Hey !

Me revoilà ! Je sais, ça fait un bail. La vie IRL est compliquée en ce moment.

J'ai mes cours, l'exam qui approche, et des dossiers de plus en plus compliqués à gérer au taff. Je part de chez moi à 8h30, je rentre entre 19h et 20h, alors forcément je suis crevée et je n'ai pas le temps de relire mes cours. J'essaie de le faire le week-end mais honnêtement, j'ai tellement les batteries à plat que c'est difficile. Et puis, il faut que je fasse mes courses, que je cuisine (je mange sur place tous les midi, il faut donc que je ramène ma gamelle), que je gère lessive/ménage/jardin, et il faut aussi que je puisse me détendre une ou deux heures devant l'ordi tous les soirs, parce que si on me prive d'écriture je pleure.

Bref. Du coup la semaine dernière j'ai fait un malaise au taff. J'ai fini aux urgences. Je vais bien, mais voilà, si le stress me fait perdre l'appétit au point de tomber dans les pommes, c'est peut-être que je me mets trop la pression.

'fin bref. What's up ? x)

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Voici les réponses aux reviews !

Hello Pastananas ! Non mais tu penses tout de suite au pire scénario possible x) Y a plein d 'ANBU qui ont eu une longue carrière heureuse. Comme... euh... euuuuuh... KAKASHI TIENS. Voilà x) Bon, il était pas heureux, mais bon, il était vivant au moins xD

Oui choii-chan je raconte ma vie, j'aime parler de mes aventures comme si ce site était mon journal intime xDDDD En fait si quelqu'un me stalkait en ligne il en apprendrait des bonnes sur mon lieu de travail...

Yep Rose-Eliade, c'est bien parti dans cette direction ! Honnêtement cette histoire de clan Senju s'écrit pratiquement toute seule. Je veux dire, tous les personnages sont déjà là, ils n'attendent qu'un occasion de se rassembler. Et ma fic est pleine d'opportunités !

Ah liamireldib-b tu es l'une des seules à ne pas être surprise par le fait qu'Izumi entre dans l'ANBU ! Mais oui, ce type d'organisation lui convient tout à fait. Elle y a davantage sa place que Tsunami (trop explosive) et Itachi (trop sensible). Enfin bref, contente que les POV des différents perso t'aient plu ! =)

Coucou Apatura Iris ! Oui, le canon est définitivement passé par la fenêtre, alors le début de l'arc de l'examen (où le canon commence réellement à bouger) va être très différent. Pas trop, parce que l'essentiel des acteurs présents ont gardé les mêmes motivations, mais le contexte sera différent, et du coup les conséquences de leurs actions aussi. Mwahahahaah, je me frotte les mains rien que d'y penser xD

Yo Naptis ! Aha je t'ai obligée à regarder MHA xDDDD Et alors, c'est bien ? =D Et du coup, tu as lu ma fic sur AO3 ? Tu en a pensé quoi ? Sinon pour Elisabeth Bishop euuuuuuh j'avoue que j'ai mis ça en stand-by un petit peu xD Il se passe trop de trucs IRL ! Et pour ce qui est d'écrire dans un univers Donjons et Dragons... Ca me tenterai bien. Je joue à Donjons et Dragons et j'adore le concept de l'univers. Seulement, pour écrire une histoire originale dans un univers comme ça, bah... Il faut que j'ai une idée de base, de l'inspi, un personnage principal, et de la motivation. Et pour l'instant, je n'ai rien de ça ! xD

Salut Mara-Kag ! On arrive dans le coeur du scénario là. Perso je ne vois pas pourquoi l'ANBU n'aurait pas eu de médic à l'époque d'Hiruzen. Quand on voit les flash-back de la jeunesse des Sannins ils ont des armures qui ressemblent vachement à celles de l'ANBU, et Tsunade et Orochimaru sont tous les deux médics... Donc ce n'est pas une idée récente. Tiens, d'ailleurs, en parlant d'Orochimaru... Kabuto ne pense pas à la mort de Danzo parce qu'il y est indifférent. Contrairement aux Uchiha, il ne se focalise pas sur la vengeance et/ou le fait qu'une personne spécifique soit responsable de son malheur.

Hello Yuedra ! Hiruzen a choisi Izumi pour plein de raisons pas très importantes pour le scénario. Elle est forte, elle est douée, elle travaille bien en équipe, ses compétences seraient utiles dans l'ANBU. Et aussi : ça la fait sortir de l'hôpital. Je ne sais pas si j'ai développé dans cette fic mon headcanon comme quoi les Uchiha géraient la police mais les Senju géraient l'hôpital, deux pôles de pouvoir essentiels à la pérennité du village...Mais voilà, avec le retour de Tsunade, le Sandaime s'est dit "mh on va essayer de se rapprocher des traditions" et a réassigné l'Uchiha-médic au pôle d epouvoir Uchiha (la baston) au lieu du pôle de pouvoir Senju (le soin). Voilà voilà xD BREF ! Pour ce qui est de Pakura, mwahahaha je ricane, tu verras bien ce qui va se passer. Mais oui, le Kazekage lui a 100% donné un cadeau empoisonné en se disant que si elle crève, bah c'est tant mieux. En parlant de perso qui crèvent : ouais, Danzo était une pourriture. Son idée d'un village en paix était celui d'un village ayant exterminé ses ennemis, sauf que Danzo ne pouvait pas concevoir un monde sans ennemi donc il était constamment en conflit avec une force ou une autre. S'il avait rasé les autres villages, combien de temps avant qu'il ne se tourne contre Konoha, clamant voir des traîtres partout ? Ce genre d'individu est franchement dangereux... Mais passons. OUI ECRIT UNE SI SUR NARUTO ! VAS-Y ! J'agite des pompons et tout ! xDDD Sérieux une SI c'est toujours bon à prendre, alors je ne peux que t'encourager !

Merci MotsPassants, et oui, c'est moi, le métronome xDDD L'examen Chuunin s'annonce mouvementé ! J'ai aussi hâte que toi je pense xD

Wow Lazy Cocombre, contente que ça te plaise ! Tu fais des fanarts ? Si tu en faisais de Tsunami ou de ma fic Wisdom, je serai super-flattée ! N'hésite pas à m'envoyer un MP pour qu'on puisse échanger par mail et que je te montre les descriptions des perso (parce que oui, j'ai des images-modèles) =)

Hey Hiyoru ! Bah contente qu'on soit sur les mêmes fandoms alors xDDDD Je vais lire cette fic "With Confidence", ça a l'air cool. J'aime quand Izuku est badass. Mwahahahaha. Je devrais commencer une collection sur AO3, d'ailleurs... Si tu as d'autres recommandations, n'hésite pas !

Coucou Rindaka ! Contente que ça t'ai plu =) Ce chapitre était un peu un moyen de planter le décor avant que l'action (et l'examn Chuunin) n'arrivent...

Yo Tiph l'Andouille ! Non mais je suis si terrible que ça avec la mort de mes persos ? Je ne les tue même pas souvent ! Et pourtant, tu n'es pas la première à voir qu'Izumi entre dans l'ANBU et à IMMEDIATEMENT penser que Tsunami le découvrira en trouvant son cadavre x) C'est morbide ! xD Pour ce qui est de Kabuto, l'ironie c'est que je ne suis pas encore fixée sur la façon dont je vais écrire sa rencontre avec Tsunami. Et pour Tsunade... C'est en bonne voie !

Salut B-8 ! Ah aha je suis contente de t'avoir laissé sans voix xDDDDD Personne ne va savoir qu'Izumi est une ANBU (contrairement à ce qui s'est passé avec Itachi), donc pas de répétition de ce scénario. Et puis, la situation du clan Uchiha est très différente. QuandItachi est entré dans l'ANBU, tout le monde pensait que c'était une tentative d'intimidation de son clan, qui était connu pour être très ambitieux et très dangereux et à la loyauté douteuse. Là, non seulement Izumi garde son identité secrète (donc pas de tentative d'intimidation) mais en plus le clan est trop diminué pour être dangereux ou ambitieux, et leur loyauté n'est plus du tout mise en doute après le Massacre x) Bref ! Sinon ouais y a du mouvement du côté de l'examen Chuunin ! Je me frotte les mains d'avance x)

Hello Leen Hogwarts ! Oooooh toi aussi tu as lu Necromancer ? Elle est géniale cette fic ! ET oui, Fugaku doit maudire Izumi et toute sa famille. Sasuke sera médic, mwahahahaha ! Pour ce qui est de Kabuto, uhuhuh tu as mis dans le mille, j'ai complètement imaginé Izumi comme un "miroir" de Kabuto. Son style de combat, son côté doux qui cache une intelligence et un sang-froid accéré, et son niveau de puissance qui rivalise avec l'élite. Orochimaru et Tsunami ne sont pas les seuls à être destinés à un combat épique...

Salut Klonoa =) En effet, tous ces POV ont permis de prendre du recul pour mieux aborder la tempête. Car mine de rien... c'est le début de l'examen Chuunin !

Coucou Otter Von Bismark ! Ah, c'est toujours bien de relire une fic depuis le début, on remarque plein de détails qui nous avaient échappés avant =) Sinon mwahahahaha je ricane en pensant au Goadaime Hokage, en effet ! Et Izumi va bel et bien avoir une affectation bien chargée...

Salut Redheadead ! Tu es en retard dans ta lecture mais moi je le suis dans la publication, alors ça s'annule x) Bref ! Aaaaaah Izumi, j'attends de la mettre dans l'ANBU depuis un bail en fait, quand j'y repense. Elle a un potentiel PARFAIT pour cette organisation. Comparé à Tsunami et Sasuke, elle ne fait pas de vagues (discrétion), elle a un style de combat létal mais sans grands Jutsu flamboyants, elle est très douée en taijutsu, elle est polyvalente (traque, médic, etc.)... Bref, elle a vraiment les compétences qu'il faut. Et mine de rien, elle a un mental qui s'adapterai bien aux ANBU... Mais bref. C'est une autre histoire. Pour Gaara, je ne dis rien xD Et pour le Sandaime non plus, même si franchement, tu penses vraiment vite au pire ! xD

Bienvenue à bord The Devil IS Lucky ! Cool pseudo by the way x) Contenet que l'histoire te plaise ! Allez, pour la petite anecdote j'ai choisi le nom de Tsunami avant de me souvenir de la mère d'Inari (qui s'appelle aussi Tsunami). Je cherchais juste un nom en rapport avec l'eau parce que je voulais un lien avec Izumi. Puis j'ai réalisé qu'il existait déjà un peso nommé Tsunami dans le canon... Et j'y ait fait référence dans le tome 1, quand Kaiji explique à sa fille que sa famille vient du pays des Vagues, et que "Tsunami" est un prénom très courant là-bas. Petit clin d'œil au fait que le prénom de Tsunami n'est pas si unique que ça x) Mais bon, dans un monde aussi vaste et diversifié que celui de Naruto, ça serait étonnant qu'il n'existe pas deux personnes ayant le même prénom !

