin à 10 ans donc voilà, pour elle ça reste un âge acceptable. Elle ronchonne, mais elle accepte x)

Salut Yuedra ! Ouais, pas de Kage Bunshin pour Naruto. Mais t'inquiète ! Il l'apprendra dans quelques chapitres x) Sinon, j'aime beaucoup ton analyse des équipes xD En effet avoir un sensei du clan Hyuga va forcer Choji à bosser, et pousser Shino à endosser un rôle de leader. En fait Hoheto et Shino vont être très proches, un peu comme Asuma et Shikamaru j'imagine ? Une relation mentor-élève-préféré, en quelque sorte. Pour Kurenai, chapeau si tu avais deviné ! Mais ouiiiii, depuis que j'ai créé l'équipe de Genin d'Izumi avec que des filles, je voulais en faire une autre. Et voilàààààà ! Ma Yakumo va effectivement être (un peu) inspirée de celle de DoS, mais elle a grandi d'une façon très différente (avec les attentes de sonc lan pesant sur elle, au lieu d'être isolée et rejetée) donc elle ne va pas être identique non plus. Et oui, Ino va devenir la meneuse. Attend de lire les chap' de l'examen Chuunin, je sens que tu vas aimer xD Bref ! Sinon ouiii la Team Sunshine a TELLEMENT DE CIBLES SUR LE DOS. Naruto a le Kyubi, Hotaru a le kinjutsu de son clan, Hikari est un Uchiha, et Tenzo a le Mokuto. C'est la Team Jackpot pour les traficants d'organes. OKAY CETTE BLAGUE ETAIT SINISTRE. xD Pour l'équipe 10, en effet Shiho est une kunoichi peu douée physiquement : craintive, peu motivée, myope, etc. Elle apparait dans le canon dans l'arc du décodage du message laissé par Jiraya après sa mort, si ça te rafaîchis la mémoire x) Et je n'ai pas encore décidé de qui finira avec qui, donc relax pour le ship ShikaTema ! xDDDD Bref, sinon ouiiiiiii la façon dont Naruto a appris la vérité va changer sa façon de voir l'Hokage. Dans le canon il apprend l'injustice de la bouche d'un traître et ensuite il le bat et en est récompensé, donc d'une certaine façon, il se sent victorieux contre cette injustice. Mais là, une personne en qui il a confiance lui apprend qu'il lui a fait du mal et menti durant des années, et Naruto n'est même pas autorisé à se rebeller contre cette décision, il ne peut que l'encaisser en silence, et... La résignation tranquille, ce n'est pas son style. Donc sa colère est logique. Voilà voilà. Et oui je me suis bien amusée à me moquer de Kakashi x) Il ne va pas rejoindre le cercle de connaissance de Tsunami, cela dit, ou du moins pas tout de suite. Invitation ou pas, Kakashi reste trèèèès antisocial...

Yo Klonoa ! Contente de t'avoir fait rire xD C'était trop tentant ! Tu as retrouvé la fiche de tous les nouveaux persos ? Chapeau ! Mais si tu veux, il y a le wikia =)

Bien vu Lord Feunoyr, en effet Hotaru a une bombe greffée en elle. Entre elle et Naruto, cette équipe a un potentiel de destruction massive assez incroyable ! Pour ce qui est des changements d'équipes, je suis contente que tu ais lu une fic t'ayant fait changé d'avis. Reste à voir si tu accrochera avec la suite des aventures de la Team Tenzo !

Hello tim ! Sans m'être farcie tous les fillers de l'anime... Je me souvenais de beaucoup d'entre eux, donc je me suis marathonné certains épisodes-clef (notamment ceux sur Ranmaru et Hotaru) et j'ai relu leur fiche wikia. Et ensuite... Bah voilà, ils sont intégrés ! Sinon pour les POV des personnages, oui, ça ne sera plus que Tsunami. Il y a aura entre deux et quatre POV différents par chapitre =)

Ah ah choii-chan tu n'es pas la première personne qui commente ma fic en anglais xDDDD En tous les cas je vois que tu as dévoré le tome 1, ça me fait super-plaisir ! J'espère que tu vas autant aimer le tome 2 !

Hello Rose-Eliade ! Ca fait longtemps =D Contente de t'avoir fait rire x) Le coup des paillettes, je rêvais de le placer xD

Coucou Zarakaiy ! C'est ton message qui m'a rappelé de publier, tous les lecteurs te doivent une fière chandelle x) Bref ! Ne perds pas foi en Naruto, il retrouvera le Kage Bunshin bien assez vite x) Et ouiiiii ça démarre sur les chapeaux de roues, et j'ai hâte d'écrire sur la "Team Sunshine" (Hikari-Naruto-Hotaru) et sur les autres équipes... Ca va swinguer ! x)

Merci Sam est classe ! Reste à voir où tout ça va nous mener x) Je suis en traind d'écrire l'examen Chuunin et il y a déjà tellement de divergence au canon que ça me prend la tête de garder le fil de tout ce qui a changé ! xD

Salut Leen Hogwarts ! Ouiiiiii, ça commence bien ! xD Je te l'avais dit : je n'ai gardée aucune équipe du canon... Pas même Ino-Shika-Cho ! Et c'était dur de leur créer des équipes adaptées, j'avoue. Mais j'ai bien aimé le challenge ! x) Sinon, yep, bien vu pour le fait que Tenzo n'aime pas voyager par bateau... C'ets un clin d'oeil au futur !

Yo Kuro No Kage ! Alors, que dis-tu de la composition des équipes ? Je me suis bien cassée la tête x) Et oui, j'ai trollé Kakashi. Il le mérite xD Et puis, un peu d'humour dans la vie de Sasuke !

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Et voilà !

Sinon, quelques nouvelles qui ne sont pas mauvaises (vu que sinon au niveau pro ma vie est pourrie ah ah)... Je vais garder mon rythme d epublication de un chapitre tous les quinze jours, parce que j'ai pleiiiin de chapitres écrits d'avance, mais en ce moment je fais un break pour l'écriture de Tsunami. En fait je fais un break de Naruto en général, parce que devinez quoi ? Je suis tombée dans le fandom de My Hero Academia, j'ai rattrapé mon retard dans la scan, et sur un coup de tête j'ai décidé de faire une Self-Insert. Elle s'appelle Toki et elle peut se téléporter, et ça sera ma première SI 100% Serdaigle. Après Elisa la Poufsouffle, Castia la Gryffondor, et Tsunami la Serpentard, j'aurais enfin fait les quatre maisons !

Et du coup, je me fait des fanarts de ma propre fics, sous forme de fausses pages de manga. Je m'amuse beaucoup, j'y ai passé les dernières 48h x)

Hum... Ce week-end j'ai invité ma Bêta chez moi, alors dites tous "COUCOU FIONA !". On va parler de Tsunami et de comment torturer mes persos pendant des heures, niark niark niark. La dernière fois qu'on s'est vu, on a discuté d'arrachage de Sharingan durant des heures. Vous voyez le tableau ! xD

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Je ne vous fait pas attendre plus longtemps. Enjoy !

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Différentes ambitions

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Il y avait de bons côtés au fait que Sasuke et Hikari soient passés Genins. Ils avaient davantage de temps pour s'entraîner, ils ne s'ennuyaient plus à l'Académie, et ils se faisaient des amis. Enfin, Hikari se faisait des amis, et Sasuke… apprenait à tolérer ses coéquipiers. Lentement. Selon lui, Sakura était une fangirl et une bonne à rien, qui perdait ses moyens dès qu'on lui faisait un reproche (ou du moins, que Sasuke lui faisait un reproche), et qui n'avait aucune conscience professionnelle. Quant à Kiba, c'était un braillard arrogant et provocateur qui prenait tout à la rigolade, et même si Sasuke tendait à être d'accord avec lui quand Kiba se plaignait de leurs missions chiantes, il ne se serait jamais permit de se donner en spectacle comme ça. Et puis, le volume sonore commençait à lui taper sur les nerfs !

Ils avaient réussi à s'entendre pour le test des clochettes, cela dit. Ils n'étaient pas si terribles que ça, au fond. Et Sasuke avait beau se plaindre d'eux, il les considérait déjà comme son équipe, ses partenaires. Lors du test des clochettes… La loyauté de Sakura lui avait fait tout drôle, quand elle avait été prête à affronter un Jounin pour lui venir en aide. Et l'odorat de Kiba ainsi que sa férocité avaient été utiles. Et puis, ils avaient refusé de laisser Sasuke jeûner, attaché au poteau, alors que… Si leurs situations avaient été inversées, Sasuke ne savait pas s'il aurait été aussi généreux. Il se sentait toujours vaguement insulté à l'idée d'avoir eu besoin de la charité de ses camarades, mais… La façon dont Kiba avait fait comme si ce n'était rien d'extraordinaire, comme si c'était attendu de lui… Ça rendait l'insulte un peu moins brûlante.

Avoir un Inuzuka dans l'équipe était plutôt utile pour les missions de recherches d'animaux perdus. Même si Kiba était un idiot insupportablement arrogant, il était aussi un soutien fiable, donc Sasuke supposait que ça faisait de lui son idiot. Et puis, Kiba ne se plaçait jamais en compétition avec les membres de son équipe. Il avait un instinct primitif d'appartenance à la meute. Ils étaient alliés, pas adversaires. C'était propre au clan Inuzuka. Sasuke ne l'aurait jamais deviné seul : c'était Izumi, qui avait été la coéquipière d'Hana Inuzuka jadis, qui lui avait longuement expliqué ça lorsque Sasuke avait annoncé la composition de son équipe. C'était assez appréciable, surtout pour Sasuke qui partait au quart de tour quand on le défiait. Avoir deux personnes ultra-compétitives dans une même équipe aurait été un cauchemar !

