[Tous les personnages de Twilight appartiennent à S. Meyer]

Nda : Bonjour ici.

Cette histoire sera en deux parties, parce que j'ai hésité à la continuer en me disant qu'elle était trop... alambiquée. Vous allez voir, y a des triangles qui se triangulent entre eux. J'étais sur le point d'écrire cette deuxième partie pour poster l'histoire... puis je me suis dit, autant d'abord voir si elle plaît pour écrire la suite ou pas (parce qu'il y a quelque-chose comme un millier d'autres histoires en cours d'écriture).

Bonne lecture à vous.

Rating : M


Prologue

Je laissais l'eau chaude couler sur mon corps, lui laissant tout le travail pour me débarrasser de la mousse. Spencer était là, il était toujours là quand j'étais sous la douche. Il n'avait pas pris la peine d'enfiler un t-shirt, il ne portait que son jean et me regardait à travers la paroi vitrée, adossé au mur face à moi. Je lui souris puis me tournai afin que l'eau tombe sur mon visage et passai mes mains dans mes longs cheveux bruns pour vérifier que l'eau avait bien retiré toute la mousse.

J'entendis le bruit d'une fermeture éclair, je me retournai en essuyant mon visage de mes mains pour en retirer l'eau et pouvoir ouvrir les yeux. Il avait ouvert la fermeture de son jean et sa main était dans son boxer.

« Ne fais pas ça, lui dis-je. Pas devant moi.

Il retira sa main et rattacha son pantalon. Je fermai l'eau, sortis de la douche et enroulai ma serviette autour de mon corps.

« Désolé, je pensais que je pouvais. Je sais que je ne peux pas te toucher mais tu n'avais rien dit pour... ça.

« C'est rien. Je sais que tu me regardes puis que tu fais... ça dans ta chambre ensuite mais je ne veux pas voir, ça me gêne.

« Te regarder prendre ta douche ne me suffit plus, avoua-t-il. Je veux plus, je veux te toucher, je veux...

« Je ne peux pas et tu le sais.

« Je suis amoureux de toi.

Sa déclaration me fit de la peine parce que je ne pouvais pas lui donner ce qu'il voulait, ni le sexe, ni l'amour.

« Je sais que tu ne peux rien faire avec moi tant que tu n'es pas amoureuse mais ne ressens-tu pas quelque-chose, toi aussi ?

« Non, lui répondis-je doucement. Je suis déjà tombée amoureuse et...

« Mais il est mort aujourd'hui, tu me l'as dit. Les gens peuvent retomber amoureux.

« Pas les gens de mon...

Je m'avançai vers lui, bloquai mon regard sur le sien. Il avait du désir pour moi, c'était passionné mais l'amour ne faisait pas partie de ce qu'il ressentait. Il pensait seulement que ça l'était... ou il voulait me faire croire que ça l'était.

« Pas les gens comme moi, me repris-je.

« Un baiser, donne-moi juste un baiser, supplia-t-il.

Je lui souris, m'avançai jusqu'à ce que nos corps se frôlent presque. Il attendait dans l'expectative. Je montai ma main jusqu'à son visage et la fis glisser sur sa joue. Nos regards se bloquèrent l'un dans l'autre et j'effaçai toute trace des sentiments et des émotions qu'il éprouvait à mon égard. Le processus était épuisant pour lui et une fois que ce fut fini, il s'endormit. Je retins son corps pour ne pas qu'il se blesse et le laissai seul dans la salle de bain. J'allai dans ma chambre, m'habillai puis je fis mes valises... et je disparus de la vie de Spencer. À son réveil, il n'aura plus aucun attachement ni aucune émotion particulière en pensant à moi. Il pensera juste à moi comme une colocataire qui acceptait de le laisser la regarder.

Quand Laura ouvrit sa porte, elle me découvrit entourée de mes deux valises. Elle me sourit et se décala pour me laisser entrer sans rien dire. Elle savait tout de moi puisqu'on était de la même espèce, on se connaissait depuis le jour où j'étais devenue une oryne. Laura habitait à Seattle, une ville à l'est des Etats-unis, à une trentaine de kilomètres de là où vivait Spencer.

