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Coucou ! Me revoilà ! Ouais, je mets du temps à poster. Mais c'est que je suis débordée par la vie IRL u_u Le taff de notaire stagiaire, c'est intense ! Rien que là, cet aprèm, j'étais dans un dossier de succession avec des maisons en indivisions et des parts de société agricole et BOUM on découvre au milieu du rendez-vous qu'il y aurait eu un bail rural à long terme, et est-ce que ça change quelque chose, on ne sait pas, il faut repointer toutes les parcelles... grrrr.

M'enfin bref. Je me plains mais y a des jours où j'adore ce que je fais, donc bon, je me plains parce que j'aime me plaindre x)

En tous les cas, ça m'a super-touché que beaucoup d'entre vous m'aient envoyé des messages inquiets parce que je postais en retard. C'est ça qui m'a motivé à sortir de ma torpeur, à corriger, et à re-poster. Vous êtes génial, les gens. Ne changez pas =)

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Bref ! Passons aux réponses aux reviews !

Merci Rose-Eliade ! Je vais essayer de garder mon rythme à partir de maintenant, promis x) Pour ce qui est de Tsunami, je n'ai pas tant une playlist qu'une chanson thème. Si tu la cherche, c'est "Uchiha Clan Remix" sur Youtube, j'imagine quasiment tous les combats sur cette musique x)

Yo liamireldib-b ! Tu m'as fait rire avec "les canetons de Tsunami" mais tu n'as pas tort... ils découvrent qu'elle n'est pas infaillible ! Pour la Team 7 comme pour la Team Sunshine, cet exam va être complètement différent du canon. Différentes relations, différentes capacités, différents impacts ! Comme pour la relation Sasuke/Tenten, d'ailleurs x) Ca change tout ! En effet, la Sakura et la Ino du canon auraient été très jalouses. Mais dans cet univers... moins. Sakura a toujours un béguin, mais il est moins intense. Quant à Ino, elle n'a pas d'intérêt véritable pour Sasuke, mais elle prétend en avoir... Alors sa réaction resterait celle du canon, je crois x) Quant à une réconciliation entre elles... Euh... à voir !

Contente que ça te plaise MotsPassants ! Faire de Sasuke un médic est un de mes plus anciens projets d'écriture xDDDD J'adore les fics où c'est LUI qui devient l'apprenti de Tsunade, par exemple. Bon, ça n'arrivera pas là, mais voilà xD

Coucou Papymothe ! "Platonique" ça veut dire, en gros, "sans sexe". Rien de plus. Ca vient du fait que Platon, le philosophe, refusait de se soumettre à la coutume comme quoi les élèves devaient repayer leurs profs pour leur enseignement avec des faveurs sexuelles, voilà voilà. Bref, una amitié platonique ça se dit souvent d'une amitié qui n'a rien de romantique et qui ne va pas aller dans ce sens. Sauf que pour Sasuke et Tenten j'ai pas encore décidé avec qui je les casait, donc tout est possible !

Salut choii-chan ! La motivation, ça va ça vient, et l'inspiration pareil... C'est pas toujours facile ! Mais bon, étant donné que ça faisait des semaines, peut-être même des MOIS, que je n'avais pas écrit sur Tsunami... Mais que j'ai recommencé récemment... J'ai bon espoir ! =)

COUCOU YUEDRA ! Nope Itachi n'avait pas l'info pour Sasuke, dommage x) Et pour ce qui est de Sasuke et de comment il vivra la révélation... On n'en est pas encore là. Tellement de choses peuvent arriver entretemps. Comment le fait que Sasuke devient infirmière xDDDD Eh oui, je te l'avais promis ! Et j'avoue que l'idée d'un Senju prennant un Uchiha comme élève est tentant. Mais c'est déjà fait avec Tenzô qui enseigne à Hikari... Et à l'inverse, on a Tsunami qui enseigne à Tenten (qui descend des Senju) ! C'est poétique. Et j'adore l'amitié Sasuke/Tenten mais je ne sais pas du tout si je vais faire évoluer ça. On verras avec l'inspi x) Pour ce qui est de Tsunami, en revanche, elle a d'autres priorités que d'apprendre les Kekkai, pour l'instant. Ca va rester la spécialité de Karin. Mais à nouveau, j'attends de voir si l'inspi frappe x) Pour ce qui est Hikari, Neji et les ramifictaions du fait qu'Hikari a le chakra des Hyuga... Effectivement ça va poser problèmes. Le putch se rapproche. Mais pas avant l'examen, non x) D'ailleurs, je sens que tu vas aimer cet examen, il va s'y passer pleiiiiin de choses...

Merci Klonoa ! J'avais lu quelques bonnes fics avec Sasuke en médic, mais elles sont en anglais. Il y a "Flip the coin" et "Vapors" notamment, sur AO3, si jamais ça t'intéresse. Pour ce qui est de Sakura et Kiba, j'avoue que là je m'enfonce dans l'inconnu. Ce sont des persos si peu exploités !

Hello Tiph l'Andouille ! Yep, Hikari a le chakra des Hyuga. C'est une tuile. Honnêtement s'il avait le Sharingan ça serait plus simple. Mais là, comme il n'a toujours pas éveillé son Dôjutsu, le doute plane. Et ça ne rassure pas du tout Tsunami...

Hiiiii Hiyoru ça fait un bail ! Tu sais tu es sans doute celle qui lis mes fics depuis le plus longtemps... Ca fait bizarre de penser à ça... x) Ouais, la Team 7 n'a pas un super-esprit d'équipe en règle générale, mais ils sont vachement plus soudés depuis leur mission au pays des Vagues. Et ça va jouer dans la décision de Kakashi de les inscrire à l'examen x) Pour ce qui est de mon manque d'inspi, j'ai décidé de ne pas paniquer. De toute façon ça ne sert à rien x) On verra ce qui se passe !

Coucou Zarakaiy ! Ma fic en anglais s'appelle "knowledge comes but wisdom lingers" sur AO3, mon pseudo y est Ywena =) Je ne savais pas que tu lisais BNHA !

Hello Rindaka ! Contente que ça t'ai plu !

Hey B-8 =) J'ai parfois du mal à écrire, et parfois du mal à ne *pas* écrire. C'est dur ce trouver le juste milieu x) Bref ! Le chapitre ! Yep, les secrets du Sharingan sont révélés et Sasuke encaisse. Et oui, Tsunami ne parle pas de "tuer son meilleur ami", parce que... bah, ce n'est pas vrai après tout. Elle a assisté à la mort de son père et ça a suffit ! Sinon, il y a plein d'autres fics sur Sasuke médic, mais elles sont surtout en anglais. Mais c'est un trope que j'adore, alors forcément, je l'ai resorti x) Et ça contribue à faire évoluer son personnage, s'éloignant de plus en plus du canon !

Coucou FoxyCha24 ! Sasuke en médic, ça va grandement le changer x) Et Sakura et Kiba vont davantage avoir de l'influence l'un sur l'autre que sur Sasuke. La Team 7 va rester une équipe, mais sans Naruto pour les souder, ils vont avoir une dynamique très différente, mwahahahaha.

Yo Redheadead ! Pour une fois tu ne postes pas du tout au dernier moment xDDDDD Oui, Sasuke a dû faire face à des vérités difficiles... Mais eh, au moins, cette fois ça lui a été révélé dans un cadre contrôlé, par quelqu'un qui a essayé d'amener ça en douceur. Ca aurait été plus cruel de le laisser attendre puis de révéler ça dans une situation traumatisante, comme c'est arrivé dans le canon ! Mais de toute façon ce Sasuke est beaucoup moins traumatisé que dans le canon, en règle générale. Oh, il a survécu au massacre pareil, mais il n'a pas le même stress post-traumatique vu qu'il a été pris en charge après-coup, au lieu d'être isolé. Du coup sa façon de voir les choses, et surtout de les encaisser, est plus saine !

Coucou Fraise-du-Sud ! J'ai bien reçu ton MP, et sache que j'ai déjà le principe de ce sceau en tête. Il me semble que Danzo utilise un truc similaire lors de son combat contre Sasuke, pour le tuer. Donc c'est en réserve ! x)

Merci Pasta et bienvenue à bord ! Contente que ça te plaise =)

Tu as lu trop vite Fleur Sauvage x) Mais ça arrive ! Nope, la Team Tsunami (Neji-Tenten-Shin) continue à bosser ensemble !

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Et maintenant, la suite !

Ma Bêta n'avait pas corrigé le chap précédent et je crois que c'était pour le mieux, sinon elle aurait poussé une gueulante vis à vis de Tsunami et de ses choix de vie. Ah, Tsunami... Elle fait de son mieux, malgré tout ! Oh, elle ment, elle triche, elle tue, elle manipule. Mais que voulez-vous, c'est une ninja ! En fait ce qui la rends exaspérante c'est son arrogance... Sauf que comme c'est une Uchiha qui a un kekkei genkai over-cheaté, baaaaaaah son arrogance ets souvent justifiée.

If i wanted to write an underdog story i would write about Sakura.

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Bref ! Quoi de neuf ? Mois je suis toujours à fonds dans ma fic sur MHA. J'ai dépassé les 500 pages ! C'est généralement quand j'arrive à cette longueur de fic que mon inspi commence à s'épuiser, donc j'attends de voir si ma Muse va tenir le coup. J'ai quand même écrit vingt ans de vie de ma SI ! Je suis soufflée. Surtout qu'elle a eu une vie mouvementée, ma petite Toki =)

Et du coup à force d'écrire, d'écrire, d'écrire, et surtout d'écrire sur ce qui se passe genre deux décennies avant le début du canon, bah j'ai fait pleiiiin d'OC. Et du coup je me suis fait des fanart à base de copier-coller photofiltre d'autres fanarts trouvé sur Pinterest, et je commence à en avoir un paquet. Genre une quinzaine d'images dans un dossier "Originals Characters" que je ne sais même pas si je vais toutes les ressortir x) Des fois je passe la soirée sur Pinterest à cause de ça. Ah, j'adorerai savoir dessiner pour crayonner mes OC !

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Bon, on le sais, vous n'êtes pas là pour m'écouter raconter ma vie. Alors... Voici le chapitre !

Ce chap' est une collection de tranches de vies, je crois. Principalement centrée sur Izumi, mais aussi sur d'autres perso.

