Hello !
Cette semaine, je vous propose un chapitre particulièrement long, le plus long de cette histoire !
J'espère que ça vous plaira !
Et sachez que j'ai très hâte qu'on aborde la suite... et les choses sérieuses, hé hé !
Bonne lecture !
Les jours se succédaient et se ressemblaient, rappelant à Peter ses premières semaines à la Tour ; la seule différence était la présence des Avengers, dont la gentillesse et les plaisanteries lui permettaient d'oublier, momentanément, le profond sentiment de solitude qui s'accrochait à son cœur depuis qu'il était privé de Spider-Man. Il croisait à peine Tony et celui-ci semblait toujours trop pressé pour lui adresser la parole, absorbé par son téléphone ou sa tablette tactile. Peter reconnaissait parfois le parfum de l'alcool dans son haleine ; ces jours-là, le regard de Tony fuyait le sien et leurs interactions sociales se réduisaient au minimum requis.
Il l'entendait aussi souvent se disputer avec le Colonel Rhodes. Il ne comprenait pas le sens exact de leurs paroles, mais il savait qu'il était question de lui-même. Il en concevait une certaine honte, malgré les mots réconfortants de Natasha, Steve et des autres, qui lui assuraient que ce n'était que des conversations d'adulte dont il n'avait pas à se soucier.
Au moins, Peter avait respecté à la lettre les ordres de son père. Après ses cours, il rentrait directement à la Tour et se plongeait dans ses devoirs jusqu'à l'heure du dîner. Après avoir avalé le contenu son assiette le plus rapidement possible, il repartait lire des comics dans sa chambre ou regarder une série avec l'un des Avengers, essayant d'ignorer cette partie de lui-même qui lui hurlait qu'il n'était rien, sans son costume de Spider-Man.
Le plus difficile était d'ignorer les appels de détresse des habitants de New-York qui parvenaient parfois jusqu'à ses oreilles. Dans ces cas-là, il mettait son casque anti-bruits et poussait le volume de sa musique au maximum pour ne plus entendre ces hommes et ces femmes qui avaient besoin de son aide.
Il se demandait si c'était ce qu'allait être sa vie, désormais. L'indifférence de Tony, la pitié des Avengers, la frustration de devoir renoncer au costume qui lui donnait une raison de vivre, les heures de lycée toujours ponctuées par les moqueries de Flash…
Mais peut-être était-ce l'existence qu'il méritait. Peut-être était-ce sa punition pour avoir été incapable d'être l'enfant parfait dont Tony aurait voulu — si tant est qu'il ait seulement voulu de lui…
⁂
— Avant de repartir vous éparpiller dans les couloirs comme un troupeau de gnous, je vous rappelle que l'entraînement de vendredi est annulé ! lança MJ à la fin d'une session de Décathlon particulièrement éprouvante, qui avait donné l'impression à ses membres d'avoir effectué un tour complet dans le tambour d'une machine à laver.
— Reporté ? Pourquoi ? On a une nouvelle compétition à la fin du mois, on ne sera jamais prêts à temps ! s'exclama Liz Allen.
MJ esquissa un rictus qui ressemblait curieusement à une grimace.
— Je sais, mais certains d'entre vous ont insisté pour partir en week-end plus tôt, et il faut croire que leurs parents ont suffisamment d'influence pour que le proviseur se sente obligé de se plier à leurs revendications.
— Hey, j'y peux rien, moi, si c'est la fête des pères, et que certains d'entre nous, comme tu le dis. ont les moyens d'offrir au leur un voyage ! protesta immédiatement Flash, dont la pointe des oreilles avait viré à l'écarlate.
— Oooh… mais je croyais que la fête des pères était dimanche, pas TOUT le week-end ! dit Liz, les yeux écarquillés.
— Que veux-tu : les privilèges ne se discutent pas, répondit MJ — mais personne ne pouvait ignorer le sarcasme qui habillait ses mots. Maintenant, si vous permettez…
Elle passa sur son épaule la lanière de son sac en bandoulière, redressa le nez d'un air digne et quitta la salle d'entraînement sous les yeux amusés des autres élèves.
— Woah, on dirait qu'elle est remontée, MJ, hein, Pete ?… Peter ?
A mille lieux de la conversation de ses camarades, Peter fixait la fermeture de son sac à dos, les oreilles bourdonnantes.
Il avait totalement oublié l'existence de la fête des pères. Pourtant, ce n'était pas faute pour celle-ci de revenir chaque année, tel un boomerang qui, tous les mois de juin, heurtait son cœur de plein fouet.
Chez les Stacy, Gwen avait toujours fait mine qu'il s'agissait d'une journée comme les autres, mais elle s'attardait dans les bras de son père lors du petit-déjeuner et lui murmurait à l'oreille quelques mots qui se soldaient invariablement par un sourire débordant de tendresse du policier. Peter savait que plus tard, lorsqu'ils croyaient qu'il ne les entendait pas, Gwen lui offrait quelque chose qu'elle avait acheté avec ses économies, généralement un cigare qu'il rangeait religieusement dans la boîte en bois qui trônait sur la cheminée. Elle lui laissait également une petite carte qu'elle lui priait de cacher afin que Peter ne tombe pas dessus.