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Ce chapitre est bourré de fautes parce que ma Bêta Number One est elle aussi la tête sous l'eau à cause de la vie IRL. Pour tous ceux d'entre vous qui ont un travail avec beaucoup de relation client : c'est moi où les gens sont devenus incroyablement odieux et agressifs depuis 2020 ? Bon, c'est NETTEMENT moins pire dans mon nouveau taff, mais il y a toujours une tension presque palpable.

Chill, guys. We're all going to die anyway.

Et en parlant de ça : si vous m'envoyez des MP, ne paniquez pas parce que je ne réponds pas dans les 24h. Je ne passe sur ce site qu'une ou deux fois par mois, ces temps-ci =)

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Bref ! Que vous dire d'autre ? Je suis définitivement à fond dans le fandom de My Hero Academia. J'ai arrêté d'écrire Tsunami. Pas de panique, cela dit, j'ai encore plusieurs chapitres d'avance ! Presque tout l'examen Chuunin est écrit. Et peut-être que l'inspi reviendra, qui sait ?

Du coup en ce moment je suis à fonds dans MHA, j'ai regardé Castlevania sur Netflix et j'ai adoré, et je suis en train de regarder Sex Education pour passer le temps entre les nouveaux scans/épisodes de MHA. Normal quoi x) Oh, et j'essaie de me remotiver à faire mes costumes de GN ! Vu mon épuisement global je n'irait pas à Kandorya automne mais j'ai plein d'espoir pour y aller l'année prochaine. Et à nouveau, je vous fait la pub de Kandorya. Si vous aimez vous déguiser, raconter des histoires, et vous immerger dans une univers fantasy pour oublier le monde réel, venez à Kandorya !

=)

Enfin passons. Ceci est le dernier chap' avant le début de l'examen Chuunin, alors bouclez vos ceintures !

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Lancer les paris

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Vingt-quatre heures avant l'examen Chuunin.

Kakashi se pointa au rendez-vous matinal de l'équipe 7 en retard, comme d'habitude. Cependant, aujourd'hui, il ne leur sortit pas d'excuse bidon. Non, il fit diversion en informant joyeusement ses Genins que, premièrement, il y avait un examen Chuunin, et deuxièmement, il les avait recommandés pour y participer. Bonne chance ! Kiba, Sakura et Sasuke se mirent à lui crier dessus avec un bel ensemble, parce que ça ne leur laissait absolument aucun temps de préparation. Ce à quoi Kakashi répondit avec aplomb que s'ils n'avaient pas anticipé avant aujourd'hui, c'était de leur propre faute. Quel culot ! Alors qu'avant aujourd'hui, rien ne leur laissait croire que leur sensei les avait inscrits !

– Mais comme je suis un généreux sensei, je vais vous laisser vous préparer ! rajouta Kakashi d'un air bienveillant qui donnait à Sasuke l'envie de lui arracher sa stupide tignasse pour la lui faire bouffer. L'entraînement d'aujourd'hui est annulé. Vous avez quartier libre ! N'oubliez pas d'être à l'heure à l'examen demain matin, arriver en retard ne vous donnerait pas l'air très professionnel…

Et pouf, il se volatilisa en Shunshin.

(Bon, il réapparut cinq mètres plus loin dans les branches d'un arbre pour espionner la réaction de ses mignons Genins, parce que c'était hautement divertissant : mais c'était l'effet qui comptait. Rien ne faisait plus plaisir à Kakashi de laisser en plan les gens qui voulaient lui hurler dessus.)

Sakura poussa un cri inarticulé de frustration, et Kiba lâcha une bordée d'injures. Sasuke était trop cool et posé pour se laisser aller à ce genre de comportement, mais il approuvait totalement le sentiment. Non mais, le culot de Kakashi ! Leur dire de ne pas arriver en retard car ça ne faisait pas professionnel ! Il n'avait vraiment aucune honte !

– On sait même pas en quoi ça consiste cet examen ! pesta Kiba. S'il faut qu'on ait un équipement spécial, on est foutu !

– La convocation est à l'Académie, pointa Sakura. L'examen, ou du moins la première partie, est peut-être un test écrit.

A en juger par la tête de Kiba, ça n'était pas rassurant du tout. Sasuke fronça les sourcils :

– Le lieu de convocation ne signifie rien. Ça pourrait simplement être un point de rendez-vous avant que tous les candidats soient emmenés ailleurs.

Un silence pensif tomba sur eux. Kakashi, depuis sa cachette, sourit derrière son masque. Sasuke commençait à penser au long terme. C'était une sacrée évolution : à ses débuts, ce môme avait été un petit emmerdeur sarcastique et buté incapable d'anticiper quoi que ce soit. Oh, il était toujours un petit emmerdeur sarcastique et buté, mais au moins, à présent, il était capable de prévoir des plans couvrant une période supérieure à cinq minutes. Et en plus, il pensait à en informer ses coéquipiers ! Il y avait du progrès.

Et Sakura et Kiba l'écoutaient. Oh, ils l'avaient toujours écouté : Sakura parce qu'elle était amoureuse, et Kiba parce que c'était l'instinct de la meute. Mais à présent, leurs conversations étaient moins… à sens unique. Ils l'écoutaient pour l'entendre et non plus simplement pour lui répondre. Kiba avait cessé d'essayer de s'imposer comme l'alpha. Sakura avait cessé de toujours chercher sa place en fonction de ce qui mettrait Sasuke en valeur. Ils avaient trouvé leurs propres rôles. Oh, il y avait toujours des tensions entre ses trois mignons petits élèves, et chacun avait un tempérament aussi placide qu'une grenade dégoupillée, mais ça faisait plaisir de les voir réfléchir et planifier ensemble… Leur esprit d'équipe s'améliorait. Oui, participer à cet examen serait un bon test.

– Autant préparer un kit standard de mission, décida Sasuke.

– Un sac à dos, ça ne va pas être discret ! grommela Kiba.

– Tch', évidemment. Vous avez des sceaux de stockage ?

– … Non, admit Sakura. C'est assez cher…

Kiba secoua la tête avec un grognement mécontent, et enfonça ses mains dans ses poches, l'air buté. Sasuke croisa les bras, et regarda ailleurs.

– Ma cousine en fabrique. Je vais lui en emprunter trois. Rendez-vous dans vingt minutes sur le pont devant le terrain d'entraînement numéro douze.

Sakura joignit les mains d'un air ravi :

– Oh, tu ferais ça ? Merci, Sasuke-kun !

– Ouais, lâcha Kiba d'un ton bourru. Merci, mec, on te revaudra ça.

– Hn. Allez chercher votre équipement, qu'on fasse le point sans cet idiot de Kakashi pour nous ralentir.

Dans son arbre, Kakashi fronça les sourcils. Rien que pour ça, Sasuke allait avoir droit à une série de tractions et d'étirements supplémentaires lors de leur prochain entraînement. Ça lui forgerait le caractère et ça lui donnerait une nouvelle perspective sur la vie !

Sasuke rentra chez lui pour aller chercher les fameux rouleaux de stockage, mais Kiba et Sakura partirent chercher leurs affaires ensemble. Curieux, Kakashi les suivit donc à bonne distance. Sakura n'avait quand même pas déménagé chez les Inuzuka, non ? Il savait que les relations étaient très tendues entre elle et ses parents, mais pas à ce point. Non ? Enfin, il ne pensait pas…

De ce que Kakashi avait extrapolé quand il avait feuilleté le dossier de Sakura (avec assez peu d'intérêt, il fallait l'avouer) quand il s'était vu attribuer cette équipe… Les parents de la jeune Haruno avaient toujours été très occupés par leur travail, sans guère de temps pour leur fille. Mais Kakashi réalisait que depuis que Sakura était devenue une kunoichi, ou plutôt depuis la fameuse mission au pays des Vagues, le fossé s'était sans doute encore creusé. Sakura partait tôt et rentrait tard. Elle tentait moins de se fondre dans le moule de la jolie fille civile : plus de régimes, plus de parfum, plus de crèmes pour les mains ou de jolis vêtements. Sa robe rouge avait des ourlets effilochés, et manipuler des kunais à longueur de journée commençait à faire apparaître des cals sur ses paumes. Ses cheveux étaient toujours aussi longs (une vanité compréhensible pour une fillette de douze ans) mais ils étaient moins peignés, moins entretenus : sans être aussi hérissés que la tignasse de Kakashi, ils donnaient quand même à Sakura un air un peu sauvage. Et puis, même si la jeune fille battait toujours des cils quand son coéquipier Uchiha était dans le coin… Son tempérament était devenu plus colérique. Ou plutôt : il était ouvertement colérique. A présent, au lieu d'afficher un sourire factice face aux clients désagréables, la jeune fille n'hésitait pas à leur cracher leurs quatre vérités. Elle avait même tendance à grogner quand elle était énervée. Un peu comme si elle absorbait les habitudes de Kiba par osmose…

Ils étaient vraiment soudés à la hanche, ces deux-là. Kiba aussi absorbait les habitudes de Sakura : il était moins prompt à se jeter à l'attaque sans réfléchir, il était moins crâneur. Et ce n'était pas juste l'impact de la perte de son ninken, c'était vraiment l'influence de la jeune Haruno. Par exemple… Il se tenait différemment aussi, moins avachi, imitant inconsciemment le dos droit et l'attitude attentive de Sakura. Il avait adopté ses moues pensives et ses tics nerveux. Quand ils étaient côte à côte, c'était assez drôle à voir. On aurait pu les croire amis d'enfance ayant grandis ensemble, alors qu'ils n'étaient proches que depuis quelques semaines !

Mais bref. Kiba et Sakura entrèrent chez les Inuzuka ensemble, et en ressortirent chacun avec un sac à dos. En épiant leur conversation, Kakashi réalisa que Sakura avait été invité la veille chez Kiba… Tout comme la semaine dernière… Et deux jours avant… Et bref, apparemment elle avait investi de façon quasi-permanente la chambre d'amis. Kakashi avait bien remarqué que l'odeur de Kiba se retrouvait fréquemment sur ses vêtements (et vice-versa) mais il pensait qu'ils fréquentaient la même laverie, pas la même penderie.