A propos d'Izumi... Y a des jours où je n'arrive pas à écrire sur elle, et d'autres où ça vient tout seul. C'était le cas ici xD Izumi est la moins motivée des Uchiha par la vie de ninja : elle n'y a pas trouvé sa passion comme les autres. Mais ça ne l'empêche pas d'être à la fois très douée et très déterminée. Ce passage sur Izumi s'est écrit presque tout seul, tellement ça venait naturellement. Et sa motivation quant à Itachi... Je ne sais pas si elle veut le tuer ou juste le secouer comme un prunier jusqu'à ce qu'il s'excuse et qu'il explique, et que ses sentiments confus se remettent à avoir du sens. Mais en tous les cas, si jamais vous vous posiez la question : nope, Izumi n'a jamais cessé d'aimer Itachi. Elle s'est juste endurcie après sa trahison =)

Enfin bref.

Enjoy !

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Suivre son propre chemin

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Izumi était considéré comme la plus douce des membres du clan Uchiha. Ou plutôt, du clan « demi-Uchiha », comme les appelait les mauvaises langues. C'est vrai qu'à côté de sa sœur la chef de clan, ou des gamins caractériels (Karin et son tempérament volcanique, Neji et son côté glacial, Sasuke l'anti-social, et Hikari le farceur, adorable certes, mais qui traînait constamment avec le Jinchuuriki du démon-renard), Izumi avait l'air presque normale. Douce, gentille, patiente, délicate, timide. Cette idée ne tenait la route que si on comparait Izumi au reste du clan, cela dit. Plus précisément, aux mauvais côtés du reste du clan. Parce que oui, Izumi savait mieux se tenir en société… Mais ça ne voulait pas dire qu'elle était plus gentille.

Elle avait hérité du romantisme de son père, et du côté rêveur de sa mère. Mais elle avait aussi leur passion, leur détermination, leur rage. Izumi aimait comme le reste de son clan, férocement et sans merci. Izumi, surtout, était douée. Oh, elle n'était pas une force de la nature comme Tsunami, elle n'était pas prodigieuse comme Itachi… Sa spécialité n'était pas le spectaculaire. Mais Izumi était forte. Elle était dangereuse, silencieuse et létale, capable de tuer d'un effleurement du doigt, de manier les poisons comme les antidotes, capables de mentir, de prendre des décisions en un éclair, d'être implacable et inflexible. Oui, Izumi était quelqu'un de doux, au cœur plein de compassion : mais elle était aussi une kunoichi, une tueuse. Plus que ça : une médic-nin, qui connaissait le corps humain sur le bout des doigts et savait le saboter autant que le réparer.

Il y avait une vieille blague entourant l'équipe 6, l'équipe de Genins d'Izumi : on disait qu'elles étaient trois fillettes qu'on avait voulu former à devenir médic, mais qui étaient devenues assassin à la place. Parce qu'on a beau chasser la naturel, il revient toujours au galop. Hana Inuzuka était une traqueuse spécialisée dans la chasse d'ennemis morts ou vif, et elle était accompagnée de trois chiens qui pouvaient mettre en pièce un Jounin en moins de trois minutes. Hakui était une combattante au taijutsu sans merci, qui pouvait faire face à un Hyuga sans fléchir, et qui avait hérité des réserves de chakra inépuisables de ses ancêtres Senju et Uzumaki. Quant à Izumi… Elle avait poussé la dangerosité à l'extrême. Elle était devenue une experte en embuscade, en poison, en senbons, en shurikens, avec un taijutsu impeccable et des Suiton impressionnants, le tout sous couvert de genjutsu qui la rendait indécelable.

Était-ce vraiment si surprenant, qu'Izumi soit approchée pour rejoindre l'ANBU ?

Sans doute pas pour certains. Mais Izumi était surprise. Elle n'y avait… jamais vraiment pensé. Elle n'envisageait même pas de devenir Jounin ! Oh, elle était consciente de son talent, elle savait qu'elle était sans doute quasiment au niveau Tokubetsu. Mais tout de même… ANBU… C'était spécial. C'était le top du top. Itachi avait été ANBU. Être recrutée également dans cette organisation, c'était une sorte de consécration.

– Hokage-sama, hésita-t-elle. Si je peux me permettre… Pourquoi moi ? Pourquoi pas quelqu'un de plus fort, comme Tsunami ?

Oui, même à dix-huit ans, Izumi n'avait absolument pas honte d'utiliser sa grande sœur comme bouclier humain. Tsunami était une grande gueule, elle avait l'habitude, non ?

Le Sandaime tira une bouffée de sa pipe en silence, puis soupira :

– Les ANBU sont une division d'assassinat. Ce n'est pas la puissance qui est le critère de recrutement. C'est la subtilité, le sang-froid, la personnalité. Tsunami Uchiha n'as pas sa place dans l'ANBU. Mais toi, Izumi, tu serais une addition précieuse à leurs forces.

Izumi songea brièvement à son panel de compétence. La traque, l'empoisonnement, le sabotage, l'embuscade… Oui, effectivement. D'autant qu'elle avait un caractère plus tempéré et davantage de sang-froid que Tsunami, ce qui lui facilitait la tâche pour travailler avec des gens nouveaux…

Dans un autre univers, c'est sans doute Anko qui aurait été recrutée. Létale, dangereuse, experte en poisons. Oui, sans doute… Mais dans ce monde-ci, Anko était membre de la police, et jeune maman de la petite Kinako. Elle n'avait pas le temps d'ajouter des missions d'assassinat à son planning déjà chargé. En revanche… Une Uchiha prometteuse comme Izumi serait une excellente addition à l'ANBU, avec ou sans Sharingan…

– Et pourquoi maintenant ? insista Izumi.

Le début de l'examen Chuunin approchait à grands pas. Les Genins ne tenaient pas en place, aucun Jounin ne prenait de mission loin du village, la police avait augmenté ses patrouilles, et les candidats des autres villages arriveraient dans quelques semaines. Ça ne semblait pas être le meilleur moment pour former une nouvelle recrue dans les forces spéciales…

Le Sandaime haussa un sourcil amusé :

– Quel meilleur moment pour renflouer nos forces ?

Izumi n'avait pas de contre-argument. Elle aurait pu dire qu'elle aimait sa vie de médic, qu'elle n'avait pas vraiment envie de changer… Mais ça n'aurait pas été très patriotique, pas vrai ? Les ninjas étaient supposés avoir l'ambition de toujours mieux servir le village. Se défiler aurait semblé égoïste. Et puis… Le but d'Izumi n'était-il pas d'égaler Itachi, un jour ? L'ANBU l'y aiderai.

– Je… D'accord. J'accepte. Ce serait un honneur.

Peut-être pas. Les ANBU étaient masqués pour une raison, après tout. Ils étaient des assassins, ils faisaient les missions les plus sombres et les moins honorables. Mais… Ils protégeaient le village. Ils étaient essentiels. Izumi avait survécu au Kyūbi, avait survécu à Itachi, et plus jamais elle ne laisserait sa famille être blessée tandis qu'elle restait en arrière, faible et impuissante. Plus jamais.

(Elle n'avait pas de Mangekyō pour affronter Itachi, ou pour sauver sa sœur de la cécité. Elle n'y connaissait rien en Fūinjutsu et ne pouvait ni enseigner à Karin, ni sauver Neji du sceau qui marquait son front. Toutes ses connaissances en Suiton ou en poisons n'aideraient pas Hikari si le clan Hyuga découvrait son secret. Et aucun genjutsu ne pourrait permettre à Sasuke de trouver la paix après ce qu'il avait subi. Izumi se sentait parfois si impuissante. Mais… Elle était une médic, douée pour soigner et pour tuer. Alors ça, rejoindre l'ANBU… Elle pouvait le faire.)

Le Sandaime lui sourit avec bienveillance, puis se tourna vers l'ANBU qui se tenait à côté de lui, un homme imposant au masque de loup intimidant.

– Ookami, je te la confie. Vois avec Shoho pour son assignation.

L'ANBU inclina la tête puis s'avança soudain d'un pas, et Izumi se raidit inconsciemment. Quand elle avait été convoquée, elle avait bien noté que le bureau était désert mis à part pour l'Hokage et cet ANBU, mais elle n'avait guère prêté attention à l'homme masqué. Mais maintenant, difficile de l'ignorer : il faisait quasiment deux mètres de haut.

– Bien, lâcha l'ANBU d'une voix rocailleuse. Rends-toi au terrain d'entraînement numéro 44 pour y être évaluée.

Et il se volatilisa en Shunshin. Izumi grimaça. Le terrain d'entraînement 44, vraiment ? La forêt de la Mort ? Elle savait que les cinglés comme Anko (et Gai. Et Genma. Et Tsunami. Et…. En fait, pas mal de gens) s'y entraînaient volontiers, mais pas elle. Izumi aimait les endroits propres où des limaces suceuses de sang ne tombaient pas du ciel et où les trois quarts de la faune locale n'étaient pas boostés aux stéroïdes, merci bien.

Pas très sûre de l'étiquette à suivre, elle salua maladroitement l'Hokage (qui sembla plus amusé qu'autre chose par son embarras) puis fila en Shunshin également. Elle n'était pas une traqueuse, mais après avoir passé six ans dans la même équipe qu'Hana Inuzuka, elle avait quand même une certaine compétence en la matière. Elle retrouva sans mal la piste d'Ookami et le suivit tandis qu'il zigzaguait entre les arbres massifs de la forêt de la Mort, évitant tigres et insectes géants jusqu'à une petite clairière. La traque dura bien quinze minutes, comme un jeu de cache-cache particulièrement mortel. Izumi avait cependant bien conscience que si Ookami avait voulu la semer complètement, il l'aurait fait. C'était un ANBU, un expert dans l'art de disparaître, après tout !

Dans la clairière se trouvaient deux autres ANBU. L'un avait un masque orné de motifs jaunes qui n'évoquaient aucun animal en particulier, et l'autre un masque de chat avec un motif asymétrique noir et vert. Ookami ne les présenta pas. Il leur ordonna juste de combattre afin de tester leurs limites, et de l'impressionner.

Izumi s'y attendait (il n'y avait pas trente-six moyens d'évaluer une potentielle recrue) mais elle n'apprécia pas le reniflement de dérision qu'émit le gars au masque jaune en la mesurant du regard. Elle étrécit les yeux. Rien que pour ça, elle allait l'écraser en premier.