Bref. Voilà, devenir Genin avait de bons côtés. Mais il y en avait aussi des moins bons.

Parce que… Cinq ans plus tôt, après le massacre, après avoir été placé sous la tutelle de Tsunami Uchiha, après avoir quitté le district pour aller vivre avec sa fratrie de demi-sang… Sasuke avait eu une longue conversation avec sa nouvelle chef de clan. Enfin, c'était surtout elle qui avait parlé. Tsunami lui avait dit ce qu'elle attendait de lui, ce qu'il pouvait attendre d'elle. Elle avait répondu à certaines de ses questions, et promis de répondre aux autres le moment venu. Trois promesses, d'ailleurs. Premièrement de lui apprendre des Jutsu de rang S pour vaincre Itachi, quand il aurait quinze ans. Deuxièmement, de lui révéler ce qu'il y avait de spécial avec le Sharingan d'Itachi (cette étrange mutation en une forme de shuriken plutôt qu'en trois tomoe), quand il aurait activé son Sharingan. Et… Troisièmement, de répondre à ses questions au sujet du massacre, quand il serait Genin.

Sasuke n'avait pas oublié. Il était Genin, à présent. Il avait passé le test de l'Académie et le test de son Jounin-sensei. Il était fort, il était capable d'encaisser les réponses. Alors il avait demandé à parler à Tsunami. Il lui avait demandé la vérité.

– Tu es sûr ? hésita la Jounin.

Ils étaient au fond du jardin (qui était si vaste qu'il leur servait parfois de terrain d'entraînement). Au loin, Sasuke entendait Izumi rire, sans doute d'Hikari qui racontait sa dernière mission de rang D, ou de Karin qui se plaignait de ses entraînements avec Gai-sensei. Sasuke fronça les sourcils, et répéta :

– Je veux savoir.

Tsunami le jaugea du regard. Sasuke se demandait parfois comment elle le voyait. Comme une charge, un fardeau ? Comme un devoir, une obligation ? Comme un rappel du clan Uchiha de jadis ? Un rappel d'Itachi ? Un membre de sa famille ? Il ne savait pas vraiment comment lui-même voyait Tsunami. Parfois il se sentait à l'aise et détendu au sein de sa famille, au point d'en oublier qu'ils n'étaient pas sa famille, et à chaque fois la prise de conscience le faisait sursauter comme si on lui avait jeté un seau d'eau froide dans la figure. Il ne pourrait jamais considérer Tsunami comme sa grande sœur, sans doute, parce que… C'était trop similaire au rôle de grand frère qu'avait eu Itachi, avant. Mais elle était son chef de clan, et… Il lui faisait confiance.

Ça valait quelque chose. Sasuke pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de personne à qui il faisait confiance.

– Très bien, soupira Tsunami d'un air sombre. Certaines choses que je vais te dire sont des faits avérés, et d'autres ne sont que pure conjecture de ma part. Peut-être que certains éléments ne sont pas liés du tout au massacre, et que je fais fausse route. Mais… Tu veux des réponses. Alors voilà ce que je peux te dire.

Sasuke se pencha avidement en avant. Tsunami inspira profondément, comme pour se donner du courage. Puis elle le regarda droit dans les yeux, et demanda lentement :

– Que sais-tu de la mort de ma mère ?

La réponse était : pas grand-chose. Hazuki Uchiha était morte le même jour que le reste du clan, mais quelques heures avant. Il ne connaissait pas les détails. Alors, lentement, Tsunami se mit à raconter.

Comment le clan avait été isolé depuis des années, le mécontentement grondant de part et d'autre. Comment le fait d'avoir le monopole de la police avait attisé les rancœurs. Comment le village reprochait aux Uchiha leur arrogance et leur isolationnisme, et comment les Uchiha reprochaient à Konoha sa paranoïa. Comment les violences policières s'étaient multipliées. Comment Fugaku faisait peser une pression infernale sur Itachi, qui souffrait d'une dépression chronique. Comment Shisui, tiraillé entre son amour du village et la loyauté exclusive que demandaient les Uchiha, s'était suicidé parce qu'il était incapable de choisir : comment cela avait traumatisé Itachi, le privant de son unique ami. La tension et la méfiance presque palpable d'un côté comme de l'autre, ne demandant qu'une étincelle pour mettre le feu aux poudres.

Et puis, un jour, Hazuki Uchiha avait été tuée par une patrouille de police trop agressive, sous les yeux de ses parents. Il y avait eu quatre morts, et ce qui restait de prestige à la police s'était effondré en quelques heures suite à cette énorme bavure. Le Sandaime avait déclaré que la police serait dissoute, et que son commandement serait retiré au clan Uchiha. Fugaku avait été fou de rage, mais pieds et poings liés.

– Je n'ai pas de preuve de ce qui s'est passé ensuite, l'averti prudemment Tsunami. Mais je sais que ton père se sentait humilié, acculé. Je sais que le Sandaime n'allait pas changer d'avis. Et je sais qu'Itachi n'a jamais vraiment su régler ses problèmes autrement que par le meurtre.

– Dis-moi quand même, ordonna fébrilement Sasuke.

Tsunami se frotta les yeux. Elle sembla soudain lasse, et incertaine.

– Je pense… Je pense qu'il est possible Fugaku ait voulu faire assassiner le Sandaime avant que sa décision ne soit rendue publique.

– Quoi ?!

– Je ne sais pas quoi te dire d'autre, Sasuke ! Le clan était isolé depuis des années, il y avait définitivement une atmosphère malsaine, et tuer un adversaire parce qu'il est battu politiquement était complètement le genre de chose qu'aurait fait Fugaku. Peut-être qu'il espérait qu'ainsi, les priorités du village changeraient, et que le temps qu'on trouve un nouvel Hokage il aurait restauré l'honneur des Uchiha. Mais peut-être qu'il était juste furieux et voyait l'Hokage comme un ennemi essayant d'usurper son pouvoir. Alors voilà, c'est juste une hypothèse. Le clan était au bord du gouffre, Fugaku et l'Hokage étaient à couteaux tirés, et la seule raison à laquelle je peux penser pour que ce soit Itachi qui verse le sang… C'est que quelqu'un lui a demandé de choisir un camp.

Sasuke resta immobile. C'était tout juste s'il respirait. Il avait l'impression de tomber, tomber, comme si le sol se dérobait sous ses pieds…

– Ordonner à un ninja de tuer son propre père n'est pas le style du Sandaime, continua Tsunami d'une voix très basse. Mais ordonner à son fils de tuer son Hokage, c'était le style de Fugaku. Alors… Voilà mon hypothèse. Fugaku lui a donné l'ordre, et comme Itachi savait que ça ferait de lui un paria à jamais, et qu'il était déjà poussé à bout… il a craqué. Ou peut-être qu'il a voulu choisir son propre déshonneur. Ou peut-être qu'il haïssait Fugaku depuis toujours et qu'une fois qu'il a commencé à tuer, il n'a plus su s'arrêter. Je ne sais pas ce qui est le plus crédible, Sasuke. Mais c'est tout ce que j'ai à te donner.

Sasuke aurait voulu se boucher les oreilles. Il regrettait d'avoir posé la question, il voulait extirper ces nouvelles informations de sa tête et les effacer de sa mémoire. C'était trop injuste, trop cruel. Son clan… Son père… L'Hokage…

– Rien d'autre ? lâcha-t-il d'une voix rauque.

Tsunami hésita.

(Pendant une seconde, elle y pensa. Elle aurait pu mentionner autre chose. Mais qu'est-ce que ça changerait de parler de Danzō maintenant, de sous-entendre que c'était lui qui avait demandé à Itachi de choisir son camp ? A quoi ça servait de parler du coup d'Etat ? Sasuke ne méritait pas de réaliser à quel point son clan avait été haï par le village. Pourquoi lui infliger cette douleur supplémentaire ? Les coupables étaient morts : autant laisser Itachi prendre le blâme.)

– Je suis désolée, fit-elle doucement.

Sasuke aurait voulu hurler.

Parce que c'était horrible, parce que ce n'était pas ce qu'il voulait entendre. Parce que cette histoire était encore plus tragique qu'un massacre sorti de nulle part, et… Ça avait du sens. C'était le plus horrible : ça avait du sens. Les Uchiha avaient été si isolés. Père avait été si grincheux et mécontent, tout le temps. Itachi avait été si épuisé, si agressif. Et ce fameux soir… Quand Mère était venue le chercher à l'Académie en avance, lui avait chuchoté avec crainte qu'un officier de police avait déshonoré le clan mais que Père allait trouver une solution…

Et apparemment, cette solution avait été un coup d'Etat. Et Itachi avait décidé qu'il en avait assez.

Sasuke aurait voulu se sentir désolé pour Tsunami, qui avait perdu sa mère ce soir-là. Mais surtout il se sentait furieux, parce que… Parce que même si ça expliquait qu'Itachi ait craqué, qu'il ait été poussé à bout, que Père l'ai poussé à bout… C'était des excuses, pas des raisons. Est-ce qu'Itachi ne pouvait pas demander de l'aide ?! Est-ce qu'il ne pouvait pas alerter l'Hokage pour qu'il emprisonne les traîtres, quitte à déshonorer le clan ? Est-ce qu'il ne pouvait pas tuer Père et s'arrêter là ?! Est-ce qu'il ne pouvait pas juste partir, déserter, et laisser le clan en paix ?! Il y avait eu tellement d'autres solutions, le clan n'avait pas à mourir, même s'ils étaient des traîtres… C'était juste la faute de Père, le clan aurait pu changer, c'était tellement injuste, Itachi n'aurait pas dû les tuer !

