Hello, me revoilà !

Je suis actuellement dans ma dernière semaine de cours. Il me reste un examen écrit, un exam oral... mon rattrapage de droit des successions en septembre... et ma soutenance à faire avant décembre 2023... Et j'aurais fini. TERMINE. Je serai officiellement Bac+8. Holy shit.

Le syndrôme de l'imposteur est costaud.

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Enfin bref ! Passons aux réponses aux reviews!

Yo liamireldib-b ! Ecrire le POV de Hoheto-sensei servait justement à ça : monter la différence entre le point de vue de la Bunke et de la Sôke. Et surtout le fait que les gens en position de pouvoir (la Sôke) ne voient aucun problème avec leur privilège. Et au contraire, si leurs subalternes osent se plaindre, bah, ils les trouvent ingrats ! Sinon pour ce qui est de Kurenai, en effet elle sous-estime Tsunami. Mais elle n'a pas non plus complètement tort : les pièces subtils sont les meilleurs moyens de la coincer. A chaque fois que Tsunami a gagné un combat, tu remarquera que c'est parce que son ennemi n'a fait usage que de force brute !

Coucou Naptis ! Aaaaah, de l'inspiration, yes ! Le souci c'est que ça passe directement dans la partie de mon cerveau consacrée à My Hero Academia en ce moment x)

Salut Kuro No Kage ! J'ai vu, tu as pensé à la reviews ! Contente qu etous ces nouveaux POV te plaisent. Surtout Izumi, ça faisait un bail !

Mwahaah p'tit kissy, la fin est faite exprès pour rajouter du poids à l'intrigue. Les enjeux sont élevés !

Yo Lumerotte ! Oulà, la confrontation avec Orochimaru est encore loin. Il va falloir t'armer de patience !

Coucou Robinet667 ! Contente de t'avoir inspirée =) Je n'aime pas Wattpad, par contre. Je préfère AO3 !

Dommage pour Iruka, Yuedra, mais n'hésite pas à en faire un Maître du Funjustsu dans ta fic ! Pour ce qui est de "Iruka n'est pas devenu le prof de Naruto par hasard", je ne suis pas convaincue. Dans le canon ils ne sont pas devenus proches très vite... mais bah, peu importe x) ENFIN BREF ! Contente qu etous ces POV t'aient plus ! Yakumo et Hinata ont toutes les deux des familles bien pourries, voire même carrément toxiques. Et Pakura est un personnage complexe que j'adorerai développer davantage. Honnêtement elle ferai une EXCELLENTE Kazekage. Pour ce qui est de Hoheto, j'ai carrément hésité à lui faire parler du clan. Mais ça prouve que Hoheto est vraiment attaché à Shino. Et puis, d'une certaine façon, je headcanon Hoheto comme quelqu'un de très isolé mais qui a ENVIE de parler de sa situation. Et ça permetd 'avoir son point de vue de membre de la Sôke... et comment les membres de la Sôke se justifient à eux-même l'esclavage de leurs cousins. En gros "oui mais ce qui leur arrive c'est pas grave parce que nous aussi on s'impose des limitations, comme ne pas prendre le risque de se faire arracher les yeux ; alors pourquoi eux, ils auraient le droit de se plaindre quand on les torture?". Ah ah ah. Mais oui effectivement la Bunke n'ayant aucune expérience de leadership, si la Sôke est désinguée, le clan Hyuga va être très affaibli. Et sans doute soit se dissoudre, soit se retrouver subalterne à quiconque s'engoufrera dans ce vide de pouvoir... *tousse* Tsunami *tousse*. Bref ! On a aussi le POV d'Izumi, et bien vu ! Shoho l'a un peu pris sous son aile. Et pour ce qui est de Tsunami : je n'ai pas décidé de la tuer ! Je suis juste trop éloignée du fandom de Naruto en ce moment xD

Coucou Rose-Eliade ! La suite est là =) Savoure, parce que dans quelques chap', je serai arrivée au bout de mon avance et la fic sera mise en hiatus...

Hey Mara Kag =) Tu as bien deviné certains éléments, mais d'autres non xD La situationa vec les Hyuga est plus compliqué qu'il n'y parait ! Et pourc e qui est de Tsunami VS Orochimaru ou de Tsunami VS Pakura, je n'ai pas encore décidé de comment ça allait se passer. C'est le moment de la fic où mon inspi s'est épuisé xD

Salut Vyrush ! Oooooh un combat Pakura-Sumire, quelle bonne idée. Je ne dis rien pour ne pas spoiler, mais je garde ce plan en réserve !

Merci Aelita Yoru ! Bienvenue à bord =)

Je ne crois pas qu'Orochimaru soit sensible au Covid mais merci pour l'idée Eliie Evans xD Nan, sérieux, son système immunitaire doit être DÉMENT, avec tous les poisons qu'il manipule. Pour ce qui est de la mystérieuse technique de rang A... Je planche dessus !

Yo Tiph L'Andouille ! J'avais pas vu ta review ! Mwahahaha j'adore mettre du suspense aux lecteurs. QUI VA MOURIR ?! C'est la question à 10 000 points ça ! Pour ce qui est des combat, tu sera sans doute surprise du résultat. Et Pakura VS Tsunami... Raaaah, c'est tentant, mais je n'ai pas encore décidé de mettre ça au programme ! Quant à Gaara, t'inquiète, c'est prévu qu'il ait sa conversation à coeur ouverte avec Natuto. Le Therapy No Jutsu en action !

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Ce chapitre aurait dû être intitulé "le drama des Hyuga se transforme en séance de lavage de linge sale en public", mais c'était trop long xD
'fin bref. Au programme : on rencontre le Mizukage, Orochimaru is creepy, Neji is dramatic, and... some people are less worse than expected. Enjoy !

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Naruto contre Neji

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Il y avait trois sièges dans la loge des Kage. Le Mizukage se trouvait à droite, le Kazekage à gauche, et Sandaime au milieu. Et Tsunami, qui était l'une des gardes du corps se tenant derrière les trois sièges, n'aimait pas du tout ça.

Bon, certes, Tsunade se tenait à côté d'elle, mais quand même. Être cernée par des Kages ennemis, l'un d'eux (et le plus proche d'elle, en plus !) étant probablement Orochimaru sous Henge, n'avait rien de très rassurant !

Tsunami avait troqué son haori noir et rouge sang contre une veste de Jounin, et avait attaché sa crinière de cheveux sombres en un chignon retenu par plusieurs senbon. En se regardant dans le miroir ce matin-là, elle avait eu un coup au cœur : elle n'avait pas porté cette veste ni utilisé cette coiffure depuis la fin de la Team Shisui. Le reflet dans le miroir semblait surgir tout droit du passé. Le but recherché était d'envoyer un message d'unité, montrer qu'elle était Jounin de Konoha avant d'être Uchiha. Tsunade Senju, l'autre garde du corps de l'Hokage, portait également l'uniforme au lieu de son haori vert. Était-ce une idée du Sandaime ? Ou de Shikaku ? Parce que quand même, il fallait admettre que ça en imposait. La chef du clan Uchiha et l'héritière des Senju, simples gardes du corps de l'Hokage de Konoha. Bonjour la symbolique.

Le Kazekage et le Mizukage avaient tous les deux saisi le message : Tsunami avait senti le poids de leurs regards qui s'attardaient sur elle. Mais la conversation était restée plaisante. Le tournoi n'avait pas encore commencé.

– Vous avez fait bonne route, Kazekage-dono, Mizukage-dono ? demanda le Sandaime d'un air affable.

– Tout à fait, lâcha le Kazekage.

Il était masqué jusqu'aux yeux par un voile blanc, sans doute d'usage dans le désert, mais beaucoup plus suspicieux dans le climat tempéré du pays du Feu. Il se tenait avec raideur, poli mais froid. Par contraste, le Mizukage sourit de toutes ses dents pointues :

– Le voyage a été excellent. De véritables vacances !

Mangetsu Hozuki ne ressemblait pas vraiment à l'idée que Tsunami se serait fait du plus puissant ninja du village de Kiri, ça, c'était sûr.

Il avait un visage fin, avec des yeux violet sombre, et les cheveux blancs mi-longs. Plutôt mignon, objectivement, si on passait outre ses dents pointues comme celles d'un requin. Il portait un pantalon gris-bleu, un haut sans manche noir, des bandages autour du cou comme une sorte d'écharpe, ainsi que les longues robes bleues et le chapeau qui allaient avec son rang de Mizukage. Globalement, il avait l'air gracieux, vif, rusé… Mais pas terrifiant comme devrait l'être un ninja de rang S ayant mis fin à une guerre civile. Bon sang, il avait vingt-et-un ans, comme Tsunami… C'était vraiment un gamin, comparé aux autres Kages ! Et Mangetsu était de taille moyenne, mince et élancé comme un danseur plutôt que baraqué comme un guerrier. Il faisait la même taille et la même carrure que Tsunami. Il avait même probablement des biceps moins développés !

