Me revoilà ! Je vous ai manqué ? x)

J'ai retrouvé de l'inspiration pour un projet, et ça m'a donné un coup de fouet. Et non, ce n'est pas une fic : c'est du GN ! Je vous ai déjà parlé de Kandorya, je le sais. Vu la pression du taff, des révisions, mon angoisse, mon manque d'énergie, je n'ai pas pu aller à la foire de cet automne. Et du coup, en me morfondant, j'ai recruté une personne, puis deux, pour l'année prochaine. Et du coup pour venir ensemble, je me crée un nouveau personnage de A à Z, on a rejoint une faction et tout... Bref, ça fait du bien de se relancer dans le jeu !

Et oui, même si la foire de 2022 est loin, c'est bien de commencer à se préparer dès maintenant. Et ça va me motiver pour longtemps =D J'ai décidé de me laisser pousser les cheveux pour mon perso, imaginez donc ! Et en plus ça m'a permis de prévoir dès maintenant une soirée LARP au Nouvel An avec les deux personnes qui vont venir avec moi à Kandorya (COUCOU VOUS DEUX, OUI JE SAIS QUE VOUS ALLEZ LIRE CE CHAPITRE !) et que j'ai super hâte de rencontrer =D

Also, j'ai décidé de jouer une elfe vaine et agressive avec des compétences en pugilat, et je MEURS D'IMPATIENCE de voir ce que ça donne xD

Bref, du coup, ça va nettement mieux dans ma vie =)

Mais comme évidemment tout à un prix : le fait que je me replonge dans le LARP (ou GN en français), que je réfléchisse à crafter un costume, à mes éléments d'armure, aux compétences de mon perso, etc. ... bah du coup j'ai moins d'inspi et de motivation pour écrire des fics. Déjà que Tsunami était un peu en stand-by, maintenant c'est ma deuxième fic (Wisdom, sur AO3) qui va tomber en panne. Ca m'ennuie un peu vis à vis des lecteurs. Mais, eh, pas de panique ! Il me reste encore plein de chap' à publier !

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Passons aux réponses aux reviews !

Hey Choii-chan ! Contente que ça t'ai plu ! J'aime pas Jiraya et ça se voit x) Tous les Sannins ont leurs problèmes, mais dans la narration du canon, Joiraya est le seul dont les problèmes sont excusés, traîtés comme une blague, ou ignorés. Alors qu'il y a plein de potentiel ! Donc voilà x)

Coucou Naptis ! Ca fait un mois, en fait x) Ouiiiii, j'ai du retard ! Certes, Tsunami se jetterai sans hésiter face au danger pour n'importe qui, quand on y pense. Disons plutôt qu'elle se jetterai sans problème face au danger même si ça l'oblige à laisser sa famille se débrouiller seuls, c'est plus clair ? xD Tenzo est quelqu'un en qui elle a confiance, et quelqu'un dont elle est honorée d'avoir la confiance en retour. C'est déjà pas mal. BREF ! Contente que tu sois tombée dans BNHA xDDDDD Et bravo pour être MJ ! Je sais que c'est compliqué =) Si jamais tu cherche une aventurière supplémentaire... Bon je sais aps si j'aurais toujours le temps, mais j'aiiiiime DnD ! =)

Hello IceQueen ! Heureusement que Tsunami est là pour te donner un peu de lecture après des heures de TD xD Oui, Tsunade et Tsunami seraient carrément un couple légendaire... mais ce n'est pas au programme! La différence d'âge, yikes. Pour ce qui est de Jiraya, c'est un perso plus compliqué qu'il n'y paraît. Je peux apprécier sa complexité tout en n'aimant pas son personnage x) Et toutes ses nuances... notamment son obsession pour Orochimaru ! =)

Salut Rose-Eliade ! Ah ah, Kakashi ne connait pas d'autre moyen d'interagir avec les gens que de les emmerder. C'est son charme xD En tous les cas on est d'accord sur Jiraya, il a besoin d'un coup de pied au cul pour s'occuper de Naruto. Parrain irresponsable !

COUCOU YUEDRA ! Bravo pour ta SI, elle fait ses premiers pas dans le monde réel \o/ Et on dirait que tu as du pain sur la planche x) Tu t'es lancé dans un truc ambitieux là xD Bref ! Ah, Kakashi et son instinct maternel. Il n'en a pas justement, mais il a un instinct de meute assez poussé. Il traite ses Genins un peu comme des chiots à éduquer en fait. Le côté possessif de Kakashi vient bien de lui, et pas d'Obito x) Ca va avec l'instinct de meute, tout simplement ! Mais Kakashi exprime assez rarement ce côté possessif parce qu'il est une mauvaise estime de lui-même. "I don't deserves nice things", trauma, trauma, trauma again, "i destroy everything i touch", trauma trauma trauma... C'est pas propice à tisser des liens et où à affirmer sa possessivité, ça x) Et oui, bien vu, Kiba remplace Akamaru par Sakura... Sauf que dans cette relation, c'est Kiba qui serait le chien, en fait x) Les Inuzuka ont une prédisposition génétique à se lier à un partenaire, c'est ça leur kekkei genkai, donc se lier à Sakura n'est pas une si mauvaise idée. Et oui, ça n'est pas forcément sain d'être si codépendant. Mais d'un autre côté, est-ce que ça serait plus sain qu'ils s'écroulent seuls, au lieu de s'utiliser l'un l'autre comme soutien afin de rester debout ? La vie de ninja n'est pas facile. Parfois il n'y a tout simplement pas de bonne option. BREF ! Ah aha oui le monde ninjas a vraiment besoin de psy. Jiraya comme Hiruzen ont tous les deux un gros problème de déni de leurs échecs respectifs (Minato, les orphelins d'Ame, Orochimaru, Danzo, le massacre Uchiha, etc.), alors ça donne quelque chose de marrant quand chacun essaie de mettre à l'autre le nez dans ses propres échecs, comme pour dire "comparé à toi, moi je suis blanc comme neige" xD Bref ! Je ne sais pas encore si Naruto va être l'Elu même sans être la réincarnation d'Hashirama. Peut-être. Parce que si la réincarnation d'Hashirama est l'Elu, alors c'est HIKARI UCHIHA. On va être bien avec ça, tiens xD

Yo liamireldib-b ! Tsunami/Tsunade friendship forever ! Elles ont le potentiel pour être un excellent duo, j'avoue x) Aaaaaah Jiraya, c'est quand même une perle ce gars. Ca m'a toujours perturbé qu'il soit révélé être le parrain de Naruto parce qu'il avait un désintérêt profond pour lui avant que Naruto ne le FORCE à s'occuper de lui. Je crois que Kishimoto en a fait le parrain après coup pour justifer d'une relation plus profonde que "maître et élève" parce que narrativement, ça fait juste de Jiraya un con. Et oui, Jiraya s'aveugle volontairement concernant Tsunami, Genma et Kinoto. Tsunami et Kinoto sont tous les deux des ninjas de rang S, et Tsunami est carrément une légende, mais comme il ne les a pas choisi, ça veut dire qu'il n'a pas eu "l'inspiration divine" qui va lui permettre de trouver l'Elu... et donc qu'ils ne valent pas grand-chose à ses yeux. Oh, il les aime bien, mais ils ne sont pas narrativement important dans l'histoire qu'il compose. C'est comme le dit le Sandaime : à force de chercher la perfection imaginaire, Jiraya s'aveugle au monde réel parce qu'il est imparfait.

Bienvenue à bord Alyxel ! Il va falloir t'armer de patience, je poste avec des intervalles de plus en plus longs x) En tous les cas je suis ravie que cette histoire t'ai pris au tripes ! xDDD Enjoy le chapitre !

Coucou Tiph l'Andouille ! J'aime pas Jiraya, je n'y peux rien x) Mais oui, je ne le peins pas sous son meilleur jour. Pour ce qui est des gamins qui passeront Chuunin, je prend note de ton paris ! Mais ça reste un spoiler, hinhinhin. Je ne me suis pas tout à fait décidée x)

Merci Rindaka ! Contente que ça te plaise toujours autant =)

Salut Redheadead ! En fait l'équipe 7 telle quelle existe dans cette fic a été conçue pour Kakashi xD Avec un traqueur, une stratège, et un expert en ninjutsu... C'est l'équilibre parfait. Et petit à petit Kakashi commence à les apprécier x) Tsunami et Tsunade ont BEAUCOUP en commun, et elles le savent sans complètement vouloir se l'avouer. Chacune est le miroir inversé de l'autre...

Coucou B-8 ! En effet la relation de Sakura avec ses parents se désagrège. Mais bon, ils n'étaient aps non plus proches d'elle dans le canon, alors ce n'est pas du fait de Kiba ! C'est simplement la vie qui les éloigne... Bref. Contente que la discussion avec Tsunade t'ai plu =) Il y a un graaaand potentiel là-dedans, j'attends de voir où ça va me mener x) Ah ah on est sur la même longueur d'ondes pour Jiaraya on dirais x) Son désintérêt pour Naruto est incompréhensible dans le canon quand on sait leurs liens (filleul, enfant de la prophétie, fils du Yondaime...), et la seule chose qui rends ça cohérent c'est le fait que Jiraya soit une enflure. Kishimoto s'est tiré une balle dans le pieds ! Enfin bref. A bientôt pour l'examen Chuunin, mwahahaha x)

Hello FoxyCha24 ! Tsunami qui traficote le sceau de Gaara, wow, ça serait quelque chose. Ca nécessiterai une confiance que Suna n'a pas en Konoha. Eh oui, même Pakura ! Mais je note l'idée. Qui sait, ça pourrait arriver x) Vu que le canon va carrément partir en sucette... x)

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Merci à tous pour vos reviews, quand j'ai le moral à zéro ça fait du bien =)

Bref !

ET VOICI LA PREMIERE EPREUVE DE L'EXAMEN CHUUNIN ! Mwahaha, je me suis bien amusée à l'écrire. Vous remarquerez que ce chap' n'est pas découpé en trois ou quatre POV comme la plupart de mes chapitres, mais en huit POV dont la narration se suit. Chaque narrateur est membre d'une équipe différente de Genins de Konoha. Ca me permet de faire un rappel de qui est coéquipier de qui. Ca me permet aussi d'avoir le POV de plusieurs perso semi-canon qui méritaient d'être développés.

Et pour rappel, les équipes sont les suivantes :

Team Hoheto Hyuga (Equipe n° 2) : Choji Akimichi – Shino Aburame – Ranmaru

Team Gai Maito (Equipe n° 5) : Sai – Karin Uzumaki – Rock Lee

Team Kakashi Hatake (Equipe n° 7) : Sasuke Uchiha – Sakura Haruno – Kiba Inuzuka

Team Kurenai Yuhi (Equipe n° 8) : Yakumo Kurama – Ino Yamanaka – Hinata Hyuga

Team Tenzo (Equipe n° 9) : Hikari Uchiha – Hotaru Tsuchigumo – Naruto Uzumaki

Team Asuma Sarutobi (Equipe n° 10) : Shikamaru Nara – Shiho – Hakuhyo Yuki

Team Tsunami Uchiha (Equipe n° 11) : Neji Hyuga – Tenten – Inaho

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Allez, sans plus attendre... Voici le chap' !