Puis l'homme au masque de chat attaqua, l'homme au masque jaune suivit, et Izumi se glissa dans l'action.

Chaque ninja avait son propre style. Pour un amateur, le taijutsu était toujours un enchaînement de coups rapides mêlés à des acrobaties, mais un expert pouvait déceler les racines de l'enseignement de chaque combattant, trouver sa touche personnelle, y détecter sa spécialité. Izumi était douée pour ça. Analyser, trouver le style, s'y adapter, se faufiler dans les faiblesses de l'adversaire. On avait tendance à l'oublier, parce que dans toute la famille Uchiha ils étaient des monstres qui balançaient des tas de ninjutsu clinquants, mais Izumi avait toujours été l'une des meilleures kunoichi de sa génération en taijutsu.

Le style Uchiha, tout en coups puissants et flamboyant, était sa base. Mais ensuite, chacun l'adaptait à sa manière. Dans sa famille, seul Sasuke utilisait le style Uchiha classique. Il était vif et direct, pressant son adversaire avec agressivité, complètement focalisé sur la victoire. Tsunami était moins directe (elle tendait à esquiver plutôt qu'à bloquer) mais plus brutale et plus sournoise à la fois, avec des mouvements volés à d'autres styles qui la rendaient plus imprévisible. Hikari avait à peu près le même style que Tsunami, mais plus agile encore, virevoltant autour de son adversaire, et évitant les frappes massives au profit de coups précis qui évoquaient distinctement le Poing Souple des Hyuga. Quant à Izumi, eh bien… Quand elle avait été diplômée de l'Académie, son style était sans doute basé à 80% sur le style Uchiha classique. Maintenant, avec toutes les diverses influences qu'elle avait absorbé comme une éponge ? Sans doute 50%, guère plus. Le reste était un mélange indistinct de différents styles, différentes influences, et de ses propres techniques.

Izumi bondissait, esquivait, se coulait sous les coups, parait, bloquait : les deux ANBU étaient forts, mais elle était forte elle aussi, plus agile, plus rapide, évitant les coups directs pour attaquer dans leur dos ou à des angles improbables. Sasuke se battait comme un faucon fondant sur sa proie, Hikari comme un chat jouant avec une souris, et Tsunami comme un lion ou un tigre affrontant un rival, mais Izumi était un serpent. Elle louvoyait, esquivait, suffoquait l'adversaire, et elle n'avait besoin que d'un coup pour emporter le combat. Ses scalpels de chakra déchiraient les muscles en profondeur. Ses kunais et ses gants imbibés de poison paralysaient au moindre contact. Un coup bien placé pouvait lui permettre de d'endommager le corps de l'ennemi jusqu'aux organes, tant Izumi avait fait du ninjutsu médical son arme.

Bon, elle aurait aimé vaincre ces deux ANBU, soyons honnêtes, mais elle savait qu'ils étaient des ANBU, et qu'ils étaient deux, donc ils avaient un gros avantage. Izumi se retrouva une ou deux fois en difficulté… Et elle ne fut pas surprise quand Ookami mit fin au match sans qu'il y ait de victoire décisive.

En revanche, le gars dédaigneux au masque jaune était par terre, les jambes paralysées, et sous l'emprise d'un genjutsu qui le faisait baver comme une limace. Izumi en était plutôt fière.

– Est-ce qu'il faut l'emmener à l'hôpital ? lâcha le gars au masque vert d'un ton plat.

Izumi secoua la tête et s'agenouilla à côté de l'ANBU au masque jaune :

– Non. Je sais soigner toutes les blessures que j'inflige.

Elle atténua le genjutsu sans le lever, afin que le blessé ne se débatte pas. Puis elle soigna sa paralysie et les autres lésions qu'elle lui avait infligé (notamment une déchirure des ligaments), avant de finalement lever le genjutsu d'un claquement de doigts. Techniquement, on dissipait un genjutsu avec le mudrâ de la rupture, le fameux « Kai ! », mais Izumi avait découvert que ça marchait tout aussi bien avec un autre geste… Et claquer des doigts avait aussi l'avantage de lui donner un petit air insolent qui faisait grincer des dents les autres ninjas. Alors forcément, Izumi adorait.

– Très bien, lâcha Ookami. Neko, Kishobu, vous pouvez retourner à vos occupations. Uchiha, avec moi.

Neko et Kishobu (agent « chat » et agent « iris jaune » ? Ils manquaient d'imagination dans l'ANBU !) s'inclinèrent sans un mot puis se volatilisèrent, même si Kishobu donna distinctement l'impression de regarder Izumi de haut en bas avec une appréciation nouvelle. Ookami fit signe à Izumi de le suivre, puis bondit dans les arbres, et se dirigea de l'autre côté de la forêt de la Mort.

Ce n'était pas… illogique. S'il y avait une base secrète de l'ANBU, elle ne se trouvait sans doute pas au milieu du village, entre un stand de ramens et une boutique de sous-vêtements, mais plutôt dans un recoin isolé. Izumi suivit Ookami en silence, bondissant de branches en branches, évitant souplement les lianes qui pendaient de la canopée, et utilisant de brefs sauts en Shunshin pour passer dans le dos des tigres, centipèdes et autres bestioles monstrueuses qui rôdaient dans les arbres.

– Être recruté dans l'ANBU se fait sur recommandation, lâcha soudain Ookami de sa voix rocailleuse. La plupart des recrues reçoivent une mission de deux semaines qui est en réalité une évaluation intensive de leurs capacités, souvent dans cette forêt. On les recrute par groupe de cinq ou six, et on les fait combattre, traquer, poursuivre, et s'entraîner jusqu'à épuisement, jour et nuit, jusqu'à ce que les meilleurs émergent. Les recrutements individuels, comme le tien, sont plus rares.

– Ah bon ? fit Izumi d'un ton incertain.

– Mmh. Ça signifie que l'Hokage a jugé qu'il n'était pas nécessaire de te faire passer une évaluation intense. Soit la personne qui t'a recommandé a sa confiance absolue, soit c'est Sandaime-sama lui-même qui t'as recommandé.

Le nombre de personnes en qui l'Hokage avait confiance était plutôt courte ces temps-ci. Peu de gens le savait, mais Izumi était au courant de la trahison de Danzō, elle savait à quel point la position du Sandaime était instable. Ses proches étaient sans doute Jiraya, Tsunade, et peut-être Shikaku Nara. Aucun de ces trois individus ne connaissait assez Izumi pour la recommander personnellement.

Ce qui voulait dire que c'était l'Hokage lui-même qui avait décidé de la recruter, et Izumi ne savait pas du tout si c'était une bonne ou une mauvaise chose.

– Ce test que tu viens de passer était à ma demande, continua Ookami d'un ton égal. Pour me permettre de te voir combattre et évaluer ton niveau. Ton futur capitaine te demandera certainement une démonstration de ce genre. Mais ça viendra plus tard. Tu ne seras pas affecté à une unité immédiatement.

– Ah ? Et, hum, qu'est-ce qui va se passer, immédiatement ?

– De l'apprentissage. Des méthodes de traque furtives ou de déplacement silencieux ou encore genjutsu spécifiques aux ANBU, par exemple. Notre langage des signes, et notre langage oral codé. La localisation des points de rendez-vous. Normalement, cela t'aurait été enseigné au cours de l'évaluation, sur deux semaines. Puisque tu as déjà été jugée digne de rejoindre l'organisation, cela dit, toutes ces choses te seront enseignées sur les prochaines vingt-quatre heures par le capitaine Shoho. Puis il choisira ton équipe en fonction des besoins de l'organisation.

– Hokage-sama a mentionné un Shoho…

Ookami inclina la tête. Ils arrivaient au bout de la forêt. Les arbres étaient encore trop denses pour en voir la lisière, mais il y avait moins d'animaux, et le feuillage au-dessus d'eux devenait moins épais, laissant passer davantage de lumière.

– L'ANBU est divisé en plusieurs unités de huit à vingt personnes, chacune divisée en équipes. Typiquement il y a douze unités. Shoho est en charge de l'unité quatre, et a trois équipes sous son commandement. Tu seras assignée à l'une de ces équipes.

Sans manquer ralentir, il tira de sa poche un grand objet lisse et aplati enveloppé dans du tissu. Un manteau, réalisa Izumi quand il le lui lança. Elle l'attrapa au vol, et cligna des yeux. Le manteau était plutôt une sorte de cape, qui lui tomberait sans doute jusqu'aux genoux si elle la mettait… Et emballait un objet plat qui se révéla être un masque. Mais pas un masque animal… Il était plus plat, et davantage humain que ceux des ANBU (et sans doute encore plus glauque à cause de cela).

– C'est un masque de recrue. Mets-le, avec le manteau pour masquer tes vêtements : la tunique violette n'est pas très remarquable, mais l'emblème Uchiha dans ton dos est trop distinctif.

Un peu penaude (elle n'y avait pas pensé du tout), Izumi s'exécuta. Elle ne mit pas le masque tout de suite, cependant, l'observant avec hésitation. Ookami lui jeta un bref regard par-dessus son épaule :

– Ce masque, tu le porteras jusqu'à ce que Shoho t'assigne à une équipe. Après cela… Tu seras aussi libre d'ôter le masque si tu le désires. Le visage de certains ANBU n'est pas un secret au sein de l'organisation. D'autres cachent leur identité à tout prix, avec des genjutsu, des modulateurs de voies, des perruques, et surtout en gardant le masque à tout instant. Tu es libre de choisir ton degré d'anonymat. La seule règle absolue est de ne jamais parler de tes missions d'ANBU hors du QG. Que ce soit tes proches ou un supérieur hiérarchique, tu as l'interdiction de briser le tabou du secret avec quiconque… A l'exception de l'Hokage, bien sûr.

– Bien sûr, répéta Izumi.

Elle glissa le masque sur son visage. Il n'y avait pas de lanière pour le tenir en place, mais une espèce de sceau adhésif au niveau du front et un autre au niveau du menton.

Ils étaient presque arrivés. Ils émergèrent de la forêt, et Ookami bondit par-dessus la barrière qui encourait le terrain d'entraînement sans ralentir. Ils étaient encore à plusieurs kilomètres de tout bâtiment (la forêt de la Mort était très isolée, pour une bonne raison !), mais Ookami bifurqua vers un sous-bois clairsemé et, au bout d'une centaine de mètres, souleva une trappe parfaitement cachée sous un buisson épineux.