Sa stature de crevette était encore renforcée par l'épée massive, enveloppe de bandages, qu'il portait constamment dans le dos. Samehada, l'épée-requin dévoreuse de chakra. Elle était un peu plus petite que dans le canon (sans doute parce que si elle avait gardé la même taille, elle aurait traîné par terre) mais elle n'en était pas moins massive.

Et Mangetsu était bavard, aussi. Honnêtement, il ressemblait beaucoup à Suigetsu, son cadet dans le canon, et Tsunami se demandait si les deux frères étaient proches. Dans le canon, Suigetsu était kidnappé par Orochimaru et restait son prisonnier plusieurs années, mais ça, c'était parce qu'il n'avait personne pour le protéger. Si Mangetsu était vivant dans cet univers, Suigetsu était sans doute un simple Genin qui rendait son Jounin-sensei marteau.

– Je dois admettre que je suis enchanté de faire votre connaissance Mizukage-dono, sourit le Sandaime. Les Kages commencent tous à se faire vieux et décrépis.

Mangetsu sourit de toutes ses dents, et inclina la tête sans répondre. Le Kazekage interjeta d'une voix presque doucereuse :

– Certains plus que d'autres… À votre âge, ne serait-il pas plus sage de vous choisir un successeur ?

– Ah ! rit le Sandaime. Je ne suis pas si vieux ! Honnêtement, je pense régner cinq années encore.

Le ton était léger, mais il y avait une tension certaine dans l'air. Pas de l'hostilité, pas tout à fait, mais quelque chose d'inflexible, comme si ses badinages cachaient des menaces glacées. Tsunami et Tsunade restèrent de marbre, tout comme les gardes du corps du Mizukage et du Kazekage. Mais le regard de Mangetsu passa brièvement entre les deux autres Kages, et un éclat calculateur passa dans ses yeux violets. Ah. Il sentait qu'il y avait anguille sous roche.

Puis l'Hokage se leva et s'approcha de la balustrade pour faire son petit discours d'ouverture du tournoi. Le Kazekage garda les yeux rivés sur son dos, comme si c'était un adversaire qu'il se refusait à lâcher du regard, ou bien une proie qu'il s'apprêtait à attaquer. Les yeux de Tsunami s'étrécirent. Elle n'avait pas de preuve que ce soit Orochimaru déguisé : il était tout à fait possible que le canon ait changé, que les plans de Suna aient changés, que les plans d'Orochimaru lui-même aient changés… Mais bon sang, les circonstances avaient de quoi rendre suspicieux.

(Et à en juger par la façon dont le regard de Mangetsu passa de l'Hokage au Kazekage puis à elle, il l'avait noté. Hum… Il ressemblait peut-être à son petit frère, mais il était apparemment bien plus malin.)

L'Hokage fit son petit discours, puis se rassit. Les concurrents commencèrent à quitter l'arène, n'y laissant que les deux adversaires du premier combat. Tsunami jeta un bref regard au récapitulatif des matchs (distribués à tous les spectateurs, et dont un exemplaire était accroché dans la loge des Kages), mais elle n'en avait pas besoin. L'ordre des affrontements était gravé dans sa mémoire.

Match 1 : Naruto Uzumaki VS Neji Hyuga

Match 2 : Shikamaru Nara VS Temari

Match 3 : Misuno VS Kidômaru

Match 4 : Tenten VS Ino Yamanaka

Match 5 : Sasuke Uchiha VS Shizuma Hoshigaki

Match 6 : Karin Uzumaki VS Gaara

L'arbitre était Hayate Gekkō, et non Genma, réalisa soudain Tsunami. Ah ! Probablement parce que dans cet univers, Kabuto n'était pas un espion, Baki n'était pas là, et Dosu n'avait pas réussi la deuxième épreuve… et donc, il n'y avait jamais eu de réunion entre eux pour attirer l'attention d'Hayate et mener à son assassinat. C'était un point du scénario que Tsunami avait complètement zappé. Elle eut honte de s'en souvenir aussi tard.

Hayate s'écarta, se plaçant à égale distance de Naruto et de Neji, les deux seuls restant dans l'arène. Malgré elle, Tsunami se pencha en avant avec avidité. Elle n'était pas la seule : quasiment tout le monde fit de même.

L'arène avait une acoustique absolument formidable, et tout le monde entendit Naruto gronder qu'il allait écraser Neji. Mais du coup, tout le monde entendit aussi Neji répondre avec un amusement méprisant que ce qui faisait la saveur d'un combat était de voir le désespoir naître dans le regard d'un adversaire quand la réalité le rattrapait. Tsunami retint un grognement. Bon sang, Neji ! Ce n'était même pas la fréquentation des Uchiha qui l'avait rendu aussi dramatique, non : il était comme ça de naissance. Espèce de bâtard suffisant.

Puis Hayate donna le signal du départ… Et, après un instant d'immobilité, ils attaquèrent.

Ou plutôt Naruto attaqua, d'abord avec une volée de kunais (que Neji stoppa sans effort) puis avec un assaut frontal de taijutsu. Puis il s'avéra que les kunais étaient attachés à des fils d'aciers tranchant comme des rasoirs, et que Naruto tentait d'enfermer Neji dans une nasse meurtrière… Mais Neji n'était pas l'élève d'une Uchiha pour rien, et lui aussi avec des techniques de shurikens en réserve : il trancha plusieurs fils d'acier, redirigea les autres, et détruisit l'astucieux piège de Naruto en quelques instants, tout en repoussant son adversaire dans le même mouvement, l'air de complètement maîtriser la situation. Dans les gradins, les gens commençaient à crier des encouragements. L'identité du meilleur combattant ne faisait aucun doute.

Le Kage Bunshin fit son apparition, entraînant une nouvelle montée d'enthousiasme du public. C'était quand même un Jutsu de rang A, et créer une cascade de clone qui déferlait sans cesse sur Neji était assez impressionnant. Le jeune Hyuga se montrait cependant digne de son qualificatif de prodige : il dansait entre ses adversaires, utilisant les mouvements de l'un pour rediriger un autre, bondissant par-dessus les coups, se glissant entre les attaques, tournoyant dans les airs, frappant avec une précision implacable.

Quand tous les clones eurent été éliminés, il y eu un bref instant de silence, Neji et Naruto se fusillant du regard. Puis Neji se remit à parler du ton à la fois agressif et condescendant qu'il utilisait toujours pour provoquer quelqu'un. Tsunami leva les yeux au ciel, se forçant à ignorer son discours sur les merveilles du Byakugan, le fait que le talent soit un don accordé à la naissance, et que Naruto devait accepter son destin de perdant dès à présent.

Tsunami adorait Neji, vraiment, il était comme un frère pour elle : mais il y avait des fois où il était tellement dramatique qu'elle voulait juste se cacher le visage entre les mains et disparaître sous terre.

– Intéressant, fit pensivement le Mizukage. Est-ce que tous les ninjas de Konoha bavardent autant au cours d'un combat ?

Le Sandaime eut l'air d'y réfléchir. Puis il répondit honnêtement :

– Ça arrive souvent, oui.

– Vous êtes tellement bizarres, lâcha Mangetsu avec fascination. Le Hyuga aurait déjà pu le tuer trois fois au lieu de jacasser.

Oh, c'était riche, considérant à quel point les ninjas de Kiri aimaient monologuer. Bon, Tsunami n'avait jamais eu l'occasion de discuter avec les ninjas de Kiri, mais dans le canon, Zabuza ou Kisame avaient genre, des épisodes entiers de la série consacré à leurs discussions dramatiques avec leurs adversaires !

– Neji Hyuga est l'élève de Uchiha-san, n'est-ce pas ? demanda le Kazekage d'un ton neutre.

Son regard était fixé sur Tsunami. Et ok, bon, peut-être que Rasa avait de bons espions, des portraits-robots des Jounins, et la composition des équipes de Konoha : mais simplement le fait d'intégrer Tsunami dans la conversation, ça pointait plutôt dans la direction le-Kazekage-est-Orochimaru-déguisé. C'était dans sa nature d'aller tenter le diable…. Et donc d'essayer de se faire remarquer face à une personne qui voulait le réduire à cendres.

Du coup tout le monde se tourna vers Tsunami, et le Sandaime déclara avec allégresse :

– En effet ! J'avais oublié que son équipe a tenté l'examen Chuunin à Suna l'année dernière. Vous verrez que ses élèves ont beaucoup progressés.

Mangetsu se pencha en avant avec intérêt :

– Il compte bavarder encore beaucoup ?

Il avait adressé sa question à Tsunami, et le Kazekage avait toujours les yeux rivés sur elle, alors la jeune femme prit ça comme une autorisation implicite à se joindre à la conversation. Un garde du corps était supposé rester en retrait, mais bon, elle n'allait pas non plus ignorer les deux Kages à côté d'elle.

– Probablement, lâcha-t-elle. Neji est quelqu'un d'assez dramatique.

– L'influence de son sensei, peut-être ? lâcha le Kazekage.