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Le début de l'examen

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Équipe 2. Sensei : Hoheto Hyuga.

Shino, Chōji et Ranmaru étaient arrivés en avance.

Pas pour repérer les lieux, cela dit. L'examen se déroulait à l'Académie. Ils connaissaient tous les trois l'endroit comme leur poche. Ils y avaient passé leur enfance.

Vidée de ses élèves, l'école était à la fois robuste, bien organisée, hautement surveillée, et proche de la tour de l'Hokage (ce qui pousserait les Genins étrangers à bien se tenir). C'était lieu stratégique, quand on y pensait.

Shino Aburame repoussa légèrement ses lunettes sur l'arrête de son nez. Lorsqu'il avait été diplômé, il se considérait sans doute comme l'un des plus posés et des plus intelligents de sa classe. Ce n'était pas de l'arrogance : il se savait être plus mature que la moyenne. Ses camarades étaient braillards, ou paresseux, ou puérils, ou les trois à la fois. Ils étaient aussi plus doués socialement, mieux entourés, et supportait moins d'attentes de la part de leur clan : mais ce n'était pas vraiment une consolation, alors Shino prenait son réconfort où il pouvait. Il était intelligent. Doué, même. Mais il y avait une différence entre être un élève intelligent, capable de compléter son travail et de rester tranquillement dans son coin, et d'être un Genin intelligent, en charge de deux coéquipiers plus timides et plus hésitants que lui, et parfois confronté à des situations mortelles.

Shino ne se voyait pas comme un leader, avant. Ou plutôt, il ne savait pas comment quelqu'un comme lui, silencieux et grave, aurait pu être un leader. Il aimait sa tranquillité. Il n'était pas charismatique comme Naruto, ou Ino, ou encore Sasuke. Il n'était pas solide et rassurant comme Shikamaru ou Kiba. Il était juste… Shino Aburame. Discret et banal. La seule chose qui le rendait important était d'être le fils de Shibi Aburame, chef de clan, héros de guerre, le plus puissant Aburame depuis des générations.

Shino adorait son père, mais il était bien conscient qu'il ne l'égalerait pas. Il restait donc en retrait.

Mais Hoheto-sensei n'était pas d'accord. Il avait vu du potentiel en lui. Shino avait des qualités que ses pairs n'avaient pas, et cela lui donnait une responsabilité envers eux. La responsabilité de privilégier les plans où Ranmaru n'aurait pas à s'épuiser, et où Chōji n'aurait pas à leur servir de bouclier. La responsabilité de défendre Ranmaru contre les regards méfiants (gamin ou non, Ranmaru était toujours un étranger venu du pays de l'Eau, porteur d'un Dôjutsu étrange…), et de prendre le parti de Chōji quand on se moquait de lui à cause de son embonpoint. La responsabilité de prendre la tête lors des missions… La responsabilité de repérer les alentours et de choisir le chemin à prendre… La responsabilité de juger si ses camarades s'épuisaient… La responsabilité d'être celui qui décidait de la marche à suivre, quand une décision difficile s'imposait et que ni Chōji ni Ranmaru n'avaient le cran d'agir.

Shino était reconnaissant à Hoheto-sensei, en un sens. Et bon, ok, il aurait sans doute préféré avoir un sensei plus doux et compréhensif, qui respecte son amour du silence et de la solitude. En tous les cas, sa vie aurait été plus facile avec ce genre de professeur. Mais… Sans Hoheto-sensei, sans son apprentissage strict mais juste, sans son régime d'entraînement et ses leçons de vie, Shino aurait été content de rester en retrait toute sa vie.

Et… S'il voulait être chef de clan un jour, il devait apprendre à être davantage que ça.

– Une amande ? proposa Chōji.

Shino lui jeta un bref regard. Avant, Chōji gardait un ou deux paquets de chips sur lui, mais Hoheto-sensei l'avait forcé à passer à des snacks plus discrets qu'un paquet qui se froissait et des friandises croustillantes. Chōji avait tempêté, boudé, et même pleuré, mais leur sensei avait été inflexible. Au final, le jeune Akimichi avait opté pour des paquets souples, hermétiques et fermés par un zip, qui contenant des snacks dont on ne faisait qu'une bouchée : des graines, des biscuits, du fromage, ou occasionnellement des morceaux de bacon grillés.

Shino refusa d'un bref signe de tête, mais Ranmaru se pencha avec intérêt. Chōji lui proposa son paquet. Ranmaru était petit, du haut de ses dix ans, et il avait une stature frêle. Outre le fait que le taijutsu n'était pas son point fort, cela signifiait aussi que Chōji devait se pencher vers lui… Ce qui permit à sa silhouette massive de masquer totalement Ranmaru au regard des curieux. Le geste était naturel, mais la manœuvre avait été mille fois répétée. Chōji était leur bouclier, dans tous les sens du terme.

Les yeux rouge sombre de Ranmaru flashèrent brièvement, devenant rouge sang et vaguement lumineux, sans pupille, comme les yeux d'un démon dans un conte. Puis ils reprirent leur apparence normale, et Ranmaru murmura :

– Il y a un genjutsu sur la porte où se trouvent les deux garçons. Ce n'est pas la salle de notre examen. Les deux garçons sont sous Henge, aussi.

Shino inclina la tête :

– Sans doute des examinateurs. Pourquoi ? Parce que semer la discorde et retarder les candidats permettrait d'éliminer dès à présent les plus faibles.

Chōji croqua son amande. Six mois plus tôt, il aurait ronchonné pour masquer sa nervosité. Mais être « le muscle » de leur équipe avait boosté sa confiance en lui, et il se contenta de rouler des épaules :

– Direction les escaliers, alors ?

Shino inclina la tête, et ils se dirigèrent vers l'étage supérieur comme un seul homme. Il n'y avait qu'une douzaine de concurrents dans le couloir, la plupart distraits par les examinateurs sous Henge qui barrait la route à la fausse salle d'examen. Personne ne fit attention à leur équipe. Et ceux qui leurs jetèrent un bref coup d'œil n'allaient pas leur chercher noise… Ranmaru était peut-être petit et frêle, mais Shino savait que lui et Chōji étaient plutôt imposants. Chōji était grassouillet mais visiblement musclé. Quant à Shino lui-même, il portait désormais constamment sa capuche relevée sur sa tête, dissimulant complètement son visage et lui donnant un air intimidant.

Personne ne les empêcha de monter au troisième étage. Avec une certaine satisfaction, Shino réalisa qu'ils étaient parmi les premiers dans la salle d'examen.

– Et maintenant ? demanda Ranmaru en jetant un regard incertain autour de lui.

Shino s'adossa à un mur, gardant la porte et les fenêtres dans son champ de vision, et déclara simplement :

– On attend.

Le fait qu'ils aient été inscrits à cet examen était une preuve de confiance de la part de Hoheto-sensei. Il les pensait capable d'y survivre. Ou plutôt, il pensait Chōji et Ranmaru capable d'y survivre, mais il pensait Shino capable de réussir. Hoheto-sensei n'en avait pas fait mystère. Cet examen était un test qu'ils subiraient tous les trois, mais au final, celui dont les talents de leader seraient évalués… Ce serait Shino.

Hoheto-sensei ne prenait jamais de gants. Il ne traitait pas ses élèves comme des enfants qui avaient besoin de grandir, mais comme des soldats qu'il fallait former à leurs futures tâches. Chōji était peu intéressé par l'idée d'endosser des responsabilités, et Ranmaru était trop timide : mais Shino avait le même sens du devoir que son sensei, et Hoheto-sensei l'avait remarqué. Avec lui, Shino se sentait plus vu, plus compris, qu'il ne l'avait jamais été par ses pairs.

C'était différent pour Ranmaru et Chōji, Shino le savait. Il aimait bien ses deux coéquipiers, et une amitié solide et sereine s'était tissée entre eux au cours de ces derniers mois, mais Shino restait bien conscient que ses deux partenaires étaient très différents de lui. Ils n'étaient pas aussi proches d'Hoheto-sensei. Ils n'étaient pas les leaders, ils ne portaient pas cette responsabilité. Ils n'en avaient d'ailleurs même pas envie.

Chōji aurait aimé un professeur plus indulgent et plus gentil. Quelqu'un qui le laisserait grignoter à longueur de journée, et qui le pousserait à s'entraîner en lui promettant des récompenses telles qu'un barbecue à la fin de la journée. Mais Chōji aurait stagné, avec ce genre d'enseignement. Hoheto-sensei ne le laissait pas tirer au flanc. Il le poussait constamment à faire plus, sans cruauté mais de façon inflexible. Hoheto-sensei ne cherchait pas non plus à soudoyer Chōji à l'aide de friandises : les récompenses étaient exceptionnelles, et n'étaient données que si un élève dépassait ses attentes. Si on se contentait d'obéir aux consignes, en quoi cela aurait-il mérité une récompense ? C'était plus brutal que ce à quoi Chōji était habitué, et il avait mis du temps à s'y faire, mais au final c'était pour le mieux. Hoheto-sensei n'avait pas rendu Chōji dur, mais au moins il l'avait rendu moins mou.

Ranmaru était une autre paire de manches. Il n'était pas réticent à l'effort comme Chōji. Au contraire, il était toujours prêt à se mettre en quatre si on lui demandait de l'aide. Mais Ranmaru avait des limites. Pas seulement parce qu'il était plus jeune (moins endurant, moins solide, moins résistant), qu'il avait la santé fragile (plus prompt à la fatigue, aux rhumes, aux allergies), et étranger (moins au fait des us et coutumes du village, plus souvent tenu à l'écart par les autres ninjas…). Mais aussi parce qu'il était… apathique. Ranmaru était prêt à aider, toujours, mais il en prenait rarement l'initiative. Il était d'un fatalisme étrangement sinistre pour quelqu'un d'aussi jeune et doux. Ranmaru n'était pas quelqu'un de décisif, et il fallait être décisif si on voulait être un bon leader.

Alors Shino était le leader. Parce qu'Hoheto-sensei l'avait décidé, et parce que c'était son devoir. Et… Il avait la ferme intention de réussir cet examen.

Il fallait qu'il se montre digne de la confiance de son sensei.

oOoOoOo

Équipe 5. Sensei : Gai Maito.

Karin avait parfois envie de frapper ses coéquipiers en pleine face avec un parpaing, soyons honnête. Mais oh, bon sang, elle se serait tellement emmerdée si elle avait eu une autre équipe ! Lee était peut-être trop extrême et Sai trop louche, mais au moins ils étaient assez intenses pour survivre à Gai-sensei. Pour lui survivre, à elle, et quand ils se déchaînaient tous les trois en même temps… Ils étaient de vraies machines de guerre. Si vifs, si rapides, si destructeurs, si féroces. Ils leur arrivaient de s'engueuler (ou plutôt Karin les engueulait, Lee protestait avec passion et poésie, et Sai se contentait d'une remarque sibylline accompagnée d'un sourire vide), mais ça n'entravait jamais la mécanique bien huilée de leurs combats. Ils étaient invincibles et invaincus !