Hum. Curieux. Est-ce que Sakura cherchait ainsi à échapper à l'atmosphère pesant de chez elle ? Ses parents ne devaient pas vraiment approuver des changements dans son attitude. A moins que ça e soit la famille de Kiba qui ait encouragé cet arrangement ? Après la perte d'Akamaru, Kiba avait été volatile et agressif. Sakura avait un effet apaisant sur lui. Si ça avait aidé Kiba à ne pas sombrer dans la dépression après la mort de son ninken, alors sans aucun doute, Tsume Inuzuka avait probablement invité Sakura à passer le plus de temps possible en sa compagnie.

Mouais. De toute façon, ça n'était pas le problème de Kakashi. Sakura et Kiba fonctionnaient bien ensemble. Ils étaient peut-être un peu co-dépendants mais pas au point que ça gène leur carrière, alors franchement Kakashi ne voyait pas le problème. Niveau mécanisme d'adaptation, il avait vu pire. En quoi c'était un problème si les deux gamins se sentaient plus rassurés quand ils dormaient dans la même maison ? Au moins, leur façon de gérer un traumatisme n'était pas de lire du porno, s'auto-flageller devant une tombe durant des heures, ou inventer des excuses bidon pour justifier un manque de ponctualité…

Bref. L'équipe 7 se retrouva sur le pont, comme convenu, et s'installa à l'ombre d'un arbre pour préparer leurs affaires. Kakashi prit soin de se mettre sous le vent (avec ou sans chien, Kiba avait le flair d'un Inuzuka), et s'attarda quelque minutes, histoire de voir comment ils s'en sortaient.

– Kunais ? fit Sasuke en vérifiant son stock.

– Quatre sets, l'informa Sakura.

– Quatre sets aussi, lâcha Kiba.

– Cinq pour moi. Shurikens ?

– Un set… Trois sets de senbons, aussi.

– Deux sets. J'ai du fil d'acier pour les pièges, par contre.

– Trois sets pour moi. Fils d'acier, shurikens, et Fuma shurikens également.

– Tch', frimeur va. Pourquoi t'as besoin de tant d'armes que ça ?

– Probablement parce que moi, j'atteins ma cible…

– Hey !

– Kiba ! Sasuke-kun ! Restons concentrés, ok ? Alors… Sac de couchages ?

– Hn.

– J'ai une couverture, ça compte ?

– Euh, si tu veux. C'est toi qui auras froid, Kiba. Hum, ensuite, euh… Rations et eau. On en prend ?

Sasuke secoua la tête :

– Non, il n'y a pas d'intérêt. S'arrêter pour manger nous ralentirais de toute façon, si on a une mission.

– Et crever de faim, ça va pas nous ralentir peut-être ? gronda Kiba en lui jetant un regard torve.

Ils étaient… peut-être pas encore bons. Ils n'étaient que des gamins et manquaient d'expérience. Mais au moins, ils étaient compétents. Il arrivait encore que Kiba s'énerve pour un rien, que Sakura glousse comme une idiote, ou que Sasuke s'enferme dans un silence hautain sans écouter ses camarades, mais c'était moins fréquent. La mission au pays des Vagues… Ça ne s'était pas bien passé, mais d'une certaine façon, ils avaient eu besoin de cet échec. Besoin de réaliser à quel point ils étaient fragiles et à quel point ils dépendaient les uns des autres, à quel point les autres dépendaient d'eux. Ils se disputaient, ils s'énervaient, ils boudaient, mais ils ne laisseraient pas ce genre de chose les saboter.

Kakashi s'attarda quelques secondes de plus, le temps que Kiba lâche une remarque narquoise à propos de Sasuke qui devait sans doute amener de l'après-shampoing dans ses fournitures essentielles, et que Sakura lui asséne un coup de poing sur le crâne qui se transforma en empoignade féroce agrémentée de grands cris de guerre. Puis, satisfait de l'expérience, le Jounin masqué se volatilisa en Shunshin.

Ah, comme c'était étrange de penser que ses mignons Genins allaient passer l'examen ! Ils étaient encore si petits et si mignons. Oh, ils étaient aussi relativement dangereux, ces derniers temps, mais voilà. Ils restaient ses mômes et ils étaient adorables. Kiba était devenu un peu berserk au combat, et maniait ses dagues avec une adresse démoniaque. Sasuke était vif et costaud, bien plus compétent que ses pairs en taijutsu, bien plus froid et agressif aussi. Sakura sortait de sa coquille, révélant des talents en genjutsu qui ne demandaient qu'à être affutés, et une adaptabilité tout à fait mortelle avec ses petits ninjutsus basiques qu'elle parvenait à transformer en piège et en attaques. Et ça faisait chaud au cœur ! Voir Sakura utiliser le Kaminari pour se substituer à toute allure avec une demi-douzaine de leurres puis se substituer avec Kiba pour se ruer sur un adversaire complètement stupéfait, voir Sasuke enchaîner les ninjutsu élémentaires et les techniques de shurikens, voir Kiba se glisser comme un serpent entre les attaques d'ennemis plus gros que lui et manier ses dagues avec adresse… Il y avait quelque chose d'attendrissant dans tout ça. Ils étaient petits et mignons et innocents, d'une certaine façon, mais ils étaient aussi mortels, et c'était grâce à Kakashi. Il était toujours tiraillé entre l'instinct primaire « protège les petits » et la réalisation consciente « enseigne aux petits à se battre et ils survivront plus longtemps », mais il arrivait plus facilement à les concilier, désormais.

Après tout… Plus ses gamins devaient doués, et plus le seuil de dangerosité que Kakashi considérait comme acceptable augmentait.

Mais voilà. L'équipe 7 allait entrer dans l'examen Chuunin. Oh, Kakashi ne s'attendait pas à ce qu'ils passent. Sasuke, peut-être (et encore !), mais ni Kiba ni Sakura. Dans un autre monde il aurait fait entrer ses élèves dans l'examen pour les confronter à l'échec dans un environnement relativement protégé, parce que dans un autre univers la mission au pays des Vagues se serait terminé différemment, et aurait eu un goût de succès. Mais dans cet univers-ci, Kakashi n'avait nul besoin de confronter ses élèves à la défaite. Non, s'il faisait entrer ses élèves dans cet examen… C'était pour les pousser en avant. Pour qu'ils se mesurent à d'autres Genins, pas pour se sentir humble, mais au contraire pour réaliser leur vrai niveau. Pour qu'ils prennent conscience de leurs forces mais aussi de leurs faiblesses. Pour qu'ils se préparent, tout simplement.

Peut-être, sûrement même, ils ne seraient pas promus. Mais ils pourraient observer leurs pairs et analyser leurs techniques. Beaucoup de Genins auraient appris d'autres Jutsu d'ici les prochains examens, bien sûr, mais les bases de leurs styles respectifs seraient inchangées.

Cet examen serait un gain d'expérience avant leur éventuelle promotion. Mais surtout, ça serait un test. Un test de leurs capacités, de leur esprit d'équipe, de leur adaptabilité, de leur attitude face à des ninjas étrangers. Et puis, oui, avouons-le : une petite part de Kakashi avait vraiment envie de voir ses Genins battre les autres.

Idéalement, tous les autres. Mais surtout ceux de Gai, parce que c'était son Eternel Rival. Ok, son équipe de Genins avait un an d'avance… Mais ils n'étaient pas si extraordinaires que ça. En tous les cas, le duo Sakura-Kiba ainsi que l'incroyable rapidité de Sasuke pourraient leur réserver quelques mauvaises surprises !

Ah, et puis, Kakashi avait aussi un peu envie que son équipe batte celle de Tsunami, parce que… Il ne la connaissait pas trop, mais c'était pour le principe de la chose. La chef du clan Uchiha, qui avait battu Itachi : c'était une légende qui avait une certaine stature. Comparer la force de ses élèves avec les siens, c'était un peu comparer leurs forces respectives par proxy. Un peu comme avec Gai, en fait. D'autant que Tsunami, mais aussi l'un de ses élèves, étaient très proches de Sasuke. Kakashi n'était pas… excessivement possessif… Mais il voulait voir Sasuke se battre au nom de l'équipe 7, et pas au nom d'un autre Jounin.

Hum, qui d'autre voulait-il battre ? Ah oui. Tenzō. Ce n'était pas contre Tenzō, hein ! C'était juste que son adorable kōhai avait vraiment une vie de Jounin-sensei beaucoup trop facile, avec ses trois mouflets aux grands yeux innocents. Naruto, Hikari et Hotaru s'entendaient comme larrons en foire, étaient tous très doués, et en plus de ça ils avaient d'excellents pedigree. Vraiment, c'était une équipe de rêve. Peut-être même un peu trop parfaite, d'ailleurs. Alors Kakashi avait une obligation morale d'empêcher Tenzō de se reposer sur ses lauriers. C'était son devoir de senpai ! Et envoyer ses Genins botter les fesses des siens lui semblait la solution parfaite.

Et en bonus, ça serait marrant. Non ?

Kakashi avait peut-être, un peu, l'esprit de compétition. Pas beaucoup, hein ! Mais apparemment, il y avait certains défis auxquels il ne pouvait pas dire non…

oOoOoOo

Tsunami n'avait pas vraiment revu Tsunade (ou Jiraya) depuis son retour au village. La jeune Uchiha avait été très occupée, et elle supposait qu'il en était de même pour les Sannins. Tsunade avait réintégré l'hôpital et en avait pris la direction, réorganisant les différents services avec une efficacité terrifiante. Elle avait renoué avec pas mal de gens, et fait la rencontre de tout un tas de Senju (Tsunami en avait entendu les échos de la part de ceux qu'elle connaissait), mais Tsunade n'avait, malgré, tout, pas un immense cercle social. Rester loin du village durant quatorze ans, ça tendait à avoir cet effet…

Mais passons. Tsunami avait vu Tsunade, en passant, au coin d'une rue ou à l'angle d'une boutique, mais elles ne s'étaient pas parlé. Ce fut donc avec une certaine surprise que Tsunami rentra chez elle ce jour-là, et trouva la Senju devant sa porte, plongée dans une lutte de qui-baissera-les-yeux-en-premier avec l'un de ses chats.

