Coucou !

Oui je ne suis pas morte ! J'ai juste... bah, zappé de poster xD

Vous pouvez remercier Tiph et Isy et Kage, qui sont actuellement dans la pièce avec moi, et qui m'ont FERMEMENT rappelé de poster. Les rencontres IRL ont du bon même pour ceux qui n'y viennent pas, du coup x)

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Et voici les réponses aux reviews !

Coucou Tiph l'Andouille ! Ah ah, effectivement c'était un sacré combat, mais je voulais aussi les réconcilier. Après tout, ils sont du même côté ! Quant à Gaara... Pas tout de suite, attends un peu ! xD

Merci Kuro No Kage ! Mwahahaha le drama c'est la vie. Surtout pour les Hyuga apparemment xD

Yo Vyrush ! En effet Tsunami a pas mal de problèmes qui s'annoncent, avec deux Kage hostiles sur les bras. Et bon sang, quand elle trouvera la solution à l'Oiseau en Cage, ça va être sanglant...

Dommage MotsPassants! Mais même si Neji est plus fort ici que dans le canon, NARUTO est aussi plus fort que dans le canon. Et il est quand même un Jinchuriki. C'est costaud !

Coucou Leen Hogwarts ! Ou Yuedory ? Ca va me faire bizarre, ton pseudo ressemble à celui de Yuedra XD Sérieusement la personna ANBu d'Izumi a été conçue pour être le pendant de Kabuto, un peu comme Tsunami est l'adversaire "destinée" d'Orochimaru. Je ne sais pas si j'aurais l'opportunité de les faire combattre. Mais si ça arrive, ça va être BADASS.

Yo liamireldib-b ! Yep Neji a bien lavé son linge sale en public. Les Hyuga ne sont pas à l'aise. S'il n'y avait pas une invasion, ça aurait sans doute secoué la politique du village. Et en effet, pour la petite phrase sur Hinata, j'aime faire peur aux lecteurs... mwahahah. Si Tsunami s'était réincarnée dans la famille de Madara et Izuza, elle aurait direct organisé un mariage politique avec Tobirama pour faire la paix. Et ils auraient été The Power Couple absolu. Si elle avait été la soeur aînée d'Itachi et Sasuke... hum. Difficile à dire. Je pense qu'elle aurait kidnappé Sasuke et aurait déserté le village le jour du massacre ? C'est une bonne question...

Hello FoxyChan24 ! Ah aha contente que ça t'ai plu x) On voit Neji au plus bas, à son plus hargneux, ça fait bizarre. Mais il méritait d'avoir ce moment cathartique où il balance la vérité sur son clan =)

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Bref ! Voilà donc le chap' !

Dans les épisodes précédents : nous sommes en plein examen Chuunin. Neji a affronté Naruto. Dans le public de l'arène, tout le monde est tendu : entre Suna, Kusa et Konoha qui se prépare à l'invsaion, Kiri qui sent la tension, et les trois Kage assis dans leur loge avec avec une tension presque suffocante, ça s'annonce bien pour le reste des matchs...

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Petit rappel des matchs, du coup, parce que ça fait deux semaines quand même depuis que vous avez lu le dernier chapitre...

Match 1 : Naruto Uzumaki VS Neji Hyuga - Vainqueur : Naruto Uzumaki
Match 2 : Shikamaru Nara VS Temari
Match 3 : Misuno VS Kidômaru
Match 4 : Tenten VS Ino Yamanaka
Match 5 : Sasuke Uchiha VS Shizuma Hoshigaki
Match 6 : Karin Uzumaki VS Gaara

Je n'arrivais pas à me choisir d'écrire du POV de Shikamaru ou Temari pour leur match, donc j'ai écrit du POV du sensei. Et... Finalement c'était très cool, donc ce chapitre est une succession de POV des sensei des différents concurents, et le résultat n'est pas mal du tout.

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Enjoy x)

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Les génies de leur génération

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Le match suivant opposait Shikamaru à Temari. Puis il y aurait Misuno (la kunoichi de Kiri) contre Kidômaru (le ninja de Kusa). Puis Tenten contre Ino Yamanaka… Et ensuite, on passerait au clou du spectacle : Sasuke Uchiha contre Shizuma Hoshigaki, et ensuite, en dernier, Karin Uzumaki contre Gaara.

Pakura laissa échapper une profonde exhalaison. Elle avait donné des instructions précises à ses élèves pour qu'ils n'agissent pas trop tôt. Surtout Gaara. Il était plus calme, ces temps-ci… Mais le besoin de combattre, de tuer, restait profondément ancré en lui. Pauvre gosse, qui ne se sentait réel et important que quand il arrachait la vie de quelqu'un. C'était des années et des années de traumatismes qui l'avaient façonné ainsi. Pakura avait commencé à lui tendre la main, à créer un lien entre eux… Mais soigner Gaara, changer Gaara, serait un travail de longue haleine. Il faudrait du temps et de la patience pour percer la carapace du jeune Jinchuuriki.

Bah. Pakura aurait tout le temps nécessaire, une fois qu'elle serait Kazekage. Gaara la soupçonnerait certainement d'être derrière la mort de Rasa, comme tout le monde, mais… Il lui pardonnerait. Peut-être pas tout de suite, mais il le ferait. Pas juste parce qu'il détestait son père, mais aussi parce que c'était la seule option. Le village ne pouvait pas se permettre d'être divisé. Leur peuple avait été au bord de la guerre civile trop longtemps. La mort de Rasa devait arranger les choses au lieu de les envenimer : c'était justement pour ça que Pakura avait fait en sorte de ne pas être la personne qui porterait le coup fatal. Le fait qu'Orochimaru soit l'assassin, que l'assassinat ait eu lieu alors que Pakura était carrément dans un autre pays, et surtout que Rasa et Orochimaru aient été en contact longtemps avant ça… Cela permettrait aux gens de se trouver des excuses. De dire que Rasa avait joué avec le feu. Que Pakura bénéficiait du meurtre, certes, mais qu'Orochimaru avait sans doute déjà prévu de tuer le Kazekage bien avant cela. C'était même sans doute vrai.

Après tout, c'était ce que Rasa avait aussi prévu de faire à Orochimaru quand ils avaient formé leur alliance… Et aucun des haut-gradés de Suna ne l'ignorait.

Pakura reporta son attention sur l'arène. Temari et son adversaire jouaient un étrange jeu de chat de souris à distance, l'une utilisant le vent et l'autre les ombres. Il était encore trop tôt pour déterminer le vainqueur. Le match durerait sans doute un long moment, si chacun restait ainsi campé sur ses positions et refusait de prendre des risques… Pakura estima la position du soleil d'un coup d'œil. Il n'était pas encore dix heures du matin. Elle avait plus de temps qu'il ne lui en fallait.

Elle n'aimait pas ce plan, mais c'était le prix de la coopération d'Orochimaru, alors… Elle le ferait.

À ses côtés, Kankuro était penché en avant, complètement absorbé par le combat de sa sœur. Pakura lui laissa encore quelques minutes pour trépigner d'excitation (après tout, Kankuro le méritait : il avait bien participé à l'entraînement de Temari !), puis elle lui donna un léger coup de pied à la cheville. Kankuro s'arracha à la contemplation du combat à regret. Il savait quel était son rôle. Ou du moins, le rôle que Pakura lui avait donné.

– Sensei, je dois aller aux toilettes.

– Mmh, fit Pakura d'un air distrait. Ne te perds pas en route.

Kankuro s'en alla d'un pas pressé. La Jounin se retint de lever les yeux au ciel. Kankuro était intelligent, intuitif, et extrêmement inventif quand il le voulait. Il était beaucoup plus rusé que ce qu'elle aurait été en droit d'attendre du fils de Rasa, qui était célèbre pour son impatience. Mais vraiment, l'excuse des toilettes commençait à se faire vieille. Il l'avait déjà utilisée pour tricher lors de la première épreuve de l'examen ! S'il continuait à sortir ce prétexte dès qu'il tendait un piège à des gens, il allait finir par être surnommé le marionnettiste incontinent !

Oh bon sang, l'humour pourri de Maki était en train de déteindre sur elle. Pakura ressentit une pointe de mélancolie. Son apprentie était sa seule famille, et elle lui manquait.

Quand Pakura serait Kazekage, elle transformerait le village et réparerait les torts de Rasa : mais plus que tout, elle formerait Maki à lui succéder. C'était son but, son ambition : plus que sauver le village, elle voulait pouvoir le léguer à la génération suivante. Elle voulait qu'il y ait un futur. Beaucoup de gens se plaignaient que Pakura n'ai jamais songé à se poser et à avoir un descendant ou deux pour sécuriser son kekkei genkai, et y voyaient là un signe d'indifférence envers l'avenir. Ils n'auraient pas pu être plus loin de la vérité. Pakura comprenait leur point de vue : en tant que détentrice du Shakuton (le kekkei genkai du dessèchement, mêlant le Fuuton et le Katon et manipulant la chaleur à son plus haut degré), en tant que femme surtout, Pakura avait une responsabilité à l'égard de Suna, car elle seule pouvait donner naissance à utilisateur de Shakuton qui viendrait grandir la nouvelle génération de ninjas de son village. Mais… Le timing n'avait jamais été le bon. Il y avait eu les missions, la guerre, l'absence de prétendants acceptables, ses responsabilités en tant que mentor, et maintenant les tensions politiques…

Et maintenant, eh bien ! Elle n'avait toujours pas le temps. Oh, il lui restait bien encore quelques années pour se poser, si jamais l'occasion se présentait. L'usage du chakra ne rendait pas le kunoichi in fertiles (à l'inverse des hommes, qui perdaient en vigueur reproductive avec l'usage du chakra…). Mais si Pakura devenait Kazekage, elle doutait que ça soit le moment opportun pour faire un enfant.