Et puis, Lee et Sai la laissaient être la meneuse de l'équipe, ce qui était plutôt cool. Karin avait horreur d'arriver en seconde place. La seule personne qui avait ce droit, c'était Neji, et encore, il fallait qu'il se batte pour la dépasser ! Karin aimait être la seule, l'unique, la grande gagnante. Et… Là, avec Lee à sa droite et Sai à sa gauche, chacun un pas en retrait comme deux gardes du corps attentifs, elle se sentait comme une conquérante sur le chemin de la victoire.

La salle d'examen était remplie à leur arrivée. Quelques personnes discutaient à voix basses, mais personne n'osait hausser le ton ou attirer l'attention. L'atmosphère était tendue, presque électrique. Comme si le moindre faux-pas ou la moindre provocation pouvait déclencher un combat. Et ce n'était sans doute pas loin de la réalité… Il y avait des Genins de tous les villages, ici, et la plupart se détestaient. Karin vit un groupe portant des bandeaux à l'emblème de Kusa, et ses lèvres se retroussèrent en un rictus hargneux.

Oui, il n'en faudrait pas beaucoup pour provoquer un combat.

La Team Gai était parfaitement capable de se débrouiller seule, mais par automatisme Karin se dirigea vers ses alliés les plus proches. Ni Sai ni Lee ne protestèrent. Il y avait sans doute trop de monde pour qu'ils puissent voir où se trouvaient leurs amis : mais grâce à ses talents de sensor, Karin pouvait naviguer les yeux fermés dans la pièce bondée. Elle sentait les chakras de l'équipe d'Hikari, un peu à l'écart : les chakras de l'équipe de Sasuke, avec des élèves de leur promotion. Elle sentait surtout le chakra de Neji, qu'elle connaissait par cœur, un peu à l'écart, flanqué de part et d'autre par ses deux coéquipières. Karin se dirigea droit vers eux.

En chemin, elle écarta d'un coup d'épaule un gars qui se trouvait sur son sa route. Peut-être mit-elle-même un peu plus de vigueur que nécessaire dans son geste, parce que le bandeau ninja à l'emblème de Kusa était bien visible sur le front de ce gêneur. Le gars en question se retourna vers elle, les yeux étrécis :

– Tu peux pas faire gaffe ?!

Karin esquissa un rictus, sentant déjà l'adrénaline monter. Elle n'avait pas eu l'intention de provoquer ce gars, mais s'il lui en offrait l'occasion…

Elle n'eut pas le temps de répliquer, cela dit. Lee avait déjà bondi devant l'adversaire, bombant le torse, et arborant un sourire si rayonnant que ça en était presque agressif :

– Mes excuses, shinobi-san ! Ma camarade est très pressée !

Le gars de Kusa avait reculé d'un pas sous le coup de la surprise (Lee avait ce genre d'effet) mais il se reprit très vite. C'était un jeune homme trapu, massif, qui avait six bras et un regard mauvais. Toisant Lee de toute sa hauteur, il gronda :

– Ah ouais ? Elle cherche la bagarre peut-être ?

Lee eut l'air de réfléchir. Il se retourna, et regarda Karin (qui prétendit observer ses ongles d'un air indifférent comme si elle réfléchissait à une nouvelle manucure : rien n'exprimait le dédain comme l'indifférence face à une menace !). Puis Lee se retourna vers le gars de Kusa, et déclara d'un air candide :

– Pas en ce moment. Et vous, shinobi-san, vous cherchez la bagarre ?

Il y eut un instant de silence tendu. Autour d'eux, les conversations s'étaient étouffées, et tout le monde les observait du coin de l'œil, attendant l'étincelle qui mettrait le feu aux poudres. Le ninja de Kusa fixa Lee d'un air mauvais, puis sembla faire un effort sur lui-même pour ravaler une nouvelle provocation. Au lieu de ça, il cracha par terre.

– Les newbies dans ton genre ne sont pas digne de mon temps. Ne te mets pas sur mon chemin. Je n'ai que faire des faiblards.

Il se détourna avec agressivité. Lee ne bougea pas, mais son sourire sembla s'agrandir, devenant un poil plus menaçant :

– C'est noté, shinobi-san.

Il ne dit rien de plus. Autour d'eux, les conversations reprirent, lentement. Sai s'avança, arborant son habituel sourire vacant, et tapota sur l'épaule de Lee.

– C'était bien joué, fit-il d'un ton plat. Tu n'as pas laissé son mépris te provoquer. Il faut toujours rester maître de ses émotions.

Puis il se tourna vers Karin, et haussa un sourcil, comme pour dire « et ça s'applique aussi à toi ». La rouquine se détourna avec un reniflement mécontent, essayant de cacher son embarras.

Ouais, ok, elle n'aurait pas dû bousculer un ninja ennemi dans une pièce si remplie de tensions, d'accord. Mais c'était Kusa. Karin détestait Kusa. Pas au point de chercher leur extermination, pas au point d'aller volontairement chercher la bagarre, mais en aucun cas elle ne cherchait à dissimuler cette haine. Avec Gai-sensei, ils avaient eu quelques missions près de la frontière, et… Lee pouvait être remarquablement obtus parfois, certes, mais Sai était plus sensible qu'il n'y paraissait. Il avait tout de suite deviné que le jugement de Karin était parfois compromis quand l'ennemi venait du pays de l'Herbe. Et depuis, il la jugeait en silence, aussi froid et indéchiffrable qu'une pierre tombale.

Sai était tellement glauque parfois.

Glauque, mais dévoué. On pouvait toujours compter sur lui pour surveiller leurs arrières. Il ne parlait pas beaucoup, mais c'était amplement compensé par le bavardage perpétuel de Lee ou les coups d'éclats de Karin, alors franchement elle n'avait pas à se plaindre. Elle ne lui dit pas merci (ce n'était pas son genre). Mais lorsqu'ils se remirent à marcher, Karin prit soin de calquer le rythme de ses pas sur le leur, afin de ne plus les laisser en arrière dans son empressement.

Neji et Tenten étaient adossés au mur du fond, parlant à mi-voix. Inaho se tenait près d'eux, droite comme un piquet. Avec ses cheveux courts et son visage figé dans une expression impavide, elle ressemblait encore plus à un garçon. A l'arrivée de la Team Gai, les trois membres de la Team Tsunami leur adressèrent un hochement de tête cordial. Karin se détendit légèrement.

Soudain, dans une explosion de fumée blanche, une douzaine de personnes apparurent à l'avant de la salle. Les examinateurs étaient arrivés.

– Silence, bande d'avortons !

Les cris de surprises s'éteignirent aussitôt. Ce genre de voix grave et grondante commandait l'autorité… Et la personne à qui elle appartenait imposait la prudence, réalisa Karin quand la fumée se dissipa. C'était un homme immense, vêtu d'un uniforme gris et d'un long manteau noir qui semblait le rendre encore plus menaçant. Son visage était barré de larges cicatrices, et il semblait capable de tuer d'un seul regard.

– Le chef de la Section Torture et Interrogation, murmura Sai. Son nom est Ibiki Morino.

Karin enregistra l'information sans ciller, mais elle vit Neji et Tenten jeter un regard incrédule à Sai, se demandant sans doute comment il savait ça. Karin retint un mince sourire. Elle avait cessé de s'interroger là-dessus. Sai était parfois ignorant des choses les plus simples mais il était aussi une mine d'information sur tout un tas de sujets obscurs et parfois classifiés.

– Pour votre information, gronda Ibiki en parcourant la salle d'un regard menaçant. Aucun affrontement n'aura lieu sans autorisation. Même avec cette autorisation, il vous est interdit de tuer votre adversaire. Les imbéciles qui désobéiront seront éliminés aussi sec.

Dans un coin morbide de son cerveau, Karin prit cependant note du fait que leur examinateur n'avait pas interdit de mutiler son adversaire. Elle ne pouvait pas voir les visages de tous les gens dans cette pièce… Mais elle en sentait plus d'une douzaine qui irradiait la soif de sang.

Karin laissa un sourire carnassier s'étaler sur ses lèvres. Qu'ils viennent donc. Ils la croyaient faible, parce qu'elle était une fille, une Uzumaki, une émigrée au clan détruit. Mais Karin était une survivante… Et c'était elle la personne la plus effrayante de la pièce.

oOoOoOo

Équipe 7. Sensei : Kakashi Hatake.

À l'énoncé des règles, Sakura avait tout de suite senti qu'il y avait une embrouille. Au départ, le fait qu'il s'agisse d'un test écrit l'avait rassurée. Les examens scolaires avaient toujours été son point fort. Elle n'avait pas aimé que les sièges soient attribués par les examinateurs, et encore moins qu'elle soit placée si loin de Kiba et Sasuke-kun… Surtout de Kiba, en fait. Sasuke-kun saurait se débrouiller, mais Kiba était un cancre. Le dernier de la classe !

Puis Ibiki Morino commença à écrire au tableau, énonçant les règles une par une d'un air impavide, et Sakura sentit qu'il y avait un piège.

Curieux, non ? Quelques mois plus tôt, Sakura n'aurait rien vu. Enfin si, elle aurait vu et entendu les instructions données, mais… Sa vision aurait été déformée par le filtre d'innocence et de naïveté qu'elle avait encore devant les yeux. Sakura aimait les règles, les paramètres, les structures. Elle aimait avoir une figure d'autorité qui donnait des instructions claires : elle aimait savoir ce qu'elle faisait et où elle allait, et surtout, elle aimait réussir, rendre fières les figures d'autorités en question. Peut-être était-ce pour ça qu'elle avait eu tant de mal avec le test des clochettes : parce qu'elle n'avait pas pensé à chercher un piège ou un mensonge dans les ordres de Kakashi-sensei.

Mais ça c'était avant. Depuis… Sakura avait été battue, capturée, enfermée, affamée. Depuis, Sakura était parvenue à la cruelle réalisation que les figures d'autorité étaient faillibles. Les adultes mentaient, trichaient, blessaient. Et elle avait su ça, de façon distante et abstraite, parce que bien sûr que les adultes faisaient du mal à autrui… Mais ce mal était supposé arriver aux ennemis, aux autres, pas à elle. Parce que si Sakura faisait tout ce qu'il fallait, si elle obéissait aux ordres et ne cherchait pas les ennuis, alors il n'y avait aucune raison pour qu'un malheur lui arrive, pas vrai ?

Le pays des Vagues lui avait arraché ces certitudes naïves. Les adultes mentaient et trichaient : pas juste face à leurs ennemis, mais aussi face aux gens qui ne leur avait rien fait, face à leurs alliés, face à leurs élèves. Kakashi avait promis de les protéger et il avait échoué. Gatô les avait enfermés et affamés pour les revendre. Zabuza avait tué Akamaru. A chaque fois Sakura avait fait de son mieux, avait obéi aux règles, mais ça n'avait pas été assez. Il fallait… regarder au-delà des apparences. Constamment douter de tout.

Et quand Ibiki-san commença à leur expliquer les règles… Hum. Il y avait de quoi douter.