D'aussi loin que remontent ses souvenirs, Peter n'avait jamais eu personne avec qui célébrer cette fête. Il n'avait pas connu le ballet des poèmes enfantins, des statuettes en pâte à sel et des cravates Disney. Il était désormais trop vieux pour ça, mais cela n'empêchait pas ces mots d'éveiller en lui le désir confus d'avoir quelqu'un à qui offrir quelque chose. Quelqu'un qui s'écrierait « oh, mais je t'avais dit qu'il ne fallait pas, mon grand ! », mais qui le déballerait avec un mélange d'amour et de fierté dans les yeux — puis qui le serrerait contre lui sans un mot, la gorge serrée par l'émotion.
Mais ce n'était qu'un rêve. Un rêve idiot.
Il n'avait personne.
Personne, sauf Tony…
— Euh, Peter, je crois que c'est dans mon sac que tu essaies de mettre ton livre.
— Oh, euh… oups ! Désolé, mec !
Peter relâcha le sac à dos de Ned et chercha le sien du regard. Il avait roulé de l'autre côté de la salle de classe et, d'après la trace de semelle qui s'était imprimée sur le tissu bleu, la chaussure de Flash n'y était pas étrangère.
— Ugh…
Il l'épousseta du mieux qu'il le pouvait.
— Encore Flash ? Tu ne crois pas que tu devrais en parler à un prof ? l'interrogea Ned en l'observant d'un air hésitant. Déjà qu'hier, il a caché tes affaires de sport dans les toilettes…
Peter haussa les épaules.
— C'est juste un vieux sac, je vais pas déranger les profs pour ça. Dis, euh… je me disais… euh… Qu'est-ce que tu offres à tes parents, toi, pour leur fête ?
La question sembla surprendre Ned.
— Oh, bah, des petits trucs tout simples… pour la fête des mères, je l'ai aidée à cuisiner, elle était super contente, et je lui ai pris un foulard dans cette boutique qui fait des objets personnalisés pas loin d'ici… c'est un magasin qui vend des t-shirt, des stylos, des tasses, ce genre de truc. Tu veux que je t'envoie l'adresse ?
— Ouais, pourquoi pas, répondit Peter.
Il s'imagina offrir un foulard à Tony et eut aussitôt envie de se cacher au fond d'un placard. Il se représentait sans difficulté l'expression de l'homme, d'abord interdite, puis embarrassée ; il le voyait déjà toussoter, chercher une excuse pour changer de pièce et repartir précipitamment, non sans lui laisser son foulard dans les bras.
Et pendant ce temps, Flash offrait tout un week-end hors de la ville à son propre père…
— Tiens, voilà l'adresse, c'est pas très loin d'ici et je suis sûr que tu trouveras plein de trucs ! C'est pour M. Stark ?
— Oui, avoua Peter en rougissant. Mais tu sais, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée… il a déjà tout ce qu'il veut, tu vois ? Ce n'est pas un t-shirt qui va faire la différence…
Ned parut décontenancé.
— Je ne crois pas que ce soit vraiment ça qui compte… Je veux dire, ce n'est pas vraiment l'objet qui est important. C'est tout ce que tu construis autour. Par exemple, ma mère était heureuse parce que j'ai passé la journée avec elle et parce que j'ai fait broder les paroles de sa chanson préférée sur son foulard. Maintenant, quand elle le porte, elle pense à moi, tu vois ? Si je lui avais juste offert un bijou hors de prix sans un mot ni l'embrasser, elle aurait été beaucoup moins contente.
— De toute façon, la fête des pères est une institution consumériste. Une fête de plus pour vous pousser à l'achat, comme la Saint-Valentin ou la fête des grands-mères. C'est à vous d'en faire autre chose, au lieu d'acheter des trucs inutiles juste pour acheter des trucs inutiles, dit une voix dans leur dos.
Les deux garçons sursautèrent. La visage de MJ venait d'apparaître dans l'entrebâillement de la porte, encadré de ses boucles brunes légèrement ébouriffées.
— MJ, qu'est-ce que tu fais là ?!
— J'avais oublié mon chargeur de téléphone, dit-elle obligeamment. Et je vous retournerai bien la question, mais en fait, je ne suis pas sûre que j'ai envie de le savoir. Et accessoirement, le lycée ferme dans dix minutes, bougez-vous si vous ne voulez pas vous faire enfermer !
— A vos ordres, chef ! répondirent-ils à l'unisson.
MJ leur adressa un salut militaire, l'air faussement sérieux, mais Peter fut persuadé qu'un sourire avait brièvement fait frémir ses lèvres. Son cœur s'en retrouva curieusement allégé.
⁂
— Happyyyy…
— Toi, tu as quelque chose à me demander, grommela Happy en lui jetant un regard soupçonneux à travers le rétroviseur intérieur de la voiture.
