Bonjour à toutes et à tous ! J'espère que vous allez bien =D On se retrouve aujourd'hui pour le huitième chapitre de SAMLD !

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À la base, l'ouverture de la boutique ne devait faire qu'un chapitre, mais il y avait trop de POV à caser, et si je les avais tous mis dans le même chapitre, il aurait fait plus de 30 000 mots ! Là, il fait 17 000 mots, j'ai préféré le couper là pour avoir deux chapitres avec à peu près la même longueur. Enfin, je dis ça, mais la 2e partie n'est même pas encore écrite XD Ça se trouve, elle va faire 22 000 mots…

Tout le chapitre n'est pas exclusivement centré sur la boutique, les deux premiers POV le sont, les autres un peu moins, mais le sujet n'est jamais très loin ! Mais je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir le chapitre par vous-mêmes, en vous souhaitant une agréable lecture !

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7 – L'inauguration (1ère partie)

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(vendredi 12/07) POV George

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C'était le grand jour. Après des mois de dur labeur, d'insomnies et d'arrachages de cheveux, la boutique ouvrait enfin ses portes. Il était sept heures, et le top départ, qui était initialement prévu à dix heures, avait été avancé à neuf heures, les jumeaux ayant songé que la matinée aurait été trop courte. Au niveau des produits et de l'agencement de l'espace, tout était prêt. Les tables avaient été collées aux murs la veille pour libérer un maximum de place, la boutique avait été décorée le matin-même, les étagères étaient pleines, et les ateliers avaient été préparés une demie-heure auparavant. Comme l'ouverture avait été décalée à neuf heures, Fred et George avaient décidé d'offrir des jus de fruit, du jus de citrouille et des viennoiseries en guise de bienvenue. Ils avaient commandé tout cela au Chaudron Baveur qui allait être leur fournisseur officiel pour toute la journée. Et c'était cela que les jumeaux et Agathe étaient en train de régler : le buffet du matin et du midi. Pour être tout à leurs clients sans être dérangés à onze heures, ils avaient préféré se faire tout livrer d'un coup et stocker la nourriture du midi dans la réserve. C'était ce que faisait Fred tandis que George réceptionnait les cartons du matin qu'il acheminait vers la boutique et qu'il déballait. Agathe, elle, disposait sur une très grande table les croissants, les scones, les muffins, les pains au lait, les toasts, les confitures et le beurre qu'elle protégeait avec un sort conservateur et un sort de fraîcheur, et versait les boissons dans des gobelets qu'elle mettait eux aussi sous sort de fraîcheur. Tout était millimétré, et il en était de même chez les quatre employés du Chaudron Baveur qui avaient été chargés d'amener les colis. Parmi eux, il y avait Théodore Nott, un ami de Ron, qui avait un job d'été à l'auberge. Il était censé être de repos ce jour-là, mais il avait été volontaire pour aider ses collègues.

À huit heures quinze, tout était fait. George entassait les cartons vides dans la poubelle, à l'extérieur de la boutique, quand deux mains lui cachèrent soudain la vue. Il sursauta en criant et fit vivement volte-face. Il soupira de soulagement en tombant sur le visage rieur de son petit-ami.

- Tu m'as fait peur, protesta George en faisant mine de bouder.

- C'était le but, s'amusa Olivier. J'ai de la chance d'être arrivé pile quand tu étais dehors, à l'écart et à l'abri des regards… Ça nous permet d'avoir des retrouvailles plus intimes.

- C'est vrai. Et je suis content que tu sois là, murmura George en s'approchant d'Olivier.

Il combla les quelques centimètres qui les séparaient et ce fut d'un même mouvement qu'ils unirent leurs lèvres. Ils échangèrent un long et tendre baiser, qui leur fit oublier tout ce qu'il y avait autour d'eux. Il aurait pu durer des heures, tant ils étaient bien, mais ce fut George qui finit par le rompre, sans toutefois décoller son front de celui d'Olivier.

- Je ne vais pas être très dispo, tu t'en doutes, mais j'essaierai d'avoir quelques minutes pour toi par-ci par-là, promit-il.

- Oh, ce ne sera pas nécessaire.

George fronça les sourcils.

- Comment ça ?

- On aura plus de temps pour nous les jours d'après…

Les yeux de George s'illuminèrent.

- Tu vas rester un peu ici ?!

- Oui, je ne repars que mardi soir, précisa Olivier avec un grand sourire.

- Mais… c'est génial !

Fou de joie, George embrassa de nouveau Olivier, mais avec bien plus de fougue, ce qui fut loin de déranger Olivier qui participa ardemment au baiser. Il fut si passionné que le couple fut légèrement essoufflé lorsqu'ils détachèrent leurs lèvres.

- Mais… et les entraînements ? s'interrogea George. Ils vont bientôt reprendre…

- Pas avant le vingt, il manque un poursuiveur. Felix a fait publier une annonce dans la Gazette, il se laisse jusqu'au dix-sept pour refaire des sélections avec les potentiels candidats, et si aucun ne fait le poids, l'un des retraités a accepté de conserver provisoirement son poste. Il s'en ira quand Felix aura déniché la perle rare. Cela nous fait des vacances en plus, mais ce n'est pas top pour l'équipe. Notre force, et celle des équipes qui montent dans le classement, c'est qu'on continue à s'entraîner pendant l'été, après deux à trois semaines de congés, selon la date du dernier match. Comme ça, les recrues se familiarisent avec leurs coéquipiers, et on fait des matchs amicaux avec d'autres équipes. Ces matchs sont l'occasion de tester les recrues, en repérant leurs points forts et leurs points faibles, leurs affinités avec les autres joueurs, de noter la cohésion du groupe en général… Et l'ambiance de ces matchs est hyper agréable. Il n'y a pas de rivalité, pas d'enjeu de victoire ou de points, on a tous les mêmes objectifs, et ce n'est pas de gagner. Felix m'a raconté qu'il y a deux ans, lors d'un match contre les Crécelles de Kenmare, une des recrues du Club de Flaquemare avait été très à l'aise avec le souafle, qu'elle était particulièrement douée pour l'intercepter, et qu'elle avait été celle qui avait le plus essayé de marquer. Mais sans succès. C'était comme si tout était contre elle. Lorsqu'au bout d'une quinzaine d'échecs, le souafle a finalement daigné traverser l'anneau central, tout le monde a applaudi, même les joueurs de Kenmare, que ce soit sur le terrain ou dans les gradins. Ça a dû être l'un des buts les plus mémorables de sa carrière ! Car avant d'intégrer le Club de Flaquemare, elle était chez les Roselins de Barnton. Mais elle avait des ambitions et ce n'était pas dans cette équipe qu'elle allait les réaliser… Bref, tout ça pour dire qu'on va avoir un ou deux entraînements qui vont sauter. Mais ça ne fait rien. Le principal, c'est qu'on ait une solution éphémère avec Nick, qui était plus apte à retarder sa retraite qu'Edgar.

- Oui, sans lui, vous auriez été bien embêtés… Sinon, ça a été, chez tes parents ? Ils vont bien ? Et ta sœur ? Comment va-t-elle ? Est-ce qu'elle s'est assagie ?

- Ouah, doucement ! rigola Olivier. Ma famille va très bien, et c'était super d'être une semaine avec eux. Quant à Eileen, elle ne s'est pas du tout assagie, bien au contraire ! Elle est officiellement plus casse-cou que moi. En marchant dans la rue, elle a croisé des enfants qui avaient perdu leur ballon en l'envoyant au-dessus d'une clôture. N'écoutant que son bon coeur, Eileen a escaladé la clôture, mais elle était très haute et elle n'avait comme appuis que des poteaux situés à gauche et à droite de la clôture. Elle a glissé, elle a fait une chute de deux mètres et elle s'est cassé le poignet droit. Les médicomages de Sainte-Mangouste n'ont bizarrement pas été très étonnés quand elle a débarqué à l'hôpital avec mes parents. Ça fait quatre fois en un an qu'elle se blesse en faisant des trucs comme ça. En juin dernier, elle s'est foulé la cheville, en octobre, elle s'est fait une fracture à la clavicule, en mars, elle s'est fait une entorse au genou, et il y a un mois, c'était le poignet… Elle va tout nous faire. Et ça exaspère mes parents.

- Elle rattrape cinq ans d'inactivité, plaida George, indulgent.

Eileen, la petite sœur d'Olivier, avait eu de très graves problèmes de santé entre ses huit à treize ans qui l'avaient empêchée d'être scolarisée à Poudlard. Elle était entièrement guérie depuis un an, mais ayant été dans l'incapacité de faire de la magie ou des potions durant les périodes où elle était trop faible, elle était en retard sur la pratique en Défense Contre les Forces du Mal, en métamorphose, en potions, et dans une moindre mesure, en sortilèges. En revanche, elle était à jour sur la théorie dans toutes les matières, et elle était même en avance en botanique, histoire de la magie, métamorphose et sortilèges. Elle était donc très décalée par rapport aux élèves de quatrième année de Poudlard, ce qui faisait qu'il était impossible pour elle de poursuivre ses études là-bas, à moins de jongler entre les cours des troisième, quatrième et cinquième année. Mais ceci était tout simplement infaisable à cause de l'incompatibilité des emplois du temps. Eileen n'avait pas été si déçue que cela, aimant la vie qu'elle menait, appréciant de faire cours chez elle, d'aller à son rythme et de se divertir avec les enfants et adolescents de l'association où elle allait tous les week-end quand elle était suffisamment en forme. Mais depuis qu'elle allait mieux, elle l'avait quelque peu désertée, préférant aller courir et faire des activités acrobatiques dehors, en grimpant et en sautant par-dessus tout et n'importe quoi. Elle était une vraie pile électrique, comme disait Olivier dans ses lettres à George, dans lesquelles il l'informait de tout ce qui avait trait à lui, à sa famille et à son équipe. George n'avait jamais vu les parents et la petite sœur d'Olivier, mais il avait l'impression de tout connaître d'Eileen, tant Olivier lui parlait d'elle.

- Ah mais moi, je ne lui reproche rien ! se défendit Olivier. Je serais gonflé de lui faire la leçon, car j'ai beau être moins téméraire qu'elle, j'ai néanmoins le même goût du danger qu'elle. En témoigne la commotion cérébrale que j'ai eue lors de mon tout premier match de Quidditch…

George n'était pas encore à Poudlard quand ce match avait eu lieu, mais il avait entendu maintes et maintes fois l'anecdote de son petit-ami sur sa première confrontation avec l'équipe de Serpentard. À l'heure de jeu, les verts et argent étaient menés cent vingt à quarante, et par crainte que l'écart se creuse et qu'ils ne gagnent pas, même si leur attrapeur s'emparait du vif d'or, les poursuiveurs et les batteurs s'étaient coordonnés pour qu'Olivier ne puisse pas bloquer leur tir en dirigeant le souafle et le cognard vers le même anneau. Nul n'en aurait voulu à Olivier s'il avait octroyé ce but à l'équipe adverse, mais il n'avait pas été de cet avis et il avait foncé vers l'anneau pour repousser le souafle. Il y était parvenu, mais ce faisant, il n'avait pu éviter le cognard qui l'avait frappé en pleine tête. Il avait chuté de son balai et il avait été dans le coma pendant une semaine à l'infirmerie.

- Tel frère, telle sœur ! Vous faites bien la paire. Eileen, c'est toi, mais version féminine et deux fois plus intrépide, commenta George. En fait, c'est une bonne chose qu'elle n'aille pas à Poudlard. Elle ferait en sorte d'être admise dans l'équipe de Quidditch de sa maison et elle ne ferait que se blesser en étant trop imprudente lors des entraînements…

- Oui, ce ne serait pas encadré comme ça l'est dans son club… Enfin bon, même si c'est super bien sécurisé là-bas, elle a réussi à se faire mal en se cognant violemment le genou dans un virage hyper serré…

- Ah oui, c'est dans son club qu'elle s'est fait son entorse au genou…

- C'est ça. Les enfants et les ados ont pourtant des protections, que ce soit aux coudes, aux genoux ou à la tête, ce qui fait que les blessures sont rares, mais ça n'a pas freiné Eileen… C'était bien trop périlleux de tenter ce virage, et elle s'était fait disputer à la fois par l'entraîneur et par nos parents. Moi, j'en aurais été incapable.

George écarquilla les yeux.

- Quoi ?! Toi, incapable de disputer quelqu'un ?! Alors que tu houspillais Katie, Angelina et Alicia quand elles étaient trop lentes à l'entraînement, et que tu rouspétais dès que Fred et moi faisions des bêtises avec nos farces ?!