– Absolument pas. Je l'ai eu comme ça.

Mangetsu renifla avec amusement. Puis, en contrebas, il y eu un grand nuage de poussière, et tout une nuée de Kage Bunshin explosèrent. Ah, Neji avait commencé à utiliser le Kaiten. Les trois Kages se penchèrent en avant avec intérêt, l'air impressionnés. Effectivement, c'était un Jutsu impressionnant, utiliser du chakra pur pour créer une explosion défensive autour de soi était au moins une technique de rang B, si pas davantage ! D'autant que ce genre de Jutsu ne devait pas être vu souvent. Après tout, le Kaiten était une technique réservée aux membres de la Sôke, et les Hyuga de la branche principale ne prenaient jamais de missions à l'étranger.

Neji avait appris cette technique en autodidacte. C'était cependant la seule. Une défense absolue. Il avait commencé à apprendre son pendant, l'attaque parfaite (les soixante-quatre poings du Hakke, qui paralysaient tous les tenketsu de l'ennemi en une série de coups durant moins de six secondes) : mais il ne l'avait pas encore maîtrisée. Dommage, car face à Naruto, la meilleure défense restait l'attaque.

(Tsunami était bien consciente que dans le canon, Neji connaissait tout un tas de techniques secrètes de la Sôke pour les avoir observées et reconstituées tout seul. Dans cet univers, eh bien… Oh, il était toujours féroce dans son entraînement au Poing Souple, et avide d'en apprendre davantage. Mais comme le Poing Souple n'était plus son unique mode de combat, et qu'il utilisait aussi les shurikens, du Katon, quelques passes de taijutsu Uchiha… Neji n'avait pas passé tout son temps à espionner la Sôke. D'un côté, c'était plus sain. De l'autre, ça aurait été cool que Neji puisse démontrer à tous les Hyuga du public à quel point il était meilleur qu'eux pour tout.)

– Ah ! s'écria le Sandaime. Naruto change de stratégie !

En effet Naruto avait cessé d'attaquer frontalement au taijutsu, réalisant sans doute que le Kaiten était une trop bonne défense. Il avait refait des clones (et bon sang, est-ce que ses réserves de chakra étaient inépuisables ?!) et attaquait à l'aide de fumigènes, de kunais et de fils d'aciers. Tsunami se sentit fière par proxy : les pièges, les notes explosives, les attaques furtives, ça se voyait que le jeune Uzumaki était en train d'émuler Hikari.

– Est-ce que cette note explosive était pleine de paillettes ? fit Mangetsu avec une touche d'incrédulité.

Yep. Définitivement Hikari.

Le combat se fit plus frénétique et plus violent, les attaques se multipliant de part et d'autre. Naruto était plus agressif, plus imprudent. Les explosions fumigènes étaient partout. Mais utiliser de la fumée ou des paillettes abrasives ne servait à rien contre un Hyuga : Neji ferma tout simplement les paupières, gardant son Byakugan activé, et continua se battre sans merci. Ses coups pleuvaient en rafale, un déchaînement de Poing Souple qui aurait sans doute mis K. O. n'importe qui d'autre qu'un Uzumaki.

– En tous les cas il a l'agressivité qu'on attend de l'élève de Tsunami Uchiha, lâcha le Mizukage d'un ton désinvolte.

– Oh ? fit le Sandaime avec politesse.

Mangetsu sourit, mais son regard était froid :

– Uchiha-san a une renommée internationale, après tout.

Tsunami ne cilla pas. Elle était une ninja de rang A dans les Bingo Book du monde entiers. Après tout, elle était l'une des dix Jounins les plus puissantes du village. Au cours de ces dernières années, elle avait accumulé une réputation impressionnante. Son Sharingan, ses ninjutsu destructeurs, sa soif de combat… Et surtout, rien que son nom de famille suffisait à faire naître l'effroi. Mais dans le Bingo Book de Kiri, Tsunami était classée comme ninja de rang S depuis que les rumeurs de son combat contre Itachi les avaient atteints. Avant, elle était déjà une ninja de rang A… Parce qu'avant, elle avait fait partie de la Team Shisui.

Et la Team Shisui avait été le cauchemar de Kiri, à une époque. Quelques années plus tôt… Durant plus de huit mois, ils avaient trucidé tous les ninjas de Kiri croisant leurs chemins. Une chasse, une purge, on pouvait appeler ça comme on voulait : mais ils avaient traqué et tué tout shinobi cherchant à étendre ou extérioriser les problèmes de Kiri hors de ses frontières. Peu importait qu'ils soient des nukenins ou non. S'ils ne faisaient pas demi-tour, ils étaient tués. La Team Shisui laissait filer les lâches, mais elle ne prenait pas de prisonniers.

Et sur les dizaines et les dizaines de ninjas de Kiri qu'ils avaient affrontés, il n'y avait jamais eu de lâches.

(Ces gens, ces morts, n'avaient pas vraiment marqué Tsunami : mais elle se demanda soudain combien de personnes à Kiri avaient perdu des proches de ses mains. Et si Mangetsu en faisait partie.)

En contrebas, le ninjutsu commença à entrer en jeu, et l'attention des Kages se reporta sur l'arène. Naruto connaissait apparemment un Jutsu Fuuton, nommé à la Lame du Vent. Sans doute le fameux Jutsu que Jiraya lui avait appris ! C'était un gros une puissante bourrasque, dont la puissante pouvait aller de vol plané de l'ennemi à déraciner tous les arbres sur vingt mètres. Naruto avait la puissance pour lancer ce Jutsu quasiment sans cesse, mais il manquait de précision et de contrôle, et Neji dansait entre ses attaques. Mais à un moment, il en eu assez. Lui aussi était capable d'attaquer à distance.

Alors juste au moment où Naruto soufflait une nouvelle bourrasque… Neji contra avec un Katon : la Boule de Feu Suprême qui fit exploser la moitié de l'arène.

Le Katon et le Fuuton ne faisaient pas bon ménage. Surtout pour l'utilisateur de Fuuton.

Tsunami grimaça. C'était spectaculaire, mais Neji allait vite se trouver à court de chakra s'il continuait comme ça. Cependant, cette manœuvre avait l'air de payer. Le public était déchaîné… Et les Hyuga devaient être scandalisés de voir l'un des leurs utiliser du ninjutsu au détriment du noble art du Poing Souple. Surtout ce ninjutsu, un grand classique Uchiha !

Mais surtout, Naruto avait été pris dans l'explosion. Il était à terre, couvert d'éraflures et de poussière, peinant à se relever. Lui aussi atteignait ses limites. Depuis la loge des Kages, il était aisé de voir que le jeune Uzumaki en avait bavé. Neji aussi dû le voir, car un sourire suffisant se peignit sur son visage.

– Pourquoi te relever ? lâcha-t-il quand Naruto réussi à se remettre sur ses jambes. Reste à genoux devant quelqu'un qui te surpasse. Pensais-tu vraiment que l'effort te suffirait à changer ton sort ? Peu importe à quel point tu essaie, la détermination ne sera jamais suffisante pour vaincre un pouvoir supérieur. C'est une réalité du monde.

Sa voix portait dans toute l'arène. Le public pouvait aisément l'entendre, même à travers ses cris d'encouragement. Malgré elle, Tsunami jeta un bref coup d'œil en direction des bancs où les Hyuga étaient assis. Elle ne pouvait pas les voir à cette distance, mais… Quel genre d'expression avait Hiashi, en entendant ces mots amers des lèvres de son neveu ?

C'était presque étrange de voir le jeune Hyuga cracher son venin aussi ouvertement. Tsunami en ressentait presque une sorte de dissociation. Une chose que la jeune femme avait parfois tendance à oublier, parce que Neji était son élève, son frère, son protégé, et qu'elle voyait toujours le bon côté de sa personnalité… C'était qu'il était aussi hargneux, abrasif et hautain que dans le canon. Sa rancœur était simplement orientée différemment. Un membre de la Sôke, ou même n'importe qui, qui entendrait ce discours, penserait que Neji recrachait le refrain classique des Hyuga. Le destin qui oppressait la Bunke, favorisait la Sôke, et décidait du sort des enfants à leur naissance : c'était ça, le pouvoir supérieur dont Neji était supposé parler. Mais Neji croyait en quelque chose d'autre, à présent. Son côté pompeux et sa rage étaient la même, et ses mots étaient inchangés, mais leur sens était complètement différent. Quand il parlait de pouvoir supérieur, il ne parlait pas de la Sôke : il parlait de lui-même, de son chagrin, de sa colère, de son amour pour Hikari, de toute cette force qui le poussait en avant… Et face à laquelle la détermination du clan Hyuga serait impuissante.

Neji ne se battait pas pour démontrer que le destin était immuable. Il se battait pour prouver que lui, en tant qu'individu, était plus fort que tout ce que le destin pouvait lui jeter à la figure. Sans doute aurait-il préféré un adversaire plus fort, pour faire cette déclaration. Mais en tous les cas, pour lui n'était pas question de perdre. Pas parce que Naruto était un looser qui avait besoin qu'on lui rappelle sa place : mais parce que lui, Neji, était un survivant, et que son destin était de vaincre.