Peter lui adressa un grand sourire, mais celui-ci ne trouva pas le moindre écho sur le visage de l'homme.
— Happy, je sais que je ne suis pas censé sortir, ce week-end, mais je voulais te demander un service, euh… très, très exceptionnel !
Les sourcils de Happy se froncèrent.
— Quel genre de service ? Si c'est pour rejoindre une copine…
— Non, non, pas du tout ! Mais, euh… dimanche, c'est, euh, la fête des, euh… la fête des pères, dit Peter à toute vitesse. Alors j'ai pensé que, euh, enfin, Ned m'a donné l'adresse de ce magasin et je me disais que je pourrais y faire un tour, vendredi soir, après les cours… pas plus de quinze minutes, promis ! Normalement, on devait avoir un entraînement avec l'équipe mais il a été supprimé, alors… je me suis dit que ce serait l'occasion, enfin, seulement si tu es d'accord, bien sûr…
— Okay, petit, tu parles tellement vite que je ne comprends qu'un mot sur deux. Je vais essayer de reformuler ce que j'ai cru entendre : tu veux que vendredi, je t'emmène acheter un cadeau à Tony, pour la fête des pères c'est ça ?
Dans la bouche de Happy, sa requête lui parut tout de suite atrocement ridicule. Peter remua sur son siège, embarrassé.
— Ouais, enfin c'est juste une idée comme ça, tu as raison, c'est idiot…
— Je ne pense pas que ce soit idiot, répliqua Happy, sans se départir de son ton un peu bourru. Au contraire… je pense que c'est une bonne idée, petit. Une très bonne idée.
Peter en fut si surpris qu'il manqua d'avaler sa propre langue.
— Oh, t-tu le penses v-vraiment ?
— Je t'emmènerai dans ton magasin à la fin de tes cours. Tony a une réunion avec les autres, vendredi, il ne s'apercevra sûrement de rien… et même si c'était le cas, je me porterai garant pour toi.
— Tu… tu ferais ça pour moi ? Oh, merci Hap, t'es vraiment le meilleur ! Merci, merci, merci !
— Je t'en prie, répondit l'homme en se rengorgeant légèrement.
— Si je le pouvais, je te serrerais dans mes bras !
— Tu n'es pas obligé, lui assura Happy. Non, non, vraiment, pas la peine de te pencher comme ça, tu vas vraiment finir par casser cette ceinture !
⁂
Et c'est ainsi qu'après ses cours du vendredi, Peter se retrouva dans une boutique colorée, coincé entre des sweat-shirts « Père-fect » et des porte-clés « Captain Ameri-Papa» aux couleurs de Steve Rogers, serrant nerveusement dans sa main la lanière de son sac à dos. Seul Happy était au courant de son escapade à la recherche du cadeau idéal ; il n'avait pas osé parler de son projet aux autres Avengers, de peur qu'ils ne se moquent de lui ou qu'ils n'esquissent cette moue navrée qu'ils lui réservaient, parfois, quand il leur parlait de Tony.
Plus il observait les articles qui trônaient sur les étagères de la boutique et plus il regrettait le choix de celle-ci. Il n'imaginait vraiment pas Tony Stark se promener dans un t-shirt « Certifié meilleur papou de l'univers », ni coller des magnets ornés de leurs visages sur le frigidaire de la Tour. D'ailleurs, réalisa Peter avec un pincement au cœur, il n'existait aucune photographie d'eux. Aucune preuve qu'ils vivaient ensemble et étaient reliés l'un à l'autre.
Il se détourna des albums photos et attacha son regard à une rangée de marteaux de Thor en plastique, la gorge serrée.
— Tu as besoin d'aide, trésor ?
L'adolescent releva les yeux, surpris. Plantée devant lui, une vendeuse lui souriait gentiment ; elle portait un gilet aux couleurs criardes de la boutique et avait coincé sous son bras un carton d'où s'échappait des volutes brillants de papier bulle. D'après le badge épinglé sur sa poitrine, elle s'appelait Sheila.
— Oh, euh, non, enfin, oui, peut-être, bafouilla Peter en rougissant. J-je… euh… je cherche quelque chose à offrir, pour mon… pour mon…
— Pour ton papa ? compléta Sheila avec douceur.
— Ce… ce n'est pas exactement… enfin, je vis chez lui, fut tout ce que Peter trouva à lui répondre.
Sheila haussa un sourcil, mais ne sembla pas perturbée par sa réponse.
— Très bien, mon chéri. Est-ce que ton père aime quelque chose en particulier ? La bière ? Les jeux de société ?
— Euh… il aime les robots, les ordinateurs et, euh… le café. Il boit beaucoup de café.
— Oh, alors je pense que j'ai ce qu'il te faut, mon petit trésor ! Suis-moi !
Intrigué, Peter lui emboîta le pas. Elle l'emmena devant le comptoir et y posa son carton, faisant tintinnabuler son contenu. Après avoir délicatement retiré le papier bulle, elle plongea la main à l'intérieur du carton et en sortit plusieurs tasses qu'elle montra fièrement à Peter.