Et puis… Elle avait déjà tant fait, tant vécu. Elle se sentait fatiguée, parfois. Et pourquoi ne le serait-elle pas ? Pakura n'était plus toute jeune. Elle avait bientôt quarante ans. Pour un civil, c'était la fleur de l'âge, mais les shinobi vivaient une existence si mouvementée que leur quarantaine équivalait plutôt à la soixantaine. Un civil avait vingt ans pour atteindre l'âge adulte, puis fondait une famille vers vingt-cinq ou trente ans, et vieillissait à partir de quarante-cinq ou cinquante ans. Les ninjas, eux… Ils étaient considérés adultes à douze ans, ou même avant : ceux qui vivaient jusqu'à la vingtaine s'empressaient d'avoir quelques enfants pour leur survivre, et on considérait que c'était vers trente ans qu'un ninja atteignait le sommet de son pouvoir, et qu'ensuite il ne ferait que vieillir, ralentir et s'affaiblir. Alors, à trente-neuf ans, comme Pakura ? La plupart des ninjas de cet âge prenait leur retraite pour élever leurs enfants et petits-enfants… Non, la plupart des ninjas de cet âge étaient morts, et les survivants prenaient leur retraite.

Mais il n'était pas encore temps pour Pakura de se reposer, pas encore. Elle avait un village à envahir, un autre à secourir, des dizaines de problèmes à démêler, une crise économique à résoudre, un Jinchuuriki sadique à apprivoiser… Non, il n'était pas encore temps de se reposer. Peut-être qu'il ne serait jamais temps. Et peut-être que ce n'était pas plus mal. Pakura avait du mal à imaginer de quoi serait faite sa vie, si elle prenait sa retraite.

Il serait temps d'y penser si elle vivait jusque-là. En attendant, elle avait une invasion à préparer… Et le kidnapping d'un détenteur de kekkei genkai à arranger.

Le prix de la coopération d'Orochimaru n'était pas quelque chose de facile à payer. S'il s'était agi de tuer quelqu'un… Cela aurait été plus simple. Pakura était une ninja, et la mort ne la faisait pas broncher. Même s'il s'agissait d'un enfant innocent. Oh, Pakura détestait tuer les innocents, mais elle aurait fait taire sa conscience plus facilement. Au moins, elle aurait donné à sa victime une mort propre, une mort rapide. Mais ce qu'Orochimaru voulait n'était pas la fin d'une vie, c'était la libre disposition d'un corps à disséquer. Mort ou vif. Et ça… Même le plus aguerri des ninjas y aurait été réticent. Le vol de kekkei genkai était quelque chose d'affreusement tabou. Mais quels tabous étaient encore valables pour le Sannin aux serpents, traître, nukenin et scientifique fou à la fois ?

(Et peut-être que c'était justement le tabou qui avait tant plu au Sannin. Il y avait un plaisir fiévreux dans son regard quand Pakura avait accepté, et pas juste parce qu'il était avide de mettre la main sur un nouveau jouet. Non, ce qui avait tant réjoui Orochimaru, c'était de voir le dilemme sur le visage de Pakura, de voir la réticence dans son regard, de savoir qu'elle allait devoir compromettre ses valeurs morales et qu'elle s'en voudrait durant des années pour ce geste. Vraiment, cet homme était révoltant.)

Mais Pakura avait promis de s'en charger. Alors elle le ferait. Elle n'avait pas le choix. Si ce n'était pas elle qui kidnappait cet enfant, ce serait l'un des hommes d'Orochimaru. Peut-être Kabuto, le jeune Jounin au sourire doux mais qui maniait les scalpels avec un éclat sinistre dans le regard. Peut-être Kidômaru l'impitoyable, ou Tayuya la sadique, ou Jirōbō la brute.

Non, il valait mieux que ce soit Pakura qui s'en charge. Déjà, parce qu'Orochimaru l'avait exigé, et qu'il fallait qu'elle honore sa part du marché. Et ensuite, parce que… Pakura ne permettrait pas à Orochimaru d'avoir ce captif vivant. Elle ne savait pas avec certitude ce que le Sannin faisait à Kusa, mais les échos qu'elle en avait eus faisaient froid dans le dos. Laisser un enfant de douze ans prisonnier là-bas serait monstrueux, alors que tuer cet enfant serait… un peu moins monstrueux.

Orochimaru avait réclamé un kekkei genkai, alors il l'aurait. Mais il devrait le récupérer sur un cadavre. Il n'était pas question que Pakura laisse ce serpent jouer avec sa nourriture.

– Pakura-san.

Pakura ne frémit pas, mais intérieurement, elle se morigéna de s'être laissé distraite. Baki s'était approché d'elle sans qu'elle le remarque.

– Baki-san, répondit-elle d'un ton neutre.

Officiellement, Baki était présent en tant qu'invité de Suna et simple spectateur. Mais il portait toujours son uniforme. Pakura ne l'avait quasiment jamais vu sans. Pendant un instant, les deux Jounins se fixèrent, affichant une identique expression à la neutralité soigneusement étudiée.

Baki était un ami de longue date. Ils partageaient le même sens du devoir, le même sens de l'humour. Un niveau de puissance assez proche, également, ce qui faisait d'eux un bon duo en mission. Mais Baki était inconditionnellement loyal au Kazekage. Il ne pouvait concilier son devoir avec Suna, et une quelconque réticence à obéir aux ordres de son chef, aussi stupides et immoraux soient-ils. En cela, Pakura et lui étaient incompatibles. Il n'existait qu'une seule voie possible pour Baki. Peu importait les torts de Rasa : Baki avait dédié sa vie au Yondaime Kazekage, et… Il ne pouvait pas revenir en arrière. Pakura non plus : mais elle, elle avait choisi un chemin radicalement différent. Elle était loyale au village, pas au Kazekage. Inévitablement, un jour… Un jour, elle tenterait d'usurper Rasa. Et ça, Baki ne pouvait l'accepter.

(Pauvre Baki. Rasa était sans doute mort depuis des jours, à présent. Que ressentirait-il, en découvrant que l'homme à qui il avait dédié sa vie avait été assassiné sans même qu'il ne le réalise ?)

– Temari se débrouille bien, commenta Baki. Tu as fait du bon travail avec elle.

Baki avait été le Jounin-sensei de Temari avant que l'équipe soit formée et assignée à Pakura pour la durée des examens. Il savait donc apprécier ses progrès.

– Merci. Ils se sont tous améliorés.

Y compris Gaara, c'était le sous-entendu. Mais Baki, comme la plupart des Jounins de Suna, évitait de parler du Jinchuuriki. Comme s'il était une bête sauvage ou une catastrophe naturelle, et qu'il n'y avait aucun espoir qu'il s'améliore en quoi que ce soit mis à part au niveau de sa dangerosité.

Ce n'était pas une mentalité immuable. Les gens de Suna étaient adaptables par nature. Si Gaara changeait, les autres ninjas s'ouvriraient à lui et l'accepteraient. Mais voilà : personne ne ferait le premier pas, personne ne donnerait à Gaara cette chance de changer, cette chance de découvrir qu'il existait une autre façon d'exister que celle qu'il connaissait déjà. Les ninjas de Suna étaient adaptables mais ils manquaient d'initiative. C'était pour ça que personne n'avait osé se dresser jusqu'à Rasa jusqu'à maintenant, aussi.

Comme Pakura s'y attendait, Baki ne releva pas le sous-entendu, et se contenta de dire :

– Quel dommage que Kankuro ne se soit pas qualifié lui aussi. Où est-il, d'ailleurs ?

Pakura haussa un sourcil :

– Aux toilettes.

Apparemment Baki ne trouva pas ça drôle. Ses yeux s'étrécirent :

– Ne devrait-il pas se trouver ici, à encourager sa sœur ?

– Temari s'en sort très bien sans lui, contra Pakura.

Ce n'était pas vrai. Depuis quelques minutes, la tendance du combat commençait à s'inverser. Ce n'était plus Temari le chat et Shikamaru la souris. Le jeune Nara poussait son adversaire à reculer, utilisant l'ombre du mur pour augmenter la portée de la sienne. Le terrain inégal, ravagée par les bombes de Naruto et les Kaiten de Neji mais aussi jonché de kunais et de fils d'aciers, favorisait la technique de Shikamaru. Pleine de zones d'ombres cachées, prêtes à être exploitées… Mais ça, Temari ne l'avait pas encore réalisé. La kunoichi de Suna était axée sur l'affrontement direct : elle n'avait pas encore réalisé à quel point Shikamaru planifiait en avance.

Le public était fasciné. Et personne ne remarquait les ninjas de Suna et de Kusa qui se mettaient en position, ce qui était le but recherché.

– C'est une question de principe, rétorqua Baki.