Mais Naruto se relevait, malgré son épuisement et ses vêtements roussis. Ses yeux brillaient d'une détermination farouche. En face de lui, Neji esquissa un rictus.

– Cesse de t'acharner. Tu ne me vaincras pas. Ne le prend pas personnellement : je n'ai rien contre toi.

– La ferme ! cria Naruto, poings serrés. Moi j'en ai, de la rancœur. Comment toi, qui est si fort, qui te vante d'avoir des yeux qui voient tellement juste… Toi, qui es ami avec Hikari… Comment est-ce que tu peux traiter de cette façon une fille aussi courageuse qu'Hinata !

On aurait pu croire que le public aurait souhaité que la baston reprenne : mais même s'il y avait toujours des cris d'encouragement, il était clair que tout le monde écoutait ce déballage de rancœurs adolescentes avec délectation. Après tout, qu'il s'agisse de coups de poings ou de drame émotionnel… Ce que le public voulait, c'était du spectacle.

Mangetsu avait l'air dépité, souhaitant sans doute un spectacle plus violent, mais le Kazekage s'était accoudé à son siège et fixait l'arène d'un regard indubitablement amusé. Ouais, évidemment, les âmes tourmentées, c'était son truc. Tsunami aurait presque souhaité que Neji ne profite pas de l'occasion pour laver son linge sale en public. Presque.

Mais franchement, il aurait été hypocrite de sa part de priver son élève préféré de son droit de maudire sa famille et de leur mettre le nez dans la merde en face de cinq-cents spectateurs.

oOoOoOo

Le cœur de Neji battait comme un tambour.

Il avait épuisé plus de la moitié de son chakra déjà, mais il n'en avait cure. L'adrénaline faisait bouillir le sang dans ses veines : le calme glacé des Hyuga se mêlait avec la rage brûlante des Uchiha et Neji ne savait pas s'il se sentait avide, furieux, terrifié, exalté, ou bien tout ça à la fois. Il voulait hurler sur cet imbécile d'Uzumaki de façon incohérente, tout comme il voulait lui asséner des sarcasmes glacés. Il voulait lui fracasser le crâne et le secouer comme un prunier. Naruto Uzumaki… Il avait le chic pour trouver les mots les plus irritants.

Oh, à la base, Neji n'avait rien contre cet idiot. C'était le coéquipier d'Hikari, c'était probablement quelqu'un de bien. Mais il était là, en travers de son chemin, et c'était affreusement frustrant. Affreusement rageant. Ce gamin blond osait s'insurger que Neji ait donné à Hinata un avant-goût de ce que sa famille infligeait à la Bunke ! Comme si c'était Neji qui était la brute dans cette affaire, comme si le fait que Neji ose sortir du rang (ose faire preuve de force, de détermination, d'autonomie, de colère) était un outrage. Comment osait-il ?! Il n'était même pas un Hyuga. Il ne savait probablement pas ce qui se passait au sein du clan. Il recrachait simplement la désapprobation qu'avait Konoha pour tous ceux qui refusaient de lécher des bottes des esclavagistes comme Hiashi-sama ou Hinata-sama !

– Tu l'as traitée de ratée ! s'emportait Naruto, furieux. Tu l'as traînée dans la boue. Je m'en fous de vos histoires de Sôke et de Bunke… Mais les ordures qui s'acharnent sur les gens bien, je peux pas les encadrer !

Parce que c'était Neji l'ordure dans cette affaire ?! Le jeune Hyuga sentit sa mâchoire se crisper de fureur. Il pouvait sentir les regards du public peser sur eux. Il savait qu'Hiashi-sama aurait sans doute souhaité que le nom de sa fille soit gardé hors de cette dispute, pour ne pas augmenter la honte qu'il ressentait déjà d'avoir une héritière aussi faible. Ah ! Neji aurait voulu cracher par terre. Et s'il avait été un tout petit peu plus grossier, il l'aurait fait.

Mais il y avait bien pire qu'un crachat pour exprimer son mépris. Neji grinça des dents, puis haussa la voix, laissant ses paroles résonner dans toute l'arène :

– Puis que tu te sens si concerné… Je vais te parler de la haine qui marque le destin des Hyuga.

Le mot de haine n'était pas choisi au hasard Les gens avaient tendance à croire que la malédiction de la haine était une superstition réservée aux Uchiha. Mais chaque clan avait en lui le potentiel de se détruire de cette façon. La haine des Uchiha était brûlante, comme un brasier hors de contrôle, et consumait tout sur son passage : mais celle des Hyuga était glaciale, les tuant à petit feu comme un hiver sans fin, transformant leurs cœurs en pierre jusqu'à ce qu'il ne leur reste plus une once d'humanité.

– Il existe une technique secrète transmise par la Sôke, lâcha Neji. Une malédiction. Le Sceau de l'Oiseau en Cage.

Il pouvait sentir la fureur qui émanait de Hiashi Hyuga : mais pour la première fois, Neji n'avait aucune crainte que son chef de clan ne lui fasse exploser le cerveau. Hiashi n'oserait pas, pas devant autant de témoins, pas alors que les Hyuga étaient si attachés à leurs apparences, à leur réputation de clan respectable.

Le visage figé, Neji retira son bandeau.

Sa peau était encore plus pâle sur son front que sur le reste de son visage : le sceau tracé à l'encre verte s'y détachait avec netteté. Si simple en apparence. Si monstrueux dans sa fonction. Les Hyuga de la Bunke portaient tous un bandeau ou des bandages pour le cacher, mais Neji se tenait la tête haute, laissant les centaines de spectateurs contempler cette marque d'infamie tous leur saoul. Il se demanda si Hiashi avait honte, non pas du sceau, mais de le voir ainsi exposé à la vue de tous. Si l'Hokage, leur protecteur à tous qui laissait les clans réduire leurs membres en esclavage ou ses conseillers voler les kekkei genkai de leurs subalternes, avait honte lui aussi. Qu'ils regardent, tous, sans détourner les yeux. Ils méritaient cette honte !

– Qu'est-ce que c'est que ça ? lâcha Naruto avec méfiance.

– Le Sceau de l'Oiseau en Cage. La façon dont les membres de la Sôke, comme ta chère Hinata, commettent meurtres et fratricides en toute impunité.

– … C'est n'importe quoi, ce n'est pas comme ça qu'est Hinata !

– Oh, vraiment ?

Puis, d'une voix lente et pleine de venin, Neji raconta comment le clan Hyuga avait assassiné son père.

La célébration de l'alliance avec Kumo, l'arrivée de l'ambassadeur. L'enlèvement d'Hinata. Les représailles et les menaces entre Kumo et Konoha. La peur d'être au bord d'une nouvelle guerre, les négociations. L'obligation de livrer à Kumo le corps d'Hiashi pour le meurtre de l'ambassadeur. Le refus de la Sôke. Les frères jumeaux, Hiashi et Hizashi, absolument semblable en tous points à l'exception du Sceau sur le front d'Hizashi, qui disparaîtrait à sa mort en scellant ses Byakugan. Le plan ingénieux de la Sôke, de tuer le frère le moins important à la place de son jumeau.

Neji aurait voulu faire un récit chronologique et inspirant, mais des années de rage impuissante faisaient se bousculer les mots dans sa bouche. Il avait trop à dire, trop de haine, trop de fureur. Ce Sceau de l'Oiseau en Cage, ce maudit Sceau que le chef du clan Hyuga avait utilisé pour tuer son propre frère ! Ce maudit Sceau qui condamnait à une existence de servitude et de mépris. Son soi-disant but de protection, alors que ça n'était rien de plus qu'un outil d'esclavage. La vie des membres de la Bunke, terrifiés d'être tués ou torturés pour un regard de travers, une tasse de thé renversée, ou simplement un désir égoïste d'un membre de la Sôke. Et le culot, l'indécence des membres de la Sôke qui prétendaient que c'était pour leur propre bien ! Que c'était leur place, qu'ils devraient être contents qu'on leur accorde le droit de vivre pour les servir ! Où était la liberté ? L'avenir ? Le libre-arbitre ? Le sens de la famille ?

Dans ce monde, Neji avait été élevé par des Uchiha. Il savait ce qu'était l'amour d'une mère, la douceur d'un foyer, la complicité d'une fratrie, le confort d'une famille. Le cœur de sa révolte venait de là. Pas parce que l'esclavage c'était mal (ce genre de grande considération morale était plutôt l'apanage de Tsunami ou Hikari, les idéalistes), mais parce que son clan était supposé l'aimer et le chérir, et qu'au lieu de ça son clan l'avait torturé et humilié. Ce que Neji ressentait n'était pas juste de la rancœur contre un maître cruel. C'était un sentiment de trahison. Depuis l'enfance on lui avait dit qu'il devait dévotion et loyauté au clan, mais que lui offrait sa prétendue famille en retour ? Le clan Hyuga n'avait jamais été son foyer : c'était une menace, un monstre qui brutalisait les plus vulnérables et qui n'y voyait aucun problème. Et les membres de la Bunke baissaient les yeux et acceptaient leur sort… parce quel autre choix avaient-ils, s'arracher les yeux et devenir des bouches inutiles qu'on laisserait mourir de faim ? Ils ne connaissaient rien d'autre que cette tyrannie. Mais Neji connaissait autre chose, lui, et ça le rendait encore plus conscient de l'horreur qui imprégnait son propre clan, encore plus furieux que ce genre de pratique continue à exister.