D'un côté, elles étaient entièrement blanches ; de l'autre, elles étaient ornées de personnages issus de la pop culture : Yoda, Dark Vador, Pikachu… et tous les Avengers, adoptant des pauses plus ou moins avantageuses qui différaient grandement des Avengers en pyjama que Peter avait pris l'habitude de côtoyer.
Souriant instinctivement, Peter choisit une tasse ornée d'un Iron Man qui levait le poing d'un air particulièrement féroce.
— Woah, il a l'air super costaud là-dessus !
— Ah, ça ! Il n'a pas l'air d'être un homme commode, pouffa Sheila. Mais c'est un excellent choix, c'est l'une de nos meilleures ventes ! Et regarde : l'autre côté est vide, pour que tu puisses y faire graver le message de ton choix. Comme ça, ton père pensera à toi à chaque fois qu'il boira son café ! N'est-ce pas merveilleux ?
— Le message de mon choix ? répéta Peter, intéressé. Comme, euh, « Super Papa » ou, genre, « Le meilleur Papa de la galaxie » ?
— Exactement. Et si tu veux mon avis, j'aime beaucoup ta deuxième proposition, sourit Sheila. Que penses-tu de partir là dessus ?
— Oh, euh…
Peter avait très chaud, tout à coup. Il n'avait jamais prononcé le mot Papa en présence de Tony, il était même incapable d'associer Papa et Tony Stark. Ces deux termes matérialisaient des réalités différentes, qui gravitaient sur le même orbite sans jamais entrer en collision. Tony était son père ; l'homme qui lui avait légué une partie de son ADN. A ses yeux, c'était quelque chose de très différent d'un Papa — tout comme Peter savait qu'il ne connaîtrait jamais la signification profonde que pouvait revêtir ce mot.
— Est-ce qu'on peut mettre son prénom, plutôt que, euh, Papa ? balbutia-t-il en détournant les yeux. « Le meilleur [Son Prénom] de la galaxie »?
Sheila fit la moue :
— Je ne suis pas sûre que ça veuille dire grand-chose, mon chéri.
— Il… il préférerait, je pense, insista Peter. S'il vous plaît…
— Tu n'as pas à me demander la permission, trésor. C'est ton message, après tout. Comment s'appelle ton père ?
— Euh… Tony.
Le visage de Sheila s'illumina aussitôt :
— Oh, comme Iron Man !
— Comme Iron Man, admit Peter en rougissant de plus belle. Mais, euh, il n'a rien à voir, héhé, il ne doit même pas savoir se servir d'un tournevis et, euh, il vit dans le Queens. Alors, euh, c'est possible ?
— C'est possible, confirma Sheila. Attends-moi là, je m'occupe de tout !
Et son gilet bariolé disparut dans l'arrière-boutique, laissant Peter seul devant le comptoir.
Non sans se sentir légèrement idiot, Peter prit son mal en patience, s'intéressant à un petit présentoir de portes-clés. Il s'apprêtait à le faire tourner sur lui-même lorsqu'un frisson glacé remonta le long de sa nuque, interrompant net son geste.
Il fit lentement volte-face, serrant les poings par réflexe. Un homme pâle, aux yeux fuyant, venait de pénétrer dans la boutique. Lorsque sa silhouette le frôla, une alarme s'alluma dans l'esprit de Peter.
Il avait arrêté suffisamment de délinquants pour reconnaître certaines attitudes suspectes. Cette façon de jeter des regards nerveux à droite et à gauche, cette main enfouie dans sa poche, comme s'il se cramponnait à une arme, les battements effrénés de son cœur qui parvenaient jusqu'aux oreilles de Peter malgré les mélodies pop que mugissaient les hauts-parleurs de la boutique…
Sans réfléchir, il remonta légèrement la manche de sa veste... avant de se souvenir qu'il n'avait plus ses lance-toiles. Ni son costume, ni son masque. Il ne pouvait plus se réfugier derrière son identité de super-héros : à cet instant, il n'était que Peter Parker, un adolescent de quatorze ans qui cherchait un cadeau pour son père et n'avait pour possession qu'un téléphone portable rangé dans l'une des poches de son sac à dos.
A cette pensée, ses yeux s'écarquillèrent et son rythme cardiaque s'emballa.
Son téléphone portable ! Tony y avait installé des programmes de sécurité : il lui suffirait de presser trois fois le bouton latéral pour que Iron Man — ainsi que les autres Avengers — soient avertis que la boutique dans laquelle il se trouvait était en danger !
Mais Peter n'eut pas le temps de s'emparer du petit appareil ; l'homme se mit soudainement à vociférer, sortant de l'intérieur de son manteau un petit pistolet :
— ARRÊTEZ TOUT CE QUE VOUS FAITES ! CECI EST UN HOLD-UP !
— Oh non, geignit l'adolescent, se retenant de lever les yeux au ciel. Pitié, on ne peut pas faire plus cliché que cette phrase !
— Qu'est-ce qu'il se passe ic… HIIII !