- Ce n'est pas pareil, j'étais votre capitaine ! Eileen, c'est ma petite sœur que je ne vois que deux ou trois fois dans l'année… Elle est certes complètement folle, mais elle n'est pas méchante, et elle est tellement adorable…

- Eh bien j'ai hâte de découvrir cette grande aventurière qui a le don de faire craquer celui qui nous hurlait dessus quand il était capitaine !

- Justement, puisque tu abordes le sujet… Ce n'est pas ma sœur, mais mes parents. Lorsque j'étais chez eux, ils m'ont dit qu'ils aimeraient bien te rencontrer.

Cette annonce eut l'effet d'un court-circuit dans le cerveau de George. Il n'était pas préparé à cela, et ce fut ce qu'il dit à Olivier :

- Wow, souffla-t-il. Je ne m'attendais pas à ça…

- Ça fait deux ans et demi qu'on est ensemble, ils ont jugé qu'il était temps de voir en chair et en os celui qui était responsable du bonheur de leur fils… Mais si c'est trop tôt pour toi, je le leur dirai et ils ne t'en voudront pas.

George secoua la tête.

- Non, non, je t'ai bien introduit auprès de mes parents, ce serait normal que tu fasses de même avec les tiens… Et ça me ferait plaisir. Le truc, maintenant, ça va être de se mettre d'accord sur une date qui nous ira à tous…

- On y réfléchira durant mon séjour. Car, aujourd'hui, ça ne va pas être ta priorité… D'ailleurs, vous en êtes où, avec la boutique ?

- Tout est prêt, il ne manque plus que les clients ! Mais l'ouverture n'est que dans vingt minutes, on a le temps. D'ailleurs, si tu as un petit creux, il y a de bonnes choses à manger à l'intérieur…

- C'est pour les clients, non ?

- Oui, mais toi, tu es un invité d'honneur, souligna George, mutin.

- Oh, dans ce cas, je ne dis pas non !

Il n'en fallut pas plus pour que George emmène Olivier à la boutique. Ils allèrent derrière le rideau qui cachait tout.

- Oh, voilà le beau frère ! s'exclama Fred. Salut, Olivier ! Comment ça va ?

- Eh bien, plutôt bien, mes congés sont prolongés jusqu'au vingt, et même si j'adore le Quidditch et mon équipe, quelques jours de farniente en plus, ce n'est pas de refus…

- Bah, on ne va pas te jeter la pierre parce que tu es content d'avoir un peu plus de vacances… Être titulaire dans une équipe qui joue à la fois la Coupe de la Ligue et la Coupe d'Europe, ce n'est pas de tout repos ! Bon, tu n'étais pas titulaire officiel, mais c'était tout comme… Sur les douze matchs de la Coupe de la Ligue et les cinq matchs de la Coupe d'Europe, combien en as-tu joué ?

- Euh… respectivement dix et quatre, si ma mémoire est bonne…

- Ouais, tu les as quasiment tous faits, quoi… Mais est-ce que Rodler va bien ?

- Ce n'est pas la grande forme, il alterne entre opérations et rééducation. C'est très éprouvant, mais c'est essentiel pour son bras. Le plus dur à encaisser, c'est qu'il sait qu'il ne fera plus de Quidditch. Son bras a subi trop de dommages…

- Le pauvre, murmura Fred. C'est triste pour lui… Et aussi pour l'équipe. Vous perdez un excellent gardien…

- Oui, mais sa santé prime avant tout, trancha Olivier à regret.

- C'est un problème récurrent, chez les joueurs de Quidditch, d'avoir un ou des os trop abîmés pour continuer leur carrière ? Car cette année, il y a un joueur de l'équipe de Quidditch de Serpentard qui a eu le même souci que Rodler…

- Warrington, ce n'est pas pareil, c'est la violence du cognard qu'il a reçu qui a fragilisé son épaule, rectifia George.

- Que ce soit un seul choc trop rude, ou une répétition excessive de blessures, les deux cas sont très fréquents dans le milieu du Quidditch, signala Olivier. Les potionnistes essaient de créer une potion qui, associée à une intervention chirurgicale, renforcerait à bloc les os usés, mais c'est un projet très long et très fastidieux…

- Tu es bien renseigné, constata George. Tu t'es documenté par peur d'être concerné ?

- Entre autres, oui. Bon, je termine mon scone et je vais aller me fondre dans la masse. Je veux être un client comme les autres quand vous ouvrirez. Et puis, si je m'éternise, je vais tout dévorer… Les scones et les muffins sont délicieux. C'est vous qui les avez faits ?

- Non, on a tout commandé au Chaudron Baveur. C'était plus pratique ainsi. On avait décidé de se faire livrer la veille au soir, entre vingt heures et vingt-deux heures, quand on aurait fait tout ce qu'il y avait à faire, mais les tarifs étaient moins chers de six heures à huit heures. Et à la base, il n'était pas censé y avoir de buffet le matin. On a eu l'idée quand l'ouverture a été avancée d'une heure. Et ça a chamboulé toute la chronologie de la journée qu'on avait fixée. Les ateliers vont débuter à onze heures au lieu de dix heures, et il n'y en aura plus quatre, mais six pour que ce soit plus dynamique et divertissant. On en fera même un ou deux de plus s'il y a encore du monde à dix-neuf heures. Ça devait être l'heure de fermeture, mais ce sera finalement vingt-et-une heures pour qu'on puisse faire un max de choses. Mais on détaillera tout ça quand les clients seront là.

- Bien. De toute façon, je suis sûr que tout sera parfait !

Une fois la dernière bouchée de cake avalée, Olivier s'éclipsa après avoir embrassé George. Celui-ci jeta un coup d'oeil à l'horloge. Plus que dix minutes, et la boutique allait être dévoilée dans toute sa splendeur… Le stress envahit petit à petit George. Il s'adressa à Fred :

- Tu n'as pas trop le trac, toi ?

- Ben… si le trac, c'est avoir les mains moites, scruter l'heure toutes les deux minutes, se retenir de faire les cent pas, et avoir méga chaud, il est fort probable que j'ai le trac, oui. Mais comme c'est la première fois que j'expérimente cette sensation… Ça ne sort pas d'ici, hein ?

- Non, promis, jura George. Mais tu n'as pas à avoir honte. C'est un grand jour, c'est la naissance de notre boutique ! Qui ne serait pas stressé, franchement ?

- C'est vrai, intervint Agathe. Et ce n'est pas parce que vous êtes réputés pour votre insouciance que vous n'avez pas le droit d'être nerveux… C'est humain. Et vous êtes humains. Mais ça va aller. On va gérer.

Les derniers mots d'Agathe firent naître une douce chaleur chez George. Par ce «on», elle s'incluait à part entière dans l'entreprise de la boutique, ce qui n'était pas pour déplaire à Fred et George qui la considéraient comme leur égal, et elle leur assurait par la même occasion qu'elle serait là pour les aider en ce jour spécial. S'il n'avait pas été gay, comme Fred, il serait tombé sous le charme de cette fille. Elle était géniale. Mais il n'était attiré que par la gente masculine, Fred par la gente féminine, et c'était très bien comme ça. Ils auraient détesté être en compétition sur le plan sentimental ! Pour le coup, la nature avait bien fait les choses.

- Bon, stress ou pas, il faut faire bonne figure devant les clients ! enchaîna Agathe en tapant dans ses mains. Et c'est ce qu'on va faire dans trois minutes…

Trois paires d'yeux se braquèrent derechef sur l'horloge. Fred, George et Agathe virent les secondes s'égrener lentement, et à neuf heures précises, ils déverrouillèrent la porte et remontèrent le rideau.

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POV Fred

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Aussitôt, les clients se ruèrent dans la boutique. Malgré le fait qu'il fût assez tôt pour un jour de vacances, il y avait tant de monde que si Fred et George avaient prévu de compter le nombre de clients dès les premières minutes, ils auraient vite renoncé. Lorsqu'ils furent tous entrés, Fred prit la parole :

- Bonjour à toutes et à tous ! Nous sommes ravis de vous accueillir en ce jour mémorable ! Cela fait trois mois et demi que nous travaillons d'arrache-pied pour faire de ce local une boutique de farces et attrapes, et c'est avec une immense fierté qu'elle ouvre ses portes aujourd'hui ! La journée va être divisée en deux temps : la présentation des produits ce matin, qui durera environ deux heures, et des ateliers de onze heures à dix-neuf ou vingt-et-une heures en fonction du monde qu'il y aura ce soir. Et pour vous sustenter, il y aura de quoi manger en permanence ! Là, vous avez des viennoiseries, et ce midi, il y aura des toasts, des sandwichs, des tartes et des gâteaux ! Vous allez vous régaler. Outre cela, vous l'aurez peut-être remarqué, mais George et moi ne sommes pas seuls. Cela fait quelques semaines que nous avons Agathe, notre toute première employée, sans qui la boutique ne serait pas ce qu'elle est à l'heure qu'il est.

- Oui, il y a un mois et demi, en débarquant sur le Chemin de Traverse, elle a rejoint l'aventure de la création de cette boutique. Aventure qui a commencé quand Fred et moi étions en cinquième année à Poudlard. Au château, nous fabriquions nos produits soit dans notre dortoir, soit dans les cachots, soit dans des salles de classe vides, en faisant en sorte de ne pas se faire repérer, et chez nous, nous les fabriquions dans notre chambre, en tâchant de ne pas faire trop de bruit pour ne pas éveiller les soupçons de nos parents. Autant dire que nous n'étions guère dans des conditions très idéales, et que nous avons été bien contents lorsque nous avons eu ce local ! Bien que, même ici, notre parcours ait été semé d'embûches… Mais cela ne nous a point freinés, nous avons surmonté tous les obstacles, et tout cela est derrière nous, désormais. En ce vendredi douze juillet, nous sommes tous réunis ici, et nous vous remercions tous d'être là ! Fred et moi allons vous présenter nos inventions, mais vous pouvez circuler dans la boutique, manger, faire vos emplettes… Pour les plus impatients, Agathe est d'ores et déjà à la caisse. Pour ceux qui nous écouteront, si vous avez des questions, n'hésitez pas ! Bien, c'est Fred qui va vous montrer le tout premier objet.

Les jumeaux avaient empilé dans un carton les articles dans l'ordre alphabétique de leurs noms. Ils étaient tous dans leurs boîtes, mais Fred et George avaient une technique pour déchirer rapidement et efficacement les emballages. Fred se saisit du produit qui était sur le dessus.

- Baguette farceuse ! C'est une baguette qui a l'air tout à fait normale, mais qui, en réalité, n'a rien d'une vraie baguette ! Elle n'est faite que pour tromper celui ou celle qui s'en servira. Vous ne ferez pas de magie avec, mais elle se métamorphosera en divers petits objets ou animaux.

- Est-ce qu'on sait quelle sera son apparence ?

- Ce n'est pas écrit sur la boîte, au cas où vous aimeriez avoir la surprise pour vous-mêmes, mais si vous nous demandez, nous vous renseignerons. Après les baguettes farceuses, nous avons les boîtes à flemme ! Ceux et celles qui étaient à Poudlard avec nous connaissent cet objet, nous en vendions dans les couloirs, déclara George. Ça faisait fureur, au grand dam de Mrs Pomfrey… Car dans ces boîtes, il y a quatre types de bonbons qui rendent malades à coup sûr ! Certes, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable, mais ce sont d'excellents alliés pour avoir un motif valable pour s'absenter d'un cours soporifique, de son travail, d'une réunion barbante, d'un repas de famille houleux… Chaque sucrerie a son propre effet, et elles ont toutes deux moitiés : une qui procure le désagrément, et une qui procure l'antidote. La moins cool…

- … mais la plus convaincante…

- … c'est la pastille de gerbe ! La pastille orange vous fait vomir, la pastille violette vous guérit.

- Deuxième confiserie : les petits-fours Tourndeloeil ! Pour celle-là, il vaut mieux avoir quelqu'un de confiance avec vous pour vous administrer l'antidote. Car il y a la partie jaune qui provoque un évanouissement, et il y a la partie rouge qui vous fait revenir à vous.

- Troisième confiserie : le Nougat Néansang ! Vous avez la partie grise qui vous fait saigner du nez, et la partie bleue qui fait cesser l'hémorragie.

- Et enfin, la quatrième confiserie : le berlingot de fièvre ! Le rose fait grimper votre température, le vert la fait redescendre. Petite particularité avec ce bonbon : il a un effet secondaire. Il fait pousser de gros furoncles sur les fesses. Mais ne vous en faites pas, vous avez une fiole d'essence de Murlap pour vous en débarrasser ! Voilà pour les boîtes à flemme. Prochain objet : le chapeau anti-gravité ! Offrez-le à une personne que vous avez envie d'enquiquiner, et qui verra son chapeau s'envoler dès qu'il sera sur sa tête ! Et c'est deux fois plus drôle quand il y a du vent. On va en faire passer un, le but, c'est qu'il fasse le tour de vous tous ! Pour le ramener vers vous, jetez un simple Accio.