Le clan était supposé être un réconfort, mais il n'était rien de ça. Même entre membres de la Bunke, on se serrait les coudes mais on était toujours terrifié que le voisin nous entraîne dans sa chute. Il y avait cette peur et cette rage impuissante qui serraient la gorge des membres de la Bunke en croisant les membres de la Sôke. La peur de croiser leur regard et d'attirer leur attention, et la peur de ne pas croiser leur regard et que ça passe pour de l'irrespect : la peur de ne pas s'incliner assez bas et d'être considéré insolent, mais aussi de s'incliner trop et que ça semble moqueur : la peur de croiser le chemin de quelqu'un de mauvaise humeur, la peur de faire trop de bruit, la peur d'avoir un comportement suspicieux… Les hurlements de douleur quand un membre de la Bunke était torturé : et puis le silence, aussi, bien plus oppressant, bien plus terrible, quand les cris cessaient. L'angoisse qui montait dès que les choses étaient trop calmes : est-ce que ça cachait quelque chose, est-ce que ça allait exploser, est-ce que ça allait être un ami, un voisin, soi-même ?

Et les horreurs continuaient, comme une liste sans fin. Les ninjas de la Bunke qui prenaient des missions suicides quand ils approchaient l'âge de la retraite, parce que passer leur vieillesse cloîtrés dans le même district que leurs maîtres, comme outil de pression sur leurs proches, était une perspective trop épouvantable. Les respectables membres de la Sôke qui choisissaient leurs maîtresses parmi les membres de la Bunke, puis les renvoyaient quand ils s'en étaient lassés, et critiquaient le manque de tenue de ces femmes ruinées qui fuyaient le regard des hommes. Les gamins de la Sôke qui d'un caprice, d'une accusation, ou simplement d'un mécontentement passager, pouvaient signer l'arrêt de mort d'un serviteur. Les adultes de la Sôke, qui faisaient de même, et qui pensaient que c'était normal, qu'ils ne faisaient rien de mal, que c'était leur droit… !

Lorsque Neji eut vidé son sac, il se tut, hors d'haleine. En face de lui, Naruto avait perdu de son assurance et le regardait comme un lapin pris dans la lanterne d'une patrouille, l'air horrifié. Cette expression évoqua soudain à Neji le visage d'Hikari : son petit frère, si plein de foi en l'humanité, si terriblement choqué quand il découvrait les choses horribles que les gens se faisaient les uns aux autres. Le jeune Hyuga en ressenti presque une pincée de pitié.

(Dans les gradins, les cris et les encouragements s'étaient tus. Le silence était pesant, presque inconfortable. Quasiment tous les ninjas présents étaient assez âgés pour se souvenir d'Hiashi Hyuga, de sa mort, du malaise qui avait plané sur Konoha lorsque la façon dont il avait été tué avait été révélée.)

Puis Naruto se ressaisit, essayant de retrouver sa rage vertueuse. Il brandit un index menaçant dans la direction de son adversaire.

– Ce qui t'es arrivé est terrible… Mais ce n'est pas une raison d'être aussi cruel ! Tu penses que tu es le seul dans ton cas ? Hinata a souffert autant que toi !

Neji étrécit les yeux :

Souffert ? Hinata-sama a passé sa vie à marcher sur les membres de la Bunke, à bénéficier de notre douleur, à s'en rendre complice. Tu crois que le fait qu'elle se sente inadéquate efface son crime ?! Hinata-sama a donné son soutien implicite aux pratiques du clan Hyuga. Elle les a regardés faire, sans un mot, durant des années. Que ce soit par cruauté ou lâcheté, ça m'est égal : elle a été leur complice. Et un jour, elle sera celle qui exécutera ses pratiques, elle aussi. Pour cela, jamais je ne lui pardonnerai.

Naruto se redressa, comme grandit par une nouvelle bouffée d'indignation. Comme Hikari, Naruto n'était jamais aussi fort, aussi motivé, que lorsqu'il avait à défendre quelqu'un de vulnérable :

– Tu n'en sais rien ! Hinata est différente !

Mais en cela, Naruto était différent d'Hikari, parce qu'il était tellement naïf. Il croyait que les gens étaient bons, que s'il essayait assez fort, il pourrait se faire aimer. Hikari n'avait pas ce genre d'aveuglement. Il savait que ce n'était pas en essayant de plaire à ses bourreaux qu'on devenait meilleur.

– Pas si différente que ça, rétorqua Neji d'une voix glacée. Penses-tu que Hashi-sama laisserait vivre une de ses filles, si elle avait la folie d'aller à l'encontre des traditions ?

Naruto recula comme s'il avait été physiquement frappé. Avec une pointe de plaisir cruel, Neji se demanda si Hinata-sama entendait ça. Si Hanabi-sama entendait ça. Si les deux princesses pourrie-gâtées de la Sôke réalisaient que la seule chose qui les protégeait de leur propre famille était leur naissance. Les membres de la Sôke étaient si dépourvus d'humanité qu'ils ne s'aimaient même pas entre eux.

(Dans les gradins, le silence se fit plus lourd. Hanabi était assise à côté de son père, et Hinata un rang derrière : aucun d'entre ne bougea. Mais soudain, la distance qui séparait leurs sièges semblait avoir comme un poids physique. Même le moins observateurs des ninjas vit la façon dont les petits poings d'Hanabi se crispèrent, la façon dont Hinata déglutit nerveusement. La manière dont Hiashi se raidit, irradiant l'outrage et la fureur sans bouger un muscle. La façon dont les différents Hyuga assis autour de lui cessèrent de respirer tant ils étaient tendus. Même le moins observateurs des ninjas le vit… Et même si personne ne dit rien, chacun en tira ses conclusions.)

Il y avait une horreur nouvelle dans le regard de Naruto. Neji le vit tout de suite. Mais… toujours pas une ombre de doute, cependant. Le jeune Uzumaki croyait toujours Hinata-sama innocente, cet imbécile : mais maintenant, il s'imaginait sans doute qu'elle était une victime. Ah ! Quel abruti.

– Je ne laisserai pas ça arriver ! jura Naruto.

Cette fois, ce fut un rictus de mépris qui étira les lèvres de Neji.

– Imbécile. Tu as laissé ça arriver toute ton existence durant, tout comme tous les habitants de Konoha, les Jounins, la police, l'Hokage. Tu penses que ces gens ignorent nos pratiques ? Ils savent. Mais qui oserait interférer avec les affaires d'un autre clan ?

Naruto ne le croyait pas. Neji pouvait le voir dans son regard : le choc, le déni, la rage, l'incompréhension. Naruto refusait de croire que des gens, son village, verraient une personne souffrir et décideraient que ce n'était pas leurs oignons, qu'ils s'en lavaient les mains. Mais pourtant, il devrait le savoir. C'était sa réalité. La réalité de tous eux qui, pour une raison ou une autre, étaient ostracisés et rejetés. Croire que le monde était bon était pure stupidité. Surtout si on voulait le changer.

Voilà pourquoi Naruto était un imbécile qui ne parviendrait jamais à rien ! Il se bernait lui-même, croyant que les gens avaient de bonnes intentions envers tout le monde, et qu'il suffisait de les mettre face à la réalité pour qu'ils éprouvent de l'empathie. Il croyait sans doute qu'il y avait une formule magique pour que soudain les habitants de Konoha le considèrent comme l'un des leurs, et que s'il essayait assez, s'il devenait assez fort, il trouverait cette formule magique et serait enfin aimé. Non ! Ce n'était pas comme ça que le monde marchait. Le monde était injuste, les standards des gens étaient cruels, et leur logique était tordue. Il ne servait à rien de s'y plier et d'essayer de leur plaire, ça ne marcherait jamais. Il fallait changer les choses… Et c'était en prenant conscience que le système était mauvais qu'on pouvait remédier à la source du problème.

– Moi j'oserai ! rétorqua Naruto. Quand je serai Hokage, je changerai les choses.

Neji esquissa un rictus. Clairement, l'Uzumaki n'était pas juste stupide, il était aussi délirant.

– Tch. Comme si un raté dans ton genre pouvait devenir Hokage.