Sheila venait d'émerger de l'autre côté du comptoir, les yeux agrandis par la stupeur et la terreur. Il y eut un bruit mat, et Peter vit à regret la tasse qu'il comptait offrir à Tony rouler sur le sol de la boutique. Une large ébréchure zébrait désormais le dessin d'Iron Man.
— P-Prenez ce que vous voulez, tout ce que vous voulez, mais s'il vous plaît, ne nous faîtes pas de mal ! Nous ne sommes qu'une petite boutique de cadeaux ! gémit la vendeuse en se tordant nerveusement les mains.
— Juste une petite boutique de cadeaux ? Tu crois que j'connais pas le chiffre d'affaire de c't'endroit ? mugit l'homme. J'sais très bien qu'vous vous faîtes un sacré pognon, avec toutes vos merdes, alors essaie pas d'm'arnaquer, ou j'hésiterai pas à te refaire le portrait !
Ses doigts s'accrochaient convulsivement à la crosse de son pistolet ; ils tremblaient si fort que le canon semblait danser sous les lumières blanches de la boutique.
— Euuuh… faîtes gaffe quand même avec votre truc, là, dit Peter en suivant l'arme du regard. Vous allez finir par faire un trou quelque part !
L'homme se figea, dévisageant Peter avec un mélange d'ébahissement et d'incrédulité — mais rapidement, la colère crispa ses traits, éclipsant tout le reste :
— Ouais, bah c'est ta tête que j'vais trouer si tu la fermes pas, sale morveux !
— Euh, okay, okay, je me tais !
L'homme lui coula un regard noir, puis observa les autres clients de la boutique. Sa paupière tressautait, trahissant sa nervosité.
— Toi, là !
Il pointa maladroitement son arme sur une femme qui essayait de se cacher derrière un rayonnage d'ours en peluche.
— Viens ici ! Tu vas être ma caution. Si un de vous essaie de prévenir la police, ou fait le moindre geste brusque, je tire sur elle, c'est compris ?
La même expression horrifiée se propagea sur les visages des clients de la boutique. Peter entendait Sheila trembler derrière lui et retenir difficilement des gémissements terrifiés.
— C'EST COMPRIS ?!
— C'est compris, M'sieur le voleur, pas la peine de vous énerver ! J'vous assure que vous allez finir par casser un truc, si vous continuez à vous agiter comme ça !
L'homme se retourna vers Peter et le fixa de nouveau avec une incrédulité mêlée d'une rage qui semblait émaner de ses prunelles en vagues brûlantes. L'adolescent retint son souffle.
— Qu'est-ce que t'as, petit malin ? T'as envie que je mette mes menaces à exécution ou quoi ?!
— Pas vraiment, admit Peter en soutenant son regard, ignorant les murmures de son auditoire qui le pressait de se taire. En fait, j'ai plutôt envie que vous rangiez votre machin et qu'on parle tranquillement, sans qu'aucun d'entre nous ne risque de se faire tirer dessus par accident.
— Je rêve, ou tu te fous de ma gueule ?!
— Pas du tout ! Vous devriez vraiment essayer la communication non-violente : vous verrez, les gens seront beaucoup plus sympas avec vous quand vous n'agiterez pas un pistolet sous leur nez !
L'homme cilla. Il semblait se demander si Peter était totalement inconscient ou totalement fou, et l'adolescent n'était pas loin de partager cette impression.
Un sourire mauvais se glissa subitement sur son visage, et il cessa de menacer la femme. Celle-ci poussa un soupir de soulagement, qui fut bientôt remplacé par une exclamation d'horreur.
— Okay, morveux, on va changer les règles du jeu : ma caution, ce sera toi. Si l'un d'entre vous essaie d'appeler la police, de m'arrêter ou seulement de m'entuber, c'est ta petite cervelle de génie qui repeindra les murs. Ça te convient ?
— Euh… vous attendez vraiment une réponse de ma part ? grimaça Peter en levant les mains vers le ciel, le pistolet désormais braqué droit sur son front.
— N-non… vous ne pouvez pas... ce n'est qu'un enfant ! couina Sheila derrière lui, d'une voix étranglée par la terreur.
— Et si tu veux pas qu'il lui arrive une bricole, file-moi tout de suite ta recette. Et essaie pas de me la mettre à l'envers, ou ton petit pote va le regretter !
Sheila s'exécuta lentement, mais elle était si nerveuse qu'elle ne parvint pas à ouvrir la caisse enregistreuse du premier coup.
— Bordel, mais c'est pas possible d'être autant empotée ! Magne-toi le cul, putain !
Pendant que le voleur postillonnait sa rage sur Sheila, Peter ne quittait pas le pistolet des yeux. Son cœur battait la chamade, mais il savait que tant que l'homme le menaçait, les autres clients étaient en sécurité — et c'était tout ce qui comptait.
Ce braquage-là ne ferait aucune victime innocente, il s'en était fait le serment.
— V-voilà, c'est ouvert, prenez tout ce que vous voulez !