– Le QG a plusieurs entrées, fit-il en commençant à descendre les escaliers (Izumi referma la trappe derrière elle, et le tunnel s'illumina aussitôt : le plafond était recouvert de pierres phosphorescentes). Ceci est l'entrée numéro sept.

Ils arrivèrent dans une sorte de hall meublé de tables et de chaises, où une petite douzaine de personnes étaient dispersées. Certains lisaient, d'autres jouaient aux cartes, d'autres encore semblaient simplement discuter. Tous portaient des masques d'ANBU. Izumi se demanda brusquement s'il y avait des gens qu'elle connaissait. Elle aurait aimé avoir les talents de sensor de Karin, en ce moment.

Aucun des ANBU ne se tourna à l'arrivée d'Izumi et Ookami, mais la jeune fille n'avait pas besoin d'être un sensor pour sentir la façon dont leur attention s'était portée sur elle. A cause de son masque de recrue, sans doute… Mais aussi le fait qu'elle soit, de toute évidence, une recrue individuelle, sélectionnée par l'Hokage. Izumi se sentit soudain aussi nerveuse que lors de la rentrée à l'Académie, quand tous les enfants s'évaluaient nerveusement, inquiets d'être jugés par leurs pairs.

– Shoho, appela Ookami. Ta recrue est arrivée.

Un homme se leva avec un grognement d'acquiescement. Il avait les cheveux brun et hérissés, une stature imposante sans être massive, bref, aucune caractéristique distincte. Son masque était ovale et lisse, avec des motifs rouge-orangé qui ressemblaient à des volutes de fumée. Il fit signe à Izumi de le suivre, et se dirigea vers un couloir transversal. La jeune fille trottina à sa suite en silence, incertaine. Ookami n'avait pas été bavard, mais il était calme, clair, et attentif. Shoho semblait plus grognon. Enfin, pour autant que quelqu'un puisse sembler grognon avec un masque.

Shoho la guida jusqu'à un autre tunnel, avec d'autres issues, mais aussi des petites cellules. Des placards, des zones de stockages, un ou deux laboratoires, mais aussi des bureaux. C'est dans l'un ces bureaux que Shoho entra. L'ameublement était sobre : une table, deux chaises, un placard fermé par un sceau rouge sang collé sur la porte, un coffre ouvert dans lequel trônaient quelques classeurs à moitié vide. Shoho referma la porte derrière Izumi, puis alla s'asseoir sur une des chaises… et (à la grande surprise de la jeune fille), retira son masque.

Il devait avoir une petite trentaine d'années. C'était un homme aux traits droits et durs, et un regard perçant qui évoquait celui d'un oiseau de proie.

– Tu peux retirer ton masque ici, déclara-t-il d'un ton bourru. Je sais déjà qui tu es.

Izumi hésita, puis s'exécuta. Shoho la scruta un instant, puis lâcha :

– Tu entendras les ANBU m'appeler par plusieurs noms. Shoho, Kinoto et Zō. Il s'agit de leurres. Kinoto est le nom que j'utilise en tant que Jounin non-masqué, Zō est le masque que j'utilise pour les missions internes à Konoha. Ces deux identités doivent rester distinctes de celles de Shoho. Ce n'est pas rare par ici : plusieurs ANBU ont de fausses identités. Il sera attendu de toi que tu les mémorises toutes et en aucun cas tu ne dois les compromettre.

Le nom Shoho signifiait la base, ou les fondations ou encore les rudiments de quelque chose. Curieux nom pour un capitaine. Moins imposant que (qui signifiait éléphant) ou que Kinoto, qui était un prénom un peu bizarre en rapport avec l'astrologie. Mais Izumi n'était pas ici pour faire de l'étymologie, elle était ici pour apprendre, alors elle inclina docilement la tête :

– Oui, taïcho.

– Hum. Bon, commençons…

Et il se lança dans une des leçons les plus rapides, dense, et complexes qu'Izumi ait eu à subir (et ça, c'était en comptant ses leçons d'anatomie nerveuse à l'hôpital). Le langage codé des ANBU, tant verbal que par signes : leurs itinéraires : les issues secrètes du village : la hiérarchie… Tout ça en un cours rapide comme un tir de mitraille, et dont Izumi devait retenir chaque mot. Autant dire que c'était un peu étouffant. Mais c'était un test, ça aussi. Alors Izumi serra les dents, et mémorisa. Il fallait qu'elle retienne tout. Il fallait qu'elle passe : il fallait qu'elle réussisse.

Izumi était considéré comme la plus douce des Uchiha. Mais elle était une Uchiha, et dans leur famille, ils se battaient les uns pour les autres. Izumi n'aimait pas la violence mais quand on lui offrait la possibilité de devenir meilleure, plus forte, plus dangereuse, plus compétente… Choisir l'inaction aurait été une trahison. Tsunami se mesurait à ses ambitions infinies, Sasuke au fantôme de son clan disparu, et Hikari à un idéal mal défini… Mais depuis le massacre, Izumi s'était toujours mesurée à une unique personne, un but à atteindre, un objectif à dépasser. Devenir meilleure qu'Itachi Uchiha.

Izumi n'avait pas de solution au problème du Mangekyō. Elle ne pouvait pas réconforter Sasuke, à qui on venait de révéler que son frère l'avait laissé en vie non pas par amour, mais pour lui voler ses yeux. Elle ne pouvait pas soigner définitivement sa sœur, qui lui faisait si aveuglement confiance (et parfois Izumi en avait la gorge serrée : comme Tsunami pouvait-elle tellement se reposer sur elle ? Comment pouvait-elle lui confier sa vision, comme ça, avec la foi absolue qu'Izumi allait réussir à la sauver ? Parce qu'Izumi ne faisait que ralentir l'inévitable, elle n'avait pas de vraie solution… !). Elle ne pouvait pas sauver Hikari du clan Hyuga, si jamais ils se mettaient en tête de le tuer ou de le sceller.

Mais Izumi pouvait devenir meilleure qu'Itachi. L'affronter, le vaincre… Le tuer, peut-être. Faire en sorte qu'il ne soit plus jamais une menace.

Et entrer dans l'ANBU la rapprochait un peu plus de son objectif.

oOoOoOo

Les étrangers commençaient à arriver à Konoha. Des Genins de Suna, de Kiri, de Taki, de Kawa, de Kigan, de Kusa. Aucun de Kumo, ni d'Iwa, les deux nations avec lesquelles Konoha avaient les relations les plus tendues : c'était déjà ça. Mais bon, ça faisait quand même beaucoup d'étrangers à loger, nourrir, surveiller. Les Jounins étaient sur les dents.

A la Section Commandement, Tsunami épluchait la liste des participants. Evidemment ce document n'était officiellement transmis à Konoha qu'à la dernière minute, quand les Genins étaient déjà dans le village… Bah, peu importait. Tsunami feuilletait les dossiers, espérant qu'un nom frappe sa mémoire et lui donne un indice sur ce qui allait se passer. Ses souvenirs-rêves étaient parfois incomplets ou un peu flous, mais ça restait une mine d'information.

Par exemple… Dosu Kinuta, Kin Tsuchi, et Zaku Abumi. Les photos qui accompagnaient leurs dossiers (bien piètre nom pour désigner une unique demi-feuille de papier avec leur identité, leurs âges, et les infos que leur village voulait bien donner aux examinateurs de Konoha !) étaient familières. Premièrement parce que Tsunami les avait déjà vus. Ou plutôt, elle avait déjà vu l'un d'entre eux… Dosu avait fait partie des Genins participant au tournoi final de l'examen Chuunin de Suna, six mois plus tôt. Et deuxièmement… Ils étaient familiers parce que c'était des personnages du canon. C'était des ninjas d'Oto, dans l'histoire d'origine, où ils avaient également participé à l'examen Chuunin (et sans doute aidé à l'invasion). Plus précisément, c'était eux qui attaquaient l'équipe 7 après leur combat contre Orochimaru, afin de tester leurs forces… Et qui étaient vaincus par Sasuke, qui venait d'être marqué du sceau maudit du Sannin.

Une autre équipe était familière… Jirōbō, Tayuya et Kidōmaru. Ces trois-là, Tsunami les avait vu à Suna aussi, mais elle les y avait immédiatement reconnus. Ils faisaient partie du Quintet du Son, cette équipe qui, dans le canon, avait été chargée d'escorter Sasuke de Konoha à Oto lorsque celui-ci avait déserté. Bon, ils seraient des adversaires formidables, et ils maîtrisaient tous la marque maudite d'Orochimaru. Tsunami aurait ardemment voulu les espionner, à Suna… Mais ils avaient apparemment échoué lors de la seconde tâche et étaient rentré chez eux immédiatement après. Ce qui était vraiment dommage, parce que durant les quelques jours où Tsunami les avait espionnés en envoyant ses Invocations prétendre être des chats errants à proximité d'eux… Ils avaient mentionné leur sensei.

Leur Jounin-sensei, qui était apparemment nommé Kabuto Yakushi. C'était écrit noir sur blanc dans leur dossier. Et n'était-ce pas absolument fascinant, comme coïncidence ?

Avec ça, Tsunami était à présent certaine à 200% qu'Orochimaru était le nouveau mystérieux Kage qui avait poussé le petit village de Kusa dans une nouvelle ère, plus prospère et plus terrible à la fois. Malheureusement, elle n'avait aucune preuve tangible qu'elle puisse apporter à Shikaku… Et donc au reste de la Section Commandement.

Zut.

Bon, elle avait fait de son mieux, et elle avait sans doute planté l'idée dans la tête de Shikaku. Par exemple, en mentionnant qu'il faudrait sans doute un scientifique brillant pour avancer la science du pays au point que Kusa n'ait soudain plus besoin d'importer ses médicaments. Ou encore, que le mystérieux nouveau Kage était sans doute un nukenin ou un criminel, car peu de village cherchaient à dissimuler l'identité de leur plus puissant ninja de cette façon. Mais voilà, même si Shikaku avait envisagé le scénario « Orochimaru est à Kusa », il n'en avait pas fait une certitude.

Bon. Au moins Konoha était préparée à une attaque. Certes, une attaque venant de Suna, et liée à leurs problèmes internes plus qu'à une volonté d'invasion, mais tout de même. Les plans d'évacuation et de contre-attaque étaient préparés, les Jounins avaient été mobilisés… Pour l'amour du ciel, Tsunami avait même ramené Tsunade et Jiraya ! On pouvait difficilement mieux augmenter les défenses du village. Mais quand même, Tsunami n'était pas tranquille.