Fred tendit un chapeau à un jeune garçon qui était le plus proche de lui, tandis que George piochait dans le carton un autre chapeau :

- Oui, c'est un autre couvre-chef, mais il n'a pas du tout la même fonction que le précédent ! C'est un chapeau bouclier. Coiffez-vous-en, et il vous protégera des maléfices mineurs et modérés qui, en plus de cela, se retourneront contre le lanceur ! Défiez un ennemi en duel, et bernez-le en l'invitant à attaquer en premier ! Et pour être bien paré, il y a la cape et les gants qui complètent la panoplie ! À toi, Fred.

- Si vous avez un ami qui aime trop les potions selon vous, l'objet qu'on va vous montrer refroidira peut-être la passion de votre ami ! Le chaudron farceur est un chaudron dans lequel préparer la plus basique des potions se transforme en un véritable calvaire ! Fuite, odeur pestilentielle, mouvements incontrôlables, spatule qui se colle au fond… Votre ami va bien galérer à faire sa potion, et vous, de votre côté, vous allez bien vous marrer !

- Mais il n'y a pas de danger ? s'inquiéta la mère de deux enfants.

- Non, le chaudron neutralise les effets de tous les ingrédients, expliqua Fred. Les projections et les explosions qu'il occasionne sont sans gravité, il n'y a pas de chaleur, ni de brûlures, ni de cloques, ni de boutons… Il n'est pas fait pour blesser, mais pour faire enrager la victime qui ne réussira pas à concocter sa potion.

- Mais s'il avait pu engendrer des boutons, vous auriez pu les faire disparaître en un clin d'oeil avec notre efface-boutons dix secondes garanties ! C'est une potion qui règle vos problèmes d'acné, mais qui teint tout votre visage d'une jolie couleur criarde ! Il est préférable d'en mettre le soir avant de vous coucher, car la couleur ne s'estompe qu'au bout de cinq ou six heures.

- Et force à vous si vous avez un copain ou une copine… Car ce n'est pas ça qui va pimenter votre vie de couple ! Mais ça va bien faire rire votre chéri(e). Vous aurez au moins gagné ça…

- Si vous avez un minimum d'humour, ça vous fera rire aussi, assura George.

- Tu n'as pas tant ri que ça quand tu l'as testée…

- Parce que tu n'arrêtais pas de te moquer de moi en faisant de stupides comparaisons ! se défendit George. J'espère pour vous, chers clients, que vous n'avez pas comme moi de frère ou de sœur plus inspirés pour se payer votre tronche que pour trouver un nom pour une nouvelle invention…

- Tu m'affiches, là.

- Carrément.

Fred leva les yeux au ciel.

- Bon, objet suivant : les Feuxfous Fuseboum ! C'est avec ça que nous avons signé notre départ de Poudlard. Ce sont des feux d'artifice enchantés qui sont conçus pour être invulnérables aux sorts. Il y en a même qui ont un résultat inverse sur eux ! Un sortilège de disparition les multiplie par dix, un un sortilège de blocage les multiplie par cinq, un sortilège de stupéfixion les fait exploser deux fois plus fort… Il y a deux choix de flambées : la flambée de base pour cinq gallions, et la déflagration Deluxe pour dix gallions. Évidemment, ils ont une spécificité que des feux d'artifice lambda n'ont pas : leurs aspects ! Ils créent des dragons enflammés, des cierges magiques qui écrivent des jurons, des fusées, des pétards, des cochons volants…

- Ça va être trop cool pour les anniversaires, les fêtes de famille et les soirées entre potes ! se réjouit Seamus Finnigan.

- Ça m'aurait étonné que ça ne te fasse pas réagir… Dès qu'il y a du feu quelque part…

La petite pique affectueuse et ironique de Dean Thomas envers son ami fit rire tous ceux qui étaient au courant de l'appétence qu'avait Seamus pour la pyrotechnie.

- Huitième objet : le leurre explosif ! C'est un objet en forme de klaxon et qui sert à faire diversion. Quand on le libère, il s'éloigne, émet un bruit très puissant et génère un nuage de fumée noire.

- Ça, c'est son utilité classique. Mais on y a appliqué un maléfice de Gemino qu'il faut activer pour qu'il fonctionne. Les leurres se dupliqueront, ce qui causera davantage de désordre, ajouta Fred.

- En fait, si on veut se soustraire à un devoir sur table, c'est soit on s'empoisonne avec des bonbons, soit on intoxique tout le monde avec des klaxons…

- Les leurres sont sans odeur, précisa George. Et ça dépend de ton objectif. Si tu désires être le seul à fuir le devoir, la boîte à flemme sera la plus adaptée, mais si, en revanche, tu souhaites dispenser tous tes camarades du devoir, là, tu privilégieras le leurre explosif. Bien sûr, nous ne sommes pas là pour vous encourager à faire ça, il n'y a pas que les cours où il serait intéressant d'avoir des leurres ou des pastilles de gerbe sur soi…

- Oh, ce serait quand-même chouette d'en avoir s'il pleut en plein cours d'astronomie…

- Fred, soupira George.

- Quoi ? Je dis ça pour les plus jeunes ! Tu ne voudrais pas qu'ils chopent un rhume en plein hiver ?

- Bah au moins, ils auront une bonne excuse pour ne pas aller en cours…

- Pas faux. Bon, neuvième objet : le marécage portable ! Si ça vous manque d'avoir un petit coin de nature, cet objet est fait pour vous ! Avec ça, vous ferez d'une zone un vrai marécage, avec un fond de terre humide et bourbeux, et donc impraticable à pied, et de la verdure faite de touffes d'herbe et d'arbrisseaux.

- Les grenouilles et les crapauds sont fournis avec ?

- Non, mais ça fera le bonheur de ceux des autres élèves ! répondit George au milieu des rires.

- Et comment on les supprime, ces marécages ?

- C'est dans la notice. S'il y en a qui vont acheter ce produit, et qui veulent que leur futur marécage dure, on va éviter de dévoiler l'astuce à tous ceux qui sont là !

- Ouais, c'est un bon moyen pour nous inciter à l'achat, intervint Lee, le meilleur ami des jumeaux.

- Business, business ! claironna Fred. Ah, un objet pour les plus gourmands : la marque des ténèbres comestible ! Quoi de mieux pour décrédibiliser cet affreux dessin sur l'avant-bras de vilains mages noirs que de les manger ?

- Imaginez-les avoir vent de cette invention… Ils seraient fous de rage ! En faisant de leur tatouage une friandise, il ne vaut plus rien du tout !

- Bon, pour que ce soit plus rigolo, il y en a qui sont totalement inoffensives, et d'autres qui le sont moins. Parmi ces dernières, il y en a qui piquent à vous faire pleurer, il y en a qui vous font vomir, il y en a qui accélère de façon drastique votre transit intestinal, il y en a qui ont un goût immonde…

- Mais comme on est gentils, sur les vingt marques qu'il y a dans un paquet, il n'y en a que six qui sont piégées.

- C'est comme les dragées de Bertie Crochue, commenta un élève de Poudlard. Sauf que les vôtres sont plus diaboliques…

- Hé oui, nous sommes le mal incarné, plaisanta George.

- Onzième objet : les oreilles à rallonge ! Ces longues ficelles couleur chair ont deux extrémités qui relient votre oreille à l'endroit où a lieu la conversation que vous voulez intercepter. Avec ça, vous n'aurez plus besoin de coller vos oreilles aux portes ! Installez-vous tranquillement sur une chaise et l'objet fera le travail pour vous !

- Seul petit bémol : ça ne marche pas si un sortilège d'Impassabilité a été posé sur la porte, regretta George.

- Oui, car il y a des paranos qui croient que leurs discussions sont espionnées…

- Quelle idée, franchement…

- Ce n'est pas comme s'il y avait deux génies qui avaient mis un objet au point rien que pour ça !

- Y en a qui ne sont pas bien dans leur tête… Douzième objet : le pendu réutilisable !

- Oh, le meilleur objet de tous ! s'exclama l'ancien petit-ami de Ginny, un Serdaigle dont Fred avait oublié le nom, qui fut vivement approuvé par d'autres adolescents.

- Oui, il paraît qu'il a fait fureur lors d'une fête qui a été organisée vers la fin de l'année à Poudlard, se rappela George. On a dû envoyer une dizaine de bons de commande à Ron qui avait fait la promo de nos produits pour que des élèves puissent réserver un pendu tellement cet objet a plu quand Ron en a fait la pub…

- C'est pour qu'on se fasse des matchs à la rentrée, signala l'ex de Ginny. On va s'essayer au mode extrême.

- Eh bien bonne chance ! Ce n'est pas pour rien si on l'a nommé «mode extrême», prévint George. Il est vraiment très pointu.

- Oui, et ce n'est pas pour rien si vous l'avez inclus, rétorqua le garçon de Serdaigle. C'est pour que les plus téméraires s'y cassent les dents…

- Zut, démasqués, s'amusa Fred.

- Mais c'est quoi, ce jeu ? C'est un pendu comme celui chez les moldus, mais en version sorcier ?

- De ce que nous en a dit un ami, c'est le même principe, oui. Mais le nôtre est plus perfectionné. Il y a un escalier qui mène à une potence, et il y a un petit bonhomme en bois qui le gravit au fur et à mesure que le joueur se trompe. Il finit par avoir la corde au cou si le joueur n'a pas deviné à temps le sort qui est sur la carte que la personne en face de lui a sélectionnée. Pour que ça ne soit pas non plus trop dur, cette personne est obligée d'indiquer si c'est le nom d'un sort ou une formule. Sur la carte, si c'est un sort, il y a en-dessous la formule, et si c'est une formule, il y a en-dessous le sort. Il y a également des informations, telles que les effets du sort, le geste à faire, le contre-sort s'il y en a un… Comme ça, c'est à la fois ludique et instructif. Et ça vous fait réviser tout en vous éclatant !

- Ensuite, nous avons les plumes ! Il y en a trois différentes : la plume auto-encreur qui s'imprègne elle-même d'encre, la plume à réplique cinglante qui vous fait écrire des choses pas très gentilles, et la plume à vérificateur d'orthographe qui corrige les erreurs que vous faites.

- Ooooh, ça va être super pour les devoirs ! s'enthousiasma une jeune fille qui était probablement en deuxième ou troisième année à Poudlard. Les cours, à la rigueur, on s'en fiche, ils ne sont pas relus par les professeurs, mais les devoirs, oui, et les profs s'arrachent les cheveux avec les miens…

- Ça va grandement t'aider, alors. Mais à moins de noter tout ce que la plume rectifiera, ce n'est pas ça qui va te faire progresser, nuança George. Ces plumes, c'est la solution de la facilité. Mais c'est sûr que les professeurs vont apprécier d'avoir des copies mieux écrites… Par contre, au bout de six mois, ces plumes ne sont plus très efficaces. Pensez à renouveler votre stock pour ne pas être à court en plein devoir sur table ! Ce serait un brin gênant… Bon, il en est où, le chapeau anti-gravité ? Est-ce que vous l'avez tous eu ? Je n'entends plus d'«Accio»…

- Il est à l'arrière, où sont les plus âgés qui maîtrisent les informulés.

- Ah, très bien. En tout cas, nous sommes ravis de constater que le buffet vous plaît !

- Les viennoiseries sont extra ! Vous les avez faites vous-mêmes ?

- Non, on s'est fait livrer par le Chaudron Baveur tôt ce matin. C'était mieux, autant pour vous que pour nous. Ça nous a fait gagner un temps fou, et c'était bien plus digeste pour vous. Allez, place au quatorzième objet : la poudre d'Obscurité instantanée du Pérou ! C'est une poudre noire qui répand une obscurité dense qui est très difficile à percer, même avec un Lumos ou un Incendio. C'est idéal pour faire diversion ! À condition de ne pas avoir peur du noir…

- Pour le prochain objet, on vous le conseille fortement si vous prenez des paquets de marques des Ténèbres comestibles ! Il s'agit du pousse-rikiki, un constipateur magique qui annihilera les effets de la marque des Ténèbres qui vous fera aller aux toilettes ! C'est son antidote, en gros.

- Ils durent combien de temps, les effets de la marque des Ténèbres comestible ?

- Pas plus d'une heure.