— Ouais, ouais. Toi !
L'homme enfonça le canon de son pistolet dans l'estomac de Peter, le faisant sursauter.
— Tu vas me prendre les billets et me les passer. Et pas d'entourloupe, sinon, boum !
— Pas d'entourloupe, sinon boum, répéta Peter. C'est très clair, M'sieur.
Sous le regard affolé de Sheila, il prit une pleine poignée de billets et la glissa au braqueur. Celui-ci se rembrunit.
— C'est tout c'que t'as ?
— J-je… c'était une journée tranquille, répondit la vendeuse, le visage écarlate. Je vous l'ai dit, nous ne roulons pas sur l'or…
— T'es sûre ? Ta petite caisse enregistreuse cacherait pas un double fond, par hasard ?
Elle écarquilla les yeux :
— N-non, bien sûr que non !
— Ah ouais ? T'as pas l'air sûre de toi…
— Non, je vous assure !
— C'est ça, prends-moi pour un pigeon ! T'as peut-être besoin qu'on te rafraîchisse la mémoire ? J'espère pour toi que tu ne tiens pas à ta jambe, gamin, grinça-t-il en pointant son arme sur la cuisse de Peter. Désolé d'avance, ça risque de piquer un peu !
Une alarme explosa dans l'esprit de Peter. Il n'eut pas le temps de réfléchir ; du plat de la main, il frappa de toutes ses forces le poignet de l'homme au moment exact où celui-ci allait tirer, faisant valdinguer le pistolet quelques mètres plus loin.
Le temps sembla se figer. Sheila plaqua les mains contre sa bouche, l'homme fixa Peter, Peter fixa l'homme, les clients de la boutique fixèrent l'arme qui paraissait suspendue dans les airs et plus personne n'osa esquisser le moindre geste.
Le pistolet atterrit par terre avec un bruit étouffé, et ce fut comme si la vie reprit subitement son cours. L'homme se jeta au sol pour récupérer son arme ; Peter profiter de ce laps de temps pour plonger la main dans son sac à dos à la recherche de son téléphone portable, mais il réalisa qu'il n'aurait pas le temps d'alerter Tony. Déjà, le braqueur avait repris son arme et la pointait désormais sur sa poitrine, le visage déformé par la rage…
Il n'avait plus le luxe de réfléchir. Ses doigts se refermèrent autour d'un petit gadget noir dont il avait presque oublié l'existence et il sut ce qu'il devait faire : le cœur tambourinant vivement contre sa cage thoracique, il le dirigea vers le braqueur et enfonça de toutes ses forces le petit bouton situé sur le flanc du gadget.
Un rayon électrique s'en échappa et frappa l'homme de plein fouet. Il fut aussitôt saisi de soubresauts saccadés, les yeux exorbités ; des étincelles dansèrent sur ses vêtements, ses doigts relâchèrent son pistolet. Une dérangeante odeur de grillé se répandit dans les airs.
Peter relâcha le bouton et l'homme s'effondra, inconscient. Un long silence stupéfait succéda à sa chute.
— Qu'est ce que… qu'est-ce que c'était que ça ? souffla finalement Sheila en dévisageant Peter comme si elle le voyait pour la première fois.
— Le, euh... le Paralyseur-Stark 2.0.
— Le quoi ?
— C'est… une sorte de taser, répondit Peter en serrant le petit gadget contre lui. Même si son créateur vous dirait sûrement que ce n'en est pas exactement un, parce que les tasers sont illégaux pour les mineurs.
Il fixait le braqueur, la bouche sèche.
— Il… il est encore vivant ?
Sheila s'agenouilla près de son corps et plaqua un doigt contre sa gorge.
— Je crois que oui.
Elle releva les yeux vers lui. Peter fut surpris de constater qu'à cet instant, elle affichait une expression qui lui rappelait curieusement celle de Tony.
— Où est-ce que tu as trouvé une arme pareille ? Et qu'est-ce qui t'a pris de parler comme ça à cet homme ? Il aurait pu te tuer ! Tu n'as donc aucune conscience du danger ?
— Je... Je… Euh… Disons que…
Il fut sauvé par l'arrivée de trois agents de police armés jusqu'aux dents, qui avaient visiblement été prévenus du braquage par des passants ayant surpris le manège de l'homme à travers les vitrines de la boutique.
Après cela, Peter fut pris dans un tourbillon dont il ne conserva que des souvenirs confus. Les policiers lui posèrent beaucoup de questions, relevèrent son identité, lui confisquèrent le Paralyseur-Stark 2.0, insistèrent pour connaître le nom de la personne qui lui avait donné une telle arme et finirent par contacter Tony. Peter n'eut aucune idée de la teneur de leur échange, mais le policier qui avait échangé téléphoniquement avec lui semblait passablement irrité après avoir raccroché.