Neji, Tenten et Inaho, qui trottinaient derrière elle, s'immobilisèrent avec incrédulité. Tsunami se contenta de secouer la tête avec amusement :

– Tsunade-sama, est-ce que vous essayez d'intimider ce pauvre félin ?

La Senju fusilla du regard le chat avec plus d'ardeur. Le chat soutint son regard sans ciller… Puis, soudain, comme s'il s'était désintéressé d'elle, il se tourna et se mit à se lécher le flanc avec indifférence. Comme si, vraiment, cette lutte puérile était indigne de lui.

C'était l'attitude typique du chat qui vient de perdre, et la Sannin ne s'y trompa pas. Elle esquissa un sourire mauvais, puis se tourna vers Tsunami, et mentit avec aplomb :

– Pas du tout, qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Tsunami retint un reniflement amusé (ça aurait vexé le chat, qui faisait semblant de ne pas les entendre mais n'en perdait pas une miette) puis l'invita à entrer, et fit les présentations. C'était une coïncidence que ses élèves soient là. L'entraînement était fini pour aujourd'hui, alors elle avait proposé à son équipe de leur donner un stock de notes explosives avant de les libérer. Tsunami ne transportait plus beaucoup de notes explosives sur elle, puisqu'elle était capable de les créer d'un toucher du doigt avec une empreinte de chakra : il avait donc fallu qu'elle aille chercher son stock à la maison…

– Enchantée, lâcha Tsunade après les présentations. Tu remplaces le gamin qui est passé Chuunin, c'est ça ?

– En effet Tsunade-sama, rosit Inaho. C'est un honneur que d'avoir été choisie pour compléter cette équipe.

Mouais, elle chantait une autre rengaine durant leurs entraînements ! Inaho n'était pas geignarde, mais elle adorait ronchonner et taquiner ses voisins. Tsunade émit un reniflement amusé, sans doute pas dupe. Puis la Sannin se tourna vers les deux autres gamins. Tenten se raidit inconsciemment mais Neji resta complètement imperturbable, soutenant son regard d'un air impavide.

– Tenten-chan et moi nous sommes déjà rencontrées, sourit Tsunade. J'ai hâte de voir ce que tu feras dans cet examen, gamine. Et… Un Hyuga. J'avoue que je suis surprise. Les temps ont bien changé. A mon époque, mettre deux possesseurs de Dôjutsu rivaux dans la même équipe était à peine envisageable.

– Vraiment ? sourcilla Tsunami en divisant sa pile de notes explosives en trois petits tas bien nets.

Elle avait retrouvé son stock de notes explosives (il y en avait probablement assez pour rayer de la carte un petit pays) dans un tiroir de la commode de l'entrée. Elles prenaient la poussière : il était grand temps de les utiliser. Après avoir fait trois tas à peu près égaux, Tsunami les répartit entre ses différents élèves. Neji les rangea dans sa ceinture d'un geste vif, mais Tenten et Inaho firent traîner les choses en longueur, ne masquant guère leur envie de rester pour écouter la conversation de leur sensei avec une Sannin.

Tsunade haussa les épaules :

– Oh, les Hyuga et les Uchiha ne se sautaient pas à la gorge immédiatement. Mais leurs clans respectifs leur mettaient la pression pour toujours dépasser l'autre. Ça empoisonnait l'atmosphère… et laisser la politique des clans saper l'esprit d'équipe des combattants n'est pas vraiment une bonne stratégie en temps de guerre.

C'était plus plausible. Tsunami pouvait tout à fait imaginer Fugaku Uchiha ou Hiashi Hyuga faire ce genre de chose. Et à sa connaissance, il n'y avait guère eu d'équipe mixant les deux clans…. Mis à part la Team Shisui. Mais bon, eux, ils avaient été exceptionnels. Et puis, pour que Tokuma Hyuga rejoigne une équipe menée par un Uchiha, il avait quand même fallu pas mal de compromis. Dans le canon, la Team Shisui n'avait pas eu Tokuma parmi ses membres. La rivalité entre leurs deux clans était trop profondément ancrée.

Est-ce que ça aurait pu évoluer, s'ils avaient eu plus de temps ? Peut-être. Tsunami avait pu changer la Team Shisui, rien qu'avec sa présence. Est-ce qu'elle aurait pu changer les rapports des Hyuga et des Uchiha ? Les rapports des Uchiha avec le reste du village ? Cinq ans avaient passés depuis le massacre, et ça la hantait toujours. Elle n'avait même pas essayé de les sauver, parce qu'elle avait décidé que c'était hors de sa portée. Mais… Si ça avait été possible, si elle aurait pu les sauver… Est-ce que ça ne rendait pas son inaction encore plus impardonnable ?

– Bah, lâcha-t-elle d'un ton sombre. Au moins, à présent, il n'y a plus assez d'Uchiha pour que la rivalité soit un problème.

Ça jeta un froid. Tsunami fit mine de ne pas le remarquer, et mit du thé à chauffer. Puis elle se tourna vers ses trois élèves et haussa un sourcil :

– Qu'est-ce que vous faites encore là ?

Neji prétendit que la question ne s'adressait pas à lui. Inaho et Tenten se regardèrent, puis la policière répliqua d'un air candide :

– On vous observe dans votre environnement naturel, sensei.

Un reniflement amusé échappa à Tsunami. Mais ce n'était pas parce que ses élèves étaient des petits malins sarcastiques qu'elle allait tout leur passer ! La Jounin agita vaguement la main :

– Bien essayé, mais non. Filez, et profiter de vos dernières heures de liberté avant l'examen mortel. Allez, zou !

Les deux adolescentes s'exécutèrent en ricanant. Neji traîna les pieds, mais il les suivit quand même. Après tout, ce n'était pas officiellement sa maison. Cela dit, Tsunami n'eut pas besoin d'étendre beaucoup ses capacités de sensor pour savoir que, alors que Inaho et Tenten étaient chacune parties de leur côté, Neji contournait la maison par l'arrière pour essayer d'écouter à la porte du jardin. Bah. Elle n'allait pas l'en empêcher.

Elle reporta son attention sur Tsunade. C'était étrange d'avoir Tsunade Senju, la légendaire Sannin, assise dans son salon. Tsunami ne pouvait s'empêcher de ressentir une vague impression de surréalisme. Elle laissa passer un instant, puis déclara négligemment :

– Qu'est-ce qui vous amène, mis à part le besoin d'asseoir votre supériorité sur les matous errants du quartier ?

– Gamine, j'ai connu plus d'Uchiha que toi, rétorqua Tsunade en levant les yeux au ciel. Je sais reconnaître une Invocation quand j'en vois une.

Tsunami en doutait. Les chats des Uchiha étaient particuliers, à la fois Invocations et chats ninjas sans dimensions particulière. Ils étaient tout à fait capables de passer pour des chats normaux. Mais elle ne releva la pique, et se contenta de hausser un sourcil tout en amenant le thé à table. Elle n'avait pas eu de réponse à sa question.

La Sannin ne répondit pas tout de suite, faisant mine de se concentrer sur son thé. Tsunami ne la pressa pas. Elle était curieuse, d'une certaine façon, de ce qui avait bien pu pousser Tsunade Senju à venir dans l'antre du clan Uchiha. D'accord, Tsunami s'était bien entendu avec elle sur le chemin de Konoha, mais elles n'étaient pas amies. Et… Même après toutes ces années, le clan Uchiha était un peu à part. Toutes les connexions que Tsunami s'était faites au sein du Conseil restreint ou parmi les ninjas de Konoha, c'était en tant que Tsunami et non pas en tant que chef du clan Uchiha. Or, pour la Sannin, Tsunami était chef du clan Uchiha avant d'être autre chose… Avec tout le stigma qui allait avec ce rang.

Finalement, Tsunade haussa les épaules :

– Est-ce que c'est si difficile de croire que je viens voir un visage familier ?

Tsunami cligna des yeux. Elle ne pensait pas vraiment correspondre à la description. Tsunade et elle avaient peut-être cheminées ensemble quelques jours, mais il y avait des tas e gens plus familiers avec la Senju. A commencer, sans nul doute, par l'Hokage en personne !

La Sannin esquissa un mince sourire, percevant sans doute son incrédulité :

– Ne prends pas cet air surpris. Je t'aime bien, petite Uchiha. Oh, ton côté moralisateur m'a donné envie de te jeter par la fenêtre quand on s'est rencontrée, et tu es beaucoup trop irrévérencieuse pour une gamine de ton âge. Mais j'aime ta conviction. Et puis, sois réaliste, je ne connais plus grand-monde dans ce village. Tous mes proches sont morts au cours de la dernière guerre : c'est pour ça que je suis partie.

– Et par défaut ça fait de moi quelqu'un de plus familier que tous les inconnus de Konoha, en déduisit Tsunami. Je croyais que vous aviez, euh, renoué avec vos cousins ?

Tsunade lui lança un regard aigu :

– Ah, tu es au courant de ça ? C'est vrai. J'ai remonté mon arbre généalogique pour voir… s'il en restait.

Elle marqua une pause, pensive. Puis, plus bas, elle reprit :

– J'ai connu tous leurs parents. C'est étrange, n'est-ce pas ? Je pensais le clan Senju mort. Mais… Ils sont encore là. Ils ont eu des enfants, et ces enfants ont grandis, et maintenant… Ils ont tous des traits si familiers, parfois la même voix, les mêmes mimiques…

Elle se tut, sans doute plongée dans ses souvenirs. Tsunami eut soudain le souvenir vivide, clair comme du cristal, de la façon dont Mama riait. La façon dont elle tenait son stylo quand elle écrivait, la manière dont elle repoussait ses cheveux derrière son oreille. Le sourire éclatant de Shisui. La façon dont ses grands-parents pinçaient les lèvres, ou s'animaient en parlant. Le rictus déterminé de Hideyoshi, le froncement de nez sarcastique de Yachiru, le regard attentif de Yasu, l'air patient de Mikoto, le pli mécontent des lèvres de Fugaku. Ils étaient tous morts, tous, mais parfois Tsunami surprenait un écho de ces choses dans les traits d'Izumi, d'Hikari ou de Sasuke.

Oh, comme elle comprenait sa mélancolie. Qui pouvait mieux comprendre ? Tsunami Uchiha et Senju Tsunade… Elles étaient les deux héritières de clans glorieux, à présent disparus.