- Oh, ça va, c'est pas si long…

- Euh, quand tu patientes une heure sur le trône, je t'assure que c'est très, très long… Après, si ça ne te dérange pas, libre à toi de te contenter du paquet de bonbons !

- Non, je crois que tout compte fait, je vais acheter l'un et l'autre.

- Sage décision ! Si tu veux tester tout de suite, Agathe est à la caisse, et les toilettes sont au fond à droite.

Fred vit son frère se plaquer une main sur le front, alors que les rires s'élevaient dans la foule.

- Fred… T'es irrécupérable.

- Oui, et c'est pour ça qu'on m'aime. Tu fais l'objet suivant ?

George acquiesça.

- Seizième objet : le rêve éveillé ! Celui-là est interdit aux moins de seize ans, car l'état dans lequel il met n'est pas adapté aux plus jeunes. C'est un sortilège breveté que nous avons inventé, que nous avons enfermé dans une boîte et qui vous plonge pendant trente minutes dans un rêve de qualité et particulièrement réaliste. De plus, ce sortilège est indétectable, ce qui signifie qu'il n'y a aucun sort, ni potion qui puisse révéler que vous êtes sous l'emprise de ce sortilège. Mais ses effets secondaires sont susceptibles de vous trahir. Ce sont des effets communs à un état rêveur naturel, avec un regard dans le vide et une tendance à baver.

- Ça, c'est plutôt quand on est complètement défoncé, ironisa Dean Thomas.

George haussa un sourcil.

- Un expert en la matière ?

- Pas nécessairement. Mais on sait tous qu'on est comme ça quand on est défoncé.

Fred et George échangèrent un rapide coup d'oeil. Ils n'étaient pas dupes. Sans chercher sciemment à l'être, Dean était très populaire, et il était connu pour être un grand amateur de soirées, et de tous les excès qui allaient avec, et pour avoir une vie sexuelle très débridée.

- Bon, même si vous vous en doutez, soyons tout de même clairs : le rêve éveillé n'a pas les mêmes effets que lorsqu'on est drogué, souligna George. Vous êtes juste comme dans un vrai rêve que vous faites la nuit, avec tout ce qu'il y a de plus agréable. Avec ça, vous vous aérez l'esprit et vous vous évadez le temps d'une demie-heure des tracas du quotidien.

- C'est une belle magie, estima une fille qui devait avoir un ou deux ans de moins que les jumeaux. Il n'y a pas de risques de dépendance ou d'accoutumance ?

- Non, si vous n'espacez pas assez les utilisations de ce produit, ça n'aura plus du tout d'effet, et si vous en abusez trop, ce sont des cauchemars que vous expérimenterez au lieu des rêves.

- Ah oui, c'est très dissuasif…

- Nous faisons tout pour que nos produits soient sécurisés au maximum. C'est pour ça qu'il y a des antidotes pour tout. Ce qui est le cas pour l'objet qu'on va vous présenter.

- Le télescope frappeur ! enchaîna Fred. À première vue, c'est un télescope tout à fait ordinaire, sauf que celui-ci vous assène un coup de poing dans l'oeil si vous le serrez trop fort. À part si vous êtes maso (ce qui est votre droit), ce produit est davantage destiné à être offert qu'à un usage personnel. Faites-en cadeau à quelqu'un que vous désirez embêter, et pour la blague, dites-lui que ce télescope adore qu'on l'étreigne avec force ! Mais ne soyez pas trop vache et fournissez-lui la pâte jaune qui va avec le télescope et qui permet d'effacer l'ecchymose, tout en prétendant que vous ignorez à quoi elle sert, mais qu'on vous a dit que c'était très important de la conserver.

- Et enfin, notre dernier objet… Le tour de magie moldu ! Si vous êtes peu familiers avec le monde moldu, cet objet va vous initier à leur propre magie ! Une fausse magie, certes, mais qui a le mérite d'être très imaginative. Dans le coffret, vous avez un jeu de cartes biseautées, un lot de cordes, des gobelets, de fausses pièces de monnaie, des cuillères et une notice. Ce sont des objets qui ne coûtent presque rien, et on en met pas mal pour que vous ayez de quoi vous entraîner. Vous impressionnerez ainsi tous vos amis avec une magie que vous seuls serez capables d'exercer !

- Ce sont des moldus qui vous ont soufflé l'idée de ces tours ?

- Non, mais nous avons fait appel à un sorcier spécialisé là-dedans. Il nous a escortés dans le monde moldu où nous avons assisté à un spectacle de magie, et il nous a lui-même fait des démonstrations en nous expliquant chaque tour qu'il faisait. C'était essentiel pour qu'on soit en mesure de répondre aux éventuelles questions des clients sur ce qu'on allait vendre dans les coffrets.

- Sans jeu de mots, nous avons fait le tour de tous les produits disponibles dans la boutique ! Nous allons vous laisser déambuler dans les rayons, faire vos petites emplettes, grignoter ou papoter, et à onze heures, nous commencerons les ateliers ! Ah, et comme dans tous les commerces de ce genre, nous proposons des produits divers qui n'ont rien à voir avec le reste, tels que des boursouflets, des confiseries classiques, comme les patacitrouilles, les chocogrenouilles, les fizwizbiz, les suçacides, les gnomes au poivre ou les crapauds à la menthe, des bouteilles de bièreaubeurre, de tisane d'ortie et de jus de citrouille… Bref, on ne vous en dit pas plus, et on vous souhaite une bonne découverte !

À peine George eut-il fini sa phrase que les clients se dispersèrent, visiblement pressés de faire leurs premiers achats. Fred s'apprêta à rejoindre Agathe, mais George le retint en lui attrapant le bras.

- Fred ?

- Oui ? fit-il, intrigué.

- Il va y avoir un léger souci…

- Quoi ? Comment ça ?

George pointa discrètement du doigt l'entrée du magasin, et Fred se crispa lorsqu'il vit Angelina qui avait l'air d'être fraîchement arrivée.

- C'était prévu, ça ?

- Non, elle était censée être en plein emménagement… Qu'est-ce qu'elle fait là ?

- Elle a dû penser que ça te ferait plaisir… En soi, s'il n'y avait pas Agathe, ça irait…

- Oui, mais comme elle est là, il va falloir que je sois très vigilant avec Angelina…

- Oui, et que tu fasses comme s'il n'y avait rien avec elle… Mais ça va la vexer si tu es trop distant avec elle…

- Je vais me débrouiller. Oh là là, je n'avais pas besoin de ça…

- Hé, mais voilà, tu n'as qu'à prétexter que tu es à fond dans ton rôle et qu'il ne faut pas que tu sois distrait ! Ce qui n'est que la vérité, après tout…

Fred adhéra aussitôt à la suggestion de son frère :

- C'est vrai, ça ! Et comme je n'étais pas au courant qu'elle serait là… Merci, George, c'est ce que je vais faire. Bon, je suis très curieux d'avoir les chiffres de ce début de journée…

- Oui, allons-y avant qu'il ne soit l'heure de lancer les ateliers !

Fred emboîta le pas à George et tous deux se dirigèrent vers la caisse.

- Alors, est-ce qu'on fait un carton, pour l'instant ?

- À vous de juger ! Je n'ai pas compté, mais j'ai dû avoir une quinzaine de clients. En une heure et demie, et avec la présentation des produits qui retenait quatre-vingt-dix pour cent des clients, pour moi, c'est un très bon démarrage. Mais je ne suis pas experte…

- Non, mais je partage totalement ton analyse ! Et qu'est-ce qui a été le plus vendu ?

- Les baguettes farceuses, les boîtes à flemme et les marques des Ténèbres comestibles. Talonnés de près par les plumes, les oreilles à rallonge et le pendu réutilisable. Et il y a trois Boursouflets qui ont été adoptés.

- Eh bah c'est plus que correct, tout ça ! Mais ton sourire et ta bonne humeur y sont sûrement pour quelque chose… Aïeuh ! C'était mon pied, ça, reprocha Fred à George qui lui faisait les gros yeux. Ah, on a un client…

Fred aurait aimé savoir sur quoi le client avait craqué, mais il n'en eut pas l'occasion, car George le tira de force à l'écart.

- C'est ça, pour toi, gérer la situation avec Angelina ? En draguant ouvertement Agathe ?!

- Mais Angelina n'était pas là ! Et je ne draguais pas Agathe…

- Ouais, la limite était quand-même très floue… Non mais sérieux, fais un effort ! Tu joues au con, là…

Il était rare que George soit véhément à ce point, lui qui était le plus calme et le plus posé des deux jumeaux. Mais quand l'imprudence et l'insouciance de Fred risquaient de lui causer du tort, George n'avait pas d'autre choix que de durcir le ton. Et ça, Fred en était bien conscient. Et là, il était bien obligé d'avouer qu'il n'avait pas été très malin… Il soupira.

- Désolé, je vais être plus raisonnable. Bon, quel atelier veux-tu faire ?

- Mmmh… Celui des baguettes farceuses. Et toi ?

- Celui des plumes.

- Cool, ce sont deux ateliers tranquilles, c'est impecc' pour la première heure. On ira crescendo par la suite.

George vérifia l'heure.

- Il est presque onze heures, allons-y.

Ce fut sur ces mots que Fred et George allèrent se poster à leurs stands respectifs. Ils invitèrent les clients à se réunir, et très vite, ce furent deux masses très enthousiastes qui vinrent se former devant les deux frères, impatientes de tester deux des objets qui leur avaient été montrés…

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Deux heures et demie plus tôt

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POV Terry

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À huit heures quinze, Terry était sur le Chemin de Traverse. Il y avait déjà du monde devant la boutique des Weasley, ce qui n'était guère étonnant. Terry, lui, préféra se promener jusqu'à neuf heures. Il contempla les chaudrons dans la vitrine du magasin de chaudrons, admira les hiboux chez Eeylops, fit un saut à la papeterie pour se réapprovisionner en parchemins, en plumes et en encriers, et il allait vers Fleury et Bott quand il fut hélé par une voix masculine. Il fit vivement volte-face, et la stupeur le cloua sur place lorsque ses deux meilleurs amis apparurent dans son champ de vision.

- Anthony ? Michaël ? Mais… qu'est-ce que vous faites là ?! Vous m'aviez dit dans vos lettres que vous seriez occupés tout l'été…

- Et on ne t'a pas menti ! Mais même si tu as tes conférences, on s'est dit que tu seras constamment seul ici, alors qu'Anthony ira chez sa famille au mois d'août et que je serai avec mes cousins durant toutes les vacances à travers toute la Grande-Bretagne… On a donc fait en sorte d'être libres pour le jour de l'inauguration de la boutique des Weasley. Mes cousins étaient d'accord pour faire une halte ce jour-là, et Anthony a pu décaler son jour de congés de la semaine. On a voulu te faire la surprise.

Terry fut si ému par la délicate attention de ses amis que, le temps d'une minute, il fut incapable de prononcer le moindre mot.

- C'est trop gentil de votre part, vous êtes adorables… Mais même si, en-dehors des conférences, je reste chez moi, je suis loin de m'ennuyer ! Mardi, ce sera la dernière conférence du mois de juillet, et bien qu'elles soient géniales et hyper passionnantes, ne plus en avoir jusqu'au dix août, ça va me faire du bien ! Car mine de rien, ça fatigue. Et sinon, je ne suis pas si seul. Lors des conférences, je suis avec ceux qui m'y emmènent, et avec qui je fais connaissance, il y a cinq jours, j'ai vu Judith, Miguel et Amy, que je reverrai deux ou trois fois au cours de l'été, il y a deux jours, j'ai vu Théo au Chaudron Baveur en allant sur le Chemin de Traverse pour m'acheter une chouette, au mois d'août, j'aurai cinq autres conférences, dont trois avec mes parents, et deux avec Tracey Davies avec qui je devrais bien m'entendre, au milieu des vacances, Hermione va séjourner dix jours chez moi, le onze août, j'irai à l'anniversaire de Ginny où il y aura toute la bande…

- Non mais t'as un truc tous les jours, c'est fou ! s'écria Michaël. Tu as un programme encore plus rempli qu'Anthony et moi…

- C'est pour ça que vous n'avez pas à vous en faire pour moi.

- Tant mieux ! Mais tu t'es enfin résigné à prendre un hibou ?

- Ce sont mes parents qui m'y ont incité afin de soulager Arès. Car avec toutes les lettres que je vais envoyer cet été, il aurait eu trop de travail…

- Ah oui, le pauvre… Et c'est quoi, ta chouette, du coup ? Et quel nom lui as-tu donné ?

- C'est une chouette tachetée, et je l'ai appelée Calypso.