Il se rendit compte qu'il avait lâché la dernière phrase à voix haute, et referma la bouche si violemment que ses dents claquèrent. Ses entrailles bouillaient de rage, la tête lui tournait. Il se sentait à la fois prêt à exploser comme une bombe, et susceptible de se briser en mille morceaux au moindre effleurement.

– Je sais, dit tristement Tsunami. Mais Itachi ne savait pas à qui demander de l'aide. Je doute que ça lui ait traversé l'esprit. Itachi… Il n'allait pas bien, Sasuke. Il était tellement désensibilisé à la violence, tellement isolé. Résoudre un conflit lui était impossible. La seule chose pour laquelle il était infaillible était de tuer.

– Alors pourquoi il ne m'a pas tué moi ?! rugit Sasuke.

L'aveu lui brûla la gorge comme de l'acide. Pourquoi, pourquoi, pourquoi. Tsunami eut cette étrange expression sur son visage, comme de la douleur ou peut-être de la pitié, et Sasuke la détesta brièvement. Pour être là, pour avoir survécu, pour avoir le culot d'en savoir plus que lui sur son propre frère.

– Peut-être qu'il ne voulait pas te tuer, dit-elle doucement.

Peut-être qu'il t'aimait, disait ses yeux, et Sasuke aurait voulu se mettre à lui hurler dessus. Parce que lui aussi, il avait cru qu'Itachi l'aimait. Et c'était peut-être même vrai, d'une façon tordue, et c'était encore plus horrible, parce que si Itachi l'avait aimé, alors il ne l'avait clairement pas aimé assez. Ou pas aimé de la bonne façon. On n'inflige pas ce genre d'horreur aux gens qu'on aime, on ne torture pas les gens qu'on aime dans des genjutsu du meurtre de leurs parents, on ne laisse pas les gens qu'on aime se réveiller d'un coma d'une semaine pour s'entendre dire que toute leur famille a été massacrée.

– Ou peut-être que c'était en lien avec le Sharingan, ajouta hâtivement Tsunami en voyant son expression. Mais ça fait partie des choses que je ne te dirais que quand tu auras éveillé le tien.

Sasuke feula comme un chat en colère :

– J'ai BESOIN de savoir !

Tsunami secoua la tête, inflexible. Sasuke émit un grondement furieux, et tourna les talons. Il ne rentra pas à la maison, même s'il sentait l'odeur du curry qui cuisait et qu'il savait que les autres l'attendaient pour manger. Il quitta le quartier sans regarder où il allait, noyé dans sa colère et son chagrin.

Il trouva un terrain d'entraînement vide et s'entraîna jusqu'à tomber d'épuisement.

Il faisait nuit noire à présent. Etendu sur le dos dans l'herbe humide, Sasuke posa sur les étoiles un regard vide. Il se sentait vide. En colère, triste, furieux, trahi, comme écorché vif, mais vide. Ce n'était pas mieux que sa colère brûlante. Lentement, il se cacha le visage dans ses mains. Il n'entendait rien d'autre que le bruissement des branches dans le vent. Il pouvait presque prétendre qu'il était seul au monde, qu'il n'existait rien d'autre dans l'univers que l'immensité de son deuil.

C'était une conversation qu'il avait attendu durant cinq années, et ça avait fait exactement aussi mal qu'il s'y attendait.

Mais… A quoi s'attendait-il, justement, mis à part à de la douleur ? Il savait que peu importait les excuses ou les raisons d'Itachi, il n'y avait pas de justification possible. Il savait que, quelle que soit l'histoire que Tsunami allait lui sortir, ça allait enflammer à nouveau son chagrin qui ne s'était jamais vraiment apaisé. Sasuke savait tout ça. Même cinq ans après le massacre… Se rappeler de cette nuit-là, même pour essayer de remettre les choses dans leur contexte… C'était toujours aussi horrible.

Mais bon. Il sourit amèrement. Il savait, maintenant. Ça lui faisait mal comme un coup de kunai entre les côtes, mais il savait. Peut-être que Tsunami espérait que ça lui fasse du bien, que ça l'aide à tourner la page. Sasuke ne savait pas s'il y arriverait. Mais avoir quelque chose pour répondre à ses questions, au lieu d'un grand vide, c'était… Mieux. Même si ça ternissait l'image de ses parents et de son clan, au moins c'était quelque chose de concret. Ça faisait mal, tellement mal : mais la douleur était préférable au sentiment de faiblesse et d'insignifiance qu'avait engendré son ignorance et son incompréhension. La douleur… La douleur, c'était mieux que le néant.

Sasuke aurait voulu en parler à quelqu'un. Mais pas à un Uchiha. Ironique, quand on savait que les Uchiha étaient les seules personnes dont il était proche. Et oui, il comptait Neji et Karin dans cette catégorie. Ils étaient des Uchiha honoraires… Et à ce titre, ils étaient bien trop mêlés à cette histoire pour avoir du recul, comme Sasuke lui-même. Et c'était ça, justement, que Sasuke voulait : du recul. Pouvoir évoquer sa douleur sans la raviver, nommer son chagrin sans qu'il ne l'engloutisse à nouveau. Mais c'était impossible, pas vrai ?

Le massacre lui collerait toujours à la peau. Il ne pourrait jamais s'en distancer : ça faisait partie de lui. Itachi faisait partie de lui. Cette nuit, le sang, la terreur, c'était gravé dans son être. Et… C'était un terrible poids de savoir pourquoi, de réaliser qu'il y avait eu des indices et des avertissements, et que malgré tout c'était arrivé. N'était-ce pas ça, au fond, qui le rendait si furieux ? Savoir que, même s'il y avait eu une raison, ça ne changeait rien à ce qui s'était passé. Ça ne pouvait pas apaiser sa douleur, ça ne pouvait pas ramener ses parents à la vie.

Est-ce que ça aurait changé quelque chose, s'il y avait eu une autre raison ? Par exemple, qu'Itachi soit soudain devenu fou ? Ou qu'il ait conspiré avec Iwa ou Kumo pour affaiblir Konoha en décimant les forces de police ? Ou qu'Itachi soit mort et que ça soit un imposteur qui ait tué le clan ? Ou que Fugaku ait tenté de tuer l'Hokage et que l'Hokage l'ait tué et que tout le reste n'ai été qu'une mise en scène pour couvrir le coup d'Etat avorté ? Rien, rien ne changeait le fait que sa famille était morte. Sa famille avait été assassinée et Itachi était parti. Son frère l'avait torturé puis abandonné, et peu importait les révélations que lui ferait Tsunami, peu importait les raisons, ça ne cesserait jamais de faire mal.

Est-ce que ça aurait changé quelque chose si Tsunami avait dit « oh, en fait Itachi n'est pas le seul coupable, il a été aidé par Untel et Untel » ? Parce que ça n'aurait fait que donner davantage de cibles à la colère de Sasuke, mais ça n'aurait en rien apaisé sa douleur. Ça aurait été bien de se noyer dans la haine, mais ce n'était pas qui était Sasuke. Il n'était pas un Vengeur, il était juste… Un gamin faible et traumatisé, qui avait été torturé puis jeté de côté comme un jouet cassé. Il était effrayé et désespéré et furieux, mais c'était une colère née de la peur et du chagrin, pas de la haine pure.

Peut-être que ça aurait fait moins mal de se noyer dans la haine pure. Mais Sasuke n'en avait jamais vraiment eu la possibilité, pas vrai ? Il fallait vraiment être désespéré pour sombrer comme ça, et… Sasuke avait été repêché juste après le massacre. Tsunami, Izumi et Hikari ne pourraient jamais remplacer ses parents, mais ils avaient été , ils l'avaient accepté et aimé, et Sasuke s'était cramponné à eux comme à une bouée de sauvetage. Il n'avait jamais sombré. Des fois, il se demandé si ça aurait été plus facile, plus indolore. Mais il était trop tard pour y songer, à présent. Leur famille était devenue la sienne, et les Uchiha ne lâchaient pas prise facilement.

Sasuke inspira profondément. Il baissa les mains qui couvraient son visage, et regarda le ciel piqueté d'étoiles. Il avait envie d'en parler mais soudain l'idée de s'ouvrir à quelqu'un lui semblait épuisante, stupide, vaine. Non, il ne voulait pas parler d'Itachi et du fait qu'il y avait eu une raison au massacre. Il ne voulait pas avouer qu'avoir une raison, avoir des indices, ça le faisait se sentir encore pire parce qu'il aurait pu voir les signes, et peut-être éviter la catastrophe, s'il avait été plus observateur et plus paranoïaque. Sasuke voulait juste… Il voulait juste arrêter d'avoir mal et de faire des cauchemars de ses parents.

Peut-être que ça s'arrêterait quand Itachi serait mort. Mais peut-être pas. Comment Sasuke aurait-il pu le savoir ? Dans un autre monde, peut-être qu'il aurait été un Vengeur, poussé en avant par sa haine. Mais ici… Ici, il n'était pas le dernier Uchiha. Il n'était pas l'unique chance de Konoha de vaincre Itachi. Il n'était pas un adorable orphelin ou un guerrier qui engendrait la crainte et le respect. Il n'était que Sasuke, le petit frère du traître.

Sasuke songea à son clan, si fier et si isolé, et songea absurdement que peut-être que Père et Mère auraient préféré mourir en héros tragiques (sous la lame d'un traître) plutôt que de voir leur clan perdre ses privilèges. D'une façon ou d'une autre, le clan Uchiha tel qu'il existait jadis aurait été détruit. Les Uchiha auraient perdu leur commandement de la police, ils auraient été forcés à s'intégrer, et Sasuke n'arrivait pas à le concevoir.