Non, c'était une question de stratégie. Avoir Kankuro dans les gradins, c'était le plan prévu par Rasa : un moyen de s'assurer qu'il participerait à la première vague d'attaques. En plaçant Kankuro ailleurs, à un poste plus protégé, Pakura s'assurait qu'il ne se trouve pas en première ligne. Cela pouvait être interprété de plusieurs façons : elle ne faisait pas confiance à ses compétences, elle ne lui faisait pas confiance pour combattre à ses côtés, elle voulait le protéger, elle lui avait assigné une mission différente (et s'éloignant donc des ordres de Rasa) … Et peu importait que la vérité soit que Pakura ne voulait pas que Kankuro soit là quand Orochimaru révèlerait avoir assassiné le Kazekage. La seule chose qui comptait aux yeux de Baki, c'était que Pakura interférait ouvertement avec les ordres de leur chef. Ou du moins, encore plus ouvertement qu'elle ne l'avait fait jusque-là.

Pakura haussa un sourcil insolent, comment pour demander : et qu'est-ce que tu comptes faire contre moi, exactement ? Baki grinça des dents, l'air mécontent et tendu. Il savait comme elle que l'invasion avait toutes les chances de leur exploser au visage. Le fait que Pakura interfère avec un plan aussi délicat devait lui mettre les nerfs en boule.

– Ce n'est vraiment pas le moment de faire étalage de ton autorité !

– Quel meilleur moment ? rétorqua calmement la kunoichi. Tu préfèrerais que j'attente le match de Gaara ?

Baki prit un air courroucé :

– Ce n'est pas un jeu, Pakura. Malgré tes différences avec Yondaime-sama, tu dois t'incliner devant son autorité.

– Il est bon de questionner l'autorité de temps à autre, Baki.

Elle aurait aussi bien pu lui déclarer que le ciel était vert ou que les cochons volaient, tant le Jounin eut l'air choqué par cet accès de folie.

– Ce n'est pas notre place ! La contestation ne sert qu'à nous diviser et nous affaiblir !

Le Yondaime Kazekage est mort, songea Pakura. L'homme qui t'a donné tes ordres aujourd'hui est son assassin. Baki, si tu savais cela, serais-tu si prompt à arguer que seule la loyauté la plus aveugle a une quelconque valeur ? Tu ne sais même pas reconnaître ton Kage. Tu as voyagé des jours avec son meurtrier sans voir la moindre différence, tant Orochimaru et Rasa sont devenus semblables dans leur dédain de la vie de nos hommes, dans leur soif de chaos et de souffrance. Baki… Cela fait des années que plus personne ne parvient à reconnaître notre leader dans cet homme haineux aux buts abscons et suicidaires. Un tel meneur ne mérite pas ta loyauté.

Du reste du public s'éleva soudain une grande clameur. D'un même geste, Pakura et Baki se tournèrent vivement vers l'arène. Temari s'était figée. Son visage était tordu de rage et de stupeur mêlées.

– Il l'a eu ?! lâcha Baki incrédule. Mais comment ?

Le regard de Pakura bondit à travers l'arène, cherchant où et comment Shikamaru avait pu connecter son ombre à celle de son adversaire. C'était invraisemblable, il était bien trop loin, le terrain trop dégagé… Ah ! Ici ! Il avait utilisé les fils d'aciers laissés par Naruto pour créer un réseau complexe d'ombres quasi-invisibles, et il avait poussé Temari à s'y aventurer pour reculer hors de portée de son ombre apparente, au pied du mur. Malin. Ce petit Nara ne payait pas de mine, mais il avait toujours plusieurs coups d'avance sur son adversaire… Et il s'était clairement montré plus habile que Temari.

Puis Shikamaru leva la main, et déclara qu'il avait quasiment épuisé son chakra et qu'il se rendait.

Dans le public, ce fut le choc, l'incrédulité. Plusieurs Genins, sans doute ses coéquipiers, se mirent à hurler et à le traiter de flemmard. Temari semblait absolument furieuse. Elle devait se sentir humiliée : une victoire gagnée comme celle-ci, parc que son adversaire ne la prenait pas assez au sérieux pour la battre dans les règles de l'art, était encore pire qu'une défaite. Pakura, quant à elle, renifla simplement avec amusement.

Le tournoi n'irait pas plus loin que la première manche, évidemment. Mais… C'était tout de même satisfaisant de songer qu'au moins un de ses élèves avait réussi son combat.

L'examinateur proclama donc Temari vainqueur. Mais les acclamations de la foule étaient plutôt tièdes. Un grand nombre d'applaudissement semblaient plutôt destinés à Shikamaru, et le jeune Nara salua paresseusement le public d'un bras en quittant l'arène. Pakura le vit rejoindre les gradins un peu plus loin, et être accueilli par son Jounin-sensei à l'air hilare qui lui ébouriffa les cheveux avec affection. Au moins, ce match aurait été intéressant du début à la fin.

– Troisième match ! s'écria l'examinateur en contrebas. Misuno de Kiri contre Kidômaru de Kusa !

Pakura se tourna lentement vers Baki. Bientôt la moitié des concurrents étaient passés. L'heure fatidique approchait.

– Ne devrais-tu pas aller féliciter Temari ? fit-elle d'un air désinvolte.

Baki fronça les sourcils d'un air mécontent. Mais il obéit, se redressa avec un grondement mécontent :

– Quand cet examen sera fini, nous aurons une sérieuse discussion. Cela ne peut plus durer, Pakura. Kazekage-sama ne tolèrera pas ce comportement plus longtemps.

Oh Baki, soupira mentalement Pakura en le regardant s'éloigner. Il est trop tard pour que Rasa exprime son mécontentement. C'est moi qui suis arrivée à court de patience en premier.

oOoOoOo

Misuno de Kiri était une fille d'une douzaine d'année, mince et fluette, et visage doux et sérieux. Ses cheveux châtains étaient laissés libres, mais coupés au carré pour ne pas la gêner. Elle avait de grands yeux violet foncé, presque noirs, à l'air grave et attentif. À la mode de Kiri, elle portait un haut bleu rayé à col roulé, et des guêtres du même tissu couvrant ses jambes des chevilles aux genoux, au-dessus d'un pantalon gris clair. Le seul élément notable de son équipement était les deux épées qu'elle portait dans son dos, accrochées par un harnais de cuir azur. Somme toute, elle était jolie, presque délicate.

Par contraste, Kidômaru était massif. Il avait environ quatorze ans, mais semblait bien plus âgé. Il dépassait Misuno d'une bonne tête, et il était beaucoup plus large d'épaules. Sans doute parce qu'il avait six épaules : ses trois paires de bras musclés lui conféraient une stature impressionnante. Avec sa peau mate, ses cheveux noirs et surtout son sourire mauvais, il avait l'air… infiniment plus dangereux que la frêle kunoichi de Kiri.

– Le combat est joué d'avance, fit un homme d'un air dépité.

Adossé au mur à côté, Juzō Biwa esquissa un rictus méprisant. Vraiment, on penserait que les ninjas ne seraient pas si prompts à juger sur l'apparence. À ses côtés, son dernier élève (puisque Shizuma Hoshigaki était dans la loge des concurrents et que Misuno était dans l'arène) se hérissa comme un chat offensé, et se retint visiblement de protester. Kussaku avait beau être le plus âgé de ses Genins, du haut de ses seize ans, il était aussi le plus timide. Pas étonnant quand on le comparait à ses coéquipiers. Misuno avait douze ans mais était considérée comme l'une des épéistes les plus prometteuses de sa génération. Quant à Shizuma, il avait beau n'avoir que neuf ans… Il semblait en avoir trois de plus, avait hérité du chakra massif des Hoshigaki, et était le guerrier berserk le plus féroce que l'Académie ait vu depuis des décennies. Sérieusement, même Zabuza… Même Mangetsu… Même Juzō lui-même n'avaient pas la rage bestiale de ce gamin.

Le match débuta, et les deux Genins attaquèrent.

Et non, le match n'était pas joué d'avance. Kidômaru était fort et ses fils d'araignées dangereux, mais Misuno était vive et agile, maniant ses épées à toute allure. Contrairement à la plupart des Genins, Misuno n'avait guère de talent en Suiton : sa force résidait dans son kenjutsu et ses illusions. Elle était aussi incroyablement rapide, et plusieurs ninjas laissèrent échapper des sifflements impressionnés en voyant la précision avec laquelle elle utilisait son Shunshin, calculant ses déplacements au centimètre près.

Dans d'autres circonstances, Juzō n'aurait pas lâché son élève des yeux. Il pensait ne jamais plus reprendre de gamins sous son aile, après sa désertion. Le Yondaime Mizukage, maudit soit-il, lui avait ordonné de tuer Zabuza (son apprenti à mi-temps) car son caractère rebelle déplaisait aux hauts-gradés. Zabuza avait alors dix-huit ans, était un Tokubetsu Jounin et un ANBU accompli, et Juzō avait plus ou moins décidé d'en faire son successeur. Le tuer aurait été inacceptable. Alors Juzō avait déserté dans la nuit, abandonnant le Hachoir derrière lui. Puis il avait erré un peu au hasard durant quelques années dans le pays en tant que nukenin avant de rejoindre la section de rebelles menés par Mangetsu. Ensuite, eh bien, tout le monde connaissait l'histoire : le Yondaime avait été tué, Mangetsu avait été élu Godaime, et les nukenins qui le désiraient avaient été autorisés à revenir. Mangetsu avait offert à Juzō de réintégrer l'ordre des Sept Epéistes Légendaires, mais il avait refusé. C'était Zabuza qui possédait le Hachoir, de toute façon, et Juzō n'avait aucun désir d'apprendre à manier une autre épée. Non, la retraite lui convenait.