La base semblait simple : chacun partait avec dix points. Il y avait dix questions sur leur test (ou plutôt neuf, la dixième leur serait donnée à la fin) et chacune valait un point. On leur enlevait un point à chaque erreur. L'admission à la fin dépend du total de l'équipe, un seul zéro était éliminatoire pour tout l'équipe… Et chaque tentative de triche faisait perdre deux points.

Pour un test écrit dont dépendait une promotion, c'était une punition bien légère. Lors des examens scolaires, la triche était éliminatoire. Mais ici… L'échec était éliminatoire, mais pas la triche ? Ou alors, il fallait tricher cinq fois pour être éliminer ?

L'idée la fit se figer un instant. Elle tenait quelque chose, là. Elle le sentait. Elle n'avait pas encore la solution, mais elle tenait entre ses mains le bout du fil qui la mènerait à la vérité. Il lui suffisait de le suivre, dérouler ce raisonnement comme une pelote de laine…

– COMMENCEZ !

Sakura retourna sa feuille et se mit à lire les questions à toute allure. Une question codée pour tester leurs aptitudes en cryptologie… Un calcul différentiel avec des statistiques… Une question portant sur la mémorisation des caractéristiques géographique d'une région reculée… Une autre sur la politique des Daimyo lors de la Seconde guerre ninja… Des maths, à nouveau, avec une série de calculs de fractions… Une analyse psychologique sur la base d'un portrait-robot…

Bon sang. Ces questions étaient toutes beaucoup trop avancées pour de simple Genins ! Sakura pourrait y répondre, peut-être, mais avec beaucoup de difficulté… Et il était absolument certain que ni Kiba ni même Sasuke n'y arriveraient ! Et ils étaient assis trop loin d'eux pour qu'elle puisse leur donner les réponses !

Une petite ampoule s'alluma soudain dans son esprit.

D'un seul coup, l'ébauche de compréhension qu'elle avait eue se transforma en révélation.

Ils ne pouvaient pas trouver les réponses par eux-mêmes, alors il faudrait qu'ils aillent les chercher ailleurs. Il faudrait qu'ils trichent. Parce que c'était nécessaire, oui, mais surtout parce que c'était attendu !

Oh, mais bien sûr. Sakura avait envie de se frapper la tête sur son bureau devant l'évidence de la chose. On attendait d'eux qu'ils trichent ! Cela expliquait la pénalité si faible pour la triche… Le système dégressif de points… Les placements déterminés à l'avance… Et même le fait que leurs résultats ne soient pas individuels mais comptabilisés par équipe. C'est une mission d'espionnage et de collecte d'informations, mais aussi de partage de ces informations. Évidemment ! L'examinateur l'avait même dit. Ceux qui tricheront maladroitement seront sanctionnés… Ce qui voulait dire qu'il était attendu qu'ils trichent, mais pas maladroitement. Tricher pour voler les réponses de l'examen, mais aussi tricher pour les transmettre à leurs coéquipiers ! C'était tellement logique, quand on y pensait. Certains étaient plus doués que d'autre pour tricher, mais il était attendu qu'ils supportent leurs camarades. Ou du moins, qu'ils ne les gênent pas en allant faire cavalier seul et en risquant de récolter un zéro qui les éliminerait tous. Comme en mission, l'échec d'un seul élément pouvait faire tomber toute l'équipe.

Mais… L'équipe 7 n'était pas du tout douée pour les missions de collecte d'information de ce genre. S'ils avaient eu Akamaru, ils auraient pu l'utiliser comme éclaireur. Personne ne faisait attention à un chiot, et tout le monde sous-estimait le lien entre un Inuzuka et son partenaire. Mais Akamaru était mort. Les compétences de Kiba s'étaient réorientées vers des objectifs différents. Kiba, Sasuke, même Sakura, ils étaient adaptés à l'affrontement frontal. L'espionnage… Ce n'était pas du tout le truc.

Oh, dans une vraie mission, qui aurait impliqué des gens, ils auraient pu s'en tirer. Kiba était un menteur exceptionnel, Sasuke avait une poker-face parfaite, et Sakura avait toujours été douée pour jouer un rôle. Une mission d'infiltration n'était pas au-delà de leurs compétences. Mais c'était une chose de jouer un rôle, et une autre de collecter des infos sous le nez de Chuunins sans se faire remarquer. Comment étaient-ils supposés gagner des points ?!

… Minute. Ils en avaient déjà dix. Si Sasuke en gagnait quelques-uns, et Sakura aussi… Kiba n'avait rien à faire, mis à part ne pas en perdre. Il lui suffisait de ne rien faire.

Et il lui fallait aussi réaliser ça. Parce que… ne rien faire… Ça allait à l'encontre de tous les instincts de Kiba.

Sakura réfléchit à toute allure. Elle n'avait pas encore commencé à écrire. Seulement dix minutes avaient passé. Il fallait qu'elle prévienne ses coéquipiers. Un coup d'œil à sa droite, et elle vit que Sasuke avait commencé à écrire, les yeux rivés sur une kunoichi trois rangs devant lui. Ah, il avait compris. Restait à prévenir Kiba… Mais il se trouvait derrière Sakura, au moins quatre rangs derrière elle : elle ne pouvait pas lui faire un signe discret ! Et si elle se retournait, les examinateurs risquaient de croire qu'elle trichait…

À sa droite, un gars se pencha pour regarder la copie de son voisin. Le geste était complètement évident. Sakura vit un examinateur en prendre note sur sa feuille. Et pourtant, personne ne dit rien. Ce gars n'avait sans doute perdu que deux points… Et s'il avait bien joué son coup, il en avait peut-être gagné davantage.

Oh, que les examinateurs aillent au diable. Sakura pouvait parfaitement sacrifier deux points pour que Kiba n'en perde aucun.

Elle toussa. Fort, pour bien attirer l'attention de Kiba. Il avait l'ouïe fine, il reconnaîtrait que cette toux était feinte et que c'était un moyen d'attirer son attention. Sakura laissa passer une seconde, le temps d'être sûre qu'il ait les yeux rivés sur elle… Puis, d'un geste délibéré, elle se retourna sur son siège, s'accouda à son dossier, chercha le regard de son ami… Et lui fit un clin d'œil appuyé.

Kiba eut l'air estomaqué. Sakura faillit éclater de rire.

– Numéro 57, lâcha un examinateur d'une voix indifférente. Les yeux sur ta copie.

Il avait noté quelque chose sur son bloc-notes, sans doute la déduction de deux points, mais rien d'autre. La compréhension naquit sur le visage de Kiba, et Sakura se retourna face à sa feuille avec un large sourire.

Non, ce genre de mission n'était pas la spécialité de l'équipe 7. Mais ils y arriveraient. Il suffisait de se serrer les coudes. Sakura prit son crayon, et commença à relire les questions. Elle n'avait pas de Sharingan comme Sasuke et elle doutait qu'un Henge un Kaminari ou un Bunshin puisse l'aider à tricher. Mais quelle importance ? Sakura Haruno n'avait jamais prétendu que sa force venait de son ninjutsu. Elle avait un contrôle parfait de son chakra, un taijutsu de plus en plus féroce, quelques techniques de maniement des shurikens… Mais ce qui la rendait dangereuse, c'était son cerveau.

Elle commença à écrire.

oOoOoOo

Équipe 8. Sensei : Kurenai Yuhi.

Yakumo Kurama n'avait pas levé les yeux de sa feuille. Pour un observateur extérieur, elle aurait eu l'air d'écrire d'un air concentré. Mais Yakumo n'écrivait pas : elle dessinait. Avec chaque trait de crayon, le genjutsu se raffermissait. Mais c'était un genjutsu jeté sur elle-même, visant à créer une illusion dans son propre esprit. Plus précisément… L'illusion d'un miroir placé au-dessus de son voisin de gauche, qui lui permettait de lire précisément ses réponses, et qu'elle seule pouvait voir.

Yakumo ne s'accorda pas le moindre sourire, malgré ce succès impeccable. Elle se contenta de se mettre à copier les réponses.

Dans sa tête, une voix rauque émit un ricanement malveillant. Le monstre, enchaîné dans une cage au fond de sa psyché, se pencha en avant.

Quelle démonstration pathétique, susurra-t-il. Juste un miroir ? Je pourrais faire tellement mieux…

Yakumo l'ignora. Ce n'était qu'une voix dans sa tête. Le monstre était scellé, et elle n'avait pas besoin de son pouvoir.

Le clan Kurama excellait dans les techniques de genjutsu grâce à leur kekkei genkai. Ce n'était pas un Dôjutsu, comme le Sharingan des Uchiha. Non, c'était une technique spirituelle, qu'on aurait pu comparer avec les Jutsu des Nara. On appelait le kekkei genkai des Kurama : le Gyakuzo No Jutsu, la technique de l'Image Inversée. C'était tout simplement le don de créer un genjutsu à partir de dessins, de peintures, d'images que le lanceur de genjutsu n'avait qu'à visualiser pour ensuite les projeter dans l'image de sa cible. Ainsi, on pouvait créer des illusions, manipuler quelqu'un, fausser sa perception des choses…

Le clan avait jadis été puissant. Mais au cours des années et des guerres successives, sa force avait déclinée. Et avec la chute des Uchiha… L'afflux de réfugiés du pays de l'Eau… Le clan Kurama avait désespérément eu besoin de remonter la pente. De montrer sa force.

Cette tâche reposait sur les épaules de Yakumo. C'était pour cette raison qu'elle était inscrite dans cet examen. Pas parce que Kurenai-sensei voulait briller, pas parce qu'Ino et Hinata étaient les héritières de leurs clans et voulaient s'imposer. Parce que c'était nécessaire. Parce qu'il ne pouvait en être autrement.

C'était son devoir. Non, plus que ça : c'était aussi son expiation, pour avoir failli à son devoir par le passé.

Le clan Kurama était puissant en genjutsu. Mais une fois toutes les quelques générations, un membre du clan naissait avec un tel potentiel dans le genjutsu que ses illusions pouvaient réellement produire des effets dans la réalité. Le genjutsu est tellement puissant qu'il oblige le cerveau à recréer tout ce qui arrive à la victime dans l'illusion, permettant aux membres du clan de potentiellement tuer leurs opposants avec le genjutsu. Yakumo avait ce talent. Malheureusement, ce pouvoir avait un prix : il était si puissant que le subconscient de l'utilisateur créait une deuxième personnalité pour mieux contrôler cette puissance, au risque que les deux personnalités entrent en conflit, voire même se détruisent l'une l'autre.

Yakumo souffrait de ce trouble. Quelques années plus tôt… Le monstre enchaîné dans son esprit était alors libre, et personne n'avait encore réalisé son existence. Il avait pris le contrôle une nuit, alors qu'elle avait neuf ans, et provoqué un terrible incendie qui avait tué six personnes… Y compris ses parents.

Et à présent, il fallait que Yakumo se rachète. Alors elle était là, à passer cet examen.