Bref. Où en était-elle ? Ah oui, chercher des noms familiers dans la liste des participants. Elle avait déjà trouvé ces six-là dans les envoyés de Kusa. Tsunami continua donc à éplucher sa liste, mais ne reconnut pas d'autres noms. Aucun personnage canon… Ou du moins, aucun personnage canon important dont elle se serait souvenue.

Elle passa à la liste des candidats venus du pays de l'Eau. Hum. Il n'y avait que quatre équipes, soit douze Genins. C'était peu. Et si aucun d'entre eux ne parvenait à la troisième épreuve, le fameux tournoi public… Le Mizukage n'aurait aucun prétexte pour venir à Konoha. Ah ah ! Est-ce que c'était quelque chose d'exploitable ? En s'assurant que les Genins de Kiri étaient éliminés de la compétition, on pouvait s'assurer que le Mizukage ne vienne pas. Et beaucoup de gens à Konoha préféreraient que le Mizukage (leader d'un village sanguinaire, détenteur d'un kekkei genkai vicieux, épéiste renommé, et un total inconnu sur l'échiquier politique !) ne vienne pas à Konoha.

D'un autre côté, il y avait aussi des gens qui voulaient que le Mizukage vienne, parce que sa venue aurait pas mal de bénéfices. Créer de bonnes relations avec le pays de l'Eau, déjà. Favoriser le commerce. Prendre la mesure de ce nouveau Kage dans un environnement qui avantageait Konoha. Lui faire une démonstration de force, pour qu'il y réfléchisse à deux fois avant de s'imaginer devenir leur ennemi…

Tsunami y réfléchit dix secondes. Puis elle réalisa que si elle y pensait, alors ça voulait dire que Shikaku y avait déjà pensé bien avant elle, et qu'il était sans doute parvenu à ses propres conclusions. Tout comme le reste des hauts-gradés. Soyons honnête, si Inoichi ou Ibiki ou tout autre examinateur avait décidé de saboter Kiri, ce n'était pas Tsunami qui allait leur apprendre à faire leur métier.

Vaguement amusée, Tsunami retourna à son étude de dossiers. Et… Elle ne reconnaissait absolument aucun nom là-dedans. Elle se serait attendue à voir Chōjurō, au moins. Si ses souvenirs étaient bons, il était dans la bonne tranche d'âge : il n'avait qu'un ou deux ans de plus que Sasuke, non ? Même chose pour Suigetsu, le petit frère de Mangetsu… Mais bon, peut-être qu'ils étaient déjà Chuunin. Ou peut-être que Kiri gardait précieusement ses apprentis Épéistes en sécurité au village… L'ordre des Sept Épéistes Légendaires avait fondu comme neige au soleil, après tout. Deux apprentis vivants, et loyaux au village, c'était sans doute une ressource précieuse.

Elle passa à la pile de dossiers suivante : les candidats venus de Suna. Là, par contre, elle ne feuilletait pas les fiches au hasard. Elle savait ce qu'elle cherchait. Les chances étaient minces, parce qu'après tout, lors du dernier examen Chuunin, le Kazekage avait pris soin de tenir son Jinchuuriki à distance, mais là…

Bingo !

Gaara, Temari et Kankuro. Leurs dossiers étaient minces mais il était bien mentionné qu'ils étaient les trois enfants du Kazekage. Et leur Jounin-sensei était…

Tsunami dut y regarder à deux fois. Parce que leur Jounin-sensei n'était pas listé comme étant Baki, mais comme Pakura. Comme Pakura, la Jounin de rang S qui allait tenter un coup d'Etat dans pas longtemps. Wow.

– J'imagine que c'est vraiment la preuve que le Kazekage ne s'attend pas à ce que sa rivale quitte Konoha vivante, lâcha-t-elle à voix haute.

– Oui, c'est assez flagrant, non ? fit une vois amusée.

Tsunami leva la tête. A part Shikaku, il n'y avait pas grand monde qui venait la chercher dans son bureau. Mais pour une fois, ce n'était pas le Commandant Jounin qui se tenait adossé à l'embrasure de sa porte. C'était un visage bien plus familier…

– Atsuo !

Son ancien coéquipier lui adressa un petit sourire. Ils ne se croisaient plus beaucoup, ces temps-ci, chacun ayant des occupations très différentes. Tsunami était quasiment sûre qu'Atsuo était ANBU, d'ailleurs.

– Qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna-t-elle.

– Inoichi-san m'a dit que je te trouverais ici. On va travailler ensemble pour la durée de l'examen : je fais partie de l'équipe chargée de surveiller le démon qu'ils essaient de glisser dans la compétition.

Dans le canon, le fait que Gaara soit un Jinchuuriki était une totale surprise pour les protagonistes. Tsunami réalisait à présent que ce n'était pas parce que c'était un secret, mais plus vraisemblablement que c'était parce qu'ils étaient Genins… Et donc tout en bas de la chaîne hiérarchique. Ils ignoraient tout de Gaara parce que personne n'avait jugé utile de leur dire, pas parce que personne n'était au courant !

Parce que, actuellement… Tout le monde savait. Enfin, tous les gens importants. Konoha n'avait plus un aussi bon réseau d'espions qu'au temps de Danzō, mais ils avaient quand même de bonnes taupes. Ils avaient Jiraya. Ils avaient Tsunami elle-même, qui était allée à Suna moins de six mois plus tôt et avait copiné avec des gens qui voulaient détrôner le Kazekage. Tous les hauts-gradés de Konoha savaient qui était le Jinchuuriki de Suna. Sérieusement, si le Kazekage comptait l'utiliser comme une arme secrète… C'était sérieusement compromis.

Tsunami n'était pas officiellement chargé de surveiller Gaara. Mais en tant que Maître des Sceau et au vu de son expérience (notamment le fait qu'elle soit en bons termes avec Pakura), elle serait en première ligne si ça dégénérait.

– Sûr, acquiesça la jeune femme. En quoi je peux t'aider ?

– Il me faut un briefing sur ses capacités, et sur les meilleurs moyens de le contenir. Inoichi-san m'a déjà donné un dossier sur les infos que nos espions nous ont rapportés, mais si tu peux y ajouter quoi que ce soit…

– Pas de problème. Je peux voir le dossier ?

Atsuo lui passa un rouleau assez mince. Tsunami le déroula, et fit la grimace. Ouais, aucune information nouvelle là-dedans. Le sujet s'appelait Gaara, manipulait le sable, s'en servait comme arme offensive ou comme armure, était virtuellement intouchable, avait survécu à plusieurs tentatives d'assassinat… Il exhibait des tendances sadiques ou sanguinaires, était haï par son village, terrifiait les gens par sa violence… Rien que Tsunami ignorait.

– Ok, je vais te faire un briefing. Hum, peut-être que je devrais le faire à toute ton équipe, d'ailleurs…

– On sera trois Tokubetsu Jounins, lui offrit Atsuo. Je n'ai pas encore leurs noms, mais on doit se rencontrer demain : tu peux me faire le briefing aujourd'hui, et je leur transmettrais.

L'Hokage prenait cette histoire au sérieux. Tsunami haussa un sourcil :

– Des Tokubetsu ? Pas des…

Elle laissa sa phrase en suspend et fit un geste qui, dans le langage des signes des ANBU, signifiait justement ANBU. Enfin, elle espérait que ça signifiait ANBU. Elle avait un peu extrapolé, et ce n'était pas comme si elle avait souvent vu des ANBU converser en langue des signes ! Elle avait juste assisté à deux « conversations » de ce genre à proximité de la station de police (les ANBU et la police restaient séparés, mais collaboraient assez fréquemment). Ce n'était pas comme si elle avait une liste de vocabulaire… Mais, à sa grande satisfaction, Atsuo eut l'air exaspéré :

– Où tu as appris ça ?

Tsunami sourit de toutes ses dents. Et pan, voilà qui confirmait la chose : Atsuo était bien un ANBU. Wow, elle était vraiment trop forte.

– Eh, ce n'est pas de ma faute si tes copains masqués pensent que personne ne peut craquer leur langage des signes top-secret. Ça veut bien dire ANBU, alors ?

Atsuo renifla avec amusement :

– Non, mais ça y ressemble : j'imagine que ça prouve que tu n'as pas observé la conversation codée avec ton Sharingan. Il n'y a pas vraiment de signe pour ANBU. Le signe que tu viens de faire signifie épluche-légumes.

– … Il y a un signe pour dire épluche-légumes dans le langage ANBU, mais pas un pour dire ANBU ?! Pourquoi ?!

– C'est classifié.

Tsunami en resta bouche bée deux secondes. Puis elle se mit à postillonner, gesticulant avec indignation :

– Q-Quoi ? Tu ne peux pas juste me dire ça et me laisser en plan !

– Je peux. La preuve…

Et il tourna les talons. Comme ça ! Le fourbe !

Tsunami s'éjecta de son siège, et se précipita à sa suite. Cela dit, malgré sa hâte, elle n'oublia pas de refermer son bureau avec un sceau de verrouillage. Ce qu'il y avait dedans n'était pas spécialement sensible mais Shikaku était étonnamment maniaque pour un Nara, surtout au sujet du respect des mesures de sécurité. En quelques enjambées, elle eut rattrapé Atsuo, et lui jeta un regard mauvais. Il eut l'audace de ricaner d'un air narquois. Pfff ! Quand ils ne se connaissaient pas bien, elle avait trouvé Atsuo rigide, timide, un peu coincé. Mais une fois sa carapace brisée, il s'avérait être plein d'humour et vaguement théâtral. C'était marrant quand ça arrivait aux autres, mais un peu moins quand c'était d'elle qu'il se moquait !

C'était… à la fois un peu agaçant, un peu amusant, et étonnamment nostalgique. Ils avaient été membres de la Team Shisui durant huit mois. Combien de fois Atsuo s'était-il moqué d'elle, ou de Tokuma, ou même de Shisui ? Combien de fois Tsunami et lui s'étaient taquinés de cette façon ? Combien de piques, de sarcasmes, de blagues d'initiés ? Il avait à peine suffi qu'Atsuo lui adresse la parle pour que Tsunami retrouve leur vieille camaraderie. Comparé à une vie, huit mois, ça ne faisait pas beaucoup, mais… ça avait été une part importante de leur carrière. Une part importante de leur existence. Même des années après, c'était doux-amer de se dire que c'était fini. Ils avaient tous des carrières différentes maintenant, et Shisui était…

Tsunami s'écarta délibérément de ce cheminement de pensée. D'un ton dégagé, elle lança à Atsuo :

– Tu viens de me révéler que tu fais partie des ANBU, tu sais.