Et voilà qu'il s'était retrouvé Jounin-sensei de trois morpions. Kussaku le médic-nin sensor habitué à rester en retrait, Misuno la gamine sans famille, et Shizuma le dernier rejeton du clan Hoshigaki exterminé lors des purges. La belle brochette ! Shizuma détestait le travail d'équipe, mais était férocement territorial vis-à-vis de ses équipiers. Kussaku complexait par rapport à son manque de talent au kenjutsu, et c'était un trouillard, mais il avait une sensibilité presque invraisemblable avec le Suiton. Quant à Misuno, elle ne parlait guère, mais elle avait un féroce esprit de compétition… Et elle était sans aucun doute le cerveau de leur petite bande.

Misuno était aussi la seule de ses trois élèves à avoir noté qu'il y avait quelque chose de bizarre dans l'ambiance de cet examen. Et Juzō ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait raison.

Kussaku avait senti plusieurs ninjas de rang S dans la forêt de la Mort, mais avait semblé penser qu'il s'agissait d'une partie de l'épreuve. Juzō était plutôt d'avis qu'il s'agissait d'une brèche de sécurité. Une attaque de Suna ? Même sans être au courant des dernières actualités (le réseau d'espionnage de Kiri était très diminué), Juzō avait été informée que le village de Suna était au bord de la guerre civile, et que la faction s'opposant au Kazekage était menée par nulle autre que Pakura, la Jounin qui avait été envoyée à Konoha en tant que sensei des trois enfants du Kazekage. Si ça, ça ne sentait pas le coup fourré !

Et puis il y avait Kusa. Ce petit village s'était propulsé à un niveau de pouvoir historique pour une nation sans Bijuu. Tous les concurrents venant de ce village étaient indubitablement dangereux. Et le niveau de secret qu'ils maintenaient quant à l'identité de leur leader était suspicieux… Juzō commençait à croire que c'était un nukenin. Peut-être même un nukenin de Kiri (il y en avait dans tous les coins, ces temps-ci). Et quel qu'il soit, un Kage qui si intéressé par le pouvoir ne pouvait pas ignorer la tension qu'il y avait à Suna, et plus précisément lors de cet examen. Est-ce qu'il comptait en profiter ?

Tch' ! C'était trop compliqué. Voilà pourquoi c'était Mangetsu qui était en charge de la politique, et que Juzō était juste en charge du découpage des emmerdeurs.

Juzō soupira, puis reporta son regard sur l'arène. Misuno reculait, dansant entre les attaques de son ennemi mais perdant de plus en plus de terrain. Kidômaru, avide de sang, commençait à se laisser griser par l'idée de la victoire imminente : il la poussait, se montrait moins prudent… Juzō pouvait deviner exactement la façon dont ça allait se finir. Techniquement Kidômaru était plus fort et plus endurant que Misuno, et il durerait certainement plus longtemps qu'elle : mais il avait fait l'erreur de la sous-estimer. Les deux épées de Misuno décrivirent une double-courbe si rapide qu'elle en était invisible…

…Et deux des six bras de Kidômaru tombèrent au sol.

La foule poussa un rugissement d'enthousiasme. Misuno ne laissait pas à son ennemi le temps de reprendre son souffle ou même de hurler de douleur, et bondit à nouveau à l'attaque : cette fois, Kidômaru battit en retraite, poussant d'épouvantables jurons. Il avait eu de la chance, jugea Juzō. Kidômaru avait senti l'attaque et s'était reculé instinctivement. Sans ça, c'était son torse entier qui aurait été coupé en deux. Là, c'était juste ses bras… Et ce n'était pas aussi grave pour lui que pour un autre ninja. Après tout, il en avait encore d'autres en réserve !

L'affrontement gagna en férocité. Kidômaru avait perdu deux membres mais il se refusait à s'avouer vaincu. Au contraire, d'ailleurs : il semblait avoir encore quelques as dans sa manche. Il pansa ses moignons en sécrétant des fils d'araignées autour d'eux, puis se mit à cracher une substance dorée qui se durcit, prenant la forme de deux épées courtes avec lesquelles il put parer les épées de Misuno, et rendre coup sur coup. Juzō se renfrogna. Ce ninja à huit pattes (enfin, six, maintenant) avait clairement des capacités basées sur celles des araignées… Et les arachnides étaient de sales bestioles. Elles pouvaient faire des toiles collantes mais aussi des fils plus solides que de l'acier. Ce n'était pas pour rien que la soie était le tissu le plus résistant au monde. La substance dorée que Kidômaru avait craché et utilisait comme arme semblait avoir cette solidité. Ses épées résistaient aux coups de Misuno… Et quand elle attaqua à nouveau pour lui couper un autre bras, le biceps de Kidômaru se recouvrit de cette pâte dorée (qu'il générait apparemment par les pores de sa peau, et pas juste par sa bouche !) et l'épée de Misuno rebondit dessus comme si c'était une armure de diamant !

C'était une technique redoutable. Et avec le niveau de taijutsu qu'utilisait ce gamin… Kidômaru était un adversaire puissant. Trop puissant peut-être. Juzō resta impassible, mais ses poings se crispèrent. Misuno était une prodige de l'épée mais ça ne lui servirait à rien contre un adversaire insensible à ses coups. Il n'y avait plus qu'à espérer que Kidômaru serait sensible à ses genjutsu… Mais jusque-là, il n'était pas tombé dans le piège une seule fois. Pourtant Misuno utilisait des illusions de niveau Chuunin ! Quel genre de monstre était ce Kidômaru ?!

Misuno reculait, reculait, et Juzō pouvait presque voir la panique naître sur ses traits d'habitude si impassibles. Elle était acculée. Kidômaru ne cessait de la faire reculer. Le mur d'enceinte de l'arène n'était qu'à deux mètres derrière elle : une fois qu'elle y serait collée, elle serait piégée pour de bon. Soudain, dans un effort désespéré pour arracher la victoire, elle bondit de côté et exécuta des mudrâ à toute vitesse, et Juzō réalisa avec un sursaut que c'était le genjutsu le plus puissant de son répertoire…

– Genjutsu : l'étreinte de la brume !

Kidômaru ralentit un bref instant, son regard se voilant une fraction de seconde… Misuno plongea dans l'ouverture ainsi créée, ses deux épées visant à sectionner son torse… Mais Kidômaru se reprit à temps. Pas assez vite pour sécréter son armure dorée, mais assez pour saisir à main nues les lames qui voulaient l'éventer, s'ouvrant la chair jusqu'à l'os mais immobilisant les deux armes de son adversaire.

Puis, avec un sourire mauvais, il lui planta ses deux épées dans le ventre avec tant de puissance que Misuno fut projetée en arrière… Et clouée au mur de l'arène.

Misuno laissa échapper un petit hoquet choqué, et s'affaissa.

Dans les gradins, Juzō se figea.

Il y eut des cris de choc et d'effroi dans le public, surtout parmi les plus jeunes. Il y eut aussi des acclamations. L'examinateur annonça la victoire de Kidômaru, qui se détourna de sa victime avec indifférence pour se mettre à saluer le public. Mais Juzō n'entendit rien de toute ça. Ses yeux était fixée sur la kunoichi de son équipe, cette fillette de douze ans avec deux épées plantées dans le ventre, inerte, épinglée au mur comme un insecte dans la vitrine d'un collectionneur. Ses yeux étaient fixés sur la quantité de sang qui imbibait ses vêtements à toute allure, coulait le long de son ventre, formait une gigantesque mare sur le sol… Personne ne pouvait survivre à un truc pareil. Il y avait tellement de sang. La frappe avait été si puissante, et en plein milieu de son abdomen, broyant ou transperçant au moins plusieurs organes vitaux. Juzō avait traversé une guerre, il avait vu des tas de compatriotes mourir des blessures de ce genre, suffocant dans leur sang et leurs propres organes en moins de cinq minutes. Misuno était morte. Une mort horrible, sanglante, chaque seconde d'agonie comme une éternité. Juzō se demanda si son cœur battait encore, s'il tiendrait le coup encore le temps de deux, trois battements désespérés, avant de s'arrêter pour toujours…

Et soudain Tsunade Senju (grande, blonde, reconnaissable entre mille, le cauchemar de tous les Jounins ayant traversé la Troisième Guerre) apparut en Shunshin devant la petite kunoichi empalée. Sans un regard pour l'examinateur ou pour le vainqueur du match, la Senju posa une main illuminée de chakra vert sur l'épouvantable blessure qui ouvrait le ventre de Misuno, et disparut à nouveau.

Avec Misuno, les deux épées plantées dans son corps, et une partie du mur qu'elle avait apparemment arraché à main nue.

Il y eut un bref silence choqué dans le public.

– Sensei ? fit Kussaku d'une petite voix.

Juzō prit une longue inspiration. Il fit un effort conscient pour relâcher ses muscles. Pendant une seconde étourdissante, il avait vu Tsunade et pensé que ça y est, Misuno était condamnée face à un ennemi pareil : puis il s'était rappelé que Tsunade était aussi une médic, et le choc avait été tout aussi étourdissant quand il avait réalisé que Tsunade pouvait peut-être la soigner. Peut-être la sauver. Tsunade Senju, une kunoichi de Konoha, soigner son élève, à lui, ninja de Kiri. Que c'était peut-être même ça qu'elle était en train de faire à cet instant même.