L'insulte sembla donner un coup de fouet à son adversaire. Naruto feula comme un chat en colère, et joignit les mains pour former un mudrâ… Mais ses tenketsu étaient bloqués : il était quasiment à court de chakra. Il créa un seul Kage Bunshin, et sembla incrédule en le voyant apparaître. Clairement, il n'avait pas réalisé à quel point ses réserves étaient vides. Neji ne maîtrisait pas l'attaque ultime des Hyuga qui stoppait la production de chakra, certes, mais il avait quand même scellé des dizaines de tenketsu sur tout son corps et l'avait forcé à brûler le reste de ses réserves dans leur combat de ninjutsu !

– Abandonne, ordonna Neji. Tu n'es plus capable de te battre.

Naruto esquissa un rictus carnassier :

– J'ai plus d'un tour dans mon sac !

Il joignit les mains dans le mudrâ du Tigre, le geste classique quand on concentrait son chakra. Neji réactiva son Byakugan, et plissa le nez avec mépris en voyant le reste de chakra bleuté de son adversaire qui s'agitait misérablement. Croyait-il que ça allait servir à quelque chose ? Quasiment tous ses tenketsu étaient bloqué, perturbant sa production de chakra et en bloquant la circulation quand la majeure partie de son corps. Il devrait abandonner tant qu'il tenait encore debout. Sinon, la prochaine attaque de Neji l'enverrait tout droit à l'hôpital.

Avec un grondement animal, Naruto se tendit. Son chakra, ou ce qu'il en restait, s'agita de plus belle…

… Et soudain, comme un barrage qui cède, son chakra se mit à enfler comme une rivière en cru.

Hein ?! Ce n'était pas naturel. Neji fit un pas en arrière. Le chakra de Naruto était soudain différent. Là où il n'y avait que quelques braises mourantes, il y avait tout d'un coup un embrasement, un tourbillon de chakra étranger et rougeoyant. Comme si soudain Naruto avait ouvert une vanne et qu'une seconde réserve de chakra, le chakra de quelqu'un… quelque chose d'autre… emplissait soudain son corps avec la violence d'un fleuve en cru.

Et soudain Naruto bondit.

Sa vitesse avait décuplé, et Neji ne para son attaque que de justesse. L'Uzumaki semblait avoir abandonné ses explosions fumigènes, ses pièges de fils d'acier et même ses clones, en faveur de la force brute. Ramassé sur lui-même comme un fauve, il bondissait, frappait, esquivait, revenait à la charge : il était si vif qu'il parvenait à esquiver les volées de shurikens ou les frappes de Poing Souple, si fort que parer ses coups faisait craquer les os de Neji. Ce chakra brûlant et sauvage rugissait en lui presque comme une entité propre, si vaste qu'il semblait déborder du corps de l'Uzumaki. La poussière volait en tous sens, et chaque impact de ses pieds sur le sol provoquait une véritable déflagration.

Neji contrait, parait, attaquait : mais malgré lui, il cédait du terrain. Il se sentait presque effrayé. Ce pouvoir… C'était impossible. Naruto avait été à bout de forces ! Est-ce qu'il avait un sceau sur lui pour stocker du chakra, comme le sceau Seimon de Tsunami-sensei ?! Ou un sceau le connectant à quelqu'un d'autre pour lui prendre du chakra ? Mais quel genre de monstre pourrait générer cette quantité faramineuse d'énergie, ce type de pouvoir presque démoniaque ?!

Le combat gagna en férocité et en violence. Naruto était presque incandescent, illuminé par le chakra enflammé qui avait décuplé ses forces, et le visage tordu dans un feulement de rage. Neji reculait, frappait, reculait encore : ses réserves de chakra étaient trop basses, il n'avait plus que quelques attaques en réserves avant de s'écrouler. Il aurait voulu pouvoir lancer un Katon ou prendre de la distance, mais son adversaire le poussait sur la défensive… Il était trop vif, trop fort, ça aurait dû être impossible ! Avec un rugissement de rage, Naruto se ramassa sur lui-même et bondit à nouveau, comme un boulet de canon, et Neji réalisa qu'il allait se le prendre de plein fouet. Il rassembla tout son chakra pour un ultime Kaiten…

Et soudain, dans sa mémoire passa le souvenir d'un dîner chez les Uchiha, et de la voix très calme de son sensei. Cette personne, ce réceptacle, a alors accès à d'énormes réserves de chakra, au risque cependant de voir son esprit consumé par celui du démon…

Neji fit un faux-pas, incrédule. Non, quand même pas, c'était impo-…

Puis Naruto et son chakra brûlant heurtèrent son Kaiten, le faux-pas de Neji devint trébuchement, et l'arène fut engloutie dans une gigantesque explosion de chakra.

Ce fut le noir.

oOoOoOo

Hikari avait assisté au match assis entre Tenzō-sensei et Gai-sensei, avec Hotaru, Lee, et Sai autour d'eux. Aucun nukenin ne pourrait passer outre ce genre de barrage. Sérieusement, il ne manquait qu'Izumi et Anko-san pour compléter sa garde d'honneur. D'ailleurs, en parlant de ça… Anko était de service et patrouillait en ville, donc son absence était logique… Mais où était donc Izumi ? Ces temps-ci, elle était vraiment souvent absente.

Mais bref. Le combat prit fin. Hikari était tendu comme un ressort, figé par le suspense. Alors… Quand la fumée se dissipa et que Neji resta inconscient, tandis que Naruto réussissait à se remettre debout en vacillant… Juste assez longtemps pour être déclaré vainqueur, sourire d'un air béat, puis s'évanouir… Les deux adversaires furent tous les deux emmenés à l'infirmerie sur des brancards, et Hikari relâcha une respiration qu'il n'avait pas eu conscience de retenir. Ils allaient bien, tous les deux, ils ne s'étaient pas faits trop de mal. Le combat était terminé. Kami-sama soit loué, c'était fini ! Oh, Hikari détestait vraiment que ses amis se battent !

Avaient-ils vraiment fini de se battre, d'ailleurs ? Oh non, pourvu qu'ils ne se remettent pas à s'engueuler dès leur réveil. Hikari hésita brièvement… Puis il bondit par-dessus les sièges et détala en direction de l'infirmerie. Naruto était son ami, et Neji était son frère, il ne pouvait pas rester là sans rien faire ! Surtout après les avoir vu se battre comme ça, si violemment… Il ne pouvait pas les laisser se faire du mal, se haïr comme ça… !

(Tenzō esquissa un geste pour le suivre. Mais un chat, puis deux, puis trois, semblèrent émerger du néant et se mirent à suivre Hikari d'un pas désinvolte, et Tenzō se rassit. Ces félins étaient incroyablement familiers. À vrai dire, il était absolument sûr de les avoir déjà vu sur le perron de Tsunami. Surtout cet énorme matou couturé de cicatrices, qui faisait quasiment la taille d'un loup… Oui, Tenzō n'avait pas besoin de suivre Hikari. Il était entre de bonnes mains. Ou plutôt, de bonnes pattes…)

Hikari ralentit en chemin, incapable de savoir ce qu'il pourrait leur dire. C'était vrai ça, c'était bien beau de vouloir que ses amis cessent de se battre, mais comment y arriver ? Neji ne renoncerait pas à sa haine et Naruto ne renoncerait pas à l'affrontement. C'était dans leur nature. La plupart des gens se réconciliaient en trouvant une cause commune ou un ennemi commun, mais… Ça nécessitait de discuter, et ce n'était pas le fort de Neji. Ni celui de Naruto. En tous cas, pas sans se hurler dessus d'abord. Les pas d'Hikari ralentirent encore. Oh là là, quel sac de nœuds…

Une fois arrivé à l'infirmerie, il hésita dans le couloir. Lorsque finalement il osa entrer, il inclina la tête vers les médics qui étaient en train d'installer un paravent pour isoler les lits du reste de la pièce. C'était sans doute là qu'étaient Naruto et Neji… Mais sa main s'arrêta avant de toucher ledit paravent, derrière lequel se trouvaient ses deux amis. Il fronça les sourcils.

C'était… la voix de Naruto. Il était déjà réveillé ? Et il… parlait avec Neji, au lieu de hurler d'indignation comme dans l'arène ?

– … ne te crois toujours pas au sujet d'Hinata, disait Naruto d'un ton bas. Il doit y avoir autre chose. Elle ne peut pas juste… laisser faire ça, être d'accord avec ça, c'est monstrueux.

– Demande-lui toi-même, rétorqua Neji d'un ton froid mais sans réelle agressivité.

– C'est ce que je compte faire, tu peux le croire ! Et toute cette histoire de destin et tout, moi, je pense que c'est n'importe quoi. Tu es du genre à croire que le vrai courage, c'est de se résigner à son sort, c'est ça ?! Accepter sa place ?!

Il y eut un bref silence. Puis Neji lâcha avec une pointe d'amusement glacé dans la voix :

– Qu'est-ce qui te fais croire que je l'accepte ? Ce sceau m'empêche d'agir. Mais aussi longtemps que je vivrais, je refuserai d'accepter que les membres de la Bunke vivent en esclavage.