Son ami haussa les épaules avec décontraction :

– Ce n'est pas exactement top-secret. Mes Doton sont très reconnaissables. Et puis, le principal, c'est que tu ne saches pas quel ANBU.

Rien que pour ça, Tsunami pariait que son masque (ou son nom de code) était un truc ridicule. Peut-être papillon ou gastéropode ou un truc tout aussi stupide.

– Hum. Eh, par curiosité, comment on est recruté dans l'ANBU ?

Être un agent secret masqué avait toujours une certaine classe. Du moins, tant qu'on n'avait pas un nom de code stupide. Et puis… L'ANBU… C'était une catégorie à part. L'élite. Les plus forts, les plus dangereux, les plus craints. Itachi et Kakashi, les deux modèles que Tsunami avait passé sa vie à vouloir dépasser, avaient tous deux été ANBU. Ce n'était pas le rêve de Tsunami d'y entrer, non, pas vraiment. Elle aimait l'endroit où elle se trouvait. Mais quand même… Ça avait un certain mythe, un certain attrait. C'était une légende, et la légende fascinait.

– Certainement pas en demandant à un agent actif comment il est recruté, lâcha Atsuo sans ciller. Personnellement, j'ai été abordé par un gars qui m'a dit « eh, est-ce que ce chiffon sent le chloroforme pour toi ? », et ensuite je me suis réveillé dans une base secrète. Rien de plus simple.

Puis il lui adressa un sourire narquois. Il se fichait d'elle. Tsunami roula des yeux, et lui flanqua un coup de coude :

– Tss, très bien, garde tes secrets si tu veux. On le fait où ce briefing ?

Ils étaient sortis de la Section Commandement. En temps normal, les briefings avaient lieu un peu partout. Oh, on pouvait réserver une salle de réunion dans un bâtiment officiel, ou dans le bureau du commandant de la mission. Mais… On pouvait aussi en faire une sorte de sortie sociale. Bah quoi ? Dans un village ninja, la vie normale s'entremêlait si intimement avec les opérations militaires confidentielles que personne de tiquait en entendant des gens parler d'assassinat au coin du bar. Alors oui, les briefings de mission étaient l'occasion pour les ninjas de papoter. De toute façon, il y avait tellement d'informations sensibles échangées à tous les coins de rues (c'était un village ninja !) que ça ne choquait personne si deux Jounins établissaient les paramètres d'une mission de sabotage dans un restaurant ou dans un onsen. Tsunami était déjà allée acheter des dango et avait accidentellement interrompu un rendez-vous entre Ibiki Morino et trois ANBU masqués, qui chuchotaient ensemble dans la ruelle juste derrière l'échoppe ! Bonjour le moment gênant.

Mais là, les circonstances étaient différentes… puisque Konoha grouillait de ninjas étrangers. C'était une chose de discuter d'éléments sensibles au sein du village, quand on savait que la politesse (et l'instinct de survie) poussait vos compatriotes à se mêler de leurs oignons. Ça en était une autre quand le village était plein de potentiels espions qui seraient ravis de laisser traîner leurs oreilles.

– Chez moi, proposa Atsuo. C'est plus près, et il n'y a personne en ce moment.

Ah oui, Atsuo avait une copine. Enfin, il avait eu une copine (quand ils étaient tous membres de la Team Shisui, il envisageait même de l'épouser !) puis ils avaient rompu, puis il s'était remis avec elle, ou peut-être avec une autre ? Atsuo ne parlait pas beaucoup de sa vie privée.

Ils se mirent donc en chemin, discutant de tout et de rien pour rattraper le temps perdu. Atsuo faisait toujours partie de la Section Sensorielle, mais il faisait moins de missions avec eux, à cause de ses obligations dans l'ANBU. Il n'avait pas vu Tokuma depuis trois mois. En revanche, il avait rencontré Tsunade Senju, et il raconta de façon dramatique la façon dont la Sannin l'avait interrogé sur sa famille, ses Jutsu Doton, et les moindres détails de son CV.

Atsuo vivait dans un immeuble résidentiel d'un quartier ninja. C'était le genre de bâtiments où Tsunami avait vécu durant l'essentiel de son adolescence : après avoir été chassée du clan Uchiha, sa mère avait eu un appartement modeste assez similaire à celui-ci, dans un quartier administré par le clan Nara. Tsunami était à peu près sûre que le quartier où vivait Atsuo appartenait au clan Aburame, cela dit. Les grands clans avaient tous des investissements immobiliers un peu partout.

L'appartement était petit, mais lumineux et douillet. Atsuo mit du thé à chauffer, et lança avec intérêt :

– Alors, qu'est-ce que tu peux me dire sur le gamin-démon ?

Qu'il a un nom et que c'est un être humain, faillit lâcher Tsunami avec véhémence, mais elle se retint. Défendre la cause des Jinchuuriki, c'était bien, en théorie, mais… Quand on était une Uchiha et que c'était le Jinchuuriki d'un autre pays, on devait se montrer un peu plus subtile.

– Malheureusement, pas des masses. Il est socialement inepte, extrêmement isolé. Pas forcément violent, mais très désinvolte vis-à-vis du meurtre, il a tué pas mal de monde juste parce que c'était possible, probablement par curiosité ou simplement par désintérêt. Hum… Il a un sang-froid impressionnant mais comme son pouvoir sur le sable l'a protégé de la moindre écorchure depuis des années, il flipperait complètement s'il recevait ne serait-ce qu'une blessure sérieuse.

Atsuo cligna des yeux :

– Tu as appris tout ça à Suna ? Les gens devaient être bavards…

Tsunami haussa les épaules. Quand elle était allée à Suna, elle n'avait pas vu Gaara, mais elle avait vu d'autres gens, qui lui avaient parlé de lui, ou plutôt qui l'avaient évoqué tout en prenant soin de ne pas vraiment parler de lui. Il y avait eu le Kazekage, digne mais sec et sévère, avec son regard soupçonneux. Il y avait eu quelques Jounins, le regard fuyant, les muscles tendus. Il y avait eu Pakura, aussi, la fameuse rivale du Kazekage : calme, posée, froide, avec une trace de mélancolie dans la voix, et quelque chose d'inflexible dans le regard.

– Ce n'est pas si simple, répondit-elle honnêtement. Peu importe de quel bord politique ils sont, les ninjas de Suna ne voulaient pas me parler de leur Jinchuuriki. Mais comme justement, le Jinchuuriki est une arme essentielle du village, ils laissaient échapper des bribes d'informations. Aucun ne m'a donné son nom, son lien avec le Kazekage, ou même son pouvoir sur le sable, si c'est à ça que tu penses. Mais ils évoquaient d'autres choses. Ou plutôt, ce qu'ils passaient sous silence en révélait beaucoup. Ils avaient peur du « démon », mais ils avaient encore plus peur qu'on leur vole, ce qui signifie soit que Suna est très affaiblie, soit que le Jinchuuriki est très puissant, soit les deux. Ils avaient une sorte de révérence dégoûtée dans la voix dès que le Fūinjutsu venait dans la conversation, alors je pense que ce genre de connaissance n'est pas très répandu. C'est certainement pour ça que personne n'a essayé de réparer le sceau du gamin.

– Tu penses que son sceau est endommagé ? fit Atsuo d'un ton alarmé.

Tsunami marqua un temps d'arrêt.

– En quelque sorte ? Il n'est pas correct en tous les cas.

– Je n'y connais rien en Fūinjutsu, lui rappela Atsuo. Qu'est-ce que tu veux dire par… pas correct ?

Tsunami plissa le front. Le plus simple aurait été de comparer Gaara à Naruto et de demander à Atsuo lequel des deux gamins lui paraissait le plus normal, mais il y avait toujours une interdiction absolue de parler du statut de Jinchuuriki de Konoha. Elle essaya autrement, pesant ses mots :

– Aucun autre Jinchuuriki n'est… hanté… par son Bijuu comme Gaara l'est par le sien. La soif de sang pourrait être la sienne, certes, mais la démence qui la provoque doit venir de quelque part. Et il y a aussi le fait qu'il ne dorme jamais. Soit c'est un kekkei genkai inconnu, soit ça trahi des terreurs nocturnes assez abominables. Et les poussées de rages sanguinaires me laissent à croire que le sceau en entier est assez instable.

Atsuo s'immobilisa. Puis il grimaça :

– Un démon au sceau instable, une rivale du Kazekage au bord du coup d'état, le Kazekage lui-même, et le Mizukage… Hum. Tu veux parier combien que dans cet examen, on va se retrouver avec le cadavre d'un ninja de rang S sur les bras ?

C'était dit avec humour, et Tsunami s'efforça d'en rire, mais au fond d'elle-même, elle faisait la grimace. Oh, Atsuo ne croyait pas si bien dire…

oOoOoOo

Plus que quelques jours avant l'examen.

Quelque part dans Konoha, une nouvelle ANBU recevait son masque, son nom de code, et son équipe. Le masque avait été fait pour elle : ses motifs noirs et rose pâle évoquaient le visage stylisé d'une chouette effraie, et ses yeux étaient deux fentes horizontales au lieu de simple trous ronds, afin de lui donner un air plus intimidant.

Son équipe n'était pas l'équipe Rō, dans laquelle avait jadis combattu Kakashi ou Tenzō ou encore Itachi. C'était peut-être mieux. Entrer dans l'équipe Rō, c'était vivre dans l'ombre de ses anciens membres, et la nouvelle ANBU était justement entrée dans cette organisation pour échapper à l'ombre de quelqu'un de plus imposant qu'elle. Non, son équipe était plus modeste, portant le nom de code Kaen. Apparemment, quasiment toutes les équipes ANBU avaient des noms évoquant différents kanjis dont la signification était brasier : on était au pays du Feu, après tout. C'était un bon nom. Fort et plein de promesse.