Elle aurait pu suivre un chemin différent. Les experts venus l'examiner après l'incendie avaient aussi découvert que son corps était fragile, faible, et que devenir ninja serait affreusement difficile. Elle pouvait marcher, courir, bondir : mais guère plus. Le taijutsu lui serait pour toujours inaccessible. Couplé avec son manque de contrôle… Il aurait été préférable de l'enfermer et de sceller son pouvoir. Mais, peut-être à cause de l'afflux de réfugiés, ou peut-être à cause de la renommée grandissante de Tsunami Uchiha, ou peut-être encore à cause de l'anxiété provoquée par la mort d'un conseiller du Sandaime… Les Kurama avaient eu peur de faire partie du passé. Ils avaient refusé de mettre Yakumo au placard. Ils avaient aussi refusé de la maintenir dans l'ignorance.

Yakumo avait été entraînée, soignée, psychanalysée. Quatorze séances avec un Yamanaka lui avaient permis de découvrir le monstre qui se tapissait en elle, et de se souvenir brutalement de son rôle dans la mort de ses parents. Huit autres séances avaient été nécessaires avant que le monstre soit scellé, réduit à une voix malveillante dans sa tête, mais incapable de prendre le contrôle. Yakumo avait toujours son pouvoir, mais elle devait l'utiliser avec prudence. Plus elle utilisait son pouvoir pour faire passer ses genjutsu dans les réalités, plus elle utilisait le monstre, et plus il risquait de se libérer : mais pour l'instant il était enfermé. Les Yamanaka y avaient veillé. Eux, mais aussi plusieurs spécialistes, dont au moins un ANBU expert en Fūinjutsu.

Et pour arriver à cette solution… Le clan Kurama avait dépensé beaucoup d'argent et d'effort. Ils étaient redevables aux Yamanaka qui leur avaient offert une solution, aux médics qui avaient suivi Yakumo à l'hôpital, aux professeurs de l'Académie qui avaient accepté qu'elle quitte l'école durant une année entière avant de reprendre sa scolarité. Ils avaient tous investis en elle, comme si elle valait quelque chose. Unkai oji-sama, l'oncle de Yakumo et son tuteur légal, n'avait cessé de le lui marteler. Le clan Kurama avait investi en elle. Yakumo avait affaibli le clan, mais ils avaient quand même décidé de l'élever au lieu de l'écraser comme elle l'aurait mérité. C'était son devoir de payer cette dette, même si toute une vie ne suffirait pas à effacer ce qu'elle leur devait.

Oui, Yakumo leur était redevable. Pour les soins, l'entraînement, la dette envers les Yamanaka. Mais plus que ça, elle leur était redevable pour son ignorance. L'incendie. Papa, Maman, et les quatre autres innocents tués par sa faute.

Le reste du village ignorait son déshonneur mais Yakumo savait, elle savait et ça lui brûlait la gorge comme un acide. Il fallait qu'elle se rachète. Oh, jamais elle n'obtiendrait l'absolution, pas pour ce genre de crime… Mais il fallait au moins qu'elle ramène l'honneur de son clan tombé en désuétude. C'était le minimum. Peut-être qu'après, la honte se ferait un peu moins suffocante.

Tu as honte, Ya-ku-mo ? ricana le monstre dans sa tête, agitant ses chaînes pour faire grincer et claquer le métal contre les barreaux de sa cage. Mais tu pourrais être tellement, tellement plus puissante si tu me laissais sortir. Imagine ! Au lieu d'un miroir, tu pourrais changer cette pièce en palais de glace.

Yakumo ne lui répondit pas. Elle ne lui répondait jamais. Ce n'était pas une vraie personne : c'était un excès de pouvoir de son kekkei genkai, qui avait cristallisé de façon monstrueuse autour des émotions négatives qu'elle avait ressenti quand elle était une enfant angoissée par les attentes qui pesaient sur elle. Le monstre était puissant et dangereux, certes. Mais il ne pouvait pas la manipuler. Peu importait à quel point il se faisait railleur ou menaçant : ce n'était qu'une aberration mentale, faite d'énergie spirituelle pure, et du mécontentement d'une enfant de neuf ans.

Laisse-moi sortir, chantonna le monstre de sa voix grondante. Laisse-moi sortir, je veux m'amuser, je veux créer ! Laisse-moi sortir… Laisse-moi sortir… LAISSE-MOI SORTIR… !

Yakumo acheva de recopier les réponses. Elle dissipa son genjutsu et cligna des yeux quand le miroir disparu à ses yeux.

La voix se tut immédiatement. Le monstre ne pouvait parler que quand elle utilisait son pouvoir. Après tout, le monstre existait comme une extension de son kekkei genkai.

C'était quelque chose que les psychologues lui avaient sans cesse répété. Le monstre était comme une protubérance difforme de son pouvoir, il allait avec, il servait de soupape de sécurité, mais ce n'était pas la source du talent de Yakumo. Ce talent, son don avec les genjutsu, cette puissance avec le Gyakuzo… C'était à elle, rien qu'à elle. Ce n'était pas au monstre. Le monstre était parasite et elle devrait vivre avec toute sa vie, mais elle ne devait pas dépendre de lui. Elle ne pouvait pas se laisser persuader qu'il avait le moindre pouvoir, parce que si elle cédait à nouveau, si elle se laissait dégoûter ou effrayer par son talent, qu'elle s'en dissociait… Cela pourrait affaiblir la cage du monstre. Il pourrait s'échapper.

Et Yakumo ne se souvenait que trop bien de ce qui s'était passé la dernière fois.

Elle soupira, puis se redressa, prit un élastique à cheveux, et attacha sa longue chevelure châtain en queue-de-cheval. C'était un signal. Du coin de l'œil, elle vit Ino hocher la tête avec satisfaction. Puis Hinata se mit à se recoiffer, elle aussi, signalant qu'elle avait également terminé. Ino hésita, mais finalement elle se tourna vers Hinata, qui était davantage dans son champ de vision, et exécuta le mudrâ nécessaire pour lancer son Jutsu de Transposition mentale. Immédiatement, Ino sembla tomber endormie sur son pupitre tandis qu'Hinata redressait soudain sa posture avachie.

Yakumo retint un petit soupir de soulagement. Immédiatement après, elle se trouva ingrate, et lâche.

Elle ne pourrait pas se voiler la face pour toujours. Jusqu'ici, elle avait réussi à cacher à ses deux coéquipières qu'elle partageait son esprit avec une seconde personnalité enfermée dans une cage. D'accord, cette seconde personnalité ne pouvait parler que quand Yakumo lançait un genjutsu, et jusqu'ici Ino n'avait pas tenté de Transposition mentale sur la jeune Kurama pendant qu'elle utilisait son kekkei genkai, mais… Yakumo avait toujours peur que quelque chose se passe mal. Que le monstre réussisse à se montrer, d'une façon ou d'une autre.

Elle ne voulait pas qu'Ino ait peur. Elle ne voulait pas qu'Hinata ait peur, non plus. Ses deux coéquipières… Elles étaient importantes, à ses yeux.

Étaient-elles amies ? Yakumo n'aurait pas su le dire : elle n'avait jamais eu d'amies auparavant. Mais… Leur équipe fonctionnait bien. Hinata était gentille et dévouée. Ino était très compétente, et Yakumo ne pouvait pas nier que son coté… protecteur… était un peu émouvant. Après tout, Ino avait déjà hurlé sur Unkai oji-sama quand elle l'avait surpris à prendre Yakumo de haut (bien sûr, Ino ne savait pas que Unkai oji-sama avait tous les droits de mépriser Yakumo, mais l'intention était touchante). Et puis, l'héritière Yamanaka avait agressivement obligé Hinata à passer plus de temps entre filles, loin du district Hyuga d'où Hinata revenait toujours malheureuse et souvent couverte de bleus. Ino n'avait aucun talent en genjutsu et elle se montrait toujours vaguement jalouse de Yakumo à ce sujet, mais elle avait aussi décidé d'apprendre le maniement du sabre uniquement pour défendre sa coéquipière plus faible. C'était la première personne à vouloir défendre Yakumo, et c'était… C'était touchant.

Yakumo ne voulait pas perdre cela.

Mais ses désirs n'entraient pas vraiment en ligne de compte, pas vrai ? Yakumo ferait toujours tout son possible pour préserver ses liens avec Hinata et Ino. Mais s'il fallait choisir entre leur relation, et le succès… Yakumo savait quel serait son choix. Ce n'était même pas un choix : c'était une évidence. Elle avait un devoir. Elle devait le remplir. Elle ne se pardonnerait jamais la mort de ses parents, mais peut-être que… Peut-être que, si elle ramenait son honneur au clan Kurama…

Peut-être que Unkai oji-sama lui en voudrait un peu moins. Peut-être que tout le monde lui en voudrait moins. Peut-être qu'ils cesseraient de la regarder avec méfiance, et regret, et indifférence. Peut-être qu'ils finiraient par l'aimer.

Peut-être que Yakumo trouverait assez de confiance en elle pour réussir à s'aimer elle-même, à défaut de se pardonner.

oOoOoOo

Équipe 9. Sensei : Tenzō.

Naruto Uzumaki détestait les tests écrits. Non, c'était trop faible. Naruto haïssait les tests écrits, il abhorrait les tests écrits, il exécrait les tests écrits. Croyez-le ! Les kanjis se ressemblaient, les traits se mélangeaient, les symboles avaient l'air de bouger sur la feuiller. Et en prime, rester assis sans rien faire était un supplice, surtout si la seule distraction autorisée était de regarder sa feuille d'examen sans rien comprendre, en se sentant stupide, et en paniquant à chaque minute qui passait parce qu'on savait qu'on allait rendre copie blanche !

Cela faisait presque trente minutes que l'examen avait commencé, et Naruto n'avait fait que mâchouiller le bout de son crayon de plus en plus nerveusement. Il avait très vite réalisé que l'option la plus sûre était de se contenter de ses dix points et d'espérer que les scores d'Hotaru et d'Hikari suffiraient à compenser. Après tout… S'il trichait et se faisait avoir, il risquait d'entraîner Hotaru et Hikari avec lui. Il ne pouvait pas leur faire ça !

Mais ne rien faire était épouvantable. Naruto avait l'impression que rester immobile sur sa chaise était impossible : il tapotait nerveusement du pied et ne parvenait pas à trouver une position confortable. Le plus subrepticement possible, il essaya de voir comment se débrouillaient les autres.

Hikari était devant lui, sur la gauche, six rangs devant. Il écrivait à toute allure, l'air concentré. Son voisin de droite était apparemment en train de somnoler, laissant une partie de sa feuille clairement visible. Quel veinard ! Hikari avait sans doute une excellente mémoire : il avait probablement jeté un seul coup d'œil à la copie si négligemment abandonnée, et avait tout mémorisé d'un coup, sans se faire voir des examinateurs !

Hotaru était plus loin encore, presque tout à l'avant de la salle. Elle aussi semblait écrire avec application. Avait-elle trouvé les réponses aux questions sans tricher ? Possible. Hotaru était douée en classe. Ou peut-être qu'elle aussi, elle avait eu la chance de tomber sur un voisin négligent… Naruto regarda avec espoir à ses côtés, mais non : ses deux voisins, une fille de Suna aux cheveux blonds attachés en quatre couettes, et un gars de Kusa au visage à moitié caché par des bandages, étaient focalisés sur leurs copies, ne lui laissant pas le moyen de copier sans se pencher de manière bien trop visible. Crotte !