Naruto dut être déconcerté, car il y eut un silence nettement plus long. Hikari sourit, et hésita à faire connaître sa présence… Puis il entendit un bruit de pas près de la porte, et instinctivement il bondit en arrière. Juste à temps, d'ailleurs. Car Naruto choisit exactement ce moment-là pour écarter le rideau d'un grand geste… Et exactement en même temps, Hiashi Hyuga entra dans la pièce.

Tout le monde se figea.

– Oh, Hikari ! fit Naruto d'une voix qui dérapa dans les aigus. Tu es venu voir comment j'allais ?

– Euh, oui, bafouilla Hikari sans lâcher des yeux le chef du clan Hyuga. Tu as l'air en forme.

Oh bon sang, c'était Hiashi Hyuga. Qu'est-ce qu'il foutait ici ?!

– Ah ah, ouais, je suis déjà remis ! se vanta Naruto. Je retourne avec les autres concurrents, il ne faudrait pas que je loupe mon prochain match !

Hikari esquissa un sourire figé. Eh oui, Naruto était qualifié, après tout. Et peut-être en profiterait-il pour interroger Hinata sur ses plans concernant les Hyuga ?

(Bien sûr, ni Hikari ni Naruto ne pouvaient le savoir… Mais Hinata se trouvait assise parmi les membres de son clan, autant pour la protéger que pour la surveiller, et ils ne la laisseraient pas s'en aller librement. Naruto n'aurait pas l'occasion de lui poser ses questions aujourd'hui.)

(Il le regretterait, plus tard.)

– Super ! répondit Hikari d'un ton un peu forcé. Pars devant, je te rejoins, d'accord ?

Le regard de Naruto passa de Hikari à Neji puis à Hiashi, et s'assombrit en se posant sur le chef du clan Hyuga. Les mots de Neji étaient encore vifs dans son esprit. Il n'était pas difficile de voir que, pour Naruto, Hiashi Hyuga venait de passer de la catégorie « gars auquel je suis indifférent » à celle de « enflure qui ne mériterai pas qu'on lui crache dessus s'il était en feu ». Pour un gamin aussi petit et souriant, Naruto savait émettre une aura d'hostilité assez impressionnante. Pendant un instant, le Jinchuuriki ne bougea pas, fixant Hiashi Hyuga avec colère…

… Puis il inspira profondément et, faisant preuve de plus de subtilité qu'il n'en avait d'habitude, le jeune Uzumaki se détourna ostensiblement. Son regard se reporta brièvement sur Neji, mais il n'insista pas, et s'en alla s'en un mot. Hikari retint un soupir de soulagement.

Puis les yeux d'Hiashi se posèrent sur lui, et il fallut au jeune Uchiha toute sa volonté pour ne pas faire un pas en arrière.

Quand Hikari était plus petit, Hiashi Hyuga était une sorte de croque-mitaine. Hikari faisait des cauchemars que cet homme vienne l'arracher à sa famille, ou tue Neji devant lui. Ce genre de chose avait peu de chances d'arriver, et Hikari n'avait jamais parlé de ses cauchemars à ses sœurs, mais… Voilà. Cette terreur d'enfant était devenue une véritable angoisse d'adolescent. Et à présent, Hiashi Hyuga était juste là… ! Juste devant lui… Juste devant Neji, qui venait d'insulter ouvertement la Sôke devant tout Konoha. Oh, bon sang. Malgré la peur que lui inspirait le chef du clan Hyuga, Hikari serra les poings. Si jamais Hiashi levait la main sur Neji… Hikari était peut-être un gamin pacifique, mais il était un Uchiha. Il avait leur amour, leur dévotion, leur rage. Si quelqu'un faisait du mal à son frère, il leur arracherait la tête.

– Je souhaiterai parler à mon neveu un instant, déclara Hiashi d'un ton neutre.

Les médics échangèrent un regard, mais obéirent, et s'en allèrent. Hikari ne bougea pas d'un pouce. Ouais, pour ça, Hiashi pouvait toujours rêver ! Hikari se trouvait entre Neji et Hiashi et il faudrait lui passer sur le corps avant qu'il ne laisse un accès direct entre son frère et le gars qui avait tué leur père.

– Hikari reste, asséna Neji. Que me vaut cette visite ?

Hiashi ferma brièvement les yeux.

– Je suis venu te dire ce qui s'est réellement passé, ce jour-là.

Il n'y avait qu'un seul jour auquel il pouvait faire référence. Le visage de Neji se durcit. Hikari cessa de respirer. Quoi ? Ce qui s'était réellement passé… Que voulait-il dire ? Y avait-il une autre version ?

– J'étais prêt à mourir, déclara gravement Hiashi. Préserver le village, préserver la paix, était plus important que ma vie. Je n'ai pas envisagé un instant de laisser mon frère mourir à ma place. Mais le conseil des anciens n'avait pas oublié son existence… Et ils ont mis en place ce plan. Je n'en avais pas connaissance. Je l'ai découvert en même temps que l'Hokage… Et j'ai également découvert qu'Hizashi y avait donné son accord.

Neji prit une brusque inspiration. Le regard du chef du clan Hyuga se reporta sur Hikari, un instant, comme s'il désapprouvait du fait qu'un étranger entende ses paroles. Le jeune Uchiha ne cilla pas, mais son cœur battait à grands coups. Hiashi ne pouvait pas le savoir, mais Hikari avait tout autant le droit que Neji d'entendre ces mots. Ils étaient tous les deux les orphelins d'Hizashi, les fils que la Sôke avait privés de leur père.

– Hikari reste, répéta Neji d'un ton plus dur.

Son oncle pinça les lèvres, mais n'insista pas. Il reprit son récit d'un ton grave :

– Je n'étais pas d'accord. Mais le conseil des anciens a insisté. Nous avions lutté sans relâche pour préserver le sang des Hyuga, et pour cela, il fallait être prêt à sacrifier les membres de notre famille si nécessaire. C'est le devoir de la Sôke. Et Hizashi lui-même… Malgré sa haine de la Sôke, il m'a supplié de le laisser prendre ma place. Il voulait que ce choix soit le sien. Non pas de se sacrifier pour la Sôke, mais de protéger son frère et son village. Et ainsi, Hizashi voulait que tu sache… qu'il n'a pas été assassiné par la Sôke, mais qu'il a choisi de se sacrifier de lui-même pour protéger Konoha, sa famille, et son fils bien-aimé. Il a choisi son destin, librement.

Les poings de Neji s'étaient crispés. Ses bras tremblaient d'émotion. Choc, douleur, soulagement, horreur, rage ? Impossible à deviner. Il avait baissé la tête, cachant son expression. Hiashi resta silencieux, les yeux fixés sur son neveu. Il attendait, les traits marqués par le chagrin.

Hikari avait du mal à encaisser ce récit. Hizashi… avait librement choisi de se sacrifier ? Pour Neji… Le village… La paix ? Hikari ne connaissait pas grand-chose de son père, mais une petite part de lui espérait que ce soit vrai. Qu'Hizashi soit mort noblement, pour quelque chose qu'il lui tenait à cœur, au lieu d'avoir torturé à mort par un maître qui le considérait comme un pion sans valeur. Bien sûr, ça ne changerait pas le fait qu'il soit mort… Qu'il ait été sacrifié… Mais au moins, il l'avait fait pour une cause en laquelle il croyait, au lieu d'être tué par ceux qui auraient dû le protéger, comme les Uchiha avaient tué Mama jadis… Est-ce que ça ne pouvait pas être un réconfort, quelque part ?

– Ce n'est pas vrai, lâcha Neji.

Hiashi Hyuga avait baissé la tête, comme s'il était à deux doigts de présenter une excuse formelle à son neveu : mais à ces mots, il se redressa. Il semblait vaguement insulté que sa parole soit mise en doute.

– Je t'assure que c'est la vérité.

– Neji… ? fit Hikari d'un ton incertain

Son frère releva la tête. Son visage d'habitude impassible était tordu d'émotion, et son regard flamboyait.

– Ce n'est pas vrai, répéta Neji d'une voix dure. Choisir librement son destin ? Quel tissu de mensonges. Père allait être tué à votre place quoi qu'il advienne. Il n'a pas choisi de mourir. La possibilité de vivre lui a été ôtée : c'est complètement différent ! Il a choisi de trouver une justification à sa mort, une façon d'adoucir l'horreur qui l'attendait… Mais ce n'est pas ça, le consentement. Ce n'est pas ça, la liberté !

Hikari baissa les yeux, et l'espoir que son père ait eu une fin digne s'envola. Évidemment, songea-t-il avec amertume. Ce récit… C'était une façon d'apaiser la douleur de Neji, n'est-ce pas ? De lui dire que sa rancœur était infondée, que son père n'avait pas été tué en traître par la Sôke, qu'il avait accepté sa mort. Mais quel consentement pouvait-il y avoir, quand Hizashi avait été mis au pied du mur ? Est-ce que le fait qu'il ait trouvé une utilité à son sacrifice, qu'il ait choisi d'y voir un acte de dévouement envers le village, suffisait à effacer le fait que ce soit la Sôke qui ait décidé de son sort ?