Qui était-il, à présent ?

Sasuke Uchiha, le fils de l'ancien chef de clan. Le petit frère du traître. Celui qui avait été laissé en vie, par mépris, par dédain, par amour, par indifférence. Celui qui aurait dû mourir cinq ans plus tôt, mais qui avait survécu parce que… Parce que quoi ? Parce qu'il attendait des réponses ? Il les avait, maintenant, et ça n'avait rien changé. Il n'avait pas moins de peine, pas moins de rage, pas moins de désespoir, et il n'avait gagné aucune nouvelle détermination pour le pousser en avant. Il était toujours le même : celui qui avait survécu par erreur. Pourquoi Itachi l'avait laissé vivre ? Il avait tué tout le monde sauf lui. Pourquoi ? Quel avait été son but ?

Qu'est-ce que Sasuke était supposé faire de sa vie, à présent ? Il avait espéré que le récit de Tsunami lui donne une réponse, mais au final… Ça ne lui avait rien importé.

Il devrait trouver tout seul un sens à sa vie. Et c'était aussi terrifiant aujourd'hui que cinq ans plus tôt.

oOoOoOo

Être Genin, c'était beaucoup de boulot. Terminés, les horaires fixes de l'Académie et les exercices physiques limités à trois après-midis par semaines ! Chaque Jounin-sensei imposait son propre rythme, et même les plus paresseux avaient une éthique de travail qui laissait leurs jeunes élèves sur les rotules. Il fallait se lever plus tôt, s'entraîner plus dur, être plus sérieux !

Bien sûr, c'était différent pour chaque équipe. Le principe d'être placé sous la tutelle d'un Jounin-sensei, c'était que le sensei avait carte blanche pour faire progresser ses élèves. Certains étaient précautionneux et délicats. D'autres étaient brutaux, impitoyables. Certains étaient cruels, d'autres indifférents, d'autres sadiques, d'autres encore déraisonnablement protecteurs : et parfois ils étaient un peu de tout ça à la fois. Apprendre à être ninja, ça ne pouvait pas se faire à l'école. C'était sur le terrain, à la dure, et rien ne pouvait préparer un gamin à ça. Alors voilà, certains Jounin enchaînaient les heures d'entraînements, d'autres coachaient leurs élèves sur la politique des pays étrangers, d'autres encore transformaient les missions de rang D en exercices.

Tsunami avait bien conscience d'avoir tiré le jackpot, avec son équipe. Ils avaient été attentifs, disciplinés et talentueux. Pourtant, elle avait été l'une des Jounin-sensei les plus jeunes et les plus inexpérimentées de toute l'histoire de Konoha ! Elle avait complètement improvisé. Mais… Heureusement, elle avait reçu un bon enseignement, dans le passé. Alors quand Tsunami avait réutilisé les exercices d'étirements appris par sa mère, les tests de contrôle du chakra appris par son père, le type d'entraînement enseigné par Hayama-sensei, les tests d'agilité sous forme de course-poursuite appris avec Shisui… Les résultats avaient été plutôt bons. Oui, elle était fière de ce qu'elle avait fait de son équipe : fière de son travail à elle, personnel, en tant que Jounin-sensei.

Du coup, elle se permettait de juger avec hauteur les méthodes de ses collègues. Bah quoi ? Elle avait le droit. A présent, c'était elle la Jounin expérimentée, et c'était eux les newbies.

Asuma Sarutobi était un professeur responsable, organisant des entraînements mesurés et des missions bien préparées pour que son équipe tourne avec la précision d'une horloge. Mais les mauvaises langues disaient aussi qu'il s'arrangeait surtout pour ne pas avoir à faire d'effort lui-même. Il guidait ses élèves dans la bonne direction, mais il les laissait surtout trouver leur rythme sans les presser. C'était le genre de mollesse que Gai n'aurait jamais toléré !

Hoheto Hyuga était plus rigide et plaçait plus de pression sur ses élèves. Il leur inculquait la discipline et le sens du devoir, et ne manquait jamais de leur rappeler que deux d'entre eux étaient les héritiers de clans prestigieux. Et bien sûr, il accordait une attention particulière à son troisième élève, le jeune immigré du pays de l'Eau nommé Ranmaru, qui possédait un rare Dôjutsu… Hoheto n'avait jamais été Jounin-sensei auparavant. C'était sans doute lui qui subissait le plus de pression, et il cherchait à faire de ses élèves des Genins modèles. Il n'était pas aussi dur qu'il aurait pu l'être, et restait à l'écoute de ses protégés… Mais il était sans conteste un des professeurs les plus stricts.

Curieusement, c'était sans doute Kurenai Yuhi qui était la plus sévère. Elle imposait à ses élèves des entraînements intenses, leur assignait une montagne de devoirs, et testait leurs connaissances de façon aussi régulière qu'impitoyable. Alors que la plupart des professeurs préféraient privilégier les bases que leurs Genins avaient apprises à l'Académie, Kurenai était partie dans une toute autre direction, et cultivait les compétences que ses trois élèves ne possédaient pas au moment de leur diplôme. Pour Yakumo, c'était le ninjutsu, pour Hinata la traque, et pour Ino le taijutsu. Autant dire que les trois gamines en voyaient de toutes les couleurs !

Et puis il y avait l'équipe 9… L'équipe de Tenzō. Là, c'était assez rigolo, parce qu'il était assez évident que Tenzō n'avait aucune idée de ce qu'il était en train de faire. Il avait du mal à établir des programmes. Il évitait les missions de rang D (sans doute parce qu'il n'en avait jamais fait lui-même) et essayait de les transformer en entraînement, mais les trois gamins avaient tendance à partir hors de contrôle. Par exemple, une mission de nettoyage d'une rivière se transformait toujours en bataille de détritus. Et quand il fallait passer à l'entraînement pur et dur, et bien… Il avait tendance à viser trop haut, et à leur apprendre des Jutsu de rang B avant même de leur apprendre à marcher sur les murs ! Bon, à sa décharge, ses trois élèves avaient vraiment des niveaux trop radicalement différents. Naruto était un cas désespéré en matière de manipulation du chakra, alors qu'au contraire Hotaru et Hikari y excellaient. A l'inverse, Hotaru traînait en taijutsu, alors que le talent d'Hikari et l'endurance de Naruto leur donnait un avantage. Bref, le pauvre Tenzō faisait de son mieux. Tsunami mourrait d'envie de lui donner des conseils, mais les chefs de clans ne pouvaient pas interférer dans les affaires des Jounin-sensei, alors elle se retenait. Raaah, c'était rageant. Bon, au moins, Tenzō s'impliquait. C'était mieux que ce que faisait Kakashi.

Bon sang. Kakashi.

Le Ninja Copieur était sans conteste le plus laxiste. C'était comme s'il craignait de s'attacher. Comme s'il craignait d'attraper des sentiments. Y était-il mortellement allergique ? Il rassemblait ses Genins tard dans la matinée (après avoir glandé trois heures devant le mémorial), allait chercher deux ou trois missions de rang D, et les laissait se débrouiller seuls tandis qu'il supervisait de loin. Il espérait qu'une coopération naturelle apparaisse entre eux, comme ça se produisait quand des équipes d'ANBU étaient obligées de travailler ensemble, mais… Les enfants n'avaient jamais cultivé ce genre d'instinct. Et Kakashi aurait été bien en peine de leur enseigner. Il espérait que ça arrive tout seul, à force d'usure et de situations délicates…

Et oui, une certaine entente commençait à naître entre ses élèves. Du moins, ils se liguaient tous contre leur sensei, répondant à ses excuses bidon par des cris d'indignation et de plus en plus de sarcasme au sujet de la Fougue de la Jeunesse. Mais bon, niveau esprit d'équipe, ce n'était pas tout à fait ça. Kiba avait un instinct de meute naturel, mais il était encore trop brusque, trop bruyant et arrogant. Sakura était trop impulsive, trop soucieuse de son image, et trop concentrée sur Sasuke. Quant à Sasuke… Par nature, il était un solitaire. Mais en plus, il était particulièrement renfermé en ce moment.

Il retournait encore et encore dans sa tête ce qu'il avait appris sur son clan. Il apprenait à vivre avec, parce qu'il n'avait pas le choix en la matière, mais… Les choses ne devenaient pas plus faciles avec le temps.

Il se sentait seul.

D'une certaine façon, il s'était toujours senti seul. Avant le massacre, personne n'avait vraiment eu le temps de s'occuper de lui. Et après… Il y avait toujours eu comme une distance entre lui et sa nouvelle famille. C'était ironique, non ? Le clan Uchiha d'avant, et le clan Uchiha de maintenant, ils étaient tout son univers… Et pourtant, il y avait encore de la place dans son cœur pour se sentir vide et creux.

Sasuke lança une nouvelle volée de kunais, qui impactèrent leurs cibles dans un claquement de métal. Dans le mille pour les six kunais. Itachi avait jadis réussi à en lancer quatorze à la fois, sur des cibles disséminées tout autour de lui et parfois cachées derrière des obstacles. Et Tsunami avait réussi à battre Itachi. Ils étaient tous les deux si forts, tellement plus forts que lui. Sasuke en avait assez de se sentir faible et impuissant. S'il devenait aussi fort qu'eux, est-ce qu'il cesserait de se sentir aussi vide ? Aussi seul ?