Un gars de Suna portant un drôle de maquillage facial demanda l'autorisation d'aller aux toilettes. Naruto se demanda brièvement s'il pourrait faire de même pour jeter un œil aux copies de ses voisins… Puis il vit qu'un examinateur (un gars très bizarre d'ailleurs, aux yeux vides et aux mouvements presque… robotiques ?) l'accompagnait aux toilettes sans le quitter des yeux. Nope, aucune chance de copier quoi que ce soit discrètement.

Zut, zut, et zut !

Naruto réalisa qu'il était en train de tapoter nerveusement son crayon contre la table et s'arrêta, jetant un regard inquiet sur les examinateurs. L'un d'eux était en train de le fixer, et Naruto s'immobilisa avec un sourire figé. Il espéra très fort que l'examinateur n'était pas en train de croire qu'il tapait en code pour tricher ! Naruto ne pouvait pas s'offrir le luxe de perdre un seul point, croyez-le ! Sinon il risquait de faire baisser le score de son équipe… Et il ne pouvait pas les laisser tomber. Il ne pouvait pas leur faire ça, pas après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble.

Hikari et Hotaru… Ils n'étaient pas ses premiers amis. Les premiers amis de Naruto, les toutes premières personnes à braver le mépris des villageois et à lui tendre la main, étaient au nombre de trois : Iruka-sensei, Kiba, et Ino. Ces gens-là avaient une place spéciale dans son cœur. Ils avaient été là pour lui à une époque où il n'avait personne, une époque où il n'était personne. Ils étaient spéciaux, ils étaient uniques, et Naruto ne renoncerait jamais à leur amitié. Même si Ino était trop occupée pour passer du temps avec lui, même si Kiba était devenu plus agressif, même si Iruka se concentrait à présent sur ses nouveaux élèves… Naruto était leur ami, et l'amitié, c'était du sérieux, comme une promesse.

Mais même si Kiba, Ino et Iruka avaient été les premiers amis de sa vie, Hikari et Hotaru n'étaient pas moins importants. Ils étaient peut-être même plus importants, parce que… Leur lien était différent. Quand ils s'étaient rencontrés, ils avaient été dans une situation différente. Naruto avait été dans une situation différente. Il était toujours le paria du village mais il était aussi un ninja, et un Jinchuuriki (ou du moins, il avait conscience d'être un Jinchuuriki, à présent). Il était quelqu'un. Ses premiers amis lui avaient donner une fondation solide sur laquelle il avait pu trouver son équilibre, mais son équipe… Leurs missions… Leurs drames, leurs aventures farfelues, l'entraînement… Leurs confidences, leur confiance… Ça avait poussé Naruto à s'élever, à devenir meilleur. Avec Hikari et Hotaru, c'était la première fois que Naruto voulait devenir fort pour protéger autrui. Devenir fort pour autrui, tout simplement, au lieu de devenir fort pour être simplement vu.

Kiba avait une grande famille, Ino une assurance inébranlable, et Iruka-sensei était un adulte : ils n'avaient pas besoin d'être protégés. Ils avaient tendu la main à Naruto mais ils n'avaient rien eu à gagner dans leur échange. Hikari et Hotaru étaient différents. Ils étaient forts, eux aussi, mais ils étaient aussi vulnérables. Non, c'était plus que ça, c'était… Ils avaient partagé cette vulnérabilité avec Naruto. Et ça, c'était une preuve de confiance bien plus grande que de faire des blagues ou des virées shopings.

C'était le genre de choses que partagent des shinobis prêts à se confier leurs vies en mission. Ça donnait à Naruto l'impression d'être adulte, d'être digne, d'être vu d'une façon qu'il n'avait jamais ressenti auparavant.

Et puis, ils s'amusaient vachement ensemble. Hikari adorait les blagues et Hotaru les suivait volontiers. Et leurs missions étaient complètement cinglées, tout le temps, c'était génial ! Bon, parfois, d'accord, il y avait des trucs pas cool. Comme de faire une mission de jardinage et de tomber sur une armée de taupes venimeuses. Ou être envoyés pour récupérer une autruche de compagnie échappée et se faire castagner par un volatile agressif de la taille d'un homme adulte, portant de jolis rubans décoratifs autour du cou. Ou encore être envoyés récupérer une statuette en or massif et se faire coller à Tenzō-sensei pendant trois jours à cause du Jutsu gluant d'un bandit. Ou alors ce truc avec les écureuils… Brrr !

Tenzō-sensei disait qu'ils étaient maudits, mais niveau malédiction, c'était plutôt cool. Au moins ils ne s'ennuyaient jamais !

Même Tenzō-sensei était cool, un peu, vaguement, d'une certaine façon. En tous les cas il était attentif. Hikari disait que le sensei de son cousin avait passé les quatre premiers mois de leur apprentissage à complètement ignorer ses Genins. Naruto ne savait pas comment il aurait vécu avec ce genre de prof. Sans doute mal. Il détestait qu'on l'ignore. Il criait, tempêtait, faisait le clown… Mais généralement, ça ne faisait qu'irriter les gens, et ça ne lui faisait pas d'amis. Alors heureusement que Tenzō-sensei n'était pas comme ce gars-là ! Ok, Tenzō-sensei était parfois effrayant, et rigide, et pas drôle. Mais il était aussi patient, attentif, et il était si ouvertement confiant en ses élèves que rien que d'y penser, Naruto sentait une bouffée d'affection lui réchauffer le cœur.

Alors oui, Naruto aimait vraiment son équipe. Il se sentait redevable… Non, c'était le mauvais terme. Il n'était pas redevable puisqu'ils ne se devaient rien, ou alors ils se devaient autant les uns envers les autres. Ils étaient une équipe, croyez-le ! Peut-être même que c'était ça, qu'il y avait de si spécial ? Hikari et Hotaru avaient besoin de lui, et ça aussi, c'était quelque chose de précieux.

Kiba, Ino et Iruka-sensei avaient tous été… meilleurs que Naruto. Plus forts, plus malins, mieux entourés. Quand ils faisaient la course, ou s'entraînaient aux shurikens, ou faisaient leurs devoirs… C'était toujours Naruto le moins bon. Il était un poids pour eux, et ça lui pesait sur l'estomac comme un verre de lait tourné. Être un boulet, un fardeau, ne rien pouvoir apporter d'utile. Mais avec Hikari et Hotaru, c'était différent parce que même s'ils étaient plus forts que lui dans certains domaines, ils étaient aussi moins forts dans d'autres, e Naruto avait l'impression d'en être grandi, comme une fleur s'épanouissant au soleil après des mois dans un recoin sombre.

Hikari était plus vif et plus rapide et meilleur au taijutsu, mais il ne frappait pas aussi fort que Naruto, et il n'arrivait pas à soulever autant de poids. Hotaru était meilleure en ninjutsu élémentaire mais elle ne savait pas faire de clones, et elle n'avait aucune endurance, comparée à l'énergie inépuisable de Naruto.

D'autres coéquipiers auraient peut-être détesté Naruto pour ça : pour oser être meilleur qu'eux dans certains domaines. Mais Hikari et Hotaru… Oh, ils ne rechignaient jamais à donner un côté compétitif à leurs entraînements. C'était cool, ça poussait Naruto en avant. Mais Hikari et Hotaru étaient aussi gentils, et ils n'étaient pas en colère que Naruto soit doué. Ils en étaient contents, et fiers, comme si ses succès étaient un peu leurs succès, et… Naruto se demandait parfois, éperdument, quel genre de vie ça aurait été dans une autre équipe. Une équipe avec Ino ou Sakura-chan, toutes les deux très jolies, mais avec des langues de vipères, et avares de compliment. Une équipe avec Kiba ou Sasuke, tous les deux forts et loyaux, mais hargneux et mauvais perdants. Ce genre d'équipe l'aurait sans doute poussé en avant avec plus de force que l'équipe 9. Mais la compétition, la rivalité, ça ne suffit pas à remplir une vie. Ou… Peut-être que ça peut suffire à remplir une vie, peut-être même que ça peut être confondu avec de l'amitié, dans les bonnes circonstances… Mais n'était-ce pas plus simple d'avoir juste de l'amitié, directement, sans avoir à prouver sans cesse qu'on en était digne, qu'on était assez fort pour mériter d'être vu ? N'était-ce pas plus simple d'être aimé et accepté juste comme ça, parce qu'on était humain et qu'on avait offert son cœur en retour ?

Naruto soupira pensivement, les yeux dans le vague. Puis son regard croisa celui d'un examinateur et il se redressa en sursautant. Bon sang, il s'était mis à rêvasser en plein milieu d'un examen !

Il jeta subrepticement un œil à l'horloge. Quarante minutes avaient passé depuis le début du test. Sa copie était toujours blanche. Naruto se remit à tapoter nerveusement du pied. Encore vingt minutes d'attente… Et maintenant qu'il avait été arraché à sa rêverie, son anxiété ne lui permettrait plus de s'y replonger. Il allait devoir attendre… et espérer que son score ne fasse pas plonger son équipe.

Ouais, vraiment, Naruto détestait les examens, écrits. Croyez-le !

oOoOoOo

Équipe 10. Sensei : Asuma Sarutobi.

Hakuhyō Yuki retourna sa feuille. Il avait terminé avec presque quinze minutes d'avance. Le miroir de glace qui s'était créé au plafond commença à se transformer en condensation. La température autour de lui remonta sensiblement. Quelques gouttes tombèrent, ici et là, mais rien qui puisse attirer l'attention d'un ennemi… ou d'un examinateur.

Hakuhyō jeta un rapide coup d'œil à ses coéquipiers pour juger de leurs progrès, et retint un sourire affectueux en voyant qu'ils s'en sortaient très bien. Shiho utilisait la longue-vue cachée dans ses lunettes pour copier la copie d'une kunoichi assise six mètres plus loin, et Shikamaru avait tout simplement étendu son ombre jusqu'au siège du garçon devant lui pour pouvoir suivre les gestes de sa main. Cet examen ne serait pas difficile. Hakuhyō avait la chance d'être le coéquipier des deux Genins les plus intelligents de Konoha.

Dans un autre monde, les choses auraient été bien différentes.

Dans un autre monde, Hakuhyō n'aurait jamais été un Genin de Konoha. Dans un autre monde, sa mère Kahyō et lui auraient vécu au pays des Vagues toute leur vie. Ils n'en seraient jamais partis, pour la bonne raison qu'ils n'auraient eu nulle part où aller. Konoha n'aurait pas accueilli de réfugiés, la rumeur ne s'en serait pas répandue, et Kahyō Yuki n'aurait pas décidé de tenter sa chance au pays du Feu. Alors Hakuhyō et sa mère auraient vécu au pays des Vagues, heureux mais cachés, craintifs, durant de longues années. Jusqu'à ce que, quelques années plus tard, au milieu de ce qui aurait été la Quatrième Guerre… Hakuhyō révèle ses pouvoirs de manipulation de la glace en défendant un ami d'une attaque de frelons. Il serait mort des suites d'une réaction allergique, alors que sa mère cherchait désespérément un médecin introuvable. Cette tragédie aurait donné à sa mère soif de vengeance contre les ninjas, qui avaient réquisitionnés tous les médecins du coin pour leur stupide guerre. Et ça aurait sans doute fait une histoire fascinante, qui aurait pimenté le règne du Rokudaime Hokage et fait une belle séquelle à la grande aventure de Naruto Uzumaki.