– Trouvons où a été emmenée Misuno, lâcha-t-il abruptement.

Et il s'en alla d'un pas vif, Kussaku se précipitant à sa suite. Le combat de Shizuma n'était pas pour tout de suite, de toute façon. Et ce gamin n'avait jamais eu besoin de son support. En revanche, Misuno était entre les mains de ninjas étrangers, alors il était de son devoir de la retrouver.

Et s'il croisait Kidômaru dans une ruelle obscure, eh bien…

Dans la loge des Kages, le Kazekage (ou du moins la personne portant ses vêtements) se renfrogna. Lorsque la gamine avait été empalée, et lâché un hoquet ensanglanté avant de s'affaisser, Mangetsu le Mizukage avait grimacé avant prendre un air impassible. Il avait été préparé à regarder mourir la petite Genin avec la dignité qui convient à un Kage… avec la dignité qui convenait à la personne qui avait ordonné à cette fillette de risquer sa vie. Orochimaru, quant à lui, n'avait pas pu s'empêcher de lâcher un bruit enthousiaste. C'était le premier sang de l'examen, après tout : évidemment, il trouvait ça passionnant !

Mais l'Hokage, ce vieux gâteux trop sensible et rabat-joie, avait simplement lâché : « Tsunade. ». Un seul mot… Et la Senju s'était volatilisée pour aller secourir la gamine agonisante. Tss, quel gâchis. Voir quelqu'un mourir sous les acclamations enthousiasme de la foule aurait été une bonne leçon pour tous les Genins naïfs qui croyaient encore en la grandeur de cette institution défaillante.

– Misuno connaissait les risques, déclara froidement Mangetsu.

Autrement dit : il n'aurait pas cillé, si Misuno avait été tuée dans cette arène. Il ne fallait pas que l'Hokage s'imagine qu'il lui faisait une faveur dont Mangetsu lui serait redevable.

Pourtant, le Sandaime sourit avec bienveillance. Mangetsu avait utilisé le prénom de la Genin, indiquant inconsciemment qu'il la connaissait : peut-être pas personnellement, mais en tous les cas assez pour la considérer comme un individu à part entière, avec une identité propre, et non pas un simple pion sur l'échiquier, aisément sacrifié.

– Je n'en doute pas, répondit paisiblement l'Hokage. Mais pourquoi laisser un drame inutile se produire, alors que la meilleure médic au monde se trouve à quelques mètres ?

Mangetsu inclina la tête avec raideur sans rien dire, concédant la logique de l'argument sans pour autant admettre une quelconque reconnaissance. Le Kazekage se pencha vers le Sandaime d'un air faussement poli :

– Un seul garde du corps vous suffit ?

Tsunami se mordit la langue en réalisant soudain qu'il avait raison. Oh bon sang, est-ce qu'il avait orchestré ça ?! Est-ce qu'il avait demandé à Kidômaru de faire un carnage, sachant que Tsunade irait porter secours à sa victime, et que cela réduirait de moitié la protection de l'Hokage ?! Tsunami en aurait mis sa main au feu. Bon sang, c'était mauvais !

Mais le Sandaime ne manifestait aucune inquiétude. Au contraire, il se contenta de rire :

– Oh, Tsunami est plus que capable !

Mangetsu s'empressa d'approuver ce changement de sujet, et lâcha d'un ton légèrement moqueur :

– Je n'en doute pas. La rumeur à Kiri veut que les Uchiha boivent le sang de leurs ennemis pour garder leur Sharingan rouge.

… Mais qu'est-ce qu'ils picolaient à Kiri ? C'était fou ça, les Uchiha étaient morts depuis à peine cinq ans, et déjà les rumeurs les plus invraisemblables s'étaient mises à courir sur eux ! Et puis encore ?! Les Uchiha voyaient l'avenir ? Ils parlaient aux fantômes ? Ils étaient invincibles ? Bon sang, ce n'était pas étonnant que dans le canon aucun adversaire de Sasuke n'ait été capable de passer cinq secondes sans parler de la grandeur de son clan, si le clan en question était une putain de légende urbaine ! C'était n'importe quoi. Non mais, redescendez sur terre les gars !

Tsunami grinça des dents, puis décida que, foutue pour foutue, autant donner à fond dans cette histoire de réputation macabre.

– Pas du tout, rétorqua-t-elle. On se cure seulement les dents avec leurs os.

Mangetsu marqua un temps d'arrêt, puis se mit à rire à gorge déployée. Kami-sama, les ninjas de Kiri avaient vraiment un sens de l'humour tordu…

– Match numéro quatre ! annonça l'examinateur. Tenten contre Ino Yamanaka !

L'attention des Kages se reporta sur l'arène. Celle de Tsunami aussi. Oh, elle gardait un œil sur Orochimaru, évidemment. Mais c'était quand même Tenten en contrebas. Son élève ! Et ok, elle n'affrontait pas un ennemi mortel, alors Tsunami n'était pas très inquiète… Mais ça restait l'examen Chuunin. Et comme le dernier match l'avait si bien prouvé, le risque zéro n'existait pas.

Chacun mettait sa vie en jeu dans l'arène.

oOoOoOo

Les kunoichis légendaires se comptaient sur les doigts d'une seule main. Certains diraient que c'était par manque naturel de talent : après tout, les femmes avaient en général une masse corporelle et une quantité de chakra moindre que celles des hommes. D'autres diraient que c'était culturel : les kunoichi étaient éduquées dès l'enfance pour respecter l'idéal féminin, pour soutenir un homme et pas pour briller seules. D'autres encore protesteraient que c'était simplement une question de maths : en règle générale, il y avait entre deux à trois fois plus d'hommes que de femmes dans les rangs des shinobi. La plupart des parents préféraient garder leurs filles à la maison, les poussant à soutenir leur famille et leur village d'une façon plus productive qu'en allant mourir au combat.

Chacune de ces théories étaient… plus ou moins vraies. En effet, les kunoichi avaient souvent moins de chakra que les hommes. En effet, moins de filles que de garçons entraient à l'Académie. Et en effet, les femmes qui choisissaient la carrière de shinobi avaient aussi tendance à être poussés vers des rôles de médics, de supports, d'experts en genjutsu ou en assassinat, bref, des rôles moins flashy que ceux de leurs collègues masculins. Et en conséquent… Ces rôles de soutien leur permettaient d'être promues, certes, mais généralement sur le champ de bataille, et non lors de tournois où le but était d'éblouir le public. Un certain nombre de kunoichi ne se consacraient pas à leur carrière, de toute façon : à vingt ou vingt-cinq ans, elles prenaient leur retraite ou optaient pour une affectation interne au village afin de pouvoir fonder une famille et élever leurs enfants. Certains villages étaient plus traditionnels que d'autres, de ce côté-là. Mais même chez les plus progressistes… Les kunoichi étaient encouragées à rester en retrait. Le fait de devenir combattante de première ligne n'était jamais découragé (pas dans une culture où la nécessité d'être utile au village était inculquée aux enfants dès le berceau !) mais malgré tout… Sur le champ de bataille, on voyait majoritairement des hommes. Les kunoichi étaient poussées à quitter la vie active après leur mariage.

Et de façon générale, lors du tournoi final de l'examen Chuunin, les trois quarts des concurrents étaient des garçons. Il était donc rare que ce soit deux kunoichis qui s'affrontent dès la première manche.

Ino et Tenten se firent face dans l'arène.

Dans les gradins, Kurenai retint son souffle.

Se hisser haut dans la hiérarchie était plus difficile pour les femmes que pour les hommes. Même quand on était forte. C'était les monstres de taijutsu et de ninjutsu qui étaient craints, tandis que les experts en genjutsu étaient dédaignés. Mais surtout, il y avait toujours cette incrédulité sous-jacente. Pourquoi cette fille fait-elle un travail d'homme ?

C'était différent selon les cas. Anko, orpheline, garçon manqué, élève d'Orochimaru qui était notoirement indifférent aux concepts de rôle des genres, avait eu à subir bien des discriminations mais personne ne lui avait jamais dit que le champ de bataille n'était pas sa place. Les kunoichis de clans, comme Natsu Hyuga ou Izumi Uchiha, étaient encouragées à exceller dans les arts ninjas, mais on attendait aussi d'elles un total abandon de leur carrière après leur mariage. Certaines kunoichi cumulaient le rôle de guerrière et le rôle d'héritière, comme Yakumo, Hinata et Ino, et la pression pensant sur elle étaient doubles. D'autres (comme Sakura) faisaient face à l'incompréhension de leurs proches : pourquoi s'obstiner à se rouler dans la boue au lieu de faire ce qu'elles étaient supposées faire, à savoir se pomponner et chercher à attirer l'œil d'un bon parti ? Comme si porter du fard à paupière était incompatible avec le fait d'être une tueuse. Comme si avoir du talent et de l'ambition était incompatible avec l'envie de fonder une famille. Comme si le fait d'être née femme faisait automatiquement d'une kunoichi seulement une demi-personne, à moitié ninja et à moitié propriété publique de la société, de tous ceux qui clamaient qu'elle leur devait des choses comme son temps, une apparence correcte, ou des enfants.