- Oh, c'est mignon, comme nom, commenta Anthony. Tu es allé où ? À Eeylops ou à la ménagerie ?

- À Eeylops.

- Ça n'a pas été trop dur de te décider, avec tout ce qu'il y a là-bas ?

- Si, mais j'ai eu l'aide précieuse de Théo. Il était de repos le matin, il n'avait rien à faire, et ça nous a permis d'être un moment ensemble. Et rien que tous les deux, pas avec la bande. Il était très calé sur les hiboux et les chouettes.

- En même temps, sur quoi n'est-il pas calé ? Il a dû avoir une vie antérieure dont il se souvient pour être autant cultivé… Ou il a un secret bien caché.

- Je tâcherai de le percer s'il en a bien un, mais à mon avis, c'est juste qu'il lit énormément. Avec la douloureuse enfance qu'il a eue, les livres ont dû être son unique refuge…

- Pas bête. Et Lisa ? Est-ce que tu as des nouvelles d'elle ?

- Oui, et elle va bien. Elle a annoncé à ses parents qu'elle était enceinte le lendemain de son retour chez elle, et ils l'ont directement soutenue. Ça lui a fait chaud au coeur, même si elle n'avait aucun doute quant à leur réaction. Mais d'après ce qu'elle m'écrit, ses vacances sont assez mouvementées. Elle prépare un gros truc en lien avec sa grossesse, avec beaucoup de personnes, et ça accapare tout son temps. Elle n'a pas pu me fournir plus de détails, car ça ne doit surtout pas être ébruité, et si sa lettre avait été interceptée, ça aurait eu des conséquences désastreuses sur le plan.

- Ça ne te frustre pas trop ?

- Un peu, mais elle me dira sûrement tout une fois que le plan aura eu lieu. Et si elle y est autorisée.

- Bon, le principal, c'est qu'elle soit bien entourée. Et tes conférences ? Tu en as dit quelques mots dans tes lettres mais pas assez pour satisfaire notre curiosité…

- Parce que je n'aurais pas pu m'arrêter si j'avais poussé plus loin le sujet ! Il y a tant à dire…

Terry raconta à Anthony et Michaël ses deux premières conférences avec Megan Jones, et ce qu'il avait appris sur elle.

- Mais c'est quel genre de pourriture, Bulstrode ? Il faut absolument que les deux filles se détachent d'elle !

- C'est ce que j'ai conseillé à Megan. Elle est prête à s'émanciper de Bulstrode, et à affronter tout ce qu'elle fera en guise de vengeance, mais elle ne le fera pas si Tracey ne la suit pas.

- Si ça bloque avec Tracey, est-ce que tu t'en mêleras de nouveau ?

- Si Megan m'en fait la requête, oui.

- Et tu ne feras que ton devoir de préfet, renchérit Anthony. Comme tu l'as fait avec Megan lors de la deuxième conférence, même si vous n'étiez pas à Poudlard…

- Tout à fait. Ce n'est pas parce qu'on n'est plus à l'école que je ne suis plus préfet…

- Et avec Roger Curtis ? Ça a été ?

- Oui, et je n'ai pas fait comme avec Megan, j'ai brisé la glace dès la première conférence à laquelle je suis allé avec lui. Et ça a été de suite très fluide, entre nous. C'est dommage qu'on n'ait pas plus de liens avec les autres maisons, outre que via le travail en binôme, car Roger est quelqu'un de très intéressant. Il s'est pas mal confié sur sa famille, notamment sur sa mère et sur la vision erronée que son petit frère avait des Aurors quand il était tout jeune, et c'était très touchant. Et contrairement à Megan qui envisage le métier d'Auror après Poudlard, pour Roger, c'est une vocation.

- Il aurait dû remplacer Ernie MacMillan en tant que préfet, alors… Car les préfets sont en quelque sorte les Aurors de Poudlard…

- C'est exactement la réflexion qu'on s'est faite ! Roger avait été pressenti pour être préfet, mais il a souhaité être rayé de la liste quand sa directrice de maison l'a convoqué. Étant joueur de réserve de l'équipe de Quidditch de Poufsouffle, il craignait d'être débordé et que ses résultats pâtissent de ses trop nombreuses responsabilités. Sinon, ça lui aurait plu. Mais il a préféré privilégier ses études.

- Et il a bien fait ! La scolarité prime avant tout.

- Mais il va y avoir un problème, car Wayne a l'intention de rendre son badge de préfet à la rentrée. Il a trop de mal à tout gérer. Il va falloir que quelqu'un se dévoue pour récupérer le poste jusqu'à ce qu'Ernie reprenne ses fonctions, et il lui faudra un suppléant… Parmi Justin, Roger et Oliver, il y en a deux qui devront se jeter à l'eau… Et il y a le même souci pour le poste de préfète de Poufsouffle. Sophie n'est pas sûre de le conserver, et ni Susan Bones, ni Sally Smith, ni Sally-Anne Perks n'ont les épaules pour être préfètes… Du moins, c'est ce que m'a dit Justin.

- Oh là là, ils ont beau être discrets, ils sont un brin compliqués, les Poufsouffle… Bonne chance au professeur Chourave pour se dépêtrer de tout ça !

- Oui, ça va être un casse-tête chinois pour elle ! Et pour en revenir aux conférences, est-ce qu'il y avait des gens qui y allaient mais qui ne se destinaient pas à être Aurors ? Qui étaient là par simple curiosité ?

- Oui, c'était même le cas de la majorité des personnes qui y assistaient. Le métier d'Auror est l'un des métiers qui fascinent le plus, et ces conférences sont l'occasion d'être davantage éclairés sur la façon dont notre société est protégée et contrôlée. Par exemple, j'ai croisé Harry et Draco lors de la troisième conférence alors que ni l'un, ni l'autre ne feront la formation d'Auror. Mais j'ai un doute sur ce qui les a motivés à y aller. Il y avait le professeur Snape avec eux, car Harry était chez Draco. Et après la conférence, j'ai aperçu le professeur Snape en train de discuter avec une jeune Auror. Ils avaient l'air proches.

Michaël écarquilla les yeux.

- Proches… comment ?

- Ben… ce n'étaient pas des inconnus, quoi.

- Ce serait sa petite-amie ?!

- Je n'ai pas dit ça ! Mais c'est une hypothèse, oui. Comme on a zéro info sur sa vie amoureuse, on peut l'imaginer en couple avec n'importe qui…

- Ça me fait bizarre de l'imaginer en couple tout court, grimaça Michaël. Et ce n'est pas propre qu'à lui. C'est valable pour tous les professeurs.

- C'est normal, c'est parce qu'on ne les côtoie que dans leur sphère professionnelle, et ce, dix mois sur douze, expliqua Anthony. Mais ils ne sont pas que professeurs, et ils ont une vie privée, comme tout le monde… Et il y a fort à parier qu'ils s'absentent parfois le week-end et pendant les vacances pour être avec leur compagne ou leur compagnon. Bon, on ferait mieux d'y aller, ça ouvre dans cinq minutes.

Terry et Michaël acquiescèrent, et étant près de Fleury et Bott, tous trois rebroussèrent chemin pour aller à la boutique des Weasley. Lorsqu'ils y pénétrèrent à neuf heures précises avec tous les autres visiteurs, ils furent impressionnés par la taille de la boutique. Elle était plus spacieuse qu'elle ne le paraissait. Et les jumeaux avaient bien soigné leur accueil ! La boutique était très bien décorée, tout était parfaitement bien organisé, l'espace avait été intelligemment exploité… Et les clients avaient même droit à un très beau buffet ! Et ce fut sur cela que Michaël s'attarda dans sa contemplation :

- Ooooh, toutes les belles choses à manger qu'il y a ! Ce n'est pas bon du tout pour mon régime de sportif…

Terry leva les yeux au ciel.

- Michaël, t'es comme moi, que tu surveilles ta ligne ou non, tu ne grossis pas…

- Ouais mais là, si je mange tout ce qui me fait envie, ma génétique sera impuissante face aux kilos de graisse qui vont s'inviter sur la balance… Bon, allez, trois ou quatre viennoiseries, pas plus !

Anthony soupira.

- Et il ose se plaindre… Moi, rien qu'un croissant ou un scone va faire grimper mon poids ! Lui, il peut s'en enfiler quatre, si ce n'est pas de l'insolence… Mais je m'en fiche, aujourd'hui est un jour spécial, je suis avec mes deux meilleurs amis que je n'étais pas censé voir de tout l'été, donc je vais bien me faire plaisir !

- Ça, c'est bien dit ! approuva Terry.

Et ce fut sans plus de tergiversations qu'il se servit un muffin et un pain au lait. Il se régala tout en écoutant les jumeaux promouvoir leurs produits, et il manqua de s'étouffer en riant quand Michaël tint tête aux deux frères avec le pendu réutilisable. L'ambiance était à la rigolade, qui était le maître-mot de cette journée que Terry allait bien savourer…

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POV Graham

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Après la présentation des inventions, et juste avant les premiers ateliers, Graham alla saluer les jumeaux qui étaient derrière leurs stands.

- Oooh, la nouvelle recrue du Club de Flaquemare ! fit Fred lorsqu'il s'arrêta près d'eux.

- Ah bah les potins circulent toujours aussi vite, apparemment…

- Disons que c'est pratique de sortir avec un joueur de l'équipe…

- Ah mais oui, suis-je bête… Du coup, je ne suis plus votre ancien camarade, mais une des recrues du Club de Flaquemare ?

- Ben… comme nos relations se résumaient à s'affronter sur le terrain de Quidditch, ce qui faisait de nous des adversaires, et que nous ne sommes plus à Poudlard, mieux vaut faire table rase de tout ça et repartir sur de bonnes bases… Même s'il n'y a jamais vraiment eu de tensions entre nous, que ce soit au Quidditch ou au château. Te considérer comme un joueur d'une équipe locale, c'est neutre.

- Et comme tu es un très bon ami du petit-ami de George, c'est mieux qu'on soit en de bons termes.

- Et je ne suis pas quelqu'un de jaloux, je m'en fiche que tu sois son ex, assura George.

- Nous sommes pour la paix dans le monde, donc si on peut avoir de bons rapports avec un max de gens, c'est top.

Les paroles de Fred achevèrent de détendre Graham, qui avait légèrement appréhendé de ne pas être très bien reçu par les jumeaux. Au lieu de cela, ils étaient très amicaux, ce qui n'était guère étonnant de leur part.

- Eh bien on a les mêmes aspirations ! D'ailleurs, Olivier n'est pas là ?

- Si, il est avec Angelina, Katie et Alicia.

- Ah ouais, il y a toute l'équipe de Quidditch de Gryffondor…

- Avec Harry et Ron, oui.

- Ah, je ne les ai pas vus… Mais c'est logique qu'ils soient là. Quoi qu'il en soit, le fait qu'ils soient tous ici prouve que vous aviez une équipe soudée.

- Oui, et on espère qu'elle le sera autant l'année prochaine, même si elle aura perdu la moitié de ses membres. Mais on fait confiance à Harry pour constituer une bonne équipe, avec l'appui de Ginny.

- Comme moi avec Draco.

- Tu es resté en contact avec lui ?

- Oui, on s'est écrit une fois depuis le début des vacances.

- Est-ce qu'il t'a dit qu'il serait là ?

- Euh… non, on n'a pas évoqué l'ouverture de la boutique…

- Eh bah il est avec Harry et leurs amis, si ça t'intéresse.

- Je ne vais pas le déranger…

- Mais tu ne vas pas le déranger, andouille ! Il sera heureux de te voir…

- Bon… j'y vais. Mais avant que je n'y aille, merci pour tout, vous nous offrez une journée de rêve ! La boutique est super, tout comme ses propriétaires et ses produits ! Et son buffet…

- Merci ! On est ravis de l'enthousiasme des clients. La boutique est bondée, et il a l'air d'y avoir du monde dans tous les rayons…

- Oui, vous allez faire un sacré chiffre d'affaire dès la première journée ! Et c'est tout ce qu'on vous souhaite. Profitez bien de cette journée qui est avant tout la vôtre.

Graham s'en alla sur ces mots. Après avoir scruté la foule, il aperçut Draco qui était effectivement avec Harry et quatre de leurs amis. Il les rejoignit, et quand Draco le vit, ses lèvres s'étirèrent en un grand sourire.

- Hey ! Comment vas-tu ?

- Bien, et toi ? Que fais-tu de tes vacances, à part ce que tu m'as dit dans ta lettre ?

- Pas grand-chose d'autre. Ah si, je n'ai pas pu te l'annoncer car je l'ai su très récemment, mais du premier au dix août, je vais aller aux conférences des potionnistes en Irlande.