Finalement, Tsunade secoua la tête, comme pour s'arracher à ses idées noires. Elle prit sa tasse de thé et y jeta un regard mélancolique, comme si elle souhaitait y ajouter de l'alcool, mais ne fit aucune remarque. Elle se contenta de lâcher d'un ton bourru :

– Enfin, bref. La plupart de ceux avec qui j'ai parlé te connaissent et t'aiment bien, tu sais. Il y a la petite Tenten, évidemment… Mais aussi Atsuo, Ibiki, Hakui, Gemma, Tenzō. Tenzō, surtout, c'était une surprise. Il n'a pas beaucoup d'amis, mais tu en fais partie.

Et… Avec un peu de surprise, Tsunami réalisa que la réciproque était vraie. Elle connaissait Tenzō depuis peu de temps, et elle n'avait pas avec lui le lien forgé dans le feu et le sang qu'elle avait avec ses autres amis (car bien souvent, elle avait effectué des missions avec eux, et ils avaient risqués leurs vies les uns pour les autres). Mais elle aimait la compagnie de Tenzō, elle lui faisait confiance, elle sauterait sans hésiter face au danger pour lui. Alors oui, ils étaient amis. Ça s'était fait petit à petit, sans qu'elle ne s'en rende compte, mais le résultat était là.

– Moi aussi je le considère comme un ami, fit-elle avec prudence. Mais vous n'êtes pas venue pour me dire ça, j'imagine.

– Non, lâcha la Sannin d'un ton brusque. Je suis venue te dire que tu as bien fait de venir me chercher, que tu as bien fait de venir me rappeler que j'avais une place ici. J'ai renoué avec beaucoup de cousins issus de branches des Senju que je croyais disparues. J'ai revu des gens qui m'étaient cher. Tu as bien fait de venir me chercher, mais ce n'était pas nécessaire pour changer le monde.

Tsunami carra les épaules et contra :

– Bien sûr que si. Le Sandaime n'est pas éternel. Je sais que vous ne voulez pas vraiment lui succéder, mais vous êtes son élève, ça vous rend importante…

– Ne te fais pas d'idées là-dessus, la coupa Tsunade. Ne t'avise pas de le répéter, et je nierai l'avoir dit, gamine : mais je ne suis plus toute jeune. Jiraya, Orochimaru, moi, la moitié des chefs de clans… On vient tous d'un temps passé. On est des reliques de la guerre, et même si douze ans ont passé, on a encore du mal à exister en temps de paix.

Tsunami cligna des yeux, coupée dans son élan et ne sachant pas que dire. Pour se donner une contenance, elle prit sa tasse de thé dans ses mains. Plusieurs secondes passèrent en silence, puis la Sannin demanda d'un ton plus bas :

– J'ai une autre question à te poser, Tsunami Uchiha. Tu n'es pas obligée du répondre.

L'esprit de Tsunami passa à toute allure sur tous les sujets sensibles qu'elle avait en mémoire (Hikari, le sceau de l'Oiseau en Cage et ses recherches dessus, Orochimaru, l'invasion, Tenzō et son Mokuton, le fait qu'elle ait une relique Senju volée qui prenne la poussière sous son lit, Itachi, Danzō) et elle déclara d'un air dégagé :

– Dites toujours.

La Senju prit le temps de peser ses mots. Lorsqu'elle parla, ce fut d'une voix lente, presque prudente.

– Pourquoi être devenue chef du clan Uchiha ? Le clan aurait pu disparaître. Il aurait suffi de refuser d'en porter le nom. Et ça aurais sans doute été plus simple. Le clan Uchiha n'a pas toujours eu bonne réputation. C'est un nom de famille qui traîne avec lui une longue histoire de drames et de tragédies.

C'était une question inattendue. Tsunami fronça les sourcils, essayant de trouver une réponse. Pourquoi la Sannin lui demandait-elle ce genre de chose ? Hésitait-elle à… renoncer à son nom de Senju ? Ou au contraire, est-ce qu'elle était en train de réfléchir au fait de reconnaître d'autres Senju, comme Tenzō par exemple ? Puis Tsunami se força à réfléchir, non pas au genre de réponse que Tsunade attendait, mais au genre de réponse qu'elle, Tsunami, voulait lui donner. Le but n'était pas de convaincre la Sannin de faire renaître les Senju, c'était de lui dire pourquoi Tsunami n'avait pas laissé mourir les Uchiha. Et c'était… compliqué.

– Parce que je leur devais, finit-elle par dire. Et je le devais à moi-même.

Elle fronça les sourcils, regardant son thé sans vraiment le voir, et continua :

– Bien sûr, j'ai pensé à Sasuke. Je ne voulais pas l'abandonner, ça aurait été… cruel. Mais Sasuke n'est qu'une personne. Prendre le nom d'Uchiha, faire renaître le clan, c'était une tâche collective : pour Sasuke, Izumi, Hikari, moi. Et c'était à moi de prendre la décision. Viscéralement, une part de moi voulait dire non, parce que j'ai des problèmes avec l'héritage que le clan a laissé. Mais… Mais…

Comment mettre ça en mots ? C'était si vaste. C'était si compliqué. C'était évident tout en étant horriblement vague. Difficile à saisir, tout en tombant complètement sous le sens. Tsunami chercha ses mots, frustrée :

– J'ai dit oui parce que… Parce que… Je suis Uchiha. Même si je n'en ai pas porté le nom très longtemps, même s'ils ont tué Mama et déshérité Hikari… C'est de là que je viens. Pas juste génétiquement mais aussi parce que ça a façonné toute mon enfance, toute mon adolescence. J'ai leur sang, leur sale caractère, leur kekkei genkai. Longtemps, je ne me suis pas reconnue comme une Uchiha, parce que je me voyais en opposition avec eux. Mais soudain, ils n'étaient plus là, et… Contre quoi est-ce que je me battais, au juste ? Qu'est-ce que j'essayais de prouver ? Ils sont morts. Et oui, j'aurais pu refuser de les laisser vivre à travers moi, à travers mon nom, mais… Pourquoi ? A partir du moment où j'ai accepté d'appartenir au clan Uchiha, le clan Uchiha a accepté de m'appartenir. Je ne peux pas changer le passé, mais je peux influer sur leur futur.

Elle haussa les épaules, et acheva :

– Mon clan Uchiha n'aura probablement pas la grandeur dont rêvait Fugaku ou ses prédécesseurs. Mais ce sera un clan fort, où on se soutiendra, où on soutiendra le village, où on sera aimés, respectés, supportés, aidés. Ce sera un refuge. Une famille. Et si, dans deux ou trois décennies, le clan Uchiha redevient aussi vaste et puissant que jadis… Eh bien, j'aurais fait de mon mieux pour leur donner de valeurs sûres sur lesquelles construire.

Elle releva la tête. Tsunade la fixait en silence, complètement immobile. Tsunami fronça les sourcils :

– Est-ce que ça répond à votre question ?

La Sannin esquissa un sourire étrange :

– Tu sais quoi ? Oui. Je pense que ça y répond assez bien.

oOoOoOo

Le bureau de l'Hokage était une pièce qui donnait à la fois l'impression austère d'une salle de réunion militaire, et à la fois l'impression chaleureuse qu'inspirait un lieu de confiance comme le salon d'un grand-père adoré. Peut-être était-ce dû à ses grandes fenêtres qui donnaient une vue imprenable sur tout le village. Ou peut-être était-ce dû aux meubles de bois, écrasés de dossiers et de papiers entassés. Ou peut-être à la décoration spartiate, se résumant à quelques rouleaux de parchemins accrochés aux murs, et aux portraits des Hokage au-dessus de la porte. Ou peut-être était-ce le sol, un parquet de bois solide et sombre, ou bien les murs peints d'une teinte d'ocre pâle ? Les couleurs étaient relativement récentes, avait songé Jiraya quand il avait remis les pieds dans le bureau de son sensei pour la première fois depuis des années. Avant, le bureau était peint en beige doré. Jiraya s'était demandé si la peinture avait été refaite après l'attaque du Kyūbi, mais le reste de la tour n'avait pas été endommagé…

Il avait appris, plus tard, que la peinture avait été refaite après que Danzō Shimura ait été assassiné dans cette pièce. Sa tête avait explosé avec assez de violence pour littéralement repeindre les quatre murs de sang et de cervelle : il avait fallu trois ANBU et des heures de nettoyage pour en retirer les moindres restes des crevasses du plancher et des reliefs des poutres en bois. Les murs clairs, quant à eux… Eh bien. Ils avaient survécu à trois guerres, des années de tabagisme, et l'attaque du démon-renard, mais pas à Danzō, apparemment.

La version officielle était qu'Itachi avait assassiné Danzō, mais Jiraya n'était pas un idiot. Il avait lu les rapports. Il avait vu à quel point l'enquête avait été classée vite, comme si personne ne voulait creuser l'affaire. Les explosifs n'avaient jamais été le style d'Itachi : à vrai dire, en règle générale, les Uchiha dédaignaient les explosifs, ils étaient bien trop fiers de leurs Katon. Il n'y avait qu'une seule Uchiha qui utilisait les explosifs à cœur joie, et curieusement, c'était celle qui bénéficiait le plus de la mort de Danzō.

Le premier réflexe de Jiraya avait été de penser à la trahison : un coup en traître d'un autre Uchiha suivant les traces d'Itachi et se retournant contre son village, un serpent comme Orochimaru frappant depuis l'ombre pour son propre bénéfice. Il avait un peu honte, en rétrospective. Tsunami était arrogante, un peu abrasive, et certainement pas son élève préférée, mais elle n'était pas déloyale. Elle n'était pas mauvaise. Au contraire. Elle avait ramené Tsunade à Konoha, pour l'amour du ciel. Elle avait à cœur les intérêts du village… Mais Jiraya avait vu un mort et un suspect, et tout ce qui lui avait sauté aux yeux c'était le nom Uchiha. Ces emmerdeurs aux yeux rouges qui fouinaient toujours dans les affaires des autres et volaient les Jutsu d'autrui sans aucun respect pour leur dur labeur. Un tas de coincés qui avaient toujours pris Jiraya de haut parce qu'il était un orphelin sans nom, qui avaient traité Tsunade avec dédain et irrespect (même après la mort de Nawaki, ou de Dan) parce qu'elle était une Senju et que c'était apparemment suffisant pour la considérer comme une princesse pourri-gâtée, et qui avaient traité Orochimaru avec méfiance et dégoût, parce que… Eh bien, parce que c'était Orochimaru. Et, d'accord, quasiment tout le monde avait traité Orochimaru ainsi, mais les Uchiha avaient eu du pouvoir, et ce n'était pas juste que… que…

Oh, qui essayait-il de convaincre ? Les Uchiha avaient été hautain avec tout le monde. Ils n'avaient pas fait preuve de discrimination envers Orochimaru, pas plus que les autres. Au contraire, leur prudence était sans doute tout à fait raisonnable, quand on savait à quel point le Sannin aux serpents avait été fasciné par leur Dôjutsu. Mais voilà, les Uchiha avaient eu du pouvoir, une mauvaise réputation, et une attitude désagréable, alors il avait été facile de les blâmer. Mais ce n'était pas de leur faute. Ce n'était certainement pas leur méfiance qui avait poussé Orochimaru à déserter. Ce n'était pas leur sale caractère qui avait poussé Danzō à kidnapper des enfants pour les faire s'entretuer et monter son armée personnelle. Et leur mauvaise réputation n'était certainement pas une justification pour le massacre qui les avait décimés.