« Et bien, babygirl, ce fut très court avec Spencer, me dit-elle tandis que je m'assis sur le canapé.

« Je sais, soupirai-je. Il voulait plus, il croyait m'aimer.

Laura s'installa sur le fauteuil près du canapé. Elle avait les cheveux blonds, coupés dans un carré plongeant qui lui donnait un air plus sérieux que lorsqu'elle avait les cheveux longs. Elle était bloquée dans ses 29 ans depuis qu'elle était devenue une oryne. Moi, j'avais été transformée à 16 ans.

« Il faut toujours s'attendre à ça avec certains hommes, Jamie, me prévint-elle. Surtout que tu es jolie comme un cœur avec le petit air innocent que tu te trimballes.

Je râlai, cela la fit rire.

« Comment ça se passe avec Tom ? Lui demandai-je pour changer de sujet.

« Ça se passe bien, il est tombé amoureux mais il ne s'en rend pas encore compte.

Je lui fis un sourire compatissant, elle allait devoir le quitter elle aussi.

« Je l'aime bien, murmura-t-elle, pensive.

Je relevai les yeux et dégageai la mèche qui me barrait le visage.

« Tu es amoureuse ? Lui demandai-je.

Laura avait toujours refuser de tomber amoureuse, elle connaissait mon histoire.

« Je pourrais tomber amoureuse mais je ne veux pas que...

Elle se tut et me regarda, tentant de savoir où j'en étais dans mes émotions. Elle ne reprit pas.

« Qu'il t'arrive la même chose qu'à moi, terminai-je.

« C'est ce qu'il se passe quand on tombe amoureuse d'un humain, ils meurent facilement et nous, non. Tu es tombée amoureuse de lui et un an plus tard, il est mort. Je sais à quel point cela t'a dévastée... et te dévaste encore. Tu n'as même pas la mort pour trouver refuge. Je me laisserais tomber amoureuse de Tom si j'étais sûre de mourir à la fin mais je ne veux pas d'une éternité de tortures.

Je baissai les yeux sur mes doigts qui se trituraient les uns aux autres sur mes cuisses. Parler de lui faisait mal. Penser à lui faisait mal.

« Je ne sais pas comment tu peux encore être en vie, ajouta-t-elle. C'est censé t'avoir tuée.

« C'est comme ça que je me sens à l'intérieur.

« Je sais, je le vois quand je te regarde.

Le silence s'installa entre nous, je n'avais rien à ajouter à cela. Les orynes avaient la faculté de déceler les émotions ressenties des autres, c'était l'un de nos deux pouvoirs. La magie coulait dans nos veines et nous octroyaient certains bénéfices. Comme déceler les émotions par le regard et le toucher, modifier les émotions aussi mais seulement par le toucher, nous pouvions aussi nous déplacer rapidement et nous restions éternellement à l'âge de notre changement. Puis il y avait notre autre pouvoir, le principal, celui pour quoi nous avons été créées : l'apaisement des âmes.

« J'aurais aimé que d'autres êtres immortels existent, fit Laura finalement. Pas les lycans, ils étaient vraiment dangereux. Je n'en ai pas revu depuis si longtemps, je crois qu'ils se sont tous entre-tués. Sûrement parce que nous ne sommes plus très nombreuses encore en vie, ils ont dû se battre pour nous avoir. Et vu qu'aucune de nous n'a été emmerdée par ces chiens, je suppose qu'il n'y en a plus.

Je frissonnai. Les loups-garous étaient les seules autres créatures surnaturelles à peupler cette planète et c'était mieux pour nous et les humains qu'ils n'existent plus. Voyant mon effroi évident, Laura changea de place pour me prendre dans ses bras.

« Le dernier que j'ai vu, c'était il y a une centaine d'années, lui confiai-je.

Elle se détacha pour me regarder à nouveau.

« Celui qui était après toi ?

Je hochai la tête. Elle se mit à réfléchir.