- Ooooh, mais c'est génial, ça ! Tu y vas avec ton parrain ?

- Oui, c'est un cadeau qu'il me fait.

- Un très beau cadeau… Car il n'y a pas que les conférences, il y a tout un panel d'activités…

- Oui, et même s'il n'y avait eu que les conférences, ça m'aurait plu d'y aller, mais là, avec tout ce qu'il va y avoir…

- Ton parrain va galérer à te ramener ici, plaisanta Graham.

- Je vais pousser jusqu'à la dernière minute, ça, c'est sûr ! Mais ce serait inutile que je résiste face à lui, je ne ferais pas le poids. Il n'a qu'à m'attraper par le bras et nous faire transplaner, et le tour est joué… Je n'aurais même pas le temps de me débattre.

- Et de faire tes adieux à l'Irlande. Ce sera la première fois que tu iras là-bas ?

- Dans ce coin-là, oui. Quand j'étais plus jeune, je suis allé dîné deux ou trois fois chez des «amis» de mon père qui vivent dans les quartiers chics d'Irlande, mais ce n'est pas du tout pareil.

- Ouais, c'est le jour et la nuit… Tu me feras un récit complet de tout ce que tu auras fait durant ton séjour ?

- Je te ferai même un roman !

Draco jeta un bref coup d'oeil à ses amis qui étaient quelques mètres plus loin, devant l'atelier des baguettes farceuses. Il baissa le ton de sa voix :

- Et… avec Pucey ? La cohabitation n'est pas trop dure ?

- Non, ça ne pourrait pas mieux se passer. C'est comme si on était à Poudlard, sauf qu'on n'est que deux et qu'on a plus de place que dans notre dortoir. C'est très fluide, entre nous, il est très calme, il s'ouvre un peu plus chaque jour, il fait de son mieux pour retrouver une vie normale, il est suivi par un médicomage, une psychomage, un addictomage et un magicomage, il fait du sport, il révise pour la session des ASPIC en tant que candidat libre, et il a un job le soir, cinq jours par semaine, ce qui fait qu'on n'est pas vingt-quatre heures sur vingt-quatre ensemble.

- Ah bah ça, vous auriez bien du mal… C'est à peine si vous vous croisez ! Mais ça ne le fatigue pas trop, tout ça ?

- Si, un peu, il se couche plus tôt qu'il ne l'aimerait les jours où il est de repos, mais c'est une bonne fatigue. Une fatigue saine. Pas celle qui le faisait dormir d'une traite avec ses potions droguées…

- Oui, la fatigue due à des journées intenses, c'est la meilleure des fatigues…

Draco hésita, puis ajouta :

- Tu sais, je lui en ai beaucoup voulu pour ce qu'il a fait à Harry, il était un danger, à mes yeux, mais l'eau a coulé sous les ponts, j'ai repensé à ce qu'ont pu me dire diverses personnes, et j'ai compris qu'avant d'être coupable, il était une victime, lui aussi. Victime d'un mal qu'il a tu et qui l'a plongé à se réfugier dans la drogue. Et le fait qu'il fasse tout pour se réintégrer dans la société, en faisant ce que peu de gens auraient la force et la volonté de faire, ça le fait remonter dans mon estime. Et c'est bête, mais depuis que j'ai cessé de le haïr, je me sens mieux. Car je n'en étais pas conscient, mais ça m'impactait de l'intérieur de nourrir une telle haine envers lui. Parce qu'avant qu'il ne commence à mal se conduire avec Harry, ça allait très bien, entre lui et moi… La haine, c'est nul. Ça ne mène à rien. Surtout quand elle est guidée par des affects.

Graham sourit.

- Ça ferait du bien à Adrian d'entendre ça, lui qui craint le jugement des autres…

- Ce qui lui ferait du bien, c'est d'avoir une bonne discussion avec Harry, et de s'excuser auprès de lui. Mais c'est trop tôt.

- Oui, autant pour lui que pour Harry. Je suis néanmoins d'accord avec toi, cette confrontation doit avoir lieu, mais quand ils seront prêts, ce qui n'est pas pour tout de suite.

Draco hocha la tête.

- En tout cas, je suis content que ça aille bien avec Adrian. C'est noble, ce que tu fais pour lui. Et un peu suicidaire sur les bords…

- Comment ça ? s'interrogea Graham, perplexe.

- Je ne suis pas idiot, j'ai bien vu que l'absence d'Adrian et tes visites à Sainte-Mangouste avaient éveillé des sentiments refoulés et enfouis en toi…

Graham se dandina, mal à l'aise. Il n'ignorait pas que Draco l'avait percé à jour, mais ils n'avaient jamais abordé frontalement le sujet.

- Je suis trop focalisé sur le bien-être d'Adrian pour me soucier de ce que j'éprouve pour lui. Après, les sentiments sont bien là, oui, mais ils sont largement relégués au second plan. Je craignais que ce ne soit trop pénible de faire comme si de rien n'était, mais je suis tellement heureux de l'aider et de faire mon devoir d'ami que je n'ai même pas à me forcer d'avoir une attitude purement amicale… Ça se fait tout seul.

- Tant mieux, alors. Au moins, ça ne complique pas la situation, et ça, ce n'est pas de refus.

- Oh que non ! Bon, ça te dit d'aller à l'un des ateliers ?

- Oui, celui des baguettes farceuses me tente bien.

Étant du même avis, Graham s'avança avec Draco vers le stand tenu par George. Les clients furent nombreux à tester les baguettes, et leurs réactions quand elles se transformèrent en souris, en cafard, en caleçon ou en mygale furent très drôles. Graham et Draco eurent la possibilité d'essayer, mais ils déclinèrent poliment l'offre de George. Être spectateur était une chose, être acteur en était une autre, et ils préféraient de loin la première option !

.

À midi, Graham se restaura avec le magnifique buffet qui fut dressé par l'employée de Fred et de George. Il avait le coeur qui balançait entre un sandwich au cheddar, au poulet ou au jambon quand une voix le fit sursauter :

- Tu vas les faire rougir si tu continues à les fixer comme ça.

Graham se retourna et fut surpris de tomber sur Dean.

- Tu m'as fait peur… Ça fait longtemps que tu es là ?

- Dans la boutique ou derrière toi ?

- Euh… les deux, mais à la base, ma question était pour la boutique.

- Je suis là depuis ce matin et ça fait deux ou trois minutes que je t'observe et que je regrette de ne pas être un de ces sandwichs que tu dévores des yeux avec tant d'amour…

- Je me rabats sur la nourriture, à défaut de ne pas avoir de mec…

- Oooh, si je lis entre les lignes, tu n'as personne en ce moment ?

- Hélas, non.

- Que ce soit dans ta vie amoureuse ou dans ta vie sexuelle ?

- Je n'ai ni petit-ami, ni amant régulier.

- Mmmh, c'est bon à savoir.

Graham arqua un sourcil.

- Qu'est-ce que ça signifie, ça ?

- Eh bien, dès début août, et jusqu'à la fin des vacances, il se peut que je sois en permanence sur le Chemin de Traverse… Enfin, c'est même sûr. Comme je vais avoir un job à l'animalerie, et que ma mère et mon beau-père seront en France tout le mois d'août, je vais loger au Chaudron Baveur.

- Tu ne vas pas en France avec eux ?

- Non, trop de contraintes. Et je n'ai pas envie de renoncer à mon job. D'une, ça va me permettre de gagner de l'argent, et de deux, c'est un job de rêve pour moi, vu que j'adore les animaux. Et je me suis dit que ce serait l'occasion de renouer, toi et moi…

Si Graham cherchait ce qu'il aimait chez Dean, il aurait eu un élément de réponse rien qu'avec cette phrase : sa manière d'être direct, d'aller droit au but, sans s'embarrasser de chichis et de fioritures. Il avait énormément apprécié chacun de ses rendez-vous avec Dean à Poudlard, que ce fût dans son dortoir, dans la salle sur demande, ou dans les salles de classe vides, et il n'était pas contre l'idée de reprendre leur relation… Il aurait tort de s'en priver alors que Dean allait être un mois entier sur le Chemin de Traverse, et qu'il aurait une chambre au Chaudron Baveur… Il était plus que séduit par sa proposition, et ce fut sans réfléchir qu'il accepta :

- Une très belle occasion, oui… Ce serait stupide de ne pas sauter dessus…

- Et pas que sur l'occasion.

Ah oui, et le côté très cru de Dean, aussi… Mais de façon subtile, via des allusions, rarement dans la vulgarité. Ça, c'était uniquement lorsque Graham faisait trop languir Dean au goût de celui-ci, ou lorsque Dean n'était pas très sobre.

- Donc c'est oui ? reprit Dean.

- C'est oui, répéta Graham.

- Chouette ! Nos petites virées au septième ciel me manquaient un peu, avoua Dean.

- Seulement un peu ? le taquina Graham.

- Ça n'accaparait pas mon esprit toute la journée non plus, répliqua Dean. Sinon, il serait temps que j'aille consulter un sexomage… Bon, à part ça, tu passes de bonnes vacances ?

- Plutôt, oui.

Graham raconta à Dean ce qu'il avait fait depuis qu'il avait quitté Poudlard. Dean fit de même et lui expliquait les règles d'un sport moldu qu'il pratiquait l'été quand il salua quelqu'un de la main qui était derrière Graham. Ce dernier se retourna et vit Olivier qui n'était visiblement plus avec Harry.

- Ça te gêne s'il vient avec nous ? s'enquit Dean.

- Non, au contraire, je n'ai pas encore pu échanger avec lui…

Dean était au courant qu'Olivier et Graham avaient été amants, tout comme Olivier était au courant que Graham et Dean l'avaient été. La semaine précédente, après les sélections, les deux coéquipiers avaient fait un brin de causette et Graham s'était confié à Olivier sur la relation qu'il avait eue avec Dean à la fin de l'année. Olivier avait réagi comme Adrian en faisant remarquer qu'il était abonné aux cinquième année, mais sur un ton charrieur, et sans le juger. Il aurait été bien mal placé, lui qui était sorti avec un garçon qui avait quatre ans de moins que lui !

Ayant l'aval de Graham, Dean invita Olivier à s'approcher d'eux, ce qu'il fit.

- Alors, comment va le gardien sauveur de Flaquemare ? lança Dean.

- Sauveur, tout de suite les grands mots… Mais il va bien. Et toi ?

- Ça va, ça va. Mais ne joue pas les modestes, sans toi, ton équipe aurait été bien embêtée !

- Je n'ai fait que remplir mon rôle de joueur de réserve…

- Oui, mais tu n'as pas fait que ça, tu l'as rempli, certes, mais avec brio ! Les articles de la Gazette, de Sorcisport et de Quidditch Mag ne tarissaient pas d'éloges sur tes performances… Mais comme dans toutes les équipes, tu as quand-même dû refaire les sélections ?

- Oui, c'est obligatoire.

- J'imagine que tu les as réussies haut la main ?

- Oui, et il a même été titularisé ! divulgua Graham.

- Ooooh, toutes mes félicitations ! En même temps, c'est mérité. Tu as fait plus des trois quarts des matchs car le gardien titulaire était sans cesse blessé, et tu as grandement contribué à la victoire de ton équipe lors de quasiment tous les matchs que tu as joués…

- Tu es bien renseigné, constata Olivier.

- Bah, je lis tous les articles qui ont trait à la Coupe de la Ligue, à la Coupe d'Europe et à la Coupe du monde de Quidditch… Et plus particulièrement quand ils concernent le Club de Flaquemare où évolue l'ex capitaine de l'équipe de Quidditch de ma maison… Tu es admiré pour ça à Poudlard, tu sais. Ce n'est pas n'importe quelle équipe que tu as intégrée… Et tu vas être deux fois plus admiré à présent que tu es titularisé ! Et deux ans seulement après être entré dans l'équipe…

- S'il y a une personne ici à admirer, c'est Graham, souligna Olivier. Il a fait plus fort que moi. Il a été le candidat le plus convaincant au poste de poursuiveur et il a été d'office titularisé.

Dean écarquilla les yeux et s'adressa à Graham :

- Oh, mais tu es un petit cachottier ! Tu m'as juste dit que tu étais allé aux sélections et que tu avais été pris, mais tu ne m'avais pas précisé qu'en plus de ça, tu avais été titularisé… Quoi qu'il en soit, félicitations à toi aussi ! Mais en vrai, ça ne m'étonne pas tant que ça. Tu as de la bouteille, en ayant été cinq ans dans l'équipe de Quidditch de Serpentard. Et tu étais l'un des meilleurs poursuiveurs à Poudlard, au même titre qu'Olivier qui était l'un des meilleurs gardiens. Si ce n'était le meilleur… Franchement, avec vous dans l'équipe du Club de Flaquemare, les Chauve-souris de Fichucastel, les Flèches d'Appleby et les Tornades de Tutshill n'ont qu'à bien se tenir !