– Et même si c'était le cas… ! continua Neji avec fougue, les poings serrés. Même si Père avait choisi de mourir selon ses termes… Il est mort en membre de la Bunke. Rabaissé, torturé, méprisé, accueillant la mort comme une échappatoire… Pour échapper au clan Hyuga… Pour vous échapper à vous, son frère, qui avez fait de sa vie un enfer ! Pensez-vous que le fait qu'il m'ait dédié un mot d'apaisement sur son lit de mort suffira à me faire oublier que mes premiers souvenirs sont ceux de ses hurlements de douleur dans le dojo ?

Les yeux de Neji lançaient des éclairs. Le visage d'Hiashi vacilla un instant, une expression sincère de remords passant sur ses traits… Puis son expression se durcit. Et Hikari sut qu'à cet instant, tout espoir de réconciliation venait de disparaître.

(Dans un autre monde, Hiashi Hyuga aurait donné à Neji la lettre d'adieu de son père, au lieu de lui en raconter le contenu. Neji n'aurait jamais connu d'autre famille que les Hyuga et se serait accroché à ces mots comme à une bouée de sauvetage. Et Hiashi se serait incliné, prosterné, offrant sincèrement ses excuses à son neveu pour la souffrance qu'il avait enduré. Cela aurait été un baume sur les blessures à vif de Neji. Mais… Ce n'était pas ce monde. Car les blessures de Neji étaient plus profondes, et sa détermination plus solide. Car Neji était différent, mais Hiashi l'était également. Dans ce monde, son neveu était plus distant et plus hostile, alors Hiashi préféra garder la lettre pour lui, sans doute par crainte que Neji refuse tout simplement de la lire. La présence d'Hikari, un témoin étranger au clan, mettait le chef du clan Hyuga mal-à-l'aise et l'empêchait de s'ouvrir aussi honnêtement qu'il l'aurait fait s'il avait été seul. Et surtout, Neji avait une autre famille : une famille aimante, passionnée, féroce, protectrice, qui lui avait appris qu'un mot d'excuse post-mortem laissé par la victime ne suffit pas à effacer les crimes de son abuseur.)

– J'aurais aimé ton pardon, déclara Hiashi avec regret. Mais il est trop tard pour cela, n'est-ce pas ?

Neji serra les poings, le dos droit, et rétorqua :

– N'avez-vous pas écouté ce que j'ai dit dans l'arène ? Il ne pourra y avoir de pardon possible tant que la Sôke et la Bunke existeront dans cet état de domination et de servitude.

C'était direct. Peut-être même un peu trop direct. Hiashi écarquilla brièvement les yeux en comprenant :

– Tu souhaites… que la Sôke et la Bunke disparaissent ?

Hikari ouvrit de grands yeux alarmés. Non, Neji ne devait pas révéler ça ! C'était trop dangereux ! Mais peut-être que les excuses d'Hiashi avaient enhardi Neji, ou peut-être qu'elles lui avaient donné l'espoir que son chef de clan ne soit pas si dénué d'âme qu'il le pensait : car le jeune Hyuga hocha la tête avec vigueur.

– Oui. L'Hokage ne peut pas le faire. Personne ne peut intervenir dans les affaires d'un autre clan. C'est l'une des règles les plus fondamentale de ce village, qui a été bâti par l'alliance de familles jadis ennemies. Mais cela ne veut pas dire que le changement est impossible. Seulement que c'est aux Hyuga d'initier cette métamorphose. Je veux que le clan change. Pas seulement les humiliations, le mépris, la terreur, la haine, la résignation, cette dynamique malsaine qui a perverti tout ce système… Non, je veux que tout cesse dès l'origine. Je veux que le sceau cesse d'être infligé à ceux qui ont le malheur de naître dans la mauvaise famille.

Hiashi sembla abasourdi. Il lui fallut plusieurs secondes pour retrouver l'usage de la parole. Finalement, il se redressa, et son visage devint impassible.

– C'est impossible. Le Sceau de l'Oiseau en Cage existe depuis des générations. Il est plus ancien encore que ce village. La protection des secrets du Byakugan en dépend.

Mais Neji secoua farouchement la tête :

– Il y a d'autres moyens de protéger un Dôjutsu. Le Sceau n'est qu'un prétexte. Il a perverti les Hyuga. Vous asservissez et rabaissez ceux que vous devriez chérir et protéger. Les Hyuga sont une seule et unique famille, mais quelle unité peut-il y avoir avec cette pratique barbare qui nous divise ?

Pendant une seconde, Hiashi le fixa en silence. Quelque chose d'indéfinissable passa dans son regard, comme de la surprise, ou du regret, de l'amertume, ou peut-être une réalisation. Finalement, il lâcha avec une ombre de dérision :

– Tu parles comme un Uchiha.

Peut-être espérait-il que Neji le prenne comme une insulte. Mais cela était mal le connaître. Au contraire, son neveu se redressa, le menton haut, et rétorqua :

– Peut-être que j'aurais mieux fait de naître dans ce clan, oui.

La pique fit mouche, et un muscle de la mâchoire d'Hiashi tressaillit. Pendant une seconde, les deux Hyuga se fixèrent avec défi. L'oncle et le neveu, le chef de clan et le prodige, le maître et le serviteur rebelle. Sôke et Bunke, apparentés mais étrangers l'un à l'autre.

Puis Hiashi ferma brièvement les yeux, et son visage redevint lisse et indéchiffrable. Le regard qu'il reposa sur Neji était calme et froid, impersonnel. Le même regard qu'il avait toujours posé sur lui depuis la mort d'Hizashi.

– Je vois qu'il est inutile d'insister davantage. Neji… Malgré ton manque de respect, tu restes mon neveu et le prodige du clan. Sache qu'aucune sanction ne te sera infligée pour tes paroles dans l'arène. Mais ne cherches pas davantage à proclamer ton opposition à nos traditions. Elles sont immuables. Tu ne pourras pas plus les changer que tu ne pourras t'opposer d'une quelconque manière à la Sôke. Il te faut l'accepter.

(Dans un autre monde, ce genre de discours aurait été tenu par Neji à Naruto : n'était-ce pas une étrange ironie, que dans cet univers ce soit Hiashi qui sermonne Neji sur sa place et sur son destin ?)

Mais Neji ne baissa pas les yeux ni n'afficha de signe de remords, comme Hiashi semblait l'espérer. Au contraire. Il resta droit et ferme. Et lorsqu'il parla, sa voix était inflexible.

– Jamais. Je sais que porter ce sceau me rend impuissant face à la Sôke. Mais… Aussi longtemps qu'il me restera un souffle de vie… Jamais je n'accepterai le sort de la Bunke.

Hiashi soupira :

– Comptes-tu vivre toute ta vie dans l'amertume ?

Neji ne répondit pas. Hiashi Hyuga finit par tourner les talons, songeant sans doute qu'il avait le dernier mot, et que le silence de son neveu était un aveu d'incertitude. Hikari avait bien conscience qu'il n'en était rien.

Neji ne comptait pas vivre sa vie dans l'amertume à cause de la Sôke… Parce que bientôt, la Sôke n'existerait plus. Neji allait la détruire.

Bon, techniquement, Tsunami allait lui donner un coup de main, mais ce serait Neji qui porterait le coup fatal. C'était Neji Hyuga qui initierait cette métamorphose. C'était son clan, son combat. Et Neji avait peut-être perdu face aux énormes réserves de chakra de Naruto, mais affronter un système basé sur la peur et le Fūinjutsu était très différent d'affronter un Jinchuuriki.

– C'était osé ! geignit Hikari quand les pas d'Hiashi eurent disparus dans le couloir. Sérieusement, qu'est-ce qui t'a pris de le provoquer comme ça ? Tu es supposé ne pas faire de vagues !

Neji haussa les épaules, et détourna les yeux :

– Je devais essayer. Son regret vis-à-vis de la mort de Père… Ils étaient sincères.

Mais avoir des regrets n'avait pas suffi à convaincre Hiashi d'abolir la Sôke et la Bunke. Cela dit… Le fait qu'il ait montré cette facette de lui-même… Hikari se demanda soudain si, quand Tsunami aurait ôté le Sceau du front des membres de la Bunke, et que Neji les aurait unis pour réclamer l'égalité à la Sôke… Peut-être que Hiashi Hyuga accepterait cette transformation. Tsunami avait l'air de penser que ce coup d'état se finirait dans le sang parce qu'aucun des leaders de la Sôke n'accepterait d'abandonner ses privilèges. Mais peut-être qu'il y avait encore de l'espoir.

(Peut-être que l'oncle d'Hikari n'était pas un monstre, finalement.)

– Allez, viens, fit Hikari en changeant brusquement de sujet. Tu es clairement remis, tu peux te joindre à moi pour regarder les autres matchs !

Car après tout, l'examen Chuunin était loin d'être fini.

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