« C'était à la même période que lui, ne me dit pas que c'est ce bâtard qui...

« Non, non, c'est pas lui, l'arrêtai-je. C'était la grippe espagnole.

« Sale merde, grogna-t-elle. Si la grippe pouvait se personnifier, je la tuerai.

Je lui souris. Laura était toujours si protectrice avec moi. Elle était forte, je l'admirais pour ça.

« Il te faut trouver un autre ancrage. Désir ou protection ? Ou les deux, pourquoi pas ?

« Protection, évidemment.

« Pourquoi je demande ? Passe au bar où je travaille jeudi soir, vers 20h. Tu peux bien évidemment rester ici en attendant.

Elle se leva et s'en alla dans la cuisine. Comme j'entendis un bruit de casseroles, je supposai qu'elle allait cuisiner. Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit et Tom apparut, il me sourit quand il me vit.

« Bonsoir Jamie, tu reviens passer quelques jours ? Me demanda-t-il en voyant mes valises.

« Si ça ne te dérange pas, bien sûr.

« T'es toujours la bienvenue, Laura t'adore. Elle a toujours besoin d'être protectrice avec toi.

Je lui offris un sourire.

« C'est l'effet que Jamie-Leen a sur la moitié des gens qui s'intéressent à elle, rit Laura avant de l'embrasser.

« Et l'autre moitié ? Demanda Tom.

Laura ne répondit pas, elle savait que je n'aimais pas que ma nature accentue le désir que certains hommes éprouvaient pour moi, j'avais l'impression de profiter d'eux. Ce pouvoir attractif était commun à toutes les orynes et certaines d'entre nous suscitions un autre besoin chez eux, selon ce que nous, nous avions besoin. Et bien, j'avais besoin d'être protégée de mes émotions.

Laura, quant à elle, avait besoin d'être séduite, elle pouvait faire traîner cela longtemps puis elle offrait ce que son ancrage désirait d'elle puis quand elle commençait à sentir ses sentiments arriver, elle effaçait toutes les émotions qui la concernaient de l'esprit de son ancrage avant de s'ancrer sur quelqu'un d'autre. Les orynes étaient obligées de changer d'ancrage, au risque de tomber amoureuse - si la relation était basée sur le désir - sinon, leur ancrage mourrait et elles finissaient comme moi jusqu'à finir par mourir. Généralement, le temps qui passait entre la mort de l'être aimé et la mort de l'oryne ne dépassait guère quelques semaines, quelques mois pour les plus fortes.

Et bien, je devais être sacrément forte, cela faisait un peu plus de cent ans que je l'avais perdu et j'arrivais encore à tenir.


Chapitre 1

Le Holly Days était bondé à cette heure et je sentais déjà l'intérêt de plusieurs personnes à mon égard. Je ne les regardais cependant qu'à peine une seconde car les regarder plus longtemps sera pour eux le signal pour venir m'aborder. Désir, désir, désir, désir... il n'y avait que ça. J'écoutai les conversations plus ou moins éloignées de moi, je pouvais élargir le champ de mon écoute sur plusieurs mètres autour de moi quand je le voulais. Au vu de ce que j'entendais, l'endroit n'était pas très bien fréquenté. Drogue, sexe, argent étaient les sujets principaux.

Laura essayait de me dépraver, ça ne pouvait être que la seule raison pour laquelle elle m'avait dit que je trouverai un ancrage ici. Elle ne comprenait pas que je n'accepte pas les relations plus intimes, ça faisait partie de la nature de toutes les espèces animales de cette planète, qu'elle disait. Elle n'avait aucun mal à profiter des plaisirs de la chaire mais moi, je ne pouvais pas. Je ne voulais pas profiter d'eux, ils ne savaient pas qu'ils se faisaient juste avoir par ma nature.

Désir, désir, inquiétude... inquiétude ?

Je laissai mon regard traîner sur l'homme en question, il s'agissait d'un homme au teint mate et aux cheveux longs grisonnants d'une cinquantaine d'années qui me regardait effectivement avec de l'inquiétude et un sentiment protecteur. L'inquiétude n'était qu'une émotion de surface, plus profondément, il était anéanti. Son besoin de protéger le fit venir vers moi, il s'installa de l'autre côté de la table à laquelle j'étais installée.