Ah, le massacre. Un autre sac de nœuds.

En apparence, c'était le produit de la folie d'Itachi. Personne n'avait cherché plus loin. Il était vivement déconseillé de chercher plus loin. Mais Jiraya était le maître des espions de Konoha. Beaucoup de ses agents avaient également fait des rapports à Danzō… Et beaucoup des agents de Danzō lui avait aussi fait des rapports. Il savait quelle avait été la situation à Konoha, avant que tout ne dégénère. Alors le timing… Les tensions entre le clan et le village, juste avant… Le fait que le Sandaime voulait démanteler la police… Ce massacre si total, si complet, comme une purge… Et le fait que Tsunami ait assassiné Danzō immédiatement après…

Jiraya passait souvent pour l'idiot du village, comparé à Tsunade la prodige de la médecine, et Orochimaru le génie du ninjutsu. Mais il ne fallait pas s'y tromper. Ce n'était pas parce que Jiraya était un peu rustre qu'il ne possédait pas une intuition et une logique acérée.

Et même si personne ne lui avait rien admis à ce sujet, Jiraya savait que le massacre portait certainement la marque de Danzō.

– Tu n'as pas approché Naruto.

La voix de Sarutobi-sensei fit tressaillir Jiraya comme un enfant pris en faute. Oui, le Sannin aux crapauds était d'une grande intelligence, et un ninja très puissant. Mais il était le plus lâche de son équipe, sans nul doute : il n'avait jamais su se confronter à ses propres problèmes. Il avait toujours préféré les fuir. D'une manière moins évidente que Tsunade, mais… Il fuyait, lui aussi.

– J'ai le temps, fit-il d'un ton qui se voulait désinvolte.

– Jiraya…

La voix de Sarutobi-sensei était pleine de déception. Jiraya rentra la tête dans les épaules. Il savait ce que le Sandaime pensait de la situation, il le savait, d'accord ? Sensei aurait voulu qu'il reste pour s'occuper de Naruto.

Après tout, il n'aurait même pas été nécessaire révéler que Naruto était son filleul : le fait qu'il soit le Jinchuuriki aurait suffi à justifier qu'un Maître des Sceaux soit son gardien légal ! Et Sarutobi-sensei avait aussi espéré rattacher Jiraya à Konoha de façon permanente, avec cet arrangement. Mais non : c'était impossible. Douze ans plus tôt, comme aujourd'hui, Jiraya s'y était refusé. La réaction viscérale d'horreur de Jiraya à l'idée d'endosser ce rôle, cette responsabilité… Rien que d'y repenser il en frémissait de la tête aux pieds, il avait le ventre tordu d'effroi, presque de révulsion.

Il détestait qu'on lui impose des devoirs.

Et il détestait encore plus l'idée de rester à Konoha.

(Chacun des Sannins en était venu à haïr ce village, chacun à sa manière.)

Quand Jiraya avait accepté d'être le parrain de gamin, il pensait que ça lui donnerait juste un rôle d'oncle distant un peu fantasque. Il pensait que Kushina et Minato seraient toujours là. Être le parrain de Naruto avait été un honneur, une marque de confiance de ses parents, mais… Ce n'était pas supposé être… Il n'avait jamais vraiment eu l'intention de… Il n'était pas fait pour les responsabilités, bon sang ! Et Minato le savait ! Il aurait dû savoir, et c'était de sa faute s'il n'y avait pas pensé. Et si c'était de sa faute, alors ce n'était pas de la faute de Jiraya. Pas sa faute, pas son problème. Et certainement pas sa responsabilité. Il avait des choses plus importantes à faire que de s'enchaîner à un gosse.

Et puis Sarutobi-sensei n'avait pas non plus beaucoup protesté quand Jiraya avait pris la clé des champs, songea le Sannin avec une pointe de mauvaise foi (il était bien conscient que le Sandaime était trop occupé à faire le deuil de sa femme, et à remettre debout Konoha, pour avoir le temps de courir après Jiraya et son déni). Donc c'était aussi la faute de Sarutobi-sensei si Naruto s'était retrouvé seul. Le Sandaime n'avait pas le droit de pleurnicher maintenant au sujet des responsabilités ou de son rôle de parrain. Il était un peu tard ! Et puis, franchement, la solitude de Naruto était sans doute grandement exagérée. Jiraya aussi avait été un orphelin sans soutien et il s'en était très bien tiré dans la vie.

Enfin bref. C'était fait, c'était passé, et franchement il ne voyait pas pourquoi Sarutobi-sensei insistait pour en reparler. Jiraya aurait été très content de vivre dans le déni de l'existence de Naruto (et de tous les traumatismes associés à ce gamins) jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne en vie pour lui mettre le nez dans ses erreurs. Pendant un instant, Jiraya imagina comment ça se serait passé. Il aurait approché Naruto comme un étranger en approchant un autre, sans rancœurs, sans histoire passée, sans le lourd poids de ce passif et de cette culpabilité. Peut-être même qu'il l'aurait pris comme élève ! Le gamin ressemblait à Minato, ça lui aurait rappelé de bons souvenirs. Et peut-être… Oui, peut-être qu'un jour, Jiraya aurait même fini par voir ce môme comme sa propre personne, et non pas comme un amalgame de souvenirs et de drame.

Mais Sarutobi-sensei voulait qu'il approche Naruto sans faux-semblant. Il voulait qu'il lui parle de Minato et de Kushina. Il voulait que Jiraya approche son filleul avec tout le poids du passé sur ses épaules, des aveux, des émotions, et. Beurk. Nope, pas question. Jiraya refusait. Le passé, il le fuyait, l'ignorait, le niait, se forçait à l'oublier. Il n'allait certainement pas le traîner avec lui pour rencontrer l'incarnation vivante de son plus grand échec.

– Plus tard, sensei.

– Quand, Jiraya ? Il a douze ans. Il sait à propos du Kyūbi et de ses parents. Il mérite de savoir le reste.

Jiraya renifla avec dédain :

– Kakashi est mieux placé que moi pour lui parler de ses parents.

– Kakashi n'est pas son professeur.

– Moi non plus.

– Mais tu es son parrain. Tu as donné ta parole à Minato…

– Je n'ai rien fait de tel ! explosa Jiraya. Ce n'est qu'un prénom, bon sang, sensei, ça ne veut rien dire, et ce n'est pas parce que vous avez refusé de rouvrir ces vieilles blessures que c'est à moi de m'y coller ! Est-ce que vous pensez que ça va arranger quoi que ce soit, si vous me forcez à retourner le couteau dans la plaie ?!

Le Sandaime poussa un profond soupir.

– Non, mais… J'espérais que tu puisses voir Naruto comme une nouvelle chance. Un nouvel espoir.

– Quoi, pour me faire oublier mes échecs en tant que sensei ? lâcha dédaigneusement Jiraya. Oui, super, un môme ignare qui possède le visage de mon plus grand échec, revenu me hanter. Génial.

– Est-ce une pensée si répulsive ?

– … Non, grommela le Sannin à contrecœur. Je n'ai rien contre le lui. Mais je ne veux pas d'une séquelle à une histoire qui finit mal, je veux… Une page blanche. Je veux écrire une nouvelle version, pas une suite !

Ça aurait été différent si le Sandaime n'avait pas été là. Si Naruto n'avait pas été mis au courant de l'identité de ses parents. Si Kakashi avait été son Jounin-sensei (et que Jiraya aurait donc pu l'accuser à loisir d'être celui qui avait la responsabilité d'évoquer Minato et Kushina). Si les choses avaient été ainsi… Jiraya aurait pu… prétendre, faire semblant, peut-être même se persuader que c'était réellement une seconde chance.

Mais… Ce n'était pas dans ce monde-là qu'ils vivaient. Ici, le Sandaime avait avoué à Naruto qui était ses parents. L'ignorance n'était pas une option. Il fallait se confronter aux faits, à la réalité, aux échecs. Il fallait les assumer. Il fallait essayer de reconstruire sur les ruines, au lieu d'effacer le passé avec une bonne dose de déni pour repartir de zéro, sans ce passif encombrant et honteux !

– Une nouvelle version, répéta le Sandaime.

Son air las et attristé n'avait pas disparu, mais il y avait à présent une étincelle vaguement pensive dans son regard. Il tira une bouffée de sa pipe, scrutant Jiraya en silence. Puis il lâcha :

– Et tes autres élèves ?

Jiraya pensa à Nagato, Yahiko et Konan, et cligna des yeux avec ahurissement :

– Mes autres élèves ? répéta-t-il sans comprendre.

– Ceux que je t'avais envoyés. Tsunami, Genma, et Kinoto.

– Eux ? s'écria Jiraya avec incrédulité. Ils ne sont pas mes élèves !

Le Sandaime haussa un sourcil :

– Vraiment ? Ils ont passé un mois avec toi, à recevoir ton enseignement. A ne faire que ça, d'ailleurs. Tu leur as appris des dizaines de techniques de Fūinjutsu, parfois extrêmement puissantes.