Kurenai venait d'une petite famille ninja, douée en genjutsu, vassale des Uchiha durant les guerres claniques mais qui s'était éloignée d'eux après la fondation de Konoha. Sa mère avait été une femme douce et soumise, qui avait mis fin à sa carrière pour élever sa fille unique, et qui était morte durant la Troisième Guerre. Et ensuite son père, Shinku Yuhi, n'avait pas manqué de lui faire savoir que Kurenai devait se montrer digne de lui en dépit du fait qu'elle soit une fille. Combien de fois lui avait-il déclaré qu'elle lui devait des petits-enfants (plus précisément des petits-fils) comme si c'était quelque chose dont elle lui était redevable, pour compenser le fait qu'elle soit née fille ?

Alors toute sa vie, Kurenai avait eu quelque chose à prouver. Elle pouvait être belle et féminine, et aussi être dangereuse. Elle pouvait porter du mascara et être Jounin. Elle valait quelque chose, pas en dépit du fait qu'elle soit une kunoichi, mais pas non plus parce qu'elle était une kunoichi (contrairement à ce que pensait tous ces imbéciles qui croyaient que les femmes ninjas n'étaient bonnes qu'à l'infiltration et à la séduction !). C'était parce qu'elle était douée en tant que personne, et ça la rendait furieuse de devoir constamment le prouver à tout le monde, même à des étrangers qui n'avaient aucun droit de la juger !

Kurenai avait eu quelque chose à prouver toute sa vie : en tant que kunoichi mais surtout en tant que kunoichi féminine se spécialisant en genjutsu. On ne lui donnait pas la même crédibilité qu'à Anko ou Tsunami ou Tsunade, qui étaient toutes les trois d'excellentes kunoichis, mais avant tout des guerrières brutales. Kurenai savait ce que c'était d'être sous-estimée, d'être jugée superficielle, d'être dédaignée, et de vouloir prouver à tout le monde qu'ils avaient tort.

C'était sans doute pour ça que Kurenai avait formé un lien si intense avec ses trois élèves.

Cette frustration inarticulée se retrouvait chez chacune de ses trois gamines. Hinata était effrayée et attristée, Yakumo silencieuse et déterminée, mais Ino… Ino était furieuse et indignée. C'était de Yakumo que Kurenai était la plus poche, et c'était d'Hinata qu'elle se sentait la plus protectrice. Mais sans aucun doute, c'était Ino Yamanaka qui rendait Kurenai la plus fière. Cette fillette avait une telle force, une telle furie ! Ino avait le côté froidement calculateur des Yamanaka mais aussi leur détermination, et une férocité sans égale. Quand Kurenai avait eu cette équipe… Ino avait été la plus faible. Les genjutsu de Yakumo avaient été excellents et le Poing Souple d'Hinata très développé, mais Ino n'avait aucune compétence spéciale en combat. Comme si, toute sa vie, elle s'était laissée portée par le courant en pensant naïvement être destinée à un rôle de support dans un nouveau trio Ino-Shika-Cho. Mais une fois leur nouvelle équipe formée, une fois qu'Ino avait réalisé dans quelle situation elle se trouvait… Elle s'était réveillée, et surtout elle s'était prise en main.

Kurenai respectait ça.

Ino avait beaucoup appris de Kurenai, certes, mais ce n'était pas Kurenai qui lui avait donné sa motivation. Ce n'était pas Kurenai qui avait décidé qu'elle devrait apprendre le kenjutsu pour protéger Yakumo, ou pour éviter à Hinata d'avoir à blesser autrui. Ce n'était pas Kurenai qui avait décidé qu'il lui fallait apprendre le ninjutsu, ou travailler davantage son taijutsu. C'était Ino, par elle-même, qui s'était plongé corps et âme dans son entraînement.

Certaines kunoichi avaient un rôle masculin : elles étaient guerrières, puis femmes. Elles cognaient dur, elle riaient fort, picolaient volontiers… Elle faisaient partie des gars. Tsunami Uchiha, Anko Mitarashi, Yūgao Uzuki, Tsume Inuzuka. D'autres endossaient un rôle typiquement féminin, de soutien et de support, et étaient femmes et ensuite seulement guerrières. Les médics (Izumi Uchiha, Hakui…) mais aussi celles qui répugnaient à combattre, qui le faisaient par devoir et acceptaient avec dignité que leur place leur ait été assignée à la naissance : comme Hinata, ou Yakumo. Mais… Il y avait des exceptions. Ino, comme Kurenai, ne rentrait pas dans ces petites cases bien nettes. Elles étaient guerrières et combattante de première ligne mais elles étaient aussi femme, belle et élégante, maniant non pas des Jutsu flashy d'homme aux réserves de chakra inépuisables, mais des techniques plus subtiles et sournoises. Des techniques trucs de lâches, des trucs de femme. C'était un équilibre difficile à atteindre. Alors… Kurenai se voyait beaucoup en Ino.

Et elle voulait vraiment la voir gagner, ne serait-ce que pour prouver au public qu'une kunoichi n'est pas moins capable parce qu'elle a les cheveux longs, des mains délicates, et une touche de maquillage.

– Commencez ! ordonna Hayate.

Ino et Tenten attaquèrent.

L'acier se heurta en faisant voler des étincelles. Ino avait dégainé son katana, et Tenten deux épées courtes. Bond, recul, esquive, frappe : un combat féroce s'engagea, les deux kunoichi bondissant dans tous les sens, chacune étant tout à tour chasseur et chassé. Le katana d'Ino lui donnait plus d'allonge alors Tenten exécuta un tour de passe-passe d'une incroyable vitesse, échangeant ses glaives contre un long bâton bō aux extrémités alourdies d'acier, et la chasse reprit de plus belle. Les kunais et les shurikens se joignirent à leur danse, l'acier pleuvant entre deux attaques au corps à corps sans qu'un seul instant l'affrontement ralentisse. C'était une incroyable démonstration de vitesse et de férocité.

Mais on n'impressionnait pas juste le public avec du bukijutsu, peu importe à quel point il soit avancé, et les deux kunoichis le savaient. Enfin, Ino ne s'en souciait sans doute pas trop (sa priorité était de gagner le match pour affronter Karin Uzumaki), mais Tenten avait sans doute été sévèrement briefé par son sensei sur la nécessité d'impressionner le public. Après quelques minutes de course frénétique à travers toute l'arène, l'acier et les étincelles volant en tous les sens, Tenten bondit en arrière et ajouta du ninjutsu à l'affaire.

– Katon : Balsamine Pourpre !

Son prochain lancé de shurikens se conjugua avec une pluie de boules de feu, et Ino fut obligée de battre en retraite avec un glapissement. Ses vêtements étaient roussis à plusieurs endroits et une coupure, entourée d'une large brûlure, ornait désormais son bras. Elle n'avait pas réussi à tout éviter ou dévier avec son sabre. La petite blonde grinça des dents, planta son katana dans le sol devant elle, et attaqua à son tour :

– Shurikens : multi-clonage !

Kurenai réprima un sourire satisfait en entendant les exclamations de surprises dans les gradins. La poignée de shurikens lancés par Ino se multiplia en plein vol, passant d'une dizaine à une centaine en un clin d'œil. C'était une technique difficile à maîtriser, et très impressionnante à regarder

Mais Tenten avait une vision exceptionnelle, dont la précision valait presque un Sharingan. Elle troqua son bō contre une brassée de kunais avant même que le premier shuriken n'ait franchi la distance entre eux, et l'acier s'entrechoqua avec une pluie d'étincelle. Un, puis deux, puis trois, puis toute la déferlante de shurikens qui fusait vers elle : Tenten parait, déviait, bloquait, esquivait, plongeait, roulait, jusqu'au moment elle bondit dans les airs en exécutant des mudrâ à toute allure :

– Fuuton : Grande Percée !

Tenten souffla une puissante rafale qui balaya pratiquement tous les shurikens d'Ino. Il y eut des applaudissements dans le public. Tenten venait quand même de démontrer deux affinités élémentaires, ce qui était typiquement une compétence de niveau Chuunin. Kurenai plissa le front avec contrariété. Ino était douée, mais son truc, ce n'était pas les techniques élémentaires, qui nécessitaient beaucoup de chakra. C'était les pièges plus subtils… Kurenai n'avait aucun doute qu'Ino soit plus futée que Tenten, mais la subtilité ne lui servirait pas à grand-chose si la fillette brune la martelait de Jutsu surpuissants sans lui laisser le temps de respirer !

L'affrontement reprit : cette fois Tenten troqua son bō contre une épée droite, un ninjato, pour engager un féroce combat de kenjutsu. Hum, combien d'armes avait-elle exactement ?! Parce que mine de rien, ça commençait à faire beaucoup ! Et elle était douée, en plus. Kurenai se crispa sur son siège. Ino était excellente, bien sûr, mais elle était à peine diplômée, alors que Tenten avait un an d'avance. Si ça continuait comme ça…

Puis Ino exécuta une invraisemblable pirouette en arrière et fit exploser une bombe fumigène. Elle avait parfaitement jugé son coup : la bombe explosa et un coup de vent noya immédiatement Tenten dans la fumée violette. Poison. Lorsque Tenten dissipa le nuage avec un nouveau Fuuton : Grande Percée, son air anxieux ne laissait aucun doute : la jeune fille avait inhalé le gaz. Et avec le dosage utilisé par Ino, une seule inspiration suffisait.