« Bonsoir, me dit-il. Je m'appelle Jack.

« Jamie, me présentai-je.

Le lien d'ancrage se ferait progressivement et alors, je pourrais rester auprès de lui et ma présence l'apaisera.

« Je... mince, tu dois penser que je suis un pervers, je ne suis pas venu pour te draguer, ne t'inquiète pas à ce propos.

Je lui souris.

« Je sais, je n'ai pas pensé cela. Vous avez...

Je m'arrêtai, jaugeant si je pouvais mettre son émotion sur le tapis.

« L'air inquiet.

Il me sourit.

« Oui, c'est que... c'est que cet endroit n'est pas très bien fréquenté et je voulais m'assurer que tu étais en sécurité. J'aurais aimé que quelqu'un fasse la même chose pour ma fille.

Je posai ma main sur les siennes qui étaient croisées sur la table.

« Je suis désolée, lui glissai-je. À vos paroles, j'ai l'impression qu'il est arrivé quelque-chose de mal à votre fille.

C'était pour cela, la douleur qu'il ressentait.

« Oui mais je préfère ne pas y penser, c'est trop difficile.

Je serrai ma main sur la sienne en réconfort.

« Tes parents savent que tu es ici ?

« Je suis orpheline.

Il retira l'une de ses mains de sous la mienne et la posa au-dessus, prenant ma main en sandwich.

« J'en suis navré. Tu as été recueillie par de la famille ? Un foyer ?

« Non, rien de tout ça. Je n'ai plus de famille et les foyers ne me conviennent pas.

« Où vis-tu, alors ?

« Chez une amie, pour l'instant, mais je ne peux plus rester chez elle alors, je ne sais pas.

Il allait falloir plusieurs rencontres avant qu'il ne me fasse totalement confiance et que le lien d'ancrage se forme totalement mais c'était bien parti. Je n'avais pas autant de mal à laisser mon ancrage avoir ce besoin de protection pour moi, ce n'était pas pareil, car ceux qui développaient ce besoin avait toujours quelque-chose au fond d'eux de brisé. C'était alors un échange de bons procédés. Ils me permettaient de survivre et j'apaisai leur âme en échange. Une fois qu'ils allaient mieux, je pouvais les laisser construire leur nouvelle vie.

« Tu n'es pas une simple humaine, n'est-ce pas ?

Je relevai les yeux vers lui, retirant ma main. Il ne pouvait pas savoir ?

« Comment ça ? Lui demandai-je.

« Je la ressens, la magie qui t'habite.

« C-comment est-ce possible ?

« Je fais partie d'une tribu amérindienne, nous croyons à la magie, c'est probablement pour ça.

Il remarqua mon agitation intérieure. Jamais un humain n'avait découvert que je n'étais pas humaine, du moins pas simplement humaine sauf celui que j'aimais toujours, parce que je le lui avais dit mais il avait emporté mon secret dans la tombe.

« Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien à personne, tu peux me faire confiance. J'ai simplement envie de t'aider.

« Je ne le suis pas totalement, en effet, avouai-je. Je suis devenue ce que je suis par la magie mais ce n'était pas de ma volonté. Mais je vous promets, jamais je n'ai et ne ferai de mal à quelqu'un. On a justement été créées dans le but d'apaiser les âmes.

Je préférai éviter de lui révéler qu'en premier lieu, il s'agissait d'apaiser celles des lycans, ça rendrait les choses bien plus effrayantes et les humains ne croyaient plus aux loups-garous, de toute façon. Enfin, peut-être que lui me croirait.

« Je comprends, je me rends compte maintenant que tu me le dis, que mon esprit ne tourne plus uniquement autour du mal que je ressens.

Je lui souris.

« Nous avons besoin de nous attacher à quelqu'un pour survivre, lui expliquai-je. On appelle cette personne notre ancrage et en échange, nous lui donnons ce dont il a besoin ou envie.