La nouvelle ANBU rejoignait une équipe de trois personnes. Leur capitaine était Kitsunebi, un homme aux cheveux blonds-cuivrés, et au masque de renard strié de bleu. Puis il y avait Towa, un grand brun au masque d'oiseau marqué de rouge, et Komachi, une kunoichi blonde au masque de chat orné de délicats motifs cramoisis.

Towa signifiait éternité, Komachi voulait dire belle, et Kitsunebi était une façon malheureuse d'évoquer un feu-follet. Ces noms de codes n'avaient rien de remarquables, mais ils avaient un poids différent quand on apprenait que les ANBU pouvaient les choisir eux-mêmes. Jadis, c'était le commandant de l'ANBU qui assignait les noms de codes. Une façon pour lui de contrôler leur identité, en plus de leurs actions. Heureusement, Ookami-taïcho n'était pas un maniaque du contrôle comme l'avait été son prédécesseur… Un prédécesseur dont personne ne mentionnait le nom, d'ailleurs. Comme si c'était quelque chose de honteux, ou d'inconfortable.

Mais la nouvelle ANBU n'avait pas besoin qu'on le lui dise. Elle savait déjà de qui il s'agissait. Elle se souvenait d'une nuit de pleine lune cinq ans plus tôt, du regard écarlate d'Itachi, et des murmures d'avertissements de sa grande sœur. Elle savait qui avait été l'ancien commandant de l'ANBU, et quelles zones d'ombres il faisait encore peser sur leur histoire. Danzō Shimura avait marqué Konoha, même dans la mort.

Mais elle n'avait pas peur. Lorsque la nouvelle ANBU reçut son masque, et qu'on lui demanda si elle avait choisi un nom de code… Elle déclara qu'elle s'appellerait Sumire, qui voulait dire violette. Ce n'était pas un choix anodin. Dans le langage des fleurs, la violette signifiait l'honnêteté.

(Izumi Uchiha avait toujours été honnête avec elle-même à propos de qui elle était et de ce qu'elle voulait dans la vie : ce n'était pas un masque de porcelaine qui allait changer ça.)

Plus loin, au pied de la falaise sculptée du visage des Hokage, à la fenêtre de son bureau qui lui donne une vue imprenable sur le village, un shinobi ridé tira une bouffée de tabac de sa pipe. Hiruzen Sarutobi était vieux, plus vieux que ses prédécesseurs n'avaient eu la chance de le devenir, plus vieux que bien des ninjas. Il était âgé, et il était fatigué de cette vie. Mais il se levait chaque matin pour aller travailler, et il continuait à veiller sur ce village, à donner, donner, donner, et certains jours il se demandait combien de temps il pourrait encore tenir.

Les dernières années avaient été… difficiles. Hiruzen ne comptait pas quitter sa retraite : la mort de Minato l'y a obligé. Mais c'était différent, de mener un village en guerre, et un village dans une ère de paix, secoué par des troubles internes. Hiruzen savait faire face à un ennemi, une invasion, une attaque. Mais la trahison… La trahison l'avait toujours pris au dépourvu. Orochimaru… Danzō…

Danzō et lui s'étaient souvent heurtés, mais au final, Hiruzen avait naïvement cru qu'ils se respectaient, s'appréciaient, qu'ils voulaient tous les deux que le village prospère. Même après que Danzō ait tenté de le faire assassiner (une, puis deux, puis trois fois, dans les années suivant l'attaque du Kyūbi), il n'avait pas perdu la foi. Parce que Danzō n'avait pas fui comme Orochimaru, il était resté. Il avait continué à entraîner les ANBU. Il avait continué à offrir sa force à Konoha. Il avait continué à se montrer solide et impitoyable quand Hiruzen était incertain et avait besoin d'une seconde opinion. Même si Danzō devenait son ennemi, il était toujours là, ils avaient un but commun, une alliance, et Hiruzen avait cru que…

Mais Danzō était mort. Personne ne l'avait pas vu venir. Son ami l'avait trahi. Il l'avait trahi encore une fois, mais cette fois-là était sans doute pire, car Danzō n'avait pas attaqué l'Hokage mais le village, ceux qu'Hiruzen avait juré de défendre et protéger, et c'était pire, c'était tellement pire, parce que si Danzō s'attaquait à Konoha alors qu'est-ce que Danzō avait clamé vouloir protéger, durant toutes ces années ?! Et immédiatement après, il était mort. C'était une blessure qui ne guérirait jamais : cette disparition brutale, en pleine dispute, en pleine explosion de rancœur. Cette absence de toute possibilité de réconciliation, d'explications, de guérison.

Après la mort de Danzō, les choses avaient été… pires, durant un ou deux ans. L'ampleur de sa trahison avait été révélée. La Racine, constitué d'enfants qu'on avait cru enlevés par Orochimaru. Les missions secrètes, absolument pas approuvés par Konoha et parfois en conflit direct avec ses intérêts, que les membres de la Racine racontaient d'un ton d'automates. Les laboratoires, qui portaient la marque distincte d'une collaboration prolongée avec Orochimaru. Durant un an, les découvertes s'étaient enchaînées, toutes plus horribles les unes que les autres… Et puis ça s'était calmé. Les tensions internes s'étaient apaisées comme par miracle. Les escarmouches et attaques aux frontières avaient diminué. Les relations pacifiques avec leurs voisins s'étaient mieux portées. Comme si un saboteur avait disparu, avait un jour déclaré Inoichi Yamanaka d'un ton neutre, et Hiruzen avait fait semblant de ne pas l'entendre.

Il savait que l'absence de Danzō avait rendu le monde plus clément. Mais il ne voulait pas pour autant qu'on le lui rappelle. Danzō avait été un agitateur avide de guerre mais il avait été un pilier de Konoha, une source de force et de fierté, son ami, et… Et… Hiruzen savait qu'Inoichi était en colère. Il n'était pas le seul à avoir retrouvé un gamin de son clan au sein de la Racine. Mais chez Hiruzen, cette colère ne parviendrait jamais à triompher du chagrin. Il se sentait juste… si fatigué.

Et pourtant. Et pourtant, ces derniers temps, n'avait-il pas un regain d'énergie ? Il se sentait plus jeune et plus déterminé. Les choses allaient mieux (et non, ce n'était pas forcément en lien avec la mort de Danzō). Il y avait moins de pression et d'inquiétude dans son travail d'inquiétude. La guerre civile de Kiri était terminée, ouvrant peut-être une nouvelle ère de paix. Konoha s'enrichissait. Leurs ninjas étaient forts. La paix durait. Jiraya et Tsunade étaient revenus.

Hiruzen inspira à plein poumons une nouvelle bouffée de tabac. Oh, il était fatigué, il le sentait dans ses vieux os. Mais il avait encore quelques belles années devant lui. Il voulait voir de quoi serait fait l'avenir. Il vouloir voir ce village prospérer, il voulait voir son petit-fils grandir, il voulait pouvoir contempler avec fierté son travail.

(Il voulait voir un avenir meilleur, un avenir heureux. Il voulait vivre. Était-ce trop demander ?)

Ailleurs dans Konoha, une kunoichi dans la cinquantaine qui semblait n'avoir que vingt-cinq ans était en train de finir sa prise de possession de l'hôpital de Konoha.

Elle avait eu sa réunion émotionnelle avec son vieux sensei, elle avait botté les fesses de son pervers de coéquipier, elle avait trouvé un logement, on lui avait donné un job, et maintenant… Il fallait qu'elle retrouve sa place dans ce village. Ça la rendait nerveuse. L'imminence de l'examen Chuunin était une bonne chose, d'une certaine façon : les gens étaient focalisés sur ça, pas sur le retour de deux des légendaires Sannins… Surtout son retour à elle, puisque contrairement à Jiraya (l'éternel voyageur), elle était là pour rester. Et la kunoichi ne pouvait s'empêcher de se demander : qu'est-ce qui va me motiver à me lever le matin ?

Elle n'avait pas oublié le discours passionné de la gamine Uchiha trop ambitieuse, avec ses bonnes paroles sur le futur et la nécessité de changer les choses. C'était bien beau de rêver de l'avenir, mais il fallait aussi trouver du confort dans le présent. Qu'y avait-il pour elle à Konoha ? Il y avait l'hôpital, il y avait Shizune, il y avait Sarutobi-sensei. Est-ce que c'était assez pour remplir une vie ? Réparer un cœur brisé ?

Et Tsunade songeait, irrésistiblement, à tous les descendants de son clan qu'elle avait abordé, questionné, rencontré au cours des derniers jours. Dans un autre monde, elle aurait été immédiatement happée par les impératifs du job d'Hokage : mais dans ce monde-ci, elle avait pris le temps de renouer avec ses racines, et elle ne pouvait s'empêcher de penser… Peut-être que certaines choses pouvaient renaître de leurs cendres, après tout.

Il y avait beaucoup de descendants des Senju à Konoha. Mais aucun n'en portait le nom, parce que ce n'était pas tant un nom qu'un titre, et qu'il fallait le gagner. Les Senju étaient des guerriers avant d'être une famille. C'était un ordre de combattant, des mercenaires, et les gens avaient tendance à l'oublier parce que le Shodaime était entré dans la légende comme un pacifiste : mais les Senju n'avaient pas été des tendres. Mais… Sous leur culture guerrière, il y avait eu des liens familiaux.

Tsunade avait longtemps voulu une famille. Un papa, une maman, et un petit frère, d'abord. Et puis, quand ils étaient morts… Un mari, et peut-être des enfants. Mais cet espoir s'était envolé à son tour quand Dan Kato avait été tué au front. A présent, Tsunade n'avait plus rien de tout ça. Même pas un nom de famille qui la connecterait à d'autres personnes. Et elle ne pouvait s'empêcher de penser… Une famille, oui, ça serait bien. Pas forcément un frère, ou un mari, ou des enfants. Mais simplement des cousins avec qui discuter, des gamins à taquiner, de vieilles grands-mères qui lui tapoterait les joues, des oncles ou des tantes qui riraient à gorge déployée lors de grands repas en famille. C'était une idée vague, qui semblait inaccessible, mais c'était une idée agréable à contempler. Une famille. Le nom des Senju était si lourd à porter, mais peut-être que ce fardeau pouvait devenir un foyer, un abri, une protection. Ce serait… Ce serait bien. Ce serait un bon changement à apporter. Mais elle ne savait pas par où commencer.

Comment transformer cet héritage trempé de sang et de larmes en quelque chose qui évoquait l'espoir ?