Il y eut un bruissement. Le son d'une semelle qui racle la terre. Un ninja, qui ne faisait normalement pas un bruit en se déplaçant, annonçait poliment sa présence. Sasuke se raidit.

– Tsunami.

La Jounin marqua un temps d'arrêt.

– Est-ce que tu veux rester seul ? demanda-t-elle d'un ton neutre.

Sasuke se détourna, et émit un bruit dubitatif qui ne voulait dire ni oui ni non. Tsunami alla s'adosser à un arbre à sa droite, et croisa les bras.

Cela faisait plus d'une semaine que Tsunami lui avait parlé du coup d'état. Et… Ce n'était pas qu'elle gardait ses distances. Mais elle n'avait jamais été très douée pour être à l'écoute des gens. Son style, c'était de foncer dans le tas, de proposer des actions concrètes. Les sentiments, la douleur à vif comme ça… Tsunami ne savait pas gérer. Elle laissait Sasuke respirer et restait maladroitement en périphérie, attendant un signe qu'elle n'était même pas sûre de reconnaître.

J'ai agi de la même façon pour Shisui, se rappela-t-elle avec un coup au cœur. Elle avait attendu qu'il vienne vers elle. Atsuo, Tokuma et elle, ils étaient restés proches et ils avaient cru que Shisui se battrait lui aussi pour garder leur lien intact, mais… Ils ne l'avaient pas aidé. Ils savaient que Shisui était misérable, que son clan lui mettait la pression, que quelque chose n'allait pas. Mais ils n'avaient rien dit. Rien fait. Ils attendaient un signe, un appel à l'aide, un indice, une preuve d'aggravation ou d'amélioration. Ils attendaient, tout simplement. Shisui avait su qu'il pouvait compter sur eux, mais ça n'avait pas été assez. Il avait quand même décidé de porter son fardeau seul. Il avait quand même décidé de se suicider.

– Je suis désolée, lâcha-t-elle impulsivement.

Tsunami savait que la situation de Shisui et Sasuke n'étaient pas la même. Et pourtant… Et pourtant, elle réagissait de la même façon, non ? Elle attendait. Elle ne savait pas quoi faire, alors elle attendait en espérant que les choses changent. Parfois, on ne peut faire qu'attendre, même quand on sait que c'est stupide.

– Pourquoi ? grommela Sasuke. Ce n'est pas de ta faute.

Tsunami regarda ailleurs. Oh, si tu savais.

– Est-ce que je ne peux pas juste être désolée que ça soit arrivé ? Que ça te soit arrivé ?

Sasuke ne répondit rien. Il commença simplement à ramasser ses kunais, plantés dans leurs cibles. Tsunami ne proposa pas de l'aider : ça n'aurait pas été bienvenu. Elle attendit qu'il ait terminé. Puis, lentement, elle se remit à parler.

– Il y avait un homme nommé Danzō Shimura. C'était un conseiller du Sandaime, un homme très puissant. Il était le commandant de l'ANBU, et donc le commandant d'Itachi et de Shisui. Il est mort la nuit du massacre.

Sasuke étrécit les yeux :

– Est-ce qu'Itachi l'a tué, lui aussi ?

– Non, répondit simplement Tsunami. C'est moi qui l'ai tué.

Sasuke eut un mouvement de surprise, l'air incrédule.

– Pourquoi ?

– Il avait volé le Sharingan de Shisui. Il ignorait que je lui avais donné un sceau d'explosion à retardement pour protéger ses yeux. Il a vraisemblablement tenté d'utiliser son Sharingan cette nuit-là, et le sceau s'est déclenché.

Sasuke absorba l'information en silence. Le nom de Danzō ne devait rien lui dire, mais Shisui… Il devait savoir qui était Shisui. Pas seulement parce que tout le monde avait su qui était Shisui Uchiha, mais aussi parce qu'Itachi avait été accusé de son meurtre.

– Alors Itachi n'a pas tué Shisui ? murmura-t-il.

– Je ne sais pas comment il est mort, admit Tsunami.

Mais elle en avait une bonne idée. Certains de ses souvenirs-rêves étaient flous, laissant des trous dans la narration du scénario, mais cette scène-là était restée affreusement vivide dans sa mémoire. Shisui, se laissant basculer dans le vide, ses deux orbites vides, et le visage recouvert de sang. Oh, Shisui. Son cousin, son ami, son mentor, son modèle. Même des années après, ça lui crevait toujours le cœur. Si seulement Tsunami avait été un peu plus empathique, un peu plus fouineuse, un peu moins résignée, peut-être qu'elle aurait pu… Peut-être que Shisui aurait été…

– Mais je sais que Danzō y était mêlé, reprit-t-elle après un instant. Et c'est une information dangereuse, tellement dangereuse qu'elle n'est notée sur aucun rapport officiel, et qu'en faire un simple sous-entendu devant le Sandaime a définitivement foutu en l'air tout espoir de relation cordiale.

– Il t'a quand même nommé chef du clan Uchiha.

– C'était avant que j'accuse son ami d'enfance de vol de kekkei genkai et admette son meurtre dans la foulée. Puisque le vol du Sharingan était indiscutable, le Sandaime ne pouvait pas exactement défendre Danzō, mais ni lui ni le conseil ne m'ont jamais vraiment pardonné d'avoir causé la mort de leur ami.

Sasuke plissa les yeux :

– Même si c'était un traître ?

Tsunami haussa les épaules. Personnellement, elle ressentait toujours une satisfaction vindicative à l'idée de savoir qu'elle avait indirectement buté Danzō. Mais elle pouvait comprendre que, pour les gens qui avaient connu cet homme comme un ami, ça ne soit pas si simple.

– Sa mort est arrivée en même temps que l'annonce de sa trahison, c'était dur pour eux de l'admettre. Et puis… Parfois, même quand quelqu'un nous trahi de façon abominable, on ne cesse pas de l'aimer pour autant.

Le visage de Sasuke devint de marbre, et Tsunami se morigéna intérieurement. La dernière phrase était de trop. Sasuke n'était pas prêt à admettre qu'il aimait encore son frère. Peut-être qu'il ne serait jamais prêt, d'ailleurs. Itachi avait massacré sa famille, détruit son univers, réduit à néant tout espoir qu'il se sente en sécurité à Konoha. C'était dur d'accepter qu'on puisse encore avoir de l'affection pour la personne qui avait commis ce genre d'horreur.

Il y eut un court silence. Puis Sasuke se détourna ostensiblement pour observer les cibles accrochées aux arbres, faisant machinalement tourner un kunai entre ses doigts comme s'il hésitait à le lancer.

– Pourquoi me raconter ça ?

Pourquoi, oui ? Lui parler de Danzō était dangereux. Lui parler du massacre tout court était dangereux. Sasuke était un enfant, il devait être protégé. Tsunami se passa une main dans les cheveux d'un geste las. Oui, il était un enfant… Mais voilà, de toute sa famille reconstituée, Sasuke était celui qui ressemblait le plus à Tsunami. En colère, désespéré, et courant après une façon d'apaiser son angoisse sans parvenir à nommer ce sentiment d'urgence qui le poussait en avant. Tsunami savait ce que c'était, de ne pas trouver le sommeil parce qu'on avait conscience qu'il existait une terrible menace dehors, et qu'on se sentait faible et impuissant.

Parler de Danzō à Sasuke était dangereux. Mais Tsunami se voyait beaucoup en Sasuke, et… Si elle avait été à sa place… Elle aurait voulu savoir. Remplir tout cet espace vide avec des noms, des indices, des infos, du concret, pour se sentir moins seule et moins perdue.

Parce que je me sens coupable, aurait-elle pu dire. Peut-être que j'aurais pu sauver les Uchiha, peut-être pas. Mes chances étaient quasi-inexistantes, mais elles n'étaient pas nulles. Et pourtant je m'en suis détournée. Je n'ai même pas essayé de me battre. Et le pire, c'est que… Je ne te demanderai pas pardon. Je ne suis pas désolée. Pas vraiment, pas assez. Mais j'aurais voulu que ça se passe autrement, Sasuke : le clan Uchiha ne méritait pas de mourir. Et tu ne mérites pas de souffrir ainsi.

– Parce qu'un jour ça te sera peut-être utile, dit-elle à la place. Le nom de Danzō Shimura ne devrait pas être un nom que tu ignores. Il était puissant, il était influent, il se méfiait du clan Uchiha, et il commandait tous les ANBU qui étaient supposés surveiller le district la nuit du massacre. L'unique personne qui aurait pu en savoir plus sur ce qui s'est réellement passé… C'était Danzō.

Sasuke s'était raidi à la mention des ANBU. Ah, c'était une connexion qu'il n'avait pas faite. Mais Tsunami pouvait sentir les rouages tourner, les liens se faire. Le district Uchiha avait été surveillé, il y avait eu un couvre-feu. C'était normal : la police venait de tuer Hazuki, ils avaient commis un crime, ils étaient suspects. Et pourtant, même s'ils étaient surveillés par des ANBU, l'élite de Konoha… Personne n'était intervenu. Personne n'avait barré la route à Itachi.

Itachi avait mis un certain temps à tuer tout le clan. Il y avait eu plus de trois cent personnes à abattre. Ça n'avait pas été immédiat. Ça n'avait pas non plus était silencieux. Et pourtant… Et pourtant, tous les ninjas qui surveillaient le district étaient restés à leur poste.

Qu'est-ce que ça disait d'eux ? Qu'est-ce que ça disait de leur commandant, Danzō Shimura ? Et surtout, qu'est-ce que ça disait d'Itachi, qui avait su qu'il était surveillé mais qui n'avait ressenti aucune crainte d'être arrêté ?