– Ce n'est pas pareil ! protesta Jiraya en agitant les mains d'un air indigné. Ce gars, Kinoto, n'avait aucune imagination et je l'ai viré au bout d'une semaine ou deux. Je n'ai pas formé de rapport spécial avec Genma, et son Hiraishin est pitoyable. Et l'Uchiha, Tsunami, elle a passé tout son temps à me juger avec méfiance ! Et je lui rendais bien ! Tous les trois… Je ne les ai pas choisis, je n'en voulais pas ! Et j'étais content qu'ils s'en aillent ! Je ne les ai pas appréciés plus que ça. Ils n'étaient pas spéciaux, pas comme Minato…

Pas comme Minato, non. Pas comme Nagato ou Yahiko ou même Konan. Ces quatre-là avaient été uniques, ils avaient eu cette étincelle en eux. Le potentiel d'être extraordinaire, le charisme, le charme, le pouvoir… ! Et c'était pour ça que Jiraya les avait choisis. Il les avait sélectionnés parce qu'il avait vu à quel point ils étaient spéciaux. Les autres élèves… Tsunami, Genma, ce gars nommé Kinoto, et même les deux Genins qu'on lui avait attribué avec Minato pour former une équipe équilibrée… Oh, Jiraya les avait bien aimés, d'accord. Mais ils n'étaient pas extraordinaires. Ils n'avaient jamais vraiment… retenu son attention. Ils n'étaient pas destinés à être « l'enfant de la prophétie », ils étaient trop communs, trop normaux. Alors pourquoi perdre son temps avec eux, alors que la mission de Jiraya était de guider et de former l'élu qui allait sauver le monde ?!

Le Grand Sage des Crapaud le lui avait prédit : son élève sauverait le monde. Alors il fallait trouver cet élève. Jiraya ne voulait pas une ribambelle d'apprentis médiocres : il voulait une légende. Une histoire unique qui éclipserait toutes les autres. Le genre de livre qui révolutionne le monde et que personne ne peut égaler. Pas le tome deux d'une histoire qui laissait sur sa faim, comme risquait de l'être Naruto Uzumaki. Pas un roman ennuyeux à l'intrigue prévisible, comme l'étaient Tsunami ou Genma. Non, Jiraya voulait un chef d'œuvre. Il méritait son chef d'œuvre. Il voulait enseigner à l'Enfant de la Prophétie ! Et pour ça, il fallait qu'il le trouve, et non pas qu'il s'accroche à des échecs !

Ce qui l'arrangeait bien, parce que s'il y avait bien une chose que Jiraya détestait, c'était se confronter aux échecs en question.

– Personne n'est parfait, Jiraya.

Le Sannin leva les yeux au ciel :

– Je sais bien, sensei.

– Non, tu ne sais pas, lâcha le Sandaime avec une pointe d'exaspération. Tu es tellement focalisé sur l'idée de chasser un idéal que tu te détourne de tout ce qui est imparfait. Les responsabilités qui te mettent mal à l'aise, la guerre, les échecs du passé, la possibilité d'une relation sérieuse… Tout ce qui est inconnu, effrayant, embarrassant, tout ce qui risque de ne pas être parfait du premier coup, ou qui n'a pas été parfait du premier coup… Tu fuis.

Jiraya croisa les bras d'un air buté. C'était n'importe quoi. Enfin… Peut-être pas complètement… Mais, et alors ?! Il n'avait pas envie de se coltiner des échecs, des critiques, des trucs inconfortables. Oui, il s'en débarrassait et continuait sa recherche éperdue de perfection, et alors ?! C'était ses oignons.

– Mais ce n'est pas une solution viable, asséna le Sandaime comme s'il avait entendu ses pensées. En croyant que trouver quelque chose de parfait est plus important qu'essayer sauvegarder ou d'améliorer quelque chose d'imparfait, tu tournes le dos à tous ceux qui ont besoin de toi. C'est irresponsable, Jiraya. C'est égoïste.

– Vous n'avez pas eu le mémo, sensei ? renifla Jiraya avec amusement. Être égoïste et irresponsable, c'est un peu notre spécialité, à nous les Sannins.

Jiraya, Tsunade et Orochimaru… Il n'y en avait pas un pour racheter les autres. Hiruzen se massa le front d'un air las, puis reprit sa pipe, et en tira une profonde bouffée.

– Pas éternellement. Il te faut transmettre ton savoir, Jiraya, et il te faut approcher Naruto. Ce n'est pas une requête. C'est un ordre.

Dans un autre monde, Jiraya n'aurait pas eu besoin d'un tel ordre. Son attention aurait été attirée par un blond braillard et il aurait décidé sur un coup de tête d'en faire son élève. Oh, il aurait aimé Naruto, profondément et sincèrement, mais il l'aurait aimé en dépit de son lien avec Minato, et non pas à cause de ça.

Mais ce monde-là était différent. Et Jiraya n'avait aucune envie de devenir le professeur de Naruto Uzumaki.

oOoOoOo

Dans autre univers, plus clément et plus injuste à la fois, l'examen Chuunin aurait angoissé Iruka. En voyant les Jounins-sensei faire entrer leurs jeunes élèves dans cette compétition mortelle, il se serait affolé. Il aurait cherché à contester leurs choix (surtout celui du sensei de Naruto), et par la suite, peu convaincu par leurs arguments, il aurait utilisé un bon vieux Henge et testé lui-même les jeunes Genins. Un faux kidnapping, une attaque, ce genre de chose. Au final, les Genins se seraient bien défendus : et Iruka aurait cédé, mécontent mais résigné.

Par la suite, avec les catastrophes ayant eu lieu au cours de cet examen, Iruka se serait peut-être blâmé de ne pas avoir été plus dur ou plus sévère. Mais ça, c'est une autre histoire.

Car ce monde-ci était différent. Les récents diplômés étaient plus nombreux, leurs équipes différemment composées. Naruto n'avait pas pour sensei Kakashi Hatake. Ce qui signifiait qu'il n'avait pas pour sensei un Jounin apathique, désinvolte et faussement indifférent, dont la mauvaise attitude et le CV donnaient des sueurs froides à Iruka. Tenzō avait prouvé qu'il était responsable et compétent, et Naruto avait bien progressé avec lui. Il n'était pas le seul élève, d'ailleurs, à avoir un bon professeur, mieux adapté à lui que celui qui aurait été choisi dans un autre monde.

Dans d'autres circonstances, Iruka se serait peut-être inquiété pour les membres de la Team Kakashi malgré tout, même si son favori (Naruto) n'en faisait pas partie. Que voulez-vous, le Ninja Copieur n'inspirait pas vraiment la confiance ! Mais dans cet univers, l'équipe 7 n'était pas composée de gamins esseulés et socialement isolés. Kiba avait perdu son ninken, mais il avait une famille, un clan, pour l'épauler. Sakura avait changé, et tout le monde savait qu'elle et Kiba étaient pratiquement soudés à la hanche ces temps-ci. Quant à Sasuke, pour lui non plus Iruka ne s'inquiétait pas, parce que Sasuke avait la fratrie déjantée des demi-Uchiha pour le soutenir.

Alors, dans ce monde-ci, Iruka ne s'en faisait pas trop pour les nouveaux diplômés.

Enfin, si, il s'en faisait. C'était des bébés et on allait les balancer face à des combattants de niveau Chuunin, il avait le droit de s'inquiéter ! Mais il s'inquiétait moins, en tous les cas.

Il était même… un peu curieux. Après tout, six mois avaient passé depuis qu'ils avaient quitté l'Académie. Bon nombre des jeunes Genins ne s'étaient pas revus depuis ce jour. Ils avaient tous beaucoup progressé. Certains avaient beaucoup mûri, également. D'autres… un peu moins. En tous les cas, ils avaient tous grandis et changés. Et Iruka était prêt à parier qu'à la fin de cet examen… Un ou deux jeunes Genins passerait au rang supérieur.

– Tu parie sur qui ? lui demanda Anko avec un sourire plein de dents.

Autour d'eux, tout un tas de Jounins et de Tokubetsu s'agitaient ou discutaient joyeusement dans un brouhaha animé. Ce bar était un mélange de… de bar, mais aussi de restaurant, et d'échoppe à dango : c'était désordonné, animé, et apparemment très fréquenté. Iruka n'était jamais venu auparavant… Mais il avait été embarqué là un peu par hasard par Yūgao, et il ne savait jamais su dire non à Yūgao. Il était un peu perdu dans cette foule, à présent. Anko était l'un des rares visages qui lui étaient familiers.

– Euuuh… Neji Hyuga ? hasarda Iruka.

– Pffff, c'est pas un pari risqué ! Il a été diplômé depuis un an, et c'est un prodige ! Sort de ta zone de confort, mon gros !

Yūgao flanqua un coup d'épaule à Anko :

– Laisse-le tranquille. Sur qui tu as parié, toi ?

– Le rejeton de Shikaku Nara, et le gamin louche de Gai avec des dessins.

– Shikamaru Nara, et Sai ? réfléchit Iruka. Oui, ce n'est pas impossible…

– Shikamaru est dans l'équipe avec la civile intello et le gamin avec le Hyôton, pointa Yūgao. La civile, Shiho, n'a rien de spécial, mais les deux garçons ont du potentiel, apparemment. Je ne les ai jamais vus en action mais ça pourrait être un duo destructeur. Pas mal de gens ont misé sur le gamin au Hyôton d'ailleurs… Raidō, je crois, et puis Aoba.

Apparemment, c'était courant pour tous les Tokubetsu Jounin de se retrouver dans ce bar pour faire des paries et d'échanger leurs pronostics pour cet examen. Iruka se sentait un peu comme un intrus ici, lui qui n'était qu'un simple Chuunin, professeur à l'Académie. Mais d'un autre côté, maintenant qu'il y était, autant en profiter pour se tenir au courant ! De toute façon, ça faisait un bail qu'il n'avait pas traîné avec Yūgao…

– On sait qui a parié sur qui ? demanda-t-il avec curiosité.

– Vaguement, fit Yūgao en haussant les épaules. Kotetsu et Izumo ont misé sur la gamine de Tsunami, la petite Tenten. Hayama-san a misé sur Inaho, leur coéquipière temporaire. Muta et Torune ont parié sur Shino Aburame, mais bon, c'est sans doute parce que c'est l'héritier de leur clan…

– Natsu a parié sur la petite Hinata mais c'est quasiment une obligation pour les Hyuga, leur confia Anko en mordant dans une nouvelle brochette de dango. Officieusement, elle a aussi misé sur la petite Yamanaka.

– Ino Yamanaka ?!

Iruka se souvenait d'elle comme d'une gamine capricieuse et autoritaire. L'héritière du clan Yamanaka était… douée, mais pas assez motivée, ou du moins pas dans le bon sens. Mais Yūgao se contenta de rire :

– Ah c'est vrai, tu ne l'as pas vu récemment. Mais Kurenai-san m'a demandé de lui donner des cours de kenjutsu, et… C'est une vraie furie !