Mais ce destin ne viendrait jamais à passer, à présent. Parce que Danzō était mort, les réfugiés avaient été accueillis, et Hakuhyō faisait partie des rares détenteurs de kekkei genkai à avoir rejoint les rangs des ninjas de Konoha.

Hakuhyō savait que son kekkei genkai le rendait précieux aux yeux du village. Quelque part, il en avait toujours conçu une certaine rancœur. Il s'y était accroché, s'en servant comme d'un rempart pour se tenir à distance de ses pairs. Il voulait des amis qui l'aiment pour lui, pour ce qu'il était vraiment. Et en retour, il voulait pouvoir aimer ses amis sans faux-semblant… Mais les gens voyaient toujours son clan en premier. Et c'était injuste ! Hakuhyō était quelqu'un de tendre, avec un cœur débordant d'empathie qui ne demandait qu'à s'ouvrir à autrui. Mais il avait peur de s'ouvrir, justement, peur de se donner corps et âme dans une amitié qui ne serait qu'à sens unique. Alors Hakuhyō était resté solitaire et renfermé. Ce n'était pas très dur : il était quelqu'un de tendre mais il n'était pas doux et fragile. Il était rigide, irritable, déterminé. Il voulait désespérément des amis : mais il n'allait pas supplier les gens de l'aimer ou essayer de se changer pour leur plaire.

En plus, Hakuhyō était aussi assez intimidant, ce qui l'arrangeait bien : il avait beau être l'un des plus jeunes de sa classe (il avait fêté ses douze ans juste après la remise des diplômes), il dépassait ses pairs d'une demi-tête. Sa veste matelassée lui donnait des épaules larges. Et puis, avec ses longs cheveux blancs, ses yeux gris délavés, et ses sourcils noirs perpétuellement froncés, Hakuhyō avait un visage assez frappant.

À l'Académie, il avait la réputation d'être un loup solitaire et les gens le laissaient tranquille. D'ailleurs… Durant son enfance, il n'avait pas eu beaucoup d'amis. Il était né au pays de l'Eau, avait grandi au pays des Vagues, et vivait à présent au pays du Feu : quelque que soit la façon dont on essayait de présenter les choses, il était un étranger. Il n'appartenait pas au groupe d'enfants immigrants de Kiri, mais il n'était pas non plus un natif d'ici.

Il avait vécu au pays de l'Eau jusqu'à ses quatre ans, il n'en avait pas beaucoup de souvenirs : mais il se souvenait avoir passé l'essentiel de sa vie caché dans la maison. Puis, quand ses parents étaient partis avec lui au pays des Vagues, Hakuhyō avait eu plus de liberté… Mais toujours, il y avait eu le secret. Les rappels incessants de ne pas parler du Hyôton, de ne pas créer de glace, de ne pas faire baisser la température autour de lui. L'inquiétude de sa mère. Son père qui sombrait dans l'alcoolisme. Au final, sa mère Kahyō avait quitté son mari et était partie avec Hakuhyō à Konoha. Hakuhyō avait alors huit ans. Pour la première fois, révéler son kekkei genkai avait été autorisé, encouragé. Mais avec cette nouvelle liberté étaient venus les regards scrutateurs. Comme s'il était une bête de foire, une curiosité.

Hakuhyō réalisa qu'il se laissait entraîner par ses idées noires. La température autour de lui avait chuté de plusieurs degrés. Rien de trop remarquable, mais c'était un manque de contrôle inacceptable. Il respira à fond, et l'air se réchauffa doucement.

Il était trop soucieux. Trop émotif. Pas nerveux, pas sensible, pas fragile, mais… Spontané, passionné. Les membres du clan Yuki étaient supposés avoir beaucoup de sang-froid. Hakuhyō devait tenir son manque de contrôle de son père.

Tch'. Son père. Il n'avait de père que le nom. Durant la petite-enfance d'Hakuhyō, son père n'avait fait que se plaindre, s'énerver et s'affoler à l'idée que le kekkei genkai de sa femme et de son fils soit découvert. Et au pays des Vagues, il s'était enfoncé dans l'alcoolisme, devenant l'ombre de lui-même avant même qu'Hakuhyō ait assez grandi pour former une vraie relation avec lui.

Quel looser.

Hakuhyō lui ressemblait, physiquement. Il avait ses cheveux blancs, sa mâchoire carrée, ses yeux gris, sa haute stature. Il avait aussi son tempérament : son irritabilité, sa tendance à hausser le ton, son côté inflexible.

Il aurait préféré ressembler à sa mère, Kahyō. Elle était grande, mince, fine, belle, avec des traits fins et féminins, des yeux sombres avec de longs cils, des cheveux noirs qui cascadaient dans son dos. Elle était d'un naturel calme et doux, qui aurait semblé soumis s'il n'y avait pas eu cette détermination aussi solide qu'un glacier caché sous son air placide. Elle était dévouée jusqu'à l'extrême. Une bonne combattante, aussi : elle n'aimait pas se battre mais elle était rapide comme l'éclair, et d'une précision diabolique. Hakuhyō n'avait jamais rencontré d'autres membres du clan Yuki (en restaient-ils seulement encore en vie, après les purges ?), mais il imaginait qu'ils ressemblaient à sa mère : doux, gracieux, avec de longs cheveux sombres et des yeux de biches, des gestes vifs et délicats à la fois.

M'enfin… Hakuhyō ressemblait à sa mère, aussi : c'était juste moins flagrant. Il avait sa détermination. Son dévouement. Sa tendresse, aussi, même s'il la réservait pour ceux qui la méritaient. Il n'était pas aussi bon combattant qu'elle, et son kekkei genkai était plus faible : mais il était rapide, et agile.

(Et oh, parfois Hakuhyō rageait de ne pas avoir hérité de la puissance de sa mère. Il aurait voulu être capable de créer des murs hérissés de stalagmites, des dômes de glaces, des pluies de lames glacées ! Mais non, Hakuhyō n'avait pas les réserves de chakra suffisantes pour créer des Jutsu aussi massif. Son Hyôton était plus faible. En revanche, Hakuhyō contrôlait beaucoup mieux le froid que sa mère. Au point que la température changeait avec ses humeurs, et qu'il pouvait causer des engelures aux ennemis qui essayaient de le toucher…)

Sa mère était vraiment puissante. Et elle était une excellente kunoichi, sans doute de niveau Jounin. Mais Konoha avait beau être un village accueillant, il y avait des limites à sa tolérance. Accueillir une nukenin de Kiri dans les forces actives… Ce n'était tout simplement pas possible. Même si ladite nukenin avait fait défection, puis avait vécu une vie rangée durant des années ! Alors Kahyō avait un job à la fauconnerie. C'était un travail simple, fait pour un Genin ou un infirme. Seuls une poignée de hauts-gradés savaient qu'elle n'était pas réellement une civile : mais aucun d'eux n'avait l'intention de la laisser reprendre le service actif.

Kahyō disait que ça lui allait. C'était sans doute en partie vrai. Elle aimait ne pas avoir à se battre. Mais Hakuhyō n'était pas aveugle : sa mère détestait le conflit, certes, mais elle aimait l'action, le défi, la liberté d'utiliser son kekkei genkai. Ne plus être ninja… C'était un prix lourd à payer. Sa mère l'avait payé bien volontiers, mais quand même, c'était dur. C'était injuste.

C'était pour ça qu'Hakuhyō était un ninja. Pour que sa mère puisse avoir cette liberté, à travers lui. Parce que Kahyō avait tant donné pour lui offrir cette chance : il ne pouvait pas la laisser tomber. Il était fier d'être un ninja du clan Yuki. Sa mère ne pouvait pas montrer ce dont elle était capable, mais lui, il le ferait.

Hakuhyō reporta son regard sur l'horloge. Il restait sept minutes.

Il était temps de penser à la suite de l'examen.

Presque malgré lui, Hakuhyō reporta son regard sur ses coéquipiers. Au départ, quand les équipes avaient été formées, Hakuhyō avait été prêt à les garder à distance. A les détester, même, peut-être. Il avait l'habitude d'être seul. Mais il avait suffi d'une mission ensemble, à protéger leurs arrières et à se serrer les coudes, et boum, Hakuhyō s'était attaché à eux. Plus que ça : il s'était mis à les aimer, avec le total dévouement qui caractérisait les Yuki. Même son stupide professeur ! Asuma-sensei était désinvolte et taquin, mais attentif, patient et affectueux. Quant à ses coéquipiers… Shikamaru était paresseux et sarcastique mais il était intelligent, sensible, étonnamment protecteur. Et Shiho était timide, souvent écrasée par son impression d'être un boulet pour eux, mais elle était aussi drôle, spontanée, gentille, généreuse.

Hakuhyō s'était lié à eux, et à présent, c'était à la vie, à la mort. Ils s'étaient entraînés ensemble, avaient risqués leurs vies ensemble, s'étaient préparés ensemble. Ils avaient créé des codes, des stratégies et des formations qui combinaient leurs meilleures capacités. Ils avaient rassemblé un équipement spécialisé pour pallier à leurs faiblesses respectives (manque de Jutsus destructeurs pour Shiho, manque de mobilité pour Shikamaru, risques d'hypothermie pour Hakuhyō). Ils étaient prêts. Ils passeraient cet examen ensemble… Ou ils ne le passeraient pas du tout, c'était aussi simple que ça.

– Plus que cinq minutes ! aboya un examinateur.

Hakuhyō se redressa sur son siège. Tout le monde continuait à écrire frénétiquement. Deux ou trois personnes avaient déjà finies, et avaient soigneusement retournées leurs feuilles. Au fond de la salle, une porte s'ouvrit et le gars de Suna avec du maquillage facial revint à sa place d'un pas tranquille, sans que personne ne fasse de remarque sur la longueur de son passage aux toilettes. Hakuhyō vit le gars glisser un petit morceau de papier sur le bureau d'une kunoichi blonde, et leva les yeux au ciel. S'il avait vu cette tentative de triche, alors il était certain que les examinateurs l'avaient remarqué aussi.

Hakuhyō n'allait pas se leurrer et penser que cet examen était facile. Mais une chose était certaine : il n'allait pas être insurmontable. Certainement pas avec le Hyôton entre ses mains, et ses camarades à ses côtés.

oOoOoOo

Équipe 11. Sensei : Tsunami Uchiha.

– Terminé ! ordonna Ibiki.