Les policiers entreprirent ensuite de recueillir les témoignages de tout le monde ; ils ne semblèrent pas spécialement impressionnés par les récits de Sheila et des autres clients de la boutique, qui insistèrent sur la façon dont Peter avait mis l'homme hors d'état de nuire et avait probablement évité que l'un d'entre eux soit blessé. « On dirait qu'ils parlent d'un héros, pas d'un gamin », grommela l'un des policiers avec une moue dubitative.
Peter commençait à craindre qu'ils ne l'emmènent dans leur voiture, à l'instar du braqueur qu'ils avaient solidement menottés et emportés dehors, lorsque Tony pénétra dans la boutique.
Son costume noir faisait ressortir la pâleur de son visage. Sans prêter attention aux murmures interloqués qui s'élevaient sur son passage, il rejoignit Peter d'un pas vif et posa la main sur son épaule, l'arrachant aux policiers rassemblés autour de lui.
— L'interrogatoire est terminé, si vous voulez encore lui parler, merci de vous adresser à mon avocate, dit-il sèchement. Elle a d'ailleurs quelques accords de confidentialité à vous faire signer, à vous et à tous les témoins de ce qu'il s'est passé ici, cet après-midi. Maintenant, si vous voulez bien vous pousser... et même si vous ne voulez pas, d'ailleurs... Merci, merci.
Ignorant royalement leurs protestations et menaces, il guida fermement Peter hors de la boutique. Juste avant qu'ils ne passent la porte, Sheila les rejoignit et glissa quelque chose dans la main de Peter.
— Pour ton père, lui chuchota-t-elle avec un clin d'œil.
C'était la tasse ébréchée.
⁂
Tony resta silencieux tout le long du chemin jusqu'à la Tour ; les yeux rivés sur la route, il conduisait sans un mot, la mâchoire crispée. Ne sachant comment interpréter son comportement, Peter garda la bouche close. Ce ne fut qu'arrivé au parking, alors qu'il se détachait, qu'il osa demander :
— Au fait, où est Happy ?
— Rentré. J'ai pris le relai après avoir appris ce qu'il s'était passé.
Peter hocha la tête. Ils venaient de s'engouffrer dans l'ascenseur lorsque la main de Tony se posa à nouveau sur son épaule.
L'adolescent releva les yeux vers lui. Son père le fixait d'un air étrange.
— Je… je suis désolé, s'empressa de dire Peter, de crainte qu'il ne se mette subitement à lui faire de nouveaux reproches. Je ne savais pas que… je te promets que je n'ai pas cherché à...
Les bras de Tony se refermèrent subitement autour de lui et, l'instant d'après, Peter se retrouva pressé contre son torse, le front enfoui contre le tissu blanc et soyeux de sa chemise.
— T… Tony ?
— Ne me refais plus jamais ça, Pete, murmura Tony contre ses cheveux. S'il te plaît, ne te retrouve plus au beau milieu d'un braquage.
Peter ne sut que répondre, pris de court. Il entendait le cœur de Tony battre comme un tambour contre son oreille ; il inspira son parfum de lavande et de café, familier et rassurant. Il s'aperçut alors qu'il tremblait légèrement et il accrocha ses doigts, presque timidement, aux revers de la veste de son père. Celui-ci resserra aussitôt son étreinte.
— Quand ce policier m'a appelé... j'ai failli faire une crise cardiaque, petit. Tu devrais pourtant savoir que j'ai le cœur fragile.
— Je n'y peux rien : ce n'est pas moi qui cherche les braquages, ce sont les braquages qui me trouvent, répliqua faiblement Peter. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je vais quelque part, j'ai une chance sur deux pour me retrouver au beau milieu d'un hold-up. Tu crois que je devrais jouer au loto ?
Il crut sentir Tony rire contre lui, mais lorsque son père reprit la parole, son ton était sérieux :
— Qu'est-ce que tu faisais dans ce magasin, d'abord ? Happy m'a dit que c'était pour une surprise, mais je ne suis pas sûr d'avoir tout compris… il m'a parlé d'un cadeau que tu voulais faire à quelqu'un ?
— Oh, euh, je voulais juste… enfin…
Peter se dégagea à regret des bras de Tony et plongea la main dans son sac. Il en ressortit la tasse ornée d'un Iron Man sur laquelle Sheila avait gravé, en lettres fine et élégantes : « LE MEILLEUR TONY DE LA GALAXIE ! »
Tony fixa la tasse sans rien dire, et Peter se sentit profondément stupide. Que pouvait bien représenter une tasse à moitié cassée, quand on était multi-millionnaire ?
Il baissa les yeux, les joues brûlantes.
— Hey, Pete, regarde-moi.
Tony cueillit délicatement son menton pour le forcer à redresser le visage. Son regard s'attacha au sien, et Peter fut frappé par la tristesse qui brillait au fond de ses prunelles.
— Tu n'aurais pas dû… je ne suis pas…
— C'était pour la fête des pères, se sentit obligé de préciser Peter d'une voix tremblante. Je pensais que… ça aurait pu te… euh, te faire plaisir ?
Tony émit quelque chose qui ressemblait à un rire nerveux. Il relâcha son menton pour mieux prendre son visage entre ses mains en coupe et plonger ses yeux sombres dans les siens, comme s'il cherchait à imprimer cet instant dans son esprit.