- Ouh là, d'ici à ce qu'on batte les Flèches d'Appleby et les Tornades de Tutshill, il y a de la marge ! À l'issue de cette saison, elles ont eu respectivement six cent et huit cent points de plus que nous, et tous les ans, elles cumulent de plus en plus de points…

- Comme vous.

- Oui, mais si on grappille tous des points chaque année, ce n'est pas comme ça qu'on va rattraper les Flèches et les Tornades…

- Si, en grappillant plus de points qu'elles, rétorqua Dean. C'est ce que vous faites avec les Chauve-Souris de Fichucastel, avec qui vous n'avez que cent points de différence. Alors qu'il y a deux ans, vous étiez à sept cent points d'elles… Vous avez considérablement réduit l'écart. Mais j'avoue que ça va être très dur de faire de même avec les Flèches et les Tornades… Quoique, avec Graham dans l'équipe…

- Ah, tout à l'heure, c'était Olivier le sauveur de Flaquemare, maintenant, ça va être moi, s'esclaffa Graham.

- Eh ben oui, tu vas être le héros du Club, comme l'a été Olivier !

- Tu nous idéalises trop, tempéra Graham. Mais c'est mignon.

Olivier eut un sourire en coin que vit Graham, qui le lui fit ravaler d'un simple regard. Olivier leva discrètement les mains en signe d'apaisement. Graham ne voulait surtout pas qu'Olivier croie qu'il avait des sentiments pour Dean ! Tout compte fait, c'était peut-être gênant d'avoir deux de ses ex à ses côtés… Heureusement, Olivier reporta son attention sur Dean :

- Mais dis donc, tu n'as pas été admis dans l'équipe de Quidditch de Gryffondor, toi ?

- Si, en tant que poursuiveur remplaçant. Comment l'as-tu su ?

- Par Harry. Tu as pu jouer un match ?

- Non, mais ce n'est pas plus mal comme ça, déclara Dean. Pour ma première année dans l'équipe, mon but, c'était de faire du Quidditch, rien de plus.

- Oui, mais dès septembre, s'il n'y a pas plus compétent que toi lors des sélections, tu risques d'être titulaire, vu qu'Angelina et Alicia ne seront plus à Poudlard, et là, tu n'auras pas d'autre choix que d'assumer les matchs…

- Oui mais là, je serai prêt. Cette année, c'était trop tôt, j'étais tout nouveau dans l'équipe…

- Mais tu n'étais pas débutant en matière de Quidditch ?

- Non, j'avais l'expérience nécessaire, mais c'est dans la tête que ça ne l'aurait pas fait.

- Étrange, venant de toi… Car sans être arrogant ou prétentieux, tu n'es pas du genre à manquer de confiance en toi, s'intrigua Graham.

- C'est que tu ne me connais pas dans la vie de tous les jours, où je n'ai pas la même assurance que dans le domaine où on s'est pas mal côtoyés… Je ne me sous-estime pas, mais je ne me sur-estime pas non plus. Je suis conscient de mes capacités, mais je ne m'en vante pas.

- C'est pour ça que tu es autant populaire… Tu es le mec agréable par excellence.

- Et pas loin du mec parfait… Gentil, serviable, sociable, sportif, bon élève, énuméra Olivier. Tout pour plaire, en gros.

- Si tu étais célibataire, tu tenterais ta chance ? s'enquit Dean, curieux.

- Pour une relation durable, il y aurait moyen, oui. J'aurais l'impression que ce serait du gâchis si ce n'était basé que sur le sexe… Avec des gars comme George ou toi, on a envie de partager plus que des moments charnels…

- C'est gentil, fit Dean, touché. Mais heureusement que tous les mecs ne sont pas dans le même état d'esprit vis-à-vis de moi ! Sinon, j'aurais bien du mal à me dégoter des amants… Car pour l'heure, je ne suis pas du tout intéressé par des relations sérieuses. Mais de toute façon, ça n'aurait pas pu se faire entre nous, puisque tu es engagé avec George…

- Oui, et je l'aime trop pour le tromper. Les autres mecs n'existent plus depuis que je suis avec lui. Bon, sinon, que vas-tu faire de tes vacances ?

- Eh bien, je vagabonde un peu partout jusqu'à fin juillet, et en août, j'aurai un job à l'animalerie.

- Tu n'as pas pu avoir un job sur tout l'été ?

- Si, on me l'a proposé, mais je suis très occupé ce mois-là, ça n'aurait pas été compatible avec un job, même à mi-temps. Mais si j'avais su, j'aurais tout décalé à août, j'aurais travaillé en juillet, et en août, je serais allé aux conférences des potionnistes en Irlande ! Et je ne serais pas allé à celles de l'année dernière en Australie !

- Tu es allé en Australie ?! s'écria Graham.

- Avec mon meilleur ami et ses parents, oui. Cette fois-là, j'avais fait l'inverse : j'avais travaillé en juillet, et je m'étais offert de vraies vacances en août avec cette virée en Australie.

- Au moins, ça t'a fait voyager…

- Oui, et c'était cool. Mais j'ai été dégoûté quand j'ai lu dans la Gazette que cet été, les potionnistes feraient leurs conférences en Irlande… Ça aurait été bien moins coûteux et galère d'y aller !

- Oui, et il y en a un qui va bien en profiter…

- Qui ça ?

- Draco, dévoila Graham.

- Il y va ?!

- Oui, avec son parrain.

- Oooh mais tu fais bien de me l'annoncer ! Où est-il ? J'ai à lui parler…

- Il est derrière les stands, révéla Olivier en désignant le fond de la boutique.

Draco était effectivement en train de contempler une des inventions des jumeaux. Lorsque Dean le héla, il parut surpris, mais ce fut sans trop hésiter qu'il vint vers eux.

- Tu es seul ?

- Non, je suis avec Harry et mes amis, mais ils sont tous devant l'atelier des boîtes à flemme. Ça ne m'attire pas trop, alors je suis allé déambuler dans les rayons. Tu avais un truc à me dire ?

- Oui. Tu vas bien en Irlande assister aux conférences ?

- Ah bah les nouvelles vont vite…

Le ton de Draco était ironique, mais dénué de tout reproche.

- J'ai quelque chose pour toi. Quand j'étais à ces conférences en Australie, j'avais bossé au mois de juillet et j'avais économisé pour me payer les activités qui ne sont pas inclues dans le package et qui sont plus chères. J'ignorais quelles étaient ces activités, et je n'avais pas souhaité le savoir avant d'y aller, mais le dépliant les vendait comme étant extraordinaires. Il y en avait six ou sept en tout, et il y avait l'option d'acheter le pack entier et d'en avoir un second gratuit. J'avais l'intention d'en faire bénéficier Seamus, afin de le remercier d'avoir fait en sorte que ses parents m'emmènent avec eux, mais Seamus et moi avions eu la même idée sans se concerter, et on s'est retrouvés avec deux packs gratuits sur les bras… Comme les tickets sont valables d'une année sur l'autre, je me suis dit qu'il y aurait bien un de mes camarades de Poudlard qui s'y rendrait, et que j'allais pouvoir lui donner les tickets en trop… Et bingo, c'est tombé sur toi ! Par contre, par pitié, dis-moi que ton parrain ne s'est pas procuré ces tickets…

- Non, mais il l'aurait sûrement fait une fois là-bas ! Mais tu ne veux pas les garder pour une autre fois, si tu y vas de nouveau ?

- Non, après la sixième et septième année, j'essaierai d'avoir un job tout l'été pour avoir deux mois de salaire et de quoi financer ma formation de potionniste.

- Tu ne t'orientais pas vers une formation de médicomage ? s'étonna Draco.

- Si, mais c'est trop cher. Être potionniste, ça paie bien, je ferai la formation de médicomage quand j'aurai assez d'argent. Mais l'enseignement me tenterait bien aussi…

- Où ça ? Car tu n'es pas près d'être professeur de potions à Poudlard… Normalement, on n'a qu'un professeur par matière, et là, pour les potions, on en a deux qui se partagent le poste…

- Poudlard n'est pas la seule école de magie dans le monde, il y en a d'autres, et il y a également les écoles supérieures. Et il y a les cours privés, pour ceux qui reçoivent leur instruction à la maison… Et c'est l'alternative qui me plaît le plus.

- Ah oui, je n'avais pas songé à ça… Et tu aurais de quoi faire ! Il y a des centaines et des centaines de jeunes sorciers qui font cours à domicile…

- Oui, et si bien que les professeurs privés ont des semaines très chargées… Mais ça ne me fait pas peur. J'aime être actif !

- Pas dans toutes les sphères…

Graham, qui avait bien saisi l'allusion de Draco, fut gêné pour Dean, qui, lui, n'eut l'air nullement embarrassé. En voyant la réaction de Graham, il désamorça même la situation :

- Oh, c'est bon, on est entre nous… Et je n'ai aucun problème avec ça.

- Oui, et ça va que tu n'as personne, car il y a deux de tes ex ici, plaisanta Draco.

Cette vanne, qui était censée être légère, augmenta la gêne de Graham. Car lui, pour le coup, avait trois de ses ex autour de lui ! Si, quand il n'y avait qu'Olivier et Dean, il s'en moquait, là, ce n'était plus le cas avec Draco qui s'était ajouté, et avec la tournure que prenait la conversation…

- Bah toi c'est pas vraiment mieux, tu en as autant parmi nous, rétorqua Dean à Draco.

- Oh, il n'a pas à s'en faire, Harry n'est pas jaloux, intervint Olivier.

- Comment tu… Ah bah oui, suis-je bête…

Draco, qui était jusque-là très à l'aise et qui avait même provoqué le trouble qui agitait Graham en taquinant Dean, parut soudain beaucoup moins dégagé. Il venait visiblement de réaliser qu'en plus d'avoir ses deux ex dans le groupe, il y avait aussi un ex de son petit-ami, à qui il faisait face pour la première fois depuis qu'il était avec Harry… En cela, Olivier aurait peut-être dû s'abstenir de faire cette remarque sur l'absence de jalousie de Harry… Ce fut probablement ce qu'il se dit, à l'instar de Graham, car il s'empressa de dissiper la confusion qu'il avait engendrée :

- Graham, est-ce qu'on peut aller à l'extérieur ? Il faut que je te fasse part de quelque chose…

Graham ne réfléchit pas et ce fut presque lui qui entraîna Olivier hors de la boutique.

- Merci pour la diversion, l'ambiance se faisait un peu trop pesante… C'est con, car à la base, il n'y avait aucune tension entre qui que ce soit, on s'entend tous bien, malgré le fait qu'on soit les ex des uns des autres…

- Oui, mais là, c'était trop. Il y a des limites… Et puis, entre Dean qui rameute tout le monde, et moi qui suis le roi des boulettes…

- Oui, Dean a eu le don de réunir quatre personnes qui, excepté toi, avaient toutes au moins deux ex dans le lot… Enfin, quand je dis «excepté toi», c'est parce que, selon moi, j'étais ton seul ex, car je suis sûr que tu n'as pas fricoté avec Draco. Mais Dean, en revanche…

- Non, je t'arrête tout de suite : il n'y a rien eu entre nous.

- Vous sembliez pourtant très proches.

- Parce qu'on a été trois ans dans la même maison, et que je l'ai aidé à la fin de sa deuxième année, quand il a traversé une période difficile. Il n'aurait rien pu y avoir avec lui, car il n'avait que treize ans à ce moment-là, et il était avec son tout premier copain. Ensuite, c'est moi qui n'étais pas libre, vu que j'étais avec Harry, et après Harry, j'ai vite craqué pour George.

- Ouais, mais avoir deux mecs à la fois, ce n'était pas un souci pour toi…

- Ça, c'était avant Harry. L'histoire que j'ai eue avec lui m'a transformé et m'a assagi.

- C'est une bonne chose. Tu étais donc bien celui qui était le mieux loti quand on était avec Dean et Draco. J'étais bien ton seul ex.

- Oui, et toi, tu en avais trois, je n'aurais pas aimé être à ta place…

- Deux et demi, en fait. Dean ne sera bientôt plus mon ex. Comme il va avoir un job à l'animalerie au mois d'août, et qu'il va loger au Chaudron Baveur, on va reprendre nos petites habitudes qu'on avait à Poudlard, le soir, quand on n'aura pas eu une journée trop épuisante.