Il fronça les sourcils.

« C'est affreux, vous êtes obligée de... d'avoir des...

Il était horrifié et je devinais rapidement pourquoi.

« Non, on n'est obligée à rien. Je ne le fais pas, ils peuvent seulement obtenir ma compagnie, par exemple. Certaines orynes répondent à un autre besoin que le désir, qui est changeant selon les orynes. J'ai toujours besoin d'être protégée, peut-être parce que j'ai été changée trop jeune.

Il hocha la tête.

« C'est pour cela alors, que je suis venu à toi.

« Vous avez perdu votre fille, ça a dû provoquer ce besoin de protéger les autres.

Il hocha la tête de compréhension.

Il fallut une balade au parc et un déjeuner au Mcdonald's pour qu'il en vienne à me proposer d'emménager chez lui. Je serai la fille d'amis à lui récemment décédés, il dirait à ses amis qu'il s'était proposé de m'accueillir jusqu'à ce que je sois en âge de voler de mes propres ailes. Un père adoptif, en somme.

Ce fut ainsi que deux semaines après notre première rencontre, j'emménageai chez lui, dans la réserve Quileute.

J'étais en train de sortir mes valises de son véhicule quand une jeep se gara derrière moi. Un homme, d'environ 25 ans, au même teint mate que Jack, sortit du véhicule. Ses yeux bruns étaient sérieux, ses cheveux courts étaient noirs, il était grand et musclé et ne portait qu'un short et avait oublié de mettre des chaussettes avant d'enfiler ses baskets. Non pas que je l'examinai des pieds à la tête... bon, si je l'avais fait.

Il ne me parla pas mais il m'avait jaugée lui aussi. Il me mettait mal à l'aise, il avait un côté animal dans son esprit et ça me rappelait les loups-garous. Seul le fait que ses émotions ne partaient pas dans tous les sens comme je l'avais vu chez les lycans me rassura sur le fait qu'il n'en était pas un. Il se dirigea vers son coffre et en sortit un fauteuil-roulant qu'il emmena de l'autre côté de sa voiture. Je remarquai alors qu'un autre homme, un peu moins âgé que Jack, se trouvait sur le siège passager. Celui-ci ouvrit sa portière et se hissa sur le fauteuil-roulant que le plus jeune tenait.

« Jamie, je t'ai parlé de Billy, l'un des trois chefs de la tribu, je lui ai évidemment parlé de ta venue, et voici Sam, il est en quelque sorte responsable de la sécurité des habitants de la réserve.

« J'ai été surpris de découvrir que Jack s'était lié d'amitié avec des visages pâles. Désolé pour tes parents mais je ne te cacherai pas que cela me paraît bien étrange, surtout maintenant que je te vois.

Je fixai mon regard au sien, il était suspicieux, méfiant. Étant supposée avoir perdu mes parents récemment, je gardais une expression triste. Ce n'était pas difficile, j'étais toujours triste, il ne pourrait seulement pas savoir que c'était pour autre chose.

« Je te prierai de garder tes méfiances pour toi, s'agaça Jack. Je comprends que cela te semble bizarre mais non, elle n'essaye pas d'obtenir mon argent. Il n'y a pas d'argent à prendre, de toute façon.

« C'est de cela dont vous avez peur ? Demandai-je à Billy. Mes parents m'ont laissé beaucoup d'argent comme héritage, je ne manque de rien.

Avec 149 ans d'existence en tant qu'oryne, j'avais pu obtenir quelques héritages de certains de mes ancrages, ils m'avaient mise sur leur testament, estimant que je l'avais mérité ou parce qu'ils n'avaient aucune famille. Et cet argent fructifiait chaque année, j'avais dû me le léguer à moi-même en tant que ma propre fille quand j'étais censée être assez vieille pour mourir.

« C'était ma crainte, oui, mais plus maintenant.

Il était toujours méfiant et j'imaginai qu'il sentait lui aussi la magie dans mes veines. Jack changea de sujet en mettant une future partie de pêche avec un certain Charlie, je lui en étais reconnaissante car Billy se laissa détourner de mon cas. Finalement, les visiteurs s'en allèrent non sans que Billy me jette un regard qui signifiait probablement qu'il m'avait à l'œil.