(Ce n'était pas une question qui avait une réponse simple. Peut-être n'y avait-il pas de réponse du tout. Mais Tsunade s'était posé la question, l'avait envisagé : et tout doucement, le destin commença à prendre une autre direction.)

Bien plus loin, dans un quartier bien moins propre, un ninja portant le bandeau de Kusa sur son front était perché sur un toit, et faisait mine de repérer un terrain d'entraînement pour ses Genins. En réalité, il observait l'orphelinat situé deux rues plus loin. L'orphelinat où il avait été trouvé tout petit, amnésique. L'orphelinat où on lui avait donné son nom, et où il avait grandi… Durant un temps, du moins. Il se demandait qui en était le directeur, maintenant.

Kabuto Yakushi repoussa machinalement ses lunettes sur l'arrête de son nez. Le soleil se refléta dans ses verres, masquant brièvement son regard.

Cela faisait des années qu'il n'était pas revenu à Konoha. Il avait bien le droit de se montrer nostalgique, non ? Mais… Il ne ressentait pas vraiment de nostalgie. Il ne ressentait pas grand-chose, en fait.

Ce n'était pas la première fois qu'un évènement qui aurait dû lui apporter de la joie ne parvenait pas à évoquer quoi que ce soit en lui. Ce n'était pas surprenant. Depuis huit ans maintenant, Kabuto errait à la recherche de quelque chose qui puisse donner un sens à sa vie. Orochimaru-sama lui avait promis qu'à ses côtés, il trouverait les réponses qu'il cherchait. Et Kabuto avait découvert plein de choses ! Des secrets, des vérités cachées, des faits inconnus. Mais rien qui donne un sens à sa vie. Il pensait que revenir à Konoha évoquerait quelque chose en lui, mais… Mais ce qui avait compté à Konoha, c'était Nōno-san, pas vrai ? Nōno Yakushi, la directrice de l'orphelinat qui l'avait traité avec tellement de tendresse, qui l'avait choyé, aimé, adopté. Et Nōno-san était morte, à présent. Morte par la faute de Danzō, par la faute de Konoha…

Morte de la main de Kabuto.

C'était si loin à présent. Danzō l'avait recruté dans la Racine douze ans plus tôt. A cette époque, Danzō faisait du chantage à Nōno Yakushi, menaçant de lui couper les vivres si elle ne lui fournissait pas de la main d'œuvre issu de son orphelinat. La main d'œuvre qu'il voulait, c'était Nōno, en réalité : la douce et gentille directrice, et qui jadis avait été agent de la Racine spécialisée dans l'assassinat. Kabuto avait surpris leur conversation. Sur le moment il avait trouvé cruel l'idée que sa presque-mère soit contrainte à garder des liens avec un supérieur hiérarchique si odieux. Maintenant, il réalisait que personne ne quittait vraiment la Racine. Nōno-san n'avait jamais été libre de Danzō. Mais Kabuto n'était qu'un enfant, alors il s'était bravement porté volontaire pour éviter que sa Nōno-san ne soit obligée de partir, et puis… Et puis…

Kabuto avait dévoué sa vie à sa mission. Pas à Konoha, pas à Danzō, juste à sa mission : protéger sa famille. Cela signifiait être si doué que Danzō n'aurait pas de raison d'obliger Nōno-san à revenir au service actif. Il avait enchaîné les missions d'infiltrations au point que son sens de lui-même commence à s'effriter. Et puis, par la suite, quand Kabuto avait à peine onze ans… Danzō avait dû juger qu'il devenait trop doué, parce qu'il l'avait envoyé en mission-suicide afin que lui et un autre agent s'entretue. Une bonne idée, sans doute. Cela aurait débarrassé la Racine de deux éléments à la loyauté douteuse en une seul manœuvre.

L'agent en question était Nōno-san. Malgré le sacrifice de Kabuto, Danzō l'avait forcée à réintégrer ses forces. Dans la confusion de l'affrontement… Kabuto n'avait pas reconnu sa mère à temps, et Nōno-san ne l'avait pas reconnu du tout. Le temps que Kabuto réalise ce qui se passe, il était trop tard, et Nōno-san était morte. Le choc et l'horreur avaient failli lui faire perdre la raison. Si Orochimaru-sama ne lui avait pas offert une place à ses côtés… Une raison de continuer à avancer, une raison de continuer à chercher… Kabuto ne savait pas ce qu'il serait devenu.

Alors il était reconnaissant à Orochimaru-sama. C'était l'un des rares sentiments positifs dont il était certain dans sa vie. Kabuto n'était pas quelqu'un de dépressif. Il cherchait désespérément des réponses à ses questions (qui suis-je ? Pourquoi suis-je en vie ?) mais ça ne le paralysait pas. Il n'avait pas de problème à papillonner d'expérience en expérience, pas de problème à s'intéresser à de nouveaux projets, pas de problèmes à tisser des liens avec autrui. Son problème était qu'il s'en désintéressait trop vite. Kabuto était trop intelligent : tous les puzzles semblaient simples, tous les mystères semblaient clichés, et peu de choses réussissaient à capturer son attention.

Orochimaru-sama savait rendre les choses intéressantes. En cela aussi, Kabuto lui était reconnaissant. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres. Non, Kabuto n'éprouvait pas de nostalgie envers Konoha. Il y était indifférent, tout comme il était indifférent à Kusa, ou aux autres villages où il avait vécu au cours de ses missions d'infiltrations. Ce n'était que des lieux. Ce qui comptait, c'était les gens, les actions, les découvertes, les surprises.

Et oh, cet examen promettait d'être plein de surprises…

– Kabuto-sensei ! grogna une voix exaspérée. Qu'est-ce que vous foutez là-haut ?! Y en a encore pour longtemps ?! On s'fait chier nous !

– Tayuya, fit une autre voix d'un ton de reproche. Tu sais ce que je pense de ce langage.

– Ouais, Tayuya ! renchérit une troisième voix, narquoise. Ecoute Jirōbō ! On va avoir besoin qu'tu fasses un effort sur ton attitude de merde !

– Ouais, bah je vais avoir besoin que tu prennes ton opinion et que tu te l'enfonce bien profondément dans le… !

Kabuto soupira, et sauta souplement du toit.

– Du calme, les enfants.

Aussitôt, ses trois élèves affichèrent un air faussement contrit. Depuis maintenant deux ans, Kabuto les entraînait à utiliser leur cerveau plutôt que leur force brute. Ces trois-là étaient largement au niveau Chuunin, mais leur but n'était pas d'être promu : simplement de se fondre dans le décor jusqu'à ce qu'il soit temps de révéler leur force.

Niveau esprit d'équipe, il y avait encore du travail, cela dit. C'était leur plus grande faiblesse. On pouvait reprocher bien des choses à Konoha, mais au moins ils donnaient à leurs gamins une véritable unité. A Kusa, personne n'avait de loyauté envers ses pairs : seulement envers ses supérieurs.

Bah. Puisque c'était Kabuto leur supérieur, ça ne le dérangeait pas outre mesure. Et puis, ses trois élèves n'auraient pas à prétende encore très longtemps, de toute façon. Kabuto esquissa un sourire bienveillant (et s'amusa intérieurement de voir les trois adolescents le fixer d'un air d'autant plus suspicieux).

Oui, cet examen allait être plein de surprises…

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Mwahahahaha. Tu ne crois pas si bien dire Kabuto !

J'ai essayé de varier un max les POV pour essayer de donner un autre ton au chap. Du coup j'espère que ça vous a plu =)

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Petite note en aparté :

Les ANBU Kowa et Tomachi sont canons (on les retrouve dans le jeu vidéo). Le nom de Kitsunebi n'est pas canon mais son personnage, "l'ANBU au masque de renard", est un personnage canon qui apparait notamment dans l'arc de Yakumo Kurama.

L'ANBU Ookami est le commandant sans nom qui apparait dans le canon, avec son masque marqué de traits violets. Dans le wikia, il est simplement référencé comme "commandant ANBU" mais je lui ait donné un nom de code classe. Ookami signifie loup x)

Sinon, en ce qui concerne l'ANBU Shoho... OUI C'EST BIEN LE MÊME SHOHO QUI EST MENTIONNE COMME POSSIBLE HOKAGE (il y a quelques chapitres, quand le conseil restreint fait la liste des ninjas de rang S du village). Eh oui ! Il s'est incrusté dans mon chap' sans me demander mon avis celui-là u_u. Il est en fait la fusion de deux persos du canon, l'ANBU "Zô" (un capitaine ANBU avec un attachement sincère au Sandaime) et l'ANBU "Kinoto" (un membre de la Racine très compétent en sceaux de contrôle mental, loyal à Danzo). Pour ceux qui s'en souviennent, Kinoto est la taupe que Danzo envoie avec Tsunami et Genma pour apprendre le Fuinjutsu de Jiraya !

Enfin bref. Tout ça pour dire : j'ai créé Shoho un peu par hasard et je me suis ridiculement attaché à ce perso. Dans le canon Kinoto est quelqu'un de caractériel qui n'hésite pas à donner son opinion et qui parle à Danzo avec déférence mais en restant capable de pensée critique. Pour un membre de la Racine... Ca m'a plu. Et puis j'ai décidé de le "fusionner" avec le personnage de Zô un peu par hasard, parce que Zô est un ANBU qui apparait genre cinq minutes en tout dans le canon mais les traits qu'il révèle (attaché au Sandaime, loyal, patient, passionné... et extrêmement badass) sont très intéressants. Et surtout, ces traits ne sont pas incompatibles avec ce qu'on sait de Kinoto : au contraire, ça enrichi son personnage ! Un ANBU de la Racine peut être loyal à Danzo tout en étant attaché au Sandaime, et peut être doué dans des domaines très sombres tout en aimant sincèrement Konoha. C'est ce qui est arrivé à Itachi, quand on y réfléchi.

Bref. Kinoto avait la complexité et Zo la puissance, alors boum, je les ai fusionnés, et du coup on a Shoho. Il a déjà été mentionné dans un autre chapitre, d'ailleurs ! Celui où le Conseil restreint envisage les successeurs possibles d Sandaime. Voilà, du coup vous en savez un peu plus sur "d'où sort cet OC qui n'en est pas un" xD N'hésitez pas à lire les fiches de Kinoto et Zô sur le wikia de Naruto pour en savoir plus !

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A la prochaine !

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