Neji avait fini depuis longtemps. Il avait passé l'essentiel de son temps à observer les techniques de triches de ses camarades. Inaho n'avait rien fait, mais Tenten avait utilisé des fils d'acier pour orienter le luminaire en acier brillant fixé au plafond, et s'en servir comme miroir. Sasuke avait utilisé son Sharingan, Hikari un genjutsu (qu'il avait ensuite transmis à Hotaru, mais qu'il avait échoué à passer à Naruto, apparemment), Karin avait utilisé les souris d'encre de Sai… Le rouquin de Suna avait fait des trucs bizarres avec son œil, qui s'était changé en sable ou en poussière… Un gars de Kusa possédait apparemment la capacité de copier les mouvements de son voisin de gauche en écoutant les sons de son crayon… Un marionnettiste de Suna avait prétendu aller aux toilettes, utilisant sa marionnette comme faux examinateur… Un Genin de Kiri était apparemment assez doué en genjutsu pour que son voisin se mette distraitement à marmonner les réponses sans qu'il ne s'en rende compte… Les Yamanaka avaient utilisé leurs Transposition, les Nara avaient utilisé leurs ombres, les Aburame avaient utilisé leurs insectes… Somme toute, pas mal de monde avait réussi à tricher.

Trente-six personnes avaient été éjectées de la salle pour tentative de triches maladroites, cela dit. La compétition s'amenuisait. Il restait à présent quatre-vingt-quatre Genins dans la pièce.

– Il est temps de vous poser la dixième question, lâcha Ibiki Morino d'un air sombrement amusé. Vous pouvez renoncer à y répondre… Auquel cas, votre total de points passe à zéro. Vous serez éliminés et vous camarades aussi.

Un brouhaha de chuchotements indignés s'éleva. Neji haussa les sourcils. Quelle règle insensée. Évidemment, tout le monde préférait continuer et tenter sa chance avec la dixième question. Pourquoi donc leur offrait-on une chance de partir maintenant ?!

– Si vous choisissez d'y répondre, mais que vous avez faux… On vous interdira de repasser l'examen Chuunin durant toute votre vie !

Des protestations horrifiées s'élevèrent un peu partout. Neji lui-même, malgré son calme, eu un moment de panique. Comment ça, interdiction à vie ?!

– N'importe quoi ! s'écria Karin, bondissant sur ses pieds avec fureur. Il y a des gens ici qui ont passé l'examen plusieurs fois, on ne peut pas en être banni à vie !

– Pas de chance, rétorqua Ibiki. Cette année, c'est moi qui fais les règles. Alors, qui veut sortir ?

C'était un dilemme. Si Neji décidait de rester, mais qu'il échouait à répondre correctement à la dixième question… Il serait banni à vie de l'examen Chuunin. Lui, mais aussi son équipe. Même chose si Inaho ou Tenten répondaient de travers à la dixième question. Et oh, Neji avait tout à fait foi en Tenten, mais il était plus difficile de prédire Inaho. Le plus sage serait de renoncer, de jouer la prudence et de tenter sa chance l'année prochaine… Mais ça lui laissait un goût amer dans la bouche, et il était certain que Tenten comme Inaho lui en voudraient beaucoup.

Plusieurs Genins commençaient à flipper. Un premier gars se leva, annonça d'une voix tendue qu'il renonçait. Il prit pratiquement la fuite, ses deux camarades sur ses talons. Ce fut comme si on avait ouvert une vanne. Un, puis deux, puis trois autres décampèrent. Des ninjas de Konoha, de Kigai, de Kusa, de Taki…

– Numéro 50, éliminé ! Numéros 104 et 92, éliminés aussi !

– Numéro 13, éliminée ! Numéro 27 et 102, également !

– Numéro 26, éliminé ! Numéro 81 et numéro 99, éliminés !

Neji hésita une fraction de seconde. Puis il se cala dans son siège, le dos droit, et croisa les bras d'un geste délibéré. Il ne lèverait pas la main. Il ne renoncerait pas. Quelle que soit cette dixième question, il était confiant en ses capacités à y répondre.

Et même s'il n'avait pas été confiant, eh bien… Depuis quelques années, Neji ne croyait plus vraiment que les punitions arbitraires avaient vocation à être définitives. Si une telle chose existait, il y avait toujours moyen de la contourner. Il ne fallait pas se laisser arrêter par le risque. Ils étaient des ninjas, pas des moutons.

Du coin de l'œil, il vit Tenten et Inaho calquer leur attitude sur la sienne. Un peu plus loin, Karin faisait de même. Sai souriait de son air vide. Lee se tenait droit comme un piquet, l'air sérieux. Aucun d'entre eux ne renoncerait.

Il semblait en être de même pour la plupart des newbies. Les plus âgés des Genins, ceux qui avaient sans doute tenté l'examen plusieurs fois, ou qui venaient de la Division Genins et n'avaient pas de Jounin-sensei pour les coacher, étaient davantage tentés par l'idée de limiter les risques. Mais c'était les jeunes, ceux dont c'était le premier examen, qui refusaient de battre en retraite. Ils avaient tant de pression sur les épaules : être inscrit à l'âge de douze ans dans un examen international, ce n'était pas rien. L'héritier Aburame était si immobile qu'il semblait à peine respirer. Une goutte de sueur perlait au front de l'héritière Yamanaka. Hinata-sama (et Neji ne put retenir un rictus hargneux, comme à chaque fois qu'il posait les yeux sur l'héritière des Hyuga) était pâle et effrayée.

Dans un autre monde, Naruto aurait fait un speech sur la nécessité de ne jamais abandonner, et aurait calmé d'un coup l'angoisse montante des autres candidats.

Dans ce monde-ci, Naruto commença à lever la main… Et, comme avertis par un instinct surnaturel, Hotaru et Hikari se retournèrent et lui lancèrent un tel regard noir que Naruto s'écrasa sur sa chaise.

(Dans le grand ordre des choses, cela ne changea quasiment rien. Ceux qui avaient décidé de participer, que ce soit par sens du devoir, par obligation envers leur sensei, par confiance en leurs capacités, ou pour participer à un coup d'état : ces Genins-là avaient déjà décidés de ne pas renoncer. Mais puisque Naruto ne dit rien, il n'attira pas l'attention de ses pairs et d'éventuels ennemis. Et puisqu'il ne rassura pas le reste des concurrents, Ibiki fit un peu plus durer le suspense.)

(Et quand Naruto, par la suite, repenserait à cet examen, il ne songerait pas au stress de la dixième question ou à la nécessité d'affirmer qu'il ne renoncerait jamais. Il penserait au regard de ses deux amis, à ce regard qui criait « tu as intérêt à croire en toi, autant que nous, on croit en toi ! »… Et ça serait un souvenir qui lui réchaufferait le cœur pour les années à venir.)

– Personne d'autre ? fini par déclarer Ibiki d'un ton sinistre, après presque cinq minutes d'angoisse et de départs précipités.

Il restait soixante-trois candidats. Dans un autre monde, il en serait resté une quinzaine de plus. Mais était-il encore possible de comparer ces deux univers ?

Ibiki Morino échangea un bref coup d'œil avec les autres examinateurs, puis déclara d'une voix forte :

– Dans ce cas… Ceux qui restent ici… Vous venez de réussir la première épreuve. Félicitations.

Il y eu un silence abasourdi.

– Q-Quoi ?! s'écria la fille aux cheveux rose d'une voix aigüe. Mais, et la dixième question, alors ?!

– Il n'y a jamais eu de dixième question, répondit Ibiki avec un sourire amusé qui étirait ces cicatrices. Il s'agissait simplement du choix d'y répondre ou non, connaissant le risque que cela impliquait.

Une fille de Suna se mit à s'indigner, demandant à quoi servaient les neuf autres questions. Comme Neji s'y attendait… Il y avait sans doute très eu de Genins qui avaient réalisé que le but était de tricher. Apparemment cette kunoichi avait réellement cru qu'ils devaient passer un examen écrit.

Avec plus de patience que Neji n'en aurait eue à sa place, Ibiki Morino expliqua alors aux candidats le but réel de cette épreuve. Comme Neji s'en doutait, le but avait été de juger la capacité des Genins à collecter des informations. Les questions étaient bien trop difficiles. Plusieurs Genins étaient en fait des Chuunins déguisés, et les seuls ayant les réponses. Le but avait donc été de copier sur eux… Et de ne pas commettre d'erreurs susceptibles de provoquer une élimination. C'était aussi une leçon que tout ninja devait connaître. Certaines informations étaient cruciales. Être surpris en train de les voler, cela pouvait vous faire tuer. Ou pire : capturer et torturé.

Les cicatrices sur le crâne d'Ibiki Morino en témoignaient.

Le but de la dixième question était lui aussi facile à deviner. La vraie question n'était pas un test de connaissances : c'était une décision à prendre. Affronter le risque, ou s'y dérober. Agir sachant qu'on avait autant de chance de succès, que d'être éliminé de façon finale et définitive (et n'était-ce pas une métaphore à peine voilée, comparait l'échec à la mort en mission ?). Tel avait été le véritable test, caché dans cette épreuve. Prouver qu'on était compétent et qu'on savait collaborer avec son équipe, et prouver qu'on ne reculerait pas devant le danger quand il y avait un objectif à accomplir.

Neji inclina la tête, retenant un mince sourire. Ce test avait joué avec leurs nerfs, mais il avait été bien pensé. Une leçon de compétence, et une leçon de détermination. Neji pouvait apprécier cela.

Il n'avait jamais douté de sa capacité à réussir. Ni de la capacité de ses coéquipières à réussir, d'ailleurs. Il était plus inquiet pour Sasuke et Hikari, mais ça, c'était une autre affaire. Non, Neji ne doutait pas de lui. Il réussirait. Pas parce que c'était le destin, ou quelque chose comme ça. Il avait cessé de croire au destin depuis bien longtemps. Si une telle chose existait, elle pouvait être combattue… Et c'était pour cela que Neji croyait en sa réussite. Parce qu'il avait les moyens de se battre, et la volonté de vaincre.

Au sein du clan Hyuga, sa participation à l'examen n'avait pas été remise en question. Quand Neji l'avait annoncé à Hiashi-sama (parce que le chef de clan devait être informé de ce genre de chose, mais oh, comme Neji détestait le voir, ce meurtrier, ce fratricide !), le chef de clan lui avait simplement ordonné de ne pas lui faire honte. Neji était resté de marbre, mais il avait bien saisi le sous-entendu. Ne perds pas face à un Uchiha. Ne perds pas face à un ninja étranger. Ne perds pas.

Neji était d'un naturel contrariant. Juste pour cracher au visage d'Hiashi-sama, il aurait pu être tenté de perdre. Mais il ne pouvait pas : sa ferté personnelle si refusait. Et malgré puis… Son clan pouvait aller au diable, mais Neji avait aussi une famille de cœur, une famille de choix, qui comptait sur lui. Il ne voulait pas les décevoir.

D'autant plus qu'Hiashi-sama avait oublié de lui donner une instruction très importante. Il avait oublié de lui ordonner de perdre contre Hinata-sama. Si le hasard mettait Neji face à l'héritière du clan… Il ne se retiendrait pas.

– Allez, bougez-vous ! ordonna Ibiki si brusquement que tout le monde sursauta. Il est temps de vous rendre à la seconde épreuve. Izumo, Kotetsu, emmenez-les là-bas.

Il esquissa un sourire mauvais :

– L'examinateur est Hayama Shirakumo.

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Nobody expect Hayama Shirakumo =)

Ne vous faites pas de fausse joie, la deuxième épreuve sera assez similaire à celle du canon. Mais justement, elle sera juste similaire... pas identique x)

A bientôt ! J'essayerai de poster la dernière semaine d'octobre !

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