– Qu'est-ce que c'était que ça ? lâcha Tenten en se mettant en garde.

– Ah, tu en sens déjà les effets ? sourit Ino en faisant tournoyer son sabre. Vertige, engourdissement des muscles, anesthésie des extrémités, puis difficulté à respirer, vomissements… Tu as encore entre cinq et dix minutes avant de tomber dans les pommes puis de suffoquer. À moins d'avoir pris un antidote avant le combat, bien sûr, ce que j'ai fait… Mais probablement pas toi.

Tenten serra les dents :

– Aconit mauve, hein ? Malin.

Ino plissa les yeux, l'air surprise. Elle ne s'attendait sans doute pas à ce que son adversaire s'y connaisse en poisons. Quelle erreur ! Après tout, leurs deux sensei tenaient leurs sources de la même personne : Anko Mitarashi. Et puis, la Team Tsunami n'avait-elle pas participé à un examen Chuunin à Suna ? Ils y avaient forcément affronté des marionnettistes et leurs poisons…

Vive comme l'éclair, Tenten ouvrit un petit rouleau de stockage à sa ceinture. Ino se tendit, prête à faire face à une déferlante de kunais… Mais ce fut un minuscule flacon que Tenten fit apparaître. Ino comprit trop tard. Elle poussa un cri rageur et attaqua avec une volée de shurikens, mais Tenten avait déjà but le liquide bleuté contenu dans le flacon. Une antitoxine générale, reconnu Kurenai. Fabriqué par l'hôpital de Konoha. Pas assez pour totalement contrer le poison mais assez pour que les symptômes restent gérables. La perte de sensibilité, la douleur, la nausée, c'était bien moins dérangeant pour un shinobi qu'un trouble de l'équilibre ou respiratoire.

Le combat reprit, à la fois plus féroce et plus prudent. Il était évident que Tenten craignait une nouvelle attaque de poisons, et qu'elle essayait de mettre fin au match avant que son antitoxine ne perde en efficacité. Ino de son côté perdait du terrain et était de plus en plus désespérée : son adversaire était plus rapide, plus endurante, et sa réserve de shurikens apparemment inépuisable ! Ino était fière de son talent avec le katana, très fière… Mais face à Tenten, elle ne parvenait pas à gagner l'avantage, et il était évident qu'elle s'en sentait frustrée, humiliée, affolée. Elle commettait des erreurs. Tenten pressait son avantage, le visage déterminé. Une fois, puis deux, elle passa sous la garde d'Ino et lui infligea une nouvelle blessure… L'affrontement au sabre se faisait de plus en plus furieux…

Puis Ino fit exploser une autre bombe fumigène, puis une autre, puis encore une autre, noyant toute l'arène dans un épais nuage violet. Tenten l'avait vu venir : elle s'écarta d'un bond, retombant presque dix mètres plus loin, hors de portée du gaz. L'épais nuage séparait complètement les deux adversaires. Cette fois Tenten ne le dissipa pas d'un Fuuton (probablement parce que, empoisonnée, elle ne voulait pas gaspiller son chakra). Au lieu de ça, elle resta immobile à bonne distance, et regarda prudemment autour d'elle.

Le nuage empêchait Ino de savoir précisément où son ennemie se trouvait, et donc d'utiliser son Jutsu de Transposition. Mais si jamais Ino voulait une diversion, c'était le moment idéal pour se faufiler dans les arbres en bordure de l'arène, et essayer d'attaquer à revers. Tenten scruta les alentours, tendue…

– Transposition !

Quoi ?!

Kurenai se redressa d'un coup sur son siège. Mais non, elle n'avait pas rêvé ! Ino avait utilisé son Jutsu malgré le brouillard qui lui cachait la vue ?!

Dans l'arène, Tenten tituba… Puis, lentement, elle leva un bras et déclara d'une voix forte :

– Je renonce.

Oh, bon sang, elle l'avait fait ! Kurenai se plaqua une main sur la bouche, ravie. Ino l'avait fait, elle avait gagné ! Hayate s'approcha prudemment et déclara Ino victorieuse.

Tenten sembla reprendre ses esprits, et baissa le bras, l'air choquée. Grâce à l'acoustiques de l'arène, Kurenai entendit nettement son intonation incrédule :

– Mais comment… ?

– Simple, lâcha la voix d'Ino.

La jeune Yamanaka émergea du nuage violet, qui s'était déjà à moitié dissipée. Ino semblait épuisée, mais elle souriait d'un air triomphal. Elle semblait aussi tenir quelque chose entre ses doigts… Un fil d'acier, réalisa Kurenai. Extrêmement fin, presque invisible. Et lorsqu'Ino se mit à l'enrouler autour de son poignet, Tenten esquissa un mouvement de surprise et baissa les yeux. Le fil d'acier était attaché à sa cheville.

– Aconit mauve, répéta Ino avec un sourire victorieux. L'antitoxine que tu as pris traite les symptômes les plus dangereux, et ça t'a rendu trop confiante : mais tu subissais toujours la perte de sensibilité et l'engourdissement. Tu n'as pas senti le fil, mais il m'a permis de connaître ta position avec précision, même à travers le nuage… Et le fait que tu restes immobile, imaginant que j'allais chercher à te prendre à revers, m'a suffi pour lancer la Transposition.

C'était très bien pensé, et Kurenai applaudit avec enthousiasme. Elle n'était pas la seule. Pas mal de gens semblaient impressionnés. Tenten avait démontré de la puissance, de la planification, et de la polyvalence, mais Ino avait démontré de la détermination, de la ruse, et de l'adaptabilité… des qualités de kunoichi, misant sur la subtilité plutôt que sur le choc frontal… Et Ino avait gagné. Elle avait été face à un adversaire plus fort qu'elle, et elle l'avait emporté. Après ça, qui pourrait dire qu'elle ne méritait pas de passer Chuunin ?

oOoOoOo

Il était à présent midi pile. Dans les gradins, pas mal de gens déballaient leurs déjeuners. Dans la loge des Daimyo et des plus riches marchands, des serviteurs apportaient de légers en-cas. Dans la loge des Kages, personne n'aurait été assez imprudent pour relâcher sa vigilance le temps d'un casse-croûte.

Tous les ninjas de Kusa et de Suna surveillaient la progression du soleil avec de moins en moins de subtilité, à présent. Et tous les ninjas de Konoha faisaient mine de l'ignorer : mais eux aussi, le ventre serré, attendaient le moment fatidique. Ce serait juste après ce match. Et, sachant qui étaient les combattants… Ce match, justement, ne serait pas très long. Ni l'un ni l'autre n'était du genre à faire durer le plaisir.

– Match numéro cinq ! appela Hayate. Sasuke Uchiha de Konoha, contre Shizuma Hoshigaki de Kiri !

Kakashi était adossé à un mur dans les gradins, l'air si avachi et désinvolte qu'on l'aurait cru à deux doigts de s'endormir.

Il avait rarement été aussi tendu.

Kakashi n'avait pas voulu de Genins. Il ne savait pas quoi faire de ces gosses. Mais il avait failli les perdre au pays des Vagues, et… Ils étaient à lui à présent. Ils faisaient partie de la meute (et les Hatake avaient toujours eu une meute, avant que Père ne laisse Kakashi seul au monde). Alors il les avait entraînés, protégés, endurcis, formés. Il s'était attaché à eux. Au départ, il aurait pensé que c'était avec Sasuke qu'il aurait eu le plus d'affinité : le surdoué solitaire et renfrogné, traînant derrière lui ses deux coéquipiers comme des boulets. Mais au final… Même si Sasuke lui ressemblait, il voulait suivre un chemin différent. Il voulait être médic, comme Rin. C'était Kiba et Sakura, le duo inséparable, qui voulaient suivre les pas de Kakashi et devenir le même type de ninjas que lui.

Enfin, bref : Kakashi s'était attaché à ces gosses, et il avait été si fier d'eux lors de cet examen. Mais il avait aussi été mort d'inquiétude, parce qu'Orochimaru était la personne la plus terrifiante que Kakashi ai jamais rencontré, et qu'Orochimaru voulait Sasuke. Et… Kakashi avait tendance à penser en solo, d'accord ? Ça avait toujours été son plus grand défaut. Il savait se coordonner avec les autres, faire des stratégies de groupes, prêcher l'esprit d'équipe… Mais au niveau du plan, au niveau de la responsabilité, au niveau des conséquences, Kakashi se considérait toujours comme tout seul. Même s'il avait une équipe, ou un clan, ou un village se tenant à ses côtés : tout était toujours affreusement personnel, comme une blessure à vif.

Kakashi remerciait les dieux que l'adversaire de Sasuke ne soit pas Gaara. Sinon, bonjour le stress. Au moins, là, il affrontait juste un berserk et non pas un Jinchuuriki psychopathe.

Quoique. Rien ne prouvait que Shizuma Hoshigaki ne soit pas aussi un psychopathe. Avec les ninjas de Kiri, on n'était jamais sûr de rien.

– Commencez ! ordonna Hayate.

Ni Sasuke ni Shizuma ne bougèrent, au début. Ils s'observaient d'un air calculateur. Sasuke avait troqué ses vêtements bleus et gris contre des habits entièrement noirs, et portait un tanto accroché dans le dos : avec ses cheveux qui avaient poussé et donc les mèches frôlaient ses épaules, il n'avait jamais autant ressemblé à Itachi. Son adversaire ne semblait pas pressé de faire le premier pas. Shizuma n'avait même pas dégainée la large épée qui était accrochée dans son dos. Cette lame massive ressemblait beaucoup au Hachoir de Zabuza, tout en étant plus courte, avec une longue chaîne accrochée à la poignée.