— Ça me fait très plaisir, Pete, mais je ne pense pas que je le mérite.
— Oh, mais si ! Tu...
— Je suis désolé, l'interrompit son père avec douceur. Je sais que je te le dis trop souvent, mais je suis désolé. Désolé d'être aussi… aussi…
Il secoua la tête :
— Désolé qu'entre tous les pères possibles, tu sois tombé sur moi.
— Je… je suis heureux d'être, euh, tombé sur toi. C'est moi qui… qui ne suis pas l'enfant que tu voulais, et c'est moi qui suis désolé… protesta faiblement Peter, mais Tony secoua de plus belle le visage :
— Oh, Pete, comment peux-tu dire ça ? Tu ne vois donc pas que tu mérites tellement mieux que tout ce que je peux t'offrir ? Que tout ce que cette putain de vie a pu t'offrir ? J'ai… Je n'aurais pas dû… je n'aurais jamais dû me comporter comme ça avec toi.
Peter voulut le contredire, mais le regard que son père vrilla dans les siens fit mourir les mots sur ses lèvres.
— Je ne voulais pas… Après cette histoire avec Gwen Stacy… tu as fait une bêtise, bien sûr, mais ce n'était pas une excuse pour que je réagisse ainsi. Je ne parle pas du costume, j'avais tous les droits d'être en colère pour cela, mais de tout le reste. J'ai été…
— … Sévère ? suggéra Peter avec un mince sourire.
— Imbuvable, corrigea Tony, esquissant à son tour un sourire. Absolument imbuvable. Une copie conforme de mon père, et Dieu sait que ce n'est pas un compliment. Je ne mérite aucune tasse, aucun cadeau. Un bon coup de pied sur le tibia, à la limite…
— Oh, peut-être que Steve voudra bien s'en charger, sourit Peter. Je pourrais lui demander, si tu veux.
— Tssss, j'aimerais bien voir ça, souffla Tony en ébouriffant ses cheveux, s'attirant une protestation indignée de l'adolescent.
Peter se mit soudainement à rire et, très rapidement, Tony l'imita. Et tout à coup, ce fut comme si les jours précédents n'avaient pas existé ; comme si tous ces repas passés dans un silence épais, embarrassant, n'avaient été qu'un rêve. Comme s'ils se retrouvaient enfin, après des jours et des jours passés à se jauger du coin de l'œil, à se chercher, à brûler de se retrouver sans qu'aucun d'eux n'ose faire le premier pas.
Puis la sonnerie du téléphone de Tony retentit et leurs rires s'essoufflèrent. Étouffant un soupir, l'homme s'en empara et le porta à son oreille, écoutant ce qu'on lui racontait en poussant de temps à autre des grognements. Il raccrocha sans dire un mot.
— Encore la police. Ils veulent que tu ailles au poste demain à la première heure, pour que tu leur répètes ce qu'il s'est passé aujourd'hui, dit-il, l'air sombre. Je vais leur coller mon avocate dans les pattes, ils ne vont rien comprendre.
— Ça ne me dérange pas, répondit Peter en rosissant. De témoigner, je veux dire. Si ça peut les aider…
Tony n'eut pas l'air convaincu.
— Tu es sûr ? Je ne sais pas si… enfin bon, on en parlera plus tard.
Il le regarda quelques instants, puis un nouveau sourire fit frémir les commissures de ses lèvres.
— En attendant, que penserais-tu de sortir de cet ascenseur, avant qu'on y prenne racine ? On pourrait peut-être passer un peu de temps… ensemble, si ça te dit. Ce n'est pas parce que tu es privé de Spider-Man que tu ne pourrais pas continuer de bricoler des trucs dans le laboratoire. Sous ma surveillance, bien entendu. Ça fait tellement longtemps que tu n'y as pas mis les pieds…
Peter n'en crut pas ses oreilles.
— V-Vraiment ? Tu veux bien que je retourne au laboratoire ?
— Tu pourrais même avoir l'autorisation d'y aller tous les week-end, répondit Tony avec un sourire en coin. Et peut-être certains soirs, si tu as fini tous tes devoirs. Jamais seul, bien entendu ; Friday s'en assurera. Et tout ce que tu fabriqueras y restera, je ne veux pas que ça sorte d'ici. C'est bien compris ?
— Compris, Tony ! Merci, merci, merci !
— Je t'en prie, petit, murmura Tony alors que Peter se jetait à son cou sans réfléchir, enroulant ses bras autour de ses épaules et enfouissant le visage contre son épaule.
Après quelques secondes de flottement, Tony referma ses propres bras autour du corps de son fils et le berça doucement. L'adolescent ferma les yeux, savourant l'étreinte de son père et leur réconciliation.
— Bonne fête, Tony, chuchota-t-il.
— Merci, mio bambino, répondit Tony sur le même ton, et Peter ferma les paupières de toutes ses forces afin qu'aucune larme ne traverse la barrière de ses cils.