– Mais il est mort, lâcha Sasuke avec frustration. Et ça veut dire que je n'aurais jamais de réponse, c'est ça ?

Mentionner Danzō en corrélation avec le massacre avait aussi une autre utilité, songea soudain Tsunami. C'était que, si jamais Sasuke découvrait qu'Itachi avait massacré le clan sur les ordres de quelqu'un, sa haine se porterait sur Danzō (une personne qu'il avait déjà inconsciemment associée au massacre) au lieu de hurler sans but, et d'être instrumentée par un tordu comme Obito-Madara pour essayer de tourner Sasuke contre Konoha.

Tsunami n'était pas excessivement attachée au village. C'était juste un peu de terre, quelques maisons, rien de transcendant. L'idée de la Volonté du Feu la faisait renifler avec dédain. Mais Konoha, c'était surtout le lieu où se trouvaient les gens qu'elle aimait, et… Ça, c'était important. Alors elle préférait que personne n'essaie de raser cet endroit, merci bien.

Donc voilà. Danzō était mort, et la pleine et entière vérité était sans doute morte avec lui. Ce n'était pas une grosse perte. C'était pour le mieux, vraiment. Sasuke s'épargnerait un océan de rage et de chagrin, s'il ne trouvait jamais ses réponses. Tsunami haussa les épaules, affectant la nonchalance.

– Sauf si je parviens à les extirper à Itachi.

– Toi ou moi, gronda Sasuke.

– … Je préfèrerais que ça ne soit pas toi.

Immédiatement, Sasuke redressa la tête, les yeux étrécis avec colère :

– Pourquoi ?! Tu penses que je ne peux pas me défendre ?

Non. Mais si jamais Tsunami affrontait Itachi, elle savait qu'elle n'irait pas chercher des réponses qu'elle connaissait déjà. Itachi et elle se battraient, sans doute à mort, et aucune question sur les raisons du massacre ne serait posée. Si elle survivait, elle clamerait qu'Itachi avait emporté ses secrets dans la tombe. Et si Itachi survivait, eh bien… Eh bien déjà, Tsunami serait morte, donc bon, ça ne serait plus son problème. Quant à Itachi, eh bien, il ne semblait pas parti pour révéler de sitôt la vérité sur le coup d'Etat.

Mais si c'était Sasuke qui affrontait Itachi, qui lui hurlait des questions accusatrices, qui se battait bec et ongles pour avoir des réponses… Peut-être qu'Itachi laisserait glisser une information. Il mentirait, bien sûr, mais Itachi n'avait jamais été un bon menteur. Parler aux gens n'avait guère été son fort.

– Non, soupira-t-elle. Je sais que tu es fort, Sasuke. Tu es plus fort que je ne l'étais à ton âge, et ta puissance ne fera que grandir. Je sais que tu feras des choses extraordinaires. C'est juste que… C'est juste qu'il y a tellement de gens que je n'ai pas pu protéger.

Papa. Mama. Hiroki, Harumi, Seto. Shisui. Hizashi Hyuga, le père de Neji. Ayaka Uzumaki, la mère de Karin. Akihito et Yuko, ses grands-parents. Hideyoshi, Yasu, Naoto, Yachiru, et tous les autres Uchiha. Les coéquipiers Genins de Yūgao. Le Jounin-sensei d'Iruka. Tsunami connaissait tellement de gens qui étaient morts, à présent. Impuissante, elle secoua la tête :

– Je voudrais pouvoir te protéger, toi. Même si c'est seulement d'Itachi.

– Hn, grommela Sasuke.

Mais ses oreilles avaient rosi, et il semblait à la fois embarrassé et vaguement touché. Il se remit à faire tourner son kunai dans sa main droite, le faisant tournoyer autour de ses doigts à une telle vitesse qu'il se serait sans doute sectionné une phalange s'il avait été un peu moins habile, et Tsunami ne put s'empêcher de sourire avec affection.

De toute sa fratrie, ce n'était pas Tsunami qui était la plus proche de Sasuke. C'était Hikari, parce qu'Hikari avait le plus grand cœur. Il avait su instinctivement à quel point Sasuke était seul, mais aussi de quoi il avait besoin. C'était pour ça qu'à présent, il portait les t-shirts à col ample du clan Uchiha de jadis (le fait que ça diminue encore sa ressemblance avec Neji était un bonus). C'était pour ça qu'il était si attentif et si patient. Tsunami savait que quand Sasuke pensait au clan Uchiha, il pensait encore à ses parents et au clan tel qu'il était avec le massacre : mais quand il pensait à ses cousins, le clan actuel, il pensait avant tout à Hikari. Parce qu'Hikari était si facile à aimer et à chérir.

Tsunami était plus difficile à aimer, et elle en avait conscience. Ce n'était pas grave. Tsunami n'était pas la personne qui était la plus proche de Sasuke, mais elle était celle qui lui ressemblait le plus. Et pas juste parce qu'ils avaient les mêmes cheveux noirs ébouriffés. Ils avaient aussi le même tempérament. La même rage. La même possessivité. La même défiance envers l'univers. Oui, Tsunami et Sasuke étaient de purs Uchiha, des descendants de Marada, qui avaient hérité de ses bons comme de ses mauvais côtés. Ce n'était pas assez pour créer un lien fraternel entre eux, mais c'était assez pour qu'ils se fassent confiance.

– Au moins je sais que tu le tueras, lâcha Sasuke sans la regarder.

– Oulà, ne va pas si vite en besogne. Ce n'est pas parce que je peux le faire, théoriquement, que je vais me mettre en chasse.

Sasuke renifla avec incrédulité :

– Je sais que tu le veux mort, toi aussi.

– Je…

Tsunami expira lentement. Elle pensa à la coupure sur le cou d'Izumi, quand Itachi avait failli la tuer. Elle pensa aux funérailles de sa mère. Elle pensa au massacre Uchiha. Elle pensa à Itachi et à son expression si grave et si sérieuse à l'âge de douze ans, au poids sur ses épaules, à la façon dont son visage se détendait durant leurs entraînements. Elle pensa à Shisui, et à son air implorant quand il lui avait demandé de veiller sur son cousin préféré.

Elle avait promis à Shisui de veiller sur Itachi. Et si elle le pouvait, elle le ferait. Honnêtement, elle préfèrerait qu'il n'y ait pas de combat entre eux, et qu'un jour Itachi puisse revenir à Konoha (ou du moins, trouver la paix, même si ça signifiait prendre sa retraite et devenir fleuriste au bord de la mer). Le problème c'est qu'elle ne voyait pas de scénario rendant ça possible. Pas avec la situation actuelle.

– Je veux que tu ailles bien, finit-elle par dire. Je veux que tu sois en sécurité.

Dire autre chose aurait été mentir. Mais s'arrêter là aurait semblé insuffisant à Sasuke, qui avait à peine douze ans, et qui avait désespérément besoin qu'on le soutienne. Alors elle soupira, puis ajouta lentement :

– Itachi est une menace. Je ne le laisserai pas toucher à un cheveu des membres de ma famille. Et je le tuerai s'il le faut.

Les épaules de Sasuke se détendirent, légèrement. Tsunami s'efforça de ne pas penser à ce qui se passerait si elle affrontait Itachi, ou plutôt quand elle l'affronterait. Ce serait un combat à mort, elle le savait. Et elle ne voulait pas le tuer, pas vraiment… Mais si le choix était entre la vie d'Itachi et la paix au sein de sa famille, elle savait ce qu'elle choisirait. Même si c'était mal.

Tsunami avait toujours été, fondamentalement, quelqu'un d'égoïste.

– Allez, lança-t-elle brusquement. Je n'ai pas le droit d'interférer avec l'enseignement de Kakashi-san, mais apparemment c'est un incompétent du plus haut niveau. Est-ce qu'il vous a appris à marcher sur l'eau ? Ou sur les murs, au moins ? Non ? Allez, viens, petit cousin. On va faire quelque chose de constructif…

Parfois, garder le silence était bénin, innocent. Ce n'était pas la même chose que de dire un mensonge. Mais parfois, eh bien… N'était-ce pas tout aussi cruel ?

N'était-ce pas tout aussi nécessaire ?

oOoOoOo

Les jours passèrent. Avril vint. C'était étrange de ne plus avoir à la maison d'enfants en âge de faire leur rentrée à l'Académie. A présent, même Hikari (le bébé de la famille) était un Genin. Tsunami avait du mal à s'y faire : toute sa vie, elle avait été entourée d'un ou plusieurs « petits » qui allaient sagement à l'école, et dont les horaires fixes donnaient un rythme à la maisonnée.

Tous ses gamins étaient Genins maintenant. Ça lui donnait un coup de vieux.

Izumi était Chuunin, et partait en mission avec différentes équipes, mais le plus souvent avec ses anciennes coéquipières Hakui et Hana Inuzuka. Karin partait en mission avec la Team Gai. Neji partait occasionnellement en mission avec d'autres Genins, mais restait le plus souvent avec la Team Tsunami. Et Sasuke et Hikari étaient encore trop jeunes pour que leurs sensei respectifs leur donnent autre chose que des missions de rang D. Ça rassurait un peu le côté mère-poule de Tsunami.

Et puis, elle-même essayait de ne prendre que des missions courtes, afin de constamment surveiller le village.

Tsunami était Jounin et en tant que telle, elle prenait parfois des missions qui l'éloignaient plusieurs semaines de Konoha. Elle aurait pu se voir assigner des missions encore plus longues, mais elle était chef de clan et ça lui donnait le luxe de pouvoir refuser certaines tâches. C'était fou le pouvoir qu'avaient les clans au sein de Konoha… Bon, ok, ça Tsunami s'en doutait déjà un peu (après tout, les clans étaient la fondation du village) mais maintenant que c'était elle qui avait ce pouvoir, elle réalisait pleinement l'immensité de ce que les clans géraient.