– Pas de Sharingan ? lâcha Shizuma avec un sourire plein de dents pointues.

Sasuke pencha la tête sur le côté d'un air arrogant :

– J'en ai besoin ?

Ah, Kakashi reconnaissait bien là son élève. Un véritable emmerdeur, quand il le voulait ! Tout à fait l'attitude hip et cool convenant à un petit prodige ! En face de lui, Shizuma avait plissé les yeux d'un air mécontent.

– On m'a promis un défi, Sasuke Uchiha. Voyons si tu seras à la hauteur…

Il bondit en avant. Sasuke recula et attaqua par une volée de shurikens, mais Shizuma les dévia d'un grand coup de son épée avant de l'abattre à l'endroit où Sasuke se trouvait un instant plus tôt, avec tant de violence que le sol se fissura sous l'impact, la poussière volant dans tous les sens. Sasuke dégaina son tanto et un féroce combat de taijutsu et de kenjutsu s'engagea. Très vite il devint évident que Shizuma avait l'avantage : Sasuke était peut-être un peu plus rapide, mais pas de beaucoup, et surtout l'énorme épée de Shizuma lui donnait une allonge considérable. Pendant une minute, peut-être deux, ils s'écharpèrent comme deux chats sauvages, l'acier faisant voler des étincelles et leurs coups fracturant le sol…

– Katon : Boule de Feu Suprême !

A si courte portée, il était impossible à Shizuma d'éviter. Il ouvrit de grands yeux horrifiés et…

– Suiton : Barrière d'Eau !

L'eau et le feu générèrent une énorme explosion de vapeur en se heurtant, noyant l'arène dans un nuage brûlant. Sasuke en émergea relativement indemne, bondissant en arrière dans une pirouette invraisemblable. Shizuma avait quant à lui les sourcils un peu roussis, mais surtout, son calme amusé avait disparu. Un sourire dément étirait ses lèvres. Lorsqu'il se jeta sur Sasuke à nouveau, sa vitesse semblait décuplée.

Et lorsque Sasuke esquiva, lui aussi avait augmenté sa vitesse.

Ils se déplaçaient tous les deux à toute allure, véritables flashs de couleurs zigzagant dans toute l'arène, se heurtant dans un fracas d'acier avant de disparaître à nouveau. Parfois Sasuke reprenait l'avantage, sa vitesse supérieure lui permettant de presser Shizuma : mais l'autre était tout simplement plus fort, plus féroce, plus endurant. Sasuke tentait de reculer mais en vain, Shizuma le suivait, riant à gorge déployée et frappant de son épée massive, transformant ses esquives en pirouettes imprévisibles, semblant toujours retomber du ciel tout droit sur son adversaire, son poids augmentant la force de ses impacts. Sasuke fut égratigné une fois, deux fois trois fois : puis il activa son Sharingan et la lutte commença à être plus égale…

Kakashi se força à expirer lentement. Il avait appris le Chidori à Sasuke mais lui avait fermement enjoins de ne l'utiliser qu'en dernier recours. Non seulement ça drainait le chakra à un rythme phénoménal, mais… C'était aussi un Jutsu mortel. Son but était d'être immédiatement fatal, pas juste de blesser l'adversaire. Et en plus, le sceau qui contenait la Marque Maudite sur le cou de Sasuke avait tendance à rendre ses Jutsu Raiton instables, saturés, multipliant les risques. Ce Jutsu était vraiment dangereux… A vrai dire Kakashi lui avait enseigné cette technique parce qu'il y avait un grand risque que Sasuke affronte Gaara un peu plus tard, et qu'il lui faudrait être préparé.

Mais contre un adversaire aussi fort que ce Shizuma, est-ce que Sasuke ne serait pas obligé de recourir au Chidori ? Kakashi avait entraîné Sasuke non-stop durant un mois pour tripler sa vitesse. Il était probablement aussi rapide que Lee, actuellement. Mais Shizuma réussissait à tenir le rythme !

Shizuma ne faisait pas dans la dentelle : son objectif était de vaincre. Sasuke, cependant, était plus subtil : il n'avait pas oublié qu'il devait également impressionner le public par son intelligence, et pas seulement en frappant comme un idiot. Un bond, un coup de pied de côté, et il parvint à mettre entre lui et son adversaire une certaine distance. Avant que le Genin de Kiri ne puisse lui sauter dessus à nouveau, il composa les signes à toute allure, et esquissa un sourire narquois en voyant son expression alarmée juste avant qu'il ne souffle de toutes ses forces.

– Katon : le Feu du Dragon !

Un dragon de feu jailli des lèvres de l'Uchiha, rugissant en fusant vers sa cible. Trop large et rapide pour esquiver. Shizuma rugit :

– Suiton : la Grande Cataracte !

Une gigantesque trombe d'eau déferma sur l'arène, et Sasuke dut se volatiliser en Shunshin pour ne pas être aplati comme une crêpe. Dans les tribunes, Kakashi se crispa : c'était une technique de rang A, cette chose ! Avec quoi ils nourrissaient leurs mouflets, à Kiri ?!

L'eau n'avait pas encore fini de se calmer (et l'arène ressemblait à présent à ce qui restait après une catastrophe naturelle : le sol était détrempé, labouré, et plusieurs arbustes avaient été arrachés) que Shizuma se retourna vers l'endroit où Sasuke s'était mis en sûreté :

– Suiton : la Vague du Chaos !

Sasuke se roula de côté juste à temps pour esquiver le puissant jet d'eau que son ennemi crachait avec la puissance d'une lance incendie. Un arbuste, sur la trajectoire de l'attaque, fut pulvérisé par la pression.

– Raiton : Décharge ! contra Sasuke.

Shizuma coupa son Suiton juste à temps pour ne pas être électrocuté (eh oui, l'eau était conductrice !), un rictus à la fois enragé et réjoui sur le visage. Le combat s'annonçait brutal. Suiton contre Katon et Raiton, c'était une combinaison explosive…

Leur combat devint si rapide qu'on peinait à les suivre du regard. Attaques de taijutsu dévastateurs, Suiton destructeurs, Katon brûlant, la violence de leurs coups ne cessait de croître. Chaque attaque de taijutsu qui manquait sa cible fissurait le sol à son impact, chaque boule de feu laissait d'énormes traces de brûlées sur le sol, les Suiton et les Raiton labouraient la terre comme des lames démesurées. Le Sharingan de Sasuke lui permettrait de garder l'avantage mais il ne parvenait pas à passer sous la garde de Shizuma pour lui asséner un coup final. Le Genin de Kiri était trop fort, son épée trop dangereuse.

Et à présent, Sasuke commençait à fatiguer. Il avait le souffle court, la sueur perlait à son front… Il fallait qu'il en finisse maintenant s'il voulait une chance de victoire ! Sinon Shizuma allait tout simplement l'épuiser !

Sasuke semblait s'en être rendu compte. Il bondit en arrière, exécutant les mudrâ familiers du Chidori. Kakashi se tendit. Allait-il vraiment… ?! L'électricité se mit à crépiter dans les mains de Sasuke, crissant comme un millier d'oiseaux, avant de se propager sur son bras, son torse, tout son corps, s'agitant de manière erratique. Oh, non qu'est-ce qu'il prévoyait ?

Sasuke se jeta sur Shizuma. Le Genin de Kiri eut l'air alarmé, mais ne perdit pas son expression féroce, et abattit son épée sur le jeune Uchiha…. Kakashi réalisa ce qui allait se passer à peine une seconde avant le choc.

L'acier rencontra le Chidori comme si c'était le tranchant d'une autre épée, et l'impact fut aussi violent que celui d'une bombe. Une bombe de plusieurs milliers de volt.

L'épée de Shizuma explosa en une douzaine de morceaux. Des arcs électriques volèrent dans tous les sens, toute la puissance du Chidori libérée sans aucune direction : le sol détrempé se couvrit d'étincelles grésillantes et de fumée, électrocutant tout ce qui s'y trouvait. Pendant deux, peut-être trois, quatre secondes, ce fut un déchaînement de flash électriques aveuglants et de crissements assourdissants. Dans les gradins, plusieurs personnes se bouchèrent les oreilles ou se cachèrent les yeux avec des cris de surprise.

Et un instant plus tard, ce fut fini. Shizuma gisait au sol, le bout de ses doigts agités de spasmes, mais clairement sonné. Les morceaux de son épée étaient éparpillés autour de lui. Quant à Sasuke, il titubait, mais il était debout… Et indemne.

– Vainqueur : Sasuke Uchiha ! proclama Hayate.

Le public éclata en applaudissements. Kakashi relâcha discrètement une respiration qu'il n'avait pas eu conscience de retenir. Ouf. C'était déjà ça de fait. Maintenant, il ne restait que le sixième et dernier match.

Le match de Gaara.

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Mwahahahahahaha.

J'espère que ça vous a plu !

Et du coup, on apprend la mission secrète de Pakura, on apprend la position de Kiri, et on apprend qu'Ino est devenue badass x) J'espère que ça vous a plu ! Prochain chapitre : Karin VS Gaara ! Accrochez-vous à vos bretelles !

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