« Ne t'inquiète pas, me dit Jack quand on se mit à table le soir, ils finiront par voir que tu n'es pas maléfique.

« Je n'ai jamais été confrontée à autant de méfiance de la part d'une personne, avouai-je. Sam non plus ne me fait pas confiance, même s'il n'a rien dit, je l'ai senti.

« Ils finiront par s'y résoudre, me rassura-t-il.

Le lendemain, je passai la journée à me promener dans la forêt et j'avais fini par tomber sur une plage. J'avais croisé d'autres Quileutes mais ils se méfiaient tous de moi et aucun ne voulait m'adresser la parole, même quand je les saluais. Ils avaient tous les cheveux longs, même les gars et j'imaginai que c'était habituel chez eux, il n'y avait que Sam qui dérogeait à cette règle.

Je finis par remonter de la plage par un petit chemin, il y avait une femme qui étendait le linge près d'une maison en bois. Je reportai mon regard sur le sol et continuai sans la saluer, je ne savais pas si elle m'avait remarquée parce qu'elle était occupée avec son linge mais je sentis finalement son regard sur moi.

« Bonjour, me salua-t-elle.

Je relevai le visage vers elle, étonnée qu'elle m'adresse la parole. Je fus également surprise par les cicatrices qui traversaient sa joue mais repris contenance parce qu'elle commençait à se sentir gênée par mon regard.

« Tu dois être la petite protégée de Jack, me sourit-elle.

Je lui rendis son sourire.

« Bonjour, oui, Jamie. Désolée de ne pas t'avoir saluée, tout le monde semble vouloir m'éviter alors j'ai pensé...

Je haussai les épaules pour terminer ma phrase.

« Ils sont méfiants par nature, ils n'aiment pas beaucoup ce qui sort de l'ordinaire et ce qu'ils ne comprennent pas.

« Mais pas toi ? M'enquis-je.

« Et bien, tout le monde est innocent jusqu'à preuve du contraire, non ? J'ai dit à Sam de te laisser le bénéfice du doute, puis si Jack te fait confiance, alors c'est probablement que tu en es digne. J'espère qu'un jour, tu nous expliqueras ce que tu es.

« Jack sait mais... je ne suis pas habituée... à en parler.

J'espérais qu'elle n'insisterait pas, ma nature immortelle était un secret qu'il valait mieux taire. Elle hocha la tête et m'invita à prendre une boisson chaude, j'acceptai volontiers. Emily était la fiancée de Sam et elle m'expliqua que ses cicatrices avaient été causées par un ours.

Quand je rentrai, Jack me demanda comment s'était passée ma journée, je lui racontai ce que j'avais fait, parce que ça lui faisait plaisir, il n'était pas content que tout le monde m'évite, mise à part Emily. Il était d'ailleurs ravi qu'elle soit devenue mon amie et s'inquiétait de la réaction de Sam quand il le saurait. De ce que Jack me disait, j'avais conclu que Sam aussi avait ce besoin de protection envers sa fiancée, surtout depuis qu'elle avait été attaquée par cet ours.

« Je t'ai inscrite au lycée de Forks, la rentrée est lundi et je suis allé t'acheter les fournitures scolaires dont tu auras besoin.

« Il n'y a pas de lycée ici ? M'intéressai-je.

« Si mais... ils ne prennent plus les inscriptions.

Il était gêné, il ne me disait pas la vérité. Je n'y étais peut-être pas la bienvenue. Je hochai la tête.

« Tu me diras combien ça t'a coûté, je rembourserai.

« Inutile, balaya-t-il.

Je voulus insister, il le devina.

« C'est le rôle que j'ai pour toi, maintenant, tu as oublié ?

« Non, tu as le rôle d'un père pour moi, rétorquai-je.

« Les pères payent les fournitures d'école de leur fille, adoptive ou non.

« Je capitule, cédai-je en levant les mains.