- Ah oui, vous sautez sur la première occasion pour vous payer du bon temps… Vous êtes si accros que ça l'un à l'autre ?

- Non, on n'est pas accros, mais on est très compatibles, lui et moi, que ce soit sur le plan sexuel ou sur le plan humain. Car il n'y a pas que du sexe, entre nous. On papote et on se confie.

- Ouais, comme on le faisait, toi et moi…

- C'est ça. Toi qui as été plus que simple camarade avec lui, tu es certainement d'accord avec le fait que Dean est un gars avec qui il est très agréable d'échanger…

- Oui, ce n'est pas moi qui vais nier cela… Mais ça ne te fait rien, vis-à-vis d'Adrian ?

- Rien n'est envisageable avec lui pour l'instant. Et coucher régulièrement avec Dean va justement me permettre d'oublier un tant soit peu ce que j'éprouve pour Adrian.

- Oui, mais le truc, c'est que ce n'est pas qu'une attirance physique que tu as envers lui…

- Ça va au moins me soulager de ça, et pour ce qui est de mes sentiments… Je vais continuer à faire avec. Et comme je le disais à Draco, ils ne me hantent pas trop. Quand je suis avec lui, je n'ai pas à me forcer à faire comme si de rien n'était. Car avant d'être le garçon dont je suis amoureux, Adrian est mon ami. Et un ami, actuellement, c'est ce dont il a besoin par-dessus tout.

Olivier acquiesça.

- Je vois. Quelle veine il a de t'avoir… Mais entre lui auprès de qui tu es au maximum quand il est chez toi, et les trois entraînements hebdomadaires, est-ce que tu vas avoir du temps pour ta famille ?

- Oui, je vais faire en sorte d'aller chez mes parents une fois par semaine en août, ça s'inscrira dans le processus d'autonomie d'Adrian. Ce mois-là, c'est trop tôt, mais le mois prochain, il sera apte à être seul plus fréquemment et plus longtemps. Mais cela se fera très progressivement, pour ne pas le brusquer.

- Bon, c'est bien que tu ne sois pas trop loin de ta famille. D'ailleurs, comment vont tes parents ? Et ton frère ? Et ta sœur ?

Olivier était l'une des rares personnes à savoir que Graham avait un frère et une sœur. Aux autres, il prétendait être fils unique. Mais s'il mentait, ce n'était pas par honte. C'était pour se préserver. Car évoquer son frère, et dans une moindre mesure, sa sœur, était très douloureux pour lui.

Lors de la Guerre des Sorciers, les parents de Graham s'étaient fermement opposés à Voldemort, qui avait maintes fois tenté en vain de les recruter. En 1 978, lors d'un duel acharné entre les Montague et Dolohov, un puissant Mangemort, Gladys, la mère de Graham, avait reçu en bas de l'abdomen un sort qui n'avait pas eu d'incidence dans l'immédiat, mais sur le long terme. Ceci était une des deux particularités de ce sort. L'autre résidait dans le fait qu'il détruisait très lentement les organes situés dans la partie du corps qu'il avait visée. Si lentement que ce n'était qu'au bout de quelques années que les effets s'en faisaient ressentir. Ils poussaient alors les victimes à aller consulter, mais c'était souvent trop tard, car les organes étaient déjà bien endommagés, et il était impossible de réparer les dégâts générés par le sort. Tout ce que les médicomages étaient en mesure de faire, c'était de freiner l'évolution de ces dégâts. Mais cela ne fonctionnait que chez la moitié des patients. Chez les autres, les potions et les opérations étaient inefficaces, et ils finissaient par être emportés par le sort, après une dizaine d'années de crises si violentes qu'elles en étaient insoutenables, et que la plupart de ces patients décidaient de mettre eux-mêmes fin à leur supplice, accompagnés dans leur démarche par des médicomages. En ce qui concernait la mère de Graham, c'étaient les organes reproducteurs qui avaient été atteints. Dans ce contexte, il y avait deux cas de figure : s'il n'y avait pas de grossesse par la suite, les organes se dégradaient de la même façon que les autres, mais en silence, la femme subissant les conséquences du sort sans en être importunée. Si, par contre, il y avait une grossesse, là, c'étaient aussi bien la future mère que l'enfant à naître qui étaient touchés. Et là où ce satané sort était très cruel et très pernicieux, c'était qu'il était bien plus invasif chez l'enfant. Car, ayant baigné durant neuf mois dans un liquide amniotique infecté par le sort, c'était tout son corps entier qui était envahi par les germes de celui-ci, ainsi que son fluide magique, les germes étant également présents dans celui de la mère, que l'enfant partageait tout au long de la grossesse. Et cela faisait de la magie de l'enfant un danger pour lui. C'était elle qui attaquait ses organes, et impactée par le maléfice, elle était relativement plus incontrôlable que chez les enfants sains. Mais il y avait néanmoins un point positif pour les enfants contaminés in utero par le sort : ils pouvaient en guérir, contrairement à leur mère. Et plus la grossesse survenait tôt après que la femme ait été frappée par le maléfice, plus les chances de rémission de l'enfant étaient élevées. Cela dépendait de l'état des organes. À l'inverse, plus ils étaient détériorés, plus les chances étaient minces, et plus les répercussions étaient terribles pour l'enfant. Mais quand il y avait rétablissement, il nécessitait au minimum dix ans de traitement. Le sort n'avait donc pas eu pour but d'anéantir Mrs Montague lors du combat, mais de la punir pour avoir refusé de s'allier aux Mangemorts, en jetant une malédiction sur elle et sur les enfants qu'elle était susceptible d'avoir.

Sarah, la sœur cadette de Graham, née quatre ans après le duel, avait pâti du sort, mais bien moins que Melvin, le benjamin de la fratrie. Les parents, qui ignoraient que Gladys avait été ciblée par le maléfice que Dolohov avait lancé en informulé, avaient désiré avoir d'autres enfants après Graham, sans être conscients de ce que cela allait impliquer pour eux. Dès ses premières années de vie, Sarah avait bien eu des douleurs inexplicables assez récurrentes, mais c'était léger, si bien que ni Gladys, ni Allan, le père de Graham, ne s'en étaient inquiétés. Ce n'était qu'à quatre ans et demi que la santé de Sarah s'était dégradée d'un coup, la contraignant à se faire hospitaliser à Sainte-Mangouste. Dès lors, de nombreux examens avaient été pratiqués, de multiples pistes avaient été évoquées, vérifiées et écartées, et c'était un spécialiste des sorts de magie noire qui avait finalement diagnostiqué le mal qui rongeait la petite fille. Dans le même temps, Gladys était tombée enceinte de Melvin, et elle en était à cinq mois de grossesse quand avait eu lieu cette révélation. Elle n'était plus du tout dans les délais pour avorter, ce qu'elle l'avait regretté, ne voulant pas qu'un autre de ses enfants n'endure les ravages de ce sort, surtout que celui qu'elle attendait y serait bien plus exposé, avec les huit ans qui s'étaient écoulés depuis le duel… Et, effectivement, il n'avait fallu que deux ou trois semaines pour que le sort prouve qu'il n'allait pas être tendre avec le petit garçon. Cela faisait désormais huit ans qu'il le ravageait de l'intérieur, et qu'il résistait à tous les traitements. Il n'avait jamais reculé, et les médicomages qui suivaient Melvin, et qui étaient considérés comme les meilleurs d'Europe dans ce domaine, arrivaient péniblement à le contenir. La vie de Melvin était rythmée par des crises qui se produisaient une à deux fois par mois, et qui étaient parfois si intenses que c'était, disait-il, comme si chaque élément de son corps était chauffé à blanc. Il souffrait énormément, mais il affrontait cela avec courage et résignation. Sarah, elle, après dix ans de lutte, était sortie d'affaire. Elle n'était plus menacée par le sort, il n'y avait pas de risques de récidive, et les potions qu'elle avait maintenant à prendre servaient juste à booster son système immunitaire, à fortifier ses muscles, et à lui conférer de l'énergie et des vitamines.

Même si la pathologie de Sarah avait été moins grave que celle de son frère, ses séjours à répétition à Sainte-Mangouste l'avaient empêchée d'être scolarisée à Poudlard. Elle avait toutefois pu se faire des amis grâce à l'association qui accueillaient les enfants comme elle qui, pour une raison ou pour une autre, étaient obligés d'avoir une instruction à domicile. Sarah s'était notamment liée d'amitié avec Eileen, la petite sœur d'Olivier, qui avait le même âge qu'elle. Elles s'étaient découvert plein de similarités, et elles étaient vite devenues inséparables et meilleures amies. Quand il n'était pas à Sainte-Mangouste, Melvin, lui, devait rester à la maison, étant trop faible pour aller à l'association. Il ne s'en plaignait pas, ayant assez d'occupations pour ne pas s'ennuyer : il lisait, dessinait, faisait des gâteaux avec sa mère, s'amusait avec ses jouets… Il se fatiguait rapidement, ce qui le forçait à faire la sieste tous les jours, mais ce n'était pas pour autant qu'il passait ses journées alité à ne rien faire, ce qui était contre-indiqué par tous les médicomages. Et quand il faisait beau, et qu'il était en forme, il allait se promener dans un parc qui n'était qu'à deux cent mètres de chez lui.

Voilà donc le secret que taisait Graham sur sa famille. Ayant vu sa petite sœur, puis son petit frère se battre sans répit contre ce sort qui les torturait au plus profond de leur être, ayant vu la douleur sur leurs traits, ayant entendu leurs cris, ayant entendu leurs pleurs, ayant essuyé leurs larmes, ayant fait de son mieux pour les réconforter, les rassurer, les divertir, les égayer, les faire rire, ayant usé de sa patience pour leur faire boire leurs potions quand il relayait ses parents, et que son frère et sa sœur se montraient réticents, il avait été au premier plan face à leur maladie, il avait été à la fois acteur et spectateur, et durant ses premières années à Poudlard, le simple fait de les mentionner réveillait les traumatismes qui étaient enfouis en lui. Il n'avait fait l'effort qu'avec Adrian, Cassius et Miles lors de sa première année, ainsi qu'avec Olivier à la fin de sa quatrième année. Olivier s'était à son tour confié sur Eileen, et outre leur passion pour le Quidditch, c'était ce point commun qu'ils avaient au sujet de leur fratrie qui les avait rapprochés.

- Mes parents vont bien, ma sœur a définitivement vaincu le sort, et mon frère, lui, a commencé un nouveau traitement.

- Ça ne l'épuise pas trop ?

- Non, ça va, il réagit bien.

- Bon, tant mieux, c'est le principal, estima Olivier. Je ne vais pas trop t'embêter avec ça, car on est censés rigoler, aujourd'hui, et là, je vais plutôt plomber l'ambiance…

- Non, pas du tout, t'inquiète ! C'est même un peu pour eux que je suis là.

- Ooooh, tu vas leur acheter des trucs ?

- Oui, mais je ne le leur ai pas dit, ça va être la surprise.

- C'est adorable, s'attendrit Olivier. Ils vont adorer.

- Oh oui…

Les lèvres de Graham s'étirèrent toutes seules rien qu'à cette pensée. Il était très rare qu'il sourit en parlant de Sarah et de Melvin, mais ce jour-là n'était pas un jour comme les autres. Il s'était rendu sur le Chemin de Traverse le matin-même afin d'assister à l'ouverture de la boutique des Weasley, et s'il allait se payer un ou deux objets, le plus gros de son budget allait être consacré aux cadeaux qu'il allait offrir à son petit frère et à sa petite sœur. Il avait envie de leur faire plaisir, et il avait hâte de voir leurs regards s'illuminer et leurs visages s'émerveiller. Et cela correspondait en tout point à l'objectif qu'avaient les jumeaux en créant leur boutique : apporter de la joie à tout le monde, petits et grands, riches et moins aisés, heureux ou déprimés, et quel que soit leur âge, leurs moyens et leur état d'esprit, faire en sorte qu'ils trouvent tous leur bonheur, et qu'ils oublient provisoirement tous leurs tracas, qu'ils fussent plus ou moins sérieux, pour profiter, le temps d'un instant, d'un moment de pure insouciance. Et à la mi-journée, en revenant dans la boutique, Graham put témoigner à l'air radieux des clients, que la mission que s'étaient fixée les jumeaux était plus que remplie…

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Et voilà pour aujourd'hui ! J'espère que le chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé =D

Là, vous avez eu la première moitié de la journée, et je vous donne rendez-vous le dimanche 27 août pour la deuxième partie de l'inauguration !

D'ici là, je vous souhaite de passer de bonnes semaines, prenez soin de vous, je vous embrasse fort, et plein de bisous tout le monde !