Iruka cligna des yeux. Il avait un peu de mal à imaginer ça. Pour lui, Ino restait une fillette bonde, capricieuse, et pas spécialement féroce. Anko émit un reniflement moqueur devant son expression stupéfaite :

– L'équipe de Kurenai va faire des surprises. C'était des vraies mauviettes quand elle les a eues, mais… Elles ont bien changé.

– Je veux bien le croire pour Yakumo Kurama, réfléchit Iruka. Elle était toujours incroyablement déterminée. Mais elle ne peut pas se battre au corps à corps, non ? Sa santé est restée trop fragile. Et Hinata… Elle manquait de confiance en elle…

– Oh, elle en manque toujours, l'assura Anko. Mais ses coéquipières ont bien assez de férocité pour trois !

Iruka digéra ça en silence. Les équipes constituées de trois kunoichis étaient extrêmement rares, et généralement… On n'attendait pas beaucoup d'elles, en termes de capacité de combat. Les filles avaient de moins grosses réserves de chakra que les garçons, et étaient également éduquées de façon différente, encourageant la modestie et l'empathie plutôt que l'ambition. Il était rare qu'une équipe de trois kunoichi se spécialise dans le combat plutôt que le soutien. Mais qui sait, peut-être que la Team Kurenai allait les surprendre…

– J'espère qu'il y aura quelques bons utilisateurs de kenjutsu dans les finalistes, fit rêveusement Yūgao. C'est de plus en plus rare…

– Le gamin de Gai utilise le kenjutsu ! pointa immédiatement Anko.

– Sai ? Oui, mais il privilégie pas mal son truc avec les dessins. Et c'est un médic ! Il n'a pas vraiment besoin de briller au corps à corps, avec deux atouts comme ça.

– Pas besoin, nan… Mais c'est l'élève de Gai ! On va forcément avoir du corps à corps. S'il arrive jusqu'en finale, tu l'auras, ton kenjutsu !

Un autre Jounin se pencha vers elle, se joignant à la conversation avec intérêt :

– Vous parlez des petits monstres de Gai ?

Iruka mit trois bonnes secondes à reconnaître le gars en question. Puis son nom lui revint : c'était Genma, l'ami de Kotetsu et Izumo. Et l'ami de Tsunami, aussi, maintenant qu'il y pensait. D'ailleurs, n'était-ce pas aussi un ami de Gai ? Iruka ne connaissait Genma que de façon périphérique, mais apparemment c'était un gars très populaire.

– Genma ! Ouais, ils ont du potentiel, tu crois pas ?

– C'est sûr ! Lee est exactement comme Gai au même âge. Même s'il n'utilise que le taijutsu, il a le potentiel de faire un excellent show. Peut-être pas être promu, cela dit : il est encore un peu trop impulsif…

– Tch' ! renifla Anko avec amusement. Ils le sont tous, non ?

– Pas forcément, pointa timidement Iruka. Shino Aburame a la tête sur les épaules. Hikari Uchiha, aussi, est très mature pour son âge.

Genma approuva d'un hochement de tête :

– Oui, j'ai entendu de bonnes choses sur le fils de Shibi Aburame. Il paraît que son sensei a emmené son équipe à plusieurs reprises dans des missions conjointes avec des membres de la Division Genins. Ils doivent avoir pas mal d'expérience, à présent.

Anko et Yūgao, de façon prévisible, n'avaient guère prêté attention à la mention de Shino. Dès que le nom Uchiha avait été prononcé, elles s'étaient penchées en avant avec intérêt.

– Hikari, le petit prodige, murmura Yūgao. J'ai du mal à croire qu'il va entrer dans l'examen. Il n'a que dix ans !

– Ouais, approuva Anko. Je sais que les Jounin-sensei gèrent leurs élèves comme ils veulent et que Tsunami n'a pas le droit d'interférer, mais bon, quand même, j'me serai attendue à plus de… panique.

Iruka ne voyait plus Tsunami très souvent, vu qu'elle était très occupée ces derniers temps, mais il restait l'un de ses rares confidents. Il hésita un instant, puis avoua :

– Elle pense qu'il va échouer. Apparemment leur Jounin-sensei les a uniquement inscrits pour qu'ils voient l'ambiance, pas pour qu'ils arrivent au-delà de la seconde tâche.

– Ça reste dangereux ! protesta Yūgao. Des Genins sont morts par le passé dans ces épreuves.

Iruka regarda ailleurs. Lui, personnellement, n'avait perdu aucun coéquipier de son équipe de Genins. Mizuki et Natsu Hyuga étaient toujours en vie. Mais Yūgao… Elle avait perdu ses deux coéquipiers lors du même examen Chuunin où Tsunami avait été promu. Un examen qui s'était déroulé à Konoha, exactement comme celui-ci…

– Il a son équipe pour le protéger, pointa-t-il.

Il y eut un bref silence. Tout le monde savait qui était dans l'équipe d'Hikari Uchiha. La plupart des gens n'accordaient guère d'attention à Hotaru Tsuchigumo, issue d'un vieux clan désormais disparu, et une réfugiée sans le sou. Mais Naruto Uzumaki… Lui, les gens y faisaient attention. Le Jinchuuriki de Kyūbi… Qui pourrait l'ignorer ?

Iruka s'était tendu, prêt à répliquer de façon glaciale si quelqu'un osait faire une remarque sur Naruto. Mais personne ne s'y risqua. Finalement, Genma se racla la gorge, et déclara d'un air dégagé :

– En parlant d'Uchiha, qu'est-ce que vous pensez des chances du petit Sasuke ? Kakashi a augmenté la cadence d'entraînement de son équipe ces temps-ci.

– Il a ses chances, prédit Anko. Chuunin à douze ans, ça ne serait pas choquant pour un membre de son clan, surtout avec le Sharingan.

Itachi avait été promu bien avant, mais (Kami-sama soit loué) personne n'osa le dire à voix haute.

– Ses coéquipiers vont le ralentir, pointa Yūgao en fronçant les sourcils. C'est irresponsable de les avoir inscrits. Est-ce que l'Inuzuka n'a pas perdu son ninken récemment ?

Aucune mention de Sakura. Comme si elle était insignifiante, une simple statistique. Et avec une pointe de honte, Iruka se surprit à penser que c'était sans doute vrai. Sakura Haruno n'avait rien de spécial. Elle avait été choisie pour combler un vide dans l'équipe du meilleur et du pire élève, rien de plus. Iruka savait qu'elle avait gagné en assurance et en force, mais… il ne la voyait pas vraiment réussir quoi que ce soit. Tout comme Kiba, d'ailleurs. Et pas juste parce que Kiba avait été un cancre, mais parce qu'il avait perdu Akamaru. Le deuil était encore trop récent, trop vif : Iruka comprenait que l'examen Chuunin soit un moyen de se distraire de la douleur, mais il ne pensait pas que Kiba soit devenu prêt à un nouveau départ… Pas si vite, en tous les cas.

Il n'avait pas envie de s'étendre sur le sujet. Iruka se força donc à lancer d'un ton léger :

– Et en parlant de prodige ! Hikari n'est pas le plus jeune : il y a Ranmaru, aussi. Il est plus jeune qu'Hikari de deux mois, en plus.

– Ah, le gamin aux yeux rouges qui vient du pays de l'Eau ! se souvint soudain Anko. Nan, je me souviens, j'ai vu passer sa fiche…. Et je ne parierais pas sur lui.

Yūgao hocha la tête :

– Pareil pour moi. Ce n'est pas un petit génie du taijutsu, contrairement à Hikari. Et peu importe à quel point il est futé et insensible aux genjutsu, il va se faire écraser s'il n'est pas capable de garder le rythme.

– C'est pour ça qu'ils l'ont mis dans la même équipe que Chōji Akimichi et Shino Aburame, pointa Iruka. Ils ont la force qui lui manque. Chōji est très avancé avec les techniques de son clan, paraît-il.

– N'essaie pas de me faire changer d'avis, Iruka. C'est l'examen Chuunin. Oui, l'équipe compte, mais au final, ce sont tes capacités personnelles qui sont évaluées…

Ils continuèrent à débattre un long moment. Qui battrait qui, quel match serait le plus intéressant, qui avait les meilleurs statistiques. Anko clamait soutenir l'équipe de Tsunami par principe, parce que son ex était un excellent coup (ce qui n'était pas une information dont Iruka avait envie ou besoin, urgh, merci bien) et Yūgao voulait juste qu'un expert en kenjutsu émerge du lot. C'était assez rigolo de les écouter. Elles ne faisaient pas juste des pronostics sur les nouveaux, mais aussi sur les Genins qui passaient l'examen pour la deuxième ou la troisième fois. Il y avait tant de potentiel !

Petit à petit, Iruka ne pouvait s'empêcher de se laisser gagner par l'excitation. Tous ces Jounins et Tokubetsu Jounins ne voyaient pas les candidats comme des gamins qui, quelques mois plus tôt, étaient encore sur les bancs de l'Académie : ils les voyaient comme des combattants. Contrairement par Iruka, ils n'étaient pas aveuglés par leurs sentiments. Ils ne voyaient que les statistiques, la progression. Songer aux jeunes Genins comme à des enfants n'était pas faux, mais ce n'était plus entièrement ce qu'ils étaient. Ce n'était même pas la majeure partie de ce qu'ils étaient. À présent… Ils étaient tous devenus dangereux. Assez dangereux pour entrer dans l'examen.

Et, peut-être même assez dangereux pour le remporter.

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Iruka et Yugao amis d'enfance c'est un duo que j'avais presque oublié, mais je les adore. Iruka mérite d'avoir plus d'amis !

Ma Bêta m'a fait remarquer que ça se voyait que je n'aimais pas Jiraya. Et effectivement, je ne le voit pas d'une façon très positive. Les Sannins sont tous très égoïstes, mais de mon point de vue Jiraya est le pire du lot, parce qu'en plus c'est un hypocrite : il prétent être quelqu'un de désintéressé et dévoué au village, alors que personne d'autre que lui-même (et sa vision, son ambition) ne l'intéresse vraiment.

(Et hop, qui a remarqué la petite mention de Kinoto ?)

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Bref. J'essaierai de publier d'ici deux semaines, mais je ne fais pas de promesses ! =) Sinon, ça sera dans un mois ! =)

A bientôt !

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