Techniquement il y avait seulement deux types de réunions auxquels les chefs de clans participaient : les Grands Conseils (qui rassemblaient l'Hokage, ses conseillers, les chefs des différents départements, et les chefs de clans) qui se réunissaient en cas de crise, et les Conseils Restreints (qui ne rassemblaient que les chefs de clans et qui menaient leurs affaires de façon indépendante de l'Hokage) qui se réunissait environ une fois par mois.

Les conseils restreints étaient moins guidés qu'on l'aurait cru. Certes, tous les chefs de clans étaient là, mais ils se réunissaient dans un restaurant, déjeunaient ensembles, et la conversation portaient généralement sur la bonne marche de leurs clans respectifs. Le but était que la communication soit constante, pour qu'aucun clan ne se mette à nourrir une rancœur contre un autre sans que le problème ne soit arbitré et résolu. Cette coutume datait de la fondation de Konoha. Les mauvaises langues disaient que le Shodaime avait institué les conseils restreints pour donner un air officiel à ses dîners avec Madara Uchiha.

(Sérieusement, plus Tsunami entendait de légendes et d'anecdotes sur Hashirama et Madara et plus elle se demandait si ces deux-là n'étaient pas secrètement mariés. En tous les cas, ils avaient vraiment un lien trèèèèès fusionnel…)

Bref. Les conseils restreints. C'était assez relax. Les chefs de clans se rassemblaient et discutaient de choses et d'autres. Parfois c'était les mariages et les enterrements, ou les nouvelles des petits prodiges, mais parfois on abordait des sujets plus brûlants. Genre, qui allait succéder à qui, à la tête de tel département. Qui serait le prochain Maître de Sceaux de Konoha. Est-ce que Untel ou Untel avait un comportement à risque. Fallait-il accepter ou non que les réfugiés de Kiri possédant un kekkei genkai soient reconnus comme membres d'un clan. Est-ce que tel nouveau restaurant empiétait sur le business des Akimichi, et est-ce que les clans pouvaient faire pression sur le propriétaire du local pour leur faire fermer boutique. Est-ce que les Nara avaient besoin de s'agrandir et est-ce que le trafic routier devait être subtilement réarrangé pour qu'ils puissent étendre leur forêt. Est-ce que les Kurama avaient des difficultés financières et est-ce qu'il était possible de négocier une baisse d'impôts. Est-ce que les Inuzuka pouvaient changer le cursus de l'Académie pour qu'on y parle davantage de traque. Est-ce que demander à ce qu'un prodige soit diplômé en avance constituait un abus de pouvoir. Bref, l'Hokage avait beau être le chef du village, c'était les clans qui donnaient un peu la marche à suivre…

C'était le meilleur moment pour tisser des alliances… Pour ceux qui savaient être subtils, en tous les cas. C'est-à-dire : pas Tsunami. Parce que… Soyons honnêtes : Tsunami n'était pas particulièrement douée avec les gens. Elle ne savait pas naviguer dans un cercle social étendu où chaque mot avait des répercussions. Elle ne savait pas manipuler subtilement deux personnes pour qu'elles fassent la paix, ou apaiser les tensions entre deux groupes autrement qu'en leur tapant dessus jusqu'à ce qu'ils l'écoutent, ou encore pousser délicatement quelqu'un dans une direction ou une autre. Tsunami pouvait être subtile, froide et calculatrice… Mais face aux gens, elle s'enflammait et réagissait à chaud, au lieu de suivre méticuleusement un plan établi à l'avance. Elle était franche. C'était bien pour tisser des liens avec des gens qu'elle appréciait, mais ça l'était nettement moins pour établir un agenda politique. C'était le problème d'être une Uchiha : elle avait hérité de leur constipation émotionnelle et de leur tempérament volcanique !

Donc, lors de ces réunions, Tsunami se contentait d'essayer de n'offenser personne, buvait son thé en silence, et restait collée à ses alliés, c'est-à-dire les Inuzuka et les Nara. Des alliés qu'elle s'était faite en dehors de ces réunions, grâce à ses relations personnelles et informelles. Shikaku Nara était son patron et occasionnellement son mentor, et Tsume Inuzuka était la mère d'une amie de sa sœur. Tsunami était en plus ou moins bons termes avec quasiment tout le monde, sinon. Ses relations avec Hiashi Hyuga étaient un peu froides et celles avec le clan Kurama non-existantes, mais ça allait. Être pote avec les Inuzuka lui donnait aussi le soutien tacite des Aburame, et son alliance avec les Nara mettait également les Yamanaka et les Akimichi de son côté. Donc non, elle n'avait pas vraiment besoin d'aller aux conseils restreints pour se faire des copains.

Elle y allait parce que c'était aussi le meilleur endroit pour prendre le pouls du village.

Jadis… Fugaku Uchiha avait cessé de se rendre à ces réunions, et envoyait un subalterne. Sans doute parce qu'il avait beaucoup de boulot. Mais ça avait été pris comme une insulte, et ça avait contribué à l'éloignement de son clan. Le conseil restreint, c'était là où les clans décidaient de la marche du village. Certes, c'était toujours l'Hokage qui commandait. Mais ce village avait été fondé par des clans ninjas, qui se géraient de façon autonome et avaient toujours beaucoup de pouvoir. Les dissensions qui se créaient, les questions qui étaient posées, les camps qui se formaient dans un débat… Tout ça, ça impactait la politique du village.

Bref. Le conseil restreint.

Tsunami y allait pour surveiller l'évolution de Konoha, essentiellement. Mais… C'était aussi le meilleur endroit pour semer la zizanie.

Comme c'était le cas aujourd'hui.

Au début, la réunion commença paisiblement. Hiashi Hyuga annonça avec raideur que deux membres de son clan allaient se marier (dont Natsu Hyuga, l'unique policière issue de son clan, et une amie de Tsunami). Shikaku Nara bâilla puis déclara d'un air désinvolte que le département de recherche des Nara venait d'entrer en conflit avec le département de recherche de l'hôpital pour une histoire de copyright sur une formule de médicament. Tsume Inuzuka vanta les prouesses d'un membre de son clan qui était passé Jounin. Chōza Akimichi annonça la fermeture d'un restaurant, et l'ouverture d'un autre. Shibi Aburame annonça laconiquement que deux Aburame avaient été promus Chuunin sur le terrain. Inoichi Yamanaka leur fit part du décès d'un ancien du clan. Puis Chōza demanda paisiblement :

– Quelqu'un d'autre a-t-il des annonces ou des questions ?

Tsunami croisa le regard de Shikaku. Le Nara poussa un profond soupir, attirant l'attention du reste de la tablée, puis lâcha :

– C'est galère, mais effectivement… Un sujet a été porté à mon attention par Tsunami Uchiha.

Tsunami aurait dû se douter qu'il la mettrait sous le feu des projecteurs. Shikaku était son mentor, donc hiérarchiquement c'était lui qui avait précédence, et donc lui qui s'adressait au conseil quand ils avaient une question commune… Mais Shikaku n'allait pas pour autant s'accaparer tout le mérite. Ou plutôt, il refusait d'être le seul à être responsable du chaos que ça allait déclencher.

– C'était une question légitime ! protesta Tsunami en prenant un air innocent.

Tsume Inuzuka émit un reniflement goguenard :

– Oh, je sens que ça va être drôle. Vas-y Shikaku, c'était quoi sa question ?

Le chef du clan Nara prit un air résigné, et lâcha d'une voix traînante :

– Qui sera le prochain Hokage ?

Pendant trois secondes, la pièce fut silencieuse. Puis tout le monde se mit à parler en même temps.

Oooh, ça allait être bon.

Tsunami attendait de pouvoir soulever ce sujet depuis des années. Elle savait que ça allait être explosif. Et à présent, eh bien… C'était le moment où jamais. Le clan Uchiha prospérait. Tsunami avait récupéré le rôle de chef de clan un peu à l'improviste, mais elle avait creusé son trou, avait posé des bases solides. Il était temps de faire face à l'intrigue canon. Naruto Uzumaki était devenu Genin. Certes, son équipe et son sensei étaient différents, mais ça ne faisait pas moins de lui le Protagoniste (avec une majuscule !), l'élément perturbateur du destin. Bientôt, les problèmes de Konoha commenceraient… Et Tsunami n'avait pas l'intention de laisser son village les heurter à l'aveugle.

Si Orochimaru arrivait, il serait bon d'avoir un ou deux Sannin déjà dans le village. Et si le Sandaime devait crever, il serait bon que Konoha ait déjà un remplaçant en tête. Et hop, on faisait d'une pierre deux coups.

(Pour ce qui était de l'attaque de Suna, Tsunami ne s'inquiétait pas trop. Leur village était au bord du coup d'Etat, et Tsunami, sur les ordres du Sandaime, avait veillé à ce que Konoha soit en bon termes avec la leader des rebelles. Et pour Gaara, eh bien… Tsunami pouvait probablement le gérer elle-même. Probablement.)

Au bout d'un moment, le ton descendit, et les chefs de clans eurent l'air de se rappeler qu'ils étaient des adultes et pas des gamins énervés en train de se disputer comme des élèves de l'Académie. Ils se calmèrent, commencèrent à discuter plus posément… Puis, très vite, ils réalisèrent qu'ils n'avaient aucun bon candidat au sein du village. Oh, ils avaient des ninjas puissants. Mais chacun d'entre eux avait un ou plusieurs défauts majeurs.

Koharu et Homura, les conseillers de l'Hokage, étaient trop vieux. Ils avaient l'âge du Sandaime, et n'étaient pas aussi puissants que lui : ils ne feraient jamais le poids. Ibiki Morino était haut gradé et bien connu, mais trop peu puissant. Même chose pour Hayama Shirakumo, le chef de la police. Il y avait bien Kakashi Hatake, qui était l'ancien élève du Yondaime ainsi qu'un ninja puissant et célèbre… Mais il était trop instable, trop prompt à l'autodestruction. Son règne ne durerait pas six mois avant qu'il ne fasse un burn out ou qu'il ne se sacrifie noblement pour une cause ou une autre. Gai Maito était son égal en termes de puissance brute, mais il n'était pas un candidat viable. Oh, ce n'était pas en rapport avec sa personnalité (sérieusement, les Kage étaient généralement des cinglés) : c'était juste qu'il était trop peu polyvalent. Et après Kakashi et Gai, il n'y avait pas tant que ça de ninja de rang S dans le village… Certes, Il y avait trois ANBU qui avaient le niveau (leurs noms de code étaient Katori, Shoho, et Yamato, ce que Tsunami se hâta de mémoriser : Yamato était certainement Tenzō, mais elle ne connaissait pas les deux autres) mais ils n'avaient aucune notoriété. C'était des ANBU, leurs identités étaient secrètes. Or, pour être un Hokage légitime, et faire savoir que Konoha était restée forte… Le chef du village devait être connu, avoir une page de Bingo Book, être craint.

Ensuite, une fois les différents candidats éliminés, les noms de différents chefs de clan furent proposés. Après tout, ils étaient des ninjas de rang A, voire même de rang S. Leur candidature devait être envisagée. Sans surprise, il y eut Shikaku Nara…

– Absolument pas. Quelle galère…

Hiashi Hyuga…

– Je refuse. Cela nécessiterait que j'abandonne mon clan pour me consacrer au village. Or, je n'ai pas d'héritier prêt à me succéder.

Chōza Akimichi…

– Ah ah, vous plaisantez ? J'ai déjà les mains pleines en gérant le clan, nos terres, et nos restaurants !

Et, à sa grande surprise, Tsunami elle-même.

– Quoi ?! Ah non non non, ça va pas être possible. Je n'ai pas assez d'expérience et je suis trop jeune !

Et au final, comme Tsunami et Shikaku l'avaient anticipé, les chefs de clans durent se résoudre à faire face à la réalité. Au sein du village, ils n'avaient pas de candidat… Ou du moins, pas de bon candidat.

Oh, en cas d'urgence, ils pourraient nommer quelqu'un : ils n'étaient pas dépourvus de ninjas de rang S. Mais voilà, tous ceux dont les noms avaient été proposés avaient des défauts plus ou moins flagrants. Les autres nations pourraient y voir un signe de faiblesse, et chercher à en profiter. Non, il leur fallait de bons candidats. Et pour ça… Eh bien. Il fallait se rendre à l'évidence. Les seules personnes qui pouvaient prétendre au titre de Godaime étaient les anciens élèves du Sandaime. Autrement dit : les Sannin. Après tout, est-ce qu'Orochimaru n'avait pas été considéré jadis pour devenir Yondaime ? Il était logique de se tourner vers ceux qui étaient aussi craints et respectés qu'il l'avait été jadis…

– Tsunade-sama ou Jiraya-sama, résuma Shikaku d'un air plaintif. Ce sont nos deux seules options.

– Mais ils n'ont pas mis les pieds à Konoha depuis plus de dix ans ! protesta Chinatsu Sarutobi.

Chinatsu était une femme d'une petite trentaine d'année qui ressemblait beaucoup à Asuma. Elle était la nièce du Sandaime, et représentante du clan en attendant la majorité de son petit cousin Konohamaru. Normalement, ça aurait dû être Asuma qui représentait le clan Sarutobi, mais il s'y était toujours refusé. La mésentente entre lui et son père n'était un secret pour personne.

– Douze ans pour Jiraya-sama et quatorze pour Tsunade-sama, corrigea Inoichi d'un air las.

Shikaku poussa un soupir dramatique et laissa tomber sa tête sur la table. Tsunami but posément une gorgée de son thé, puis pointa d'un ton guilleret :

– Et ils n'ont pas la moindre intention de revenir. Jiraya-sensei est irresponsable et a la phobie des responsabilités. Il refuse de prendre un élève, alors de là où devoir gérer un village ! Mais bon, il a gardé contact avec Konoha et envoie des rapports au conseil, donc c'est déjà mieux que Tsunade-sama. Elle a coupé les ponts avec le village, non ?

Shikaku grogna à nouveau, et se cogna le front à plusieurs reprises sur la table comme s'il espérait s'assommer et échapper à cette conversation. Puis il tourna légèrement la tête pour jeter un regard torve à Tsunami :

– C'est de ta faute.

Quelques années plus tôt, Tsunami aurait docilement accepté le reproche. Mais passer cinq années à bosser avec Shikaku permettait d'établir une solide immunité à ses regards noirs, et elle se contenta de renifler dédaigneusement :

– Libre à toi d'ignorer la question et de repousser ça à l'ordre du jour quand le Sandaime cassera sa pipe.

Shikaku plissa les yeux. C'était possible et il le savait, mais c'était aussi une mauvaise idée. Attendre la mort du Sandaime pour revivre exactement le même débat, et se retrouver avec deux Sannin dans la nature, et perdre du temps à les pourchasser, alors qu'on pourrait régler la question dès maintenant et renforcer le village dans la foulée… Ce serait stupide.

– Il faut ramener les Sannins au village, déclara Chōza Akimichi d'un air grave. Je ne vois pas de meilleure option.

Shikaku grogna, le visage pressé contre le bois de la table, puis lâcha sans relever la tête :

– D'accord, d'accord. Une unité de traqueur sera envoyée sur leur piste. Tsume, Shibi, si vous avez des traqueurs familiers avec leur odeur ou leur chakra, envoyez-les-moi. Il faudra aussi trouver une raison pour les rappeler.

– Le Sandaime pourrait leur en donner l'ordre, suggéra Hiashi Hyuga d'un air pincé. Ils n'oseraient pas refuser un commandement direct.

– Oh si, maugréa Chinatsu d'un air mauvais. Tsunade a abandonné son poste lors de la Troisième Guerre, elle aurait dû être déclarée nukenin depuis longtemps. Mon oncle a une faiblesse flagrante pour ses élèves, et ils le savent tous les trois.

Tous les trois. Elle incluait Orochimaru dans le lot, mais personne ne releva. Le nom du Sannin renégat n'était guère prononcé à Konoha, comme si on craignait de l'invoquer.

– Il faut donc faire appel à autre chose que leur sens du devoir ? réfléchit Inoichi à voix haute. Jiraya-sama était très attaché au Yondaime, est-ce que peut-être il pourrait revenir pour veiller sur son… héritage ?

Il y eut un silence où tout le monde se jeta des regards en coin. Parler du Jinchuuriki sans vraiment avoir l'air d'en parler était tout un art. Ils avaient beau être entre alliés, personne ne voulait briser la loi interdisant de mentionner le Kyūbi scellé en Naruto.

– Probablement pas, lâcha pensivement Unkai Kurama (le leader du clan en attendant que l'héritière, Yakumo, soit jugée digne d'hériter). Sinon, il serait revenu dès le décès du Yondaime pour s'en occuper. Douze ans plus tard… Il ne se sent sans doute plus responsable.

– Si jamais il s'est senti responsable à un moment ou un autre, maugréa Inoichi.

Il y eut un court silence tandis que tout le monde ruminait ça et cherchait une alternative. Puis Shikaku releva la tête, les yeux rivés sur Tsunami.

– Puisque c'est toi qui nous as soumis cette brillante idée, je suggère que tu sois en charge de ça.

Hein ?!

Quoi, mais non, mais ça n'allait pas du tout !

– Des traqueurs seront mis à ta disposition, rajouta Shikaku Nara d'un air très content de lui-même. Je te ferai un briefing des informations confidentielles que tu pourras utiliser pour les persuader. Mais tu seras chargée de les convaincre. Après tout, tu es familière avec Jiraya-sama, non ? C'est déjà la moitié du travail de fait.

Les autres chefs de clan se hâtèrent de donner leur approbation, sans doute ravis d'échapper à la corvée. Tsunami leur jeta un regard noir, puis soupira dramatiquement en se résignant à son sort.

Bon sang, dans quoi elle s'était fourrée, encore ? Le but de semer la zizanie était de faire réagir les chefs de clans à la menace, pas qu'ils lui refilent la patate chaude. Et comment Tsunami allait bien pouvoir recruter Tsunade ? Elle n'était pas Naruto !

Elle qui avait hâte que les choses bougent… Elle allait être servie !

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Et voilà !

Alors, pensez-vous que Tsunami a eu tort, ou raison, de mentir par omission à Sasuke en lui donnant sa version de la raison du massacre ?

D'un côté, elle lui a donné quelque chose de très proche de la vérité. Davantage que ce qui lui aurait été donné par n'importe qui (ou du moins, n'importe qui n'essayant pas de le manipuler). D'un autre côté, elle a délibérément laissé des zones de flous pour qu'il puissent interpréter les choses d'une certaine façon, et lui a ainsi dissimulé l'élément le plus important (l'innocence d'Itachi). Etait-ce bien ? Etait-ce mal ? Qu'en pensez-vous ?

Et... Que pensez-vous de ce plot-twist avec le possible retour de Tsunade ?

A dans deux semaines !

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